Tunisie, Egypte, Algérie... printemps arabe

Re: Tunisie, Egypte, Algérie, Jordanie, Yémen…

Messagede nemo3637 » 28 Fév 2011, 05:11

Du Tout-Monde, de l’Afrique, pour revenir en Martinique.

Les évènements qui bouleversent l’Afrique du nord et certains pays du Golfe surviennent au moment où disparait ce grand penseur de l’universel que fut Edouard Glissant. On retiendra de sa pensée notamment l’émergence des cultures autres que celle de l’Europe. Cette vision de la créolité sou tend une conception de démocratie nouvelle de la société. Ne conviendrait-il pas de relire le « Manifeste des neuf » paru en février 2009 et auquel il a activement participé ? Ce petit opuscule est évoqué par bien peu de gens, même parmi ceux qui l’encense à longueur de colonnes en Martinique.
Que voyons-nous naître ainsi en Afrique ?
Le plus grand mouvement libertaire qui n’ait jamais couvert un tel ensemble de pays. En Occident, même les révolutions de 1848, qui finirent d’ailleurs par échouer, n’atteignirent jamais une telle ampleur.
Aujourd’hui, pays par pays, un vent nouveau balaie toutes les vieilles certitudes et la résignation insidieusement distillée. C’est une attaque frontale, sans concession, qui atteint les oppresseurs, les faux libérateurs qui sont démasqués et se retrouvent mis à nu.
Tous les bergers, tous les majordomes, qui s’étaient érigés en spécialistes de la liberté et du socialisme, se retrouvent bien marris, et, une fois de plus, sur le bord du chemin.
Ne nous disaient-ils pas, de façon intéressée, que la démocratie était « une affaire d’Occidental », que les peuples des autres continents, au nom de leur culture, avaient leur façon de voir, qu’ils s’accommodaient donc, voire qu’ils chérissaient leurs dictateurs ? Que n’a-t-on pas entendu sur ces pères du « socialisme », sur ces guides infaillibles dont les statues ornaient les places de leurs pays où le seul idiome autorisé était la langue de bois !
Du Wisconsin, à la Grèce en passant par la Chine, tout le monde aujourd’hui veut sa place Tahir, comme au Caire !
Quelle meilleure illustration pacifiste, universelle et libertaire du Tout-Monde ?
D’un autre côté un vieux monde fait d’illusions, de fausses rivalités, s’estompe aujourd’hui. Non sans effusion de sang, car les tyrans sont souvent prêts à massacrer leur peuple, devenu si « gênant ».
C’est un mouvement frontal, sans concession qui a fracassé les dictatures. Les peuples ne se sont pas retrouvés cependant dans les opposants qui tentaient de dialoguer avec les maîtres, qui s’adonnaient parfois à des connivences, à des jeux politiciens stériles.
Ces opposants, qu’ont cherchés à nous imposer les grands médias internationaux, n’ont pas été reconnus par les peuples. Et si les élections à venir sont nécessaires, elles ne sont pas à elles seules, une garantie de démocratie et de mieux être pour l’avenir. Ce sont les gens eux-mêmes qui tentent de prendre leurs affaires en main en Tunisie où à Benghazi. Qui fera du pain ? Combien sera t-on payé ? Pourquoi garde t-on ce ministre qui a servi l’ancien régime ? De quoi vivra t-on ? Qui déblayera les rues ? Voilà des questions auxquelles il faut répondre bien avant l’organisation desdites élections. C’est en ce sens aussi que l’on voit naître des pratiques nécessaires de Démocratie Directe.
Mais dans leurs discours, celui d’un habituel mensonge déconcertant, les leaders s’étaient emparés de tous ces principes pour en faire tout autre chose. Ainsi le Fou de Libye, le colonel Kadhafi, si longtemps encensé par nombre de gauchistes, par de soit disant anti colonialistes, et en fin de compte plus que toléré par les Etats-Unis, parlait lui aussi de Démocratie Directe et ce pour mieux oppresser avec sa famille et son clan tout un pays.
Partout une nouvelle organisation politique et sociale est discutée. Et il n’est pas sûr qu’elle fasse le jeu ni des partisans du libéralisme économique ni des dictateurs barbichus à casquette. La question de la Justice sociale est en effet prégnante. Comment les grandes sociétés qui profitaient des salaires de misère, vont-elles pouvoir continuer leur exploitation ? Comment mater ces peuples qui veulent s’organiser réellement eux-mêmes sans intermédiaires ?
En Martinique si la tension sociale n’a pas apparemment atteint un tel paroxysme, le peuple sait lui aussi non seulement donner de la voix mais agir à sa façon. Pas toujours, loin de là, comme le prévoit nos « politiques » bien aimés ( !)
Ici aussi, d’ores et déjà, la prochaine fois, nous savons que nos majordomes sexagénaires, seront balayés par une jeunesse en révolte qui ne se reconnait pas en eux. Question de temps.
Et le Tout Monde, porté par un vent fantasque, réapparait, grande idée venant non pas d’Occident mais d’Afrique cette fois, avec une modernité radicale, fracassant les vieilles rivalités, unissant fraternellement les peuples.
Des divergences, des conflits sont encore à naître, comme dans toute société qui surgit enfin libre. Cela prend la forme de lutte de classes qui sont plutôt porteuses d’espoir de réelle Liberté pour tous, nous le Tout-Monde.
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Re: Tunisie, Egypte, Algérie, Jordanie, Yémen…

Messagede Pïérô » 05 Mar 2011, 13:00

Je le trouve pas mal ton texte nemo3637. :)

Pour info, rassemblement ce jour à Tours :

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Re: Tunisie, Egypte, Algérie, Jordanie, Yémen…

Messagede Pïérô » 14 Mar 2011, 01:09

Toulouse, réunion publique d'Alternative Libertaire, ce 14 mars :

Tunisie, Egypte, Libye, etc. Révoltes ou révolutions ?

(Réunion publique Alternative Libertaire Toulouse)

La vague qui a déjà emporté Ben Ali et Moubarak s’élargit et inspire les dissidents du monde entier. Derrière les revendications politiques il y a des revendications sociales : au-delà du départ d’un tyran, c’est tout un système d’exploitation économique qui est contesté.

Ce mouvement dépasse les frontières du « monde arabe » et les différences religieuses et touche des régimes politiques différents car il repose sur une revendication partagée de dignité et de justice sociale. C’est la révolte d’une jeunesse ulcérée d’être sacrifiée à une oligarchie cupide, autoritaire et criminelle. C’est celle des femmes, en première ligne car elles ont peu à perdre et beaucoup à gagner. C’est celle des travailleurs-ses acculé-e-s à la misère alors que les classes dominantes se goinfrent du fruit de leur travail.

Face à ce mouvement qui s’étend du Maroc à l’Iran la réaction est brutale : quand le régime se sent menacé, les forces de répression tirent sur les manifestant-e-s. Le paroxysme est atteint en Libye, où la répression décidée par un régime assassin a déjà fait plusieurs milliers de morts et tend à se transformer en véritable guerre civile.

Nous devons soutenir ces révolutions et réaffirmer que, en Libye, en Tunisie, comme partout, c’est au peuple de décider librement de son destin, contre les tyrannies et contre les ingérences des bourgeoisies occidentales. Nous devons également pousser à ce que des mesures soient mises en place pour venir en aide à ceux et celles qui fuient la répression.


Face à ces luttes qui paraissent exemplaires, plusieurs questions se posent :

- Quelles en sont les forces agissantes ?

- Y observe-t-on la création de mécanismes autogestionnaires ?

- Quel rôle jouent les organisations politiques et syndicales ?

- Quel est le niveau de confrontation sociale ?


Retrouvons nous pour en discuter à la pizzeria Belfort

2 rue Bertrand de Born, lundi 14 mars à 19 heures.




rassemblements le samedi 19 mars :

Toulouse :
Manifestations en soutien aux luttes des peuples egyptien, tunisien, libyen, etc.
à 14h30, place du Capitole
A l'appel du collectif 31 interorganisation de soutien aux luttes des peuples arabes et méditerranéens.

Tours :

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Re: Tunisie, Egypte, Algérie, Jordanie, Yémen…

Messagede Nico37 » 17 Avr 2011, 12:02

Alors qu’ils affichaient l’appel du MAK à la Marche Des militants du MAK sauvagement agressés à Iâzouguen

Des militants du MAK, dont le porte-parole de la toute nouvelle Coordination Nationale pour le Soutien de l’Anavad (CNS-Anavad), ont été sauvagement agressés ce soir 11.04.2011, vers 20h, par des inconnus à la place de la gare d’Azazga , 40 Km à l’est de Tizi Ouzou.

