Petite analyse perso sur les récents évènements en Égypte.
Ce que l'on peut noter déjà, c'est la formidable hypocrisie des États occidentaux et d'autres. Condamnation du massacre des islamistes par l'armée. Sauf que, sous l'ère Moubarak, ces mêmes pays occidentaux (en particulier les Etats-Unis) n'avaient pas de grands scrupules à discuter avec ce dictateur, alors même qu'ils n'étaient pas sans savoir qu'il empêchait les Frères Musulmans d’accéder au pouvoir politique, leur laissant le champ social (sans doute l'une des raisons de leur succès aux élections de l'an dernier).
Il est un point en revanche qui n'a pas été abordé, ou en tout cas volontairement occulté par ces mêmes États occidentaux et par les médias. C'est le fait qu'avant la répression des Frères Musulmans par l'armée telle qu'on le voit aujourd'hui, c'est qu'il y a d'abord eu une répression de la part des anti-Morsi, avec des affrontements sanglants. Et on ne parle pas ici de quelques bagarres dans des ruelles sombres du Caire, mais bien de batailles rangées et massives entre pro et anti-Morsi. Ce qui tend à montrer que l'Occident, quand il prétend vouloir défendre le "peuple" égyptien, oublie que ce dernier n'a pas attendu les diplomates européens et américains pour se défendre lui-même.
Il est évident que les occidentaux ont tout intérêt à ce que la situation se calme rapidement en Égypte. Sans elle, les États-Unis ne pourront pas défendre aussi efficacement qu'ils le faisaient jusqu'à maintenant Israël.
Il est un point en revanche intéressant à analyser. C'est le fait que, à sa manière, en manifestant massivement contre Morsi, le peuple Égyptien a mis en pratique le principe de révocabilité des mandats. Le mandat de Morsi n'a pas satisfait le peuple, et c'est bien pour cela qu'il est descendu si massivement dans la rue. Certes, l'armée a déposé Morsi, mais c'est parce que c'est d'abord le peuple qui l'a voulu. L'armée n'a fait que suivre (on peut néanmoins émettre l'hypothèse que ça arrangeait l'armée d'avoir un soutien populaire aussi massif). On peut supposer que, dans le concert de dénonciation, les États avait aussi cela en vue.
Imaginez ce qu'il pourrait advenir si demain d'autres peuples, en Europe par exemple, descendaient massivement dans la rue pour réclamer la mise en place du principe de révocabilité des élus. Dans des démocraties parlementaires, où le peuple attend gentiment les élections, entre chaque élection l'argument "attendons les élections, là on pourra changer les choses" tomberait. Car avec un tel principe, on peut supposer que les mobilisations collectives reprendraient du poil de la bête. Ce qui n'est ni dans l'intérêt des élus, ni dans celui des capitalistes qu'ils représentent. Cela serait d'autant plus impensable, que les élus seraient alors obligés d'écouter non plus le MEDEF mais bien le peuple. Il n'y aurait plus de passage "démocratique" en force possible, sous peine de voir des masses se soulever et manifester dans les rues pour exiger leur départ. Difficile dans de telles conditions d'ignorer le peuple et de prêter une oreille pour le moins attentive aux intérêt des patrons.