Extrême droite en Europe

Extrême droite en Europe

Messagede Nico37 » 05 Sep 2011, 22:18

Dossier spécial Alternatives Internationales (n° 052 - septembre 2011) :

Ils rejettent les partis établis et l'Europe, désignent l'immigration et l'islam comme source de tous les malheurs. A droite de la droite, sans toujours chercher à exercer le pouvoir, les populistes s'enracinent dans les classes populaires. Et empruntent de plus en plus des thématiques de gauche, comme la défense de l'Etat-providence.

Europe : comment l'extrême droite profite de la crise (introduction au dossier)
En Norvège, en Suisse, en Autriche, ils récoltent plus de 20 % des voix aux élections législatives. En Finlande, ils les frôlent. Au Danemark, en Hongrie, aux Pays-Bas, ou en France à la présidentielle, ils gravitent autour des 15 %. A peu près partout en Europe, ils gagnent vite du terrain. La crise alimente ces partis que l'on a du mal à désigner. Extrême droite ? Certains en sont issus, tel le Front national. ...

Les Vrais Finlandais sont ouvriers
Désormais troisième force parlementaire, l'ancien Parti rural a su prospérer dans les zones touchées par la crise et conquérir les citoyens lassés par la classe politique classique. Même avec un programme politique très hétéroclite.

Suède : "Prendre en charge les nôtres avant de se soucier des autres"
Svenny Håkansson, 78 ans, est un papy tout ce qu'il y a de plus présentable. Marié, père de trois enfants, cet ancien chef du port de Landskrona, dans le sud de la Suède, vit dans une petite maison avec jardin. En 2002, il a fondé la section locale des démocrates de Suède (Sveriges Demokraterna, SD). ...

Suisse : tant pis pour les patrons !
Premier parti du pays, l'UDC veut limiter la liberté de circulation des travailleurs étrangers, majoritairement européens, dont les entreprises suisses ont pourtant besoin. Même s'il prône par ailleurs le libéralisme et la concurrence.

Italie : la tentation d'un apartheid
Les bastions de la Ligue du Nord, qui ont prospéré grâce à l'exportation, sont menacés par la concurrence internationale et dépendants de l'immigration. Le parti veut limiter les droits des entreprises étrangères et supprimer ceux des migrants.

Grèce : à la conquête des indignés
Les populistes du LAOS ne cessent de louvoyer depuis le début de la crise grecque. Après avoir soutenu le premier plan de rigueur, conforme à leur doctrine néolibérale, ils spéculent aujourd'hui sur le mécontentement populaire. Plus rentable.

Pays-Bas : en croisade contre l'islam
Geert Wilders, le chef du Parti de la liberté, combat la religion musulmane au nom de la défense des droits des femmes ou des homosexuels. Et veut instaurer des milices de quartier pour lutter contre les délinquants d'origine étrangère.

Espagne : mondialisation, immigration, même combat
Depuis sa création en 2002, le parti Plataforma per Catalunya (PxC) brouille les cartes sur la scène politique catalane. Lors des élections de 2010 pour le Parlement régional, il a obtenu 2,42 % des suffrages, pas assez pour avoir un député. A Santa Coloma de Gramenet, le parti a trouvé le terrain parfait pour ses idées. Dans cette banlieue populaire de Barcelone, les migrants venaient dans le passé du reste de l'Espagne. Aujourd'hui, des Marocains, des Chinois, des Latino-américains leur ont succédé. Sergio Palomo est l'un des trois conseillers municipaux de PxC élu en mai. ...

Danemark : le Parti du peuple dicte la loi
Le Parti du peuple soutient les coalitions gouvernementales de droite depuis dix ans, sans y participer directement. Il a ainsi obtenu l'adoption de règles plus dures contre l'immigration. Une orientation sur laquelle même la gauche n'entend pas revenir.

Hongrie : à défaut d'immigrés, on vise les Roms
Le souvenir des préjudices dont la Hongrie estime avoir été victime dans l'histoire, les déceptions du postcommunisme et les effets de la crise favorisent la montée en puissance des populistes. Dont les Roms sont le bouc émissaire.

"Le FN n'est pas dans une logique d'alliance"
La montée du Front national, dont le discours économique se déplace vers la gauche, pousse la droite à durcir ses positions sur l'immigration. Tout en maintenant une position antisystème, le FN réussit ainsi à imposer ses idées.
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Re: Extrême droite en Europe

Messagede Nico37 » 29 Oct 2011, 13:49

Le Nouveau Théâtre de Budapest offert à l'extrême droite Joëlle Stolz 13 octobre 2011

Vienne (Autriche) Correspondante - Le monde de la culture est en émoi en Hongrie. Un an après l'offensive contre le directeur du Théâtre national, Robert Alföldi, que le parti d'extrême droite Jobbik accusait de bafouer les sentiments patriotiques, cette fois c'est la nomination, à la tête du Nouveau Théâtre, scène importante de Budapest, de deux personnalités considérées comme néofascistes et antisémites, l'acteur György Dörner et l'écrivain Istvan Csurka, qui provoque l'indignation.

Le maire de Budapest, Istvan Tarlos, proche du premier ministre Viktor Orban, et membre du parti conservateur Fidesz au pouvoir, a usé de son droit de veto pour imposer, jeudi 6 octobre, le tandem Dörner-Csurka, contre l'avis de la commission compétente. Par six voix contre deux (celles des représentants de la municipalité et du ministère de la culture), elle avait choisi de maintenir l'actuel directeur du Nouveau Théâtre (Uj Szinhaz), Istvan Marta, dont le répertoire, combinant auteurs nationaux et classiques étrangers, attire un large public. La Société du théâtre hongrois a aussitôt critiqué la décision de M. Tarlos, interprétée par l'opposition de gauche comme un gage donné à l'extrême droite.

Cette affaire est jugée bien plus grave que les polémiques d'hier contre le directeur du Théâtre national, Robert Alföldi, que les députés du Jobbik appellent "Roberta" pour railler son homosexualité, et dont ils avaient réclamé, en vain, le départ. Sous le titre "La honte", un texte de protestation a déjà recueilli plus de 1 800 signatures, notamment de grands noms de la littérature et de la musique : les écrivains Peter Esterhazy et Peter Nadas, la cantatrice Eva Marton ou le compositeur Peter Eötvös, qui a longtemps dirigé l'Ensemble inter-contemporain de Pierre Boulez.

