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Messagede Nico37 » 30 Déc 2010, 20:13

Danemark: Les petits soldats du crime par Olivier Truc Le Monde, Le Temps - 30 août 2010

Dans le pays réputé «le plus heureux au monde», Hells Angels, Bandidos ou Black Cobra s’entre-tuent mais ont pignon sur rue et même des porte-paroles. Ils jouent sur le racisme pour recruter les jeunes.

Appelons-le Nick, pour raison de sécurité. Il a un peu plus de 18 ans. Nick est un jeune Danois qui lutte pour sortir d’un engrenage où de plus en plus de jeunes basculent depuis quelques années au Danemark, ce pays scandinave qui passe pour «le plus heureux au monde». Nick fait partie de ces petits soldats du crime, chair à canon recrutée par des clubs de motards ou des bandes issues de l’immigration qui, depuis l’été 2008, se livrent à une guerre qui a fait 9 morts et 87 blessés au cours de 140 accrochages. La dernière fusillade a eu lieu le 21 août, quand les occupants d’une voiture ont tiré à 13 reprises sur ceux d’un autre véhicule. L’enjeu est le marché de la drogue, ou de plus vagues questions d’honneur, voire de copines. Le tout sur fond de politisation du conflit.

Lorsque le journal Le Monde l’a rencontré pour la première fois, Nick avait peur pour sa vie. Il avait une dette de drogue. Il devait la rembourser deux jours plus tard, mais n’avait pas l’argent. Il se préparait à négocier quelques jours de sursis, le temps de toucher sa paye, sachant qu’il risquait de se faire passer à tabac, voire amputer d’un doigt. Il avait peur, fumait beaucoup. Et il racontait aussi qu’il avait décidé de quitter le milieu, ce qui rendait l’opération plus délicate encore.

Nick était tombé dans la spirale deux ans plus tôt. Il était supporteur du club de foot local de Brondby et avait rejoint la cohorte des hooligans qui sont proches des motards des Bandidos. «Un soir, après un match, on a été invités à leur club pour continuer la fête.» Nick a beaucoup bu et s’est retrouvé à vendre de la drogue comme un petit soldat des Bandidos. Puis les quantités ont augmenté. Les risques aussi.
Les bagarres se sont multipliées. Contre les petites mains d’AK81: AK pour Alltid Klar, «toujours prêt», et 81 pour les lettres HA, comme Hells Angels, la bande de motards concurrente. Contre ceux des Black Cobra aussi, un gang immigré à la réputation de violence.

Quand on lui demande pourquoi il a voulu quitter ce milieu qui, de son propre aveu, lui donnait «pouvoir, fraternité, drogue et fêtes», il tire sur sa cigarette et dit en rafale: «Trop de bagarres, trop de drogues, trop de morts.» Il en a eu marre. «Je veux que ma mère soit contente de moi.»
Quitter ne sera pas facile. Surtout en ce moment où les gangs recrutent beaucoup de jeunes. Car, alors que le calme semble à peu près revenu ces derniers mois – à peine quelques blessés – tous les interlocuteurs dans les différents milieux semblent persuadés qu’une nouvelle offensive se prépare. «Et on ne pourra pas l’empêcher», constate Rune Norgaard Hansen, un des chefs de l’antigang.

Cette guerre des bandes ne serait que tristement banale si elle n’avait aussi une dimension politique, voire publicitaire. Le recrutement est devenu un enjeu de premier plan. Etonnant dans cet Etat providence où les jeunes expriment généralement une grande confiance.
Durant l’été 2009, les Hells Angels, le groupe de bikers qui domine la criminalité danoise, avait lancé sur son site internet un «manifeste des chacals». Y étaient montrés du doigt ces criminels immigrés «d’origine arabe» qui «haïssent» tout ce qui est danois. La rhétorique semblait directement empruntée à DF, le parti d’extrême droite qui a imposé depuis une dizaine d’années un durcissement de la politique d’immigration.
Eux, les Hells Angels, se sont promis de défendre le Danemark et les Danois. «C’est un conflit criminel, pas ethnique, conteste le commissaire Kim Kliver, responsable de l’Unité nationale d’investigation. Les gangs polarisent le conflit pour recruter des jeunes. C’est plus facile de recruter en appelant à défendre son pays ou son quartier que le marché de la drogue.»

