Egypte

Re: Egypte

Messagede Roro » 17 Aoû 2013, 00:37

Petite analyse perso sur les récents évènements en Égypte.

Ce que l'on peut noter déjà, c'est la formidable hypocrisie des États occidentaux et d'autres. Condamnation du massacre des islamistes par l'armée. Sauf que, sous l'ère Moubarak, ces mêmes pays occidentaux (en particulier les Etats-Unis) n'avaient pas de grands scrupules à discuter avec ce dictateur, alors même qu'ils n'étaient pas sans savoir qu'il empêchait les Frères Musulmans d’accéder au pouvoir politique, leur laissant le champ social (sans doute l'une des raisons de leur succès aux élections de l'an dernier).

Il est un point en revanche qui n'a pas été abordé, ou en tout cas volontairement occulté par ces mêmes États occidentaux et par les médias. C'est le fait qu'avant la répression des Frères Musulmans par l'armée telle qu'on le voit aujourd'hui, c'est qu'il y a d'abord eu une répression de la part des anti-Morsi, avec des affrontements sanglants. Et on ne parle pas ici de quelques bagarres dans des ruelles sombres du Caire, mais bien de batailles rangées et massives entre pro et anti-Morsi. Ce qui tend à montrer que l'Occident, quand il prétend vouloir défendre le "peuple" égyptien, oublie que ce dernier n'a pas attendu les diplomates européens et américains pour se défendre lui-même.

Il est évident que les occidentaux ont tout intérêt à ce que la situation se calme rapidement en Égypte. Sans elle, les États-Unis ne pourront pas défendre aussi efficacement qu'ils le faisaient jusqu'à maintenant Israël.

Il est un point en revanche intéressant à analyser. C'est le fait que, à sa manière, en manifestant massivement contre Morsi, le peuple Égyptien a mis en pratique le principe de révocabilité des mandats. Le mandat de Morsi n'a pas satisfait le peuple, et c'est bien pour cela qu'il est descendu si massivement dans la rue. Certes, l'armée a déposé Morsi, mais c'est parce que c'est d'abord le peuple qui l'a voulu. L'armée n'a fait que suivre (on peut néanmoins émettre l'hypothèse que ça arrangeait l'armée d'avoir un soutien populaire aussi massif). On peut supposer que, dans le concert de dénonciation, les États avait aussi cela en vue.

Imaginez ce qu'il pourrait advenir si demain d'autres peuples, en Europe par exemple, descendaient massivement dans la rue pour réclamer la mise en place du principe de révocabilité des élus. Dans des démocraties parlementaires, où le peuple attend gentiment les élections, entre chaque élection l'argument "attendons les élections, là on pourra changer les choses" tomberait. Car avec un tel principe, on peut supposer que les mobilisations collectives reprendraient du poil de la bête. Ce qui n'est ni dans l'intérêt des élus, ni dans celui des capitalistes qu'ils représentent. Cela serait d'autant plus impensable, que les élus seraient alors obligés d'écouter non plus le MEDEF mais bien le peuple. Il n'y aurait plus de passage "démocratique" en force possible, sous peine de voir des masses se soulever et manifester dans les rues pour exiger leur départ. Difficile dans de telles conditions d'ignorer le peuple et de prêter une oreille pour le moins attentive aux intérêt des patrons.
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Re: Egypte

Messagede DjurDjura » 18 Aoû 2013, 17:53

Roro a écrit:Petite analyse perso sur les récents évènements en Égypte.

Ce que l'on peut noter déjà, c'est la formidable hypocrisie des États occidentaux et d'autres. Condamnation du massacre des islamistes par l'armée. Sauf que, sous l'ère Moubarak, ces mêmes pays occidentaux (en particulier les Etats-Unis) n'avaient pas de grands scrupules à discuter avec ce dictateur, alors même qu'ils n'étaient pas sans savoir qu'il empêchait les Frères Musulmans d’accéder au pouvoir politique, leur laissant le champ social (sans doute l'une des raisons de leur succès aux élections de l'an dernier).

Il est un point en revanche qui n'a pas été abordé, ou en tout cas volontairement occulté par ces mêmes États occidentaux et par les médias. C'est le fait qu'avant la répression des Frères Musulmans par l'armée telle qu'on le voit aujourd'hui, c'est qu'il y a d'abord eu une répression de la part des anti-Morsi, avec des affrontements sanglants. Et on ne parle pas ici de quelques bagarres dans des ruelles sombres du Caire, mais bien de batailles rangées et massives entre pro et anti-Morsi. Ce qui tend à montrer que l'Occident, quand il prétend vouloir défendre le "peuple" égyptien, oublie que ce dernier n'a pas attendu les diplomates européens et américains pour se défendre lui-même.

Il est évident que les occidentaux ont tout intérêt à ce que la situation se calme rapidement en Égypte. Sans elle, les États-Unis ne pourront pas défendre aussi efficacement qu'ils le faisaient jusqu'à maintenant Israël.

Il est un point en revanche intéressant à analyser. C'est le fait que, à sa manière, en manifestant massivement contre Morsi, le peuple Égyptien a mis en pratique le principe de révocabilité des mandats. Le mandat de Morsi n'a pas satisfait le peuple, et c'est bien pour cela qu'il est descendu si massivement dans la rue. Certes, l'armée a déposé Morsi, mais c'est parce que c'est d'abord le peuple qui l'a voulu. L'armée n'a fait que suivre (on peut néanmoins émettre l'hypothèse que ça arrangeait l'armée d'avoir un soutien populaire aussi massif). On peut supposer que, dans le concert de dénonciation, les États avait aussi cela en vue.

Imaginez ce qu'il pourrait advenir si demain d'autres peuples, en Europe par exemple, descendaient massivement dans la rue pour réclamer la mise en place du principe de révocabilité des élus. Dans des démocraties parlementaires, où le peuple attend gentiment les élections, entre chaque élection l'argument "attendons les élections, là on pourra changer les choses" tomberait. Car avec un tel principe, on peut supposer que les mobilisations collectives reprendraient du poil de la bête. Ce qui n'est ni dans l'intérêt des élus, ni dans celui des capitalistes qu'ils représentent. Cela serait d'autant plus impensable, que les élus seraient alors obligés d'écouter non plus le MEDEF mais bien le peuple. Il n'y aurait plus de passage "démocratique" en force possible, sous peine de voir des masses se soulever et manifester dans les rues pour exiger leur départ. Difficile dans de telles conditions d'ignorer le peuple et de prêter une oreille pour le moins attentive aux intérêt des patrons.


si le peuple egyptien a voulu le retrait de Morsi c'est qu'au moment des elections, le choix a etait limité a la peste et au cholera , Morsi a eu une majorité pour faire de l'Egypte un pays libre et democratique et sous la pression de la confrerie des freres musulmans il n'a fait que retirer la liberté surtout aux femmes et cela a cree des tensions et des divisions.


quant aux freres musulmans, eux ils n'ont pas peur de mourir c'est au contraire un homneur pour eux et toute la violence qu'on connait aujourd'hui est parti de la branche la plus radicale de leur confrerie jusqu'a des soutiens d'al quaeda, ils ont attisé la haine et la violence et aujourd'hui le pays est dans un bain de sang et l'armée tire a balle reelle sur les manifestants les tuant parfois par centaine, et cela c'est inacceptable.

NI MORSI !! NI SISSI !!

L’avenir incertain ou le pire scénario



le 18.08.13 |






Trois jours après la dispersion sanglante des sit-in de Rabaa Al Adawiya et de la place Nahda, la tension ne retombe pas au Caire et à travers tout le territoire égyptien, où les manifestants ont pris pour siège principal la place Ramsès, alors que plusieurs cadavres sont déposés dans la mosquée Al Fath.


