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Re: Syrie

MessagePosté: 09 Aoû 2014, 10:07
de bipbip
Syrie : L'intifada de Deir Al Zor contre Daesh (L'Etat islamique-EI)

Les syrienNEs ont montré de manière répété qu'ils et elles refusent d'accepter les tyrannies qu'il s'agisse de celle de Bashar Al Assad ou de tout groupe extrémiste qui essaie de leur imposer sa vision. Dans les derniers mois, renforcé par les équipements militaires américains et iaquiens saisis en Irak, « L'Etat Islamique » (Précédement EEIL et connu localement sous le nom de Daesh) a fait des avancées considérables dans le nord et l'est de la Syrie. Là ou il est allé, il a imposé une interprétation haineuse et réactionnaire de la loi islamique et des restrictions sévères à la population locale, a commis des massacres sectaires et d'autres atrocités telles que des crucifixions ou des décapitation, et a assassiné et emprisonné des révolutionnaires. Mais dans la province de l'est de Deir Al Zor, à proximité de la frontière irakienne, la résistance populaire réalise maintenant ce que le régime syrien et l'armée Irakienne financée par les américain n'ont pu faire : c'est à dire dégager Daesh.

Deir Al Zor est tombé entre les mains de Daesh au début de Juillet quand les rivaux de l'EEIL, Jabhat Al Nusra et Ahrar el Sham se sont retirés de la zone. Pendant des mois ils étaient assiégés à la fois par l'Etat Islamique et le régime syrien, ce qui a conduit à une pénurie de munition, de nourriture et d'autre. Il y a quelques semaines, des représentants de l'Armée syrienne libre et de la Coalition Nationale Syrienne se sont adressés à la communauté internationale pour demander l'envoi d'arme, d'argent et de nourriture aux bataillaon de l'ASL basés autour de Deir Al Zor. Ils s craignaient que si Deir Al Zor tombait, l'Etat islamique controllerait d'importantes réserves d'essence et de pétrole dans la région ainsi que des voies de transport entre Rakka, le nord de la syrie et Mossoul en Irak. Ayant échoué à obtenir de l'aide internationale, les formations rebelles ont battu en retraite et la province de Deir Al Zor est tombé entre les mains de l'Etat islamique.

Des forces locales et tribales ont également été contrainte de se rendre, ou tout du moins d'accepter de ne pas combattre Daesh.
Mais la population de Deir Al Zor a continué d'organiser des Manifestation contre l'Etat Islamique. Dans cette vidéo datée du22 juillet, la populations d'Abu Kamal, une ville de la Vallée de L'Euphrate, manifestent sur la place du marché, criant « Daesh casse-toi ». Des petits groupes clandestins ont été formé pour mener des assassinats de militants de Daesh et des attaques contre les positions de Daesh. Auparavant, le combat contre Daesh était mené par d'importants et connus bataillons islamistes ou de l'ASL.

Le 30 juin, la résistance contre Daesh s'est élargie. Deah a arrêté 3 personne de la tribu Shueitat, rompant un accord qui avait été conclu lorsque les combattant de Daesh ont pris le contrôle de villages locaux.

Le motif des arrestations n'est pas clair, mais certaines informations suggère qu'elles ont eu lieu parce que les jeunes gens avaient tiré des coups de feu en l'air pour célébrer un mariage. A la suite des arrestations, la population locale s'est muni des quelques armes qu'elle avait en sa possession et à proclamé un appel à l'insurection contre Daesh dans tous les villles et villages. A la suite de féroces affrontement avec Daesh, ce mouvement de résistance populaire, soutenu par certaines des tribus les plus importante dans la région, et des habitantEs des autres villages qui leur sont venu en aide, sont parvenus à libéré les villages d'Abu Hamam, Kishkiyeg et Granij. Malgré leur armement supérieur, Daesh a été débordé. Au moins 9 fascistes de Daesh ont été tué et d'autres ont été arrêtés. Les locaux de Daesh ont été brulé dans de nombreux villages de Deir Al Zor. Dans cette vidéo les membres de la tribu de Shueitat célèbrent la libération des villages.

Le soutien à cette résistance des Sheitat s'est rapidement répandu à d'autres partie de la province avec les localités de Mayadin, Suwaydan et d'ailleurs qui se sont également soulevé contre les extrémistes de Daesh. A Albukamal les habita,ts ont continué d'organiser des manifestations contre Daesh comme le montre cette vidéo du 3 aout. Le 4 aout, les rebelles de Deir Al Zor, qui avaient quitté précédemment la province après la prise de contrôle de Daesh et se sont retirés sur Qalamoun pour éviter d'avoir à remettre leurs armes au groupe, ont annoncé la formation d'un nouveau bataillon. Environ une douzaine de groupes se sont unis pour former Usud Al Sharqia (Les Lions de l'Est) avec comme objectif de combattre l'Etat islamique.

Dans l'Irak mitoyen, les tributs de la province d'Anbar ont également déclaré leur soutien à la résistance de Shueitat et ont demandé à Daesh de partir. Des informations nous sont parvenus de rébellions locales contre Daesh dans certaines villes et villages d'Irak. Les forces Kurdes, comprenant des bataillons de femmes, continuent leur courageuse bataille contre les extrémistes des deux côtés de la frontière. Il y a des appels grandissant à ce que les forces kurdes 'unissent suite à l'exécution de 88 kurdes Yezidis par Daesh dans la ville de Sinjar.

La révolution syriaenne a beau être attaquée de toute part, mais le peuple a montré denouveau que son désir de liberté n'est pas facilement écrasé. L'intifada de Deir Al Zour montre qu'une réistance populaire dynamique, auto-organisé reste un défi puissant à toute forme de contrôle autoritaire.

Leila Shrooms

Traduction relations internationales de la CGA.

Related Link: http://tahriricn.wordpress.com/

http://www.anarkismo.net/article/27232

Re: Syrie

MessagePosté: 03 Oct 2014, 10:58
de Pïérô
Syrie : un retour sur les origines et le développement du processus révolutionnaire
en 2 parties
. http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article33125
. http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article33124

Re: Syrie

MessagePosté: 17 Nov 2014, 00:35
de Pïérô
Syrie : la révolution résiste à Salamiyah – « Cette âme de la révolution populaire syrienne a besoin d’une solidarité internationaliste sans faille »

Si Kobané n’est pas tombée entre les mains de Daesh, c’est grâce à la résistance des forces présentes dans la ville et aux renforts des peshmergas d’Irak et de quelques bataillons supplémentaires de l’Armée syrienne libre (ASL). Mais Daesh, organisation réactionnaire, voire fascisante, contre-révolutionnaire, n’est pas la seule menace contre les villes «  libérées  » ou au cœur de la révolution...

