Italie

Re: Italie

Messagede Nico37 » 25 Aoû 2009, 22:53

A priori l'EG serait le (n)PCI maoïste...

Berlusconi aime aussi les rondes
Article paru le 29 juillet 2009

Toscane . À peine légalisées, les milices des « rondes civiques »provoquent des affrontements entre extrême droite et extrême gauche à Massa.
Extrême droite et extrême gauche se sont affrontées samedi dans la nuit à Massa, en Toscane. En jeu, les « rondes civiques » organisées par la droite, et censées participer au rétablissement de la sécurité. Inspirée par les « rondes » de citoyens censées épauler les forces de l’ordre organisées par la Ligue du Nord dans la partie septentrionale de l’Italie pour des raisons médiatiques, cette pratique a été légalisée, à la faveur du paquet sécurité publié au journal officiel vendredi. À Massa, les rondes, non armées comme le prévoit la loi, ont un nom évocateur. Les participants arborent un écusson Secours social et sécurité. Le sigle n’est pas inscrit, mais ferait SSS. Tout un programme pour des milices qui ne disent pas leur nom.

Face à ces rondes, les Comités d’appui à la résistance pour le communisme (extrême gauche) ont organisé leurs propres « rondes prolétaires antifascistes ». Selon les CARC, citées par le Corriere fiorentino, lors d’une rencontre entre les deux rondes samedi, des heurts s’étaient produits. Ensuite les militants de gauche se seraient rendus à la fête de la Résistance, dans le village de Partaccia. Les jeunes de droite se seraient présentés à la fête, en faisant le salut fasciste. D’où un affrontement à coups de chaises en plastique. Deux militants d’extrême gauche ont été arrêtés. Le chef local de La Droite (formation d’extrême droite) et fondateur des SSS a démenti que les provocations proviennent de membres des rondes.

Originellement fondées pour épauler la police, sans pouvoir formel d’intervention, ces rondes sont l’apanage des formations les plus réactionnaires. Dans le nord de l’Italie, c’est la Ligue du Nord qui en a été l’initiateur, inspirant le gouvernement. Ailleurs, le Mouvement social-Droite nationale (néofasciste) avait annoncé le mois dernier sa « garde italienne ». En conséquence des événements de samedi, le maire, (ex-Parti démocrate, centre gauche) a choisi d’interdire les rondes, qu’il estime contre-productives à Massa, « la septième ville la plus sûre d’Italie ».

Outre les rondes qui viennent troubler l’ordre public à Massa, le paquet sécurité du gouvernement comporte d’autres impairs. Dans la ville de Prato, on s’inquiète de l’interdiction par cette loi d’actes d’état civil sans permis de séjour, comme la déclaration des naissances par les parents sans papiers. Du pain bénit pour le crime organisé qui y voit là un juteux marché.

Gaël De Santis
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Messagede fu hsang » 26 Aoû 2009, 06:08

des reactions anti berlu , il y en a
simplement faut pas se contenter de france2 ou du monde et libé ^^
fu hsang
 
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Re: Italie

Messagede Nico37 » 01 Sep 2009, 19:07

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Re: Italie

Messagede Nico37 » 12 Jan 2010, 20:37

AFP - 09 jan 2010

L'Italie fixe un plafond de 30% d'élèves étrangers dans les écoles

ROME — L'Italie a décidé de fixer à 30% le maximum théorique des élèves étrangers dans les classes des écoles primaires et secondaires à partie de l'année scolaire 2010-2011 pour "favoriser l'intégration", indique vendredi un communiqué du ministère de l'Education.

Face à la croissance du nombre d'élèves étrangers, le ministère a envoyé une "Note sur l'intégration" indiquant que "les inscriptions de mineurs non-italiens ne doivent pas dépasser les 30% des inscrits", indique le document.

Cette limite de 30% sera introduite à partir de la prochaine année scolaire de manière progressive et elle ne concernera au début que les classes de première année de l'école primaire et secondaire, précise la note.

Le plafond des 30% pourra être plus élevé dans le cas d'élèves ayant une nationalité étrangère mais qui sont nés en Italie et maîtrisent donc la langue, ou abaissé si les élèves étrangers démontrent une très faible connaissance de la langue, selon la même source.

Le ministère a également prévu "des ressources financières pour soutenir les écoles dans l'intégration des enfants étrangers", affirme le communiqué.

"L'école doit être un lieu d'intégration (...) enseigner le respect pour les autres cultures et affirmer dans le même temps l'importance des règles de comportement civique, de l'histoire, des lois et de la langue italienne", a estimé la ministre, Mariastella Gelmini.

"Etablir un plafond de 30% d'élèves étrangers par classe est selon moi un moyen utile pour favoriser l'intégration car grâce à cette limite nous évitons la création de "classes ghetto" avec uniquement des élèves étrangers", a-t-elle ajouté.

Les élèves étrangers en Italie étaient environ 575.000 au cours de l'année scolaire 2007-2008, dont une majorité dans le centre et le nord du pays, selon l'agence Ansa.

La mesure annoncée a suscité le scepticisme du Parti démocrate, principale formation de l'opposition, qui se dit d'accord sur la nécessité d'éviter la création de ghettos scolaires mais réclame avant tout davantage de moyens financiers pour l'éducation et l'intégration des étrangers et de leurs familles.
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Re: Italie

Messagede Pïérô » 13 Jan 2010, 01:13

Appel à un rassemblement

D’El Ejido à Rosarno, les émeutes racistes perdurent et se ressemblent

10 ans presque jour pour jour après les émeutes racistes de février 2000, à El Ejido en Espagne, c’est la chasse aux travailleurs agricoles immigrés à Rosarno en Italie.

Ces émeutes racistes mettent au devant de la scène la précarité des immigrés surtout ceux sans papiers. La violence de ces agressions traduit la déshumanisation en marche, de ces travailleurs qui font la prospérité de l’agriculture de la région, corvéables à merci, payés seulement 20 euros la journée.

Comme à El Ejido, la population de Rosarno s’est livrée à une traque en règle contre les travailleurs immigrés, tous les moyens de châtiment étaient bons. Comme à El-Ejido, des êtres humains vivent dans des conditions d’un autre âge, entassés dans des abris de fortune.

Ce déferlement de haine et de brutalités contre les travailleurs immigrés à Rosarno, est le résultat des politiques européennes qui prônent la préférence européenne. Ces dernières se traduisent localement par des lois racistes comme celle promulguée le 2 juillet dernier en Italie, sous la pression du parti d’extrême droite de la Ligue du Nord.

L’arsenal raciste de Berlusconi est renforcé. L’immigration « illégale » devient un délit, et les milices anti-immigrés sont légalisées. Les habitants de Rosarno ont érigé des barricades, semé la terreur et fait des dizaines de blessés à coups de bâtons et de barres de fer, pris dans cet élan de haine et de xénophobie.

Les immigrés de Rosarno ont été contraints à l’exode, ceux qui ont été pris en charge dans des bus, ont été transférés aux centres de rétention en vue de leur expulsion. Un signal d’encouragement et d’approbation envoyé aux auteurs des crimes racistes.

Les associations et organisations signataires tiennent à exprimer leur profonde solidarité avec les travailleurs immigrés victimes de ces odieux agissements racistes.

Elles s’insurgent contre les traitements dégradants et inhumains infligés aux immigrés à Rosarno.

Elles condamnent les lois anti-immigrés européennes et leurs expressions nationales.

Elles exhortent les citoyens en Italie et ailleurs, à se dresser contre cette poussée raciste.