Le Caire (Egypte).
De notre correspondante


«L’armée est en train de nous débarrasser de la confrérie des Frères musulmans et si elle échoue, nous le ferons.» Ces mots sont d’un jeune Egyptien d’une vingtaine d’années, qui se tenait à quelques mètres des forces de police à la place Ramsès au moment de son évacuation ; il résume en une phrase le chaos qui règne en Egypte.
A l’heure actuelle, la police a évacué la mosquée Al Fath où s’étaient retranchés des pro-Morsi. De nombreux échanges de tirs ont eu lieu entre la police égyptienne et des membres des Frères musulmans. La place était saturée de gaz lacrymogènes. Les sortants ont été roués de coups par la foule qui attendait en face de la mosquée et apportait son soutien aux forces de l’ordre dans ce qu’ils appellent «la lutte contre l’extrémisme et le terrorisme». Si la rage populaire est à son maximum à l’encontre des manifestants, elle n’est pas des moindres envers les journalistes. Couvrir l’actualité en Egypte est devenu pratiquement une impasse entre arrestations, confiscations de matériel et intimidations. Patrick Kingsley, correspondant du Guardian en Egypte, a été arrêté hier matin et emmené au poste de police d’Al Azbekaya.

Il explique, sur son compte Twitter, avoir reçu l’ordre de rentrer dans son pays. Joint par téléphone par El Watan, Mahmoud El Sobky, traducteur cairote ayant travaillé avec plusieurs chaînes de télévision étrangères, confie : «J’ai essayé, en début d’après-midi, d’avancer vers la mosquée quand un groupe est venu vers moi en me criant ‘bande de menteurs, vous, les médias occidentaux, racontez des mensonges’. Tout d’un coup, ils m’ont poussé vers les forces de l’ordre. Ils ont tenté de confisquer ma caméra et mon ordinateur portable, je me suis défendu du mieux que je pouvais avant d’être secouru par des habitants du quartier qui m’ont demandé de quitter les lieux.»

Les autorités égyptiennes ont clairement accusé les journalistes d’avoir un parti pris dans la couverture des événements et qu’ils ont contribué à la victimisation de la confrérie des Frères musulmans et la diabolisation de l’armée. «Pourquoi ils ne couvrent pas les événements et les attaques contre les églises coptes ?» s’insurge un policier, qui ajoute : «Pourquoi ils ne parlent pas des victimes policiers ou militaires ? Ces médias ont des agendas, ils sont payés pour salir notre image !» Il est désormais difficile de circuler en tant journaliste, étranger ou encore barbu. Les histoires d’intimidation sont multiples et se ressemblent. «Les médias ont complètement mis de côté les horreurs commises par la confrérie et surtout ignoré la volonté du peuple égyptien de mettre fin à ce régime fasciste», a déclaré la Présidence lors d’une conférence de presse hier au Caire.

Au cœur de ce chaos, il est très difficile de définir ce qu’est une révolution. Il est clair que la date fatidique du 25 janvier 2011 n’avait aucunement prédit un régime pire que celui qu’elle venait d’éradiquer après plus de 30 ans au pouvoir. «L’institution militaire actuelle est plus ambitieuse, elle a pour but l’éradication totale des Frères musulmans et leur destruction comme force politique dans le pays. Les généraux ont profité de la colère populaire contre la confrérie, justifiable par leur échec à gouverner et ont transformé cette colère en violence et déshumanisation», explique Shadi Hamid, directeur des études à l’institut Brookings de Doha.
Et d’ajouter : «Il était tout à fait prévisible que l’armée utilise la force, ça a toujours été sa façon d’agir. Mais ce qui fait le plus peur est de voir de simples Egyptiens, des politiciens appartenant à des partis libéraux, inciter l’armée à continuer ses agissements avec un soutien hors norme.» «Moubarak était un dictateur, mais pas un radical», conclut-il.

Dans l’autre camp, Hicham Kassem, journaliste de renom appartenant à l’intelligentsia égyptienne, qui a combattu le régime de Moubarak pendant deux décennies, défend fermement l’armée : «Sans son intervention, nous avions le choix entre un Etat failli comme la Libye, ou une théocratie à la manière du Hamas.

Le monde arabe, traversé par les clivages ethniques et religieux, est dans un état de fragilité sans précédent. L’Egypte s’enfonçait dans la violence et l’anarchie, heureusement, l’armée a rétabli l’Etat de droit.» Depuis le début des événements et l’éviction de Mohamed Morsi, les spéculations vont bon train quant à la comparaison de la situation en Egypte à la décennie noire en Algérie. Le pays risque une éventuelle guerre civile avec la division du pays en blocs. A voir un peu en arrière l’historique des Frères musulmans, cette institution est, mises à part les critiques virulentes envers ses agissements, une des plus structurées et des plus ancrées dans le monde arabe et en Egypte depuis plus de huit décennies ; il est parfaitement clair qu’elle n’acceptera pas d’être effacée du paysage politique du pays.
Cette question a fait réagir Bernard Kouchner, ex-patron du Quai d’Orsay, dans une interview accordée au Parisien, il explique : «Nous sommes dépassés par l’abjection des massacres.

Celui de mercredi (près de 600 morts) était inimaginable, effrayant. Il faut dire les choses telles qu’elles sont : il a été commis par l’armée contre les Frères musulmans. Même si cela ne nous fait pas plaisir, même si les islamistes ne sont pas nos amis, cette répression est inacceptable. Il s’agit peut-être du début d’une longue guerre civile.
Cela ne s’arrêtera certainement pas là.» Le Premier ministre de transition égyptien, Hazem El Beblawi, a proposé de dissoudre la confrérie des Frères musulmans. Cette idée est à l’étude, a déclaré hier un porte-parole du gouvernement. Hazem El Beblawi a soumis cette proposition au ministre des Affaires sociales dont relève l’encadrement des activités des organisations non gouvernementales, a précisé Cherif Chaouki. Par ailleurs, le frère du chef d’Al Qaîda, Ayman Al Zawahiri, a été arrêté hier en Egypte pour «soutien» au président islamiste déchu Mohamed Morsi, ont annoncé des responsables des services de sécurité à l’AFP.

Ces sources, qui s’exprimaient sous le couvert de l’anonymat, ont précisé que Mohamed Al Zawahiri, un Egyptien qui vit au Caire, a été arrêté à Gizeh, dans la banlieue de la capitale. Quatre jours après, sur le champ de bataille à Rabaa et place Nahdha, le bilan est lourd et l’atmosphère toujours tendue. Les événements ont fait plus de 175 victimes et plusieurs centaines de blessés, majoritairement au Caire.



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Re: Egypte

Messagede Pïérô » 19 Aoû 2013, 00:00

Je partage ce que dit DjurDjura, car si dans l'absolu tu n'a pas tort Roro, tu sembles faire abstraction du fait que les militaires et le régime précédent ont profité de la vague pour reprendre le pouvoir. Or au départ c'était bien contre ce pouvoir qu'une partie du peuple s'était soulevé. Deux modèles autoritaires dans lesquels on ne peut pas se retrouver. Comment les opposer et pourquoi choisir son camp ?
La déclaration sur Tahrir-ICN, site anarcho libertaire sur les événements en Egypte me semble pas mal

Tahrir-Icn: Communiqué des événements en Égypte

Les événements des derniers jours sont la dernière étape d'une séquence d'événements à travers laquelle les militaires peuvent consolider leur emprise sur le pouvoir, objectif vers la fin de la révolution et pour le retour à un État militaire / policier. ---- Le régime autoritaire de la Fraternité musulmane doit partir. Mais ce qui le remplace actuellement est le vrai visage de l'armée en Égypte : pas moins autoritaire, pas moins fasciste et certainement plus difficile à détrôner. ---- Le massacre perpétré par l'armée contre les partisans pro-Morsi dans Nahda Square et Raba'a a fait environ 500 morts et jusqu'à 3000 blessés (ministère de la Santé croit que la réalité est probablement beaucoup plus élevée). C'était un acte pré-orchestrée de terrorisme d'Etat. Son but est de diviser les gens et de pousser les Frères musulmans a créer plus de milices, a se venger et a se protéger.

Cete manigance permettra à l'armée d'étiqueter tous les islamistes comme des terroristes et de produire un "ennemi intérieur" dans le pays qui permettra à l'armée de garder le régime militaire dans un état permanent d'urgence.