La dernière trouvaille des Hells Angels a fait bondir le monde politique: créer des écoles de motards pour accueillir tous les jeunes Danois de moins de 18 ans, nombreux selon eux à être attirés par le mode de vie de ces bikers plus connus pour leur implication dans le trafic de drogue, le commerce de la contrefaçon et la prostitution. «Les jeunes peuvent venir et humer l’atmosphère du milieu», a sérieusement expliqué, au quotidien Berlingske Tidende, Jorn Jonke Nielsen, le porte-parole des Hells Angels.
Car ce groupe a un porte-parole, très sollicité par les médias danois. Il choisit ses têtes. Il a répondu négativement au Monde qui lui avait adressé une demande d’entretien par courriel, disant qu’il ne parlait généralement pas aux médias étrangers. «Trop de mauvaises expériences avec du mauvais journalisme», mettait-il en avant.

Faute d’école en dur, les Hells Angels ont pour l’instant lancé sur Internet leur «Viking Defence League» où, pour 40 euros, on devient membre et l’on obtient un tee-shirt noir avec l’emblème, un casque de Viking sur fond de drapeau danois. Leur page Facebook a déjà plus de 5000 fans. «Le fait qu’ils tentent ainsi d’attirer les jeunes est une vraie source d’inquiétude», déclare le commissaire Kim Kliver.
Les Hells Angels sont ainsi passés maîtres dans l’art de communiquer. Ils ont la réputation d’avoir de bonnes connexions dans les médias, raison pour laquelle les gangs issus de l’immigration se méfient des journalistes.

Blessée lors de cette guerre, l’une de leurs figures de proue est Brian Sandberg, baptisé «motard de la jet-set. Et héros d’une biographie très autorisée, sortie ce printemps, au titre sans équivoque, Gangster, écrit par un journaliste en vue. Avec ses lunettes branchées, sa Rolex et ses habits de marque, Sandberg a contribué à moderniser l’image du biker.
Il est un des meilleurs recruteurs de l’AK81, quoiqu’il s’en défende. «Les Hells Angels attirent les jeunes avec des missions qui ne semblent pas si terribles au départ et ne donnent pas le sentiment de sombrer dans la criminalité, comme conduire une escort girl à ses rendez-vous ou écouler des produits copiés, raconte Morten Frich, un reporter du quotidien Berlingske Tidende. Quand les Hells Angels ont publié leur manifeste expliquant que leur combat était culturel, beaucoup de Danois se sont reconnus là-dedans, même sans être Hells Angels. Jonke, le porte-parole des Hells Angels, est tellement populaire qu’il pourrait être député.»

Ce discours trouve un écho même chez certains policiers, comme Le Monde a pu le constater au cours d’une patrouille avec des hommes de l’antigang. Gilet pare-balles de rigueur, Henrik Mikkelsen, inspecteur en civil, sort ce soir-là avec deux collègues. Il a grandi à Norrebro, ce quartier au nord-ouest de Copenhague où sévit le gang de Blagards Plads et où ont eu lieu la plupart des échanges de tirs.

«Les membres des gangs immigrés n’ont pas la bonne attitude, dit cet homme qui a été menacé de mort quelques heures auparavant par un dealer «musulman», selon son expression, qui a dit tranquillement toute sa haine des flics. Avec les Hells Angels, c’est différent. Si l’on doit fouiller une de leurs voitures, ils vous laissent faire.»
Quand on lui demande ce qu’il pense du «manifeste des chacals», l’inspecteur n’hésite pas: «Oui, c’est en partie un combat culturel, mais les politiciens ne veulent pas le dire.»
Difficile pourtant de parler d’un camp «d’en face», puisque les alliances sont mouvantes, au gré des intérêts du moment. Au milieu des années 1990, Hells Angels et Bandidos s’étaient livrés à une guerre durant deux ans. Bilan: 11 morts et un accord de paix immortalisé par les caméras de télévision.

Après avoir été sur la touche ces dernières années, les Bandidos tentent de créer des alliances avec les gangs immigrés. Ces derniers relayent la frustration et l’échec de l’intégration, le sentiment, comme dit un jeune de la banlieue de Taastrup, que les Danois font «la chasse aux musulmans».
«On peut le faire aussi, prendre un Uzi et aller tirer comme des fous dans les quartiers danois», confie un ancien d’un gang issu de l’immigration de Norrebro. Pour lui, la raison du conflit est claire: «Il existe une haine de longue date qui n’a fait que grossir. Les bandes d’immigrés, c’est pas assez naturel dans un pays où vous vous sentez discriminé.»