Les signataires appellent à l’organisation de rassemblements devant les ambassades d’Italie en Europe et ailleurs _


RASSEMBLEMENT
Jeudi 14 janvier à 18h
devant l’ambassade d’Italie
51, rue de Varenne
75343 PARIS CEDEX 07
Métro Varenne



Premiers signataires : Assemblée Citoyenne des Originaires de Turquie (ACORT), Association des tunisiens en France/Paris (ATF/Paris), Association des travailleurs maghrébins de France (ATMF), Association pour la taxation des transactions et pour l’action citoyenne (ATTAC), Centre d’études et d’initiatives de solidarité internationale (CEDETIM), Centre Malcolm X, 9ème Collectif de sans papiers, Confédération paysanne nationale, Coordination contre le Racisme et l’Islamophobie (CRI), Droit au logement (DAL), Fédération des Associations de Solidarité avec les Travailleur-euse-s Immigré-e-s Forum civique européen (FASTI), Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives (FTCR), Groupe d’information et de soutien des immigrés (GISTI) Ligue des droit de l’homme (LDH), Marche mondiale de femmes, Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP), NO-VOX, Nouveau parti anticapitaliste (NPA), Réseau féministe « RUPTURES », SOS soutien aux sans papiers, Union syndicale solidaire, les Verts...
Image------------ Demain Le Grand Soir --------- --------- C’est dans la rue qu'çà s'passe --------
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Re: Italie

Messagede Nico37 » 06 Fév 2010, 12:51

Le mauvais exemple - De la lutte anti-esclavagiste dans le Salento

vendredi 5 février 2010

Le 10 février prochain, un mois après les émeutes à Rosarno qui ont montré au monde entier les conditions dans lesquelles vivent les étrangers pauvres en Italie (exploités, persécutés, rejetés, déportés), se conclura à Lecce le procès en appel contre quelques anarchistes qui, il y a quelques années, se sont battus contre les négriers modernes. (pour rappel)

Tandis qu’en Calabre, les damnés de la terre souffrent sous le joug du « crime organisé » tant exécré, à côté - dans le Salento - leur enfer était le CPT [centre de rétention] mal famé de San Foca, le Regina Pacis. Surveillé par des uniformes fidèles et géré par des soutanes bénites, des violences telles qu’elles ne pouvaient plus être cachées ni par les murs ni par les grillages se passaient à l’intérieur de ce centre. Certains l’ont vu, l’ont entendu et l’ont raconté. Le scandale était énorme et, dans les palais du pouvoir, se répandait une certaine gène. L’évêque de Lecce fut obligé de prendre la défense du responsable du centre – son acolyte Don Cesare Lodeserto – tandis que la justice mettait en marche des enquêtes timides. Entre-temps, la colère grondait dans la rue. Tandis que tous les démocrates sincères manifestaient pour le droit et ses normes, les anarchistes ont soutenu la révolte contre le camp et ses gardes-chiourme.

Récemment, nous avons encore vu comment l’Etat – qui fomente la guerre entre les pauvres en promulguant des lois xénophobes et en incitant à la haine raciale – est intervenu à Rosarno pour rétablir l’ordre : d’abord il a déporté en masse les rebelles, ensuite il a arrêté quelques meneurs d’esclaves. A Lecce, l’Etat s’est comporté de la même manière, mais à l’inverse : d’abord le prêtre, responsable des maltraitances, a été arrêté (en mars 2005), ensuite une enquête a été ouverte contre plusieurs anarchistes. Cinq compagnons ont été incarcérés en mai 2005. Après un an de réclusion, ils furent relâchés et ensuite condamnés, en première instance, à des peines allant de 5 à 2 ans de prison, pour « association de malfaiteurs » et quelques délits spécifiques. D’autres anarchistes furent condamnés à des peines plus légères. Aujourd’hui, le camp de Regina Pacis est fermé et le prêtre-tortionnaire a été envoyé en mission à l’étranger pour les comptes de Dieu. Mais la justice de Salento voudrait régler les comptes suspendus avec ces ennemis de toutes les frontières. Non seulement pour confirmer les peines, mais aussi pour les alourdir d’avantage.

Tandis que pour une grande partie de ces mêmes institutions, la révolte des immigrés à Rosarno est vue comme un exutoire compréhensible, la révolte des anarchistes de Lecce constitue une menace intolérable. L’esclave qui se rebelle contre un énième coup de fouet, pourvu qu’il n’exagère pas trop sa rage et rentre dans les rangs ensuite, peut encore se comprendre (sous réserve d’utiliser cette rébellion ensuite comme prétexte pour une déportation de masse). Des individus qui refusent le rôle de citoyen passif et indifférent, qui refusent toute discipline de parti, sont réprimés sans hésitations. Parce qu’ils donnent le mauvais exemple. L’Etat désapprouve l’omerta quand il s’agit de violences privées, mais la considère comme une obligation civique face à la violence institutionnelle.

Les anarchistes de Lecce ont fait ce que les meilleurs habitants de Rosarno n’avaient pas le courage de faire. Ils n’ont pas fermé les yeux sur ce qui était en train de se passer, ils n’ont pas invoqué ou attendu qui que ce soit, ils sont montés sur le champ de bataille pour arrêter directement l’infamie en cours. Et ils l’ont fait sans motifs politiques ou hypocrisie missionnaire. Ils ont vu une humanité en chaînes et se sont insurgés contre les négriers.
Voilà pourquoi à Lecce, ils veulent les condamner le 10 février prochain. Voilà pourquoi nous ne pouvons pas les laisser seuls.

Quelques ennemis des frontières.

[Texte traduit d’une initiative à venir à Florence : “Contre l’esclavage de l’Etat et les camps pour immigrés, contre les CIE [centres de rétention] et les prisons”. Cette initiative aura lieu le 7 février en soutien aux anarchistes de Lecce qui comparaissent devant le tribunal pour la lutte contre le centre de rétention de San Foca].
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Re: Italie

Messagede Nico37 » 13 Fév 2010, 18:29

Italie : Où en est le procès de Lecce contre 12 compagnons ?
(Le 12 février 2010)

[Le 9 octobre 2008 a débuté à Lecce le procès d’appel contre douze anarchistes accusés -en plus d’une série d’actions contre certaines multinationales qui s’enrichissent sur la guerre et le génocide- du crime d’avoir mené pendant des années une lutte constante et déterminée contre le camp pour immigrés de San Foca (1). La base du procès est encore une fois l’article 270bis sur l’ « association subversive à but terroriste ».
Le 12 juillet 2007, quatre de ces compagnons ont été condamnés pour « association de malfaiteurs » de 1 an et dix mois à 5 ans de prison ferme. Trois autres ont reçu des peines de 100 euros à 1 an de prison pour des délits spécifiques et les huit derniers sont acquittés. L’ « association subversive » n’a donc finalement pas été retenue, au profit d’un montage juridique plus complexe.]

Où en est le procès de Lecce ?

Ce 10 février 2010 était prévu le verdict de la cour d’appel du tribunal de Lecce contre plusieurs compagnons accusés d’association subversive, et déjà renvoyé le 18 novembre 2009 dernier.

La Cour a décidé de prendre encore plus de temps et d’accepter la demande du procureur d’intégrer de "nouvelles preuves" au procès, demande qu’il avait fait au début des audiences en Appel.

Le 16 février, un expert sera donc nommé pour effectuer la retranscription d’écoutes téléphoniques concernant des épisodes datant d’il y a plusieurs années. De nouvelles audiences seront ensuite fixées. Ce rebondissement semble destiné à aggraver encore les condamnations rendues en première instance, où quatre compagnons ont été condamnés pour "association de malfaiteurs" et trois autres pour des délits spécifiques, le tout dans le contexte des sales modes d’agir des appareils répressifs, judiciaires, policiers et politiciens qui se sont érigés ces dernières années en protecteurs loyaux et soumis des différents potentats de Lecce.

En effet, le centre de rétention de San Foca, contre lequel les anarchistes ont mené une lutte qui a porté à sa fermeture, était géré par la curie [l’église catholique] de Lecce. Ce qu’ils veulent à présent, c’est imposer le silence sur cette lutte et sur toutes les violences qui se sont déroulées dans ce camp pour étrangers, y compris accomplies par la main même de ses gestionnaires.

A suivre.

Des anarchistes du Salento
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Re: Italie

Messagede Nico37 » 26 Fév 2010, 00:08

Mardi 23 février 2010 2 23 /02 /2010 12:22
La police contre Radio Blackout et des militants pour la liberté de circulation à Turin
Italie : arrestations parmi celles et ceux qui luttent contre les centres de rétention



Aujourd’hui 23 février 2010 à Turin des perquisitions ont été effectuées chez une vingtaine de camarades du comité antiraciste. Trois ont été incarcérés, deux autres se trouvent assignés à résidence. D’autres perquisitions et arrestations ont été effectuées dans d’autres villes (Roverto, Mantoue, Come) et à Radio Blackout, une radio libre qui retransmet beaucoup tout ce qui se pase autour des luttes contre les centres de rétention et les expulsions. Outre le matériel informatique et les divers papiers (tracts…), les ordinateurs de Radio Blackout ont été saisis.

Les faits reprochés sont de type association «subversive» et tout est lié aux mobilisations contre les centres de rétention et les luttes antiracistes. Les mêmes activités pour lesquelles l’État voulait attribuer le statut de surveillance spéciale (un statut qui oblige les gens à être chez eux à certaines heures et leur interdit la fréquentation de diverses personnes et lieux) aux rédacteurs du site Macerie qui font d’ailleurs partie des personnes incarcérées.