Ils s'en prennent aux Frères musulmans d'aujourd'hui, mais ils viendront après quiconque ose les critiquer demain. Déjà l'armée a déclaré l'état d'urgence pour un mois, donner à la police des pouvoirs exceptionnels et militaires, ainsi qu'un couvre-feu a été déclaré dans plusieurs provinces avec les mêmes conditions soit de 19 heures à 6 heures. Cela donne à l'armée les mains libres pour réprimer la dissidence. Il s'agit d'un retour à l'époque d'avant la révolution, où l'état d'urgence avait été mis en place en 1967 et avait fourni le cadre pour répandre la répression et le déni des libertés.

Le caractère du nouveau régime est clair. Il ya quelques jours, 18 nouveaux gouverneurs ont été nommés, dont la majorité proviennent des rangs de l'armée / de la police ou encore des vestiges du régime Moubarak. Il ya aussi eu des attaques continues envers les travailleurs qui poursuivent de faire la grève pour leurs droits (telles que l'attaque de l'armée récente et l'arrestation des travailleurs de l'acier en grève dans Suez). Le régime militaire fait également la chasse aux militants révolutionnaires, les journalistes ont été battus et arrêtés, les étrangers ont été menacés pour ne pas être témoins des événements. Les médias locaux et mondiaux ont dit des demi-vérités et ont construit des récits de soutien du programme politique. La contre-révolution est en plein débit de croissance et elle sait comment briser l'unité du peuple dans son effort pour diviser et conquérir.

Au cours des deux derniers jours, il ya eu une hausse des représailles sectaires, avec plus de 50 églises et institutions chrétiennes attaquées. Ni l'armée et ni la police n'ont pas été vus protéger ces bâtiments de la communauté chrétienne. C'est dans l'intérêt de l'armée et des Frères musulmans dans le but d'attiser les tensions et de créer la peur et la haine dans le peuple. Ils vont se battre pour leur contrôle de l'État pendant que le sang des personnes coule dans les rues.

Nous condamnons les massacres à Raba'a et Nahda Square, les attaques contre les travailleurs, les militants et les journalistes, la manipulation du peuple par ceux qui rivalisent pour le pouvoir, et les attaques sectaires. Pour que la révolution se poursuivre, les personnes doivent rester unis dans leur opposition aux abus et dans la tyrannie du pouvoir, contre peu importe qui la dirige.

A bas l'armée et Al-Sissi!
A bas les vestiges du régime Moubarak et l'élite des affaires !
A bas l'État et tous les pouvoirs aux communautés autonomes !
Vive la révolution égyptienne !


http://www.ainfos.ca/fr/ainfos10394.html et http://dndf.org/?p=12713#more-12713
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Re: Egypte

Messagede Pïérô » 22 Aoû 2013, 00:37

En contre exemple, un témoignage, et forme d'analyse, de là bas. Je ne sais pas qui est la personne et ce n'est pas une opinion à partager de mon point de vue car il y a ici forme de reproduction du discours du pouvoir à nouveau en place, une absence de positionnement en perspective rupturiste entre deux modèles à combattre, mais un témoignage néanmoins intéressant :
Egypte 21 août 2013

par leon ⋅ mercredi 21 août 2013

Tiens, encore une fois on ne dit pas la même chose que les autres médias. Au moment où la presse occidentale, étonnamment, se prend d’affection pour les Frères musulmans, le correspondant au Caire de Radio Canut (ça pète, hein ?) profite de ce que nous lui demandons de nous raconter la semaine écoulée pour nous rappeler tout le mal qu’il y a à penser de cette organisation. 23 mn

Attention, juste après l’enregistrement de cet entretien on a appris la nouvelle de la libération de Moubarak. A l’heure où je poste cet article, on ne sait pas encore comment "la rue" va réagir...


leon dit : Tiens, encore une fois on ne dit pas la même chose que les autres médias.

Ce n'est pas parce qu'on dit le contraire en prenant position pour un autre camp que çà donne raison ou du sens.

à écouter sur SONS EN LUTTES :
http://www.sonsenluttes.net/spip.php?article640
Télécharger : http://www.sonsenluttes.net/IMG/mp3/Egy ... 8-2013.mp3

Et là la libération de Moubarak est tout un symbole, c'est bien le retour du régime précédent. La partie du peuple qui cherche forme d'émancipation entre "sabre et goupillon" et qui après s'être soulevée contre le pouvoir militaire s'est heurtée aux frères musulmans, va devoir construire de l'autonomie en contenus, en terme de projet de société, en luttes, et organisation(s) collective, pour sortir de l'étau constitué de ces deux forces réactionnaires, et qui représentent des intérêts de classe par toujours antagionistes mais qui peuvent diverger d'autant que le système capitaliste international peut balancer entre deux options selon ses intérêts, et ces intérêts ne seront jamais très compatibles avec une réelle forme d'émancipation et de révolution. Je pense que les évènements peuvent participer à une prise de conscience, et bien évidemment au delà de la question électorale qui amène la lutte dans des terrains épineux et sables mouvants, c'est bien la question de tenir la rue, et bien plus encore les moyens de production, qui sera déterminante.
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Re: Egypte

Messagede Roro » 23 Aoû 2013, 20:47

Est-ce qu'on a des nouvelles ou un site d'info des anars égyptiens ? Il m'a semblé que l'année dernière, il y avait un certain regain d'activité de leur part, avec le réemploi de techniques des Black Blocs. Il me semble également avoir lu sur 2-3 médias que les Ultras égyptiens avaient des tendances libertaires. Quelqu'un.e a des infos là-dessus ?
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Re: Egypte

Messagede Nico37 » 24 Aoû 2013, 14:09

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Re: Egypte

Messagede Pïérô » 26 Aoû 2013, 00:58

Roro a écrit:Est-ce qu'on a des nouvelles ou un site d'info des anars égyptiens ? Il m'a semblé que l'année dernière, il y avait un certain regain d'activité de leur part, avec le réemploi de techniques des Black Blocs. Il me semble également avoir lu sur 2-3 médias que les Ultras égyptiens avaient des tendances libertaires. Quelqu'un.e a des infos là-dessus ?

Pour le moment pas de communication sortante, sinon çà serait là aussi. :wink:
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Re: Egypte

Messagede bipbip » 30 Aoû 2013, 23:26

Article publié le 26 août 2013 sur le site de Ahram Online en anglais suivi d’un autre article, en anglais; du journaliste anarcho-syndicaliste Jano Charbel
Egypte. Les travailleuses et travailleurs du textile de Mahalla à nouveau en grève !

Les salariés de la plus grande usine de textile d’Egypte, travaillant en équipe, ont arrêté leurs machines et déclaré une grève illimitée jusqu’à ce que leurs revendications soient satisfaites.

10’000 travailleuses et travailleurs ­­de la compagnie du secteur public égyptien Weaving and Textile Compagny de la ville de Mahalla ont commencé une grève lundi matin, 26 août 2013, affirmant que la direction de l’entreprise n’a pas respecté les délais de paiement de leur bonus au terme de la règle instituant une participation aux profits.

Les travailleuses et travailleurs de Mahalla, qui totalisent quelque 24’000 personnes, avaient déjà initié une grève le mois dernier après n’avoir reçu que la moitié de leurs bonus, soit l’équivalent de 45 jours de salaire. La direction avait promis qu’ils recevraient le solde de la somme en même temps que leur paie du mois d’août. Cette promesse ne s’est jamais matérialisée.

Le chef de la firme, Ibrahim Badr, a déclaré à Ahram Online :«Le ministre des Finances a reporté le paiement en raison de la situation économique actuelle. Je ne peux pas dire exactement quand l’argent sera disponible, mais cela ne prendra pas plus de quelques jours.»

En opposition au récit des travailleurs, Badr affirme que seules quelques centaines des travailleurs d’une équipe spécifique de l’entreprise sont en grève.

Les grévistes ont émis d’autres revendications, dont celle de la démission du chef du holding du tissage et de la filature, Fouad Abdel-Alim, ainsi que la suspension du comité syndical actuel – dirigé par l’Etat – qui a été accusé par les travailleurs de prendre parti pour la direction.

«La démission de Fouad Abdel-Alim est une revendication centrale. Nous le connaissons très bien. L’entreprise ne fleurira jamais tant qu’il occupera ce poste» a déclaré Kamal el-Fayoumi, un travailleur qui est devenu un personnage connu après avoir joué un rôle clé dans les grèves organisées dans le cadre du renversement de Moubarak.