Il y a Jabhat al-Nosra, frère jumeau de Daesh et affilié au groupe terroriste Al-Qaïda, Ahrar Alsham et d’autres petits groupes jihadistes. Sans oublier bien entendu le premier élément contre-révolutionnaire et de loin le plus meurtrier  : le régime de Bachar al-Assad. Ce dernier achève le siège d’Alep, la deuxième ville du pays, après de longs mois de bombardements. Ses troupes reconquièrent des villes autour de Hama, au centre du pays, et de Damas, dans la Ghouta.

Jabhat al-Nosra a attaqué les positions de Jabhat thuwar souria (le front des révolutionnaires de Syrie), une force «  démocratique  » de l’ASL, dans la région d’Idlib au nord-ouest du pays, le forçant à se retirer. Al-Nosra rejoue le scénario de Daesh, tentant de créer un «  Émirat islamique  » dans cette zone. Les combats contre Al-Nosra se poursuivent dans la région d’Idlib. Al-Nosra avance aussi vers Efrin, ville kurde à 200 km à l’ouest de Kobané, et une des trois provinces déclarées auto-­administrées par le PYD.

L’âme de la révolution

Salamiyah est le symbole de la révolution populaire. Cette ville se situe au centre de la Syrie, entre Hama et Homs, s’ouvre à l’est vers le désert et l’Irak, à l’ouest vers la Méditerranée, au sud vers Damas, et au nord vers Idlib et Alep.

Elle, qui comptait 150 000 habitantEs avant la révolution, en compte aujourd’hui 300 000, avec la population déplacée de la campagne de Hama, et le double avec les localités aux alentours. Si cette population est à majorité ismaélienne (branche philosophique et libre penseuse du chiisme), la ville connaît historiquement une parfaite tolérance religieuse et culturelle. «  Ville de la pauvreté et de la pensée  », elle se distingue par un niveau culturel élevé – beaucoup de poètes et écrivains connus en sont issus – et surtout, a donné un grand nombre d’opposantEs. C’est le fief des partis laïques, nationalistes ou communistes.

Pour ces raisons, la ville a été négligée au niveau socio-économique, et réprimée par les régimes d’Hafedh et de Bachar al-Assad. L’éducation et une partie du système de santé y sont principalement prises en charge par des associations. Une classe ouvrière existe, qui travaille dans les usines modernes des environs de Hama, distante de 35 km.

Contre le régime dictatorial et les forces réactionnaires

Salamiyah est la troisième ville à s’être levée contre le régime en 2011. Les manifestations y sont pacifiques jusqu’à ce jour. Les coordinations révolutionnaires de base et le conseil local ont joué un rôle important dans les luttes et l’organisation de la solidarité avec les masses assiégées d’autres villes.

Beaucoup de ses militantEs sont tombés sous les balles du régime. Leur symbole est le jeune militant Mulhem Rustom, mort le 18 juin 2012 alors qu’il apportait avec ses camarades de l’aide alimentaire à la ville assiégée d’Al Rastan  [1].

Les coordinations de base y restent vivantes, notamment celle de femmes. Des bataillons de combattants ont été créés ces deux dernières années, mais sont actifs à la périphérie, pour épargner à la ville et sa population la destruction et l’immigration.

Sous contrôle du régime, la ville résiste malgré la répression  : check-points en ville et aux alentours, coupures d’électricité (fournie une à deux heures par jour) et d’eau (fournie un jour toutes les deux semaines)... La résistance se fait donc contre le régime dictatorial, mais aussi contre les forces de Daesh, dont les troupes avancent de l’est, contre Al-Nosra, dont les troupes avancent de l’ouest et qui a conquis le village Alsotihat, à 5 Km à l’ouest.

La gauche révolutionnaire, les Factions de libération du peuple (FLP), les coordinations de base, et tous les démocrates et progressistes organisent dans cette ville la lutte contre ces forces contre-révolutionnaires  : elles ne passeront pas  !

Cette âme de la révolution populaire syrienne a besoin d’une solidarité internationaliste sans faille.

Ghayath Naisse

Notes
[1] Vidéo de ses funérailles à Salamiyah le 23 juin 2012  : https://www.youtube.com/watch?v=AxF...

http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article33537

Re: Syrie

MessagePosté: 23 Nov 2014, 15:01
de Pïérô
Raqqa : «Nous sommes anti-régime et anti-Daech»

Par Benjamin Barthe (Gaziantep/Turquie)

Une poignée de militants envoient clandestinement nouvelles et images de Raqqa, le fief de la milice djihadiste

Raqqa bouge encore. Dans la capitale syrienne de l’Etat islamique (EI), une poignée de militants syriens continue de dire non à l’ordre djihadiste. Armés d’un téléphone portable et d’une connexion Internet, ces risque-tout d’une vingtaine d’années s’entêtent à défier le silence médiatique imposé par les hommes au drapeau noir. Vidéos d’exécutions, photos des sites bombardés par l’aviation américaine, images d’une ville exsangue, désertée par sa population… Les pages Twitter, Facebook et YouTube qu’ils gèrent clandestinement, sous le label «Raqqa se fait massacrer en silence», racontent les dessous du «paradis» panislamiste promu par la propagande de l’EI.

Fin octobre, à la faveur de l’obscurité, ces rebelles se sont même filmés, le visage encagoulé, en train de taguer «A bas Daech» (l’acronyme arabe de l’organisation) sur des murs de leur ville. Un geste d’insoumission qu’ils pourraient payer très cher s’ils venaient à être démasqués. Peu après le lancement de leur campagne, à la fin avril, un prêcheur de la ville a officiellement appelé au meurtre de ces «apostats». L’un d’eux, un étudiant de 21 ans, Mu’taz Ibrahim, arrêté en possession de matériel vidéo, a été tué quelques jours plus tard. «Nous sommes des militants révolutionnaires, anti-régime et anti-Daech, raconte Abou Ward al-Rakkaoui, le pseudonyme d’un des militants, joint sur place par Skype. Depuis que l’Etat islamique a pris le contrôle de la ville en janvier, notre rôle consiste à exposer ses crimes.»

