Syrie

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Messagede ivo » 10 Juin 2012, 09:07

Syrie : 83 civils tués par les forces de sécurité
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De nouveaux affrontements avec les forces du régime ont fait 83 morts dans la seule journée d'hier... Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, les violences les plus meurtrières se sont déroulées dans les régions de Homs (centre) et Deraa (Sud), où 57 personnes ont trouvé la mort. Parmi elles, on compterait neuf femmes et trois enfants. À Homs, une partie des victimes a été tuée par les bombardements de l'armée.

Au total, plus de 13.400 personnes, principalement des civils, sont mortes en Syrie après 15 mois de violences. L'opposition syrienne réclame toujours des armes à la communauté internationale pour faire tomber le régime, mais la Russie s'est de nouveau opposée à tout recours à la force.
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Re: Syrie

Messagede ivo » 10 Juin 2012, 13:46

Sixième jour de bombardements sur la région de Lattaquié (Syrie)
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Depuis ce matin, l'armée syrienne bombarde à nouveau les environs de la ville portuaire de Lattaquié (dans le nord-ouest du pays), appuyée par des hélicoptères de combat. Des renforts ont été envoyés pour combattre les centaines de rebelles retranchés sur les hauteurs de Heffa.

Des combats ont éclaté mardi dans la ville et les villages environnants. Ils auraient fait près de 60 morts dans les rangs de l'armée et au moins 46 civils et rebelles ont été tués selon l'opposition.

Sur le plan politique, le Conseil national syrien (CNS) a élu un nouveau président hier soir pour trois mois. Il s'agit du Kurde Abdel Basset Sayda, considéré comme neutre et consensuel. Il estime que la spirale de violences montre que le régime touche "à sa fin."

Depuis le début de la révolte en mars 2011, plus de 14.000 personnes ont été tués, en majorité des civils, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme.
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Re: Syrie

Messagede ivo » 11 Juin 2012, 10:52

L'opposition syrienne appelle les piliers du régime à la défection
http://www.france24.com/fr/20120611-syr ... e-massacre
Après la nouvelle vague de violence qui a fait 171 morts ce dimanche, le nouveau chef du Conseil national syrien, Abdel Basset Saydaa, demande aux responsables du régime syrien d'abandonner le pouvoir.

AFP - Le nouveau chef de l'opposition syrienne a appelé dimanche les responsables du pouvoir en Syrie, où les violences ont fait au moins 171 morts ce week-end, à faire défection, estimant que le régime touchait "à sa fin".

L'Armée syrienne libre (ASL), qui fait subir des pertes de plus en plus lourdes aux troupes du régime de Bachar al-Assad, a également appelé la population à la désobéissance civile et pressé les militaires "qui n'ont pas du sang sur les mains" à déserter l'armée.

Le Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition, a élu à sa tête le Kurde Abdel Basset Sayda, exilé de longue date en Suède qui, malgré son manque de notoriété, a fait le consensus autour de sa personnalité modérée. Il succède à Burhan Ghalioun, critiqué pour avoir permis l'hégémonie des Frères musulmans au sein du CNS et pour le manque de coordination avec les militants sur le terrain.

"Nous appelons tous les officiels du régime et dans les institutions à faire défection", a déclaré M. Sayda lors d'une conférence de presse à Istanbul, appelant par ailleurs les Syriens dans le monde entier à manifester.

Se voulant rassurant au moment où les dissensions confessionnelles en Syrie notamment entre sunnites (majorité) et alaouites (minorité au pouvoir) se font sentir plus que jamais, il a affirmé qu'"il n'y aurait pas de discriminations basées sur le sexe ou l'appartenance à des communautés" et que "la Syrie nouvelle sera un état démocratique".

"Nous entrons dans une phase sensible. Le régime touche à sa fin. Les massacres qui se multiplient et les pilonnages montrent qu'il se débat", avait-il déclaré auparavant à l'AFP. Selon lui, "le régime a perdu le contrôle de Damas et d'autres villes".

Les combats se sont récemment intensifiés dans la capitale, qui reste cependant la ville la mieux protégée par les forces du régime.

M. Sayda a précisé qu'il oeuvrerait pour que le plan de sortie de crise de l'émissaire international Kofi Annan "soit inclus sous le chapitre VII" de la charte de l'ONU, ce qui permettrait des sanctions économiques, voire un usage de la force.

La Russie et la Chine sont farouchement opposées à toute condamnation du régime de Damas et à tout recours à la force. Tout en campant sur ses positions, Moscou a toutefois affirmé cette semaine qu'il verrait d'un bon oeil Bachar al-Assad quitter le pouvoir "si les Syriens eux-mêmes tombent d'accord sur ce point".

Fin mars, la plupart des opposants avaient reconnu le CNS comme le "représentant formel" du peuple syrien, et en avril, les "Amis du peuple syrien" l'avaient qualifié de "représentant légitime de tous les Syriens".

Le CNS a été critiqué pour le manque de soutien financier et militaire apporté à l'ASL, au risque qu'elle se tourne vers des groupes jihadistes ou étrangers. Un journal koweïtien a d'ailleurs rapporté dimanche que des dizaines de Koweïtiens combattaient aux côtés de l'ASL, évoquant également la présence en Syrie d'importants groupes de combattants originaires d'Arabie saoudite, d'Algérie et du Pakistan.


Comme la "Bosnie des années 90"

Avec la recrudescence des violences, qui ont fait 60 morts dimanche et 111 la veille, le chef de la diplomatie britannique William Hague a comparé la situation en Syrie à celle de la Bosnie dans les années 1990, refusant d'exclure une intervention militaire.

"Je ne pense pas que nous puissions exclure quoi que ce soit", a-t-il dit sur Sky News. La Syrie "ressemble plus à la Bosnie des années 1990, en étant au bord d'une guerre civile intercommunautaire où des villages voisins s'attaquent et s'entretuent", a-t-il dit en référence à la guerre de Bosnie-Herzégovine (1992-1995).

Les violences en Syrie ont fait plus de 14.100 morts en près de 15 mois de révolte selon un nouveau bilan de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Le bilan de samedi est l'un des plus lourds bilan quotidien depuis l'entrée en vigueur il y a près de deux mois d'un cessez-le-feu continuellement ignoré.

Des centaines de rebelles sont retranchés dans la région de Heffa, située dans la province de Lattaquié (nord-ouest) traditionnellement acquise au régime de Bachar al-Assad, selon l'OSDH.

Cette ville et les villages environnants, où près de 60 soldats et 46 civils et rebelles ont péri dans des combats depuis le 5 juin, étaient bombardés dimanche par l'armée pour le sixième jour consécutif.

"L'armée subit ses pires pertes actuellement à Heffa", a affirmé à l'AFP Rami Abdel Rahmane, président de l'OSDH. "Le littoral n'est plus une zone sûre et tout le pays est désormais impliqué dans la contestation".

Heffa est une zone majoritairement peuplée de sunnites au sein d'une province à majorité alaouite, confession du clan Assad au pouvoir.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a condamné dimanche "les massacres de civils" en Syrie, tandis que le président Shimon Peres a évoqué son "respect" pour les rebelles et souhaité leur victoire.
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Re: Syrie

Messagede ivo » 12 Juin 2012, 10:57

Craintes d'un nouveau massacre en Syrie
http://www.lefigaro.fr/international/20 ... -syrie.php
Les États-Unis et Kofi Annan ont exprimé leur inquiétude pour la population de Haffé, dans l'Ouest, où les chars de Bachar el-Assad ont pris position. Ban Ki-moon réclame l'accès à la ville pour les observateurs de l'ONU.

Les forces de Bachar el-Assad préparent-elles un nouveau massacre contre la population syrienne? C'est la crainte de Kofi Annan. Sur la base d'«informations faisant état de l'usage de mortiers, de chars et d'hélicoptères dans la localité de Haffé», l'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe s'inquiète, selon son porte-parole, «des indications qu'un grand nombre de civils sont pris au piège».

Haffé, située dans la province de Lattaquié (Nord-Ouest), est bombardée depuis six jours par les forces du régime, rapportent des militants. La situation y est «terrible et les chars de l'armée sont aux portes de la ville», a déclaré l'un d'entre eux sur place. «Il n'y a qu'un seul médecin qui traite les blessés dans la ville», désertée, selon lui, par la majorité de ses 30.000 habitants. «Il y reste les rebelles et certains civils armés qui les aident à défendre la ville.»

À Washington, la porte-parole du Département d'État, Victoria Nuland, a souligné que les États-Unis se joignaient à l'inquiétude de Kofi Annan sur «la préparation par le régime d'un nouveau massacre» à Haffé. Tout en excluant de nouveau une intervention militaire, les États-Unis ont tenu «à rappeler aux gradés syriens une des leçons apprises en Bosnie: la communauté internationale peut découvrir quelles unités sont responsables de crimes contre l'humanité», ajoutant: «Et vous serez tenus responsables de vos actions.» Pour tenter plus concrètement de prévenir un nouveau drame, après les massacres qui ont émaillé ces dernières semaines, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a exigé lundi que les observateurs de l'ONU présents en Syrie aient accès à Haffé.

Des enfants utilisés comme boucliers

Pour l'heure, ces observateurs sont présents à Homs, dans le centre du pays, où ils tentent de négocier l'évacuation des civils face à l'escalade de la violence. La situation des enfants syriens est particulièrement préoccupante. Dans un rapport cité par la BBC, le représentant spécial de l'ONU pour les enfants et les conflits armés évoque leur utilisation comme boucliers humains par les forces de Bachar el-Assad. Selon les témoignages recueillis sur place, les enfants seraient forcés à monter sur les chars de l'armée pour éviter que ceux-ci ne soient pris pour cible par l'opposition. Des cas de torture et d'exécutions sont également rapportés. Le Conseil national syrien (CNS), qui représente l'opposition, accuse le régime de Bachar el-Assad de profiter de la «faiblesse» et des «hésitations» de la communauté internationale pour se livrer à une escalade dans l'usage de la terreur.


Dans ce contexte, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, se rend mercredi en Iran, principal allié de Damas dans la région, accusé de lui fournir armes et expertise pour la répression. La Russie a proposé la tenue d'une conférence internationale incluant l'Iran pour tenter de sauver le plan Annan, mais les Occidentaux ont exprimé de profondes réserves. Paris doit accueillir le 6 juillet une nouvelle réunion du Groupe des amis du peuple syrien, qui n'inclut pas l'Iran et à laquelle la Russie et la Chine n'ont jamais participé. Entre-temps, Washington, Paris et Londres préparent un projet de résolution au Conseil de sécurité, qui risque fort d'être bloquée comme dans le passé par Pékin et Moscou. En attendant, selon l'OSDH, plus de 14.100 personnes, dont encore 106 lundi, ont péri depuis le début de la répression il y a seize mois.