Badr commente: «Ce n’est pas l’affaire des travailleurs de décider qui doit être démis ou nommé: il s’agit là de la responsabilité de l’Etat.»

Les négociations concernant la manière de sortir de cette situation bloquée sont en cours entre les représentants des travailleurs et le gouverneur militaire d’al-Mahalla.

Le conflit entre Abdel-Alim et les travailleurs de Mahalla s’est développé au cours des années, depuis qu’il a été nommé à la tête de l’entreprise.

Il a été démis de son poste au milieu d’importantes grèves après le 25 janvier [2011]. El-Fayoumi ajoute:«Nous sommes convaincus que son renvoi correspondait à une concession faite aux travailleurs, mais le gouvernement l’a promu à nouveau par la suite.»

Les travailleuses et travailleurs de Mahalla ont une longue tradition de militantisme. Ils ont conduit de nombreuses grèves, autant avant qu’après le 25 janvier 2011. Ils débutèrent une vague d’actions ouvrières en 2006 puis, à nouveau, en 2008 ce qui représenta un défi ouvert au régime d’alors.

La ville de Mahalla, située dans le delta du Nil, a été le siège cette année-là des plus vastes protestations contre le régime de Moubarak, ancien de 30 ans.

Commençant comme une grève ouvrière, les protestations évoluèrent une lutte généralisée à la suite d’affrontements avec les forces de sécurité. Pour la première fois, des portraits de Moubarak étaient barbouillés et piétinés ; ces images commencèrent à circuler sur internet, indiquant le commencement de la chute du dictateur égyptien jusqu’alors craint.

Les grèves des travailleurs travailleuses de Mahalla contre le régime du président expulsé gagnèrent une vaste popularité. Il est accepté par de nombreux militants et analystes en Egypte que ces dernières contribuèrent de façon significative à la préparation du terrain pour le déclenchement de la révolution du 25 janvier [2011]. (Traduction A l’Encontre)


Tuesday, August 27, 2013 – 19:19

Authors :

Jano Charbel

Security crackdowns against two labor strikes — at the Suez Steel Company and Scimitar Petroleum Company — and a potential one at the Misr Textile Company in Mahalla, have been eclipsed by news of crackdowns against the Muslim Brotherhood.

Receiving negligible media coverage, these industrial actions were crushed by police and the Armed Forces within the span of less than one week. Security forces arrested two strike leaders as they surrounded the Suez Steel Company on August 12, while the strike at the Scimitar Petroleum Company was forcefully put down on August 17 and a host of strikers briefly detained, with legal charges leveled against them.

Furthermore, on August 21, police forces stormed and searched the homes of four workers from the Suez Steel Company, and arrested one union leader in the process. Fourteen strikers from the company have been threatened with prosecution and/or dismissal.

« In our earlier protests, they had claimed that we were feloul (Mubarak loyalists,) then they claimed we were communists seeking to destroy the company and destabilize the Egyptian economy. In reality we are non-affiliated workers. We are not feloul, communists, or members of the Brotherhood »

The demands of the Suez Steel Company workers include the payment of their wages for the month of July and the payment of overdue profit-sharing. Meanwhile, workers at the Scimitar Petroleum Company have been demanding overdue bonuses and the reinstatement of several sacked workers, along with better wages and working conditions.

Meanwhile, in an attempt to frighten or threaten the workers, the army deployed its APCs earlier this week inside and around the Misr Textile Company in Mahalla where nearly 20,000 workers are on strike demanding improved wages and overdue bonuses. Army officers have reportedly called on workers to end their strike and to move towards negotiations.

But in a context where the security apparatuses are mobilized against any protest movement in the wake of the current regime’s war on the Muslim Brotherhood, industrial actions are slammed as destabilizing and quelled. Moreover, the ruling regime has recently tried to associate them with what it deems a Brotherhood threat.

According to Fatma Ramadan of the Egyptian Federation of Independent Trade Unions (EFITU), “these latest crackdowns are part of the security forces’ ongoing policy against industrial actions.” She explains that since the fall of former President Hosni Mubarak, the security apparatuses are “repeatedly attempting to criminalize workers’ strikes and protests and to portray striking workers as trouble-makers, counter-revolutionaries, hired-hands and provocateurs seeking to harm the economy.”

In relation to the current period following the ouster of former President Mohamed Morsi in July, Ramadan adds, “The police are utilizing these exceptional laws as a pretext to crackdown on striking workers. Under these exceptional circumstances and this atmosphere of fear, striking workers are being labeled as terrorists or agents of the Muslim Brotherhood, along with other baseless accusations.”

Amr Youssef, a union organizer at the Suez Steel Company whom police arrested as he attempted to enter the factory gates on August 12, recounts that 14 workers have been threatened by both their employer and the security forces. « They’ve threatened to sack us from our jobs, while also claiming that we are Muslim Brotherhood supporters, » he explains.

“In our earlier protests, they had claimed that we were feloul (Mubarak loyalists,) then they claimed we were communists seeking to destroy the company and destabilize the Egyptian economy. In reality we are non-affiliated workers. We are not feloul, communists, or members of the Brotherhood,” he says

Youssef explains that a large contingent of security forces, including several police trucks and APCs had been deployed outside the main entrance to the Suez Steel Company on August 12. Security forces identified Youssef, along with fellow unionist Rauf Abdel Khaleq, as they attempted to enter the company premises. They were both taken to the local police station, questioned, threatened and then released within a few hours.

“Several of our coworkers tried to follow the police truck carrying us away from the company, but security forces prevented them from doing so. A scuffle broke out, and the troops ended up breaking a worker’s arm and injuring two others,” he says.

“Prior to these clashes, we were chanting for [Armed Forces General Commander Abdel Fattah] al-Sisi so as to show the security forces that we are not political opponents of the regime,” he adds.

“In its so-called ‘fight against terrorism,’ we advise the state not to scapegoat striking workers,” says Adel Zakariya of the independent Center for Trade Union and Workers’ Services. He called on the ruling authorities to “prevent the exploitation of workers, and to respect their legitimate rights to protest and strike — as is stipulated in international conventions to which Egypt is signatory.”

But following these crackdowns against workers at the Suez Steel Company and the Scimitar Petroleum Company — along with several crackdowns against the Brotherhood — Sisi addressed the nation on August 18, speaking in defense of the ailing national economy and against work-stoppages. “We must seek to double our production,” he said.

Sisi also sought to associate labor protests with the Muslim Brotherhood: “Don’t give anyone the chance to interrupt your work. Let’s all work, let’s build our country and let’s move forward. This is what we need to do.”

Moreover, Sisi called on workers to take action against “instigators” of strikes. He added, “Tell those neighbors, please no more. If we can do this, we will effectively contribute to avoiding bloodshed and casualties. Moreover, we will help quell this sedition. And again, don’t let anybody interrupt production because this is another means of tearing the country down.”

However, Sisi did not mention the negative economic repercussions associated with his heavy-handed security crackdowns, curfews and emergency law.

Ramadan of the EFITU, explains that “the imposition of emergency law and curfews are clearly affecting labor rights, including the right to work, organize, and to strike, along with other rights.”

Similarly, Saud Omar, secretary of the Suez Regional Workers’ Federation asserts that “all exceptional laws harm workers’ rights and liberties. Curfews and emergency law may lead to even more punitive measures against workers, and further deterioration of labor freedoms.”

Three days after Sisi’s address, on August 21, security forces stormed and searched the homes of four workers from the Suez Steel Company who had been accused of instigating the strike. On the same day, unionist Mohamed Mabrouk was arrested at a security checkpoint and taken to the local police station where he was questioned and threatened.

Mabrouk who was detained for around 24 hours, says, “I was not physically harmed or abused at the hands of the police, but conditions in detention there are inhuman.”

Like his coworkers Youssef and Abdel Khaleq before him, Mabrouk was reportedly told to accept resignation from the company in return for monetary compensation.

“Police officers told us to return to work and stop obstructing production, or to accept our employer’s offer of LE150,000 (around US$2,146) to leave the company,” Youssef recounts. He adds that a senior officer at the police station said to him, “if a man is tired of his wife, he divorces her.”