Avec une demi-douzaine de "citoyens d'honneur" de Budapest (dont l'écrivain György Konrad et la philosophe Agnes Heller), le chef d'orchestre Adam Fischer va adresser une lettre ouverte à la municipalité. Un rassemblement est prévu dans la capitale le 15 octobre, jour anniversaire de la prise du pouvoir, en 1944, par les fascistes hongrois des Croix Fléchées. "On ne peut tolérer l'existence d'un théâtre antisémite en plein coeur de Budapest, à deux pas de l'Opéra, a déclaré au Monde M. Fischer. Ce serait impensable en Europe de l'Ouest, mais en Hongrie, (depuis le retour de M. Orban au pouvoir), les mauvaises surprises s'accumulent."

A 77 ans, l'écrivain et dramaturge Istvan Csurka, promu administrateur du Nouveau Théâtre, est en effet la figure historique de la droite ultranationaliste hongroise. Du temps du communisme, les pièces de ce champion de la cause des minorités magyares, séparées de la mère patrie par le traité de Trianon, avaient connu un indéniable succès. Son petit Parti hongrois pour le droit et la vérité (MIEP) lui a ensuite assuré, dans les années 1990, une tribune où il s'est distingué, tout comme dans l'hebdomadaire qu'il anime, Magyar Forum, par ses tirades antisémites. Le chef de l'Association des communautés juives de Hongrie, Peter Feldmajer, se demande si Budapest va connaître les mêmes dérives que Vienne à l'époque de Karl Lueger, le maire chrétien conservateur dont la rhétorique agressive a inspiré Hitler.

Le programme de quinze pages - où l'on relève 34 occurrences du mot "national", et 35 du mot "magyar" -, publié par le futur directeur d'Uj Szinhaz, György Dörner, n'a pas apaisé les esprits. Ce comédien en perte de vitesse, souvent réduit à doubler les stars du cinéma américain, veut "reconquérir" le terrain théâtral en faveur des "Hongrois qui souffrent sous le joug social-libéral" et "déclarer la guerre au business libéral du divertissement" ("libéral" étant ici synonyme de juif). Il propose de rebaptiser son établissement "Théâtre de l'Arrière-pays", en hommage à la Hongrie profonde ignorée par les élites de la capitale.

György Dörner a milité au Jobbik, la force montante de l'extrême droite (entrée au Parlement avec 17 % des voix, en avril 2010, et en nette progression dans les sondages), avant de se rapprocher de M. Orban. Il a commandé à Istvan Csurka une pièce sur l'une des bêtes noires du gouvernement, l'ancien premier ministre socialiste Ferenc Gyurcsany, qui vient d'être inculpé de corruption au profit d'un investisseur israélien, et se dit victime d'une chasse aux sorcières.

Si M. Tarlos ne revient pas sur sa décision - ce qu'il a, pour l'heure, exclu -, le Nouveau Théâtre sera, à partir de février 2012, aux avant-postes de la "révolution nationale" menée en Hongrie, dans un contexte de crise européenne.
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Re: Extrême droite en Europe

Messagede spleenlancien » 14 Nov 2011, 15:45

Autodafés en Hongrie : « la liberté d’expression des fachos »
Samedi 12 novembre, deux types de festivités radicalement différentes avaient lieu en Hongrie. L'une, le Fridge festival, rassemblait pour la deuxième année consécutive la jeunesse hongroise "occidentalisée" sur la place des Héros à Budapest pour un concours de snowboard urbain et de nombreux dj sets. L'autre, la seconde édition de la "Nuit de la Purification", se tenait également à Budapest et dans une trentaine de villes hongroises, dans des jardins privés de sympathisants d'extrême droite. Cet événement "hungariste" a donné lieu à des autodafés d'ouvrages d'Imre Kertész et d'autres écrivains d'origine juive, de journaux de gauche ou encore de magazines à caractère pornographique et pro avortement.

Image

hu-lala a écrit:Autodafé magyar : Hongrie 2011

(NDLR : article publié vendredi 11 novembre 2011 dans la version en ligne de Népszabadság)


Selon les estimations des organisateurs, les autodafés vont se tenir dans au moins 30 communes hongroises. C’est une organisation "hungariste” qui est à l’initiative de cette action.

"Avec vos amis et connaissances, collectez les objets et publications impures et livrez-les aux flammes lors de la Nuit de la Purification" – voici les termes de l’appel publié sur Internet dans lequel figurent comme symboles sataniques les ouvrages de vulgarisation sur l’avortement, les revues pornographiques, les publications d’esprit sioniste et paradoxalement, les banderoles chauvinistes appelant à la haine.

L’appel ne laisse néanmoins aucun doute sur le fait que "l’oppresseur sioniste est l’ennemi numéro un qui étouffe le monde dans la fange amorale de la globalisation." Les participants à cette action annoncée pour samedi 12 novembre, se mueront en combattants de la lumière et se feront donc membres de "l’Armée Divine nettoyant la Terre de sa vermine"

Cette initiative – appelons la l'autodafé pour plus de simplicité - est l’oeuvre de l’organistion ultranationaliste le "Magyar Nemzeti Arcvonal” (Le Front National Hongrois ( sic!)) qui l’organise pour la deuxième fois. L’année dernière, la "Nuit de la Purification" avait eu lieu dans un peu moins de 20 communes et selon l’un des organisateurs ; il y aura au moins 30 villes ou villages où les "attaques contre les forces obscures" seront menées cette année. L’an passé, seulement quelques agglomérations à l’étranger s’étaient rattachées au mouvement ; cette année, une dizaine de pays ont répondu présent à l’appel.

Ces autodafés auront lieu en général dans des espaces privés, les jardins des domiciles de certains sympathisants. Bien que l’”à propos” (*1) de l'appel ne mentionne pas la "Nuit de Cristal", cette action est étroitement liée à cette date anniversaire (dans toute l’Allemagne, les 9-10 novembre 1938, des attaques avaient été perpétrées contre la population juive : des meurtres avaient été commis et de nombreux magasins Juifs et des synagogues avaient été incendiés).

L’année dernière, "l’aile protectrice" de la Magyar Garda (garde hongroise) et ceux qui se font appeler "Aranykopjások" (lanciers d'or) se sont rattachés au mouvement. Ces derniers, selon leurs propres termes, sont mus par la morale scythe et les traditions inscrites dans leurs gènes par leurs ancêtres.

Selon les comptes-rendus écrits et illustrés de l’année dernière, outre les revues pornographiques et de publicité, des quotidiens et des hebdomadaires ont également été brûlés (Bors, Blikk, Élet és Irodalom, Hócipő, Kiskegyed, Népszava) (*2). Un grand nombre de livres ont été également jétés au feu : les oeuvres de Marx, Engels, Lénine, un livre traitant des suffragettes, le Talmud ou encore le roman du seul prix Nobel de littérature hongrois, Imre Kertész : Sorstalanság - "Être sans destin" (voir photo). Ont aussi eu droit au bûcher, des manuels d’histoire ou des oeuvres de vulgarisation d’Histoire présentant la barbarie nazie et l’oppression des Juifs.

