Cuba

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Messagede Polack » 14 Sep 2009, 11:41

Cuba : tais toi et crêves

Un chômeur de 48 ans a été condamné à deux ans de prison ferme pour "dangerosité prédélictuelle". Il avait osé dire sur une vidéo que les Cubains avaient «besoin de bouffe».



Ivre, Juan Carlos Gonzales Marcos dit «Panfilo» avait fait irruption dans le tournage d'une vidéo pour s'écrier: "Ici, ce dont nous avons besoin est de jama (bouffe), avait-il lancé en argot local devant la caméra. Nous avons une faim terrible !" Son intervention a été mise en ligne sur le site YouTube, avec un succès fulgurant, attirant près d'un demi-million d'internautes.

Mais aux yeux des autorités, il a commis le délit impardonnable dans un contexte de pénuries persistantes de dire que les Cubains ont faim. Le tribunal l'a condamné à deux ans de prison, peine confirmée par la Cour d'appel.


Polack
 

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Messagede leo » 07 Jan 2010, 16:55

Une première à Cuba. Cet appel a été rédigé tout récemment, en décembre dernier, et a recueilli pas mal de signatures en quelques jours malgré les difficultés évidentes à communiquer à l'intérieur du pays.
Fait intéressant et notable, ces initiateurs et signataires, dont quelques uns sont membres du PC, se veulent du côté du socialisme et prennent bien soin de se démarquer des diverses autres dissidences, libérales, religieuses, liées à la droite cubaine en exil.


Un appel vient d’être rendu public depuis l’intérieur de Cuba. Il émane d’intellectuels et d’universitaires, souvent jeunes, qui se proclament fidèles aux idéaux du socialisme, certains étant relativement connus et reconnus. Il pointe du doigt les contradictions entre les idéaux émancipateurs du socialisme et la réalité répressive et autoritaire du pouvoir politique de la bureaucratie d’Etat.
Peut-être le signe tangible d’une première vraie dissidence de « gauche » ? En tout cas, il viendrait confirmer une tendance à l’œuvre déjà remarquée ces derniers temps dans la grande île caraïbe : la volonté de certains secteurs sociaux et de jeunes, artistes ou non, d’une plus grande autonomie, de pouvoir auto-organiser leurs propres projets, tendance que rejoignent des aspirations visant à transformer profondément le régime socialiste (l’après-Castro) en un sens plus participatif ou autogestionaire.


[Cuba] Appel contre les obstructions et les interdictions


Le titre en castillan est : « Lettre de refus des obstructions et interdictions qui frappent actuellement les initiatives sociales et culturelles »

" Lorsqu'ils sont venus chercher les communistes, je n'ai rien dit, je n'étais pas communiste.
Lorsqu'ils sont venus chercher les syndicalistes, je n'ai rien dit, je n'étais pas syndicaliste.
Lorsqu'ils sont venus chercher les juifs, je n'ai rien dit, je n'étais pas juif.
Puis ils sont venus me chercher, et il ne restait plus personne pour dire quelque chose”

Niemöller

Peu de temps après qu’aient été réalisés des analyses "publiques" et exhaustives sur la période "grise" de notre histoire récente, on respire à Cuba un air de re-pavonisation [*]. Sans vouloir attribuer de responsabilité universelle à une quelconque personne ou institution en particulier, nous avons relevé un certain nombre de faits qui témoignent d'un climat d’accroissement du contrôle bureaucratico-autoritaire et des entraves aux initiatives sociales. Chacun d’entre eux pris séparément rappelle certaines pratiques bien connues des années 70. Nous en résumons ici quelques uns d’entre eux que nous connaissons le mieux.

• Entrave à la participation d'un groupe de camarades qui s’exprimaient avec des slogans écologistes et socialistes autogestionnaires lors de la manifestation du Premier Mai de 2008, dont certains ont ensuite été séparés de leurs lieux de travail;

• Interdiction d’un espace étudiant de discussion sur les thèmes politiques et sociaux de notre pays à partir de positions socialistes, reconnu initialement par le département de philosophie de l’Institut des Sciences et Technologies Appliquées (INSTEC), qui a culminé avec l'expulsion d'une étudiante des rangs de la FEU [Fédération Estudiantine Universitaire], et l’éloignement d'un professeur de cette institution;

• L’éloignement de leur lieu de travail et des organisations politiques où militaient plusieurs travailleurs, pour avoir reçu et / ou publié des propositions critiques dans l'espace numérique Kaos en la Red (socialiste et anti-hégémonique), l'institution alléguant un usage incorrect de l’Internet;