Shortly after some 2,100 workers launched their strike on July 23, the Suez Steel Company’s Managing Director, Rafiq al-Dauw, filed complaints to prosecutors, security forces and local authorities against the 14 “strike instigators” whom he wants to sack.

According to Ramadan, “the Suez Steel workers had similarly filed complaints to local authorities against the company owners and administrators accusing them of breaching their labor rights, yet the workers’ complaints fell on deaf ears.”

Ramadan adds that “prosecutors ignored these workers’ demands, while the police and Armed Forces have again sided with the employers. Mubarak’s old security apparatus is still in power, and thus they will continue to protect employers’ interests at the expense of workers’ rights.”

After a month-long strike, workers at the Suez Steel Company expressed their willingness to return to work on August 22 — yet indicated that they may re-launch their strike at any time if the employers refuse to meet their demands.

However, according to Zakariya, seven workers out of the 14 so-called instigators appear to be in the process of being sacked, while the remaining seven are being threatened with the same fate. Nevertheless, workers have been demanding their reinstatement.

Dauw could not be reached for comment; neither could the Scimitar Petroleum Company’s administrators or workers.

Meanwhile, at the Scimitar Company, operating by the Red Sea town of Ras Ghareb, the number of workers assaulted and/or detained during the crackdown on August 17 has not been confirmed. However, this crackdown did succeed in ending a three day work-stoppage from August 14-17. An unspecified number of striking workers at the company have reportedly been referred to prosecution.

While both the Suez and Scimitar companies have resumed operations following crackdowns — Scimitar went back to work on August 17, and the Suez Steel Company resumed production on August 22 — further protests and strikes at these companies may still be expected, however.

Ramadan says that she expects both industrial actions and security crackdowns to continue. “Hunger and social injustice will continue to fuel labor protests across the country. No amount of arrests, trials, crackdowns or exceptional laws will be able to end these labor actions.”

“Only an inclusive social dialogue with workers and their unions will be able to decrease labor unrest. Until then, workers will continue to struggle for their rights, and for the demands of the revolution: Bread, freedom, social justice, and human dignity.”


http://dndf.org/?p=12723&utm_source=rss ... u-en-greve
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Re: Egypte

Messagede bipbip » 23 Nov 2013, 02:30

A propos du syndicalisme en Égypte

Ce qui suit ne concerne que les structures organisant les salariés en tant que tels, et non pas celles organisant avant tout les professions libérales, comme en France l'Ordre des médecins ou l'Ordre des avocats. Il est à noter que c'est dans ce type de secteur que les islamistes ont, depuis l'époque de la dictature de Moubarak, des points d'ancrage importants.

Avant la révolution 2011, l'ETUF, légalement présentée comme une centrale syndicale de salariés, était en réalité un bout de l'appareil d'État. Elle jouissait, au moins jusqu'en 2009, du monopole de représentation des salariés. Face à cela existaient quelques organisations parasyndicales, légales ou non, comme par exemple le CTUWS dirigé notamment par Kamal Abbas. Les choses n'ont commencé à changer qu'à partir de 2009 avec la légalisation du premier syndicat indépendant, dans le secteur des impôts fonciers, présidé par Kamal Abou Aita.

Après la chute de Moubarak, les syndicats indépendants se sont multipliés, et une première centrale syndicale indépendante, l'EFITU, a été fondée avec notamment à sa tête le nassérien Kamal Abou Aita, et une militante de "Renouveau socialiste", Fatma Ramadan.
En avril 2013, a été crée une seconde centrale indépendante, l'EDLC, en grande partie animée par des militants liés historiquement à l'association CTUWS, qui a continué à avoir une existence séparée.
Le nombre de membres de ces deux centrales indépendantes est totalement invérifiable, car très peu d'adhérents versent en réalité une cotisation. En effet, le cadre légal d'avant 2011 n'a pas changé à ce jour et la plupart des salarié-es continuent à voir déjà leur paye amputée automatiquement chaque mois d'une cotisation obligatoire pour l'ancienne centrale officielle ETUF, à laquelle l'adhésion est encore souvent quasiment obligatoire. Celle-ci gérant l'assurance-maladie et les retraites, parvenir à démissionner de l'ETUF est souvent le meilleur moyen de perdre le droit aux prestations sociales, voire de se faire licencier.
De nombreux membres de syndicats indépendants doivent, par ailleurs, militer clandestinement. La loi interdit en effet la présence de deux structures syndicales différentes sur le même lieu de travail. Il suffit à un patron d'invoquer l'existence préalable d'un autre syndicat, ou d'en créer un de façon préventive, pour se voir reconnaître par les tribunaux le droit de licencier celles et ceux qui tentent de créer un syndicat indépendant.
Dans ces conditions, le nombre d'adhérents affiché par les deux nouvelles centrales relève avant tout de l'effet d'annonce : il cherche à se rapprocher de ceux annoncés par l'ancienne centrale officielle ETUF qui déclare quant à elle autour de quatre millions de membres. L'EFITU annonce en général le chiffre invérifiable de deux millions de membres et l'EDLC, plus modestement, celui de 150 000.

Dans ces conditions, les structures syndicales indépendantes restent extrêmement fragiles et n'ont en rien un poids comparable à celui de l'UGTT en Tunisie.

Une nouvelle loi établissant les libertés syndicales avait été écrite en mars 2011. Mais les militaires, puis les islamistes en ont bloqué l'adoption. Suite à la destitution du président islamiste par les militaires, le 3 juillet 2013, le nassérien Kamal Abou Aita, qui présidait la centrale indépendante EFITU est devenu ministre du Travail mi-juillet. Il justifie notamment sa participation au gouvernement par la possibilité de faire enfin adopter cette loi. Reste à savoir si ses amis du gouvernement accéderont à cette demande. Le fait que dans le "comité des 50" chargé de modifier la Constitution, les deux places destinées aux syndicalistes aient été offertes à des adversaires farouches du syndicalisme indépendant ne pousse guère à l'optimisme en ce domaine (1). Il s'agit en effet d'un représentant de la centrale ETUF aux ordres du pouvoir en place avant 2011, et d'une centrale fictive mise en place par un patron s'occupant de recruter du personnel pour les pays du Golfe ! (2) ■

A noter que le 22 août, Kamal Abbas du CTUWS a été nommé au Conseil national pour les droits humains (NCHR).

En ce qui concerne l'ancienne centrale ETUF, une partie de ses responsables nommés par la dictature de Moubarak, ont été remplacés par des islamistes, lorsque ceux-ci ont été au pouvoir entre juin 2012 et début 2013.

Lecture complémentaire : outre la revue internationale de Solidaires publiée à l'automne 2011, lire l'interview de Kamal Abbas http://orta.pagesperso-orange.fr/solidi ... vue-7.htmb et la note parues dans Al-Ahram hebdo du 7 août 2013 : http://hebdo.ahram.org.eg/News/3375.aspx

--------------------------------------------------------------------------------

1. « Ce comité n’est pas représentatif des divers secteurs de la société », dénonce Fatma Ramadan, responsable à la Fédération indépendante des syndicats ouvriers (EFITU). « Comment se fait-il que seuls deux membres représentent plus de 25 millions d’ouvriers et que deux autres représentent autant d’agriculteurs et de fermiers ? », se demande-t-elle. « Le président de la Fédération du syndicat ouvrier (ETUF) a été choisi grâce à son poste alors qu’il est engagé dans une guerre contre un projet de loi favorable aux libertés syndicales. Ces gens-là sont plus proches du pouvoir que de ceux qu’ils sont supposés représenter », dénonce encore Ramadan qui croit que les droits économiques et sociaux des couches moyennes et pauvres « n’auront personne pour les défendre ». (http://hebdo.ahram.org.eg/News/3689.aspx)

2. Entretien avec Hany Hanna, 7 novembre 2013.

http://orta.pagesperso-orange.fr/solidi ... e-2013.htm
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Re: Egypte

Messagede DjurDjura » 06 Jan 2014, 12:40

L’Egypte au bord de la guerre civile

El Watan, 5 janvier 2014

A la répression féroce des manifestations ayant fait plusieurs morts, dont 13 uniquement vendredi dernier, le pouvoir de fait d’Al Sissi et ses partisans fait face aussi à une vague d’attentats terroristes qui rendent la situation un peu plus confuse.