Szabolcs Hegyi, juriste chez TASZ (Társaság a Szabadságjogokért, Société pour les droits à la liberté) nous a répondu que le fait de brûler des livres ne relèvait au mieux que du droit administratif concernant l’interdiction d’allumer des feux, mais ce n’était pas illégal du point de vue de la portée du geste. Selon lui, tout cela peut être englobé dans la notion de liberté d’expression, quand bien même l’on peut trouver cela choquant voire révoltant.

NDT:

*1 en français dans le texte

*2 des journaux "people" comme Blikk, Bors (poivre), un hebdo littéraire : Élet és Irodalom (Vie et Littérature), un quotidien de gauche: Népszava ( la voix du peuple), un journal satirique : Hócipő (Plein les bottes)

Source : Gábor Czene - nol.hu

Traduction pour HU-lala : Claire Hunyadi




Pas mal de liens et d'infos sur le site :
http://www.hu-lala.org/2011/11/13/autod ... es-fachos/
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Re: Extrême droite en Europe

Messagede Massinissa » 18 Avr 2012, 13:16

(fr) Hongrie : Laboratoire nationaliste
Date Fri, 13 Apr 2012 13:15:21 +0200


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Alors que la «crise» du capitalisme financier ébranle les économies européennes, la Hongrie est, avec la Grèce, l'un des pays où elle se fait le plus ressentir.
C'est dans un contexte social délétère que le Fidesz, parti au pouvoir avec à sa têteViktor Orbán, a été réélu en avril 2010 face à une opposition social-démocrate complètement discréditée par la corruption et les tensions internes.
La crise économique et politique actuelle n'a pas épargné la Hongrie. Le taux de
chômage atteint près de 11 % et la pauvreté touche 14,5 % de la population. La
monnaie nationale, le forint, a perdu près de 25 % de sa valeur face au dollar. Au
départ, le Fidesz de Viktor Orbán a pris lors des dernières élections un virage
assumé vers le conservatisme radical, voire un nationalisme et un autoritarisme
prononcé.
Le fait que le Jobbik , principal parti d'extrême-droite hongrois, ait
réuni 20 % des suffrages, n'y est pas étranger, et entraîne une droitisation
radicale des débats.

Une réforme de la «Loi fondamentale» (la constitution hongroise), avec plusieurs mesures phares qui ouvrent la voie à un régime nationaliste, est en cours. Dans cette nouvelle mouture apparue le 1er janvier 2012, le terme «république» pour désigner la Hongrie disparaît. La nouvelle loi précise aussi les « racines chrétienne » de la Hongrie, leitmotiv de l'extrême droite européenne. Elle donne aussi le droit de vote aux populations de langue hongroise en dehors des frontières du pays. Enfin, cette « Loi fondamentale » modifiée donne beaucoup plus de pouvoir à l'Exécutif, qui peut désormais contrôler la cour constitutionnelle et asseoir sa domination sur le Parlement, et s'accompagne d'un musellement progressif des médias, notamment des radios, avec la perte de la fréquence de la seule radio d'opposition, Klubrádió.


Milices et camps de travail

Certains journalistes trop dérangeants ont également été mis à pied où même
licenciés
. On voit bien ici la dérive autoritaire du gouvernement, couplée à une
volonté politique de réanimer la lubie hungariste [1] de la «Grande Hongrie», qui ne peuvent que renforcer une extrême droite déjà puissante.

Car parallèlement à ces mesures gouvernementales, les milices d'extrême droite
(notamment la Garde Hongroise du parti Jobbik) pullulent dans les villages du Nord
du pays, organisant des marches aux flambeaux, et persécutant les populations Rroms, qui fuient à l'annonce de leur arrivée.

Le village de Gyöngyöspata est ainsi tristement célèbre pour avoir vu déferler dans ses rues des milices du parti Jobbik venues terroriser les populations Rroms. Ce cas n'est malheureusement pas isolé, et des défilés de la Garde hongroise ont lieu régulièrement à travers le pays.
De même, un fort courant antisémite se propage dans le pays, dont l'exemple le plus marquant est la nomination de deux antisémites notoires en octobre 2011, György Dörner et Istvan Csurka, à la tête du théâtre de Budapest par le maire de la ville lui-même membre du Fidescz, démontrant la frontière désormais infime qui sépare le parti au pouvoir du Jobbik et du reste de l'extrême droite hongroise. L'exemple le plus inquiétant et en même temps le plus révélateur du programme faussement « antilibéral» de Orban , est l'ouverture de véritables « camps de travail » surveillés par d'anciens militaires ou policiers, où sont censés « travailler » presque gratuitement les allocataires des minimas sociaux, et en premier lieu les Rroms.


Une opposition désorganisée

Cette politique économique protectionniste, au lieu de sortir la Hongrie de la
crise, contribue à l'y maintenir au profit d'une minorité
. Devant l'effet désastreux de ces mesures idéologiques, des manifestations massives ont déjà eu lieu notamment à Budapest où elles ont réunis près de 100 000 personnes. Cependant, l'opposition au pouvoir, qui ne peut s'incarner dans les partis traditionnels discrédités, pèche par son manque de coordination et l'absence d'alternative prononcée, ainsi que par la passivité de la grande majorité de la population hongroise, laminée par les problèmes économiques et sociaux croissants.
De son côté , l'Union européenne aprotesté timidement contre les atteintes à la liberté d'expression commises par le gouvernement hongrois, et s'est contentée de menacer celui-ci de sanctions, mais seulement sur le retrait des projets de taxes aux frontières pour l'importation, se gardant bien par ailleurs de dénoncer les projets xénophobes, anti-Rroms et autoritaires de Viktor Orbán, qui a pu installer son régime sans grande inquiétude.


Réagir maintenant!

Le cas de la Hongrie nous apprend en tout cas une chose : l'autoritarisme n'est pas mort en Europe et n'a besoin que d'une occasion pour resurgir. Il s'installe
d'autant plus facilement quand la population et les forces politiques progressistes
et révolutionnaires sont désorganisées. D'autre part, il serait vain de croire que
le libéralisme, doctrine économique, ne s'accommode pas de régimes autoritaires,
l'attitude de l'Union européenne le prouve. L'enchaînement des lois et des traités
sécuritaires et répressifs qui s'installent partout en Europe et dans le monde,
montre la nécessité d'un mouvement alternatif organisé et solidaire, qui ne doit pas
attendre l'arrivée d'un Orbán au pouvoir pour réagir.
En Hongrie comme ailleurs, la lutte antifasciste est internationale et doit réunir toutes et tous les anticapitalistes.