Le récit de l’hypocrisie

Cet ancien étudiant en biologie forme, avec une quinzaine d’autres reporters amateurs, la partie immergée de la campagne. Ce sont eux qui filment à la dérobée, prennent des photos incognito et glanent des informations auprès de contacts secrets, en lien avec l’Etat islamique. A l’autre bout de la chaîne, réfugiés à Gaziantep, une ville-champignon du sud de l’Anatolie, quatre autres militants traitent le matériel envoyé par Internet. Ils éditent les textes et les photos, montent les vidéos, avant d’y apposer le logo de la campagne et de télécharger le tout sur leur site (www.raqqa-sl.com) et les réseaux sociaux. «Nous avons récemment relaté comment des Tchétchènes et des Ouzbeks de l’EI se sont affrontés dans les rues de Tabka, près de Raqqa, pour une maison que l’un avait piquée à l’autre», expose Abou Ahmed al-Rakkaoui, l’alias d’un des exilés de Gaziantep.

Le titre de gloire de cette agence de presse de l’ombre est d’avoir révélé, début juillet, qu’une opération de sauvetage des journalistes américains prisonniers de l’EI venait d’être menée en lisière de Raqqa, sans succès, par des commandos américains. Ce scoop obtenu d’un villageois qui s’était retrouvé nez à nez avec les forces spéciales débarquées par hélicoptères et venues fouiller son domicile n’avait pas retenu l’attention des grands médias à l’époque. C’est à la fin août seulement, après que la décapitation du reporter James Foley eut incité Washington à reconnaître qu’un raid de libération avait été tenté, que ces révélations ont été prises au sérieux.

Des espions partout

Les citoyens journalistes n’ont pas réédité pareil exploit depuis cette date. Mais ils fournissent un flux régulier d’informations sur la vie dans le califat proclamé par Abou Bakr al-Baghdadi, le chef de l’EI. Les plus intéressantes ne sont pas celles dépeignant la sauvagerie de ses disciples, leur goût de la décapitation ou de la crucifixion étant désormais bien connu. Là où les militants touchent juste, c’est quand ils racontent l’hypocrisie des prétendus guerriers de l’islam et leurs accommodements avec la morale ultra-puritaine qu’ils professent. Ils les montrent par exemple, photos à l’appui, en train de s’empiffrer, quand un nombre croissant d’habitants de la ville ont recours à la soupe populaire pour survivre.

«Daech a distribué à ses membres un papier qui les dispense de faire la queue devant les boulangeries de Raqqa», affirmaient-ils dans un tweet daté du 12 novembre. Un autre message sur le site de micro-blogging assurait que la propension des djihadistes à poursuivre de leurs assiduités les femmes marchant seules dans la rue causait un nombre croissant d’incidents. «On entend beaucoup dire que Daech fonctionne comme un Etat, qu’ils offrent des services, etc., dit Abou Ahmed. C’est de la propagande. A Raqqa, actuellement, les habitants ne disposent que de quelques heures d’électricité par jour, alors que la ville est située à proximité d’un des plus gros barrages du pays. Des milliers d’habitants ont fui vers la Turquie.»

Sur le terrain, les militants clandestins risquent de se faire repérer à chaque coin de rue. Par les extrémistes, qui ont évacué leurs bases avant le début des frappes américaines et se sont fondus dans la population; par les caméras qu’ils ont installées dans les emplacements stratégiques de la ville; mais aussi par les indics voilées de l’EI, une unité de femmes qui se sont baptisées «Al-Khansa» et qui profitent du fait que leur niqab leur masque le regard pour mieux surveiller ce qui se passe autour d’elles. «Nos règles de sécurité sont draconiennes. Tout ce que nous envoyons à Gaziantep est aussitôt effacé», explique Abou Ward.

Pour l’instant, le réseau résiste. Piqués au vif, les fanatiques ont lancé une campagne concurrente, intitulée «Raqqa prospère en silence». Les photos diffusées montrent notamment des militants de l’EI organisant le trafic automobile dans le centre-ville. «Nous avons pris cela comme un hommage», sourit Abou Ahmed. (Article publié dans Le Temps, 15 novembre 2014, p. 6)

http://alencontre.org/moyenorient/syrie ... daech.html

Re: Syrie

MessagePosté: 30 Déc 2014, 09:59
de bipbip
Syrie : Les Factions de libération du peuple (FLP)

« Notre carence en armement nous met en position de faiblesse »

Questions posées à Lorca, Midou et Abou Laïla, membres des Fractions de libération du peuple (FLP), associées au Courant de la Gauche révolutionnaire (GCR) de Syrie.

Les FLP sont nées officiellement il y a quelques mois. S’agit-il de l’aboutissement logique de la démarche de militants participant depuis longtemps à des actions armées au sein de l’Armée libre (AL) ou d’autres groupes ou d’un « tournant armé » de militants du Courant de la gauche révolutionnaire (CGR) ? S’agit-il d’une mesure de protection du CGR ou de la traduction de la conviction que ce régime ne sera défait que par les armes ?

La création des FLP résulte naturellement de la transformation de la lutte pacifique en combat armé et est une réaction à la brutalité de l’oligarchie dirigeante. Cela a poussé d’amples secteurs de la population à prendre les armes pour se défendre et défendre leurs localités. Des zones importantes du pays s’étant débarrassées de la présence de l’oligarchie sont devenues « libérées », mais les attaques des forces armées du pouvoir ont fait de la lutte armée l’aspect dominant du combat dans ces zones. Il y est difficile d’y agir et d’y être présent sans s’enrôler. En réalité, si l’annonce de la constitution des FLP a été tardive – au regard de la constitution de brigades armées populaires et démocratiques d’abord, puis de celle d’autres, « tekfiries » réactionnaires et extrémistes, qui n’ont aucun lien avec la révolution et ses objectifs – elle a répondu aux développements objectifs imposés par le processus révolutionnaire : la violence sauvage de l’oligarchie envers les masses, l’armement de fait de larges secteurs de ces dernières, la montée en puissance menaçante de forces réactionnaires armées et contre-révolutionnaires. Les premiers noyaux des FLP ont été le fait de camarades déjà bien engagés dans la lutte armée, au sein de factions démocratiques. De par leur expérience et leur enracinement, ils ont partagé le besoin des masses de faire évoluer l’action révolutionnaire vers la constitution d’un authentique groupe révolutionnaire, porteur des objectifs révolutionnaires de liberté, d’égalité et de justice sociale et qui se bat pour leur réalisation au sein du combat de masse et pas de l’extérieur. Les FLP sont plus proches du concept de « Front uni ». Cela a amené une transformation qualitative de l’activité d’un nombre restreint de camarades dont l’action se bornait auparavant à une activité civile. Mais cette forme de lutte de masse ne constitue pas pour autant un virage global de la politique de notre organisation, le CGR, vers la lutte armée. Cela signifie simplement que nous ne refusons aucune forme de lutte de masse si elle sert les buts précités de la révolution populaire et constitue un progrès vers son triomphe. Cela nous permet d’élargir notre influence par une analyse concrète et réaliste des conditions objectives et subjectives.