Treize personnes ont tuées vendredi lors des affrontements au Caire, en Alexandrie, dans le nord de l’Egypte, à Ismaïliya, sur le canal de Suez, et Fayyoum, au sud de la capitale. Il faut dire que les forces de sécurité ont plus que jamais la gâchette facile après que le nouveau régime ait décrété d’autorité les Frères musulmans «organisation terroriste». C’est précisément lors des manifestations des islamistes pour réclamer le retour au pouvoir de M. Morsi, déposé par les militaires, que le bain de sang a été commis vendredi. Et rien ne dit que la spirale infernale de manifestation-repression va cesser après ce massacre. Pour les Frères musulmans, les manifestations sont le meilleur moyen de maintenir la pression sur un régime qui s’apprête à faire adopter par référendum une nouvelle Constitution taillée selon les mesures des uniformes des généraux de l’armée.

Pour ces derniers, la permanence de ces actions de protestation des Frères musulmans constitue un frein à leur feuille de route pour légitimer un coup d’Etat qui se vend de moins en moins à l’international.
Le fait est que même ceux qui ont soutenu l’opération du 3 juillet dernier, qui avait provoqué l’arrestation du président élu Mohamed Morsi, prennent leurs distances d’avec Al Sissi et compagnie. Une vague d’arrestations a même ciblé des dizaines de militants laïcs pris dans des rafles musclées.


La gâchette trop facile



Beaucoup parmi les «révolutionnaires» ayant chassé Moubarak du pouvoir sont aujourd’hui déboussolés entre les militaires aux méthodes expéditives qui rappellent l’ancien régime, et les islamistes dont ils craignent le projet
. Le régime militaire, qui s’est appuyé sur une large mobilisation populaire pour faire tomber Morsi, a montré lui aussi ses limites. En décidant de blacklister les Frères musulmans «organisation terroriste», et partant lui interdire toute manifestation publique, il a implicitement donné l’ordre, aux forces de sécurité, de tuer. Et c’est, hélas, le triste spectacle d’affrontements sanglants qu’offre quotidiennement l’Egypte divisée entre les partisans des islamistes et les soutiens des militaires.

Le bilan est très lourd depuis la (re) prise du pouvoir par les militaires : près d’un millier de personnes ont péri et autant fait prisonniers.
Même le président américain, Barack Obama, qui a pourtant soutenu du bout des lèvres le renversement de Morsi, a eu une réaction très dure suite au massacre de vendredi dernier. Il a en effet dénoncé «le chemin dangereux» pris par l’Egypte et déploré que cette dernière ait manqué «la chance de réconciliation» offerte par le renversement de Mohamed Morsi. «Nous appelons les autorités égyptiennes à respecter les droits universels de son peuple, et nous demandons aussi à ceux qui manifestent de le faire pacifiquement», a aussi déclaré le président des Etats-Unis.


Même Obama doute


Ce qui fait dire que la terrible répression des manifestations n’est objectivement pas la meilleure garantie à proposer aux Egyptiens pour les inciter à s’inscrire dans une perspective politique consensuelle et viable. Or, comme aveuglés par leurs pouvoirs sans limite, les militaires s’apprêtent à défier leurs contempteurs en prévoyant de juger l’ex-président Mohamed Morsi, pour s’être évadé de prison durant la révolte de 2011…
Comme s’il fallait rester en prison alors que le régime qui l’y avait mis était tombé…

Pendant ce temps, des attentats terroristes plus ou moins sanglants sont commis aux quatre coins du pays. Depuis l’attentat à la voiture piégée visant le siège de la police à Mansoura (delta du Nil), qui a causé 15 morts le 24 décembre, le terrorisme défraye la chronique en Egypte. Dimanche 29 décembre, un troisième attentat en moins d’une semaine a visé un bâtiment militaire dans la province de Charkiya, toujours dans le delta, blessant quatre soldats. Et jeudi dernier, une charge explosait au passage d’un bus au Caire, causant cinq blessés. Plusieurs engins explosifs ont été par ailleurs désamorcés ces derniers jours.Il est évident que dans la logique des militaires, le fait d’estampiller les Frères musulmans, «organisation terroriste», visait en creux à les désigner comme seuls responsables de tous les attentats pour les discréditer davantage et par là même légitimer leur pouvoir. Sauf que cette tactique risque plutôt de précipiter l’Egypte dans une guerre civile, si Al Sissi et consorts continuent de foncer tête baissée contre les manifestants en restant sourds aux appels à la raison. 


Hassan Moali
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Re: Egypte

Messagede bipbip » 31 Jan 2014, 12:05

Dans le mensuel Courant alternatif de janvier
Quelques réflexions sur la situation actuelle en Egypte

Je n’étais pas revenu en Egypte depuis début juin dernier. Depuis, la situation a profondément changé. Il y a eu la grande manifestation du 30 juin organisée par le « mouvement Tammarrod » (Rébellion). Le 3 juillet, l’armée a pris l’initiative de démettre le président islamiste Morsi, de dissoudre l’assemblée et de mener une politique d’extrême répression contre les Frères Musulmans (FM), désormais privés du pouvoir, emprisonnés et poussés à la clandestinité. Un bilan humain très lourd reste la dimension la plus dramatique de ces événements. Entre temps, une constitution a été rédigée par une commission nommée par le pouvoir de laquelle les FM avaient été exclus. Elle sera soumise à un référendum qui aura lieu les 14 et 15 janvier 2014. De retour ici, j’ai passé beaucoup de temps à discuter avec des ami(e)s et des connaissances de différentes sensibilités politiques. Ce texte vise à donner une image, forcément rapide et imprécise, de la situation que traverse l’Egypte aujourd’hui


Presque trois ans après la chute du régime de Moubarak, la situation en Egypte est des plus confuses et toute tentative d’analyse sérieuse reste extrêmement difficile. Le régime militaire semble s’installer dans la durée. Pour cela, deux outils majeurs sont mis au service de sa stratégie. Une répression sans faille contre les islamistes, particulièrement les Frères Musulmans, mais qui touche aussi l’ensemble des partis et tendances politiques, et une constitution taillée sur mesure. Ces deux points, répression et constitution, sont même les sujets dominants des débats actuels.

La répression

Après l’énorme manifestation du 30 juin dernier qui a regroupé plusieurs millions de personnes et le « dégagement » par l’armée du président Morsi et des Frères Musulmans du pouvoir le 3 juillet, une répression dramatique a été méthodiquement exercée contre les militants islamistes de la confrérie. Le bilan est extrêmement lourd avec plusieurs centaines de morts, probablement des milliers d’arrestations et autant de blessés. Les procès se succèdent avec des accusations de plus en plus graves. Hier, le 18 décembre, le parquet a annoncé de nouvelles charges contre le président déchu et les hauts cadres des Frères. Ils sont désormais accusés de haute trahison, ce qui pourrait aboutir à une condamnation à la peine capitale et leur exécution. On a l’impression que le choix adopté par le pouvoir actuel est de les supprimer « physiquement », faute de pouvoir le faire politiquement. Mais contrairement à ce qu’on pense, surtout vue de l’extérieur, la répression ne touche pas que les islamistes. Loin de là.

Dès les premiers jours après le 3 juillet, la police et l’armée ont commencé à surveiller, interpeller et arrêter des militants d’autres tendances politiques notamment de la gauche et de la société civile. Certains sont actuellement en prison en attendant un jugement. De nombreux procès sont attendus pour de nombreux militants de gauche et au-delà de la gauche. Samedi 14 décembre, la police a envahi en pleine nuit les bureaux de l’Association Egyptienne des Droits Sociaux et Economiques (ECESR) : bureau fouillés, dossiers, disques et ordinateurs emportés et 5 personnes arrêtées, dont un des militants du mouvement du 6 avril, très actif depuis le milieu des années 2000. Plusieurs heures après, quatre ont été libérés mais le militant du 6 avril est toujours aux arrêts sans qu’aucune information n’ait pu être obtenue sur son lieu de détention. Ses amis n’ont même pas reçu une confirmation qu’il est bien entre les mains des services de sécurité. Ceci donne une idée assez précise de l’étendue de la répression.