Hugues (AL Banlieue Nord-Ouest) et Steve (AL Paris Sud)



[1] Théorie fasciste hongroise des années 1940, qui reste la principale base
actuelle de l'extrême-droite hongroise. Elle a pour principe l'antisémitisme, la
xénophobie (en particulier anti-Rroms) et la réalisation de la «grande Hongrie»
regroupant toutes les populations hongroises, ainsi que l'exaltation de la
«spécificité nationale hongroise».


http://www.alternativelibertaire.org

http://www.ainfos.ca/fr/ainfos09536.html
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Re: Extrême droite en Europe

Messagede kuhing » 08 Mai 2012, 20:28

Grèce :

La Grèce vient d'élire ses représentants, à l'issue d'élections législatives anticipées.
Un parti néonazi, Aube Dorée, vient de réaliser près de 7% des voix et obtient une représentation de 21 députés au Parlement.


Image

une des sources
kuhing
 

Re: Extrême droite en Europe

Messagede Massinissa » 23 Mai 2012, 15:18

Espagne : Une Association et un parti politique s´opposent à la construction d´une Mosquée à Torrent (Valence).
le 23.05.12 | 09h54


Image


Une centaine de personnes a répondu à l´appel de l´association des voisins AVV (Nicolas Andreu) de la ville de torrent (Valence), et du parti politique España 2000 la semaine dernière afin de protester contre la construction d´un centre culturel islamique.

Valence (Espagne)

De notre correspondant



« Nous voulons du travail et pas d´immigrés », « l´Espagne est chrétienne pas musulmane » , « stop à l´invasion islamiste » , «La Convivencia (la coexistence) si, non aux ghettos et aux impositions» , sont les slogans qu´on a pu entendre et lire durant la marche qui a duré environ une heure et demi.



Depuis 2010, un bras de fer s´est installé entre la communauté musulmane de torrent et l´association des voisins AVV (Nicolas Andreu) appuyer par le parti politique España 2000, un parti d´extrême droite.

Fondé en 2002, le parti politique España 2000, active généralement dans les villes de valence, Madrid, Séville et grenade, sans pour autant avoir de représentations parlementaires au niveau local et national.


La marche s´est déroulée dans le calme total, sans aucun incident. La communauté musulmane présente sur les lieux a préféré suivre l´événement de loin, en compagnie de nombreux habitants du quartier. « Ils sont seulement quelques voisins et nous sommes l'association du quartier et nous soutenons tous les voisins, quelle que soit leur religion." Raconte maria José, une sexagénaire du quartier de Nicolas Andreu.



Par ailleurs, la mairie de torrent a finalement accordé toutes les autorisations nécessaires pour la réalisation du centre islamique de torrent.


« Notre mosquée d´une superficie de 150 mètres carrés est devenue trop petite pour notre communauté, nous avons pu acquérir un garage de 1.000 mètres carrés qu’on veut reconvertir en mosquée et en centre culturel, une partie sera réservée spécialement pour les femmes, et le reste est conçu pour en faire un lieu de prière pour les hommes et un espace pour nos activités » nous précise le président du centre Houbar zine al abidine , et d´ajouter « notre centre qui se trouve a quelques 300 m de la vieille mosquée ne dérange personne , et les coûts de l´aménagement du local sont supportés uniquement par les fidèles, nous avons reçu aucune subvention ».


« En Espagne, le droit de culte est un droit constitutionnel, eux ils ont le droit de manifester et nous avons le droit de construire une mosquée », conclut un ressortissant Algérien originaire de Saida, propriétaire d´une cafétéria située juste à quelques mètres du nouveau centre islamique de torrent.

Ali Ait Mouhoub

EL WATAN




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Re: Extrême droite en Europe

Messagede ivo » 28 Mai 2012, 10:43

Pourquoi la phobie de l'islam gagne du terrain
http://www.lemonde.fr/culture/article/2 ... picks=true
Nous sommes sur le plateau de France 2, le 22 avril, au soir du premier tour de la présidentielle. Les résultats tombent. Les Français ont crédité Marine Le Pen de 17,9 %. Exalté, le porte-parole du Front national, Gilbert Collard, annonce la couleur : "On est la nouvelle droite ! C'est vrai que Nicolas Sarkozy, ça paraît bien fini." Justifié dans ses prises de position par la surenchère du président sortant sur l'immigration et l'islam, réunissant 6,4 millions de voix, le FN se pose en parti d'alternance. Il se prépare à affronter l'UMP en multipliant les triangulaires aux législatives. Il en a les forces. Marine Le Pen est arrivée première ou deuxième dans 116 circonscriptions sur 577, dépassant les 25 % dans 59 d'entre elles.

Ce succès de l'extrême droite, sa conversion en une "droite nationale" rejetant, au moins en paroles, "les formes de xénophobie, de racisme et d'antisémitisme", tout en faisant de la lutte contre l'immigration musulmane son cheval de bataille, fait écho à la percée dans toute l'Europe de formations politiques similaires. Citons le Parti du peuple danois, le Parti pour la liberté néerlandais, le FPÖ et le BZÖ autrichiens, les Vrais Finlandais, le Parti du progrès norvégien, le flamand Vlaams Belang, Droit et Justice en Pologne, Ataka en Bulgarie, la Ligue du Nord en Italie, les Démocrates en Suède, l'Union démocratique du centre (UDC) en Suisse. Tous ces partis dépassent aujourd'hui les 5 % des suffrages, quand ils n'atteignent pas 25 %.

Selon le spécialiste de l'extrême droite Jean-Yves Camus, ces formations incarnent l'émergence d'une "nouvelle droite radicalisée". Leurs programmes oscillent entre deux philosophies très différentes qui s'opposent sur l'économie et les moeurs. Certains, comme le FN, prônent un "nationalisme social ", explique Dominique Reynié, de la Fondation pour l'innovation politique. Ils sont eurosceptiques, contre la monnaie unique, ils critiquent la mondialisation, s'en prennent au capital, disent défendre les sans-grade. D'autres, comme le Parti pour la liberté de Geert Wilders, aux Pays-Bas, défendent un "libéral populisme", constate Jean-Yves Camus. Ils défendent l'Europe, le libéralisme, la laïcité et la liberté des moeurs.