• L'exclusion permanente des artistes du genre hip-hop underground des espaces publics, des scènes et des médias sociaux, ainsi que des cas individuels de persécution policière de certains de ces artistes;

• Entrave à la libre entrée du public aux dernières séances de discussions ouvertes du Último Jueves [Dernier Jeudi], organisée par le magazine Temas [**];

• Entraves, arrestations et interdictions, à la suite de la manif-performance contre la violence convoquée le 6 novembre 2009;

• Pressions sur le projet Esquife [Skiff], organisateur des Rencontres Théoriques Médias Numériques et Culture, et exigences de contrôle des accès à l'espace de cet événement public;

• Tentative d'acte de répudiation, en présence de la police et des ambulances, contre le projet autonome OMNI-Zona Franca [***] et son expulsion de l'espace qu'il occupait depuis 10 ans dans la galerie Fayad Jamis d'Alamar ainsi que le retrait du soutien au Festival Poésie sans Fin par les responsables du secteur culturel;

• L’éloignement de leur lieu de travail à Granma Télévision de deux travailleurs les accusant d’avoir transmis du « matériel pornographiques » (un œuvre avant-gardiste primée à différentes manifestations parrainées par l'ICAIC [ Institut Cubain de l’Art et de l’Industrie Cinématographique]), acte qui a entraîné une déclaration de protestation de la section provinciale de l'UNEAC [Union des Ecrivains et des Artistes de Cuba]

Tous ces événements ont une caractéristique commune, il s’agit d’actions qui partent des « institutions officielles » contre des initiatives culturelles caractérisées par l'engagement militant en faveur d’une autonomie solidaire. Nous voyons avec une grande inquiétude la possibilité que de tels actes malencontreux et stérilisants aient tendance à se généraliser. Nous voyons en eux la renaissance d'une pensée que nous croyions bannie de la vie culturelle de notre pays.

Nous nous élevons contre cette répression silencieuse qui touche des projets et des personnes dont la seule « erreur » a été de mener des initiatives qui n'ont pas été “dirigées d'en haut”.

Si le capitalisme est le pouvoir du capital contre les gens ordinaires, alors nous sommes contre le capitalisme, et si le “socialisme” est le pouvoir d'une bureaucratie contre le reste de la société, alors nous sommes également contre ce “socialisme”. Mais le socialisme ne doit pas être cela, le socialisme qui nous enthousiasme est le projet qui socialise – qui partage – toutes ses ressources, où tout le monde détient un accès égal à l'exercice du pouvoir ; et ne croyez pas que nous nous référons là à une utopie : il y a déjà, ici et là, quelques foyers et collectifs qui donnent réalité à ces pratiques.

La politique croissante qui conçoit ceux qui pensent et agissent différemment des “orientations” comme des "dissidents", "mercenaires" ou "contre-révolutionnaires" n'affecte en rien la vraie contre-révolution, dont l'image se renforce plutôt par le fait de laisser très peu de place à la critique socialiste au nom de la mise en œuvre du slogan « avec moi ou contre moi ». En ne pratiquant pas le respect dû à la diversité, c’est aussi l'unité du processus révolutionnaire qui se fissure.

Le seul moyen pour tenter d'éviter les conséquences désastreuses que nous entrevoyons est de promouvoir le dialogue culturel, le respect de l'autonomie et des capacités d’auto-organisation et d’autogestion des projets et des personnes qui émergent dans notre société. Il est aussi indispensable de reconnaître que la situation actuelle réclame de nouveaux types de liens entre les acteurs politico-culturels cubains, face à l'émergence irréversible de nouveaux faits sociaux comme les technologies numériques, ou l'impossibilité d’isoler le pays sous une « cloche de verre ».

Dans les circonstances actuelles, nous pensons indispensable de nous engager et même de prendre des risques à la hauteur des efforts nécessaires pour sauvegarder le contenu de notre projet de libération sociale. Aujourd'hui encore prennent de la valeur les mots de Martin Luther King quand il déclarait : « La couardise pose la question : “Est-ce sans danger ?”, l'opportunisme pose la question : “Est-ce politique ?”, et la vanité pose la question : “Est-ce populaire ?”. Mais la conscience pose la question : “Est-ce juste ?”. Et il arrive alors un moment où quelqu'un doit prendre position pour quelque chose qui n'est ni sans danger, ni politique, ni populaire mais doit le faire parce que sa conscience lui dit que c'est juste ».