L'armée syrienne utiliserait des enfants comme "boucliers humains"
http://www.francetv.fr/info/l-armee-syr ... 06261.html
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Des enfants participent à une manifestation contre le président syrien Bachar Al-Assad à Habeet, près d'Idleb (Syrie), le 8 juin 2012.
(SHAAM NEWS NETWORK / REUTERS)

Un rapport de l'ONU accablant pour la Syrie. Des soldats syriens auraient torturé et exécuté sommairement des enfants, et se sont servis de certains d'entre eux comme de "boucliers humains" au cours de leurs opérations contre les rebelles, selon ce rapport. Les Nations unies y dénoncent le gouvernement syrien comme l'un des pires sur sa liste annuelle "de la honte", où figurent les protagonistes des pays en conflit où les enfants sont tués, torturés et forcés à combattre.

"J'ai rarement vu autant de brutalités contre les enfants qu'en Syrie, où les filles et les garçons sont emprisonnés, torturés, exécutés et utilisés comme boucliers humains", a déclaré Radhika Coomaraswamy, représentante spéciale de l'ONU pour les enfants dans les conflits armés. Le rapport sur "les enfants dans les conflits armés" cite notamment une opération de quatre jours déclenchée le 9 mars par les forces loyalistes (armée, services de renseignement et milice Shabiha) contre le village d'Ayn l'Arouz, dans la province d'Idlib.

Placés devant les vitres d'autocars de l'armée

Les troupes gouvernementales ont raflé des dizaines de garçons âgés de 8 à 13 ans avant d'attaquer le village, selon le rapport. Ces enfants ont été ensuite "utilisés par des soldats et des miliciens comme boucliers humains, placés devant les vitres des autocars transportant les militaires pour pénétrer dans le village lors de l'assaut".


Fin mars, la Haut Commissaire des Nations unies aux droits de l'Homme, Navi Pillay, avait déjà alerté sur le traitement réservé aux enfants par le régime syrien, qu'elle qualifie d'"effroyable". "Ils prennent les enfants, quelles que soient les raisons, en grand nombre. Des centaines sont arrêtés, torturés." Elle rapportait par ailleurs des cas d'"enfants qui se sont fait tirer dans les genoux, maintenus avec des adultes dans des conditions inhumaines ou encore retenus comme otages ou comme source d'information".
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Re: Syrie

Messagede ivo » 13 Juin 2012, 09:44

La Syrie en état de guerre civile (Onu)
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Hervé Ladsous, le chef des opérations de maintien de la paix de l'Onu, a fait état aujourd'hui, d'une situation de guerre civile en Syrie, 15 mois après le début d'un soulèvement contre le régime de Bachar al Assad, qui a perdu le contrôle de nombreuses zones urbaines.

La semaine dernière, le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon avait évoqué un danger "imminent" de guerre civile en Syrie. Dans un rapport, l'Onu a dénoncé le gouvernement syrien comme l'un des pires sur sa liste annuelle "de la honte" des pays en conflit.

Les observateurs de l'Onu affirment également qu'ils ont été la cible de tirs dans la province de Lattaquié, alors qu'ils tentaient de se rendre à Haffé, violemment bombardée aujourd'hui.
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Re: Syrie

Messagede ivo » 16 Juin 2012, 19:02

Les observateurs de l'Onu suspendent leurs opérations en Syrie
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Le chef de la mission onusienne estime que "l'intensification de la violence" entre forces syriennes et opposants au régime rend le travail des observateurs trop risqué. Leur action est suspendue jusqu'à nouvel ordre.

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Le chef des "bérets bleus", Robert Mood, ne veut pas prendre de risque. © Reuters Khaled Al Hariri

Trop, c'est trop. Le chef des observateurs de l'Onu en Syrie, le général Robert Mood, a décidé de suspendre l'opération de supervision en raison des flambées de violence ces dix derniers jours. Dans un communiqué publié aujourd'hui, il a déclaré que les observateurs "n'effectueront plus de patrouilles et resteront confinés dans leurs bases jusqu'à nouvel ordre".

Hier, le chef norvégien des "bérets bleus" avait déjà accusé les acteurs du conflit de "pousser" à la violence, entravant la mission onusienne. Plusieurs fois, les observateurs ont été empêchés de se rendre sur un site qu'ils souhaitaient inspecter, et ont même été pris pour cible.

En Syrie, les violences entre l'armée et les opposants au régime de Bachar al-Assad durent depuis plus de 15 mois. Ce matin, les forces syriennes ont bombardé les faubourgs de la capitale Damas, et des centaines de familles se sont retrouvé piégées sous les bombardements à Homs, bastion de la rébellion. L'Observatoire syrien des droits de l'homme avait exhorté le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-Moon, à intervenir pour faire cesser les bombardements.


En Syrie, "nous avons aujourd'hui la preuve tangible que le régime n'a pas coopéré" (opposition)
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Les observateurs de l'Onu en Syrie suspendent leur mission, alors que les violences s'intensifient dans le pays. Les risques encourus sont de plus en plus importants pour ces observateurs pacifiques. Plus de 3.500 personnes sont mortes alors même qu'un cessez-le-feu a été établi le 12 avril. Pour Basma Kodmani, responsable des relations extérieures du Conseil national syrien, le pays est dans l'impasse.

"Nous demandons le vote d'une résolution qui autorise l'utilisation de mesures coercitives"
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Re: Syrie

Messagede sebiseb » 16 Juin 2012, 20:23

Il est vrai qu'une mission d'observation qui consistait à dire "Assad, c'est pas bien tu tues des enfants !" avait toutes les chances d'aboutir à l'éviction du malade mental qui est à la tête du pays et la mise en place d'une jolie démocratie toute respectueuse de la population :roll:
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Re: Syrie

Messagede ivo » 17 Juin 2012, 19:39

ben tiens >>>

Après le départ des observateurs, la violence s'intensifie en Syrie
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Les observateurs de l'ONU étaient de plus en plus pris pour cible. Ils ont décidé de suspendre leur mission. Plus de 3.500 personnes sont mortes depuis le début du cessez-le-feu en avril dernier. La ville de Homs est pilonnée sans répit par l'armée syrienne.

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Homs sous les bombes de l'armée syrienne © Reuters

Acculés à une impasse sur le terrain, les observateurs de l'ONU ont décidé d'arrêter leurs patrouilles. Une décision qui a surpris le Conseil national syrien. "L'arrêt du travail des observateurs de l'ONU sert le régime et prive le peuple syrien d'une protection même si elle est peu efficace, et de témoins pour les massacres" perpétrés par le régime, regrette le CNS dans un communiqué.

Car sur le terrain l'escalade de la violence ne semble pas s'interrompre. Première visée, la ville de Homs, bastion de la résistance au régime de Bachar al-Assad. "Le pilonnage n'a pas cessé et le siège de la ville nous étouffe. Nous manquons de nourriture, d'eau et de médicaments", a affirmé Abou Bilal, un militant sur place. "Des dizaines de blessés ne sont pas soignés car tous les hôpitaux sont tombés sous le contrôle des chabbiha. Les morts sont les plus chanceux." Les "chabbiha" (fantômes) sont des milices fidèles au régime syrien.

Comment contraindre le régime à arrêter les tueries ?

L'opposition syrienne lance un appel aux Nations Unies à la veille de l'ouverture du sommet du G20 au Mexique. Dans un communiqué le CNS demande à l'ONU d'"adopter rapidement une résolution en vertu du chapitre VII (de sa charte) afin d'armer les observateurs qui pourront (...) remplir leur tâche en sécurité, et contraindre le régime à arrêter les tueries et à appliquer le plan" de sortie de crise de l'émissaire international Kofi Annan.

Buhran Ghalioun,chef du bureau politique du Conseil national syrien, réclame l'arrivée des casques bleus en Syrie

commentaire:
Que sont-ils allé faire exactement les observateurs en Syrie ? un petit tour puis ils s'en vont ?
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Re: Syrie

Messagede ivo » 20 Juin 2012, 09:40

Syrie: les observateurs vont rester malgré l'escalade des violences
http://www.liberation.fr/depeches/2012/ ... ces_827721
Image
Des combattants de l'Armée syrienne libre, le 18 juin 2012 dans la ville d'Idleb (AFP)

Les observateurs de l'ONU vont rester en Syrie, a déclaré un responsable mardi, malgré l'escalade de la violence qui a conduit à suspendre leur mission dans le pays, où des milliers de civils sont pris au piège dans les bastions rebelles pilonnés sans relâche.

"Pour le moment, tout en suspendant ses activités, nous avons décidé de ne pas toucher à la mission, à son mandat", a déclaré le chef des opérations de maintien de la paix de l'ONU Hervé Ladsous après une réunion du Conseil de sécurité au cours de laquelle le chef de cette mission baptisée Misnus s'est exprimé.

"L'intégrité (de la mission) demeure", a poursuivi M. Ladsous. Le mandat de la mission de l'ONU expire le 20 juillet, "donc nous devons penser très rapidement à ce que seront les options pour le futur de cette mission. Et c'est à cela que nous travaillons", a-t-il toutefois ajouté.

Le général Robert Mood, le chef de la Misnus, avait auparavant décrit devant le Conseil les violences dont les observateurs sont la cible depuis leur déploiement, soulignent que leurs véhicules avaient été touchés par des "tirs directs" à 10 reprises et par des "tirs indirects" des centaines de fois.

Il a toutefois jugé que les observateurs de l'ONU avaient "l'obligation morale" de rester en Syrie.

Avant la réunion du Conseil de sécurité, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon avait quant à lui émis le souhait que les 15 membres du Conseil s'unissent pour mettre une "pression continue" sur le régime de Damas afin que celui-ci applique le plan Annan.

Faute de quoi, "le jour viendra où il sera trop tard pour arrêter cette spirale" de la violence, a-t-il prévenu, alors que le plan de paix de l'émissaire international Kofi Annan préconisant un cessez-le-feu et un dialogue politique est dans l'impasse.

Les Occidentaux jugent le président Bachar al-Assad, dont ils réclament le départ, unique responsable de cette détérioration, alors que la Chine et la Russie, alliés du régime syrien, accusent également les rebelles.

"Nous pensons que personne n'a le droit de décider pour d'autres pays qui devrait être au pouvoir ou pas", a déclaré mardi le président russe, Vladimir Poutine, à l'issue du sommet du G20 au Mexique.