Depuis des années, le contrôle des flux migratoires est un des axes majeurs de la politique des gouvernements européens, ne nous étonnons pas que celles et ceux qui la combattent se retrouvent dans la ligne de mire de ces mêmes États, mais sachons réagir solidairement et continuer les luttes pour la liberté de circulation et d’installation.


Courriel, 23 février 2010.


Solidarité internationale face à la répression à Turin


Ce matin à 6h30, vague répressive à l’encontre de Radio Blackout (radio libre de Turin) et de six compagnons anarchistes qui, suite à des perquisitions, ont été arrêtés, et pour certains emprisonnés, en relation avec leurs activités politiques et leur combat contre le racisme et les centres de rétention.

La radio est en bute à la répression depuis plusieurs mois : en effet, la municipalité qui loue le local du studio ne veut pas en renouveler le bail ; la radio semble déranger nos politiciens et ceux-ci essayent de faire taire cette voix rebelle.

La radio a été perquisitionnée plus de six heures durant, la police saisissant du matériel.

D’autres perquisitions ont eu lieu dans «le milieu anarchiste insurrectionaliste» dans les villes de Turin, Mantoue, Trente et Cuneo.

Face à cette répression — qui s’abat à Turin (et dans plusieurs villes) depuis quelques mois à l’encontre des squats, des anarchistes et de Radio Blackout — il est important de témoigner notre solidarité internationale.

Envoyer vos message de solidarité à :

http://radioblackout.org
http://piemonte.indymedia.org
http://tuttosquat.net

D’un compagnon du sud, 23 février.


Quelques nouvelles d’Italie, avec tout d’abord l’adresse des camarades emprisonnés et apparemment mis en isolement. Vous pouvez leur écrire même en français (ou en anglais ou en espagnol… ou en italien), ça participe à montrer qu’ils ne sont pas seuls et ça fait sans doute toujours du bien quand on est en prison :

Luca Ghezzi – Via Pianezza 300, 10151 Torino,
Andrea Ventrella – Via Pianezza, 300 10151 Torino,
Fabio Milan – Via Pianezza 300, 10151 Torino.

Hier une soixantaine de personnes se sont rassemblées devant le CIE (centre d’identification et d’expulsion) de Turin. Les nouvelles de l’intérieur, des résistances aux expulsions, des résistances à l’enfermement dans les CIE continuent d’être diffusées. De toute façon, dedans comme dehors les luttes continuent !

Sinon, voilà ci-dessous un condensé de divers articles de presse qui ont tous des titres plus aguicheurs les uns que les autres (Exemples : «Plus de 60 actions reprochées aux anarchistes», «Deux années de raids et de violence, opération contre les anarchistes», «Derrière les révoltes d'immigrés»…) :

1) Concrètement il est reproché aux camarades arrêtés deux ans et demi de lutte contre la politique d’immigration du gouvernement italien et contre les centres de rétention.

Pêle-mêle sont évoqués :

— Les occupations de la Cgil, de la Croix Rouge, de la Lega Nord, d’un musée égyptien, du consulat de Grèce où fut négocié l’envoi de fax de solidarité.
— Les rassemblements réguliers devant le CIE de la via Brunelleschi (qui dans les bouches de l’État, de la police et des journalistes se transforment en «assauts» ou «attaques» des CIE).
— Les actions contre des entreprises qui collaborent au fonctionnement des CIE (la Croix Rouge encore).
— Les manifestations dans des lieux publics telles celle au resto bio Eataly où pendant une grève de la faim une intervention avait été faite avec distribution de tracts.
— La petite action au très chic resto «Il cambio», lieu fréquenté par les politiques et journalistes de droite de Turin où, toujours pendant une grève de la faim des retenus du CIE, des excréments avaient été lancés dans la salle.

2) Est suggéré le fait que derrière les révoltes il y aurait ces gens qui se battent contre les centres de rétention, les prisons… Certains journaux, se basant sur des extraits d’écoutes téléphoniques, relatent ainsi des extraits de conversations au téléphone entre des camarades et des retenus remontant à juillet 2009, disant que par ces coups de fil à l’intérieur les retenus étaient incités à la révolte. Comme si les gens, que dis-je, les étrangers sans titre de séjour, étaient sans doute trop cons et trop contents de leur sort pour penser tous seuls à se révolter… Il y avait eu la même chose à Vincennes où lors de la révolte qui a conduit à l’incendie, les gens et associations qui manifestaient dehors avaient été accusés d’incitation par divers responsables politiques.

Pour rappel plusieurs des camarades interpellés retranscrivaient des témoignages de retenus en lutte via la radio ou internet.

3) Dans la logique policière, il y a des chefs, ils les présentent, les exposent, les mettent en photo dans le journal, ce sont deux des trois personnes incarcérées.

4) Concernant les perquisitions à Radio Blackout il est dit que l’investigation ne concerne que la partie qui s’occupait des luttes dans les centres de rétention et concerne aussi des infos transmises sur la radio mais aussi par sms pour prévenir des contrôles de police. Dans le dossier d’instruction beaucoup d’enregistrements d’émissions où on entend notamment s’exprimer les gens inculpés dans cette histoire puisque certains participaient à la radio.

5) Il est précisé que les «investigations» contre cette figure de l’ennemi intérieur qu’en Italie ils appellent «anarchiste insurrectionnaliste» continuent.


Solidarité et liberté pour tous avec ou sans papiers en Italie comme ailleurs !

Courriel, 24 février 2010.
Voici en lien les infostélévisées de TG3 Piemonte relatant l'action au restaurant " il cambio ". Ils n'ont pas l'air d'avoir apprécier.
http://www.youtube.com/watch?v=crwEkTUPu3E
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Re: Italie

Messagede Nico37 » 05 Avr 2010, 12:29

Le 12 avril, prendront fin les 60 jours d'enfermement infligés à Joy * le 12 février dernier, lors d'une audience de validation faite à la hâte immédiatement après son transfert de la prison de Côme au CIE de Modena et sans que ses avocats aient pu être présents.
Très probablement, quelques jours avant l'expiration de ce délai, la police demandera au juge de Modena de signer une prolongation de sa rétention pour 60 jours. Et le juge signera sans sourciller, comme toujours.

Il s'agit des automatismes « bureaucratiques » qui, grâce aux nouvelles règles introduites avec le " paquet sécurité " , arrivent à voler jusqu'à six mois de vie aux femmes et aux hommes migrant/es enfermé/es dans l'un des 13 camps répartis sur tout le territoire italien, avant de les expulser.
Automatismes qui nous rappellent l'appareil bureaucratique qui fit fonctionner les camps concentrationnaires, la « banalité du mal » qui cache la férocité d'un racisme institutionnel et de ses exécuteurs, aujourd'hui comme hier. Automatismes contre lesquels se révoltent, à juste titre et de plus en plus fréquemment, des centaines d'hommes et de femmes incarcérés dans ces camps mis en place par l'Etat et soumis/es à des humiliations quotidiennes, au harcèlement, aux vexations, à la brutalité et à la violence.

Joy, comme beaucoup d'autres femmes détenues dans les camps pour les migrants, aurait droit à un permis de séjour en tant que victime de la traite et de l'esclavage humain, mais elle est mise en cage, enfermée dans un circuit infernal qui lui fait faire des allers-retours entre les centres de rétention et la prison depuis le 26 juin 2009. Ce jour-là, en effet, Joy a été arrêtée lors d'un contrôle alors qu'elle allait au supermarché. Sans-papiers, elle a été détenue pendant trois jours dans une caserne, puis emmenée au CIE de la via Corelli à Milan où elle a été enfermée le 29 juin.
À ce jour, ils lui ont volé presque dix mois de sa vie. Combien de temps encore veulent-ils lui voler ?

Raconter l'histoire de Joy comme histoire symbolique est l'un des moyens de rendre publique la " banalité du mal » à laquelle ils voudraient nous accoutumer et contre laquelle il faut se rebeller.

Nous appelons les groupes anti-racistes * * là où ils sont, à construire autour de la date du 12 avril ( date où la prolongation de la rétention de Joy devrait être examinée ) des initiatives et des mobilisations contre les centres de rétention, les expulsions et les lois racistes et liberticides du « paquet sécurité » .