Dans le quartier de Norrebro, Khalid Alsubeihi travaille depuis quinze ans avec les jeunes. Il est de plus en plus inquiet. «Des gamins de 13-14 ans sont embarqués dans les gangs. Dans mon propre club, des jeunes menacent, battent, expulsent de leur territoire d’autres jeunes s’ils refusent de vendre du haschich ou de faire la sentinelle.»

Faute de mieux, Khalid Alsubeihi a lancé en début d’année une association afin d’utiliser l’islam pour sortir les jeunes de la mouvance des gangs. «Pour moi, la religion peut être un moyen de devenir un homme bon. Mais les Danois sont très suspicieux pour tout ce qui touche à l’islam.»
Khalid Alsubeihi reproche l’absence de trop nombreux parents et le manque d’engagement des partis politiques. Mais il accuse aussi les bandes immigrées d’user du même registre que les Hells Angels. «Ils jouent aussi la carte raciale, disant que les Danois nous haïssent parce que nous sommes musulmans. Ils en profitent ainsi pour recruter.»

Certains responsables politiques, notamment à l’extrême droite, envisagent aujourd’hui l’interdiction des clubs de motards. Pour les jeunes issus de l’immigration, le discours est aussi au durcissement. Nick, quant à lui, a finalement réussi à s’acquitter de sa dette. En gardant tous ses doigts. Mais il va devoir fuir. Il a un plan: il va s’engager dans l’armée.
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Re: Danemark

Messagede Pïérô » 17 Avr 2015, 11:46

La flexicurité, le capitalisme déguisé en partenariat

Heureux comme un patron au Danemark. À en croire d'étranges classements publiés chaque année, les Danois seraient le peuple le plus heureux au monde. Et la source de ce bonheur national serait un néologisme barbare sonnant comme un incantation magique aux oreilles des socio-libéraux, la flexicurité (ou flexisécurité). L'Union Européenne en a fait dès le Sommet de Lisbonne en 2000 le « levier majeur de sa stratégie », pointant sept ans plus tard la nécessité de « définir des principes communs de flexicurité ». En France, c'est pour aboutir à une « flexicurité à la française » que fut finalisé en 2013 l'Accord National Interprofessionnel (ANI), accord qui marquait pour l'encore présidente du Medef, Laurence Parisot, « un événement dans l'histoire économique et sociale de notre pays. Premièrement, parce que cette loi installe enfin la fléxisécurité du marché du travail. » Plus récemment, en visite au Danemark en novembre 2014, le premier ministre Manuel Valls voyait dans le système social local une « source d'inspiration ». Mais quels sont alors les ressorts de ce modèle présenté comme le nouvel horizon ?

Selon ses défenseurs, la flexicurité (flexicurity en VO) serait l'alliage parfait de flexibilité pour les entreprises et de sécurité pour les salarié·e·s. D'un côté, le droit du travail est à peine réglementé, accordant aux entreprises une souplesse qui permettrait de favoriser les embauches et d'assurer le plein emploi. De l'autre, les salarié·e·s bénéficieraient d'une assurance chômage très protectrice. Bref, comme on dit en novlangue, un partenariat gagnant-gagnant. Reste que, même en évacuant la question du salariat pour tou·te·s comme idéal à atteindre, l'analyse du laboratoire danois de la flexicurité, on s'en doute, ne tient pas ses promesses.

Côté flexibilité, rien à redire. Au Danemark, la loi ne fixe pas de durée du temps de travail. Si, dans les faits, celle-ci s'établit à 37 heures par semaine dans la plupart des conventions collectives, rien n'oblige une entreprise à adhérer à une convention collective. Pas non plus de salaire minimum ni de modèle de contrat de travail, les négociations se font entre employeur et syndicats. L'âge légal de départ à la retraite a été récemment repoussé à 67 ans.

Pas non plus de garantie du droit de grève : elle est interdite pour les fonctionnaires et fortement entravée pour les salarié·e·s du privé. Les grèves ne peuvent avoir lieu que dans le cadre de la négociation d'une nouvelle convention collective. Elles doivent respecter une « obligation de paix sociale », être votées par 75 % d'une AG jugée compétente, faire l'objet d'un préavis 14 jours avant leur déclenchement, etc. Les grèves ponctuelles, perlées, du zèle sont interdites. Bref, au Danemark, on fait rarement grève.