12/04/2011 - 00:06 mis a jour le 12/04/2011 - 09:30 par La Rédaction

Alors qu’ils étaient entrain d’afficher tranquillement l’appel du Mouvement pour l’Autonomie de la Kabylie pour la marche du 16 avril à Azzazga et la Grande marche du 20 avril à Tizi-Ouzou, des militants du MAK ont été surpris par une Renault Clio rouge qui s’approchait d’eux à toute allure. Quatre personnes armées de couteaux, de bombes lacrymogènes et de matraques sortirent de la voiture. Dans un élan d’hystérie ces barbouzes ont commencé à frapper violemment à même la tête les jeunes militants du MAK.

A cette agression, les militants du MAK ont riposté avec courage et bravoure du mieux qu’ils pouvaient. Les rares témoins, vu l’heure tardive, ont été tous indignés d’assister impuissants à ce massacre subit par des jeunes qui ne faisaient qu’afficher un appel à des marches pacifiques.

Des citoyens d’Azazga contactés par téléphone ont dit toute leur indignation et leur colère contre ces voyous qui portent atteinte à l’honneur de la ville. Ils réaffirmant leur solidarité avec le MAK et le Gouvernement Provisoire Kabyle et se disent prêts à afficher eux-mêmes pour le 20 avril.

Il faut signaler que cette agression était bien planifiée car un autre groupe de barbouzes surveillait de loin ce massacre et se tenait prêt à intervenir si jamais le rapport basculait en faveur des jeunes autonomistes.

Le MAK, par la voix de son président par intérim, Mohand Larbi Tayeb, qu’on a contacté, dit que le régime algérien est l’instigateur de cette énième agression. Il le tient responsable de tous les dérapages qui peuvent en résulter. Il exige aussi que toute la lumière soit faite sur cette lâche agression et dans les plus brefs délais. Il rappelle à tous ceux qui tentent de parer le chemin vers la liberté au peuple Kabyle qu’il est vain de recourir à ces honteuses méthodes, avant de rajouter que le MAK fait le serment de ne plus tolérer que le sang des Kabyles soit versé dans l’impunité.
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Messagede Nico37 » 25 Avr 2011, 08:44

BOUNEDJMA S’ADRESSE À LOUISA HANOUNE
« Vos députés n’ont qu’à démissionner » 24 Avril 2011 - Page : 2

Le président de la Coordi-nation des enfants de chouhada, M.Khaled Bounedjma a dit tout le mal qu’il pensait de l’opposition.
S’exprimant lors d’une conférence de presse animée hier à la Maison de la presse Tahar-Djaout à Alger, il a fustigé le PT, le RCD et le FNA.
Interrogé sur sa position vis-à-vis des appels de certains partis politiques qui exigent la dissolution de l’Assemblée populaire nationale, le président de la Coordination des enfants de chouhada a répondu:
«Ceux qui ne veulent pas de cette assemblée, n’ont qu’à démissionner».
L’orateur ne l’a pas mentionné explicitement, mais c’est le Parti des travailleurs qui est visé, car ayant toujours porté cette revendication. Le FNA et le RCD en ont fait de même.
Le président de la Coordination a critiqué ouvertement l’Alliance présidentielle, les partis politiques et même les médias à l’exception de la presse écrite qui aurait contribué au règlement de certaines préoccupations des enfants de chouhada. Bounedjma a soutenu le discours à la nation du président de la République mais a critiqué l’Alliance présidentielle qui n’aurait pas appliqué le programme du chef de l’Etat. «Ces trois partis, le FLN, le RND et le MSP, sont devenus hermétiques à toute proposition et projet de notre organisation», a-t-il regretté.
S’agissant des mouvements de contestation sociale que connaît le pays depuis le début du mois de janvier 2011, Bounedjma a rejeté toute forme de protestation de la rue.
Il a qualifié les partis politiques et autres organisations de la société civile de de vouloir conduire le pays à la fitna.
Le président de la Coordination des enfants de chouhada a adressé aux pouvoirs publics, une batterie de propositions pour contribuer à trouver des solutions à la crise politique, économique et sociale que vit le pays. Il a aussi indiqué que «les droits des enfants de chouhada sont bafoués par l’administration.»
Il s’est exprimé lors de la conférence de presse sur les blocages de l’administration. Il a regretté que cette même administration concernée par l’application des lois relatives aux droits des enfants de chouhada ne reconnaîsse pas les droits des enfants et veuves de chouhada. Pour argumenter son intervention, Bounedjma a parlé de la loi promulguée depuis le 31 décembre 2010 relative aux licences d’importation pour le bénéfice des enfants de chouhada, qui est restée sans effet.
Le conférencier a préconisé comme solution aux préoccupations des enfants de chouhada, la réforme de l’administration nationale pour amorcer tout changement et le développement social et économique.
Certains responsables ont toujours un complexe vis-à-vis de l’histoire, d’où la marginalisation des enfants de chouhada et des moudjahidine selon M.Bounedjma. Mais la jeunesse algérienne tient à son histoire, a-t-il ajouté.

Amar CHEKAR
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Messagede Pïérô » 03 Mai 2011, 23:04

communiqué d'Alternative Libertaire :

Syrie, Yémen : le «Printemps arabe» se remet à saigner

Les contestations populaires qui secouent les régimes syrien et yéménite depuis le début du «Printemps arabe» sont écrasées dans le sang, selon le même schéma et avec les mêmes mensonges de la part du pouvoir que chez leur voisin libyen. Alors que l'opposition peine à se structurer dans ces deux pays, les dirigeants des États arabes se serrent les coudes pour calmer leurs peuples sans les satisfaire, et les puissances occidentales, qui ont laissé pourrir la situation, s'apprêtent à aligner leur réponse sur celle adoptée en Libye.

Les mouvements de contestation qui sont apparus au grand jour au Yémen et en Syrie dans le sillage des exemples tunisien et égyptien tiennent bon. Ils enflent, malgré une répression sanglante des régimes en place, une censure féroce des moyens de communication, et malgré de nombreuses divisions au sein de la population.

C'est sous de tels prétextes que le Conseil de Coopération du Golfe – et en sous-main les États-Unis – a proposé au Yémen et à la Syrie un scénario de sortie de crise, consistant à organiser le départ de leurs présidents respectifs et la transition démocratique sans renversement de pouvoir : Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis trente-deux ans, aurait ainsi pu partir protégé de tout jugement par son immunité, avant la mise en place d'un gouvernement provisoire intégrant l'opposition, qui procéderait à des élections. Idem en Syrie. Le protocole y a été refusé, tandis qu'il a été accepté au Yémen, ce qui n'empêche pas le régime de continuer à tirer sur les manifestants.


Ingérence «humanitaire» : en Syrie, les grandes puissances veulent reprendre la main

Devant l'assassinat en règle auquel se livre l'armée de Bachar El-Assad sur la population, les puissances occidentales sollicitent le Conseil de sécurité des Nations-Unies pour ouvrir un nouveau front d'intervention en Syrie. Parce qu'elles sont prises au piège du rôle de super démocrates endossé contre le régime de Khadafi ? Non. Parce qu'elles ne maîtrisent plus rien, et qu'il leur faut intervenir pour s'assurer une place dans un futur échiquier du monde arabe où elles ne peuvent tolérer que des « pions » prennent leur destin en main.

Or ce que les insurgé-e-s et tout le peuple syrien paient aujourd'hui dans le sang, ce sont bien des années d'accords entre les pays occidentaux et tout ce que le monde arabe compte de dictatures, des décennies de jeu avec les clivages religieux et les concurrences économiques.

Dans ce contexte où la répression sanglante de la part de régimes autoritaires et les manœuvres de realpolitk impérialiste de la part des Etats occidentaux concourent à maintenir les peuples dans une position de sujets dociles ou de mineurs incapables de décider par eux-mêmes, Alternative libertaire réaffirme son soutien aux mouvements populaires visant à mettre à bas les tyrans et à réorganiser la société sur des bases démocratiques et égalitaires.


Alternative libertaire, le 2 mai 2011
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Re: Tunisie, Egypte, Algérie, Jordanie, Yémen…

Messagede Nico37 » 25 Aoû 2011, 15:27

La Tunisie « post-Ben Ali » : état des lieux par Tahar Moez, militant communiste tunisien - 21 mai 2011.