Tous ces partis, cependant, comme le constate le politologue autrichien Anton Pelinka, se retrouvent sur un point : une critique virulente de l'islam et du multiculturalisme. Ils "jouent démagogiquement la carte qui consiste à dénoncer l'immigration musulmane pour rallier les perdants de la mondialisation".

Le plus radical est Geert Wilders (16 % des voix aux législatives de 2010, aux Pays-Bas) qui considère l'islam non comme une religion mais comme "une idéologie fasciste", homophobe, profondément sexiste. Dans son film Fitna ("Discorde" en arabe), il compare le Coran à Mein Kampf - ce qui lui a valu d'être interdit de séjour au Royaume-Uni - et appelle les musulmans d'Europe à abjurer leur foi. Il préconise l'arrêt de toute immigration ainsi que l'expulsion des Pays-Bas de tout musulman coupable de délit.

"LES BONS ET LES MAUVAIS FRANÇAIS"

Un des textes de Geert Wilders circule sur "Paroles de France - Le Forum des patriotes avec Marine Le Pen" (où il est par ailleurs traité de "sioniste de merde"). On y lit sa description des banlieues : "C'est le monde des têtes couvertes d'un foulard, où souvent les femmes circulent couvertes d'un semblant de tente, avec une poussette de bébé et une traînée d'enfants. Leurs maris, ou propriétaires d'esclaves, si vous préférez, marchent trois pas devant elles. C'est un monde avec des mosquées à tous les coins de rue. Les boutiques ont des enseignes que vous ne pouvez pas lire et vous aurez du mal à y trouver des traces d'activité économique. Ce sont des ghettos musulmans contrôlés par des fanatiques religieux."

En Norvège, Carl Hagen, dirigeant du Parti du progrès (FrP), déclarait en 2005 : "Les musulmans ont, de la même manière qu'Hitler, depuis longtemps dit les choses clairement. Sur le long terme, leur but est d'islamiser le monde. (...) Ils sont maintenant en Europe." En Suisse, qui compte 4 % de musulmans, Oscar Freysinger, de l'UDC, a dénoncé "l'islamisation rapide du pays" et lancé avec succès le mouvement antiminaret.

Aux journées d'été du FN, en 2011, Marine Le Pen a déclaré que "l'arrivée massive, en un temps très bref, vingt ou trente ans, de femmes et d'hommes ayant pour une très grande majorité une culture très différente de la nôtre rend toute assimilation inopérante, voire impossible". Elle prône l'arrêt de toute immigration du Sud, mais aussi "l'inversion des flux migratoires". Ce qui fait dire à Jean-Yves Camus : "Parler d'inversion, c'est appeler à expulser des Français d'origine immigrée. Il faut qu'ils soient clairs ! C'est une logique d'affrontement entre bons et mauvais Français."

Plusieurs intellectuels, dans des ouvrages, des conférences ou sur Internet, portent ce mouvement anti-islam radical. Celui qui ouvre la voie, en 1996, est le politologue américain Samuel Huntington, avec son livre Le Choc des civilisations, paru en français en 1997 (Odile Jacob), dans lequel il présente la culture islamique comme un ensemble unifié, n'évoluant pas, répugnant à s'ouvrir aux influences extérieures. A la suite d'Huntington, plusieurs essais décrivent une opposition frontale entre l'Occident et le monde arabo-musulman. La plupart parlent d'une bataille de valeurs et de l'intelligence, où l'islam incarne l'intolérance et un passé rétrograde face à un Occident démocratique.

Certains mettent l'accent sur le fait que l'islam menace l'Europe. En 2006, l'essayiste britannique Bat Ye'or prévient dans Eurabia. L'axe euro-arabe (Jean-Cyrille Godefroy) que l'Union européenne sera bientôt absorbée par un monde arabe expansionniste du fait d'une immigration arabe massive voulue par l'élite multiculturelle. On retrouve cette description d'un islam conquérant, autoritaire, envahissant l'Europe, chez de nombreux essayistes : Daniel Pipes, Ayaan Hirsi Ali, Melanie Phillips, Mark Steyn, Bernard Lewis, Bruce Bawer ou Robert Spencer, directeur du site Jihad Watch.

La féministe italienne Oriana Fallaci, auteur de La Rage et l'Orgueil (Plon, 2002), déclare en 2006 au journal Corriere della Sera : "Cela fait quatre ans que je parle du nazisme islamique, de la guerre à l'Occident, du culte de la mort, du suicide de l'Europe. Une Europe qui n'est plus l'Europe mais l'Eurabia, qui, avec sa mollesse, son inertie, sa cécité et son asservissement à l'ennemi, est en train de creuser sa propre tombe." Toute cette pensée a été digérée par Anders Breivik, qui a affirmé vouloir prévenir le monde de cette arrivée imminente de l'"Eurabie" en commettant ses attentats, en 2011, qui ont fait 77 morts et 151 blessés.

L'ouvrage le plus synthétique sur la dangerosité de l'islam reste l'enquête du journaliste américain Christopher Caldwell, Une révolution sous nos yeux. Comment l'islam va transformer la France et l'Europe (Toucan, 2011). C'est devenu la bible de la nouvelle droite. Que dit-il ? Les musulmans envahissent l'Europe grâce à leur natalité galopante alors que les naissances des Européens s'effondrent à "1,3 enfant par femme". Il prédit que l'Italie va perdre, d'ici à 2050, la moitié de sa population autochtone. Que 17 % à 20 % des Pays-Bas seront musulmans. Que "les étrangers" représenteront entre 20 % et 32 % de la population européenne.

6 % DE PERSONNES SUPPOSÉES MUSULMANES EN EUROPE EN 2010

Nombre d'études, réalisées dans des pays différents, contestent ces chiffres. Celle du Pew Research Center, un think tank américain, établit à 6 % le nombre de personnes supposées musulmanes (de par leurs parents) dans l'Europe de 2010, soit 44,1 millions. Les projections montent à 8 % en 2030. Le rapport précise que toutes les prédictions d'une Europe à majorité musulmane ("Eurabie") sont sans fondement.

Dans Le Rendez-Vous des civilisations (Seuil, 2007), les démographes Youssef Courbage et Emmanuel Todd montrent que la fécondité des pays musulmans chute partout. En Algérie, en 2005, les femmes se marient à 28 ans, et ont en moyenne 2,4 enfants. Au Maroc, 2,2 enfants. En Tunisie, 2,1 enfants, comme en France. La natalité des musulmanes européennes recule aussi - 2,9 enfants par Marocaine aux Pays-Bas, 1,9 pour les Turques - et finit par rejoindre celle des Européennes. Une enquête du journal britannique Financial Times conclut : "L'islamisation, et a fortiori la charia, n'est pas une perspective envisageable grâce à une poussée démographique." Les spécialistes de l'Institut national d'études démographiques (INED) arrivent à la même conclusion pour la France : en 2010, 2,1 millions de personnes se sont déclarées musulmanes pratiquantes en France - pour 63 millions d'habitants.

