Suède: Centième anniversaire de la SAC

Suède: Centième anniversaire de la SAC

Messagede chaperon rouge » 16 Aoû 2010, 18:44

Cette année un syndicat suédois à tendance anarchiste, la SAC (Sveriges Arbetares Centralorganisation – traduction ‘Organisation Centrale des Travailleurs-euses de Suède’) célèbre son centenaire et l’IWW BIROC (Comité régional des Îles Britanniques de l’IWW) était invité aux célébrations en tant qu’invité international, aussi bien que des délégué-e-s de la CGT espagnole, de l’USI italienne et de la SKT sibérienne.

En raison en partie de la non-participation de la Suède aux guerres mondiales, la SAC est demeurée un syndicat assez important à travers son histoire et compte aujourd’hui entre 6000 et 7000 membres. La Suède compte environ 9 millions de personne et le taux de syndicalisation est extrêmement élevé, à près de 70 à 80%. Les droits de négociation sont très forts, alors que même 2 ou 3 personnes sur un milieu de travail peuvent se déclarer être un syndicat, afin d’être reconnu par leur employeur.

La confédération syndicale majoritaire est la LO, qui est comparable à la Trades Union Congress britannique, mais qui joue un rôle de coordination plus actif que la TUC. Dans le passé, la SAC a principalement organisé les travailleurs-euses du bois, les mineurs-euses et les travailleurs-euses de la construction, alors qu’aujourd’hui la plupart de ses membres sont employé-e-s dans le secteur public ou dans les industries de service (ce parcours est en quelque sorte similaire à celui du membership de l’IWW).

La SAC participe également à la gestion du Fond de chômage suédois, ce qui démontre l’importance de la place que celle-ci occupe dans la société. Elle possède un grand édifice de bureaux à Stockholm qui abrite sa propre presse à imprimer. La SAC publie 2 journaux hebdomadaires. En plus d’entrepôts pour ses réserves de matériel promotionnel (dont la qualité est extrêmement professionnelle) et une salle de conférence, le bâtiment de bureaux comprend également un tableau pour les coupures de presse quotidiennes, et une librairie de journaux provenant d’organisations du même genre de partout dans le monde. Le rez-de-chaussée de l’édifice est loué par des restaurants et abrite une station de métro. La SAC a également une section jeunesse (qui ne fait pas partie du syndicat lui-même), la SUF (Syndikalistika Ungdomsförbundet), qui compte plusieurs centaines de membres et qui publie également son propre magazine.

La SUF est derrière l’ingénieuse et bien organisée initiative Planka, qui fait partie d’une campagne internationale pour le transport public gratuit. Les utilisateurs-trices du système de métro peuvent payer une abonnement mensuelle à Planka et ensuite voyager librement. S’ils ou elles se font prendre, Planka payera leur amende à partir de l’argent accumulé. Le substantiel restant de l’argent accumulé sert de fond général pour le mouvement radical. Planka compte plusieurs milliers de membres et se renforce de plus en plus.

Solidarité internationale

L’événement du centenaire a pris la forme d’une semaine de discussions et de rassemblements. Je suis arrivé le jeudi 10 juin et ce jour là, il y avait un Forum sur la Solidarité Internationale. Le premier orateur parla à propos de la différence entre la « philanthropie » patroneuse et l’authentique solidarité internationale entre égaux. Ensuite, un ex-secrétaire général du syndicat, un travailleur social, expliqua avec un schéma les éléments structurels de la SAC et plus largement, de la Coordination Rouge et Noire.

Systembolaget et travailleurs-euses agricoles sud africain-e-s

Nous avons également écouté Emil Boss qui travaille à la Systembolaget (le fournisseur suédois d’alcool opéré par le gouvernement). Lui et ses collègues de travail à la SAC ont appris que les travailleurs-euses des fermes vinicoles en Afrique du sud qui fournissaient les magasins de la Systembolaget vivaient de rudes conditions, incluant parfois d’être payé-e-s en alcool. Ils et elles ont mis de la pression sur l’employeur, qui cherchait à garder ses apparences d’éthique, pour faire une visite de « responsabilité sociale entrepreneuriale » en Afrique du sud. Au départ, ils et elles ne voulaient seulement que discuter avec les patrons là-bas, mais des appels de camarades internationaux de la SAC les amenèrent à visiter les fermes et à obtenir que puissent entrer dans les fermes le syndicat des travailleurs-euses agricoles d’Afrique du sud, Sikhula Sonke, ce à quoi les patrons des fermes ont fortement résisté. Depuis l’intervention du syndicat, les conditions se sont améliorées pour les travailleurs-euses agricoles.