Certains slogans de la révolte de décembre 2010 résument son caractère de classe. Les jeunes chomeurs ou précaires des régions de l’intérieur (par opposition aux régions côtières) criaient : « Le travail est un droit, oh bande de voleurs » ou bien « Non aux Trabelsis pilleurs de la trésorerie » en plus du fameux « RCD dégage »... Lorsque des couches de la petite bourgeoisie (avocats, artistes, journalistes, médecins, universitaires...) ont rejoint la vague de contestation le dernier week-end de décembre 2010, les slogans à caractère démocratique commencent à dominer... Une partie de la bourgeoisie a commencé à lâcher le gouvernement, après le 10 janvier 2011, une bourgeoisie qui voulait investir, mais la famille regnante lui impose des règles qui ne respectent pas la propriété privée héritée ou acquise... Trois semaines après le début de la révolte, l’impérialisme européen continue de soutenir le pouvoir, tout en manifestant des signes d’impatience. La France voulait envoyer des policiers expérimentés. Les EU se souciaient de quelques « blogueurs » et « internautes », ayant probablement participé aux sessions de formation du programme américain « MEPI »...
L’absence d’une expression politique organisée des déclencheurs de la révolte, s’est fait sentir à partir du 10 janvier. Le pouvoir réprime sauvagement, mais recule et trébuche. La fuite de Ben Ali, le 14 janvier 2011, a surpris tout le monde. La tête du pouvoir est tombé, mais le système est sauvé... Les militants progressistes ont joué un rôle décisif, mais leurs organisations n’avaient pas prévu cette situation. Elles n’ont pas formé de front ou de coordination qui les rassemble. Elle ne se sont pas préparées à prendre le pouvoir. Elles n’ont pas de programme... Le vide a été rempli par l’armée, les dirigeants du régime, fraichement convertis aux « valeurs démocratiques », les partis réformistes, la direction de l’UGTT... Des français (d’origine tunisienne) proches de la droite au pouvoir en France occupent des postes ministériels, depuis la fuite de Ben Ali... Les jeunes travailleurs, chomeurs, précaires, des villes de l’intérieur ou des cités populaires ont bien défendu les acquis, obtenus au prix de près de 250 morts... La répression, l’usure et l’absence de forces révolutionnaires organisées ont fini par avoir le dessus, pour le moment... Même si les forces impérialistes ont été surprises par la tournure des évènements, elles ont assez de ressources pour rebondir et circonscrire la révolte. Jeffrey FELTMANN (sous-secrétaire d’Etat, chargé du moyen orient) a séjourné en Tunisie durant trois jours à un moment crucial. Depuis, les visites et les interventions de l’UE, des USA, de la Banque Mondiale, du FMI etc n’ont pas cessé...

La situation actuelle est la conséquence logique du rapport des forces dans le pays. Il y a des acquis au niveau des libertés individuelles, de la légalisation des partis politiques, ainsi qu’au niveau de l’expérience et de la conduite des luttes sociales. Une certaine liberté d’expression a vu le jour, même si elle est en train de céder la place à une censure directe ou déguisée...
Sur le plan économique, la situation des jeunes chômeurs et précaires ne s’est guère améliorée, alors qu’ils étaient le fer de lance de la révolte... Les salariés ont multiplié les actions visant à améliorer leurs salaires et leurs conditions de travail. Ils ont l’habitude des luttes collectives. Il y a eu des acquis: augmentation de salaires, titularisation des précaires du secteur public, fin du recours du secteur public à la sous-traitance pour effectuer des taches comme le nettoyage ou le gardiennage... Quelques responsables de grandes entreprises ont été expulsés et « virés » par les salariés. Les entreprises des familles Ben Ali et Trabelsi sont mises sous tutelle de l’Etat... Cependant, la droite organise des manifestations pour réclamer l’ordre et la fin des grèves. Les médias publics relayent ces revendications, au nom de l’intérêt économique national et mènent une campagne de dénigrement contre l’UGTT et la gauche...
Sur le plan politique, les forces progressistes se sont regroupées au sein du « Front du 14 janvier » qui reste très peu actif. Les citoyens ont participé à la gestion du quotidien et à la sécurité des villes, cités et quartiers, contre les milices du RCD et la police, au moment de la révolte. Aujourd’hui, les citoyens participent aux comités locaux de « protection de la révolution ». Le gouvernement provisoire a été forcé de dissoudre le RCD et d’accepter l’élection d’une assemblée constituante, mais en imposant une date très rapprochée, ne permettant pas aux partis interdits sous Ben Ali de se faire connaitre par les électeurs... Les dirigeants du RCD ont fondé au moins quatre partis politiques et dominent le paysage médiatique. Ils ont les moyens financiers et l’expérience politique pour se faire une place et tromper la vigilance d’une partie de la population qui s’oppose actuellement à leur retour sur la scène politique publique. Deux des partis d’opposition démocratique, d’avant le 14 janvier 2011, se sont discrédités en participant au gouvernement impopulaire de Mohamed Ghannouchi. Ils sont en train de récupérer les adhérents du RCD. Quant aux intégristes, ils investissent le terrain et paraissent comme les grands gagnants du soulèvement, alors qu’ils étaient invisibles lors des manifestations, des sit-in et des occupations. Les islamistes dits « modérés » d’Annahdha ont investi les mosquées (près de 5 milles en Tunisie) et imposé des imams proches de leurs idées, à la place des imams discrédités, imposés par le régime Bourguiba-Ben Ali. Ils ont réussi à fermer les « maisons closes ». Pour les bars, c’était plus difficile, même si le régime a fermé des milliers de bars, pour favoriser les bars des hotels, les restaurants dits touristiques et la vente d’alcool au marché noir, aux mains de « la famille regnante ». Les miltants d’Annahdha achètent et louent les boutiques ou logements vides pour les transformer en locaux de leur parti (légalisé) ou en « écoles coraniques ». Leurs dirigeants multiplient les interventions politiques dans les mosquées et y font leur campagne électorale. Les agressions physiques se multiplient, contre les femmes dont la tenue vestimentaire ne correspond pas à leurs normes. Des miltants de gauche et leurs familles ont été agressés et dénoncés publiquement comme impies ou traitres... Les islamistes dits «salafistes » ou multiplient les agressions et les provocations dans la rue... Ni les islamistes « modérés » d’Annahdha, ni « les extrémistes » d’« Attahrir » n’étaient visibles lors des manifestations contre l’ambassadeur de France qui a insulté le peuple tunisien, ni contre Hilary Clinton...

L’actuel chef du gouvernement provisoire « Béji Kaïd Essebsi » est un bourgeois tunisois qui était ministre de l’intérieur sous Bourguiba, durant 14 ans. Il a crée la police politique. Il était ministre et président de la chambre des députés (désignés) sous Ben Ali... Il a remis l’autoritarisme et le mépris à l’ordre du jour. La répression des manifestations, le controle des médias, les campagnes de dénigrement contre la gauche, l’alignement sur les positions des impérialistes... rappellent l’ère Bourguiba-Ben Ali... Aucune démarche n’a été effectuée pour récupérer les richesses pillées. Il continue à poursuivre la même politique économique désastreuse, basée sur le tourisme et les secteurs précaires et non productifs. En décembre 2010, La dette extérieure a atteint 20 milliards $ (2000 $ par habitant). Pour chaque dollar emprunté, la Tunisie rembourse en moyenne 1,60$. Depuis 1970, le pays a remboursé 2,5 fois les sommes empruntées... Le 19 mai 2011, monsieur Essebsi a demandé aux institutions de pillage international cinq milliards de dollars par an, pendant les cinq années à venir... En plus des sommes déja empruntées à l’UE, aux USA, au FMI, à la Banque Mondiale etc. Il est en train d’hypothéquer l’avenir des générations futures, alors que sa mission est de gérer les affaires courantes jusqu’au 24 juillet 2011...
Les forces réactionnaires s’organisent. Elles sont en train d’opérer le retour en arrière. Les forces progressistes n’ont pas les moyens financiers d’Annahdha ou du RCD. Elles n’arrivent pas, non plus, à constituer un front, même électoral provisoire, pourtant leurs militants ont payé un lourd tribut, lors du soulèvement... Cependant, le peuple qui a réussi à déboulonner un des régimes policiers les plus repressifs du monde, est capable d’imposer un régime progressiste, représentant les intérêts des producteurs et des pauvres... Mais quand ?
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Re: Tunisie, Egypte, Algérie, Jordanie, Yémen…

Messagede Nico37 » 31 Aoû 2011, 10:28

[url=http://reflets.info/kadhafi-espionnait-sa-population-avec-l’aide-de-la-france]Kadhafi espionnait sa population avec l’aide de la France 30 août 2011 Par Fabrice Epelboin[/url]

Redoutant sans doute le dispositif de surveillance américain Echelon, Kadhafi s’est tourné, comme d’autres dictateurs, vers les Français pour mettre en place une gigantesque infrastructure de surveillance de sa population, et l’étendue des tehnologies mise à sa disposition commence à apparaitre au lendemain de la chute du dictateur.
Le Wall Street Journal ne rate jamais une occasion de taper sur une technologie non américaine. En 2009, ils avaient largement contribué a dénoncer Nokia-Siemens et ses accointances avec le régime Iranien qui avait permis à celui-ci de traquer les malheureux twitters de la « révolution verte », et qui, encore aujourd’hui, fournit au Bahrain une large part de ses technologies de censure et de surveillance.
Aujourd’hui, le plus prestigieux journal d’information financière de la planète dénonce la participation de Bull, une société Française dans laquelle France Telecom/Orange a une large participation, d’avoir fourni un système de surveillance très sophistiqué à Kadhafi.