Quel est votre degré de collaboration avec l’AL et d’autres bataillons locaux ?

Il y a coopération et coordination, mais de façon limitée, d’une part à cause des divergences de vue et d’objectifs, ou des disparités entre situations en fonction de l’emplacement géographique où se trouvent les camarades combattants et la nature des autres organisations. D’autre part, ces dernières n’acceptent généralement pas l’autre. Pourtant il y a aussi des liens et une bonne coordination avec plusieurs groupes « démocratiques » de l’AL et des brigades locales chez qui nous trouvons soutien et accueil. Mais nous n’avons pu jusqu’à présent réaliser un saut qualitatif dans cette coopération, en raison de la faiblesse de nos moyens et du soutien. L’absence du soutien à même de nous permettre de nous déployer et d’affronter comme il faudrait les forces du régime et les groupes réactionnaires extrémistes, entrave largement notre activité et limite notre coopération avec ces groupes « démocratiques » de l’AL ou les brigades locales.

N’oublions pas que notre activité n’a pas rencontré d’écho médiatique, mais l’omerta, et que les grands médias internationaux ne s’intéressent qu’à « l’État Islamique » (EI) et ses pairs, et – par un raccourci calomnieux – à la mutation de notre révolution populaire originelle en simple « guerre confessionnelle » ou « guerre contre l’EI ». N’oublions pas non plus que nous travaillons dans la clandestinité, ce qui ne nous autorise guère à faire état de nos actions.

Les FLP ont affronté la répression et aussi la mort…

Les camarades combattants des FLP affrontent le danger quotidiennement. Il y a quelques mois, alors que les camarades allaient prêter main-forte à un groupe de l’AL, il y a eu un affrontement avec des éléments du Front Al Nosra, réactionnaire et extrémiste. Deux camarades sont morts pour la cause et un troisième a été blessé. En face, des membres du Front Al Nosra ont été tués et d’autres blessés. Le renforcement de la résistance populaire et l’unité de la lutte armée, sans considération de confession, race ou religion, est au cœur de nos priorités et la raison principale de la constitution des FLP. Le départ de camarades pour Kobané entre dans ce cadre. La confrontation menée à la fois contre les organisations extrémistes et le régime est la condition du triomphe de la révolution populaire et la seule voie vers l’édification d’une Syrie libre et démocratique. Nous affrontons en même temps ces deux forces, ennemies de la révolution populaire et des intérêts des masses populaires.

Avant de prendre la décision d’aller renforcer la résistance à Kobané, les FLP avaient-elles déjà affronté les groupes contre-révolutionnaires ou ont-elles concentré tous leurs efforts contre le régime ?

Le départ de camarades à Kobané pour y contribuer à l’affrontement avec l’EI fasciste fait suite à une décision indépendante des FLP. Elle participe de notre conviction que la libération des masses, indépendamment de leur appartenance nationale, requiert l’unité de leur combat commun contre leurs ennemis communs. En tant que CGR, nous avons des liens avec des partis kurdes et courants populaires présents là-bas.

Vous avez tenté de rejoindre de Kobané, à l’appel d’autres forces ou en coordination avec elles, ou de façon indépendante ? Quel a été l’obstacle à cette participation ?

L’action des camarades combattants partis à Kobané se mène en coordination avec des forces et la direction populaire présentes à Kobané. Bien sûr, nous rencontrons beaucoup d’obstacles pour nous déplacer et nous déployer. Se rendre dans les zones « libérées » est périlleux car ces zones changent de domination, passant de l’hégémonie de l’AL à celle des forces du régime ou celle des fascistes de l’EI, d’Al Nosra ou de leurs alliés. Toutefois l’obstacle principal reste celui de nos propres moyens. L’absence de soutien et de financement nous empêche de recruter de nouveaux combattants faute de pouvoir leur fournir des armes, alors que ceux qui souhaitent nous rejoindre sont très nombreux. Notre carence en armement nous met en position de faiblesse dans beaucoup de nos batailles. À titre d’exemple, les camarades qui se sont dirigés vers Kobané, parce qu’ils voulaient participer au combat contre le péril de l’EI, n’avaient que des armes individuelles légères.

Le CGR est un groupe jeune. Qu’en est-il des FLP, de leurs composantes sociales, féminine ?

Il est vrai que le CGR est une organisation jeune, qui a l’âge de la révolution. Pourtant, dans des conditions exceptionnelles de difficulté, de cruauté et en un laps de temps relativement court, nous avons pu transformer un petit groupe en véritable organisation révolutionnaire. Et nous sommes passés de quelques dizaines de militant.e.s dans les deux premières années de notre constitution à ce que nous sommes aujourd’hui, soit à plus du double alors que d’autres groupes de gauche ont éclaté ou disparu. Nous ne nous contentons pas de nous maintenir et de continuer, nous nous développons constamment et nous structurons notre activité dans tous les domaines de la lutte. Nous portons un grand intérêt aux coordinations de base et aux conseils locaux originels qui subsistent en dépit de la réduction de leur nombre, car ce sont les formes d’auto-organisation et d’autogestion créées par les masses dans leur révolution. Les FLP ont été créées par nos camarades et des combattants qui ont adopté le programme de la révolution populaire tout en étant dans le domaine de la lutte populaire armée. Ils sont issus de franges sociales diverses : travailleurs, paysans pauvres, étudiants, fonctionnaires et chômeurs… Les FLP sont essentiellement composées de jeunes hommes et femmes, à l’image de la société syrienne. Leur but est de poursuivre la lutte armée et son extension, et sont ouvertes à toute personne adoptant le programme de la révolution populaire : contre la tyrannie, l’exploitation et l’hégémonie impérialiste. Nous combattons dans des conditions dramatiques, malgré nos faibles moyens et l’absence de soutien car nous sommes d’authentiques révolutionnaires et nous voulons réaliser la liberté et la justice. Nous affrontons quotidiennement des difficultés et des périls. Nous peinons à assurer les besoins quotidiens des camarades combattants. En dépit de tout cela, ils restent déterminés, motivés par l’amour de la liberté, de l’humanité, de la justice et de l’égalité et par l’aspiration à une vie digne et juste. Les FLP se bornent actuellement, pour bien des raisons – dont l’absence d’une base sécurisée pour un certain temps – à des camarades jeunes et à la participation de camarades femmes en tant que responsables de l’information, alors que les femmes sont très représentées dans les rangs du CGR, notamment dans ses instances dirigeantes.

