Apparemment, ce n'est qu'un match de foot, rien que du football. En réalité, il y va de l'avenir de deux pays, de deux régimes aussi corrompus l'un que l'autre.
Le hasard a voulu que l'Egypte et l'Algérie se retrouvent dans le même groupe de qualification. Les résultats ont fait qu'ils se soient retrouvés à égalité au terme de leurs parcours. Un dernier match est nécessaire pour déterminer qui ira disputer la phase finale de la Coupe du monde en Afrique du Sud au mois de juin prochain. Tout se jouera sur un match, sur terrain neutre, au Soudan...
L'Egypte et l'Algérie sont les maillons faibles du monde arabe. Deux dictatures qui pataugent dans un marasme économique, où la presse est muselée, où toute manifestation est interdite, où la jeunesse qui représente (de mémoire, il faudrait vérifier) la moitié de la population au chômage n'a aucune perspective de vie. Le stade, le foot, c'est le seul défouloir que leurs régimes leur permettent. C'est la drogue qu'on leur fournit habituellement pour avoir la paix.
Mais depuis plusieurs semaines, le ton monte entre les deux pays, encouragé par une presse aux ordres. Les dirigeants ont choisi de faire de ce match un exutoire à la misère de leurs peuples, à leur détresse sociale, projetant des millions de pauvres gens dans une hystérie nationaliste qu'ils ne maitrisent même plus. Ils vont même jusqu'à offrir des voyages gratuits pour aller assister à ce fameux match !
Malheur au vaincu, car il y aura de la casse au retour, et de la repression policière.
Malheur au vainqueur car il n'aura droit qu'à une rémission avant que le réveil ne soit brutal.