C’est très vraisemblablement par l’intermédiaire de la société i2e/Amesys que tout cela s’est fait, une filliale de Bull spécialisée dans la défense et impliqué dans le scandale des documents Takieddine – une vaste affaire de corruption et de commission sur des ventes d’armes qui éclabousse le clan Sarkozy. On retrouve en effet le nom de Takieddine dans des commissions versées par Bull/i2e à ce dernier, dont on ne sait pas encore à ce jour précisément quelle proportion a servi (ou pas) a financer le parti présidentiel Français ou l’actuelle campagne présidentielle.
Une chose est désormais certaine cependant : Bull/Amesys a bien fourni a Kadhafi un vaste dispositif doté des tous derniers raffinements en matière de surveillance et de censure, dont notre préféré, le Deep Packet Inspection, arme ultime pour mettre au pas sur internet toute forme de résistance.
Pièce maitresse du dispositif de repression numérique Libyen, le système Eagle de Bull/Amesys qui permet de mettre sous surveillance une nation toute entière. Concrètement, Hotmail, Yahoo, Gmail ainsi que les éhanges faits avec MSN instant messaging étaient sous étroite surveillance. De nombreuses copies d’échanges entre activistes ont été retrouvées dans le bunker que Kadhafi avait dédié à la surveillance électronique, et dont la porte d’entrée arborait fièrement le logo de la filiale de Bull, Amesys.

Bull/i2e avait été introduite en Libye en avril 2006 par le désormais célèbre Takieddine, marchand d’arme de son état, alors sous la protection d’un Nicolas Sarkozy qui n’était que ministre de l’intérieur, afin de fournir à Kadhafi un système de cryptage destiné à le protéger de la surveillance américaine.
D’autres sociétés sont également impliquées, comme Boeing (un autre marchand d’armes) dont la filiale Narus, déjà mise en cause en Egypte pourrait bien, elle aussi, avoir vendu à Kadhafi des armes electroniques destinées à faire tomber la repression de façon plus ‘ciblée’. On trouve également dans les rangs des prestataires de Kadhafi la société Chinoise ZTE Corp ainsi que le sud africain VASTech.
L’installation de technologies de surveillance et de censure qui permettaient d’écouter Skype, de bloquer l’usage de Proxy et de filtrer l’internet a semble-t-il été ralentie, si ce n’est stoppée, par les bombardements de l’OTAN, mais des négociations étaient encore en cours mi février à Barcelone entre le régime Libyen et Boeing pour la mise en place d’amélioration au système déjà redoutablement sophistiqué de surveillance. De plus en plus de questions se posent par ailleurs quant aux véritables raisons de la présence de Henri Guaino, conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, à Tripoli durant les dernières vacances de Noël, alors que Michèle Alliot Marie était en Tunisie et François Fillon en Egypte.
Les Français, peu sensibles à la problématique posée par ce qui n’est ni plus ni moins que de l’armement numérique déployé à des fins de repression politiques hors de tout cadre réglementaire, dans ce qu’il faut bien convenir d’appeler un far west où tout est permis, en seront probablement pour leurs frais : les même technologies sont déjà en service en France, comme le révèlait fin avril Le Figaro, dans un cadre juridique – la loi Loppsi, entre autre – qui a régulièrement été dénoncée par les militants des droits de l’Homme, et qui promet de nombreux dérappages.
Comme on dit dans le milieu des startups, et que l’on pourrait désormait déclamer à l’adresse de la population Française : « eat your own dogfood« .
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Re: Tunisie, Egypte, Algérie, Jordanie, Yémen…

Messagede Nico37 » 04 Sep 2011, 11:06

« Comment j'ai mis 8 millions de Libyens sur écoute » Par Fabrice Amedeo

Des ingénieurs de la société Bull et des militaires français retraités ont formé, en 2008, les services de renseignement libyens pour placer la totalité du pays sur écoute. Le Figaro a rencontré l'un de ces militaires. Il témoigne en exclusivité.

Les services de renseignement de Kadhafi ont été formés dans le plus grand secret par des cadres d'Amesys, une filiale de Bull, ainsi que par des militaires retraités de la direction du renseignement militaire (DRM). L'information avait été dévoilée mardi par le Wall Street Journal . Le Figaro a retrouvé l'un des militaires chargés de cette formation. «Nous avons mis en route le système d'écoute libyen fin juillet 2008, explique-t-il, sous couvert d'anonymat. Les cadres de Bull étaient très attachés à cette mission qui avait été facturée environs 10 millions d'euros.» Selon lui, c'est l'homme d'affaire franco-libanais Ziad Takieddine qui a fait l'intermédiaire et a géré le volet commercial du produit.

Cette première collaboration pour ce produit d'interception baptisé “Eagle” allait permettre de perfectionner ce tout nouveau logiciel et de le vendre ensuite à d'autres pays. La Libye fournissait alors un laboratoire intéressant puisqu'elle allait permettre à Bull de tester son système sans limite, sur un pays de plusieurs millions d'habitants. «Nous avons mis tout le pays sur écoute, explique notre interlocuteur. On faisait du massif: on interceptait toutes les données passant sur Internet: mails, chats, navigations Internet et conversation sur IP.» La Libye présentait également l'avantage d'être techniquement facile à placer sur écoute, puisque c'était un pays consommateur de contenus Internet, mais très faible producteur de contenus. «En se branchant sur l'interconnexion internationale, nous avions déjà 98% du trafic, il y avait très peu de points de captures.» Facebook, Twitter, Skype, Yahoo mail, Gmail… Rien n'échappait aux yeux de Tripoli.

Trois niveaux d'intervention

Avant la révolution, l'interception en Libye était organisée en trois niveaux d'intervention. Au premier niveau se trouvait «l'opérateur de base» chargé de suivre des personnes suspectes. «Toutes les données arrivaient sur un serveur. Cet agent, qui était une petite main, était chargé de les éplucher et de rédiger des rapports.» Une première mission française a été organisée pour former ces agents à l'interception de masse. «Nous leur avons appris comment trouver des cibles dans le flow massif du pays et nous avons travaillé sur des cas d'école: par exemple, comment placer une université sous interception et trouver des individus suspects en fonction de mots clefs.» Le formateur se rappelle précisément d'un entrainement sur un de ces cas d'école: «On leur avait montré comment trouver tous les Libyens qui allaient sur lefigaro.fr et sur lemonde.fr.»

Le second niveau hiérarchique était celui des analystes qui configurent les interceptions au niveau national et qui définissent des mots clefs. Ces officiers étaient également chargés de faire remonter les informations au niveau de l'état-major. «Nous avons formé une vingtaine de ces officiers sur trois sites à Tripoli: l'un pour l'armée, l'autre pour la police et le dernier appartenait au gouvernement.»

Des officiers impatients

Les cadres français étaient également en contact avec le troisième et dernier niveau hiérarchique, celui de l'état-major libyen. Les militaires français et les cadres de Bull étaient notamment en relation directe avec Abdallah Senoussi, beau frère de Kadhafi et chef des services secrets libyens. L'homme est tristement célèbre pour avoir été condamné par contumace pour son implication dans l'attentat du vol 772 d'UTA dans lequel périrent en 170 personnes en 1989, abattues en vol par un missile. «C'est lui qui négociait les fonctionnalités du produit et qui nous donnait des directives», révèle notre interlocuteur.

À la fin des trois semaines de formation, les officiers libyens ne cachent pas leur impatience de lancer les interceptions. «Ils étaient comme des fous. Ils n'arrêtaient pas de nous demander quand ils allaient pouvoir commencer.» Du coup, dès le lancement massif des interceptions à la fin de l'été 2008, ils font «planter»le serveur. «Nous avons dû faire plusieurs opérations de maintenance pour perfectionner Eagle. Le produit a vraiment été opérationnel à partir du début de l'année 2010, suite à une importante mise à jour du système.» Une version du logiciel Eagle, conforme à la loi, est utilisée en France depuis 2009.
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Re: Tunisie, Egypte, Algérie, Jordanie, Yémen…

Messagede Nico37 » 06 Sep 2011, 19:50

Tunisie : Microsoft avait passé un accord avec le régime de Ben Ali Guillaume Champeau - publié le Lundi 05 Septembre 2011 à 09h46 - posté dans Société 2.0

Un câble diplomatique rédigé par l'ambassade américaine de Tunis montre que même le gouvernement américain était inquiet du contenu secret d'un accord signé entre Microsoft et le régime de Ben Ali en 2006. L'ambassade estimait que Microsoft risquait d'accroître "la capacité du gouvernement tunisien en matière de surveillance de ses propres citoyens".