Travailleurs-euses du Cinéma et la FAU

Un autre activiste de la SAC a parlé à propos d’une action conjointe prise par la SAC avec la FAU allemande. La FAU avait syndicalisé un cinéma de Berlin et la Cour avait jugé que celle-ci ne pouvait se qualifier pour le statut de syndicat légal. Les travailleurs-euses souhaitèrent prendre action en solidarité. Elles et ils visèrent des actions contre les films allemands durant le Festival du Film de Stockholm, collant des affiches et distribuant des dépliants, même si elles et ils vivaient un conflit de travail dans leur propre milieu de travail en même temps, ce qui rendait les choses plus difficiles. Elles et ils tentèrent de rallier les travailleurs-euses de cinémas d’à travers l’Europe pour prendre action en support de la FAU. La FAU était contente puisqu’elle souhaitait obtenir l’attention des médias. La section locale de la SAC de Göteborg fit plus d’action durant le Festival du Film de Göteborg, distribuant plus d’affiches et de dépliants. La SAC envoya également quelqu’un à Berlin pour rencontrer la FAU face à face. Les travailleurs-euses de cinéma étaient une nouvelle section de la SAC, et étaient heureux-ses de prendre action aussi rapidement. Cela les inspira à travailler davantage internationalement, à travers le comité international de la SAC (IK) et directement à travers les canaux de leur industrie, et elles et ils ont gardé les liens qu’elles et ils ont tissé dans le support à la FAU.

Les 26 de Malmö

Ensuite, nous avons écouté à propos d’un dur conflit à Malmö en 2008. Un chef d’un restaurant de sushi avait été battu par son patron et un blocage par la SAC avait suivit. Dans la législation suédoise, la police n’était pas supposée interférer dans les conflits entre travailleurs-euses et employeurs… jusqu’à maintenant. La police agit brutalement envers les bloqueurs-euses, tentant une fois de les disperser avec du gaz lacrymogène (aspergé de près dans la figure) et des matraques. 26 bloqueurs-euses furent accusé-e-s d’avoir tenter d’empêcher des gens d’entrer dans le restaurant. Des images de la CCTV furent utilisées comme preuve. En Suède, il est rare que les activistes syndicaux soient accusé-e-s comme cela. Alors que la Cour examinait la possibilité de bannir totalement les blocages, plus de support international était reçu. Cette solidarité était très importante puisque ce cas faisait figure de test. L’IK reçu des messages de support d’outre-mer. Il y avait plus de support reçu d’outre-mer que des autres syndicats suédois. Des syndicats réformistes du Chili envoyèrent des messages de support et la CGT espagnole alla à l’ambassade suédoise. Des français-e-s étaient heureux-ses de voir la SAC être militante et non réformiste comme ils et elles l’accusaient d’être par le passé! Maintenant, les blocages sont pratiquement criminalisés en Suède. C’était très controversé parmi les syndicats majoritaires et la gauche. Il est inhabituel que le parti de gauche affirme son support pour la SAC – alors quand il le fait, c’est apprécié. Les 26 de Malmö n’ont pas fait appel, de peur que si le jugement allait contre eux et elles dans l’appel, les blocages pourraient être complètement interdits. Le dossier judiciaire obtint beaucoup d’attention médiatique et la SAC recruta beaucoup de nouveaux membres durant cette période. La SAC eut également plusieurs victoires contre d’autres restaurants après cette action, alors que les propriétaires de restaurant surent contre quoi ses membres se soulevaient.

Travail international futur

Ensuite, il y avait une discussion sur le présent travail et les buts futurs de l’IK de la SAC, avec des suggestions de membres invité-e-s. L’IK a tenté d’informer les membres de la base de la SAC qu’elle pouvait être un bon outil pour mettre de la pression sur des employeurs locaux. Plusieurs membres de la base ne sont pas même au courant de l’existence de l’IK.