Mais la Russie et la Chine sont conscientes du risque de guerre civile en Syrie, sans adhèrer encore à un plan international pour renverser Bachar al-Assad, a déclaré mardi le président américain Barack Obama.

Le président français François Hollande a affirmé pour sa part que Moscou jouait "son rôle pour permettre la transition" en Syrie, impliquant le départ de Bachar el Assad du pouvoir

Le Conseil de sécurité, où deux résolutions contre le régime ont déjà été bloquées par Pékin et Moscou, se réunissait au lendemain d'un appel du président américain Barack Obama et de son homologue russe Vladimir Poutine à un "arrêt immédiat" des violences "afin de mettre un terme à l'effusion de sang".

Londres s'est par ailleurs félicité mardi du demi-tour qu'a apparemment dû effectuer un cargo russe soupçonné d'avoir tenté de rapatrier en Syrie des hélicoptères d'attaque Mi-25 remis en état par la Russie des années après leur vente à Damas par l'URSS.

Un porte-parole du Pentagone a de son côté affirmé que la Russie se préparait à dépêcher trois navires, transportant des vivres et vraisemblablement des soldats, pour protéger le port syrien de Tartous, seule base navale russe en Méditerranée.

Sur le terrain, la révolte en Syrie s'est militarisée face à une répression brutale. En 15 mois de révolte, plus 14.400 personnes ont péri, en majorité des civils, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Mardi, 37 personnes ont péri dans les violences, selon l'OSDH.

Les troupes bombardent depuis plusieurs jours des localités défendues farouchement par les rebelles, notamment Homs (centre), en vue de les reprendre.

Violences sans répit

Dans la ville de Homs, des combats ont eu lieu dans le quartier de Baba Amr repris en mars par l'armée, a indiqué l'OSDH, faisant état d'une "explosion survenue sur un oléoduc traversant cette région" et évoquant "plus de 1.000 familles empêchées de quitter leurs maisons".

Les autorités de Damas ont quant à elles affirmé avoir tenté en vain de faire sortir les civils "assiégés par les groupes terroristes".

Devant le Conseil de sécurité de l'ONU, le général Mood a du reste assuré que la Misnus tentait de négocier un cessez-le-feu dans cette ville.

Plus au nord, à Hama, deuxième ville du pays, le quartier de Arbaïn a été bombardé par les forces gouvernementales alors qu'une forte explosion a secoué la zone d'Andalous.

Par ailleurs, Rastane, dans la province de Homs, a été de nouveau la cible de violents bombardements, ont indiqué l'OSDH et des militants.

Dans la province de Deir Ezzor (est), un oléoduc a aussi été la cible d'une bombe, a indiqué l'ONG, une action attribuée par l'agence officielle Sana à "un groupe terroriste".

Par ailleurs, la Jordanie a renforcé ses contrôles à la frontière avec la Syrie pour empêcher des infiltrations de partisans du régime de Bachar al-Assad, a déclaré un membre de la principale coalition d'opposition syrienne, le Conseil national Syrien (CNS).
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Re: Syrie

Messagede Massinissa » 19 Juil 2012, 14:29

LIVE - Situation en syrie

http://www.elwatan.com/international/live-situation-en-syrie-19-07-2012-178953_112.php

Depuis que les affrontements ont atteint Damas, la capitale, l'évolution de la situation en Syrie s'accélère. L'attentat-suicide, hier, qui a couté la vie au ministre de la défense et les bombardements de représailles du régime n'en sont qu'un des épisodes sanglants. Ce jeudi, l'avenir de la Syrie se joue autant sur son territoire que du côté de Washington où les diplomates s'affairent pour faire adopter une résolution par le Conseil de sécurité. Suivez en direct les derniers développements du conflit.

Sophia_ElWatan:
Comme nous vous l'indiquions, vous pouvez suivre les derniers développement de la situation en Syrie sur cette page.
Avant cela, voici l'article de Zine Cherfaoui, sur le fait marquant de la journée d'hier, l'attentat-suicide qui a couté la vie au ministre de la défense syrien.


Sophia_ElWatan:
Selon l'AFP, l'attentat d'hier et les bombardements qui ont suivi, représailles du régime, ont provoqués un exode dans plusieurs quartiers de Damas, "théâtre de combats d'une extrême violence".



13h02

Faten Hayed:
Le vote prévu mercredi à l'ONU a été reporté à aujourd’hui à la demande de Kofi Annan. La résolution menaçant Damas de sanctions, a été stoppée par un attentat meurtrier qui a tué trois hauts responsables syriens, dont le beau-frère du président Bachar al-Assad. Le président Al-Assad n'a fait aucune déclaration et n'a pas été vu en public depuis les événements de mercredi.


Trois piliers de l’armée d’al assad tués

Le régime syrien touché à la tête




le 19.07.12 | 10h00 Réagissez

Image
zoom | © AFP






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Un attentat kamikaze a visé hier le beau-frère de Bachar Al Assad, le général Assef Chawkat, le ministre de la Défense, le général Daoud Rajha, et le chef de la cellule de crise mise en place pour mater la révolte, le général Hassan Turkmani.


Les trois hauts responsables syriens ont été tués alors qu’ils se trouvaient dans le bâtiment de la Sécurité nationale, dans le centre de la capitale syrienne. Mené par un kamikaze muni d’une ceinture d’explosifs au moment d’une réunion de ministres et de responsables de la sécurité, l’attentat a également blessé le ministre de l’Intérieur, Mohammad Ibrahim Al Chaar, ainsi que le chef de la Sécurité nationale, Hicham Ikhtiar.

Le régime syrien, aux prises depuis 16 mois avec un important mouvement de révolte qui s’est militarisé au fil des semaines, commence à vaciller et montrer des signes évidents de fragilité. Jusque-là imperturbables et arrogants, Bachar Al Assad et son clan sont depuis trois jours défiés par l’opposition à Damas, leur propre fief. Après avoir, en effet, surpris tout le monde en allant, mardi, donner l’estocade à l’armée régulière syrienne au centre même de la capitale Damas, l’opposition a réussi hier un coup d’éclat en éliminant, grâce à un attentat kamikaze, le beau-frère de Bachar Al Assad, le général Assef Chawkat, le ministre de la Défense, le général Daoud Rajha, et le chef de la cellule de crise mise en place pour mater la révolte, le général Hassan Turkmani.

Les trois hauts responsables syriens ont été tués alors qu’ils se trouvaient dans le bâtiment de la Sécurité nationale situé dans le centre-ville de la capitale syrienne. Mené par un kamikaze muni d’une ceinture d’explosifs au moment d’une réunion de ministres et de responsables de sécurité, l’attentat a également blessé le ministre de l’Intérieur, Mohammad Ibrahim Al Chaar, et ainsi que le chef de la Sécurité nationale, Hicham Ikhtiar. D’après une source proche de la sécurité syrienne, le kamikaze était «un garde du corps d’un des participants à la réunion».

Les opérations spectaculaires menées par l’ASL ces deux derniers jours confortent l’idée que le pouvoir syrien a perdu du terrain et que ses jours sont désormais comptés. Dans un communiqué rendu public hier dans lequel elle a revendiqué l’attentat, l’organisation a affirmé qu’il s’agissait de «la première d’une série de grandes opérations visant à faire chuter Assad et l’ensemble des piliers et symboles du régime, qu’ils soient civils ou militaires». Les rebelles ont, en outre, donné jusqu’à la fin du mois de juillet à ceux «qui n’ont pas de sang sur les mains» pour faire défection, sous peine sinon d’être considérés comme «des complices des meurtres d’Al Assad».

L’armée syrienne décapitée

Installé dans une logique suicidaire et jusqu’au-boutiste, le régime de Bachar Al Assad – qui paraît aujourd’hui dépassé par l’ampleur de la contestation qu’il s’est employé à réprimer dans le sang – a, de son côté, assuré que cet acte «terroriste» allait renforcer la «détermination des forces armées à nettoyer la patrie des restes des bandes terroristes». Sans transition, il a annoncé la nomination d’un nouveau ministre de la Défense, le général Fahd Al Freij, jusque-là chef d’état-major, a poursuivi le pilonnage des rebelles. Pour l’OSDH, la mort du général Assef Chawkat, l’un des rares chrétiens à occuper un poste aussi élevé dans la hiérarchie militaire, est un «coup sévère pour le régime syrien, car il assumait le tout premier rôle dans les opérations des forces régulières pour écraser la révolution».

Dans le même temps, la «bataille de Damas», déclenchée mardi par les rebelles de l’ASL, a gagné hier les environs du palais présidentiel. Une caserne de l’armée proche du «Palais du peuple», énorme complexe de style soviétique surplombant la capitale syrienne dans le quartier ouest de Doummar, a été prise aussi sous le feu des rebelles. Des affrontements entre l’armée régulière et l’ALS se sont déroulés également dans les quartiers de Midane et de Kafar Soussé, dans le sud et l’ouest de Damas, selon l’Organisation syrienne des droits de l’homme (OSDH). Les combats, les plus violents dans la capitale depuis mars 2011, ont débuté dimanche soir dans plusieurs quartiers périphériques. Plus de soixante soldats de l’armée régulière ont été tués ces dernières 48 heures. Des hélicoptères, entrés en action mardi, continuaient parallèlement à attaquer les quartiers de Qaboune et de Barzé, dans l’est de Damas.

Stratégie de la terre brûlée

Inquiets des retombées sur la région de la stratégie de la terre brûlée pratiquée par le régime de Bachar Al Assad, Washington et Londres ont mis en garde contre une situation qui devient «incontrôlable». Le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, a vu dans cet attentat un signal clair d’un nouveau tournant dans la révolte qui dure depuis 16 mois en Syrie contre le régime du président Bachar Al Assad. «La Syrie est menacée par le chaos et l’effondrement, avec une situation pire encore que celle qui prévalait au cours des récents mois», a-t-il dit. «L’intensité des combats se renforce, il y a maintenant beaucoup d’informations faisant état de combats chaque nuit dans Damas même, et ceci se traduit par l’augmentation du flot de réfugiés», a-t-il ajouté.

«Il faut aboutir d’urgence à une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies et à une résolution qui puisse ensuite permettre de résoudre ce problème, de progresser vers un processus politique de règlement pacifique et un gouvernement de transition en Syrie», a ajouté William Hague.