Enfin, la procédure de licenciement est très peu contraignante. Il suffit pour le patron d'arguer d'un « manque de compétences » du/de la salarié·e ou de difficultés économiques de l'entreprise. L'employeur n'a pas à verser d'indemnités, sauf à partir de 12 ans d'ancienneté (1 mois de salaire en indemnités). Et encore, cette règle ne s'applique pas aux « cols bleus », aux ouvriers donc. Au chômage, un·e travailleur·se touche 60 % de son salaire pendant 2 ans maximum, sans dégressivité (contre 90 % sur 3 ans jusqu'en 2010). Encore faut-il pour cela qu'il/elle ait cotisé à l'assurance chômage, l'affiliation à une caisse étant facultative. En parallèle, le contrôle des chômeur·se·s est très strict et assorti d'une foule d'obligations : aller aux rendez-vous de l'agence pour l'emploi, rencontrer au moins 4 employeurs par semaine, suivre une formation, accepter de changer de métier et même de région... En langage flexicuritaire, on parle d'« activation du demandeur d'emploi ». Les caisses d'assurances chômages sont des organismes privés agréés par l'État et proches des syndicats. Elles sont financées par les impôts et par les cotisations des travailleur·se·s. Les employeurs, eux, ne cotisent pas. D'ailleurs, ils ne cotisent pour presque rien (12 % de la rémunération du/de la salarié·e – principalement une cotisation retraite –, contre 41 % en France). Quant à l'impôt sur les sociétés, il se situe dans la moyenne basse des pays riches, à 22 % (33 % en France, 39 % aux États-Unis).

Ainsi, on le voit, l'organisation du marché du travail danois est uniquement d'inspiration libérale. Elle repose sur la mystification d'un rapport d'égal à égal entre le travailleur et le patron, comme si la relation de subordination du premier au second relevait d'un choix librement consenti, alors que l'absence de contrainte légale place l'employeur en position de toute puissance. Par les restrictions au droit de grève, elle interdit la revendication collective. Par l'absence de droits universels au profit de la seule hypothétique cogestion par branche ou entreprise, elle entrave la prise de conscience collective d'un intérêt de classe, personne n'étant logé à la même enseigne. Et elle précipite dans la précarité et l'isolement celles et ceux travaillant dans des déserts syndicaux. Elle organise la captation par les possédants d'une part toujours plus importante de la richesse née de la production, puisqu'elle limite la part redistribuée aux travailleur·se·s au seul salaire direct. Le salaire différé/socialisé, cette part de la rémunération que le patron ne verse pas directement au travailleur mais aux caisses d'assurance sociale, et qui est ensuite redistribuée à tou·te·s sous forme d'assurance chômage, santé, etc n'existe pas. De fait, la rémunération globale des travailleur·se·s est alors d'autant plus faible. La flexicurité exonère même le capital de toute responsabilité sur les conséquences sociales de ses choix productifs ou de rentabilité, puisqu'il ne cotise pas à l'assurance chômage et que marginalement à la protection sociale. Pire, alors que la flexicurité organise la précarité de l'emploi, ce sont les travailleurs-ses qui sont pointé-e-s comme responsables de leur situation de chômage, et sommé-e-s de s'adapter aux besoins du capital. Flexibilité oui, sécurité, non.
Dans ces conditions, on pourrait s'étonner que le Danemark ne vive pas une situation de chaos social.

Si le système fonctionne c'est que, longtemps, il a tenu une de ses promesses, celle du quasi plein emploi. Pourtant, si plein emploi il y a eu, ce n'est pas grâce à la flexibilité, c'est même plutôt contre elle.

Le Danemark vit principalement de ses exportations. En période de croissance mondiale, l'économie se portait donc bien. Puis il y eut la crise de 2008-2009, les exportations se sont écroulées, le chômage a grimpé... deux fois plus vite que chez les pays voisins, et pour cause. Les salarié·e·s étant moins protégé·e·s qu'ailleurs en Europe, ils/elles se sont fait virer plus vite ! Depuis, le taux de chômage est retombé (autour de 5 %). Sauf que, entre temps, les règles d'indemnisation ont été durcies. De l'aveu même d'un banquier danois, si le chômage diminue, c'est de « façon artificielle, par la réduction des périodes de prestations ». Statistiquement, si beaucoup de demandeurs-ses d'emploi ont été rayé-e-s de la case chômage, ils/elles n'ont pas été aussi nombreux-ses à retrouver un travail.