Des membres de la SAC et des visiteurs-euses internationaux-ales discutèrent de la Coordination Rouge et Noire (R&BC). Dernièrement, les choses ont été plus calmes et moins actives en rapport à la R&BC. Il y a un différent d’opinion dans la R&BC à propos de comment les syndicats devraient collaborer. La CGT espagnole, qui compte 9000 membres dans son syndicat des transports (le membership du syndicat entier est près de 6 fois supérieur à ce nombre), coopère également au niveau international avec d’autres syndicats en dehors de la R&BC.
Tou-te-s convenurent qu’il y avait une réticence à disperser des énergies de travail « sur le terrain » pour du travail de comité international.

Organisation

Le vendredi 11 juin, il y avait une autre journée remplie de discussions. La journée était divisée en ateliers avec des questions écrites pour faire réfléchir les délégué-e-s autour de lignes stratégiques et critiques. J’ai également parlé de nos activités dans la BIROC, aux côtés d’un délégué de la CGT espagnole.

Berns

Emil Boss (local Systembolaget/Stockholm) a fait un briefing sur le conflit de Berns. Berns est une immense boîte de nuit de Stockholm, avec deux restaurants. Un syndicat réformiste a une convention collective avec les restaurants. Les suédois-e-s sont directement employé-e-s par Berns et profitent de meilleurs droits que les travailleurs-euses immigrant-e-s précaires, qui sont employé-e-s par des sous-contractants pour faire le sale boulot, et qui n’ont pas de droits. Il s’observe clairement une force de travail à deux vitesses.

Certain-e-s de ces travailleurs-euses précaires ont joint la SAC, et se sont syndiqué-e-s pour forcer leurs employeurs à de meilleurs termes et conditions de travail. Toutefois, les deux fois que cela se produisit, Berns mit fin au contrat de nettoyage avec la compagnie sous-contractante, et signa un contrat à un autre sous-contractant, gardant les mêmes travailleurs-euses mais, renversant le progrès réalisé dans leurs conditions.

L’équipe de 20 nettoyeurs-euses était conçue pour travailler à l’occasion des journées de 22 heures, jusqu’à 6 ou 7 jours par semaine. Un nettoyeur rapporta comment il avait à dormir sur le milieu de travail entre les changements d’équipe de travail, sur une pile de boîtes de carton. Ils et elles n’avaient pas le droit à prendre recours au niveau juridique puisqu’elles et ils n’avaient pas de papiers, et avec aucun papiers officiels pour leur permettre de travailler en Suède. Cette vulnérabilité les a rendu spécialement exploitables.

Éventuellement, Berns dit aux nettoyeurs-euses que certain-e-s de ceux et celles-ci auraient à être renvoyé-e-s puisqu’il n’y avait plus de travail pour eux et elles. Dans le passé, les nettoyeurs-euses avaient toujours été déplacé-e-s entre divers lieux de travail, alors ça n’a pas sonné comme la vérité... spécialement parce que seul-e-s les membres de la SAC étaient pour être renvoyé-e-s – alors que, dans un geste de générosité incroyable – les travailleurs-euses non-syndiqué-e-s étaient pris-e-s directement par Berns.

La SAC a ciblé Berns avec un blocage toutes les fins de semaine depuis le 06/02/10, avec au moins 50 personnes qui ont pris part à chaque fois. Il y a eu plusieurs opportunités pour Berns de mettre fin au conflit, mais il a choisi de camper sur ses positions et de prolonger la lutte, un peu comme la présente position du patron de British Airways, Willie Wash. Les demandes de la SAC, que la direction de Berns a refusé de négocier, vont de la complète réintégration des nettoyeurs-euses avec une firme dans laquelle ils et elles auront de bons termes et conditions de travail à une compensation monétaire pour les employé-e-s renvoyé-e-s (sans réintégration).

Ceci est maintenant devenu une partie de rancune pour ceux et celles impliqué-e-s, et une de haut niveau en plus, avec des débats et de la couverture à la radio, à la télé et dans les journaux. D’autres employeurs de l’industrie de la restauration supportent financièrement les patrons de Berns. Le blocage a maintenant coûté des millions au chiffre d’affaires de Berns, en plus de quelques artistes puisque certain-e-s ont cancellé et décommandé leur performance, après avoir été contacté-e-s par la SAC. Le complexe entier fut forcé de fermer le 1er mai. Des politicien-ne-s de droite du « Pari Modéré » prennent également part au conflit, qualifiant les membres de la SAC de « criminel-le-s » et de « mafia » dans les médias. Ils et elles soutiennent que la SAC fait erreur en prenant Berns pour cible, plutôt que le sous-contractant. Ils et elles prétendent également que la SAC tente simplement d’extorquer de l’argent de Berns pour financer le syndicat.