Au plan diplomatique, la situation était toujours bloquée hier. Dans une énième tentative pour faire cesser les violences, un vote au Conseil de sécurité de l’ONU est prévu aujourd’hui sur un projet de résolution déposé par les Européens et Américains. Il ne faut, toutefois, rien attendre de nouveau, puisque la Russie a dit clairement qu’elle mettrait son veto à ce texte qui menace Damas de sanctions s’il ne renonce pas à utiliser ses armes lourdes contre l’opposition, tout en prolongeant pour 45 jours la Mission des observateurs de l’ONU en Syrie qui expire officiellement demain.

Qualifiant les combats en cours dans ce pays de «décisifs», le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a ainsi rappelé hier que son pays ne laissera pas adopter au Conseil de sécurité une résolution qui signifierait le soutien de l’ONU à une «révolution» en Syrie. «Des combats décisifs sont en cours en Syrie. Et l’adoption de la résolution (occidentale, ndlr) serait un soutien direct à un mouvement révolutionnaire. S’il est question d’une révolution, l’ONU n’a aucun rapport avec ça», a déclaré M. Lavrov aux journalistes en marge d’une rencontre au Kremlin entre le président russe, Vladimir Poutine, et le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan. La Chine, l’autre grande puissance du Conseil de sécurité, devrait aussi camper sur sa position qui consiste à laisser encore les Syriens livrés à leur sort.



La Ligue arabe appelle à une réunion ministérielle extraordinaire


Le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil Al Arabi, a indiqué que la réunion du comité arabe chargé de la crise syrienne prévue dimanche dans la capitale qatarie Doha sera suivie d’une réunion ministérielle arabe extraordinaire pour examiner les implications de la situation en Syrie. «Jusqu’à présent, rien n’est clair », ;a déclaré hier M. Al Arabi précisant que les événements «se précipitent et il est difficile de les commenter d’autant que nous en ignorons les conséquences».

M. Al Arabi a exprimé ses craintes de voir «le cercle de la violence s’élargir», insistant sur l’importance pour la Syrie d’opérer «une transition pacifique vers une vie politique démocratique libre».Le secrétaire général de la Ligue arabe a estimé par ailleurs que l’attentat-suicide qui a visé hier matin le bâtiment de la Sécurité nationale à Damas; «constitue un développement grave qui influera sur le cours des événements en Syrie», affirmant que la Ligue arabe suivait avec intérêt ces développements. «J’ai à maintes reprises mis en garde contre la violence qui engendre la violence, élargit le champ de destruction et menace d’une guerre civile qui conduira à l’explosion de la situation non seulement en Syrie mais dans toute la région», ;a indiqué le secrétaire général de la Ligue arabe dans un communiqué officiel.

M. Al Arabi a réitéré la position de la Ligue arabe : «La seule issue à la crise passe par la satisfaction des aspirations légitimes du peuple syrien à une transition pacifique vers un régime démocratique lui garantissant liberté et dignité.»


Zine Cherfaoui






Samir Aita. Opposant syrien et directeur du Monde diplomatique (édition arabe)

«La résistance syrienne est dans un tournant décisif»




le 19.07.12 | 10h00 Réagissez


Le très proche cercle de Bachar Al Assad est atteint. Avec le ministre de la Défense, le beau-frère de Bachar Al Assad, Assef Chawkat, et le responsable de la cellule de crise chargée de mater la rébellion, le ministre de l’Intérieur et probablement le cousin germain d’Al Assad ont été éliminés. «La résistance syrienne contre le régime vit un tournant décisif», estime l’opposant Samir Aita. Il indique, par ailleurs, que la Syrie est ouverte à tous les scénarios.


-La résistance syrienne semble franchir un nouveau cap avec l’élimination du ministre de la Défense et celui de l’Intérieur. Peut-on dire que les jours du régime Al Assad sont désormais comptés ?


Il est évident que le cœur du pouvoir est atteint avec l’élimination du ministre de la Défense, le général Daoud Rajha, le beau-frère du Bachar Al Assad, et probablement le ministre de l’Intérieur ainsi que le vice-ministre de la défense et beau-frère de Bachar Al Assad, Assef Chawkat et le responsable de la cellule de crise chargée de mater la rébellion, le général Hassan Turkmeni. Mais, d’autres informations parlent d’éventuel assassinat de Hafez Makhlouf, cousin germain du président Bachar Al Assad et l’homme fort du régime. Si cette information venait à se confirmer, on pourrait dire, en effet, que la résistance syrienne est dans un tournant décisif et que le régime en place est en passe de perdre la bataille. Il y a des rumeurs qui font état de départ de Bachar Al Assad de Damas. Cela signifierait le début de la fin. De toute évidence, les événements s’accélèrent à l’intérieur même du régime.

-Il y a une grande confusion au sujet de l’auteur de l’attentat contre les responsables du régime…


A mon avis, le coup est parti de l’intérieur du régime. L’Armée syrienne libre ne pouvait pas accomplir un tel acte. Il est possible qu’à l’intérieur de l’armée, des officiers supérieurs se retournent contre le régime. Ce qui s’est passé hier est une révolution du palais soutenue par l’Armée syrienne libre et la résistance populaire et poussée également par les puissances occidentales. Il y a des retournements au sein de l’armée. Nous avons appris que des deals ont été contractés entre Américains et Russes pour en finir avec la situation actuelle, d’où les déclarations du chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, aujourd’hui (hier), parlant de «combats décisifs sont en cours en Syrie».

-Beaucoup d’observateurs redoutent que le pays sombre dans une confusion qui rendrait la transition difficile. Qu’en dites-vous ?


Il est clair que la situation sur le terrain est extrêmement compliquée et le risque d’une évolution incontrôlable n’est pas à exclure. Si la résistance est bien organisée et que l’Armée syrienne libre l’est également, il reste des groupes qui échappent à tout contrôle. A mon avis, nous sommes face à deux scénarios. Le premier est que les Américains et les Russes s’entendent sur le dossier syrien pour qu’il y ait une transition ordonnée. Le second scénario est le pire. Le risque d’un pourrissement généralisé avec la prolifération de groupes extrémistes religieux incontrôlés. En clair, la situation est d’une extrême complexité.

-Quels seraient le rôle et l’emprise du Conseil national syrien (CNS) sur la situation ? Est-il capable d’être cette direction politique dont la révolution a besoin ?


Le Conseil national syrien n’est qu’une fraction de l’opposition syrienne parmi tant d’autres groupes politiques d’opposition. Il y a eu des tentatives de rapprochement entre les différents blocs d’opposition à l’occasion de l’accord du Caire, mais le CNS refuse encore un regroupement large. Le CNS est devenu un phénomène médiatique sans emprise sur la réalité du terrain. Cela dit, d’énormes efforts restent à faire. Les contacts se poursuivent pour en arriver à un accord.
Par rapport à la nature des rapports entre le CNS et la résistance armée de l’intérieur, ils sont tendus. L’Armée syrienne libre est très critique vis-à-vis de l’opposition.

Hacen Ouali

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Re: Syrie

Messagede Massinissa » 30 Juil 2012, 20:14




Publié le: sam, juil 28th, 2012

Débats / Monde | Par admin



Le cas Syrien. François Burgat pour MEDIAPART




Mediapart 27 07 2012. « Guerre civile ne veut pas dire guerre sectaire en Syrie »

Alors que s’est engagée une bataille décisive à Alep, la seconde ville du pays, entre l’Armée syrienne libre et les troupes fidèles à Bachar al-Assad, François Burgat, chercheur au CNRS et à l’Institut français du Proche-Orient, longtemps basé à Damas, revient sur la situation en Syrie et les conséquences de cette guerre civile sur la région.

• Comment comprenez vous l’obstination sanglante de Bachar Al-Assad ? Quelles sont les caractéristiques de ce régime qui expliquent cette fuite en avant ?


L’une des variables majeures du conflit syrien réside dans le fait que l’assise du régime, plus encore que clientéliste, est ethnique et confessionnelle. Sous le vernis laïque et modernisateur du discours baasiste, c’est en fait (même si cette règle souffre d’heureuses exceptions) à un socle alaouite d’essence “tribale” que s’accroche aujourd’hui, dans la tourmente, le régime de Bachar al Assad. Or, en faisant, par armée et milices interposées, un usage immodéré de la violence la plus aveugle, cette tribu a en quelque sorte brûlé derrière elle tous les ponts la rattachant à une solution négociée ou à l’établissement d’un motus vivendi acceptable par les deux camps.

• Une des difficultés de la Syrie aujourd’hui à soulever le joug ne réside-t-elle pas dans ces divisions communautaires attisées par le régime alaouite et dont l’équivalent n’existait pas ou moins en Tunisie ou en Egypte?

Oui, ces divisions ethno-confessionnelles (réelles ou potentielles) sont indiscutablement l’une des spécificités majeures de la situation syrienne. Elles ont donné au régime une capacité à diviser le front des oppositions sans équivalent en Egypte (malgré la présence des Coptes) et moins encore en Tunisie. La confessionnalisation de la crise s’est très vite explicitée comme un choix cynique du régime. Il s’agissait de transférer sur le terrain sectaire et sécuritaire une guerre qu’il savait avoir perdue sur le terrain politique. Et pour ce faire, de “dépolitiser” les revendications de ses opposants pour les réduire au cadre étroit d’une révolte sectaire. Un mois à peine après le début des manifestations a commencé en Syrie une campagne d’affichage urbain particulièrement pernicieuse. Les affiches mettaient en scène des citoyennes ou des citoyens syriens que leur vêtement (coiffure, port ou absence de port du hijjab notamment) permettait d’identifier à chacune des communautés du pays.
Tous s’entendaient poser une même question : “Quelle est ta confession?”. Et toutes et tous répondaient à l’unanimité : “Quand on me demande quelle est ma confession, je réponds : je suis syrien(ne) !”.
Pour comprendre le caractère éminemment pernicieux de cette rhétorique des communicateurs du régime, il faut savoir qu’en Syrie, il était depuis de nombreuses décennies parfaitement inconcevable de poser dans l’espace public une telle question de l’appartenance confessionnelle. Le non dit était bien sûr que ceux qui osaient faire usage de cette question incongrue avaient des visées sectaires et cherchaient à s’en prendre à l’unité de la nation. Mais ils se heurtaient au mur du sentiment populaire bien décidé à défaire ceux qui tentaient d’exploiter les divisions de la société. Le coeur du message, qui devait s’imposer à l’inconscient du public, était que l’opposition (identifiée à des “bandes armées salafies” par les “enquêtes” des media officiels) n’émanait pas du peuple mais d’une seule de ses communautés; et que son agenda ne dépassait pas l’horizon d’une revanche sectaire qui ne menaçait pas seulement le régime mais toutes les minorités (alaouites bien sûr mais également chrétiennes ou druze) et risquait de déboucher dans le meilleur des cas sur un éclatement à l’irakienne. A l’égard des Kurdes, dont les attentes nationales avaient été longtemps réprimées, le régime a agi de même, attribuant en quelques semaines des milliers de droits à la nationalité pour tenter de décrocher les wagons kurdes de la protestation nationale. Cette stratégie prenait très cyniquement le risque d’instiller et de nourrir ce virus de la division sectaire dont le pouvoir prétendait précisément protéger le pays. Force est de reconnaître qu’elle n’a pas totalement échoué. Outre les soutiens actifs qu’il avait effectivement su capitaliser, le régime a réussi ainsi à mobiliser les craintes de larges compartiments des différentes minorités.