Au-delà de la question du chômage, le pilier qui assure le mieux la pérennité du système, c'est la couverture sociale assez étendue prodiguée par l'État : gratuité des soins et crèches, bourses versées à tous les étudiants, etc. 34 % du PIB est consacré à la protection sociale (contre une moyenne de 29 % pour l'ensemble de l'Union Européenne). Et c'est là le coup de génie de la flexicurité, faire croire aux Danois·es que leur système est solidaire et redistributeur. Ce qu'il n'est pas.

Puisque les entreprises paient peu d'impôts, puisqu'elles ne cotisent pas à un salaire différé/socialisé qui n'existe pas, puisque le capital n'est quasiment pas taxé, qui paie pour les dépenses sociales ? Et bien, tous les autres. Les travailleur·se·s, les classes moyennes et populaires, les précaires, les pauvres, les étudiant·e·s. Tou·te·s, aussi faible soit leur revenu, paient a minima un impôt de base de 4,64 %, qui augmente ensuite en fonction des revenus. A celui-ci s'ajoute une contribution de 8 % ponctionnée sur tous les revenus : sur les salaires, mais aussi les pensions de retraite et même les bourses d'étude. Suivent une foule de taxes (pour l'assurance vieillesse et la santé par exemple) et enfin l'impôt injuste par excellence, la TVA, parmi les plus élevées au monde (25 %). Puisque l'impôt est fort, les riches pourraient craindre de payer beaucoup. Pas de panique, s'il y a tout de même un taux majoré pour les très hauts revenus, l'État a pris garde à limiter le taux d'imposition global à 51 % des revenus.

En proportion, ce sont donc les pauvres qui contribuent le plus à la redistribution, donnant plus que les riches pour des soins ou des crèches présentés comme gratuits (et qui sont aussi « gratuits » pour ces mêmes riches). Dernier coup de bluff, les pauvres ne s'en plaignent pas puisqu'ils ne s'en rendent pas compte, tous les impôts étant prélevés à la source.

En finançant la protection sociale par l'impôt plutôt que par la cotisation sur la production, le système danois dépossède les travailleur·se·s d'une potentielle gestion collective de la solidarité pour donner tout pouvoir à l'État. Il institutionnalise le déséquilibre dans la contribution entre les riches et les autres, les taxes et impôts indirects type TVA frappant tout le monde du même montant quelque soit le revenu. Enfin, il fragilise la protection sociale, soumise aux aléas des « alternances », des « crises »... L'État peut, de son propre chef, supprimer du jour au lendemain une prestation. Au Danemark, les populations immigrées ont les premières subies, ces dernières années, des coupes immédiates dans leur couverture sociale.

Si la flexicurité est d'abord un système spécifiquement danois, ses fondements pratiques et idéologiques séduisent les classes dominantes ailleurs en Europe, qui y puisent une méthode et un argumentaire pour s'arroger une part toujours plus importante de la richesse produite. Présenté sous un jour favorable (le bonheur, le plein emploi, la protection sociale, l'absence de conflits sociaux) par les politiciens et les grands médias, ce « donnant-donnant » se fait peu à peu une place, ici, en France, générant de nouveaux reculs sociaux. Petit à petit, les possédants s'approprient de nouveaux pans de richesse jusque là redistribuée aux travailleurs-ses en adaptant au système français deux outils centraux de la flexicurité : le démantèlement du droit du travail et le transfert du financement de l'assurance sociale de la production vers l'impôt. Déjà, on simplifie les procédures de licenciement, on glisse d'un droit du travail universel vers des négociations branche par branche voire boite par boite, on augmente la TVA, on exonère les entreprises de leurs cotisations sur les bas salaires pour basculer la « redistribution » sur les finances de l'État...