Cette déclaration rejette toutes les tentatives de bâillonner les personnes et les projets qui travaillant à la recherche de la transformation sociale vers un « monde où d'autres mondes sont possibles ». La révolution et la culture n’ont de sens que si elles sont synonymes de critique et de création.

La Havane, le 18 Décembre 2009.

[Traduction : OCL / Courant Alternatif]
Notes de la traduction :

[*] Allusion à Luis Pavón Tamayo qui était le directeur du Conseil national de la culture (devenu depuis ministère) pendant la « période grise » (1970-1975) caractérisée par la censure la plus implacable et la persécution de toute expression de dissidence. De nombreux artistes et intellectuels ont été réduits au silence, marginalisés, incarcérés et, pour certains, poussés à l’exil.

[**] Témas : revue intellectuelle et universitaire cubaine. Les “Derniers Jeudis” sont un rendez-vous mensuel de débats en principe ouverts sur un thème précis.

[***] OMNI Zona Franca : collectif multidisciplinaire et indépendant de jeunes artistes cubains né en 2002. Adeptes de performances régulières, au-delà du travail de chacun, ils défendent et mettent en pratique la capacité collective et transformatrice de l’art. Ils occupaient jusqu’à peu un local communautaire dans l’Est de La Havane. Il leur reste des appartements particuliers et la rue…

Adhésions à cet appel :
Au 31/12/2009 :
Personnes : 46 signataires
Collectifs ou projets : 6 signataires
La liste des signataires et la VO de cet appel sont disponibles ici :

http://observatoriocritico.blogspot.es/



http://oclibertaire.free.fr/spip.php?article677
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Re: Cuba : Appel contre les obstructions et les interdictions

Messagede leo » 28 Mar 2010, 13:51

Un (petit) vent libertaire se lève sur Cuba…

IVème session de Observatorio Critico

Du 12 au 15 mars se sont déroulées à San José des Lajas, une localité proche de La Havane, les rencontres du IVème Observatoire Critique de Cuba. Cet événement, coordonné par la Chaire Haydée Santamaría, a réuni un bon nombre de personnes venues de toute l'île, et qui ont eu l'occasion de présenter, d’écouter et d’examiner l'idéal libertaire et les pratiques d'autogestion, comme alternative à la société cubaine contemporaine.

Parmi les thèmes abordés, on peut remarquer, entre autres, les débats sur « Écologie culturelle et culture écologique », « Socialisme et Autogestion au niveau micro et macrosocial », « Consommation, surconsommation et conscience écologique à Cuba », « Une contribution libertaire à l'écologie : l'oeuvre de Murray Bookchin », « Bioéthique, environnement, agro-écologie et médecine vétérinaire », « Les religions d'origine africaine et l'environnement », «Bilan du travail de 2009 de la Société cubaine pour la Protection des Animaux et des Plantes », « L’écorestauration » et la présentation du livre « Un Cerf Blessé, une écologie pour les enfants ».

Ces rencontres sont de toute évidence un signe encourageant pour les hommes et les femmes qui ont attendu si longtemps pour pouvoir réapparaître dans ce pays grâce à la force d’une idéologie qui a marqué le cheminement de Enrique Roig San Martín. López, Enrique Varona, Marcelo Salines et beaucoup d’autres, dont les efforts se reflètent dans le livre indispensable de Frank Fernández : « L’anarchisme à Cuba ».
Pour cela, il est nécessaire que depuis l'extérieur, à chaque fois qu'il est possible, nous soutenions les efforts de reconstruction qui s’effectuent dans des conditions si difficiles et devant faire face à tous types d'obstacles.

C’est un évènement encore modeste mais significatif. Environ 200 personnes sont passées à ces journées, venant de tout le pays, où se déplacer d’un point à un autre est excessivement difficile. L’intérêt principal est que ce forum a été précisément l’occasion de faire se rencontrer des expériences diverses qui, sans cela, ne peuvent que s’ignorer dans le contexte cubain de censure pour tout ce qui ne vient par d’“en haut”. Prometteur également, l’enthousiasme que rencontre ce thème de l’autogestion qui semble bien unifier toutes ces réalités et dessiner un nouvel imaginaire social, culturel, politique.