Quelle analyse faites-vous des rapports de forces actuels entre révolution et contre-révolution, sur les plans politique et militaire ?

Ces derniers temps, il y a eu un progrès net des forces contre-révolutionnaires aux dépens de la révolution populaire. Mais il ne s’agit que d’un temps du processus de la révolution qui n’est en rien figé. C’est susceptible de changer tous les jours et évolue en fonction de la zone, du soutien apporté à toutes les parties, du rapport de forces fluctuant sur le terrain. Les forces de la contre-révolution ont mis la main sur les puits de pétrole et de gaz pour s’assurer un financement et des liquidités, sans parler du soutien reçu de personnalités ou forces réactionnaires arabes aux fins d’en finir avec les forces révolutionnaires authentiques et de faire avorter la révolution pour la convertir en conflit confessionnel ou régional sur le long terme. Sur le plan politique et populaire, en dépit des tragédies vécues par le peuple syrien, ce dernier est toujours attaché aux objectifs de la révolution : en finir avec le régime et ses détachements que sont les organisations fascistes jihadistes extrémistes. Cela requiert une solidarité et un soutien véritables de toutes les forces révolutionnaires et démocratiques dans le monde.

Avez-vous besoin d’une traduction concrète de la solidarité internationale ? Sous quelle forme ?

La lutte des classes n’est pas locale, mais mondiale. La victoire des masses insurgées dans notre pays renversera le rapport de forces en faveur des forces d’émancipation au niveau mondial. La solidarité internationale n’est pas seulement un devoir pour tous les anticapitalistes, mais une nécessité comme l’a dit Che Guevara. Cela ne suffit pas d’observer avec sympathie notre combat féroce pour la victoire de la révolution populaire contre le régime criminel et les forces sauvages de la contre-révolution qui bénéficient d’un soutien au niveau régional. Afin que la gauche révolutionnaire ouvre la voie de façon plus efficace, nous avons un besoin criant de solidarité concrète et le soutien des forces démocratiques et de nos camarades révolutionnaires du monde entier. Voilà ce dont nous avons besoin pour voir grandir notre projet et redynamiser la résistance populaire et étendre nos activités à toute la Syrie. Cela suppose un programme clair, un soutien constant et une coordination avec tous nos camarades de par le monde pour réaliser nos objectifs. Or nous n’avons reçu pour le moment qu’un soutien moral à notre révolution, que nous apprécions à sa juste valeur, mais qui ne saurait suffire au regard du combat violent que nous menons contre plusieurs ennemis. Nous, les FLP, en tant que faction combattante du CGR, agissons dans des conditions difficiles. Chaque minute voit une menace sur la vie de nos camarades. Nous avons besoin indéniablement de l’aide et de la solidarité internationale effective politique, logistique et financière. Nous appelons les camarades et les amis à constituer des comités de solidarité avec notre lutte et celle des masses populaires de notre pays pour la liberté, l’égalité et la justice sociale, pour un monde meilleur.


Collectif-


* Paru dans Inprecor n° 609-610 octobre-décembre 2014. www.inprecor.fr
* Traduit de l’arabe par Luiza Toscane.
* Lorca, Midou et Abou Laïla sont des pseudonymes des membres de la direction des Factions de libération du peuple (FLP), une structure militaire mise en place par le Courant de la gauche révolutionnaire (CGR), une organisation marxiste-révolutionnaire syrienne.

http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article33916

Re: Syrie

MessagePosté: 01 Mar 2015, 11:16
de Pïérô
Comment le régime d’Assad fabrique le “communautarisme”

La barbarie du régime d’Assad a fait depuis 2011 plus de 200 000 victimes, auxquelles s’ajoutent les victimes des forces obscurantistes telle Daech, et plus de 10 millions de déplacés ou de réfugiés. La presse et les gouvernements ciblent aujourd’hui sur la barbarie des forces djiadistes. Mais ils “oublient” que la violence et les massacres collectifs du régime ont été orientés afin d’attiser les réactions des islamistes.

Fayez Kontar, condamné aujourd’hui à l’exil a réalisé, de mars 2011 à fin 2013, des enquêtes de terrain qui mettent en évidence cette stratégie. Ce militant syrien, enseignant à la faculté d’éducation II de Soueïda – université de Damas – a bien voulu répondre à nos questions.

Une population très mélangée

Émancipation : Fayez, peux-tu nous donner quelques informations sur la société syrienne ?

F. K. : La population syrienne se caractérise par une grande diversité ethnique (Arabes, Kurdes, Arméniens, Turcs et Turkmènes) et confessionnelle (sunnites, druzes, chiites, ismaïliens, yézidis et toute la diversité de la chrétienté orientale). Les villes sont aujourd’hui des zones de mixité et cette mixité, même si elle est inégale, touche toutes les régions (ainsi, un grand nombre de Kurdes vivent à Alep, à Damas…).

Dès son arrivée au pouvoir, en 1970, Hafez al-Assad a fondé son régime sur la manipulation, dans le but de créer des divisions religieuses, ethniques, voire tribales. Il a développé une politique visant à créer le communautarisme.

Avant 1970, un Syrien pouvait se dire nationaliste, communiste, nassérien… Avec Assad, le Syrien est défini comme sunnite, chrétien, druze, alaouite, etc.

En mars 2011, dès les premières manifestations, Bachar al-Assad qualifie les manifestants de “terroristes”. Il présente les manifestations comme le produit d’un “complot” de l’étranger avec une dimension de fanatisme religieux. Il utilise la force et l’arbitraire contre la population civile, et cible surtout les quartiers berceaux des manifestations pacifiques. Or, ces espaces (région de Dera’a, banlieues de Damas, Homs, certaines villes du littoral...) sont des quartiers populaires à majorité sunnite. Et c’est une violence démesurée qui s’abat sur eux.