Comme toujours, le blog noinonsiamocomplici est disponible à ceux qui refusent activement toute complicité avec le racisme institutionnel et ses collaborateurs. Faites-nous connaître vos initiatives à l'adresse suivante : complici@anche.no

Noinonsiamocomplici ( Nous ne sommes pas complices )
Lien vers le site : http://noinonsiamocomplici.noblogs.org/

*Joy est une des retenues qui ont pris part à une des grandes révoltes dans les centres de rétention italiens qui ont éclaté l’été dernier, en l’occurence celle du 13 août 2009 au CIE de la via Corelli à Milan. Son témoignage lors du procès de cette révolte l’a rendue tristement célèbre : comme plusieurs autres retenues, elle a été victime de violences sexuelles répétées, infligées par l’inspecteur-chef du centre milanais, Vittorio Addesso. Ses efforts, et ceux des autres retenues conçernées, Helen, Debby, Florence et d’autres pour le repousser, leur ont d’ailleurs valu toutes sortes de vexations, dont des matraquages alors qu’elles étaient menottées. Pour plus de détails en français : http://grenoble.indymedia.org/2010-02-1 ... pees-de-la

** c’est ainsi que l’on désigne en Italie les mouvements qui travaillent en général sur les questions liées à l’immigration, aux discriminations, aux rafles, aux centres de rétention, aux expulsions …
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Re: Italie

Messagede Nico37 » 04 Oct 2010, 18:52

Lecco (Italie) : un nouveau micro de keufs retrouvé chez des compagnons

samedi 2 octobre 2010

ET de trois ! Pour la troisième fois en quelques mois, un "micro espion" a été retrouvé contre ceux qui, à Lecco, luttent dans une optique révolutionnaire.

Dans ce cas, comme dans les précédents, il s’agit d’un émetteur-récepteur placé dans une prise de courant à l’intérieur du centre de documentation anarchiste, lieu de regroupement et de socialisation du coin.

Rien d’étonnant, certes, en une période d’atrocités indicibles et de catastrophe permanente, comme c’est le cas de ce présent. (...) Le fait de retrouver des appareils d’écoute ramène tout discours relatif au contrôle social sur le plan de la concrétude et de l’implication personnelle en vertu duquel personne ne peut dire "je ne savais pas". En somme, la situation se polarise toujours plus, et il est toujours plus urgent de choisir de quel côté être : du côté de celui qui contrôle ou du côté de celui qui est contrôlé.

En ce qui nous concerne, nous choisissons chaque jour d’être "du mauvais côté du micro-espion".

D’abord, parce que des mesures de contrôle comme celles-là, ne serait-ce que pour leur caractère auto-ostentatoire (un émetteur-récepteur mal camouflé dans une prise électrique), n’ont pas pas objectif principal celui de punir ou d’empêcher des actions particulières, mais visent plutôt à effrayer et intimider, pour tenter de saper à la base tous rapports informels et qui ne sont pas dans la ligne.

Par ailleurs, ce que ceux qui administrent et répriment veulent frapper de manière abrupte ne sont pas seulement les actes concrets, mais au moins au premier regard les esprits jamais résignés et leur volonté de tisser des relations.
Ils ne se contentent pas de vouloir éteindre les feux, mais tentent encore plus tôt de refroidir les âmes des pyromanes.

Eh bien, ils peuvent continuer d’avoir un sommeil agité.

Le vent qui n’éteint pas le feu le renforce, et le revigore.

Anarchistes de Lecco.

Image
Image

http://www.non-fides.fr/?+Lecco-Italie- ... -micro-de+
http://informa-azione.info/lecco_%E2%80 ... _microspia


Saturday, 2 October 2010
Messina, Sicily - Twenty-five anarchists charged translated from informa-azione

Police of Messina have concluded the investigation of the precarious school workers "Invade the Strait [of Messina]. A bridge for school," of Sept. 12. There are reports of 25 people belonging to anarchist and antagonist movements "who mixed in with the movement of temporary school workers with the principal purpose of creating problems for the train circulation" say police in relation to the blockade of the central rail station.
At the conclusion of investigation conducted by the Digos of Messina in collaboration with similar offices in other Sicilian police headquarters, this morning were deposited at the Public Prosecutor's "criminal acts relating to events occurring on the margins of the demonstration", which took place Sunday, September 12, 2010 in Messina, "Invade the Strait. A bridge to school", organized by the school's precarious workers. The police said that "during the event some troublemakers, infiltrated among the demonstrators, had occupied the tracks of the Central Station, leading to a partial blockade of rail traffic lasting about an hour."
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Re: Italie

Messagede Nico37 » 12 Nov 2010, 20:56

Je suis en Italie, à Brescia et peux témoigner d'une situation dramatique de répression contre des sans-papiers.
Ce soir, émission TV nationale en direct sur place (Annozero) sur les migrants sur la grue.

Voilà la situation :

Suite à la procédure de régularisation de certaines catégories de travailleurs sans papiers lancée en mars 2009 par le gouvernement italien, de nombreux immigrés ont rempli les papiers demandés par la préfecture et payé plusieurs centaines d'euros en vue de leur régularisation (500 euros pour la procédure elle-même plus la régularisation des contributions sociales). Depuis, ici à Brescia (ville industrieuse du nord d'environ 400.000 ha, à 70 km de Milan) 4000 demandes ont été mises en attente et 1000 ont été rejetées (l'argent ayant été par contre bel et bien encaissé par l'Etat).
On a organisé un sit-in devant la préfecture pendant 32 jours, peu visible (la préfécture n'étant pas dans le centre) mais régulier, avec aussi des manifs de soutien régulières. Profitant d'une manif (non autorisée) le samedi 30 octobre dernier, la police a rasé le camp de protestation. 6 migrants de diverses nationalités, désespérés, ont alors grimpé sur une grue, à 35 mètres de hauteur, sans sécurité, en plein centre ville; c'est une grue d'un chantier pour la construction du métro (et la ville - liée à la LEGA Nord- nous reproche les 25000 euros quotidiens que couteraient le blocage du chantier).
On a organisé un nouveau sit in en bas de la grue pour rester en contact avec les six, leur transmettre vivres, couvertures et changes secs régulièrement.
Samedi dernier, du jamais vu ici à Brescia, une manifestation de solidarité aux migrants de 10.000 personnes. Résultat: lundi matin à l'aube, nouvelle offensive de la police qui a défait le sit-in, arrété violemment des militants, des journalistes, avec chasse au clandestin dans les rue de la villes, plusieurs se sont retrouvés en centre de détention et leur futur est incertain.
La journée de lundi a été tendue, les citoyens, on était 500-600, se sont regroupés spontanément sous la grue, dans le périmètre laissé libre par la police, qui a chargé. Progressivement la situation s'est détendue mais les frères sont désormais isolés, on ne peut leur faire passer les vivres que ponctuellement, en négociant à chaque fois, il y a du monde jour et nuit face au cordon permanent de la police. L'artère centrale de la ville est ainsi bloquée. Le cordon est juste en face de l'entrée de l'université et les entrées sont filtrées.
On multiplie les actions de solidarité. Ce matin on a organisé des "leçons sous la grue" avec des enseignants universitaires sur l'économie de l'immigration et la légalité des procédures.
L'ambiance n'est pas des plus joyeuses, on a peur que le découragement des "fratelli" comme on les appelle ici (les frères), ne leur fasse commettre l'irréparable ou que tout bètement, ils glissent sur les tubes d'acier. Ils n'ont aucune protection, les pompiers ont refusés de les déloger par la force car dès qu'ils s'approchent les migrants menacent de se jeter. Pas de dialogue avec les autorités qui demandent à ce qu'ils descendent avant toute négociation.
Solidarité à Milan où 5 autres migrants occupent une tour de 90 m de haut. On commence à avoir une certaine audience dans les média, mais relative.
Les migrants s'appuient sur deux organisations locales très militantes : l'association antiraciste "Diritti per tutti" et la radio libre locale "Radio onda d'urto" ( (http://www.radiondadurto.org).
Quelques photos et video sur ce site : http://milano.corriere.it/notizie/crona ... 5852.shtml

Tous les témoignages de solidarité sont les bienvenus et transmis dans la mesure du possible aux migrants.