Les débats en cours

Les débats politiques actuels permettent de distinguer trois grandes tendances. La première est celle de l’opposition radicale au coup d’Etat militaire et de toutes les mesures et les politiques qui l’ont suivi. Cette tendance représente les islamistes, particulièrement les membres et sympathisants des Frères Musulmans qui ont perdu le pouvoir le 3 juillet dernier.

La seconde tendance, qui exprime un soutien assumé aux militaires, est celle portée par les « tout sauf les islamistes » (TSI). Elle regroupe globalement les Nasséristes historiques, les « nationalistes arabes », des laïcistes « radicaux », essentiellement les classes moyennes supérieures, des Coptes (une partie des Coptes soutiendrait n’importe quelle force politique opposée aux islamistes), des milieux des affaires (une partie d’entre eux sont des islamistes influents et connus) et les « rescapés » du régime de Moubarak débarqué en février 2011.

Enfin, la troisième tendance pourrait être résumée par le « ni les islamistes, ni les militaires ». Cette tendance regroupe les membres et sympathisants de la gauche radicale et une partie des libéraux démocrates et laïques.

En plus des activités collectives et individuelles des « membres » des différentes tendances (manifestations, articles, apparitions dans les médias), les débats plus ou moins pacifiques, mais parfois très violents, se concentrent depuis quelques semaines à propos de la nouvelle constitution dont l’écriture a été ordonnée par le nouveau pouvoir –donc par l’armée. Ainsi, pour des raisons, des projets et discours divers et souvent opposés, ces débats laissent apparaître trois votes différents –finalement assez classiques- lors du prochain référendum (qui aura lieu les 14 et 15 janvier 2014) : le Oui, en soutien clair aux militaires ou en opposition radicale aux islamistes, le Non en opposition radicale aux militaires auxquels la nouvelles constitution accorde un rôle renforcé dans le système politique (l’armée gardienne de l’Egypte contre le « risque » islamiste ou des « projets » révolutionnaires) et l’abstention (les ni-ni). Pour défendre et renforcer les chances de peser sur l’issue de la consultation, tous les moyens de conviction sont mobilisés. Certains n’ont pas hésité à modifier des passages importants du projet de la nouvelle constitution qui sera soumis au vote. On trouve ainsi des faux projets de constitution en vente libre, comme les vrais, un peu partout dans les librairies et les espaces publiques et sur les trottoirs du Caire. Cependant, personne ne doute ici du résultat final qui sera certainement assez massivement positif en faveur de la nouvelle constitution. C’est donc aux débats et aux actions politiques en cours qu’il faut s’intéresser d’abord.

Deux événements importants se sont produits la semaine dernière et méritent que l’on s’y intéresse d’assez près. Le premier est d’ordre social. Après plusieurs semaines de grèves les ouvriers des aciéries de Helwan (banlieue sud du Caire) ont obtenu satisfaction pour la totalité de leurs revendications : augmentation de salaires, amélioration des couvertures sociales et des conditions de travail et garantie de « transmission » automatique de l’emploi à un des enfants de l’ouvrier qui s’arrêterait de travailler pour retraite, incapacité ou décès. Alors même que le gouvernement et la direction de l’entreprise ont fait bloc contre l’action syndicale, ils ont fini par céder sur la quasi totalité des points en négociations.

Evidemment, on sait que c’est le risque de voir toute l’économie souffrir lourdement et durablement d’une possible généralisation du mouvement à l’ensemble du secteur industriel qui a poussé l’Etat à la négociation et au compromis. Mais cet événement prouve aussi que le processus de revendication sociale qui avait démarré en 2006 à Mahalla Alkobra, au milieu du Delta, est toujours actif et n’a pas été trop touché par le coup d’Etat. Il n’est pas totalement interdit de penser que des la répression exercée contre les islamistes et les autres activistes politiques a vraisemblablement renforcé le mouvement syndical et le processus social.

Faut-il pour autant penser que les islamistes risquent de revenir par la fenêtre après avoir été chassés par la porte ? Evidemment, ça reste une hypothèse possible. Toutefois, un deuxième événement important s’est produit la semaine dernière. Le syndicat des médecins, tenu par les islamistes des Frères Musulmans depuis une bonne trentaine d’année, a organisé des élections internes pour renouveler sa direction (vendredi 13 décembre). Cette élection s’est soldée par une défaite cuisante des FM et la prise du syndicat par un courant « indépendant » qu’on pourrait qualifier de tendance démocratique de centre gauche. Affaiblissement réel suite aux coups répétés de l’armée et de la police, ou simple tactique des militants islamistes pour se faire plus discret en attendant une éventuelle accalmie ? Les discours et les actions, parfois violents, des FM qui ne montrent aucune stratégie pour se faire oublier le temps de la tempête, pousse à croire que leur échec dans l’élection syndicale traduit plutôt leur réel affaiblissement au moins pour une certaine période.

Possibles scénarios

Le pouvoir actuel se sent suffisamment fort et « populaire » voire « légitime », et ne semble pas être à la recherche de compromis. L’éradication des FM paraît comme un objectif à atteindre quel qu’en soit le prix. Les centaines de morts lors des manifestations organisées par les Frères depuis le 3 juillet ne laissent aucun doute. Avec ou sans le soutien des différentes forces politiques, l’armée n’est pas prête à céder le moindre de ses avantages politiques hérités de l’époque de Nasser et renforcés depuis début juillet dernier.

En même temps, une partie de l’opposition actuelle et notamment la frange radicale qui revendique le leadership de la révolution ne baisse pas les bras. Par ailleurs, le processus social plus ou moins encadré par de nombreux syndicats, est toujours fortement présent. Dans ce contexte, envisager les scénarios possibles dans les semaines et les mois qui viennent est assez inconfortable. Mais, on peut quand même envisager quelques évolutions possibles.

Une fois la constitution approuvée sans surprises, il y aura des élections présidentielles et législatives. La répression et le boycott des élections par les FM aboutira à une présence minoritaire des islamiste dans le prochain parlement (surtout des salafistes dont une partie soutient la politique actuelle), qui sera très certainement dominé par des libéraux-démocrates. Le risque de la poursuite des affrontements est réel, et peut être même une radicalisation des FM qui pourrait prendre des formes d’actions violentes (déjà, le pouvoir, ses soutiens et la grande majorité appellent les FM des terroristes). Dans ce cas, personne ne sera à l’abri et on assistera certainement à une longue période de violence armée essentiellement entre des éléments radicaux des FM et les forces de sécurité. Les libertés politiques seraient réduites davantage et à la radicalisation islamiste on assisterait à une radicalisation du pouvoir et des forces de sécurités. C’est le pire scénario mais qui reste, à mon avis, le moins probable.

Le second scénario est le compromis entre pouvoir et FM. Peu d’éléments permettent de l’envisager tellement les deux camps sont déterminés à gagner le bras de fer et sont prêts à en payer le prix qu’il faut. Même après les élections, et quel que soit le prochain président élu et la couleur de la nouvelle assemblée, l’armée détenant par la nouvelle constitution des pouvoirs exceptionnels, ils ne pourraient pas imposer le compromis sans l’accord avec cette dernière.

Un troisième scénario possible, c’est un nouveau coup d’Etat dirigé par des islamistes. Comme tous les coups d’Etat, il est impossible de le prévoir ni de l’exclure totalement. D’un coté l’instabilité actuelle permet de l’envisager, mais d’un autre coté, la détermination actuelle de l’armée et de ses soutiens ne laisse pas beaucoup de place à un tel scénario. « Wait and see ».

Enfin, le scénario qui me paraît le plus probable c’est l’aggravation dramatique de la crise économique et sociale déjà profonde qui pourrait, à moyen terme, reproduire les conditions politiques qui avaient fini par la chute du régime de Moubarak et du démarrage du processus révolutionnaire au milieu des années 2000. Il faut se rappeler que le succès le plus important de ce processus révolutionnaire c’est la chute du mur de la peur avant celle du régime. Un peuple appauvri et qui n’est plus retenu par la peur est capable de tout bouleverser en un temps relativement record. Les trois dernières années, avec ses multiples rebondissements, le prouvent. La manifestation du 30 juin dernier qui a mis dans les rues égyptiennes, d’Alexandrie à Assouan en passant par le Caire, une bonne quinzaine de millions de manifestants montre clairement que sur les bords du Nil, tout est possible. Le pire comme le meilleur.