Wikileaks a publié la semaine dernière l'intégralité des câbles diplomatiques américains en sa possession, révélant des documents jusqu'alors inconnus. Parmi eux figure un câble classé "confidentiel" émanant de l'ambassade américaine à Tunis, daté du 22 septembre 2006, dont la traduction est publiée par ToBeGoodAgain. Il révèle que même l'administration de George Bush était inquiète du contenu d'un accord passé entre Microsoft et la Tunisie de l'ancien président Ben Ali.

L'accord, signé en juillet 2006 lors du Microsoft Government Leaders Forum, décrit "une coopération avec le gouvernement tunisien en matière de e-gouvernance, cyber-sécurité, droits de propriété intellectuelle et développement des capacités pour les programmes de technologies de l'information en Tunisie". En échange de l'équipement de ses ordinateurs et réseaux, le gouvernement de Ben Ali "a accepté d'acheter douze mille licences pour la mise à jour des ordinateurs du gouvernement avec des logiciels Microsoft sous licence, plutôt que les versions piratées couramment utilisées jusqu'ici", rapporte l'ambassade.

Pour Microsoft, l'accord était stratégique et très difficile à négocier. "Le fait que le gouvernement se soit appuyé sur les logiciels open source limitait drastiquement les affaires en Tunisie et empêchait Microsoft de participer aux appels d'offres du Gouvernement Tunisien", explique le câble diplomatique. La firme de Redmond a donc dû faire à un certain nombre de concessions, jusqu'à accepter de fournir le code source de ses logiciels à l'administration tunisienne, très méfiante à l'égard de l'américain Microsoft. Y compris à l'égard de la directrice générale de Microsoft Tunisie, Salwa Smaoui. "Elle a rapporté que certains ministres du gouvernement tunisien lui avaient demandé à plusieurs reprises pourquoi, en tant que Tunisienne, elle «travaillait pour les Américains», et que des soupçons frôlant souvent l'hostilité posaient sur les négociations".

Pour obtenir signature, Microsoft a multiplié les courbettes, et a fini par prendre en compte les "réalités des affaires en Tunisie", notamment à l'égard de la femme de l'ancien dictateur. L'ambassade de Tunis écrit ainsi que "l'affiliation du programme à l'association caritative de Leila Ben Ali est révélatrice des manoeuvres d'arrière-boutique parfois nécessaires pour finaliser un accord". Mais les Etats-Unis semblent surtout craindre que d'autres concessions aient été faites, encore moins avouables.

A la date du câble diplomatique, et malgré des demandes répétées, le gouvernement américain n'avait en effet toujours pas réussi à obtenir une copie de l'accord, ce qui selon l'ambassade démontre que le gouvernement de Ben Ali "fait prévaloir le secret à la transparence".

"En théorie, augmenter la capacité du gouvernement à appliquer la loi à travers la formation en technologies de l'information est positif, mais étant donné la lourde interférence du gouvernement tunisien en matière d'Internet, il est à se demander si cela ne va pas accroître la capacité du gouvernement tunisien en matière de surveillance de ses propres citoyens", concluait l'ambassade. Au début des révoltes, le gouvernement de Ben Ali avait fait arrêter des blogueurs, et surveillé l'utilisation de Facebook, dont des pages étaient bloquées par l'outil de censure du gouvernement. Depuis, le filtrage a été suspendu, avant de faire son retour à l'égard des contenus pornographiques.
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Messagede barcelone 36 » 22 Sep 2011, 15:11

http://www.monde-libertaire.fr/internat ... de-tunisie

n°1643 (22-28 septembre 2011) | International

Quelques nouvelles de Tunisie

À près d’un mois des élections pour l’assemblée constituante, et huit mois après la chute de Ben Ali le 14 janvier dernier, où en sont les Tunisiens ? Faire un état des lieux de la situation est difficile : les informations vérifiables font souvent défaut. Les principaux acquis, liberté d’expression et d’organisation, ont été âprement défendus contre les tentatives de reprise en main par la fraction la plus policière du gouvernement de transition actuel.
L’insurrection populaire, née dans les régions les plus pauvres du centre-ouest de la Tunisie, a chassé le dictateur, certes. Mais les structures de la dictature, son appareil étatique et policier entre autres, sont encore en place, au prix de réarrangements internes. L’unité des premières heures, construite autour du rejet de Ben Ali et de son entourage, a laissé la place à des mouvements contradictoires, qui recoupent la division en classes de la société tunisienne : prolétaires des régions de l’intérieur et membres de la classe moyenne des riches villes côtières, jeunesse au chômage et sans perspective de Sidi Bouzid et fils et filles hyper branchés de la bourgeoisie de Sidi Bou Saïd 1, petits artisans ou commerçants et patron d’entreprises tournées vers l’international : voilà à grands traits quelques-unes des lignes de fracture qui traversent la société.
À quoi s’ajoutent les oppositions, tout aussi importantes, entre les tenants de l’Islam comme force politique et les défenseurs de la laïcité et des droits des femmes. Des débats passionnés, très animés ont eu lieu ces derniers mois sur la place de la religion et sur la laïcité, qui reste un concept mal compris par la majorité des Tunisiens. Les anciennes règles, qui depuis l’indépendance il y a 55 ans reposaient sur la crainte intériorisée de l’autorité, incarnée par la police et le parti unique, ont volé en éclats. La libération de la peur, et la frustration accumulée et tout à coup débondée, ont mis en mouvement des énergies centrifuges et contradictoires. Partout, dans presque tous les segments de la société, des revendications et des attentes ont émergé. Occupations d’usines, blocage de routes et manifestations se succèdent sans presque discontinuer depuis janvier dernier.
La lutte contre la pauvreté est loin d’être engagée, et les populations des régions les plus pauvres ont le sentiment d’avoir été trahies. Les attentes sociales sont très fortes : revendications salariales, créations d’emploi, titularisation des contrats précaires sont les principales demandes, en grande partie insatisfaites à ce jour. Cette situation attise les rancunes : des conflits entre membres de clans familiaux rivaux ont provoqué des affrontements sanglants à plusieurs reprises, et beaucoup de postes de police sont partis en fumée.
Dans les grandes villes, de nombreuses manifestations ont été réprimées par les policiers. Ces derniers ont même protesté devant le siège du gouvernement pour défendre ceux d’entre eux poursuivis dans le cadre des enquêtes sur les assassinats de manifestants de décembre et janvier dernier !
L’autorisation faite aux partis politiques fut couronnée de succès : à ce jour, ce sont 110 partis qui briguent les suffrages ! La course au pouvoir est lancée, avec en pole position le parti d’inspiration islamiste Ennahdha et le PDP, parti démocratique du progrès, ex-parti d’opposition croupion toléré du temps de Ben Ali. Tous les moyens sont bons pour se faire élire : on achète les voix contre monnaies sonnantes et trébuchantes, et la publicité politique use des méthodes les plus éculées de la propagande.
Un grand nombre de Tunisiens, dégoûtés de ce spectacle, n’ont même pas pris la peine de s’inscrire sur les nouvelles listes électorales ! Nombreux et nombreuses sont ceux qui craignent avec raison l’arrivée au pouvoir de Ennahdha, malgré son discours policé et modéré, mais qui est divisé en son sein entre « modernistes » inspirés par l’AKP turc 2 et « traditionnalistes » d’obédience intégriste.
Déjà, on peut voir défiler des groupes de salafistes, comme ceux qui ont tenté d’empêcher la projection du film Ni Allah ni Maîtres de Nadia El Fani en mai dernier à Tunis. Dans l’ombre, s’agitent les habituels magouilleurs : hommes d’affaire écartés par Ben Ali et qui souhaitent revenir aux avant postes, anciens du RCD, l’ex parti unique dissout en février, reconvertis dans l’un des nouveaux partis, ex flics se rachetant une conduite dans la défense des droits de l’homme. Tous les débats de ces derniers mois ont tourné autour de l’assemblée constituante, sur son rôle et ses prérogatives. Les questions de fond, à savoir l’organisation de la société, la lutte contre les inégalités, le modèle économique et productif, toutes ces questions ont été reléguées au deuxième plan. Comme toujours, le jeu politicien, centré sur les élections, tend à prendre toute la place, et à détourner le peuple de ses aspirations révolutionnaires. Les tunisiens ont conscience que la révolution n’est pas accomplie, et qu’il faudra encore bien des luttes pour faire avancer leur pays vers une société plus juste.