Une autre raison expliquerait la montée d'un sentiment anti-islam en Europe : la contamination des musulmans par l'extrémisme islamiste et le salafisme djihadiste. C'est la conviction de Christopher Caldwell, qui cite notamment la France. Et qui ne manquera pas de faire référence à Mohamed Merah, l'assassin de Toulouse et de Montauban, qui se disait "salafiste".

Mohamed Merah, il est vrai, a été en partie formé dans des camps, en Afghanistan. Mais il apparaît isolé. Bernard Squarcini, patron de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), a émis des doutes sur l'existence d'un réseau salafiste français violent. Son passage à l'acte, dit-il, relèverait "davantage d'un problème médical et de fanatisme que d'un parcours djihadiste". Il serait plutôt "un loup solitaire".

Le sociologue Samir Amghar, de l'Ecole des hautes études en sciences sociales, cite les renseignements généraux dans son livre Le Salafisme d'aujourd'hui (Michalon, 2011) : les salafistes seraient entre 12 000 et 15 000 en France, dont 95 % de "piétistes", c'est-à-dire apolitiques, légalistes, partisans d'une foi rigoureuse, de l'abattage halal strict et du port du hidjab (le voile traditionnel, qui n'est pas la burqa). Quant aux salafistes révolutionnaires, ils seraient ultraminoritaires et très surveillés. "C'est aujourd'hui une sorte d'anachronisme historique de voir un individu se réclamer du djihad", explique Samir Amghar.

Reste qu'un seul assassinat, même condamné par les musulmans français, qui vient s'ajouter à toutes ces informations qui nous parviennent sur la place prise par l'intégrisme dans les pays du "printemps arabe", permet à l'extrême droite d'entretenir un sentiment de peur et d'attirer une partie de l'opinion - Marine Le Pen était à 13 % dans plusieurs sondages avant l'affaire Merah. Elle a déclaré aussitôt après, le 25 mars, à Nantes : "Ce qui s'est passé n'est pas l'affaire de la folie d'un homme ; ce qui s'est passé est le début de l'avancée du fascisme vert dans notre pays."

Pour le politologue Olivier Roy, spécialiste de l'islam, les deux discours extrémistes - l'anti-islamiste (Anders Breivik) et le djihadiste (Mohamed Merah) -, tous deux partisans d'un clash des civilisations, se répondent et s'amalgament en une "prophétie autoréalisatrice". Une logique de guerre, à laquelle l'opinion n'est pas insensible.

Beaucoup d'intellectuels issus de l'immigration sont choqués par cette logique, réductrice mais efficace, développée par Christopher Caldwell et reprise par les nouvelles droites européennes, qui vise à opposer un bloc identitaire musulman et un bloc chrétien. Une logique, aussi, qui considère tous les immigrés, leurs enfants, les nouvelles générations, quels que soient leur milieu social et leur manière de vivre, comme de potentiels "islamistes" actifs.

L'anthropologue des religions Malek Chebel, né en Algérie, auteur d'un Manifeste pour un islam des Lumières (Hachette, 2004), s'en inquiète : "Caldwell et Marine Le Pen passent sous silence les milliers de musulmans éduqués, les cadres, les médecins, les ingénieurs, les militants politiques et syndicaux, les étudiants, la "beurgeoisie"." Il voit dans cet acharnement une résurgence de la colonisation, le retour de conceptions racistes déguisées sous un habillage culturel. Car dans le concert européen, la France tient une position particulière : en raison de la guerre d'Algérie, l'Arabe n'est pas dans l'Hexagone un étranger comme les autres, mais porteur de phobies plus ou moins conscientes.

ANACHRONISME

Malek Chebel considère également cette islamophobie comme d'un autre temps, incapable de penser la pluralité des musulmans des années 2010. "La plupart des pays musulmans de la zone asiatique, les plus peuplés, vivent un islam apaisé, affirme-t-il. S'il y a en Orient ou au Pakistan des groupements de talibans anachroniques, je ne vois pas une planète musulmane à feu et à sang. Je vois aussi partout des exemples concordants d'une modernisation. Partout, la jeunesse proteste, clame son impatience de voir les structures fossiles bouger ; plus aucun despote ne peut conduire son peuple sans être contesté, plus aucun démagogue religieux ne peut se prévaloir de son lien unique à Dieu quand tout le monde "tweette" et "skype"."

Consultons par exemple Salamnews ("La Paix"), le nouveau site des jeunes musulmans français modernistes. Leur ligne éditoriale : "Rester fidèle aux principes laïques et républicains de la France tout en étant ouvert aux réalités multiculturelles." Leurs pages "beauté", présentant les stars françaises d'origine africaine, vaut le détour. Selon eux, la confrontation des traditions musulmanes et de la modernité européenne secoue les nouvelles générations.

Ces voix, qui veulent mettre en avant un islam ouvert, sont face à une difficulté : comment imposer dans l'opinion ce que vivent une immense majorité de musulmans, plutôt qu'une extrême minorité ? On a un bon exemple de ce casse-tête avec deux films récents montrant le basculement de musulmans vers l'action violente, en France et au Maroc : La Désintégration (2011), de Philippe Faucon, sorti en salles en février, et Les Chevaux de Dieu, de Nabil Ayouch, qui vient d'être présenté au Festival de Cannes. Ces deux films racontent, à leur façon, comment de jeunes musulmans, en butte au chômage, au racisme et à la pauvreté, plongent dans l'action violente salafiste. Des cas rarissimes, que l'extrême droite pourrait récupérer. Aussi, la rédactrice en chef du site Salamnews, lors d'un débat à Sciences Po, a critiqué La Désintégration, avec cet argument : "Il y a des milliers de jeunes musulmans français qui se voient refuser des stages, mais ils ne commettent pas des attentats !"

La dénonciation virulente de l'islam et le succès des partis d'extrême droite doivent enfin beaucoup à une réalité dérangeante : la difficile cohabitation entre immigrés et Français dans les quartiers pauvres et les cités. Pour l'expliquer, les responsables politiques de gauche et de droite évoquent avec raison l'urbanisme dégradé et la désocialisation. L'extrême droite, elle, met surtout en avant une promiscuité non désirée, les gestes d'incivilité, les modes de vie différents, le port du hidjab, les agressions verbales, le rejet culturel. Et elle fait mouche.