• Qu’est-ce qui plus généralement, en matière de révolte contre un dictateur, distingue et rapproche les situations égyptienne, tunisienne, libyenne de la Syrie ?

Outre le fait qu’il disposait de ce “potentiel” de divisions ethno-confessionnelles, le régime était sensiblement moins affaibli que ses homologues égyptien et tunisien. Son éloquent titulaire, relativement jeune, n’était au pouvoir “que” depuis une dizaine d’années. Dans le conflit israélo-arabe, il fréquentait des alliés régionaux (le Hamas, le Hizbollah et l’Iran) et défendait une posture bien moins impopulaires aux yeux des nationalistes de tous bords que celles de Moubarak ou de Ben Ali, contraints à une proximité avec Washington et son protégé israélien très coûteuses politiquement.
L’autre différence majeure vient des soutiens extérieurs particulièrement significatifs qu’a su conserver la Syrie de Bachar. Secondaire dans le cas tunisien et égyptien, cette variable internationale avait en revanche été décisive, au bénéfice de l’opposition, dans le cas de la Libye : du Conseil de sécurité à la Ligue arabe en passant par l’OTAN, la communauté internationale toute entière avait pris le parti des opposants que le Colonel Qadhafi menaçait d’exterminer. Or , dans le dossier syrien, c’est ce précédent libyen qui a conduit, on le sait, deux des membres permanents du Conseil de sécurité, la Russie et la Chine, bientôt suivi par le Brésil et l’Inde, à refuser obstinément de se désolidariser de la Syrie.
Dès lors, l’équation était structurellement changée, et la portée de l’appui accordé à l’opposition par la Turquie, le Qatar, l’Arabie Saoudite, l’Europe et les Etats-Unis considérablement limitée.

Le régime de Bachar Al-Assad s’est autoproclamé unique garant de l’unité nationale. Est-ce une revendication qui a du sens, même si elle est exagérée ?

C’est de la part du régime une parfaite imposture que de se proclamer, comme il le fait depuis le début de la crise, le seul à vouloir ou pouvoir résister aux pressions israéliennes dans la région. Et de sous-entendre que des forces politiques démocratiquement élues n’auraient de cesse que de brader le Golan ou de trahir le camp de la résistance palestinienne.

En revanche, il est difficile de nier qu’une transition démocratique changera en partie l’assise régionale de la résistance palestinienne. Le Hizbollah, identifié aux méthodes répressives du Baath plus qu’à sa ferveur nationaliste, risque de se voir privé un temps au moins de tout ou partie du soutien syrien traditionnel. L’axe Damas-Téhéran perdra de même une partie de sa fonctionnalité.

Last but not least, la chute du régime ouvrira inévitablement la boite de pandore des revendications régionalistes : la tentation de ressusciter le réduit alaouite esquissé du temps du mandat français existe indiscutablement; mais l’opération serait extrêmement coûteuse humainement à mettre en oeuvre. En revanche, il est à peu près certain que les Kurdes vont en profiter pour tenter d’imposer leurs vieilles revendications autonomistes. Ils pèseront de tout leur poids pour une solution fédérale ou, s’ils ne craignent pas une réaction turque, une autonomie plus large encore. On sait que les zones où sont présents les Kurdes ont d’ores et déjà à peu près réussi, au prix de lourdes pertes, à se débarrrasser aussi bien de l’armée syrienne libre que de celle du régime. Rien de simple là aussi car les Kurdes ne sont pas démographiquement majoritaires dans les zones qu’ils revendiquent et c’est de là notamment que vient le refus persistant du CNS de leur accorder les garanties d’autonomie qu’ils réclament.

• Si le régime disparaît, les tensions communautaires réactivées par des mois de lutte armée sont-elles susceptibles de mener à une guerre civile, voire à une partition du pays ?

La guerre civile fait déjà partie de la réalité syrienne. Mais guerre civile ne veut pas dire guerre sectaire. La ligne de partage entre les deux camps n’est pas – pour l’heure- de nature communautaire mais bien politique, selon que chacun des deux pense l’avenir du pays avec ou sans le régime de Bachar Al-Assad. Les “révolutionnaires” s’efforcent de réaffirmer régulièrement que leurs demandes sont exclusivement démocratiques et ils prennent soin (“le peuple de Syrie est un, un, un”) de les exprimer sur des bases explicitement supra-communautaires.
Une fois cela dit, il est impossible de ne pas voir que – essentiellement du fait de l’étroite identification entre le régime et les membres de la communauté alaouite – , cette ligne de confrontation se superpose ici et là aux frontières des appartenances confessionnelles.
Les villages qui, tel Houla au mois de juillet, ont été la cible de massacres, étaient sunnites; et il y a fort à penser que les milices qui ont parfait à l’arme blanche le travail de l’artillerie lourde du régime provenaient, quant à elles, de villages… alaouites. Mais plus structurellement, le pire a été pour l’heure évité; et, hormis de très prévisibles épisodes de vengeance, il est raisonnablement pensable qu’il pourrait être évité par la constitution d’un gouvernement d’union nationale auquel tous les citoyens quelle que soit leur communauté, se sentiraient associés.

• Le régime syrien tente de présenter les violences actuelles comme un affrontement entre partisans d’un Etat civil, musulmans ou chrétiens, et des radicaux islamistes issus de la communauté sunnite. Est-ce fondé ?• Qui sont alors les groupes jihadistes présents en Syrie et que pèsent-ils ?

L’exagération du rôle de l’islamisme radical et des ses groupes ” jihadistes” locaux ou importés des pays voisins constitue à mes yeux l’un des principaux obstacles à une perception réaliste et fonctionnelle des forces en présence. Comme, sans exception, tous ses homologues avant lui (de Ben Ali à Qadhafi en passant par Moubarak ou Ali Abdallah Saleh) Bachar Al-Assad s’efforce de brandir devant les occidentaux le repoussoir d’Al-Qaïda ou de ses succursales locales comme étant l’unique alternative à son pouvoir.
La réalité est en fait bien différente : l’opposition syrienne armée englobe aujourd’hui toutes les sensibilités et toutes les appartenances présentes dans le tissu politique national, y compris d’ailleurs, fut-ce en moindre nombre, des citoyens de confession alaouite. Dans cette mosaîque évoluent indiscutablement quatre ou cinq groupes que l’on peut qualifier de salafistes ou de jihadistes. Une partie d’entre eux ont toutefois fait allégeance à l’armée libre et inscrivent donc bien leur combat dans les limites d’une lutte nationale. Celui qui est le moins mal documenté est la Katiba al-Ansar, qui évolue dans la région de Homs. Plusieurs bataillons de l’armée libre sont par ailleurs dirigés pas des officiers qui ont une rhétorique ouvertement “islamo-nationaliste”. L’un d’entre eux, Al Farouq (l’un des surnoms d’Omar Ibn Khattab, calife peu appprécié des chiites) est dirigé depuis sa création par l’un des cousins du général Manaf Tlass, Abderrazak, qui s’est depuis peu laissé pousser la barbe.
A Alep enfin, évolue une brigade du nom de Liwa at-Tawhid. Son appellation joue sur la polysémie du terme Tawhid, à la fois expression de la volonté d’unir l’opposition comme le souligne également les deux mains noués de son emblème et l’évocation du principe monothéiste de la religion musulmane. Même si leur nouveau leader, le cheikh Ahmed al-Assîr, ne les y encourage pas ouvertement, les militants sunnites du Liban voisin piaffent d’impatience d’aller aider leurs frères syriens. Certains d’entre eux ont manifestement réussi à le faire. Où le bât blesse, c’est lorsque que le régime s’efforce par tous moyens de faire de ces quelques groupuscules l’alfa et l’omega d’une révolte dont ils ne sont que l’une des facettes, en l’occurrence très minoritaire. Preuve que les jihadistes sont indispensables à leur communication, les autorités syriennes ont, à l’instar des généraux algériens du début des années 1990, créé de toutes pièces des groupes parfaitement fictifs pour nuire à l’image de l’opposition dans son ensemble. C’est manifestement le cas de l’emblématique Jabhat al-Nusra, le seul à avoir adopté un discours jihadiste “anti-occidental” dénonçant non point seulement le régime syrien mais, fort curieusement… tous ceux qui soutiennent l’opposition.

• La place des « islamistes » dans l’opposition syrienne suscite beaucoup d’interrogations. De qui parle-t-on et peut-on la mesurer ?

La population syrienne est composée d’environ 70% de musulmans sunnites. En 2012, la “rue” sunnite syrienne peut se comparer – avec la prudence que requiert une telle généralisation – à celle de la Tunisie, de l’Egypte ou de la Libye. Cela veut dire d’abord que le curseur qui pointe les majorités électorales s’arrêterait sans doute demain sur des forces politiques modérées, très loin des franges radicales dans lesquelles la société ne se reconnait pas. Ces forces pourraient être des “islamistes modérés” d u type d’Ennahda ou même de l’AKP ou des “laïques modérés”, “non éradicateurs” c’est-à-dire se démarquant clairement de la rhétorique “anti-islamiste” primaire que promeut la frange des élites arabes que nous avons longtemps considérée comme la seule à être fréquentable. Enfin, la place exacte des Frères musulmans ou telle autre composante du paysage islamiste est une donnée “nationale” dont il n’est pas possible de préjuger aujourd’hui. Mais quelle que soit la configuration électorale finale, les islamistes en feront très vraisemblablement partie.

• L’armée pourrait-elle jouer en Syrie le rôle de stabilisation, voire de transition, qu’elle a joué en Tunisie et en Egypte, après plus de 19 000 morts en un an et demi de conflits ?

L’une des nombreuses erreurs des néo-conservateurs américains, en arrivant en Irak, a sans doute été de dissoudre intégralement l’armée. Même si des réformes de structure s’imposent, la Syrie devra donc faire l’économie de ce démantèlement systématique de l’appareil d’Etat. De larges composantes de l’armée, à l’exception des brigades les plus directement associées à la répression, pourraient effectivement continuer à fonctionner comme un élément stabilisateur de la transition démocratique.