Dernière minute : hier dans l'après-midi, Singh, l'un des six, de la communauté indienne, est descendu de la grue. Il a été amené par les forces de l'ordre et nous n'avons plus de contact, nous savons juste qu'il a été examiné par des médecins et qu'il va bien. Le juge de paix (qui peut prononcer l'ordre d'expulsion immédiate) examine son cas aujourd'hui. Nous savons que les 5 frères qui sont encore sur la grue sont très déterminés. En revanche, depuis que l'on ne peut plus assurer leur ravitaillement librement, ils ne reçoivent très peu ou pas de nourriture et les forces de l'ordre ne veulent pas faire monter de couvertures (il fait déjà très froid ici). Il n'y a pas non plus la possibilité de recharger leurs téléphones et le seul contact possible est visuel, nous sommes toujours plusieurs dizaines ou plusieurs centaines à leur manifester notre solidarité, jour et nuit.
Il y a eu hier une petite manif de soutien à Paris face à l'ambassade italienne.
Toute manifestation de soutien, expression de solidarité est la bienvenue.
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Re: Italie

Messagede Nico37 » 21 Nov 2010, 14:03

Ce matin à Porta Palazzo, on peut voir accrochée à une grue une longue banderole sur laquelle il est écrit: "A Brescia comme partout ailleurs, guerre aux trafiquants, aux frontières et à leurs bras armés"

Le Laboratoire, synthétisant des infos tirées de Radio Onda d'Urto et Brescia Oggi - 21 nov 2010
http://lelaboratoire.over-blog.com/
Article en italien: http://www.radiondadurto.org/blog/2010/ ... -e-mantova

Solidarité avec la lutte des migrants de Brescia dans le ciel de Turin

A Brescia, cela fait maintenant plus de 2 semaines [1], depuis le 30 octobre, que des hommes vivent perchés à 30 mètres de hauteur sur une grue pour avoir ces fameux papiers sans lesquels un être humain risque à tout moment d'être arrêté, emprisonné pendant 6 mois minimum et expulsé.

Ils étaient 6 au départ, 2 sont redescendus en fin de semaine dernière. Sing, tout d'abord, qui, à sa descente, a été arrêté pour être expédié en centre de rétention comme l'avaient été 12 de ses camarades arrêtés lors d'une des manifestations de soutien sous la grue la semaine dernière. Et puis finalement, sur une idée du ministre Maroni, le destin de Sing a été changé et il a été décidé de l'exhiber dans une conférence de presse au cours de laquelle a été annoncé qu'il bénéficierait d'un permis de séjour temporaire en attendant son procès pour délit de séjour irrégulier.
Lors de cette conférence de presse Sing a lancé un appel public à ses compagnons restés sur la grue pour qu'ils redescendent sans crainte des conséquences. Précisions: depuis sa redescente sur terre, Sing est accompagné 24h sur 24 par un médiateur indien qui a déclaré que « Sing a voulu être là pour témoigner que toute la communauté indienne agit dans la totale légalité. Il a déjà réussi à joindre ses parents en Inde, ils sont tous contents que cela se soit bien terminé, qu'il ait compris qu'il se trompait. » Entre pression communautaire et chantage des autorités italiennes, quel est l'espace de liberté de Sing ?

Par ailleurs, il semblerait que la préfecture de Brescia fasse pression sur Sing, mais aussi sur les autres occupants de la grue, dont Papa [2] le second qui en soit redescendu, afin de savoir quels sont les Italiens qui les auraient convaincus de se lancer dans ces actions de protestation [3].
En bas, la mobilisation continue. Tout d'abord, celle de toutes celles et ceux qui sont solidaires des occupants de la grue et de leur combat. Il s'agit entre autres de parvenir à ravitailler les 4 occupants de la grue et pour cela de devoir négocier avec les autorités qui ont bien compris que sans vivres ils ne tiendraient pas longtemps. Par ailleurs, rassemblements et manifestations se succèdent, que ce soit à Brescia même ou dans d'autres villes d'Italie, comme Bologne, Turin ou Milan où depuis le 5 novembre, plusieurs sans-papiers occupent une tour avec les mêmes revendications.

Évidemment cette mobilisation importante, s'accompagne d'une forte répression. Ainsi, après les charges policières et les arrestations qui ont eu lieu lors de la manifestation de lundi dernier, d'autres actes de répression ont eu lieu. A Brescia, tout d'abord, au cours de la manifestation de samedi lors de laquelle plusieurs personnes ont été arrêtées. Et puis à Turin aussi où, samedi, une petite manifestation spontanée de solidarité concomittante à celle de Brescia s'est déroulée dans les rues du quartier populaire de la ville afin d'informer les gens de la lutte qui se déroule aur et autour de la grue.
Alors que l'accueil des habitants du quartier était comme d'habitude chaleureux, le petit cortège est tombé nez à nez avec 3 voitures de carabiniers qui les ont pris à partie et ont appelé des renforts qui sont arrivés très rapidement. Les camarades ont alors été tabassés et matraqués au milieu de la rue malgré les protestation des passants.
Suite à cela, 6 personnes ont été emprisonnées en vue d'une comparution immédiate dont le résultat devrait être connu bientôt. Dès le lendemain, une manifestation, plus importante numériquement, a de nouveau été organisée dans le quartier où se sont déroulés les faits, à la fois pour continuer la mobilisation et l'information par rapport à la lutte en cours à Brescia et pour recueillir des témoignages par rapport aux arrestations de la veille.

Cette répression touche aussi bien sûr et avant tout les sans-papiers eux-mêmes et ainsi, via le consulat d'Egypte, est arrivée l'annonce de l'expulsion imminente de ceux qui après leur arrestation lors de la manifestation de lundi dernier avaient été envoyés dans les centres d'identification et d'expulsion (CIE) de Milan, Turin et Gradisca. En riposte, un rassemblement devant le consulat d'Egypte est prévu aujourd'hui à Milan.

Concernant les occupants de la grue, à qui différents émissaires religieux et syndicaux (cgil) demandaient cette nuit de redescendre en échange de vagues promesses que leur aurait faites la préfecture de Brescia, voilà ce qu'ils leur ont répondu :« N'emmenez pas les gars enfermés dans les CIE qui risquent l'expulsion immédiate où nous nous fâcherons ».
Effectivement, ce lundi, à Brescia, la police dit bien fort que l'expulsion a été bloquée.Néanmoins, en ce début d'après-midi, les Egyptiens arrêtés lors de la lutte ont été extraits de leurs cages du centre de rétention de Turin pour être conduit à l'aéroport de Milan afin d'être montés de force dans un avion pour l'Egypte, probablement celui d'Egypt Air de 17h45. D'ores et déjà le gouvernement égyptien a annoncé que les immigrés "rebelles" seraient sévèrement traités.

En Italie come ailleurs liberté de circulation et d'installation !

°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
Notes
[1] La lutte des immigrés déboutés des lois de régularisation par le travail de 2009 a commencé depuis bien plus de 2 semaines et à Brescia cela faisait 2 mois qu'un rassemblement permanent avait lieu pour dénoncer cette situation.Il faut savoir que tous les déboutés de cette loi de régularisation ont déboursé plusieurs centaines, voire plusieurs milliers d'Euros pour pouvoir constituer et déposer leur dossier finalement rejetté.
[2]Concernant Papa, redescendu suite aux appels de son père, sa situation , bien qu'il soit sans papiers, semble moins l'exposer à un risque d'expulsion immédiate et il est sans doute moins soumis à la pression.
[3]en Italie comme ailleurs, les autorités pensent que les étrangers sont trop bêtes pour décider eux-mêmes de leurs affaires, la même chose s'était notamment produite en France après l'incendie de Vincennes et des responsables politiques étaient allés rechercher des responsabilités extérieures parmi les "soutiens"
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Re: Italie

Messagede Nico37 » 23 Jan 2011, 14:06

Des autodafés à Venise ? par Lello Voce

Pour le pire, écrivait Montale, il n'y a pas de fin. Comme il avait raison… Ainsi, à la lumière de ce que rapporte un quotidien vénitien, il m'incombe d'intervenir à nouveau sur cette consternante affaire de censure des livres des réprouvés : quelques dizaines d’auteurs toutes générations confondues et de convictions politiques diverses, dont des noms prestigieux et "historiques" de la culture italienne et internationale comme Agamben, Sollers ou Balestrini, parce qu’ils ont signé en 2004 l'appel en faveur de Cesare Battisti…
L'Assesseur à l'Instruction pour la région de Vénétie, la PDL Donazzan, non contente d'avoir déjà mis dans un sérieux embarras jusqu'à ses propres troupes à Venise en décidant unilatéralement et à leur insu, d'utiliser l'argent public pour offrir des Bibles à tous les élèves des écoles de la région, déclare aujourd'hui qu’elle s’adresse à tous les proviseurs de la Vénétie (et à travers eux à leurs enseignants), pour les inciter à ne pas diffuser auprès des jeunes les œuvres des auteurs mis à l'index. A qui lui reproche d'opérer une censure, elle répond, qu'il ne s'agit pas de sa part d'une exigence (et comment le pourrait-elle?) mais d'une "indication politique". Il y a une tendance à privatiser l'enseignement, en Italie, qui a désormais dépassé toute mesure, comme si – l’administration de l'une ou l'autre de ces institutions, - permettait d’en devenir propriétaire.