Romain,
groupe de Montpellier

http://www.c-g-a.org/motion/la-flexicur ... artenariat
Image------------ Demain Le Grand Soir --------- --------- C’est dans la rue qu'çà s'passe --------
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Re: Danemark

Messagede bipbip » 11 Aoû 2015, 12:27

Danemark : Affrontements à la ’Reclaim the Streets’ à Copenhague

La nuit dernière (du 8 au 9), une manifestation ’Reclaim the Streets’ a tourné à l’émeute à Copenhague, dans le quartier de Nørrebro. Un très grand nombre de cocktails molotov et de pavés ont été lancés vers la police anti-émeute lorsque celle-ci est arrivée vers 22h en apprenant que la manifestations attaquaient banques et agences immobilières en taguant et détruisant leurs vitrines. De nombreux magasins ont été pris pour cible, et plus tard dans la nuit, ce sont le musée de la police et un commissariat qui ont été visés par les centaines de manifestants masqués et vêtus de noir. Trois personnes ont été arrêtées, dont deux pour port d’arme. Il n’y a apparemment pas eu de blessés ni d’un coté, ni de l’autre.

vidéos : http://www.secoursrouge.org/Danemark-Af ... Copenhague
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Re: Danemark

Messagede Blackwater » 15 Aoû 2015, 13:28

« Chers réfugiés » : des Danois répliquent à la campagne anti-migrants du gouvernement

Le nouveau gouvernement de droite danois ne veut plus accueillir de migrants et l’a fait entendre très clairement en juillet à travers son projet de loi destiné à rendre le Danemark « moins attractif financièrement » pour les demandeurs d’asile. La ministre de l’Immigration, de l’Intégration et du Logement Inger Støjberg a annoncé, de surcroît, la diffusion d’une campagne de publicité anti-immigration dans la presse étrangère. L’idée de la ministre : détailler toutes les mesures envisagées par le gouvernement danois pour durcir la politique migratoire, et faire comprendre aux migrants qu’ils seront mal reçus.

L’annonce du gouvernement danois intervenait quelques semaines après les élections législatives, marquées par le score historique du Parti populaire danois, une formation politique particulièrement hostile à l’immigration et projetée grâce à ses 21,1% au rang de premier parti de droite du pays, devant le Parti libéral. En réaction aux messages inhospitaliers du gouvernement, des citoyens danois se sont mobilisés sur les réseaux sociaux et dans les médias. Ils ont voulu diffuser, à l’inverse, un message publicitaire de bienvenue.

Le collectif citoyen « Bienvenue aux réfugiés » – dont on peut consulter la page Facebook (en danois), likée par 20 000 personnes – a lancé sa contre-attaque en début de semaine dans le quotidien britannique The Guardian.

Le message de bienvenue des citoyens danois aux migrants.

« Chers réfugiés, nous vous souhaitons la bienvenue au Danemark. [...] Nous ne pensons pas qu’il soit souhaitable que des familles déchirées par la guerre apprennent qu’un ministère danois prévoit une campagne publicitaire fondée sur une logique erronée et malsaine, une logique selon laquelle des familles de réfugiés choisiraient l’endroit où elles s’installent en fonction du profit qu’elles pourraient y faire. Pas en notre nom ! Alors, cher être humain, voilà une autre voix au Danemark, une voix qui représente la paix, la solidarité et la décence humaine. »

C’est grâce à une campagne de financement participatif en ligne que le collectif a pu diffuser cette page de publicité, qui lui aurait coûté 200 000 couronnes danoises (environ 26 000 euros). Le collectif a également annoncé sur les réseaux sociaux que la campagne de financement avait réuni assez d’argent pour envisager la publication du message de bienvenue dans un autre journal, allemand cette fois. La porte-parole du mouvement, Marianne Rosenkvist, se dit agréablement surprise du nombre d’internautes qui soutiennent le mouvement.

Le collectif a également publié une liste de sept bonnes raisons pour les migrants de venir au Danemark :

« Le Danemark est un des pays les plus riches et les plus stables d’Europe, et nous avons la capacité d’accueillir plus que les 5 000 demandeurs d’asile auxquels nous avons ouvert nos portes pour l’instant cette année.
Le Danemark fait partie des pays d’Europe qui acceptent le plus de réfugiés.
Le temps de traitement des demandes est parmi les plus courts d’Europe.
L’éducation est gratuite au Danemark, et nous donnons même une aide financière aux étudiants.
Le salaire minimum est élevé au Danemark, et les syndicats sont puissants. Cela rend difficile, pour un nouvel arrivant, de trouver du travail, mais sur le long terme les réfugiés ne deviendront pas des “travailleurs pauvres” comme en Allemagne et en Grande-Bretagne.
La plupart des réfugiés décrivent les Danois comme un peuple très amical, ouvert d’esprit et serviable. Un nouveau mouvement civique se dessine, en réaction aux politiques gouvernementales.
Nous avons besoin de vous ! Notre population est vieillissante, et il n’y a pas assez de jeunes gens pour prendre le relais. L’industrie et les employeurs ne cessent de lancer l’alerte à ce propos. Par conséquent, il deviendra bientôt beaucoup plus facile de trouver un poste intéressant au Danemark que dans les pays voisins. »
Ce collectif solidaire prend le contre-pied publicitaire du durcissement de ton de son gouvernement. Une manœuvre habile qui mérite d’être relayée.