L’objectif recherché est de provoquer une réaction armée face à cette violence de l’État, ainsi que des réactions à caractère confessionnel.

La fabrique du communautarisme

Émancipation : Comment la population de Soueïda a-t-elle réagi à la mobilisation de Dera’a et d’autres villes où les manifestations sont réprimées dans le sang ?

F. K. : La région de Soueïda est à majorité druze. Cette population se rallie à la mobilisation contre le régime lors de l’été 2011. Ces manifestations sont limitées et elles sont rapidement dispersées. Le régime traite la population de Soueïda différemment de celle de Dera’a. À Dera’a, il fait tirer sur les manifestants, puis sur les participants aux funérailles des victimes. À Damas et à Homs, les manifestants ont cherché à occuper des places, comme en Égypte : le régime utilise les chars et les mitraillettes, organise de véritables massacres. À Soueïda, les manifestants sont dispersés avec des bâtons, des coups tirés en l’air et les opposants sont arrêtés un à un. Le régime cherche à “ménager” la minorité druze afin de diviser la population.

Émancipation : As-tu des exemples montrant comment le régime “fabrique” du communautarisme ?

F.K. : De mars 2011 à la fin de 2013, lors de chaque événement survenu dans la région de Soueïda, j’ai recueilli des témoignages : j’ai posé des questions, contacté les victimes, interrogé les gens du Baas… 90 % des détenus libérés de la région de Soueïda ont ainsi pu être interrogés. Voici quelques exemples qui permettent de comprendre comment la politique du régime cherche en permanence à diviser la population.

- Campagnes à caractère confessionnel

Au début des événements, les agents du régime diffusent un tract reproduisant le discours qu’aurait prononcé un cheikh de Dera’a. L’auteur accuse les druzes, insulte les hommes et leurs femmes.

Afin d’entretenir la division, quelques mois plus tard, un car transportant des enseignantes d’origine druze qui travaillent dans la région sunnite de Dera’a est attaqué. Le préfet décide d’interdire à ces enseignantes d’aller travailler tout en maintenant leur salaire.

Suite aux bombardements, beaucoup de réfugiés sunnites sont accueillis sans problèmes dans la région de Soueïda. Le régime médiatise alors une information selon laquelle une réfugiée d’origine sunnite se plaindrait du fait qu’elle soit obligée de manger du pain druze. (Les druzes sont souvent considérés comme impies par certains fanatiques).

L’objectif de ces campagnes est d’éviter la solidarité des druzes avec la population voisine de Dera’a. Et surtout d’empêcher que la mobilisation révolutionnaire s’étende à la population druze.

- Discréditer les manifestations

Début février 2012, une très grande manifestation se déroule à Shahaba (au nord de Soueïda). Vu son importance, les services de sécurité n’osent pas l’affronter. Ils essayent alors, à la fin de la manifestation, d’isoler un petit groupe qui trouve refuge dans plusieurs maisons. La sécurité encercle ces maisons. Les habitants du quartier interviennent en indiquant leur refus de voir saccager leurs maisons. Les hommes de la sécurité répondent en disant que ceux qui se sont réfugiés sont des sunnites armés de la région de Dera’a. Les habitants demandent alors aux chefs religieux druzes de venir constater qu’il n’y avait aucune arme et que toutes les personnes réfugiées dans ces maisons étaient des gens du pays.

La sécurité attaque ensuite une des maisons forçant les personnes qui l’occupaient à se réfugier dans une pièce. Mais les occupants contre-attaquent, repoussent les forces de l’ordre, capturant deux de leurs hommes. “Nous ne les lâcherons pas”, disent-ils, “si vous ne permettez pas aux personnes qui se sont réfugiées chez nous de retourner dans leurs foyers”. Les religieux druzes interviennent en ce sens. La sécurité recule alors et les laisse sortir.

Pour discréditer les manifestations, le régime empêche les manifestants d’occuper l’espace public. Et il divulgue de fausses informations sur des faits que personne ne peut vérifier.

- Une politique de discrimination systématique

Propos de la sécurité sur les points de contrôles : “Les druzes, vous être les bienvenus” ; “Les sunnites, vous êtes des chiens”. Les sunnites sont humiliés, frappés par les soldats ou miliciens pro-Assad qui organisent des barrages à l’entrée des villes.

Dans les prisons : Ce n’est qu’à l’automne 2011 que, dans la région de Soueïda, commence la vague d’arrestations d’opposants druzes. Les services secrets divulguent de fausses informations pour créer la division. Ainsi, un opposant sunnite aurait dit à un druze emprisonné dans la même cellule : “Quand on aura exterminé les alaouites, ce sera aussi le tour des druzes”.

Mais à leur sortie de prison, les opposants druzes ont démenti cette information. L’un d’entre eux m’a expliqué le contraire : “alors qu’on m’avait torturé lors d’un interrogatoire, le vieux religieux sunnite avec qui j’étais enfermé est venu me caresser les genoux pour calmer ma douleur en lisant des sourates du Coran”.

À leur arrivée en prison, les propos suivants sont tenus aux personnes arrêtées : “Vous les druzes, vous être gentils ; vous serez bien traités”. Et “les « cons » de sunnites de Dera’a, vous irez nettoyer les cellules des druzes”.

Quand le gardien va ouvrir la porte, les prisonniers sunnites doivent se mettre debout ; les prisonniers druzes peuvent rester assis. Mais, par solidarité, les opposants druzes se lèvent aussi, manifestant ainsi le fait qu’ils sont tous opposants au régime.

Il s’agit là d’exemples locaux. Mais la politique de désinformation du régime s’appuie sur une “armée électronique”, qui, avec l’aide de l’Iran, permet un contrôle très fin des communications. Et, utilisant l’action de terrain des moukhabarat, les services de désinformation du régime avec le contrôle total des médias syriens ainsi que le renforcement du contrôle de médias étrangers (les journalistes indépendants sont interdits d’entrée dans le pays), la fabrique et la diffusion d’informations erronées s’est considérablement élargie.

La société civile face à la politique d’Assad

Émancipation : Peux-tu nous dire comment la population a cherché à s’organiser ?

F. K. : Face à cette situation, la population a créé des collectifs pour resserrer le lien entre les habitants et résister, voire empêcher les violences. J’ai participé à la création de tels collectifs jusqu’à août 2013, date à laquelle j’ai dû partir, car ma vie et celle de ma famille étaient en danger. Différents types de comités se sont constitués.