Mohamed, groupe Pierre-Besnard



1. Sidi Bouzid : ville pauvre du centre ouest de la Tunisie d’où est parti le mouvement insurrectionnel de décembre 2010.
Sidi Bou Saïd : ville riche de la proche banlieue de Tunis, destination de prédilection d’un certain tourisme argenté…
2. AKP : Parti pour la justice et le développement, ou l’islam est soluble dans le système parlementaire….
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Re: Tunisie, Egypte, Algérie, Jordanie, Yémen…

Messagede DjurDjura » 16 Jan 2012, 17:35

Yémen : tirs sur une manifestation séparatiste sudiste à Aden, trois morts

vendredi 13 janvier 2012, par La Rédaction

Trois personnes ont été tuées et 18 autres blessées lors d’échanges de tirs entre la police et des manifestants séparatistes sudistes vendredi à Aden, dans le sud du Yémen, a-t-on appris de sources concordantes.
Selon des militants sudistes, la police a ouvert le feu sur des milliers de manifestants dans le quartier de Khor Maksar à Aden, principale ville du sud du Yémen. Selon des témoins, la police a tiré à balles réelles sur les manifestants et des manifestants armés ont riposté.
Deux manifestants ont été tués et 15 autres blessés, selon une source médicale. Un responsable des services de sécurité a ajouté qu’un policier avait été tué et trois autres blessés.
Les manifestants réclamaient la sécession du sud du pays, indépendant jusqu’en 1990, et affirmaient leur refus de l’initiative des pays du Golfe, qui a permis la démission du président Ali Abdallah Saleh en échange d’une immunité.
"Le Mouvement sudiste boycotte la prochaine élection présidentielle"[/i ] [i]"l’initiative des pays du Golfe ne nous concerne pas", proclamaient les banderoles brandies par les manifestants.
La manifestation était organisée pour commémorer les sanglants affrontements du 13 janvier 1986 entre factions rivales du Parti socialiste yéménite, alors au pouvoir dans l’ex-Yémen du sud.
A travers le pays, des dizaines de milliers de manifestants ont également défilé contre l’immunité accordée à M. Saleh, tout en plaidant pour l’unité du pays autour du slogan "Ni Sud ni Nord, notre unité est dans nos coeurs".
M. Saleh, fortement contesté dans la rue depuis un an après trois décennies à la tête du pays, a accepté fin novembre un plan des monarchies du Golfe prévoyant son départ au terme d’une présidentielle anticipée prévue le 21 février, en échange d’une immunité pour lui-même et ses proches.
Le projet de loi accordant cette immunité a été approuvé par le gouvernement le 8 janvier, mais il doit encore être voté par le Parlement. Amnesty International a appelé au rejet du texte.

(13 janvier 2012 - Avec les agences de presse)



Al-Qaida prend le contrôle de la ville de Radah, au Yémen

lundi 16 janvier 2012, par La Rédaction

Des combattants d’Al-Qaida ont pris le contrôle, lundi 16 janvier, de la ville de Radah, située à 130 km au sud-ouest de Sanaa, sans y rencontrer de résistance. Ils ont attaqué la prison centrale et libéré une centaine de détenus, dont des membres de leur organisation, après un accrochage avec l’armée, qui a perdu deux hommes, selon un responsable local et des sources tribales.
[i]"Al-Qaida y est devenue la force dominante", [/i] a déclaré ce responsable de la province de Bayda, dont fait partie Radah. C’est la première fois que le réseau Al-Qaida, implanté dans le sud et l’est du Yémen, prend le contrôle d’une ville aussi proche de la capitale.
Ce responsable a indiqué que les forces gouvernementales s’étaient retirées vers leurs bases et que les combattants extrémistes les avaient remplacées aux barrages de contrôle de Radah. Ils ont également pris le contrôle du quartier général de la police.

Le réseau islamiste a mis à profit l’affaiblissement du pouvoir central à Sanaa – confronté depuis janvier à une révolte populaire contre le président Ali Abdallah Saleh – pour renforcer sa présence dans le sud et l’est du Yémen. Ses hommes contrôlent notamment Zinjibar, capitale de la province sudiste d’Abyane, et des localités de cette province et de celle de Chabwa.


AL OUFOK
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Des montagnes du DjurDjura jusqu'au fin fond du désert, montrons notre courroux..."
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Re: Tunisie, Egypte, Algérie, Jordanie, Yémen…

Messagede ivo » 06 Oct 2012, 08:26

Jordanie: des milliers de manifestants à Amman pour réclamer des réformes
De Moussa HATTAR (AFP) – Il y a 10 heures
AMMAN — Des milliers de personnes manifestaient vendredi à Amman à l'appel de l'opposition islamiste pour réclamer des réformes de fond, malgré l'annonce par le roi Abdallah II de la dissolution du Parlement et la convocation d'élections anticipées, selon des correspondants de l'AFP.
Au moins 2.000 policiers ont été déployés dans le centre de la capitale en prévision de cette manifestation qui a commencé après la grande prière hebdomadaire musulmane de la mi-journée, et à laquelle les Frères musulmans avaient dit attendre quelque 50.000 participants.
Les manifestants se sont rassemblés devant la mosquée Al-Husseini avec une grande banderole détaillant leurs exigences: "une loi électorale démocratique, des changements dans la Constitution, des gouvernements élus, un pouvoir judiciaire indépendant, une Cour constitutionnelle, une lutte efficace contre la corruption et une non ingérence de la Sécurité dans la vie politique".
"Cela fait 20 mois que nous manifestons et vous n'avez toujours pas compris nos demandes" ou "Arrêtez de nous voler", pouvait-on lire sur d'autres banderoles.
Le royaume est touché depuis janvier 2011 par des manifestations, petites mais régulières, dans la foulée du Printemps arabe, appelant à des réformes politiques et économiques sans pour autant réclamer le départ du roi Abdallah II.
En réponse, Abdallah II a annoncé la dissolution jeudi du Parlement et convoqué des élections anticipées dont il souhaite la tenue avant la fin de l'année. Mais les Frères musulmans avaient annoncé d'avance qu'ils boycotteraient un tel scrutin tant qu'il n'y aurait pas eu de réformes de fond.
La date du prochain scrutin n'a pas été précisée, mais le roi avait dans le passé exprimé le souhait qu'elles aient lieu d'ici fin 2012.
"Nous voulons une révision de la Constitution avant que le peuple ne se révolte! Nous voulons une réforme du régime"! ont scandé les manifestants.
Dans un communiqué, la police jordanienne a annoncé avoir empêché un groupe de jeunes d'attaquer les manifestants, après l'arrestation de huit personnes et la saisie d'armes à feu dans des bus se dirigeant vers le centre d'Amman.
Une manifestation rivale, en soutien au roi Abdallah II, initialement prévue au même endroit et à la même heure, a été reportée sine die, "pour empêcher d'éventuels troubles", avaient indiqué jeudi ses organisateurs.
La Constitution prévoit des élections tous les quatre ans, mais la Jordanie a organisé des élections anticipées, boycottées par les islamistes, en 2010 après la dissolution du Parlement par le roi.
Afin de convaincre les islamistes de participer au prochain scrutin, la loi électorale a été modifiée en juin pour augmenter le nombre de sièges attribués lors du scrutin de parti de 17 à 27. Mais en vain.
Selon cette loi, les votants devront choisir deux bulletins: un pour des candidats individuels dans leur gouvernorat et un pour les partis politiques ou les coalitions à l'échelle du pays.
Face à la persistance des Frères musulmans à boycotter le scrutin, Abdallah II, dans une interview à l'AFP le 12 septembre, avait qualifié l'attitude des islamistes d'"énorme erreur de calcul", estimant que le scrutin était une étape "fondamentale dans le processus des réformes et la marche vers la transition".
"Je dis donc aux Frères musulmans, vous avez le choix: soit rester dans la rue soit aider à construire la nouvelle Jordanie démocratique", avait-il ajouté.
Les islamistes accusent le système électoral en vigueur de privilégier les régions rurales, considérées comme loyales au gouvernement, dont les partisans dominent le Parlement. Ils demandent en particulier un système parlementaire dans lequel le Premier ministre serait élu et non plus nommé par le roi.
Quoi qu'il en soit, les Jordaniens ont jusqu'au 15 octobre pour s'inscrire sur les listes électorales. Plus de 1,85 million de personnes s'y sont déjà inscrites, sur les près de trois millions d'électeurs potentiels.