Emil a affirmé que la SAC est en fait le syndicat qui fait le plus usage de la Cour du travail en Suède, mais en raison du statut sans papier des nettoyeurs-euses de Berns, l’action directe sous la forme du blocage est la seule tactique qui peut être utilisée dans ce conflit.

Comment est-ce que la SAC travaillera dans 5 / 10 / 50 ans ?

Le prochain atelier demanda aux membres de la SAC de réfléchir sur le futur du syndicat, de l’industrie et du pays comme un tout, et comment il pourrait jouer son rôle dans les court, moyen et long termes.

Les membres ont généralement semblé optimistes. Ils et elles prévoient de voir des progrès et une force augmentée dans les 5 prochaines années. Le développement des récentes années a été rapide plutôt que stable et elles et ils sentent que la SAC est une « organisation vivante ». Le membership est décroissant mais elles et ils sentent que le niveau d’activité du syndicat croît. Pendant ce temps, la situation économique en Suède, un pays prospère, est en ralentissement.

Dans 10 ans, elles et ils prévoient que certaines des sections plus vieilles et inactives de la SAC seront peut-être disparues, et que les sections les plus actives devraient être poussées de l’avant. De grands changements sont probables dans la société et il fut reconnu qu’il y a une forte montée de l’extrême-droite en Europe.

Sans surprise, les membres ont trouvé difficile de commenter le portrait possible dans 50 ans puisque celui-ci dépendra de comment la société se sera développée, ce qui est difficile à prédire autant d’années avant. Quelques membres ont exprimé des vues optimistes que le LO, l’équivalent réformiste suédois de la TUC britannique, imploserait ou se désintégrerait dans les années à venir (au bénéfice direct de la SAC). L’évidence de ce point de vue n’était toutefois pas hors de tout doute…

Notre camarade David O’Connell a questionné les membres de la SAC à propos de leurs liens avec les autres syndicats et de la place de la SAC dans la lutte des classes plus large. Elles et ils ont répondu que des difficultés dans les liens sont vécues puisque la LO voit négativement la SAC. Plusieurs membres reconnaissent toutefois que la SAC ne détient pas de monopole sur les syndicalistes et qu’alors bien sûr, il y a des sections militantes dans LO (certaines sont même des ex-SAC) qu’il est sage de garder de bonnes relations avec et idéalement de travailler côte à côte lorsque c’est possible. La LO s’étend à travers les frontières nationales et il y a une rumeur d’une rupture avec la LO norvégienne. Leur conférence nationale est maintenant organisée par une section rebelle qui s’oppose au parti Social Démocrate.

Blocage #1

Cette soirée là, la SAC tint un blocage contre Berns. Ce devait être une action encore plus grande et forte que d’habitude alors que la section jeunesse du Parti de gauche était attendue pour soutenir l’action. Emil avait informé tou-te-s les invité-e-s sur le fond du conflit et les délégué-e-s de tous les pays avaient accepté de parler aux médias suédois en tant qu’« observateurs-trices internationaux-ales ». La délégation de l’IWW allait déclarer qu’elle se pencherait sur un cas similaire à la London & Regional, une compagnie basée en Grande-Bretagne qui possède Berns (et qui manque beaucoup de l’investissement émotionnel et de l’entêtement des patrons de la Berns de Stockholm). Les camarades de l’USI allaient expliquer que dans leur pays, l’Italie, elles étaient impliquées dans la lutte contre la véritable mafia. Les activistes de l’USI ont organisé une protestation contre l’assassinat par la mafia d’un juge en Italie qui voulait adopter une loi semblable à celle qui existe au Danemark (et que la SAC souhaite également en Suède), qui rendrait responsables les entreprises de ses travailleurs-euses, même si ceux et celles-ci sont employé-e-s par des sous-contractants. Finalement, le délégué de la CGT allait annoncer que la CGT est le quatrième plus gros syndicat en Espagne et qu’elle est syndicaliste révolutionnaire!