Les faits sont je pense désormais connus de tous : de l'invitation à exclure des bibliothèques vénitiennes les livres des auteurs signataires – en 2004 – d'un appel pour la libération de Cesare Battisti, écrivain et ex-membre de la formation terroriste PAC, parti d'un Conseiller municipal du PDL de Martellago, jusqu'à l'adhésion enthousiaste de l'Assesseur de la Province de Venise, Monsieur Speranzon, ex MSI intégré dans le PDL, qui a surenchéri, en nous décrétant"personnes indésirables" dans la province de Venise ; invitant d’un ton menaçant toutes les communes à se comporter de la même manière, ou à en prendre la responsabilité (et donc à en assumer toutes les conséquences… lesquelles?! a-t-on envie de demander).

Nous sommes de nombreux auteurs mis à l'index, avec des positions littéraires et politiques très diverses, rassemblés par le seul fait d'avoir osé se prononcer en faveur du terroriste rouge diabolique, d'avoir émis quelques doutes sur la version officielle des faits. Cela vaut peut-être la peine de préciser que le soussigné n'a pas soutenu cet appel parce qu'il partageait ou avait un tant soit peu jamais partagé les choix politiques de Battisti et des PAC. A cette époque, je faisais tout autre chose .Je n’ai jamais été proche, ni des Brigades rouges, ni de quelque groupe que ce soit, ou groupuscule ayant cru pouvoir résoudre par les armes les contradictions criantes de notre nation. A ceux-ci, donc aux PAC et à Battisti, j'attribue même la part essentielle de la responsabilité d'avoir transformé ma jeunesse en une sorte de triste et désagréable slalom entre les bombes, les postes de contrôle, les courses effrénées sous les toits accueillant des tireurs d'élite. D'avoir en somme contribué à restreindre ma liberté et mon bonheur.

J’ai signé l'appel parce que je pense qu'il est temps de faire toute la lumière, de soulever les voiles, de refuser les échappatoires, de démasquer ce qui doit, et qui doit l'être, quelle que soit la personne en cause.
C’est la seule issue si l’on veut éviter la répétition de certaines tragédies, toujours tapies dans l’angle mort de l'histoire.

Il faut dire, avec la plus grande clarté que ce qui va suivre ne relève pas du pur « idéologisme », que le cas Battisti a la capacité maligne de faire perdre le nord à des têtes bien plus pensantes et démocratiques que celles de l'Illustre Speranzon.

Je fais référence au récent article de Tabucchi paru dans Le Monde du samedi 15 janvier, dans lequel l'écrivain s’en prend à certains intellectuels français tels que BHL, Sollers, Fred Vargas, coupables d'avoir défendu l'écrivain "armé", avec la thèse que les magistrats en Italie appartiendraient à une catégorie au-dessus de tout soupçon, que ce qu'ils établissent serait, sans l'ombre d'un doute, la pure vérité, le cas Battisti inclus.
Même Tabucchi se laisse séduire par les généralisations, par les facilités d'un faux syllogisme, fondé sur les mérites que certains de ces magistrats se sont acquis dans la lutte contre la mafia, ou contre la corruption politique, mais oubliant la responsabilité prise par nombre d’entre eux dans l'apparition d’un épais brouillard sur les tragédies de ce pays : il en déduit que tout magistrat est a priori un magistrat juste ! De tels égarements nous font sentir l’amertume de la lie qu’il faut boire.

La présomption importe peu s'il s'agit de résoudre le débat, comme le fait Tabucchi, en invoquant une supposée totale intégrité de toute une catégorie : celle des magistrats.
Il y a les "robes de combat" mais il y a eu et malheureusement il y a encore, celles que dans les années 70 on a appelées les "robes de garde" de ceux qui croient au complot du Mal, aux balles déviées de leur trajectoire par des pavés volants, ceux qui se sont voués pendant des années à l'ensablement des procès gênants, ceux qui se sont vendus au Caïman etc…
Tabucchi a peut-être oublié des événements qui pourtant devraient lui être bien connus ? Pense-t-il réellement qu'une affaire aussi triste et aussi tragique que celle de la lutte armée puisse être résolue de manière aussi manichéenne, en divisant le monde entre bons et méchants? Et seulement grâce aux sentences des tribunaux ? Cela ne lui semble-t-il pas excessivement "manzonien"?
A-t-il oublié que le grand Lombard affirmait, dans l'un des recoins de son grand Roman, que celui qui commet le mal est coupable non seulement du mal qu'il commet, mais également du trouble qu'il provoque dans l'âme de l’offensé ?
Quel sens cela a-t-il donc, de critiquer violemment un intellectuel pour la seule raison qu'il n'accepte pas servilement ce que tel ou tel juge italien a affirmé dans ses sentences. Tabucchi sait bien que souvent, ici en Italie, les vérités juridiques et les vérités historico-politiques ne coïncident pas.
Que cela arrive justement au lendemain du diktat de Marchionne est particulièrement préoccupant, et fait craindre qu'une fois de plus, la gauche parlementaire ne sache analyser ni répondre au malaise profond de vastes couches de la population.

Au delà de la violente arrogance de la requête de Speranzon, aux sinistres et manifestes échos orwelliens, ce qui frappe le plus est l'idée que l'on puisse interdire, ou du moins empêcher la lecture de tel ou tel livre (ou disque, ou pièce de théâtre) au prétexte des positions que l'auteur exprime à propos d’autres affaires.
Ici en effet, on ne demande pas d'exclure des bibliothèques de Venise, des collections publiques, etc..certains livres qui évoqueraient le cas Battisti, ce qui déjà serait assez révoltant. Non, on fait mieux, on demande d'exclure des livres qui parlent de tout autre chose, au prétexte qu’ils ont été écrits par des personnes politiquement dérangeantes pour Monsieur l'Assesseur.
On est au delà du cauchemar, dans le plus incroyable et le plus nocif des délires…

A quand l'interdiction des livres de tous ceux qui pensent que le Caïman est un prévaricateur, à quand celle de ceux qui prennent position contre le fédéralisme padouan, ou de ceux qui se déclarent gay, ou favorables à des politiques antiprotectionnistes dans le domaine des stupéfiants?
A quand l'exclusion des bibliothèques municipales de Milan de tous les auteurs qui sont des tifosi des équipes de foot de Rome ou Naples?!
Si ce n'était tragique, ce serait de l’ordre de la mauvaise farce.

Je connaissais le passé aux errements néo-fascistes de l'Assesseur, mais je croyais qu'il avait tout intérêt à ne pas les faire connaître.
Je me trompais : à présent, si quelqu'un avait le moindre doute, il se sera objectivement convaincu que la bête immonde a perdu ses poils mais non son vice, et que si le couturier de Speranzon a fait de sa chemise noire un veston croisé bleu de conseiller commercial, il n’en reste pas moins un bon vieux fidèle du chef Almirante.
L'habit ne fait pas le moine, ni l'Assesseur un démocrate.
Sinistre est aussi le chantage caché entre les lignes du communiqué, il fait comprendre que les mesures de censure ne seront pas prises à l'égard des auteurs qui retireraient leur signature de l'appel : même sans autre raison cela me suffirait à m'inciter à le re-signer.
Autre éducation, autre patrimoine génétique en ce qui me concerne.
Il faut dire en outre que, sur un territoire comme le nôtre, où l'arrogance néo-fasciste en est arrivée à des assassinats pour des motifs futiles, où l'intimidation, la violence physique comme instrument licite de la lutte politique sont prises pour maîtresses, des positions de ce genre, unies au chœur d' agressifs rugissements de nombreux représentants de la loi, peuvent sonner comme une invitation et une autorisation à en faire encore plus.
De cela, Speranzon et ses compagnons ne peuvent qu'assumer toute la responsabilité.

Enfin Speranzon nous invite à faire preuve de respect pour les victimes et leurs familles. Il a raison. Ce respect ne m’a jamais fait défaut, à l'égard d'aucune des victimes et d'aucune de leurs familles, quel que soit leur credo politique. Il y a bien longtemps en effet que, comme beaucoup d'autres, je demande que leur soit concédé le respect le plus impérieux : celui qui lèvera le secret d'état sur tant, trop d'épisodes obscurs qui ont affligé l'histoire récente de notre pays, y entraînant des centaines de victimes innocentes, avec et sans uniforme.
Et je ne pense pas avoir manqué de respect en signant cet appel. Si la vérité officielle ne me convainc pas, si je demande de la clarté, au regard de la légalité nationale et internationale, si j'avance des doutes, si j'approfondis, je ne pense pas être en train de manquer de respect à qui que ce soit, et surtout pas, moins que jamais aux familles des victimes, à moins que l'on pense que n’importe quel coupable, vaut mieux que pas de coupable du tout.
Ceci ne bénéficierait ni aux victimes du terrorisme rouge et noir, ni à leurs conjoints, et moins que jamais à la démocratie.
Une telle chose ne peut convenir qu'à celui qui se trouve splendidement à son aise au centre du pogrom.
C'est pour cette raison que je re-signerais cet appel, pour cette raison que j’affirme que les déclarations et initiatives de Speranzon ne sont pas seulement fascistes, mais substantiellement ridicules et obliquement pornographiques.
Le commentaire de sitaudis.fr
Traduction : Lella Le Pillouër

Liste des liens reprenant cette affaire :

A Venise, on allume des brasiers de livres, allons nous agir ?