- Des comités humanitaires ont développé des secours aux Syriens en provenance des régions de Dera’a, Homs et des banlieues de Damas... Ces comités assurent les besoins vitaux de ces réfugiés (logement, couvertures, alimentation, médicaments). Des groupes éducatifs organisant des activités pour les enfants des réfugiés ont aussi été créés.

- Des “comités de paix civile” se sont formés pour résister à la propagande et à la violence du régime. À plusieurs reprises ces comités ont permis de contenir des conflits provoqués par les services du régime. Par exemple, les services de sécurité enlèvent des personnes en provenance de deux régions. Puis ils diffusent de fausses informations concernant ces enlèvements afin de créer des affrontements entre les deux communautés. Le comité fait alors une enquête pour rétablir la vérité, engage des négociations avec la population afin de calmer la situation et d’éviter les affrontements.

Les collectifs font tout un travail d’explication, mettant en évidence les véritables raisons de la mort d’une victime, démontant la propagande du régime.

Jusqu’à fin mai 2012, nous avons ainsi empêché que nombre de ces provocations génèrent des violences. Ensuite, cela a été beaucoup plus difficile.

Début 2013, avec l’entrée en action d’al-Nostra, la situation s’est modifiée. Le développement du discours religieux d’al-Nostra s’est combiné aux attaques du régime contre les comités de paix civile et d’aide humanitaire. Cette politique de confessionnalisme du régime a alors eu les moyens de neutraliser les minorités, druzes et chrétiennes surtout, afin d’empêcher le soutien massif de ces populations à la révolution.

Parmi les druzes, seule une élite – des intellectuels surtout – s’est largement engagée (à l’inverse de ce qui s’est passé dans la population à majorité sunnite, parmi laquelle on trouve les couches populaires). Début 2013, on doit noter une quarantaine de morts sous la torture parmi les opposants druzes de Soueïda. Ces personnes qui travaillent dans l’humanitaire sont accusées de collaborer avec les opposants, lesquels sont qualifiés de “terroristes” par le régime.

Émancipation : Que répondre à ceux qui qualifient le régime d’Assad de laïque ?

F. K. : Durant des mois, les manifestants ont répondu aux provocations du régime par le mot d’ordre “Le peuple syrien est un, un, un”. Mais le régime, en confessionnalisant le conflit, a cherché à segmenter les opposants et à le dépolitiser.
Face à ces manifestations pacifiques, dès les premiers jours, le régime a répondu par des massacres. Il a procédé à des arrestations massives, emprisonnant les activistes, les liquidant sous la torture. Et devant l’usage d’une force armée sans précédent contre les quartiers civils, le régime a réussi à pousser les Syriens à une résistance armée.

La révolution pacifique s’est trouvée sans soutien et sans véritable direction. Ce qui a permis aux fanatiques religieux d’apparaître sur la scène comme une force pouvant faire face à la violence développée par la dictature.

Le peuple syrien qui est descendu dans la rue pour réclamer la liberté et la dignité est aujourd’hui pris entre deux feux : le régime d’Assad d’une part et l’État islamique de l’autre. Le premier a largement contribué à l’émergence du second.

Propos recueillis par Hélène Bertrand

article paru dans L’Émancipation syndicale et pédagogique n° 6 (2/02/2015)

http://69.emancipation.fr/spip.php?article208

Re: Syrie

MessagePosté: 04 Mar 2015, 11:43
de bipbip
" Où en est la révolution syrienne ? "

Réunion organisée par le Collectif unitaire Lyon-69 avec la révolution populaire syrienne, le 3 février à Lyon à la Maison des passages







Re: Syrie

MessagePosté: 14 Mar 2015, 14:12
de Pïérô
MARS 2015 « 4 années de lutte contre les tyrannies de Bachar Al Assad et de Daech »

Initiatives internationale dans le monde

détails : http://souriahouria.com/mars-2015-4-ann ... -de-daech/

Re: Syrie

MessagePosté: 16 Mar 2015, 01:47
de Pïérô
Comprendre ces huit guerres qui déchirent la Syrie

Quatre ans après les premières manifestations contre le régime d'Al-Assad, ce n'est plus une, mais huit guerres civiles qui déchirent le pays.
Des forces loyalistes à Al-Nosra, en passant par l'organisation Etat islamique, les tribus de l'Est, les Kurdes du Nord, les adversaires se multiplient et les fronts s'animent en fonction des arrivages d'armes, des consignes des puissances régionales et des opportunités sur le terrain, faisant de la Syrie une zone de conflits extrêmement complexes.

http://www.lemonde.fr/international/vid ... 0S2PMAb.99



Re: Syrie

MessagePosté: 18 Mar 2015, 02:59
de Pïérô
Retour de Syrie - interview

Ahmed est un jeune réfugié syrien de 24 ans, arrivé en France avec sa famille il y a quelques mois. Il a pris part dès 2011 à la révolution contre le régime de Bachar Al Assad, avant d’être chassé de Raqqa par l’arrivée de l’État Islamique. Pour Lundimatin, il a accepté de raconter son expérience.

... https://lundi.am/Retour-de-Syrie-interview

Re: Syrie

MessagePosté: 21 Mar 2015, 22:20
de Pïérô
Syrie. Bachar lance des barils de gaz toxiques
Fort de sa nouvelle pseudo-légitimité, Bachar Al-Assad innove pour le 4e anniversaire de la révolution: des barils chimiques pour les enfants de Sarmine (Idleb), après ceux d’al-Ghouta (Damas) en août 2013.
La nuit du 16 au 17 mars, à l’occasion du 4e anniversaire de la révolution syrienne, Assad a envoyé un cadeau spécial vers le nord de la Syrie, en territoire libéré de son contrôle: un bombardement par l’aviation militaire avec utilisation de barils d’explosifs avec des gaz mortels sur les régions d’Idleb (Sarmine et Salqine). Le nombre de blessés à Sarmine est d’environ cent personnes dont des enfants et une famille entière a déjà trouvé la mort (les parents avec trois enfants en bas âge et la grand-mère). Ce nombre est susceptible d’augmenter dans les heures qui suivent. A Salqine, on ne rapporte pas de blessés pour l’instant.
... http://alencontre.org/moyenorient/syrie ... iques.html