Habib Ayeb, 23 décembre 2013

http://oclibertaire.free.fr/spip.php?article1471
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Re: Egypte

Messagede Pïérô » 23 Fév 2014, 13:22

Les ouvriers ne décolèrent pas
Les contestations ouvrières s’amplifient, mettant le régime dans l’embarras, avec plusieurs usines et sociétés au centre de débrayages cette semaine.
... http://alencontre.org/moyenorient/egypt ... t-pas.html

La grève des ouvriers du textile s’étend peu à peu
La grève des ouvriers de l’usine textile d’État de Mahalla commencée le 10 février 2014 pour l’obtention du salaire minimum de 1200 LE [153 CHF] que le gouvernement a accordé au public fin janvier, est en train de s’étendre progressivement aux ouvriers des 32 usines du consortium textile d’État en même temps qu’elle incite et encourage de nombreux salariés d’autres secteurs à s’y mettre à leur tour ou en tout cas à l’envisager.
... http://alencontre.org/moyenorient/egypt ... a-peu.html
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Re: Egypte

Messagede bipbip » 08 Mar 2014, 00:04

Des grèves, des grèves, des grèves…
http://juralib.noblogs.org/2014/03/05/e ... es-greves/
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Re: Egypte

Messagede bipbip » 26 Mar 2014, 11:35

Répression pour toute réponse et « illégitimité de la revendication salariale »

Des débrayages et des manifestations au cours des dernières semaines ont eu lieu impliquant les médecins et les professionnels de la santé, les balayeuses et éboueurs, les chauffeurs de bus et les travailleurs des transports publics, les postiers, les employés du gouvernement – au Caire, Alexandrie, Helwan, Tanta, Kafr al-Dawa et Suez

Sur la dernière grève en février dernier des ouvriers de Mahalla, un article in english
http://madamasr.com/content/mahalla

mais aussi sur la situation actuelle:
http://alencontre.org/moyenorient/egypt ... -pays.html

une traduction partielle et à l’arache
La police arrête des travailleurs à Alexandrie alors que les grèves continuent à l’échelle nationale

http://madamasr.com/content/police-arre ... nationwide

Par:
Mada Masr mardi 25 mars 2014

Malgré les tentatives officielles pour mettre fin à une vague de conflits du travail qui a contribué à la chute du gouvernement de Hazem al-Beblawi, un large éventail de la population active en Egypte a entrepris des grèves nationales le mardi 25 mars.

Les évolutions notables mardi inclues l’arrestation de plusieurs postiers en grève à Alexandrie, avec le début d’une campagne de masse de démission des médecins en grève. Médecins, dentistes, pharmaciens, postiers, travailleurs du textile, personnel de surveillance et d’autres ont participé à des débrayages pendant la journée.

Les tentatives officielles pour réprimer la grève des postiers dans la deuxième ville de l’Egypte ont conduit à l’arrestation de cinq organisateurs des syndicats indépendants. Ces arrestations cependant, ont servi à élargir la portée de l’agitation des postiers à ce sujet, au troisième jour de leur grève.

Plus de 50 000 employés des services postaux appartenant à l’Etat sont en grève dans tout le pays depuis dimanche.

Ces arrestations ont eu lieu à la suite des poursuites judiciaires déposées au bureau du procureur général par le chef du bureau postal à Alexandrie. Sept autres travailleurs ont également été émis des mandats d’arrêt.

…….

Cependant, un certain nombre de médias locaux a raconté comment les familles des grévistes arrêtés ont rejeté les allégations de politisation ou d’affiliation aux Frères musulmans Les membres de la famille ont également dénoncé les raids de la police et des arrestations de travailleurs dans leurs maisons.

Un certain nombre d’autres rapports des médias mentionné que la grève des postes a eu un impact négatif pour les clients, et a été perçu comme une action impopulaire par les travailleurs.

S’exprimant lors du Syndicat des journalistes dimanche, Zeinab Farag, un syndicaliste et dirigeant de la grève de la Gizeh Bureau Postal, a déclaré qu’elle et des dizaines de milliers de ses collègues avait mené une action de grève comme ils ont été exclus de la réception de la LE1 nouvellement imposée, 200 salaire minimum mensuel, n’ont pas été payés en retard bonus et, dans certains cas, effectivement reçu déductions à leurs salaires.

« Il ya assez d’argent et de ressources pour subvenir à nos besoins, mais les autorités postales ne se soucient pas de nous, pas plus qu’ils ne se soucient de nos moyens de subsistance », a affirmé Farag.

Farag et ses collègues affirment que 90 pour cent des postiers sont en grève.

Plusieurs médecins médicaux quant à eux ont présenté leur démission au ministère de la Santé le mardi. Cette campagne de démissions en masse intervient après 18 jour consécutif de grève.

Ces grèves sont des arrêts de travail partiels qui ne touchent pas les salles d’urgence, les services de soins intensifs, les pépinières, la dialyse, la chirurgie d’urgence ou d’autres conditions médicales urgentes. Une chaîne de grèves partielles ont été lancés au début de cette année.

Se joindront à eux dans cette action de grève le Syndicat des pharmaciens et le syndicat des dentistes. Le comité de grève commun pour ces professions médicales affirme que près de 75 pour cent des électeurs sont pour le maintien de la grève partielle dans les établissements de santé publique.

Le ministère de la Santé, d’autre part, affirme que seulement environ 30 pour cent de ces personnels médicaux ont effectivement participé à des grèves.

La campagne de démission collective vise quant à lui à une escalade des pressions sur les ministères de la Santé et des Finances afin de réaliser grévistes de ses objectifs: sensibiliser les médecins de départ les salaires au moins au niveau du salaire minimum, la mise en œuvre d’une échelle de rémunération supplémentaire, de plus en plus des compensations pour les maladies infectieuses , l’amélioration des normes de sécurité dans les hôpitaux publics, et en augmentant l’allocation pour soins de santé dans le budget national – de moins de quatre pour cent à 15 pour cent.

Dr Amr al-Shora, membre du conseil d’administration du Syndicat des Médecins a commenté: « Aujourd’hui, c’était le premier jour de la planification de cette campagne de démissions en masse. »

Il a précisé que les démissions seraient soumis au ministère de la Santé, une fois un certain nombre de signataires a été atteint.L’objectif du syndicat est la collecte de 20.000 signatures de démission avant la présentation.

Dr Shora à commenté qu’il était le 11ème membre du conseil d’administration du syndicat à signer la liste de démissions, bien que « beaucoup d’autres ont également signé à cette liste de démissions collectives.

Certains médias appartenant à l’État ont suggéré que les grèves et les démissions n’améliorerait pas, le système de soins médicaux du pays.

« Les hôpitaux publics manquent d’installations appropriées, l’équipement et le financement», a déclaré le Dr Shora en réponse. »C’est ce qui nuit vraiment aux patients de l’Egypte. Nous faisons partie d’un système médical aux normes sous-humains. C’est notre façon de contester ce système brisé, et qui aspirent à améliorer. »

……..

Pendant ce temps dans la ville du Delta du Nil de Kafr al-Dawwar, plus de 2.000 ouvriers du textile de la Misr Spinning appartenant à l’Etat et Weaving Company ont fait la grève pour la deuxième journée, exigeant le paiement du nouveau salaire minimum, les primes en souffrance, l’augmentation des investissements dans le industrie textile du secteur public, ainsi que la remise en marche des lignes de production au point mort au sein de leur complexe industriel.

Toujours dans le gouvernorat de Beheira, plusieurs centaines de travailleurs de garde et de nettoyage des rues de Kafr al-Dawwar et Damanhour, ont continué avec des actions de grève pour le huitième jour consécutif.

Ils ont exigé des contrats de travail à temps plein, avec le paiement de la nouvelle salaire minimum.

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Re: Egypte

Messagede Pïérô » 30 Mar 2014, 00:38

Egypte: le mouvement de grèves continue et change, peu à peu, l’ambiance politique du pays
http://alencontre.org/moyenorient/egypt ... -pays.html
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