• Il existe quelques doutes sur la réalité de l’attentat qui a coûté la vie la semaine dernière au beau-frère et bras droit d’Assad, au chef des renseignements et au ministre de la défense. Certaines y voient plutôt la main d’Assad lui-même, peut-être après une tentative de coup d’Etat. En sait-on plus ?.

Tout le monde a relevé les zones d’ombre de cet attentat: le doute sur la présence physique du beau-frère du président, visé par une précédente tentative d’empoisonnement, l’absence de dégâts extérieurs sur le bâtiment concerné (mais peut-être contenait-il une enceinte sous-terraine fortifiée) et plus encore l’étrange stratégie de communication des autorités, habituellement bien moins pressées d’annoncer leurs pertes réelles. Une part de doute reste donc permise. Si toutefois l’attentat s’inscrivait dans la longue série des manipulations de la violence dont le régime s’est montré familier, force serait de constater que l’opération aurait dans ce cas été terriblement mal gérée : l’impact psychologique et médiatique de cet aveu de faiblesse s’est dans tous les cas transformé en une victoire de l’opposition si décisive qu’on considère un peu partout qu’elle a inauguré une ère nouvelle de la rébellion.

• Un gouvernement d’Union Nationale vous semble-t-il envisageable, si Assad partait ou était tué ?

Oui, bien sûr, c’est l’une des solutions les moins irrationnelles pour permettre une transition qui ferait l’économie de la destruction complète du camp au pouvoir. Pour préparer l’édification d’une telle passerelle, il serait très opportun que des défections de haut rang puissent intervenir à court terme dans les rangs des Alaouites.

• Que pensez-vous du rôle du général Tlass ?

Il va bien sûr être difficile de faire admettre aux combattants de la première heure que ceux qui ont un passé politique tel que celui du général Tlass peuvent légitimement occuper un rôle de premier plan au lendemain de la révolution.
Tlass a toutefois quelque crédit particulier : à défaut d’avoir été un opposant ouvert, ce qui était de toutes les façons incompatible avec ses fonctions, il a été l’un des tout premiers à “trainer” les pieds face à l’option répressive. Cette tiédeur a coûté très cher à son clan dont plusieurs membres ont été éliminés par le régime.

• Quelles sont les répercussions actuelles sur le Liban de la guerre en Syrie, et quelles pourraient être les conséquences sur ce pays d’une chute du clan Assad ?

Cette crise va inévitablement conduire à un affaiblissement du Hizbollah, acteur particulièrement central puisqu’il est au pouvoir mais également le tout premier parti du pays. C’est l’étendue des pertes qu’il va subir qui déterminera sans doute sa réaction. Il persiste pour l’heure à ne faire de la crise syrienne qu’une lecture régionale et internationale et à nier, ce faisant, la profondeur démocratique de la revendication des opposants syriens et le caractère inéluctable de leur victoire. Cette victoire va donc le placer dans une situation régionale extrêmement difficile : la Syrie alliée – ce pays dont Nasr Allah a révélé, il y a quelques jours, que c’était sa technologie (et non celle de l’Iran) qui lui avait permis sa remarquable résistance lors de la guerre de juillet 2006 – deviendra un pays hostile. A l’intérieur, alors même qu’il doit payer le prix de son exercice du pouvoir et connait une significative usure populaire, il devra gérer une Syrie qui sera plus naturellement alliée à son concurrent sunnite. Pour l’heure, la direction du parti a eu la sagesse d’adopter une attitude particulièrement modérée, s’efforçant de minimiser les provocations de certains groupes sunnites (dont les partisans d’Ahmed Al-Assir) ou encore les réactions exprimées contre l’armée nationale accusée – sans doute à juste titre – d’avoir abattu, à l’occasion d’un contrôle effectué près de la frontière nord avec la Syrie, un cheikh sunnite soutenant les opposants syriens.

• Pourquoi le Hezbollah iranien continue-t-il à soutenir mordicus Bachar Al-Assad ?

Le parti s’accroche à la vision bien peu réaliste d’un régime menacé essentiellement par les occidentaux du fait de ses positions dans le conflit israélo-arabe. L’argument que donne spontanément ses membres est que l’appui militaire de la Syrie, lors de la guerre de juillet 2006, a été tellement décisif qu’il est hors de question pour eux de trahir celui dont ils estiment qu’il a été leur sauveur.

• Les Etats-Unis et Israël ont récemment fait part de leur inquiétude sur les armes chimiques que possède le régime syrien. Quelles sont les lignes rouges qui pourraient pousser à une intervention israélienne, voire américaine ?

L’une des inconnues des semaines à venir est effectivement l’attitude des Israéliens. Ils craignent par dessus tout que s’opère un transfert massif d’armement (notamment anti-aérien) au profit du Hizballah. Ils pourraient donc prendre le prétexte de la menace chimique pour tenter de détruire une partie de cet arsenal militaire syrien à la faveur de la confusion qui va règner en cas de transition.

• Est-on en train d’assister à une rupture entre un monde chiite et un monde sunnite qui traverserait tout le monde arabe, à l’intérieur de la Syrie ou de l’Irak, et en passant par l’opposition régionale entre l’Iran et l’Arabie Saoudite ?

Le risque d’une recomposition sectaire du Proche Orient, qui verrait se cristalliser le fameux « croissant chiite » – mis en scène et cultivé par les officines américaines et israéliennes au moins aussi sûrement que… par les imams sunnites du vendredi – existe indiscutablement.
La situation interne à l’Irak complète le paysage de ces tensions sectaires. Ce serait là un raté très grave de la dynamique de modernisation qui fait également partie de l’actualité du Proche Orient. Un tel redécoupage est toutefois aucunement inéluctable. Il devrait se faire au détriment d’alliances intuitives, supra-confessionnelles (la défense d’intérêts collectifs dans le conflit israélo-arabe, le rejet de la présence militaire américaine ou occidentale) qui sont tout aussi solidement ancrées que les appartenances primordiales dans les mailles du tissu politique régional, toutes confessions ou tendances confondues.

François Burgat pour MEDIAPART


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Re: Syrie

Messagede Flo » 01 Sep 2012, 17:42

L’agonie de la Syrie se prolonge au-delà de toute prévision et son issue est de plus en plus imprévisible.

Tribune libre d’Antonio Moscato, publiée dans L’Anticapitaliste, n° 74, 23 août 2012

L’une des explications est que ceux qui se sont rebellés contre le régime de Bachar al-Assad suscitent la méfiance aussi bien des Etats voisins que des puissances étrangères car ils sont considérés comme incontrôlables.

Ainsi, comme ce fut le cas en Lybie, les insurgés ne disposent que d’armes légères (celles que des déserteurs ont amenées avec eux ou celles obtenues grâce aux attaques contre les casernes) et pas, par exemple, de missiles sol-air, nécessaires pour faire face aux chars de l’armée. Les rebelles ont certes pu se procurer quelques chars, mais la disproportion entre les deux camps s’agissant de l’équipement militaire reste vertigineuse. Malgré la régularité avec laquelle se poursuivent les défections de ministres et de hauts gradés, l’isolement croissant au sein du monde arabe et la perte d’appui au sein de la population syrienne, Bachar al-Assad pourrait donc résister encore, en faisant encore davantage de morts. De plus, le prolongement de la lutte se traduirait par une soif de vengeance accrue, non seulement envers les responsables directs des atrocités commises mais également contre la minorité chiite alaouite à laquelle appartient le clan du président. Ce qui contribuerait à la confessionnalisation d’un conflit dont l’origine n’est pas religieuse.

Une lutte sanglante

Suite aux bombardements continus de quartiers civils de la part de l’armée et à l’usage systématique de tireurs d’élite frappant des passants dans les quartiers d’Alep et de Damas contrôlés par l’opposition, on constate aujourd’hui déjà – «logiquement» pourrait-on dire – un certain nombre d’«excès» de la part des insurgés envers les tireurs capturés. Dans un cas, par exemple, les cadavres de trois tireurs postés sur un toit et qui venaient d’être abattus ont été lancés sur la place en contrebas, sous les applaudissements de la foule. Un tel acte est répréhensible, mais compréhensible dans le cadre d’une lutte sanglante dont on ne voit pas la fin.

Pas suffisamment respectables?

Il est symptomatique que la grande presse internationale ait, avec instance, mis sur le même plan la destruction de quartiers entiers – et les dizaines de milliers de morts que cela représente – de la part des forces armées liées au régime et quelques cas de violence «gratuite» sur leurs adversaires de la part des rebelles. La commission d’enquête de l’ONU a eu tendance à aller dans le même sens, bien qu’elle ait dû admettre que les crimes de guerre des rebelles n’étaient pas comparables, par leur nombre et leur nature, à ceux, bien plus graves, des forces gouvernementales.

Cela signifie probablement que les grandes puissances occidentales se préparent à l’éventualité de ne pas reconnaître le nouveau pouvoir syrien, au prétexte qu’il n’est pas suffisamment respectable. A cette fin, elles exagèrent également le nombre d’islamistes radicaux, locaux ou arrivés de l’étranger, alors que selon les observateurs présents sur place leur nombre est pour l’instant relativement modeste.

Pendant ce temps, la poursuite et la radicalisation du conflit ont déjà des répercussions au Liban et ouvre la porte à d’inquiétants jeux de guerre de la part de la Turquie, prête à occuper les provinces syriennes ayant une forte présence kurde, pour éviter leur jonction avec les kurdes irakiens et turcs.

Concernant les armes suisses en Syrie, voir l’article [url="http://www.gauche-anticapitaliste.ch/?p=7341"]Les marchands de la mort[/url].

http://www.gauche-anticapitaliste.ch/?p=7381

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Re: Syrie

Messagede ivo » 11 Sep 2012, 08:34

Syrie : les sources pour suivre la révolte depuis son ordi
http://www.streetpress.com/sujet/43861- ... 27article_
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Re: Syrie

Messagede DjurDjura » 13 Sep 2012, 15:16

A quoi servent les mots face au massacre d’Alep ?

Posté par Rédaction LQA on sept 13th, 2012 // 0 Commentaire - []



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LE MONDE | 12.09.2012 à 18h28 • Mis à jour le 13.09.2012 à 11h16

Par Jean-Philippe Rémy et Laurent Van Der Stockt (envoyés spéciaux à Alep, Syrie)


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Les bombardements sont tellement intenses qu’on ramasse pêle-mêle, dans les rues, des cadavres, des gens choqués et des oiseaux morts. Chaque jour, désormais, les bombes gouvernementales tuent, blessent, mutilent la moitié d’Alep. Le degré de destruction est tel que les mots, pour le définir, ont commencé à nous faire défaut. A quel moment a-t-on atteint ce seuil, cette impression que toutes les règles avaient volé en éclats ?