Liste partielle des livres qui seraient proscrits

Compte rendu des débuts de la campagne et de ses résultats

Les articles parus dans la Repubblica et l' Unita

Une bibliothécaire vénitienne rapporte des pressions "informelles" pour écarter les livres de Saviano

L’Assessore à la Culture de la Région de Vénétie demande aux présidents de boycotter les livres de la "liste noire"


A Venise, les laquais de Berlusconi veulent mettre nos livres sur le bûcher
[Traduit de l'italien par Gaia Manco. Mise à jour dans les comments]

Serge Quadruppani a su trouver les mots les plus indiquées. Les voilà:

«Face à l’imbécillité fascisante, on est comme désemparé : l’énormité idiote de certaines déclarations pourrait laisser sans voix. C’est tellement crétin qu’on a seulement envie de hausser les épaules et de penser à autre chose. Mais ces énormités et cette idiotie ont des effets bien réels.
Si on laisse se répandre la seule idée (pour ne pas parler de la pratique réelle) que des listes noires pourraient être officiellement dressées pour refus de céder à la dictature du chagrin, pour non-respect de la vision dominante de tel aspect du passé ou de telle affaire judiciaire, alors on cède à une conception de la société plus proche de la Tunisie de Ben Ali que de celle qu’a rêvée l’Europe des Lumières et de la résistance. » («Inquisition moderne : les bibliothèques vénitiennes purgées des pro-Battisti »)

Notice préliminaire: le cas Battisti ici est juste un prétexte. S’il n’y avait pas celui ci, ils en auraient cherché un autre. Par conséquent, dans ce billet on ne parlera pas du détail de cette histoire. Si celui o celle qui connait seulement les opinions répétées à l’infini par les médias et les politiciens voulait entendre une autre version, il pourra se renseigner sur Carmilla [1]. Celui qui voudra en discuter est prié de le faire autre part (le net est plein de blogs et forum). Notre opinion est suffisamment connue, à son temps nous en avons écrit, en pesant chaque mot, en essayant de maintenir un équilibre [2]. Mais aujourd’hui la question est une autre, comme le collègue Carlo Lucarelli, qui nous envoie ce message, a bien compris:

«Sur le cas Battisti- l’homme et son histoire- nous avons des positions différentes, mais ce qu’ils sont en train d’essayer de faire avec cette liste de proscription est vraiment une cochonnerie et c’est vraiment de la censure contre le désaccord. Je ne suis pas un des signataires de l’appel pro Battisti mais je suis disponible à soutenir quand même toute initiative partagée pour contester cette sordide opération digne d’une dictature débile.»

Et maintenant on vous raconte ce qui ce passe.

Le délègue à la culture de la Province de Venise, ex MSI (Mouvement Social Italien, parti post-fasciste n.d.t.) tourné berlusconien Speranzon, a accueilli la suggestion d’un collègue de parti et sommé aux bibliothèques de la province de:

1) enlever des étagères les livres de tous les auteurs qui en 2004 ont signé un appel dans lequel on demandé la libération de Cesare Battisti;
2) Renoncer à organiser initiatives avec ces écrivains (ils doivent être déclarés: personae non gratae)
Le bibliothécaire qui n’acceptera pas ce diktat “s’en assumera toutes les conséquences”. On fait peut être allusion au bloc des financements, au refus du patronage des initiatives, au mobbing, à hostiles campagnes de presse? La proposition a obtenu la faveur du COISP (un syndicat de policiers). Donc le bibliothécaire va y penser deux fois avant se se faire des ennemis parmi les pouvoir locaux et les forces de l’ordre aussi.
Une bande de “sincères démocrates” est déjà en marche pour étendre la chose à toute la Vénétie et il y a des chances que l’initiative sera copiée au delà des frontières régionales. Voilà ce qu’on peut lire sur le “Gazzettino” [3]:

«Je vais écrire aux délégués à la culture des Mairies du territoire de Venise afin que ces personnes soient déclarées importunes et je vais leur demander, comme les bibliothèques municipales sont insérées dans un système provinciale. que leurs œuvres soient retirées des étagères. [...] Je vais demander de ne pas promouvoir la présentation des livres écrits pas ces auteurs: chaque Mairie pourra agir en autonomie, mais devra en assumer la responsabilité. En outre, comme conseiller municipal à Venise, je vais présenter une motion afin que Venise donne en première l’exemple. [...] Nous allons écrire aux délégués régionaux Marino Zorzato e Elena Donazzan, pour étendre l’initiative à toute la Vénétie.»

Le fait même que l’on puisse concevoir une telle chose indique que l’enfoncement italien est en train de toucher des nouveaux, ecoeurants niveaux. Nous sommes en train de sonder le fond de la Fosse de Mariannes, entourés par des poissons aveugles et déformes, à la recherche de l’obscurité la plus obscure qui puisse se produire dans l’univers.
Voulons nous rester au fond de la fosse avec ces sombres misérables scaphandriers ou voulons nous nous engager pour émerger?
La haut il y a le soleil, pour ceux qui veulent le revoir.

Dans la liste de proscription nous sommes très nombreux: nous, Valerio Evangelisti, Massimo Carlotto, Tiziano Scarpa, Nanni Balestrini, Daniel Pennac, Giuseppe Genna, Giorgio Agamben, Girolamo De Michele, Vauro, Lello Voce, Pino Cacucci, Christian Raimo, Sandrone Dazieri, Loredana Lipperini, Marco Philopat, Gianfranco Manfredi, Laura Grimaldi, Antonio Moresco, Carla Benedetti, Stefano Tassinari et beaucoup d’autres encore. En pratique ils devraient les vider, ces étagères. Et peut être c’est précisément ce dont ils rêvent.



Quadruppani a raison: on ne peut pas réagir en haussant les épaules, dire « c’est juste une provocation », conseiller l’indifférence « pour ne pas faire de la publicité à ces gens là ». Parfois il faut faire ainsi, mais pas toujours. Bien sur, il s’agit aussi d’une provocation, mais surtout d’autre chose:
1)il s’agit d’une menace faite à une catégorie professionnelle entière (les bibliothécaires) qui devraient accepter un ultimatum autoritaire et anticonstitutionnel ou ils vont la « payer chère »
2) Il s’agit d’un acte finalisé à l’isolement et à la censure d’écrivains et artistes comme « complices » de terrorisme. Un acte accompli par un administrateur, une figure de pouvoir qui, en agitant un épouvantail pour détourner l’attention d’autres problèmes, s’appelle aux réactions viscéraux du « peuple ». Un acte qui veut intimider et « remettre à sa place » celui qui produit discours public. Comme le collègue Tiziano Scarpa a déclare : «De cette façon on frappe la citoyenneté d’un écrivain, qui se trouve dans la langue et dans les œuvres » [4]

Contre cette horreur nous devrons tous réagir, non seulement les écrivains directement engagés ou les bibliothécaires directement visés.
- Les citoyens, les frequentateurs des bibliothèques devraient se faire entendre
- Les administrateurs, les forces politiques et associations de Venise et des mairies avoisinantes
- Toute personne travaillant dans l’information devrait essayer d’écrire, comme tous ceux qui ont un blog et similia ;
- L’Association Italienne Bibliothèques devrait faire quelque chose
- Les syndicats de la fonction publique devraient faire quelque chose.
- Les éditeurs devraient faire quelque chose, même légalement, en portant plainte au devant les tribunaux civils, contre une action qui leur provoque des endommagement matériaux et moraux.
- Il faudrait envoyer e-mails aux journaux (non seulement aux journaux venetiens) pour protester, il faudrait afficher messages et lettres ouvertes dans les bibliothèques et salle de lecture.
- Il faudrait diffuser et mettre un lien aux billets comme celui ci (en bas nous mettrons les mises à jour sur cette histoire) et toute autre article, texte ou vidéo informant sur ce personnage, sur ses intentions liberticide et sur initiatives éventuelles de ses imitateurs et camarades.