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Re: Tunisie, Egypte, Algérie, Jordanie, Yémen…

Messagede DjurDjura » 17 Déc 2012, 18:56

JORDANIE


La rue jordanienne réclame sa part du pouvoir : ébranlée, la monarchie joue sa survie



le 15.12.12 | 10h00 4 réactions



Secoué par des manifestations réclamant des réformes politiques, le royaume de Jordanie peine à calmer ses sujets. Les législatives du 23 janvier prochain seront un passage en force aux yeux de l’opposition qui a décidé de les boycotter.

Jordanie
De notre envoyé spécial


«Abdallah, soit tu réformes, soit tu pars ! » Quand, le 13 novembre dernier, les Jordaniens ont entendu ce slogan rageusement scandé par une partie de la foule qui a déferlé sur les rues d’Amman, ils ont compris que ces manifestations récurrentes ont quelque chose de sérieux. Que le royaume, jadis paisible de Sa Majesté le roi Abdallah II, commence à chanceler. Certes, tout n’est pas perdu pour le jeune monarque hachémite. Mais la fissure entre lui et ses sujets s’élargit au fil des jours pour prendre l’allure d’un fossé. Pour de nombreux spécialistes, le royaume de Jordanie est arrivé à une étape cruciale qu’il doit bien négocier, au risque de subir la bourrasque du printemps à partir de cet hiver…
Pour Mohamed Abou Ramman, docteur en sciences politiques et chercheur à l’université de Jordanie, «il y a l’avant et l’après-13 novembre», en référence à l’immense démonstration de force, ce jour-là du Front national des réformes (FNR).

Cette structure nationale, qui englobe un conglomérat de partis de gauche du puissant Front de l’action islamique (FAI) de Cheikh Hamza Mansour, des syndicats et des associations, a dû donner à réfléchir au roi Abdallah, à sa cour et à ses courtisans qui se recrutent parmi les hauts fonctionnaires et les gradés de l’armée, de la police et de la gendarmerie.

Si les chefs des partis ayant préparé et participé à cette grande marche se lavent les mains des slogans ciblant, fait inédit, le monarque, ils ne boudent pas ce plaisir. C’est comme si un totem venait de tomber…

«Je crois que c’est le retard accusé dans les réformes qui a poussé certains à avoir cette réaction hostile au roi, dès lors qu’il est le principal décideur. Nous ne partageons évidemment pas cette façon de faire de Sa Majesté, mais nous comprenons ses motivations», glisse Cheikh Hamza Mansour, qui nous reçoit dans son bureau, au siège du Front de l’action islamique.

Jusque-là, le personnage du roi était quasiment intouchable, tout auréolé de son autorité presque spirituelle. Mais ce 13 novembre, l’écume de la rue jordanienne s’est déversée, y compris sur le palais royal qu’elle a inondé de quolibets. Le Printemps arabe, qui passe furtivement ici depuis janvier 2010, a, cette fois, décidé de durer un peu. Longtemps peut-être…

La peur a soudainement changé de camp. Les augmentations des prix du gaz domestique de 53% et de l’essence de 12% ont servi de carburant à une révolte populaire qui n’en finit pas de jeter des étincelles.
Au moins une personne a été tuée, 71 autres blessées et plus d’une centaine arrêtées durant les violents affrontements jamais vus à Amman depuis 1989. L’ex-Premier ministre, Fayez Tarawneh, a pourtant démissionné le 11 octobre dernier, avant cette manifestation, mais cela n’a pas pour autant calmé ni rassuré les foules. Son successeur, Abdallah Ensour, a accentué la pression en défendant les hausses des prix du gaz et du carburant, au prétexte qu’elles devaient permettre au gouvernement «d’économiser 30 millions de dinars (environ 42 millions de dollars) d’ici la fin de l’année».

Mardi 13…

Entre-temps, le souverain hachémite a cru pouvoir désamorcer la bombe sociale et désormais politique, en décidant de dissoudre, une semaine auparavant (4 octobre), le Parlement et de convoquer des élections législatives anticipées pour le 23 janvier prochain.
Il charge son nouveau Premier ministre, Abdellah Ensour, de préparer les prochaines élections, de sorte qu’il n’y ait pas de contestations.Mais la rue ne l’entend pas de cette oreille. Les revendications de l’opposition et de la société civile gagnent en consistance et en intensité. D’aucuns pensent que les augmentations des prix du gaz et du carburant décidées par le gouvernement sont destinées à «couvrir» la corruption et le détournement des deniers publics par les fonctionnaires de l’Etat qui mènent une vie aristocratique au détriment du peuple qui broie du noir.

Dans toutes les manifestations et dans les quatre coins de la Jordanie, les mêmes slogans reviennent comme des refrains : «La réforme politique est la voie pour éradiquer la corruption», «Non à la protection de la corruption et des corrompus», «La corruption est la cause de la pauvreté et du chômage», ou encore, «Le peuple veut la réforme et le changement», et «Non à la protection de la corruption du gouvernement».

Les manifestants en veulent d’autant plus que le gouvernement a concocté un projet de loi criminalisant les «allégations de corruption». Un projet qui a été perçu par les manifestants comme une «protection légale des corrompus». Le roi Abdallah a dû demander il y a quelques jours la révision de cette loi face au déchaînement sans précédent de la rue.
Les Jordaniens constatent aussi que la commission royale des réformes constitutionnelles installée en 2011 a accouché de simples réformettes qui ne touchent pas les fondamentaux de l’architecture institutionnelle du pays.

Si la Jordanie est une monarchie parlementaire selon la Constitution, dans la pratique, le monarque garde la main sur tous les leviers de commande. Les recommandations de cette commission constituent certes une avancée, mais pas au point de démocratiser un royaume à la traîne en termes de participation citoyenne à la vie politique. Le souverain Abdallah II s’est tout de même fait fort d’annoncer la semaine dernière les conclusions de «sa» commission prévoyant notamment la création d’une Cour constitutionnelle, d’une commission indépendante pour surveiller les élections et l’abaissement de l’âge minimum pour être élu au Parlement à 25 ans contre 35 actuellement.

La commission a également recommandé que le tribunal militaire de la sûreté de l’Etat, le fantôme de l’opposition, ne pourra plus juger que les cas de haute trahison, d’espionnage, de terrorisme ou de trafic de drogue. Ceci dans les textes.

Réformes cosmétiques pour lifter une monarchie ridée

Sur le terrain, plusieurs activistes arrêtés lors des récentes manifestations furent traduits devant cette juridiction d’exception pour répondre à de graves chefs d’inculpation, comme celui de «troubles à l’ordre public», «incitation à la subversion du système gouvernement», «participation à des rassemblements illégaux», et «destruction de biens publics».

Et selon l’organisation de défense des droits de l’homme, Human Rights Watch (HWR), au moins 107 personnes, dont neuf enfants, ont été déférés devant ces tribunaux. «Au lieu de respecter le droit à manifester pacifiquement, les autorités jordaniennes ont recours à un tribunal qui reste avant tout militaire pour punir des civils, en particulier des manifestants pacifiques», commente Joe Stork, vice-directeur de HRW pour le Moyen-Orient. Une raison supplémentaire pour l’opposition politique et la société civile de ne pas prendre pour argent comptant les promesses de réformes politiques promises et maintenant brandies par le gouvernement.

Les dernières manifestations et autres marches populaires organisées sous l’égide du Front national des réformes (FNR) ont d’ailleurs largement servi de tribune pour brocarder ces tribunaux militaires qui jugent de simples citoyens réclamant leurs droits politiques et sociaux. «A bas le pouvoir militaire !», «Non au tribunal de la sûreté de l’Etat !», «Le tribunal militaire pour les corrompus et les voleurs de phosphate, pas pour les jeunes manifestants !», criaient, à tue- tête, vendredi dernier, les manifestants islamistes dans le quartier Marka à l’est de Amman, où est situé le siège de cette juridiction.

Des sujets du roi devenus des objets

Des portraits d’activistes détenus sont agités par une foule en délire, visiblement prête à en découdre, pour obtenir leur libération. Les autorités viennent de libérer 53 d’entre eux, mais des dizaines d’autres sont encore entre les mains des tribunaux militaires ou parqués dans des sous-sols comme il a été crié par la foule.
Quasiment chaque jour, une manifestation plus au moins importante est organisée dans une ville ou douar du royaume. Les vendredis sont systématiquement dédiés aux marches qui suivent la prière, sous l’étendard des islamistes des «Frères musulmans», la principale force politique en Jordanie. Le souverain ne pouvait donc détourner son attention face à ce bouillonnement populaire qui disqualifie déjà les élections du «salut» national.