Etait-ce devant un hôpital où arrivaient des enfants en charpie comme leurs mères, déchirées par les mêmes bombes ? Ou face à cet immeuble de cinq étages, annihilé par une seule explosion, avec ses habitants enterrés sous les décombres et les survivants en train de devenir fous ? Ou en regardant, médusés depuis un bout de trottoir, des avions larguer leurs bombes là-bas, au bout de la rue, petit fuseau noir glissant dans l’air d’Alep, comme à l’exercice, pour y faire exploser d’autres gens, d’autres appartements ?

Jour après jour, la campagne de destruction se grave dans la chair de la ville. Un obus de mortier qui fait éclater une salle à manger avec ses occupants semble tout à coup un désastre de seconde catégorie. Non loin, des bombes de 500 kg larguées par des jets, ou d’énormes barils d’explosifs largués par des hélicoptères, écrasent ou décapitent des immeubles entiers.

On passe un matin dans une rue. Quelques heures plus tard, elle est bloquée par les éboulis. On y dégage des gens à la pelleteuse. Déjà, un autre obus ou une bombe tombe non loin. Le massacre et le vacarme sont permanents. Le massacre est partout, mais il se fait au goutte-à-goutte, comme pour ajouter une forme de raffinement à la torture. Et chaque jour, le feu du ciel s’intensifie, comme si les cerveaux de cette destruction commençaient à trouver le temps long.

Voici donc le stade ultime de la répression conçue par le pouvoir syrien. Pendant des mois, les manifestants sont descendus dans la rue. Pendant des mois, ils ont été tués ou torturés. Et certains ont fini par prendre les armes. L’armée syrienne libre (ASL) a fini par prendre la moitié d’Alep, fin juillet. Depuis, on se bat dans la capitale économique. La punition est-elle conçue pour être à la mesure de l’affront ?

On ne pourra prétendre qu’il s’agit d’un effet logique de la bataille en cours, dans laquelle l’ASL affronte les forces gouvernementales du sud-ouest au nord-est de la ville sur plusieurs lignes de front. A moins de considérer que l’armée loyaliste est engagée sur un front d’une autre nature, situé dans la troisième dimension de l’espace aérien, et lui donne la liberté d’écraser sous les bombes la moitié d’Alep.

Pour ce combat-là, l’armée régulière consacre le soin qu’on réserve aux grands crimes, comme seuls les Etats parviennent à en échafauder et à en commettre. Il faut un certain calme d’esprit, beaucoup de logistique et de détermination pour détruire bombe après bombe la moitié d’une ville de plus de deux millions d’habitants, parce qu’un petit nombre de rebelles (ils affirment être 9 000, cela semble déjà exagéré) s’y trouvent, et parce que, chaque vendredi, des manifestants continuent d’y appeler le président Bachar Al-Assad à quitter le pouvoir.

Pendant que ces bombes tombaient, nous avons essayé de chercher des comparaisons ailleurs, dans la liste des villes détruites par des armées conçues, à l’origine, pour veiller à leur sécurité. Nous avons pensé aux moyens déments de l’armée russe écrasant Grozny, avec ses avions, ses chars et ses obus. Aux habitants de Sarajevo, pilonnés sous les yeux de la planète. Aux quartiers de Mogadiscio rayés de la carte. Ou Guernica ? Guernica dans nos mémoires, en raison de son bombardement, et aussi parce que Picasso a immortalisé cette chose si difficile à dire : cette douleur, cette horreur, cette destruction-là ?

Lorsque les mots font défaut, la folie n’est plus très loin. Lorsqu’un pouvoir doté d’armes de destruction aussi banalement massives que des escadrilles de bombardiers et d’hélicoptères, de canons, de mortiers, d’obusiers, de mitrailleuses lourdes, les utilise contre sa population, cela donne Alep, en train d’être ravagée, et d’y perdre la raison.

L’armée syrienne a déjà procédé à des opérations comparables dans d’autres villes, au Liban ou sur son propre territoire. En 1982, à Hama, une insurrection menée à l’origine par les Frères musulmans s’est soldée par le même traitement : des quartiers entiers effacés de la carte. Il n’y avait alors pas d’activistes filmant avec des téléphones portables les rues pulvérisées, avant de mettre en ligne leurs images défiant la compréhension. Il n’y avait pas de témoins extérieurs dans cette Syrie fermée où tous les coups étaient permis.

A Alep, ce n’est pas le cas. Mais les nouvelles qui en filtrent sont énigmatiques. Les témoignages sont rares. On ne connaît pas, avec exactitude, le nombre de victimes. Est-ce parce qu’Alep est devenue si mortifère qu’elle tue jusqu’à l’envie de savoir ? Ou parce que le conflit dure depuis trop longtemps pour le reste de la planète, absorbée par d’autres vitesses, d’autres soucis ?

La brutalité est pourtant simple : des avions multiplient les rotations à longueur de journées depuis les aéroports et pistes d’atterrissage de la ville pour aller détruire des quartiers voisins, sans rencontrer le moindre obstacle. L’armée de l’air syrienne agit, comme le pouvoir central, en toute impunité. Pendant ce temps, l’ASL tient des fronts qui ressemblent de plus en plus à des champs de ruines. Un commandant, dans le centre-ville, résume avec un sourire : « Notre chance, c’est la nullité du pouvoir, pas notre propre force. »

L’ASL n’est pas constituée d’anges. On nous a parlé de pillages dans la zone industrielle de Sheikh Najjar, sous son contrôle. Nous n’avons pas pu le vérifier. Chaque déplacement est devenu d’une infinie complexité. Un soir, nous avons vu passer une photocopie intimant l’ordre aux combattants de la principale brigade (liwa al tahwid) de « ne prendre que les armes et les voitures » des shabiyyas, les miliciens tueurs du pouvoir, ou encore de « ne pas voler de meubles » dans les appartements désertés. Une forme d’aveu, en creux. Cela change-t-il le calvaire de la ville ? Celui que vivent les hommes, les femmes et les enfants tués en faisant la queue devant des boulangeries, par exemple. Le 30 août, Human Rights Watch avait recensé au moins dix massacres par bombes de civils attendant leur tour pour acheter du pain. Cela n’a pas cessé depuis.

Il faut comprendre pourquoi les habitants d’Alep continuent à se masser dans des endroits si exposés qu’ils donnent des frissons dans le dos et l’envie de s’enfuir aussitôt. Ils n’ont tout simplement pas le choix. Car le pain est vendu à un prix plancher dans ces boulangeries subventionnées : 8 livres syriennes, moins d’un dixième d’euro. Le pain est l’un des rares bienfaits que le pouvoir syrien consentait aux plus modestes. Et le besoin, depuis que la guerre civile est entrée dans Alep, n’en est que plus pressant. Il n’y a plus de travail, plus de clients, plus de rentrées d’argent, ou si peu.

Dans les rues, il y a des gens qui ne sont pas des clochards, mais fouillent les tas d’immondices à la recherche de nourriture. Il y a des femmes qui n’auraient pas adressé la parole à un étranger, mais en sont réduites à essayer de vendre quelques cigarettes à même le sol. A Alep, il faut s’interroger sur sa façon de vivre comme on se demanderait comment mourir. N’est-ce pas, aussi, à devenir fou ?

Ou parfaitement lucide. Comme ce commandant sur le front du quartier de Salahaddine, le cheikh Walid Chlech, qui nous demandait, en connaissant la réponse ce que « nous » pouvions faire pour arrêter le massacre. Allez parler du Conseil de sécurité, des règles et ruses de la diplomatie internationale à un homme qui est à la merci, à chaque seconde, d’un obus de char bien placé dans le quart de ruelle où il se bat le jour, la nuit, devant des façades d’immeubles par où la mort sort sans se lasser. Allez lui dire que la France aurait bien aimé faire plus, mais que le gouvernement a ses obligations, la rébellion ses divisions et que la crise économique éprouve l’Europe.

La question, au bout du compte, n’avait rien d’un piège rhétorique, qui obligerait à choisir son camp au milieu des décombres. La seule chose à retenir est qu’au fond le cheikh était bien obligeant de nous la poser, car il aurait tout aussi bien pu ajouter : si vous êtes venus jusqu’ici vous faire tirer dessus en pure perte, autant rentrer chez vous. A quoi bon, vos mots, vos interrogations, et vos gouvernements, si c’est pour nous laisser mourir ?

Jean-Philippe Rémy et Laurent Van Der Stockt (envoyés spéciaux à Alep, Syrie)
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Re: Syrie

Messagede DjurDjura » 14 Sep 2012, 12:43

Syrie: la légion française d’Assad

Posté par Rédaction LQA on sept 13th, 2012 // 0 Commentaire - []

lexpress.fr

Par Vincent Hugeux et Hala Kodmani, publié le 13/09/2012 à 15:07, mis à jour à 16:03

Le dictateur de Damas peut compter dans l’Hexagone sur le soutien obstiné d’une coalition hétéroclite. De l’extrême droite aux lobbys proarabes radicaux, revue des troupes éparses mais fidèles du « bacharisme » made in France.

Sur la scène comme dans les coulisses de ce théâtre d’ombres s’affaire une troupe bigarrée. En tournée depuis dix-huit mois, la compagnie des disciples français de Bachar el-Assad a ses stars, ses jeunes premiers, ses seconds rôles, ses héros masqués et ses figurants candides, accourus de tous les horizons.

La fuite en avant meurtrière du tyran syrien aura réuni, en un douteux combat, une bande de lobbyistes que tout oppose. Le facho y côtoie le gaucho. Le pieux musulman y coudoie l’islamophobe, le laïcard radical, le catho intégriste, l’altermondialiste de stricte obédience, le négationniste impénitent et, un peu égaré, l’expert atterré par cet Occident dont la cécité hâterait la venue d’un « hiver salafiste » sans retour.

La névrose syrienne de Bachar el-Assad

Richard Millet n’est pas seulement fasciné par Anders Breivik, il l’est aussi par Bachar-el Assad. Retour sur l’amer bréviaire publié au printemps par cet imprécateur que le crime fascine.