Un vidéo des discours du camarade David O’Connell et du délégué de la CGT peut être vu ici :
http://www.youtube.com/watch?v=V934nj8lJ7w

Les bloqueurs-euses portaient des vestes hautes sur le visage, distribuaient des dépliants et tenaient des drapeaux et des bannières. Il y avait également un musicien pour le divertissement, et de la nourriture chaude et du café pour soutenir les bloqueurs-euses. La présence policière était forte, avec la « Dialog Polis » en supplément, habillée en vêtements normaux et tentant de d’engager une conversation amicale avec les manifestant-e-s pour réduire la tension (une idée très suédoise, tout comme celle de coller les affiches avec du ruban adhésif, ce que tous le monde, incluant la SAC, fait à Stockholm)!

Je suis resté jusqu’à près de minuit, après que David ait parlé, mais dû par la suite quitter tôt en raison de maux d’estomac (j’ai été malade dans les toilettes d’un commerce de restauration rapide proche)….

Plusieurs amateurs-trices de boîte de nuit ont cessé d’aller au Berns en résultat de la mauvaise publicité que le blocage cause. Ceci signifie également que plusieurs de ceux et celles qui y vont encore sont conscient-e-s du conflit des nettoyeurs-euses et s’en fichent. Plusieurs client-e-s visiblement riches semblent aimer être des antagonistes alors qu’ils et elles entrent à l’intérieur. Une minorité est enthousiaste à apprendre les raisons du blocage et plusieurs changent leurs plans et vont ailleurs. David m’a dit qu’après je sois parti, un client a jeté du café chaud sur un bloqueur. Tout ce que la police fit fut de prendre en note leur identification et de légèrement les rabrouer.

Coopération internationale et le Coordination Rouge et Noire

Le samedi, les déléguées de Russie sont arrivées et un rassemblement spécial était tenu à la maison de la SAC (le quartier général du syndicat) pour tou-te-s les invité-e-s internationaux-ales. Toutes les déléguées de Russie et d’Italie étaient des femmes, ce qui était inattendu.

La SKT (Confédération Sibérienne du Travail) compte officiellement 500 membres, mais qui ne sont pas tou-te-s actifs-ves, et en revanche, il y a des activistes de la SKT qui ne sont présentement pas formellement membres. L’industrie dans laquelle le syndicat a le plus de membres est le secteur des transports, et le syndicat est composé d’au moins 50% de femmes. Les activistes syndicaux-ales en Russie vivent une existence très dangereuse, puisque même les formes d’activités de gauche les plus pacifiques comme le tractage, ou non-politiques comme des concerts, attirent des attaques violentes de la part des fascistes et de la police. Tou-te-s les communistes restant-e-s sont maintenant pensionnaires et sont devenu-e-s convaincu-e-s que le fascisme est parti et qu’il n’est plus une menace. Il y a un réel manque d’information non-académique de lutte des classes, et en conséquence, l’antifascisme consiste surtout en un militantisme physique (essentiellement la simple survie).

L’USI (Unione Sindacale Italiana) opère une structure horizontale avec quelques sections libres de faire ce qu’elles veulent (dans les propres mots de leurs déléguées). Elles doivent suivre certains principes de base:

1) auto-organisation

2) pas de sectarisme politique – par exemple l’USI a des membres communistes. Fondamentalement, ils et elles sont « libertaires révolutionnaires ».

Elles et ils souhaitent élever le niveau d’auto-organisation au-delà du syndicat, parmi la classe ouvrière. Elles et ils ont pour but de bâtir des réseaux – par exemple, un réseau de travailleurs-euses sans-emploi, un réseau de santé et sécurité, et un réseau de travailleurs-euses précaires – qui ne font pas exclusivement parti du syndicat.

Les déléguées de l’USI nous ont dit que la législature du travail en Italie est très développée et l’une des meilleures en Europe. Alors qu’elles et ils font usage des tactiques d’action directe comme les sit-ins et les manifestations, elles et ils font également usage de la Cour du travail.

En rapport avec la Coordination Rouge et Noire (R&BC), les déléguées de l’USI ont affirmé qu’elles et ils avaient eu une réunion préparatoire quelques semaines avant, et proposaient maintenant que le prochain rassemblement de la R&BC soit tenu les 11 et 12 septembre, dans le nord-est de l’Italie. Elles et ils aimeraient discuter de l’expansion de la R&BC. Les suggestions inclurent un site web multilingue, un journal multilingue couvrant les histoires des luttes de divers endroits, et un symbole pour le R&BC. Elles ont dit qu’il serait bien de définir ensemble une plateforme de principes de base pas trop idéologiques. Les syndicats et les groupes qui veulent s’y joindre peuvent appliquer, et puis passer la première année en tant qu’observateurs, après quoi les membres actuels de la R&BC les évalueront pour leur pleine entrée dans la coordination.