L'équipe du sociologue Pierre Bourdieu a constaté les difficultés de la cohabitation dans sa grande enquête sur La Misère du monde (Seuil, 1993), où nombre des témoignages de Français expriment la sensation d'être exilé chez soi. Ecoutons Mme Meunier parler de ses voisins arabes : "Ça va et ça vient et ça n'arrête pas. C'est toujours une marmaille de gosses. Ça braille, ça pleure. (...) Même les voitures, quand elles passent, c'est dangereux. C'est dangereux pour tout le monde. (...) Mais quand on leur dit, ça leur plaît pas. Ils ne sont pas contents. Ils crient que c'est du racisme. (...) Ce ne sont pas les parents les pires. Ce sont les jeunes, leurs enfants. Eux peuvent tout se permettre ; ils sont grossiers, ils sont haineux, leur regard est méchant. (...) Ils me foutent la trouille." Pendant ce temps, sur un autre palier, une jeune femme arabe se plaint de l'arrogance de sa voisine : "Elle trouve tout à fait normal de lâcher son chien dans le jardin. Le jardin est à elle, me dit-elle. C'est sa manière de me dire : "La France, elle est à moi" ; c'est sa France. Nous, les Arabes, nous ne sommes pas de cette France. Elle ne nous appartient pas."

Dans Les Immigrés de la République (Seuil, 2010), Philippe d'Iribarne, spécialiste des relations interculturelles, citant la phrase fameuse de Jacques Chirac sur "les bruits et les odeurs", rappelle combien les émanations des cuisines inconnues, les radios, les manières de parler participent de "l'univers familier" ; et combien celui-ci peut devenir invivable quand personne ne fait d'efforts.

De nombreuses études racontent la difficulté à vivre ensemble de gens venant d'univers éloignés, ne partageant pas les mêmes habitus, la même religion, parfois la même langue. La façon dont les femmes et les homosexuels sont traités par certains musulmans - l'homophobie gagne en banlieue - est également exploitée par l'extrême droite. Bien sûr, là encore, il existe des contre-exemples, nombre d'expériences de cohabitation qui se passent bien grâce à l'action d'associations, de comités de quartier, de mairies actives. Mais on le sait moins.

Le sociologue américain Edward T. Hall (1914-2009) était le grand spécialiste de la "proxémique" : l'étude des variations des distances sociales et du sentiment d'univers privé dans les différentes cultures. Dans La Dimension cachée (Seuil, 1984), il faisait la comparaison entre la distance physique qu'instaurent deux Anglais à l'arrêt de bus avec l'inéluctable bousculade du Caire. Il était persuadé que l'entassement humain dans les cités, sans considération culturelle et ethnique, sans sentiment de sécurité pour chacun, était pathologique. Il bataillait pour que les architectes travaillent avec des psychologues et des ethnologues, s'intéressent aux conflits interculturels, pour éviter le chaos relationnel dans les cités. Pour lui, la politique de la ville et l'urbanisme social sont décisifs.

En 2007, Fadela Amara annonçait un "plan des banlieues". Elle posait de bonnes questions : où loger les nouveaux immigrés, quels "lieux de vie" pour les jeunes, comment faciliter l'insertion d'entreprises en banlieue... Ce plan a fait long feu. En avril, à Vaulx-en-Velin (Rhône), François Hollande a appelé à "moins d'incantation" et à "faire davantage en matière d'éducation, de services publics, de logement et d'emploi dans les quartiers populaires". C'est un peu court au regard de l'affrontement annoncé par une nouvelle droite décidée à en découdre avec l'islam.

Allez voir "Les 4 vérités", le blog de Rémi Carillon, candidat FN dans les Hauts-de-Seine. On y trouve cet appel : "Contre l'islam, la méthode forte." C'est-à-dire ? "L'objectif sera de démontrer que le "vivre ensemble", sous-entendu "avec la charia", est une utopie vouée à l'échec. La seconde étape sera de demander aux Français de choisir, par référendum, entre deux solutions, toutes deux radicales et opposées : 1) La France cède à l'islam (adaptation systématique de notre loi à la charia), en échange d'une paix durable. 2) L'islam cède à la France (expulsion pure et simple des musulmans de France vers leurs pays d'origine), quitte à provoquer une guerre civile."

Frédéric Joignot

Pour en savoir plus
Extrémismes en France : Faut-il en avoir peur ? de Jean-Yves Camus (Milan, 2006).
Une révolution sous nos yeux. Comment l'islam va transformer la France et l'Europe de Christopher Caldwell (Toucan, 2011).
Le choc des civilisations de Samuel Huntington (Odile Jacob, 1997).
Manifeste pour un islam des lumières de Malek Chebel (Hachette, 2004).
La misère du monde de Pierre Bourdieu (Seuil, 1993).
Le langage silencieux d'Edward T. Hall (Seuil, 1984).
Et aussi
La Désintégration de Philippe Faucon (DVD, Pyramide)
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Europe : la montée du facisme

Messagede atheus » 15 Juin 2012, 22:31

edit : merci d'avoir déplacé le message dans le bon topic :)

Voici un petit documentaire (datant de 2009) sur la montée de l'extrême droite en Europe : France, Allemagne, mais aussi Italie, Hongrie ou Suède, depuis un certain temps, les fascistes ont le vent en poupe et non seulement les petits groupes mais aussi les partis institutionnels d'extrême droite s'installent, se banalisent, conquièrent du terrain et rien ne s'y oppose.

Le danger du fascisme est plus grave que jamais, en Italie, ils ne se cachent même plus, font un salut fasciste à leur nouveau "duce" ou des défilés de milice en Hongrie. Soutenus par des organisations au pouvoir, ils progressent peu à peu et gagnent les pouvoirs locaux puis se hissent par alliance au sommet de l'état, dans les parlements, souvent la face cachée pour ne pas faire resurgir les "vieux préjugés", mais toujours les mêmes sous le masque.



Vous noterez, à la 7ème minute :

mario borghezio : Il faut insister beaucoup sur le côté régionaliste de votre mouvement.

interlocuteur: Jouer le régionalisme, c'est plus facile pour les Italiens que pour nous. (c'est un français qui parle)

mario borghezio : Oui mais c'est une bonne manière de n'être pas immédiatement classé comme fasciste nostalgique mais comme une nouvelle mouvance régionale catholique, etc... mais en dessous nous sommes toujours les mêmes ; notre intérêt, c'est ça.