Syrie. Les photos de César commencent à parler
Après avoir provoqué un choc par ce qu’elles confirmaient – plus qu’elles ne révélaient – des pratiques barbares du régime de Bachar al-Assad, les photos prises et rendues publiques par l’ancien photographe de la Police militaire syrienne surnommé César ont commencé à parler. Chaque jour plus nombreux, des noms sont mis sur les visages déformés par la douleur ou émaciés par la faim.
Encouragés par l’initiative de «l’Association syrienne pour les disparus et les détenus d’opinion» (SAFMCD), qui a entrepris de mettre progressivement en ligne – 3709 l’étaient au 13 mars courant – les moins choquants de ces terribles documents, en regroupant les victimes, pour en faciliter l’identification, en fonction du service de moukhabarat ou de la branche des services de sécurité qui les avait enlevées, les habitants de Darya ont annoncé avoir reconnu parmi elles plusieurs dizaines de leur Vingt trois ont été clairement identifiés. Une dizaine d’autres, dont les traits ont été altérés par les coups, les souffrances et les privations, seraient également originaires de cette grosse municipalité de la proche banlieue de Damas.
... http://alencontre.org/moyenorient/syrie ... arler.html

Re: Syrie

MessagePosté: 25 Mar 2015, 14:14
de bipbip
Leur révolution syrienne: quatre militants témoignent, quatre ans après

Quatre ans après le début de la Révolution en Syrie, d'anciens activistes reviennent sur les premiers mois du soulèvement, leurs souvenirs, leurs espoirs, les causes de leur désillusion et cette descente en enfer d’un combat et d’une vie.

... http://www.slate.fr/story/99211/syrie-r ... emoignages

Re: Syrie

MessagePosté: 06 Avr 2015, 01:55
de bipbip
L’EI s’empare de l’essentiel du camp de Yarmouk aux portes de Damas
Les combattants de l'Etat islamique (EI) ont pris le contrôle de 90 % du camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk, situé dans la banlieue de Damas, a annoncé samedi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Avec cette offensive, les djhadistes sunnites ne sont plus qu'à une poignée de kilomètres de la capitale syrienne.
Les Nations unies se disent extrêmement préoccupées pour la sécurité et la protection des quelque 18 000 civils, syriens et palestiniens, qui y vivent encore. « La situation à Yarmouk est un affront à notre humanité à tous, une source de honte universelle », a déclaré Chris Gunness, porte-parole de l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).
... http://www.lemonde.fr/proche-orient/art ... FJoi98h.99


Syrie : 2 000 personnes évacuées du camp palestinien de Yarmouk après l'offensive de l'EI
Environ 2 000 personnes ont été évacuées du camp palestinien de Yarmouk, dans le sud de Damas, à la suite de l'avancée des djihadistes de l'organisation Etat islamique (EI), a affirmé dimanche 5 avril un responsable de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP).
... http://www.lemonde.fr/proche-orient/art ... MVlEtdO.99

Re: Syrie

MessagePosté: 07 Avr 2015, 17:08
de Pïérô
« Catastrophe » dans le camp de Yarmouk, investi par l’État Islamique

Les craintes sur le sort des 18000 civils emprisonnés dans Yarmouk, au sud de la capitale syrienne de Damas, se sont accrues après que l’État Islamique (EI) ait pris le contrôle de vastes zones de ce camp de réfugiés palestiniens.

... http://www.info-palestine.net/spip.php?article15302

Re: Syrie

MessagePosté: 09 Avr 2015, 19:41
de Pïérô
Les Palestiniens de Syrie, entre enfer des camps et réappropriation du mouvement national (1/2)
http://syrie.blog.lemonde.fr/2015/04/05 ... tional-12/
Les Palestiniens de Syrie, entre enfer des camps et réappropriation du mouvement national (2/2)
http://syrie.blog.lemonde.fr/2015/04/06 ... tional-22/


Communiqué de l’AFPS, mercredi 8 avril 2015
Urgence pour les réfugiés palestiniens de Yarmouk !

Après avoir compté près de 200 000 habitants à la veille de la guerre « civile » syrienne, le camp de Yarmouk n’abritait plus fin mars qu’à peine 18000 habitants après des mois d’étranglement par le régime et de luttes internes entre les mouvements présents à l’intérieur du camp et à l’extérieur. Personne n’aura oublié ces images insoutenables des réfugiés attendant la distribution de secours alimentaires de l’UNRWA.

Il aura fallu la prise de contrôle d’une partie du camp par Daech ces derniers jours et les bombardements indiscriminés du régime pour remettre sous les feux de l’actualité ce cas dramatique et emblématique de la situation des réfugiés palestiniens, d’ordinaire invisibles pour la plupart des médias et largement ignorés par la communauté internationale.

Les réfugiés palestiniens se sont vu reconnaître leur droit au retour et à compensation pour les dommages subis lors de la Nakba, par la résolution 194 de l’ONU en décembre 1948, résolution qu’Israël s’est toujours refusé à mettre en œuvre. Ils doivent bénéficier, comme tous les réfugiés, de la protection de l’ONU dans les lieux où ils ont été contraints de s’établir.

Dans l’immédiat l’ONU et ses états membres, et la France au premier chef, doivent exiger la mise en place de couloirs humanitaires sécurisés pour se rendre dans des zones à l’abri des combats et renforcer les capacités de l’UNRWA pour leur venir en aide. Mais il ne s’agira que de solutions provisoires. Beaucoup d’entre eux ont déjà été accueillis dans des conditions de grande précarité par d’autres réfugiés palestiniens au Liban et en Jordanie. Et la région croule aujourd’hui sous le nombre des réfugiés. La France, elle, n’a reçu depuis 2011 que 5000 réfugiés de Syrie. Le commissaire aux droits de l’Homme du Conseil de l’Europe, Nils Muiznieks, a souligné en février qu’elle « devrait accroître ses efforts afin d’accueillir davantage de réfugiés syriens sur son territoire, compte tenu de l’ampleur sans précédent de la crise humanitaire des réfugiés syriens (3,8 millions de réfugiés dans les pays limitrophes et 7,8 millions de déplacés à l’intérieur du pays) ». Elle ne peut se dérober à ces obligations humanitaires d’urgence.

Mais au-delà de la réponse humanitaire, cela montre une fois encore que la question des réfugiés palestiniens ne peut être éternellement éludée et cachée comme s’en accommode depuis des décennies la communauté internationale, en se reposant sur l’UNRWA pour le volet humanitaire et en acceptant de fait un statu quo politique injuste et illégal pour le plus grand bénéfice des autorités israéliennes.

Le Bureau national

http://www.france-palestine.org/Urgence ... de-Yarmouk