Certains écrivains qui sont finis dans cette liste noire (avec d’autres qui n’y sont pas mais qui sont solidaires) sont en train de discuter, ils sont en train de se coordonner, ils sont en train d’évaluer quelle type d’action (y comprises des actions légales) engager. Mais s’ils seront seuls, cette censure va passer. La menace est adressée à tout le monde: à ceux qui écrivent, ceux qui lisent, à ceux qui tiennent à la variété de point de vue sur tout sujet. Si on sous-estime l’initiative parce qu’elle est stupide, on va créer un précédent. Il s’agit d’une initiative dangereuse parce que stupide. Comme le bloguer Mazzetta nous fait remarquer, on a l’intention d’affirmer le principe selon lequel il serait parfaitement normal:

«appliquer un filtre moral, en sélectionnant les livres selon les comportements des auteurs et leur appartenance idéologique et politique au vouloir de la majorité de gouvernement.
Comme si, si demain Berlusconi devait tomber en disgrâce, quelqu’un proposait de bannir de toutes les bibliothèques du royaume les livres de tous ceux qui l’ont soutenu et protégé, comme si les œuvres littéraires pouvaient et devaient être sélectionnées selon leurs caractéristiques morales et politiques de l’auteur.» [5]

NOTE (ITALIEN)
1.Dossier sul caso Battisti, carmillaonline.com
2. Wu Ming 1, [urlhttp://www.wumingfoundation.com/italiano/outtakes/cesare_battisti_2.htm]«Cesare Battisti. Quello che i media non dicono»[/url]
3. «La Provincia di Venezia “mette al rogo” i libri di chi firmò la petizione per Battisti», Il Gazzettino, 16 gennaio 2011
4. «Una prassi da dittatura», intervista a Tiziano Scarpa, Corriere del Veneto, 16 gennaio 2011
5. Il commento di Mazzetta sulla sordida iniziativa

ATTENTION: Mise à jour du 18/01/2011

Serge Quadruppani: “Contre l’inquisition vénitienne, une première victoire”

La présidente de la province de Venise, Francesca Zaccariotto a pris ses distances par rapport à l’initiative de Speranzon, l’adjoint à la culture provincial qui, avec l’appui d’un syndicat de policiers demande aux bibliothèques municipales et scolaires du territoire de retirer de leurs rayons les livres de tous les auteurs (dont le sousissigné et une ou deux centaines d’autres) qui ont signé un appel en faveur de Cesare Battisti en 2004. La présidente tient à dire que c’est une initiative personnelle et que la Province ne l’appuie pas. C’est une première victoire remportée grâce à une mobilisation sur le net qui a refusé les formes trop faciles de la pétition online ou du groupe facebook, mais s’est caractérisée par une multiplicité d’initiatives, du mail d’auto-dénonciation à Speranzon à la distribution de tracts dans les bibliothèques, à la mise en mouvement des éditeurs, des bibliothécaires, des collègues écrivains non signataires, et de tous les gens concernés. La rédaction de Carmilla analyse très bien toute l’affaire, pour ceux qui lisent l’italien. De toute façon, cette affaire à la fois dérisoire (pour ses effets pratiques immédiats) et très grave (pour le type de pratique qu’elle tend à banaliser) n’est pas terminée: il faut obtenir à la fois la certitude qu’aucune pression directe et indirecte ne sera exercée sur les bibliothécaires et que les conséquences institutionnelles soient tirées de cet abus de pouvoir. Si vous y tenez vraiment, je traduirai quelques passages, plus tard, du texte de Carmilla, en attendant, je retourne à ma chère Tunisie, sur laquelle j’essaie d’écrire quelques lignes.

ATTENTION: Mise à jour du 18/01/2011

Serge Quadruppani: La fierté de figurer sur la liste noire (bis): ça ne s’arrange pas

Malgré la prise de position contraire de la présidente de la province de Venise, c’est maintenant l’adjointe à la culture de la région (une région contient plusieurs provinces) de Vénétie qui demande à toutes les écoles de retirer les livres des “amis de l’assassin” Battisti des rayons de leurs bibliothèque. En cliquant sur l’image, vous verrez dans la colonne de droite la liste des auteurs que la clique fascistoïde au pouvoir dans la province vénitienne appelle à boycotter.

Image

Si vous voulez donner votre sentiment dans la langue que vous voulez mais poliment à l’adjointe en question, on peut lui écrire:
assessore.donazzan@regione.veneto.it
ainsi qu’au président de la région:
presidenza@regione.veneto.it
sans oublier Speranzon, le génial initiateur du mouvement:
raffaele.speranzon@provincia.venezia.it
Faut-il insister sur le fait que tout type d’insulte et de menace serait contre-productif ? Il le faut, je connais votre tempérament impulsif, chers lecteurs !
Nico37
 
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Re: Italie

Messagede Nico37 » 22 Avr 2011, 20:43

Un crucifix certifié conforme à la laïcité Olivier Tosseri - publié le 21/04/2011

Élément central de l’identité italienne, la présence du crucifix dans les lieux publics fait consensus.

Alors que les insignes religieux font débat en France, le crucifix dans les lieux publics déchaîne les passions en Italie… mais pour le défendre. Car il a été régulièrement remis en cause. Dernier cas en date, l’affaire Soile Lautsi. En 2006, elle porte plainte contre le gouvernement italien estimant que la présence du crucifix dans la salle de classe de ses enfants constitue une "discrimination" et une "coercition idéologique".

La Cour européenne des droits de l’homme lui donne raison en 2009. La levée de bouclier est quasi unanime en Italie, allant de la classe politique au Vatican, ponctuée par de nombreuses prises de positions. "Je pense que le bon sens finit parfois par être victime du droit. Une aussi ancienne tradition que celle du crucifix ne peut offenser personne." Cette déclaration n’est pas celle d’un hiérarque du Saint-Siège mais de Pierluigi Bersani, premier secrétaire du principal parti de gauche et ancien communiste. L’argument principal des défenseurs du crucifix est d’y voir le symbole du patrimoine culturel d’un pays se déclarant à 97 % catholique et dont la religion est le ciment de l’identité nationale.

C’est donc sur le terrain culturel que s’est déroulé le débat… ou plutôt son absence. Car malgré la multiplication des polémiques, ni le Conseil d’État, ni la Cour de cassation, ni la Cour constitutionnelle n’ont une position claire et commune tant sur la forme que sur le fond. C’est, en revanche, le cas de la Cour européenne des droits de l’homme. Dans un verdict définitif rendu le 19 mars dernier, elle juge que "la présence du crucifix dans les salles de classes italiennes ne viole ni la liberté de conscience et religieuse des élèves, ni celle d’éducation des parents".

Le Vatican exulte ! Le cardinal Angelo Bagnasco, président de la Conférence épiscopale italienne salue "un choix important et historique reconnaissant le crucifix comme un élément central de l’identité italienne". Un avis partagé par la quasi-totalité de la classe politique. Car, si la droite tonne pour défendre les crucifix, et si le parti de la Ligue du Nord donne de la voix pour les rendre obligatoires en Lombardie, un silence quasi total règne à gauche. Du Parti démocrate à l’Italie des valeurs, en passant par les écologistes de Sinistra Ecologia Libertà, la laïcité n’est pas une priorité.

Ce n’est pas le cas pour un homme politique issu des rangs de la droite conservatrice et ancien fasciste : Gianfranco Fini. Pour l’actuel président de la chambre des députés : "Nous vivons dans un Etat laïque, et comme citoyens nous ne sommes pas appelés à un acte de foi, le parlement doit faire des lois non orientées par des principes religieux." Et les sujets de tensions ne manquent pas : lois de financement des écoles privées, loi sur l’euthanasie ou sur la pilule abortive RU 486, autant de polémiques qui ont récemment agité l’Italie.

Avec la disparition de la Démocratie chrétienne, le Vatican a perdu son principal interlocuteur mais il a gagné des partenaires. Le vote catholique réparti sur l’ensemble de l’échiquier politique lui donne des relais dans tous les partis. L’Église cherche à diffuser dans la sphère publique les thèmes qui constituent sa table des valeurs : plus d’éthique, de morale, de bioéthique. Cette influence, l’affaire des crucifix l’aura une nouvelle fois démontrée.
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Re: Italie

Messagede Pïérô » 11 Juin 2011, 13:31

Battisti libéré par la justice brésilienne : bras d'honneur à l'Italie revancharde et hypocrite.

Article de Libé : http://fr.news.yahoo.com/la-cour-supr%C ... 11505.html
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