Il abat alors ses dernières cartes dans l’espoir de ramener ses sujets (qui se sentent de simples objets dans son royaume) dans son «droit» chemin. Il installe une commission royale (au propre et au figuré) indépendante chargée de surveiller les élections et annonce la création de la Cour constitutionnelle. Celle-ci offre, d’après lui, «une garantie importante pour la séparation des pouvoirs et pour le respect des droits et des libertés des citoyens». Mais, détail de taille, le monarque s’est réservé le droit de nommer ses neuf membres…

Pas tout à fait suffisant pour populariser un scrutin qui s’annonce mal pour les Jordaniens qui ont d’autres soucis à régler (comme les factures du gaz et du carburant) que d’aller glisser le bulletin dans l’urne qui leur serait forcément fatal. La partie est donc loin d’être gagnée pour le souverain hachémite qui ambitionne d’installer dès janvier son royaume dans «l’été de Jordanie» en lui faisant enjamber le printemps si redouté. Le 3 décembre, il réunit le Conseil des ministres et prend une série d’autres mesures sociales qui répondent explicitement aux mots d’ordre poussés par les foules dans les manifestations.

A commencer par le contrôle des prix vertigineux pour lequel il a instruit le Premier ministre de s’y atteler sans tarder.
Le roi Abdallah II a aussi annoncé la mise en place d’une commission de désignation des hauts responsables «pour éviter le népotisme et le clientélisme», le choix des compétences. Le souverain a également enjoint à son Premier ministre, Abdellah Ensour, de trouver des mécanismes d’aide gouvernementale pour assurer la justice sociale et absorber la colère populaire.
C’est bien, mais pas assez pour convaincre le Front national des réformes pour qui seul un dialogue national inclusif devant aboutir à une feuille de route serait à même de rassurer les Jordaniens pour aller voter.

C’est pourquoi les islamistes et les partis de gauche réclament le report des élections de janvier et l’amorce d’une conférence d’entente nationale devant déboucher sur un gouvernement de transition consensuel qui aura pour mission d’organiser ce scrutin plus tard.
Mais la réaction du roi Abdallah ne s’est pas fait attendre. Non seulement il a décidé de maintenir les élections à leur date initiale (23 janvier prochain), mais il a aussi snobé les partis qui mobilisent la population depuis des mois.

Un cour de démocratie à la mer Morte…

«Le scrutin aura bien lieu le 23 janvier prochain malgré le chahut de certains par rapport à notre feuille de route, mais nous sommes sur la juste voie», a tranché le monarque lors du dernier Conseil des ministres. Et pour sonner la mobilisation, il fait organiser par son Premier ministre un colloque à l’intitulé racoleur : «Les gouvernements parlementaires» dans un hôtel en… mer Morte.

Comble de l’ironie, les recommandations de cette manifestation qui a rassemblé tout le landernau jordanien (ministres, opposants, journalistes acteurs associatifs, juristes) ont globalement disqualifié les élections du 23 janvier.
Le maître mot était de reporter le scrutin et d’engager un dialogue national pour un gouvernement de transition et d’appeler les moukhabarate à lever la main sur la vie politique. Il était alors évident que les conclusions de ce colloque royal devaient rester lettre morte…

Plus que jamais, le bras de fer est engagé entre le roi, qui fonce tête baissée vers ce scrutin «crucial», et la majorité de l’opposition, qui appelle au boycott d’une élection aux résultats «connus d’avance».
Les affiches appelant les gens à voter tapissent les panneaux publicitaires dans les rues, sur les façades des immeubles et même sur les ponts. «Ton avenir est entre tes mains», «Ne laisse personne décider à ta place !», sont autant de slogans suggestifs placardés dans tous les coins et recoins des villes et quartiers.

Même la majorité des Jordaniens n’ont visiblement pas le cœur au vote. «Moi je ne voterai pas. Pourquoi le ferai-je, alors que le gouvernement ne nous donne rien, et passe son temps à augmenter les prix», s’exclame Anès, chauffeur de taxi dans une société privée, qui habite dans un quartier pauvre de la banlieue de Amman.

«Les ministres et les militaires volent l’argent du pays et nous ils nous demandent de payer le gaz et le carburant plus cher pour récupérer cet argent… Je ne voterai pas jusqu’à ce que ces gens partent !», peste Mohamed, réceptionniste dans un hôtel.
Malik, qui gère une boutique d’habillement dans le quartier chic d’Essoufia, au centre de la capitale, craint même d’être contraint de baisser rideau à cause de l’augmentation du tarif de l’électricité annoncé pour début janvier. «Déjà que j’ai du mal à payer le loyer de 150 dinars (160 euros environ) et la facture d’électricité qui est actuellement insupportable (500 dinars, soit environs 520 euros), comment pourrai-je payer plus en janvier ?», s’inquiète-t-il.

C’est que la cherté de la vie est le pain quotidien de tous les Jordaniens. Ils sont à mille lieues des élections législatives que le gouvernement présente comme le remède à tous les maux. Seule la jet-set ammanaise et sa périphérie parmi les familles de fonctionnaires proches du roi affichent une désinvolture presque agressive pour le commun des Jordaniens d’en bas… Il y a donc de la tension dans l’air politiquement irrespirable de Amman, qui risque de connaître son paroxysme quand le gouvernement Ensour sera contraint, début janvier, d’imposer la mesure aussi impopulaire que la hausse des prix de l’eau et de l’électricité. Pour le chef islamiste, Cheikh Hamza Mansour, ce serait «irresponsable» de la part du gouvernement de procéder à ces nouvelles augmentations. A ses yeux et aux yeux des observateurs politiques locaux, cela risque de rallumer la mèche qui mettrait le feu au royaume. De quoi sera fait demain en Jordanie ? Grand point d’interrogation.



Un royaume si précieux pour les USA et… Israël


Cela fait deux années pratiquement depuis que les Jordaniens ont investi la rue pour obtenir leur «part» d Printemps arabe. Or, malgré cette formidable poussée populaire dans les manifestations dans ce pays de près de 7 millions d’habitants, le royaume tient bon pour l’instant. Le secret de cette résistance tient au fait que la Jordanie est un Etat tampon qui revêt une importance stratégique dans la géopolitique du Moyen-Orient. Partageant la plus longue frontière avec Israël, le royaume hachémite est lié par un traité de paix avec l’Etat hébreu depuis le 26 octobre 1994.

De fait, Israël et évidemment les Etats-Unis voient d’un mauvais œil que le régime du roi Abdallah II tombe, ou, pire encore, qu’il soit remplacé par un gouvernement islamiste dont l’essentiel des troupes se recrutent parmi les Palestiniens d’origine. Le royaume de Jordanie joue donc le rôle d’Etat pays tampon aux yeux d’Israël, encerclé par des régimes plus au moins hostiles comme ceux du Liban et de la Syrie au Nord, et ceux du Hamas et de l’Egypte des Frères musulmans au Sud.

Le couple américano-israélien a donc tout intérêt à ce que la monarchie de Abdallah II tienne un peu plus, le temps que la bourrasque arabe passe. Mais il y a un autre calcul qui bouleverse complètement la donne. Washington et Tel-Aviv n’ont pas totalement abandonné leur plan B, qui consiste à établir un foyer national de substitution aux Palestiniens en… Jordanie. Il pourrait alors même s’accommoder de la chute de la monarchie hachémite le cas échéant, pour récupérer l’intégralité de la terre palestinienne occupée.

En Jordanie, personne en tout cas n’ignore l’existence de ce plan de reconfiguration du Moyen-Orient dans le cadre du fameux «GMO». Reste à savoir si le monarque Abdallah II va marcher dans la combine pour sauver son trône. Pour l’heure, il ne semble pas disposé. La preuve ? Il était le premier dirigeant arabe à s’être déplacé la semaine dernière à Ramallah pour féliciter Mahmoud Abbas du nouveau statut de la Palestine au sein de l’ONU. Pour les observateurs, ce geste du roi se voulait être un message clair signifiant que la terre des Palestiniens ne pouvait être que la Palestine. Et non pas la Jordanie.


Hassan Moali


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Re: Tunisie, Egypte, Algérie, Jordanie, Yémen…

Messagede ivo » 12 Jan 2013, 19:40

Jordanie : des manifestations régulières à Amman
fr info
Au lendemain des élections israéliennes le 23 janvier, les Jordaniens se rendront eux aussi aux urnes pour élire un nouveau Parlement.

Avec le printemps arabe, le royaume hachémite est lui aussi confronté à une contestation politique et sociale et la dernière législature n'aura duré qu'un peu plus de deux ans.

Quelques 250.000 réfugiés syriens sont arrivés en Syrie où la situation économique du pays était déjà très difficile.

"Les manifestations se déroulent en général le vendredi, après la grande prière à la mosquée. Plusieurs centaines, voire plusieurs milliers de manifestants se réunissent dans le centre d'Amman pour demander des réformes profondes", explique Laurent Zucchini envoyé spécial du Monde à Amman. "Depuis deux ans il n'y a aucune avancée susceptible de calmer la colère."
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