Pour obtenir davantage d'information sur l’ensemble de la programmation, les comptes-rendus des trois journées et des photos de la IVème sessoion de l’Observatoire Critique de Cuba, il est possible de visiter les blogs : http://observatorio-critico.blogspot.com et http://elblogdelacatedra.blogspot.com.
Il est aussi possible d’utiliser n’importe quel moteur de recherche Internet avec « observatorio critico » et « Cuba » pour trouver des références nombreuses et récentes.

La Chaire Haydée Santamaría est un espace discussion et d’articulation d'expériences créatives, critiques, de gestion et d’activités socioculturelles et artistiques visant à renforcer les capacités locales, les recherches historiques et les connaissances à propos de la libération et de l'émancipation sociale dans les scénarios actuels concernant Cuba et le monde.

Le 23-03-2010

Sources
http://libcom.org/blog/our-men-women-ha ... l-22032010
http://www.alasbarricadas.org/noticias/?q=node/13478

A propos de Haydée Santamaría et de L’Observatorio Crítico


Haydée Santamaría est la nom d’une révolutionnaire cubaine qui a participé à l’attaque de la caserne de Moncada, à Santiago de Cuba, le 26 juillet 1953, acte de naissance de la guerilla menée par le “Mouvement du 26 juillet” dirigé par Fidel Castro. Elle a créé la célèbre Casa de las Américas, s’est longtemps opposée aux secteurs les plus bureaucratiques et staliniens du régime. Elle s’est suicidée en 1980.

La Chaire qui porte son nom est composée principalement d’universitaires, de chercheurs en sciences sociales et revendique un mode de fonctionnement autogéré. Ses sujets sont orientés sur la pensée critique et les cultures émergentes. C’est un espace de réflexion indépendant du pouvoir politique cubain, créé en 2003 et depuis 2005, placé sous les auspices d’une association officiellement reconnue de jeunes auteurs et artistes (la Asociación Hermanos Saíz). La Chaire Haydée Santaria se veut un projet portant sur les dynamiques sociales et culturelles, un espace de discussion, d’échanges, de récupération de la mémoire historique liée aux expériences émancipatrices.

Ce n’est pas un mouvement politique ou social au sens strict mais un espace qui, de fait, par les thèmes qu’il étudie et met en discussion, joue un rôle de dissidence intellectuelle et politique, avec comme caractéristique une pluralité de points de vue en son sein et un positionnement se situant globalement en faveur d’un socialisme autogestionnaire, écologique, libertaire, se distinguant ainsi clairement de la dissidence libérale ou catholique liée à l’exil cubain de Miami et soutenue par la “Communauté internationale” (gouvernements des Etats-Unis, de l’Etat espagnol, l’UE…) et dont les grands médias se font régulièrement l’écho.

L’Observatorio Crítico et la Cátedra Haydée Santamaria sont à l’origine de l’“Appel contre les obstructions et les interdictions” lancé fin 2009 que nous avons publié sur le site [ http://oclibertaire.free.fr/spip.php?article677 ].
Les 46 signataires recensés au 31 décembre sont devenus 79 le 26 mars 2010.

Ces deux entités appartiennent au nouveau panorama social et culturel cubain, alternatif, contestataire, qui se dessine aujourd’hui dans l’île et où des groupes informels de jeunes artistes, musiciens, universitaires, se regroupent et se retrouvent autour de discussions, de lectures, de manifestations à caractère culturel, de happenings… indépendamment des structures officielles. Ces formes de dissidence là n’intéressent évidement pas les grands médias occidentaux, … ni les médias du régime qui préfèrent ne pas en parler.


http://oclibertaire.free.fr/
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NOUVELLE TRAHISON DES TRAVAILLEURS CUBAINS PAR LA CTC