Blocage #2

Le samedi soir, je me sentais mieux alors je restai jusqu’à la fin du blocage, à 2 heure du matin. J’ai eu à observer les doubles standards de la police suédoise en action, alors que 3 bloqueurs-euses qui « s’étaient tenu-e-s au mauvais endroit » furent menotté-e-s au sol, traîné-e-s et arrêté-e-s, en contraste profond avec le léger traitement réservé à ceux qui sont sortis en boîte de nuit et qui ont jeté du café chaud sur les activistes la veille. Le blocage était plus petit que le samedi, mais toutes les entrées du club étaient partiellement bloquées et plusieurs client-e-s furent persuadé-e-s d’aller ailleurs.

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J’ai appris beaucoup de mon séjour en Suède avec la SAC. Je suis reparti avec une compréhension approfondie des bénéfices et de l’importance du travail international, et j’espère que je l’ai partagé avec ce compte-rendu. C’était très passionnant de voir un syndicat révolutionnaire fructueux, efficace et professionnel opérant à grande échelle.


**Traduction du Blog du Collectif Emma Goldman (UCL-Saguenay), avec quelques adaptations mineures – http://ucl-saguenay.blogspot.com/
**Tiré du site de Liberty & Solidarity :
Related Link: http://libertyandsolidarity.org
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Re: Suède: Centième anniversaire de la SAC

Messagede Phébus » 23 Aoû 2010, 16:00

Le centenaire de la SAC suédoise commenté par une syndicaliste de la SKT sibérienne. “L’essence de la protestation des travailleurs syndicalistes”
samedi 21 août 2010.

1. Une délégation de la SKT [Siberskaya Konfederatsia Truda, confédération sibérienne du travail] a participé aux activités pour le centenaire de la SAC [en juin 2010]. Très brièvement, Elena Starostina, que peux-tu nous dire de ce syndicat ?

L’organisation Centrale des Travailleurs de Suède, SAC existe depuis 100 ans. C’est un véritable syndicat ouvrier. La SAC a organisé les travailleurs sur la base d’une vision tactique et idéologique anarchosyndicaliste. C’est-à-dire un syndicat de classe, qui défend l’internationalisme et la solidarité des travailleurs. Les travailleurs eux-mêmes ont créé des syndicats dans les entreprises, pour lutter pour leurs droits sur le lieu de travail et en dehors, même si cela constituait une violation des droits des travailleurs, clairement limités par les partis politiques qui utilisent les travailleurs pour arriver au pouvoir. La structure de la SAC, comme syndicalisme authentique, est horizontale, visiblement antiautoritaire, avec des racines dans l’autogestion, c’est-à-dire contrôlée par les travailleurs et non pas par des idéologues et des chefs autoritaires.

La SAC compte officiellement à l’heure actuelle plus de 6.000 affiliés. En outre, il y a en parallèle une organisation de jeunesse, la SUF (Fédération syndicaliste de jeunes) et une organisation antifasciste qui travaille avec la SAC.

La SAC a des sections appelées LS (section locale) dans de nombreuses villes et beaucoup de villages, avec une sorte d’union de cellules. Elles militent de façon indépendante, ont leurs cotisations et peuvent avoir leurs propres locaux. Les delegués des sections locales ont un congrès tous les trois ans pour aborder et coordonner l’action. Il y a des syndicats dans plusieurs branches, mais pas seulement cela. Il existe des associations de personnes dans le syndicat pour s’occuper de problèmes sociaux. Par exemple, le groupe de "régularisation", qui organise les immigrants illégaux pour la défense de leurs droits.

Quatre fois par an les représentants de sections locales se réunissent pour coordonner les actions et résoudre les problèmes urgents. J’ai eu la chance d’assister à une de ces réunions. J’ai été agréablement surprise par la responsabilité et l’attention avec lesquelles chaque représentant des réseaux locaux de la SAC a été écouté par les autres compagnons. Et j’ai été également surprise de voir comment de simples travailleurs résolvent et planifient des actions syndicales à long terme dans ces réunion, de même la tactique de leurs cellules ou de leurs actions de solidarité. Dans ce cas il est évident que ces personnes ont acquis la tradition libertaire, syndicaliste de leur syndicat, et qu’elles n’ont pas peur de s’exprimer.