Modifié en dernier par atheus le 17 Juin 2012, 21:04, modifié 1 fois.
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Re: Extrême droite en Europe

Messagede ivo » 17 Juin 2012, 10:08

Le "test de pureté génétique" qui choque la Hongrie
http://www.lemonde.fr/europe/article/20 ... _3214.html
Image
Fac-similé du certificat fourni par le laboratoire hongrois et publié sur un site d'extrême droite. | kuruc.info

Le certificat ressemble à n'importe quel résultat d'analyse médicale. Sous le logo et le nom du laboratoire, Nagy Gén Diagnosztika, le document décline la nature exacte de l'examen génétique mené, la date et le lieu où il a été pratiqué. Le client, dont le nom a été effacé, est un député du Jobbik, le parti d'extrême droite hongrois. Le résultat, lui, détonne : "Aucune trace génétique d'ancêtres juifs ou roms."

Publié en mars sur un site Internet d'extrême droite qui le qualifiait de "noble", le fac-similé de ce "test de pureté génétique" a provoqué un scandale scientifique et politique en Hongrie. Dans un pays où l'extrême droite est la troisième force politique, et dans un contexte où la dérive droitière du gouvernement Orban a été dénoncée dans toute l'Europe, l'affaire a provoqué de vives réactions.

LE LABORATOIRE INVOQUE "DES RAISONS ÉTHIQUES"

Le laboratoire à l'origine du test a subi les foudres de la presse. Dans un communiqué publié sur leur site Internet, les responsables de Nagy Gén Diagnosztika ont affirmé que leur entreprise "rejetait toute forme de discrimination et n'avait pas le droit en ce sens de juger la motivation pour laquelle un individu demande un test", concluant simplement que "pour des raisons éthiques, nous n'avons donc pas pu refuser de fournir ce test". Le directeur du laboratoire a même invoqué le malentendu et la mauvaise interprétation du test pratiqué.

Pour ajouter à la polémique, le triple champion olympique de water-polo, Tibor Benedek, qui a, un temps, détenu des parts minoritaires dans le laboratoire, a été pris à partie. Le sportif d'origine juive s'est défendu d'avoir jamais eu connaissance de ces pratiques, et a rappelé qu'il s'était défait de ses parts au mois de mai.

"ÉVITER TOUTE RÉSURGENCE DE RACISME SCIENTIFIQUE"

Les institutions publiques et scientifiques ont également promptement condamné la pratique. Le directeur de l'institut de génétique de l'Académie hongroise des sciences, István Raskó, a qualifié ce test de "non-sens", affirmant qu'il est "impossible de déduire des origines ethniques d'après des variations génétiques dans le génome". L'affaire est en tout cas "très préjudiciable pour les cabinets spécialisés dans la recherche génétique", a souligné le spécialiste.

Le Conseil scientifique de la santé, qui assiste le gouvernement hongrois sur les questions de santé, a pour sa part dénoncé "une supercherie" scientifique et a saisi, mardi 12 juin, l'office du Procureur général hongrois, pour porter l'affaire en justice. "Nous avons aussi informé le gouvernement, car nous estimons qu'une telle pratique est inacceptable et inconcevable, d'un point de vue légal comme professionnel", a expliqué le professeur Jozsef Mandl, secrétaire du Comité scientifique.

Pour Paul Gradvohl, spécialiste des civilisations d'Europe centrale et maître de conférences à l'université Nancy-II, cette unanimité s'explique par "l'urgence d'invalider le fondement scientifique du test, afin d'éviter toute résurgence des thèses du racisme scientifique".

"GLISSEMENT DE LA SCÈNE POLITIQUE HONGROISE VERS LA DROITE"

L'extrême droite hongroise est coutumière des polémiques antisémites (lien abonnés), mais la publication de ce test constitue une "première", selon Antonela Capelle-Pogacean, chargée de recherche au Centre d'études et de recherches internationales de Sciences Po. Si elle met en garde contre une trop grande médiatisation, elle souligne que "l'affaire prouve que l'extrême droite est capable de se saisir des registres les plus divers pour promouvoir ses idées".

Alors que la Hongrie a récemment adopté une nouvelle constitution aux accents très nationalistes, ce nouveau scandale illustre "le glissement de la scène politique hongroise vers la droite", avec un Jobbik, force parlementaire depuis 2010, dont le discours extrémiste "multiplie les risques de dérapage". Antonela Capelle-Pogacean se félicite cependant de l'unanimité de la condamnation de ce "test de pureté ethnique", car "il a montré que le clivage très fort entre la gauche et la droite peut être dépassé dans des cas extrêmes".

A lire : "Près de deux ans de poussée conservatrice en Hongrie"

Le Jobbik, qui avait fait une percée spectaculaire lors des élections législatives de 2010, remportant 47 sièges à l'Assemblée nationale, n'a jamais caché ses convictions antisémites et anti-Roms. Ce nouveau scandale "est comparable aux polémiques régulières lancées par le Front national français pour séduire la partie la plus extrême de son électorat", analyse Paul Gradvohl. Les deux partis entretiennent d'ailleurs des relations ambiguës. Mais la banalisation de ce discours, dont la diffusion de ce test est "une nouvelle preuve", "fait reculer les limites de ce qui peut être dit dans l'espace public", note Antonela Capelle-Pogacean.



Politique hongroise
En Hongrie, les diabétiques seront punis pour leurs écarts de régime
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Re: Extrême droite en Europe

Messagede atheus » 28 Juin 2012, 13:41

Une petite illustration de tous les préjugés racistes qui s'installent en France :



raciste n°1 a écrit:Moi je vous le dis franchement je suis raciste, on est obligé de l'être : Il y a trop d'immigrés ; il y a trop d'immigrés qui travaillent pas et qui y arrivent mieux que nous (sous entendu les vrais français). Ils ont des secours et tout ça qu'on a pas nous.


raciste n°2 a écrit:Les problèmes soulevés par l'immigration, je trouve qu'ils ont souvent raison (sous entendu le FN), parce qu'on fait pas grand chose (sous entendu l'ex-gouvernement Sarkozy) ; et on est quand même nettement envahis.


Voilà les deux points selon moi qui causent la montée du FN : tous ces préjugés étaient déjà très forts. En 2007, Sarko qui avait dragué les électeurs du FN sur ces questions et avait finalement gagné. Mais déçus pas son manque d'action contre les immigrés (alias délinquants, RMIstes, voleurs, arabes, assistés, etc...), une grande partie décide finalement de voter FN actuellement. Et c'est partout pareil en Europe actuellement (ou presque).

Bref, peut-être qu'une grande campagne de désintox s'impose et que doit cesser cette chasse au bouc-émissaire ?


Plus inquiétant encore, on se croirait dans les années 1930, remplacez "juif" par "musulman" et ça donne :

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