Mais nombre d’entre-eux s’enivrent du même breuvage, cocktail où se mêlent, selon un dosage aléatoire, l’anti-impérialisme, la haine d’Israël -fût-elle affublée des atours de l’antisionisme-, la hantise du djihad triomphant, la défense de minorités confessionnelles en péril, le mépris qu’inspirent l’acharnement d’une presse asservie et le culte un rien nostalgique des régimes « forts ». Le tout relevé d’une mesure de complotite chronique.

L’appât du gain ? Il peut, çà et là, stimuler les vocations; mais pèse bien moins, à l’heure de s’engager sur le chemin de Damas, que les lubies idéologiques. Si notre tribu ne compte que peu d’adeptes -quelques dizaines d’activistes-, si ses manifestations parisiennes ne rassemblent qu’un maigre noyau de fidèles, les outils de la planète Web, les réseaux sociaux et les médias dits alternatifs dopent son audience. D’autant que le même militant peut, pseudonymes à l’appui, sévir sous diverses bannières.

A l’extrême droite du portrait de famille, un personnage retient l’attention : Frédéric Chatillon, 44 ans. Ancien patron du Groupe union défense (GUD), phalange estudiantine encline à singer les rituels néonazis, ce colosse gominé, air rogue et veste de cuir, apparaît notamment en octobre 2011 en marge d’un meeting pro-Bachar ponctué de saluts hitlériens.
Lui a fondé dès 1995 la société Riwal, « agence spécialisée dans le conseil en communication, la création graphique et l’événementiel », matrice flanquée treize ans plus tard d’une filiale baptisée Riwal Syria, censée oeuvrer à la « promotion des sociétés privées et des institutions publiques syriennes en France ». A commencer par le ministère du Tourisme, client généreux.

« Agence de ré-information »

La maison Chatillon doit pour l’essentiel sa bonne fortune -et le décuplement d’un capital au sein duquel figure le copain et associé Axel Loustau, patron de l’entreprise de gardiennage Vendôme Sécurité- au parrainage des Tlass, dynastie baasiste autrefois très en cour et prompte à financer l’impression d’affiches et d’ouvrages révisionnistes.
Sunnite, le père Mustapha fut ministre de la Défense; quant au fils Manaf, général placé à la tête d’une unité d’élite, il a fait défection en juillet. « Trahison d’enfant gâté » instantanément fustigée par le site Infosyrie.fr, autre planète de la galaxie Chatillon, domiciliée elle aussi rue Vineuse, dans le XVIe arrondissement. Cette « agence de ré-information » s’emploie, comme son nom l’indique, à corriger les ravages d’une couverture mensongère de la tragédie syrienne.

A propos de mensonge… Présidente du Front national, Marine Le Pen minimise le rôle joué à ses côtés par l’ami Frédéric, croisé sur les bancs de la fac de droit d’Assas, mais relégué au rang de « prestataire de services ». Services éminents: comme l’atteste un documentaire de Canal +, le « fournisseur » Chatillon a veillé à l’automne 2011 au bon déroulement de la virée romaine de « Marine ». Son épouse, Marie d’Herbais, fille d’une ex-élue régionale frontiste de Picardie, présente le blog vidéo de Jean-Marie Le Pen. Le tropisme baasiste du FN a la vie dure. Compagnon et bras droit de la conseillère municipale d’Hénin-Beaumont, Louis Aliot invoquait le 17 août une imaginaire « parité dans les massacres » pour renvoyer dos à dos le régime de Damas et la rébellion.

Assadolâtre certifié, l’ »effroyable imposteur » Thierry Meyssan, passé à la postérité pour avoir tantôt nié, tantôt imputé à une conspiration ourdie par la CIA les attentats du 11 septembre 2001, mérite de figurer au centre de la photo. D’autant que c’est lui qui aurait recommandé Chatillon aux Tlass, alors en quête d’un propagandiste de choc. A 54 ans, le fondateur du Réseau Voltaire pérore sans désemparer sur les plateaux d’Al-Manar, la chaîne du Hezbollah libanais, ou de la télévision d’Etat syrienne, où il lui arrive d’accuser nommément tel reporter parisien de jouer les espions pour les services français.

L’examen attentif de sa logorrhée délirante et narcissique laisse peu de place au doute : le cas Meyssan relève au mieux de la psychanalyse.
Au gré d’un parcours chaotique détaillé par Fiammetta Venner dans un essai incisif, ce fabuliste a ferraillé tour à tour en faveur de l’intégrisme catholique, de la cause homosexuelle, de la pornographie, de la laïcité, du kadhafisme et de la théocratie iranienne. On l’a même vu s’agiter au sein d’un Comité de vigilance contre l’extrême droite, auprès de Bernard Tapie, puis de l’actuelle garde des Sceaux, Christiane Taubira.

« Nous avions misé sur le réformisme de Bachar »

On épargnera au lecteur la liste complète des graphomanes bacharophiles et de leurs sites favoris. Avec toutefois trois mentions spéciales. L’une attribuée à un certain Louis Denghien, dont Infosyrie.fr, TSS (Tout sauf Sarkozy) et le Réseau Voltaire hébergent la prose volontiers ordurière. Une autre à Ginette Skandrani, ex-écolo atteinte par la névrose révisionniste. La troisième au sinistre humoriste Dieudonné, dont le premier pèlerinage damascène, accompli en compagnie de Meyssan et de Chatillon, date de 2006.

Vecteurs traditionnels du lobbying en faveur des despotes « fréquentables », les groupes d’amitiés parlementaires font preuve cette fois d’une sobriété rare. D’autant qu’à l’instar du député socialiste Gérard Bapt, ceux qui les animent ont d’emblée pris leurs distances avec le raïs alaouite. De même, si elle exaltait encore le 21 mars 2011, à la faveur d’un dîner et sur un mode mélancolique, l’ »excellence » du lien bilatéral, l’Association d’amitié France-Syrie, assemblée d’ambassadeurs retraités et de vieux syrianologues, se tient coite. Nul doute en revanche que la volonté, patente jusqu’en 2004 chez Jacques Chirac puis ranimée dès 2007 par Nicolas Sarkozy, de normaliser la relation Paris-Damas afin d’exister sur l’échiquier proche-oriental, aura stimulé le tropisme arabophile de la diplomatie bleu-blanc-rouge. « Nous avions tous misé sur les promesses réformistes du jeune Bachar, concède un témoin privilégié. Mais jamais il n’y eut envers la Syrie de compromissions à l’irakienne. » Allusion aux égarements de deux anciens barons du Quai d’Orsay grisés par les largesses pétrolières de Saddam Hussein.

Jamais ? Une exception : l’impayable Roland Dumas, ministre des Affaires étrangères de François Mitterrand, dont la liaison avec la fille de Mustapha Tlass parasita l’écran radar franco-syrien.
Dans l’ombre, quelques émissaires familiers de l’Elysée ont ensuite orchestré la romance Sarko-Assad. Parmi eux, l’ancien ministre de l’Information libanais, Michel Samaha, intime du raïs aux abois, arrêté le 9 août dernier à son retour de Damas pour transport d’explosifs ; et l’affairiste Ziad Takkiedine, lui aussi fils du pays du Cèdre, conseiller occulte de Claude Guéant.

Les stratèges du bacharisme à la française font bien sûr leur miel de l’angoisse -légitime- qu’alimente chez les chrétiens le sort de leurs frères syriens, promis à les en croire aux cimeterres des hordes djihadistes.
« Le risque de récupération est indiscutable, admet Mgr Pascal Gollnisch, directeur général de l’Oeuvre d’Orient, association caritative liée à l’archevêché de Paris. Qu’il soit commis par le régime ou par les rebelles, tout carnage reste inacceptable. Mais on ne peut placer sur un même pied une insurrection mal structurée et un Etat doté de blindés et d’avions de guerre. » « Nourrir l’opposition frontale entre chrétiens et musulmans est une ânerie, avance en écho un autre prélat. Que récusent d’ailleurs nos cousins de Syrie. »

Autant dire que ces hommes d’Eglise réprouvent le discours et l’activisme frénétique de l’étrange soeur Agnès-Marie-de-la-Croix, prieure libanaise du couvent Saint-Jacques-le-Mutilé de Qâra, non loin de Homs. Réputée proche des services de renseignement du pouvoir, louangée par Meyssan et consorts, cette routarde repentie a fermement cornaqué maints reporters étrangers adoubés par les autorités. « Manipulée et manipulatrice », soupire un diplomate. Animé par Anas Alexis Chebib, radiologue à Tulle (Corrèze), un Collectif pour la Syrie a également épaulé divers journalistes français en quête d’un visa. Au sein de son conseil d’administration siège Michel Lelong, père blanc et propalestinien radical, témoin à décharge lors des procès du négationniste Roger Garaudy et de Maurice Papon.

Les médias grand public et l’édition ont aussi leur contingent d’agents d’influence. Profil qu’incarne à merveille Richard Labévière. A coup sûr, cet ancien de Radio France internationale s’offusquera de figurer ici en si piètre compagnie. Mais voilà: s’ils recourent à un argumentaire sophistiqué, adossé à une connaissance approfondie de la géopolitique arabe, les articles, ouvrages et rapports de l’intéressé tendent à avaliser les thèses du régime et dénotent a minima une fascination résiduelle pour la lignée des Assad. A preuve, ses écrits dans Afrique Asie, mensuel où l’on ose qualifier de « réforme majeure » le toilettage de la Constitution syrienne, plébiscité en février dernier à la faveur d’un référendum ubuesque, ou encore cet essai paru en 2011 chez Perrin intitulé Quand la Syrie s’éveillera, et préfacé par Alain Chouet, autrefois directeur de la DGSE. Moins connu, Frédéric Domont, fondateur et patron d’une société de « média, production et communication » installée à Beyrouth et baptisée Median, jouit à Damas d’une aura flatteuse. Passé lui aussi par RFI, Domont a été congédié de la « radio mondiale » en 2008 pour avoir vendu à la chaîne TV5, avant de la livrer à son employeur, une interview du raïs Assad, conduite au côté de son ami Labévière. Bachar, quand tu nous tiens…

Damas cherche avocats

L’anecdote remonte à 2010. Ancien directeur Afrique du Nord-Moyen-Orient au Quai d’Orsay, Yves Aubin de la Messuzière reçoit un coup de fil de l’ambassadrice de Syrie à Paris. Lamia Chakkour sollicite le concours de cet orientaliste chevronné pour établir une liste de leaders d’opinion français -universitaires, diplomates, journalistes- susceptibles de véhiculer une « image positive » de son pays. Bien sûr, « Aubin » ne donne aucune suite à une requête qui reflète l’isolement de Damas. Faute de mieux, le régime alaouite devra se résoudre à miser sur des relais plus marginaux et moins recommandables.


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