2. Quelle est la différence principale entre la SAC et le syndicalisme traditionnel ? Quelle définition donnerais-tu du syndicalisme comme théorie et pratique ouvrières ?

Pour moi, la SAC est un syndicat, qui possède et qui maintient la tradition classiste réelle du syndicalisme, auquel les travailleurs viennent d’eux-mêmes, sans les employeurs, et le syndicat est organisé par les travailleurs eux-mêmes, pour protéger et défendre leurs droits dans le travail et en-dehors. D’autre part, la SAC est un syndicat idéologique, et j’ai été stupéfaite par des travailleurs de plusieurs branches se présentant en tant que anarchosyndicalistes et anarcho communistes. Et j’ai vu des brochures au contenu libertaire que les travailleurs lisent. Ils représentent clairement et ils continuent la tradition des syndicats ouvriers dont l’objectif final est que les travailleurs s’emparent des moyens de production.

Le principe de ne pas participer aux partis politiques et aux élections, et la pression sur le gouvernement par l’action directe et le contrôle d’une partie des autorités au moyen de syndicats de travailleurs, permettent à la SAC de se maintenir et de se préserver de la corruption et de l’inutilité des partis en faveur des patrons et de syndicats pour le patronat. Et cela différencie la SAC des syndicats traditionnels. Lamentablement, en Russie les travailleurs sont formatés par la machine étatique et le paternalisme des bolcheviks et des néo libéraux, et les ouvriers ont des tendances conformistes, ils ne peuvent imaginer un monde ayant une autre idéologie ni même une tendance à l’auto organisation et à un soupçon d’autogestion. Il est très difficile de recréer chez les gens les principes d’entraide, de solidarité, mais en Suède on voit un syndicat idéologique ouvrier et des organisations autogérées.

Bon, la différence entre la SAC et les “trade unions” peut être simplifiée en comparant aux syndicats d’Angleterre participant aux élections et nommant leurs permanents dans les partis. Et même en Russie cela n’existe pas, c’est simplement un spectacle de prétendues activités syndicales sous les sigles FNPR [Federatsia nezavisimikh prefsoyuzov Rossii, Fédération de syndicats indépendants de Russie]. Il y a des situations pires.

En général, la SAC continue sa tradition syndicale 100 ans après sa création, non sans difficultés bien entendu, avec le maintient de la solidarité entre les travailleurs, la vision du but final du travail avec la justice et sans le patronat, mais avec la gestion et la propriété des entreprises par les travailleurs eux-mêmes.

3. Les organisations syndicalistes ouvrières et anarchosyndicalistes ne sont pas très massives et parfois cela freine le syndicalisme. Est-il possible que l’affiliation massive, surtout comme masse théorique, ne soit pas si importante ?

L’association des personnes dans une organisation se fait pour la défense de leurs droits et de leurs libertés, pour mettre en pratique leurs idées, aider les autres dans les mêmes groupes de personnes et démontrer la capacité des gens à s’autogérer depuis la base. À mon avis, ces associations se font souvent spontanément, pour résoudre tout problème social qui apparaît. Et lorsque le problème est résolu, ce groupe de personnes ayant une pratique de lutte sociale, ressentant l’essence de la solidarité, la sensation de joie des pratiques à partager, et la satisfaction d’aider les autres, ne se désagrège pas, il continue vers le futur, en développant les principes de son organisation, sans leaders, sur une base volontaire, pour trouver des solutions ensemble. On peut supposer que ce sont des actions syndicalistes des gens. Il est difficile d’imaginer que dans une époque de néo libéralisme, les gens soient capables en grand nombre de s’associer en organisations qui agissent avec des principes d’entraide, d’auto organisation, d’autogestion, sans chefs. [...]

4. Quels sont les syndicats d’autres pays qui collaborent avec la SAC ? Comment vois-tu ces liens ?

Bien entendu, les syndicats noirs et rouges, qui croient à la base idéologique de l’anarchosyndicalisme. Il y a le syndicat IWW (Travailleurs industriels du monde) qui est légendaire et avec une histoire intéressante. La CNT française (Confédération nationale du travail), le syndicat allemand FAU (Union de travailleurs libres), qui n’a pas une grande force, mais mène par contre une politique d’action directe et de dénonciations en justice. La centrale syndicale noire et rouge CGT (Confederación General del Trabajo), le syndicat le plus compact parmi les syndicats européens noirs et rouges, avec presque 60.000 adhérents. Certains syndicats italiens Unicobas et USI.