http://rue89.nouvelobs.com/2015/08/13/c ... ent-260754
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Re: Danemark

Messagede bipbip » 21 Aoû 2015, 02:19

Danemark : Raid policier contre le BumZen à Copenhague

Jeudi passé (13) à l’aube, le centre anti-autoritaire BumZen, à Copenhague a fait l’objet d’une raid policier. Des policiers masqués et armés de l’unité anti-gang de la police criminelle, suivis de policiers d’autres services, ont menotté toutes les personnes présentes dans le bâtiment. Le prétexte invoqué était que ils étaient à la recherche pour les participants des affrontements survenus lors de la manifestation Reclaim the Streets du week-end précédent (voir notre article http://www.secoursrouge.org/Danemark-Af ... Copenhague). Bien que environ 25 personnes étaient présentes lors du raid, aucune n’a été autorisée à superviser la police alors qu’ils fouillaient leurs chambres et leurs affaires. La police a emmenés les personnes qui avaient leur adresse officielle au BumZen. Elles ont été inculpées en vertu du paragraphe 134a, (participation à une émeute).

Trois autres endroits ont été perquisitionnés le même matin. Deux jeunes de 17 ans ont été arrêtés et enfermés, sous l’accusation d’avoir brisé les vitres d’une banque à Østerbro. Le samedi 15 août une initiative de solidarité a eu lieu au BumZen, tous les fonds recueillis ont

http://www.secoursrouge.org/Danemark-Ra ... Copenhague
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Re: Danemark

Messagede bipbip » 09 Fév 2016, 03:18

Danemark : Passeport confisqué pour avoir combattu Daesh

Jeudi 4 février, les autorités danoises ont confisqué le passeport de Joanna Palani, jeune femme d’origine kurde iranienne. De retour d’Irak et de Syrie, où elle a combattu au sein des YPJ, elle est accusée de « menacer la sécurité nationale ». Une nouvelle loi, entrée en application en mars dernier, permet à la police de confisquer les passeports et d’interdire la sortie du territoire au nom de la « lutte contre le terrorisme ».

http://www.secoursrouge.org/Danemark-Pa ... attu-Daesh
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Re: Danemark

Messagede bipbip » 06 Déc 2016, 03:06

Danemark : Arrestations à une manifestation antifasciste

Au moins 10 personnes ont été arrêtées après les incidents qui ont éclaté hier samedi lorsque la police anti-émeute de Copenhague a empêché les manifestants antifascistes d’atteindre un rassemblement islamophobe PEDIGA. Celui-ci n’a rassemblé qu’une soixantaine de manifestants qui avaient prévu de traverser des quartiers populaires. Mais les contre-manifestants antifascistes, bien plus nombreux, les ont obligé d’y renoncer et de modifier leur itinéraire. Des barricades ont été construites et des feux allumés. Les personnes arrêtées l’ont été pour "agression contre un policier, vandalisme et refus d’obéir aux ordres".

http://www.secoursrouge.org/Danemark-Ar ... tifasciste
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Re: Danemark

Messagede bipbip » 21 Déc 2017, 17:54

La face cachée du contrôle des chômeurs

Danemark : Un chômeur peut être arrêté à l’aéroport s’il part sans prévenir

Une enquête de Franceinfo sur le système de contrôle des chômeurs au Danemark, souvent érigé en modèle par les gouvernements libéraux, montre le quotidien très contraignant et humiliant des demandeurs d’emploi. Obligés de postuler deux fois par semaine, les chômeurs sont souvent contraints d’accepter une offre d’emploi non-conforme à leurs qualifications et à leur expérience, et souvent loin de chez eux. Le système de contrôle va jusqu’à remettre partiellement en question la liberté de mouvement puisqu’il est possible de se faire arrêter si l’on tente de partir sans prévenir. Maximiser la disponibilité des demandeurs d’emploi, les pousser à accepter n’importe quelle offre défavorise l’ensemble des travailleurs face à leurs patrons.

... http://www.revolutionpermanente.fr/Dane ... s-prevenir
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