Je pense que la coopération, par exemple avec la SAC, a joué un rôle important pour nous. Dès les années 1990 et en 2000 la SAC a réalisé des séminaires et des réunions pour les travailleurs de Sibérie, ce qui a donné des noyaux au départ du syndicat. Cela a été une aide pour la SKT dans ses actions pratiques. Avec cette coopération nous avons beaucoup gagné sur le plan théorique face au mouvement ouvrier en Europe, et sur le plan syndical pour le mouvement ouvrier.

La coopération entre syndicats se concrétise surtout par une aide à des syndiqués soumis à la pression des autorités, de leur employeur. Des expériences de lutte sont échangées, des actions de solidarité, du matériel théorique, des idées sur la société libertaire. [...]

7. La SAC dans son programme, dans ses documents est contre le capitalisme et le salariat. La SAC voit la future société comme un socialisme libertaire (libre). Qu’est-ce que le socialisme libertaire et en quoi se différencie-t’il du socialisme de l’ex Union soviétique ?

J’ai vécu l’apogée de ce qu’on appelle le socialisme de caserne en URSS. Je viens d’une famille de travailleurs. Je parlais avec les enfants mêmes de familles ouvrières et j’ai vu toute leur vie de travail de l’intérieur. Ils ne faisaient que vivre pour travailler. Mon père labourait, mettait de l’argent de côté pour les vacances, dites « les loisirs », il piquait centime sur centime pour la famille. Dans les familles ouvrières on parlait des chefs comme pour les grands propriétaires terriens, avec le même point de vue. Beaucoup de travailleurs s’enivraient, maintenant je comprends pourquoi. Dans notre pays le socialisme de l’URSS, avec nos travailleurs, avec le vous devez être libres et heureux ! À la radio et à la télévision il y avait les discours répugnants de leaders et du congrès du PC de l’URSS, les bureaucrates se bâfrant, les directeurs d’usines avec leurs regards de dégoût pour les travailleurs. [...] La masse des travailleurs dans un tel socialisme autoritaire est exploitée, mais c’était bien pire. Nous qui allions encore à l’école, on nous enseignait que ces travailleurs n’avaient pas de maîtres, parce qu’ils travaillaient pour le bénéfice de l’État, qu’il ne fallait pas protester, avoir de pensées sur la liberté d’expression, parce que nous avions le socialisme, tout se faisait de façon juste.

Les travailleurs, dans ce genre de socialisme de caserne, n’apprenaient pas, et pire encore, ils oubliaient complètement le sens de la rebelion, de la protestation, quand on est bafoué et que nos droits sont foulés au pied dans l’entreprise. Tout cela a été enseigné à toute la masse des travailleurs, et que l’État socialiste dans ce socialisme se souciait d’eux. Le socialisme autoritaire, où le gouvernement avec à sa tête la nomenklatura du Parti (la classe exploiteuse) s’assoit sur le coffre des bénéfices obtenus par les travailleurs comme mes parents et les autres travailleurs, pour les distribuer selon sa volonté, pour fermer la bouche des récalcitrants, pour que les gens se déshabituent de penser et de lutter. C’est pour cela que maintenant il existe une masse travailleuse passive, soumise au paternalisme.

Et avec le socialisme libertaire c’est tout le contraire. L’autogestion se fait de bas en haut, il y a effacement de l’État (oui, oui, ce sont des principes anarchistes, messieurs les gouvernants). Elle est fondée sur des groupes, des communes de gens auto organisés, solidaires, qui créent par leurs accords une vie sociale, où les gens prennent leurs propres décisions. Mais il faut qu’il y ait une majorité avec des idées non conformistes, tendant vers et désirant l’autogestion, avec le sens de la justice et de formes justes de gestion. Comme la SAC qui a déjà pris cette voie avec son action syndicale. [...]

Texte russe complet sur http://www.avtonom.org/node/12747, et (http://skt.pp.ru/).


Trouvé ici: http://www.fondation-besnard.org/articl ... ticle=1018
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