Messagede barcelone 36 » 29 Sep 2010, 21:58

NOUVELLE TRAHISON DES TRAVAILLEURS CUBAINS PAR LA CTC
Communiqué commun MLC (Mouvement libertaire cubain) – GALSIC (Groupe de soutien aux libertaires et aux syndicalistes indépendants à Cuba)
Le journal Granma, organe officiel du Parti communiste de Cuba, a publié le 13 septembre dernier, une déclaration (1) de la Centrale des travailleurs de Cuba (CTC), dans laquelle le syndical officiel lui-même se charge de publier, de justifier et de défendre les mesures d’ajustement au niveau du travail décidées par l’État cubain “en correspondance avec le processus de mise à jour du modèle économique et des prévisions économiques pour la période de 2011-2015”. Parmi ces mesures, des lignes directrices sont fixées, elles prévoient pour l’an prochain “le licenciement de plus de 500 000 travailleurs dans le secteur public et en parallèle leur renvoi vers le secteur non-étatique”.
Après la réponse (qui n’a rien d’étonnante) de Fidel Castro à la question d’un journaliste yankee, où il avouait que “le modèle cubain ne fonctionnait pas à Cuba”, a été publiée la déclaration honteuse et cynique de la CTC annonçant, justifiant et défendant le licenciement d’un demi-million de travailleurs cubains, mesure décidée unilatéralement par le gouvernement du Président-Général Raúl Castro. Il est évident aujourd’hui que les Castro renoncent au “socialisme”, mais pas au pouvoir. Et que, pour se maintenir au pouvoir, ils sont déterminés à mettre en œuvre une politique économique de plus en plus ouvertement capitaliste.
Pour ceux qui croyaient encore, que le régime castriste était en train de construire une révolution socialiste et que la mission de la CTC consistait à défendre les travailleurs cubains, il est temps de confronter leur crédule naïveté avec la dure réalité. Une réalité, qui nous l’espérons, leur permettra de reconnaître que le “socialisme” castriste n’est rien de plus qu’un capitalisme d’État, et la CTC la forme la plus misérable et brutale du syndicalisme jaune au service de la classe dominante à Cuba.
Nous n’avons pas été surpris par cette nouvelle trahison de la nomenclature syndicale castriste. Depuis de nombreuses années, nous dénonçons la farce syndicale que les travailleurs cubains subissent. Mais, aujourd’hui, la démagogie “classiste” et “révolutionnaire” de la CTC est mise au grand jour, ainsi que sa véritable fonction de contrôle et d’asservissement de la classe ouvrière cubaine. D’où, les réactions de colère et accusatrices des travailleurs cubains qui crient (2) aux quatre vents leur déception et leur dégoût face à ce “syndicalisme” d’État, véritable courroie de transmission du pouvoir.
Pour un syndicat autonome, indépendant, combatif et au service des travailleurs cubains !
Pour le socialisme libertaire !
Pour Cuba libre et libertaire !
Octobre 2010
MLC (Mouvement libertaire cubain)
GALSIC (Groupe de soutien aux libertaires et aux syndicalistes indépendants à Cuba)
(I) http://www.kaosenlared.net/noticia/pron ... mbios-cuba
(2) http://www.kaosenlared.net/noticia/duda ... on-cubanos
___________________________________________________________________________________________________________________________________________________
POLÉMICA CUBANA
Pour en savoir plus sur les changements qui interviennent à Cuba, consulter le site d'information "Polémica cubana". Ce site est alimenté par un collectif d’individus réunis autour d’un objectif : donner à connaître le nouveau panorama social et culturel, alternatif, contestataire, qui se dessine aujourd’hui dans l’île où des groupes informels de jeunes artistes, musiciens, universitaires, se regroupent et se retrouvent autour de discussions, de lectures, de manifestations à caractère culturel, de happenings… indépendamment des structures officielles. Ces formes de contestation là n’intéressent évidement pas les grands médias occidentaux, …ni les médias du régime qui préfèrent ne pas en parler.
http://www.polemicacubana.fr
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Re: Cuba : Appel contre les obstructions et les interdiction

Messagede Pïérô » 02 Mai 2011, 01:16

sur le blog du groupe Salvador-Segui de la FA, http://groupe-segui.blogspot.com/

Solidarité avec les compagnons cubains : nous ne les laisserons pas seuls !

Quelques jours après le Forum social de La Havane, les copains de l’Atelier libertaire de La Havane subissent la répression de la Sécurité de l’État. Le GALSIC (Groupe d’appui aux libertaires et aux syndicalistes indépendants de Cuba) en relation avec nos compagnons espagnols, mexicains, états-uniens, vénézuéliens ont lancé une campagne de solidarité. Malgré l’interdiction des autorités, les compagnons cubains descendront dans la rue le 1er mai. Nous nous attendons à des représailles.
Le sixième congrès du Parti Communiste Cubain vient de se terminer avec l’annonce de la mise en place de réformes libérales (“à chacun selon son travail”) dans la sphère économique. Mais il faut également noter la réduction des services sociaux ainsi que la présence renforcée de militaires et de technocrates dans l’appareil d’Etat, alors que la place accordée aux intellectuels et aux ouvriers se restreint.
Dans la rhétorique comme dans les faits, l’efficacité, le contrôle et la discipline se substituent à l’égalité, à la solidarité et à la participation. Dans ce contexte, la répression s’accroît sur la sphère culturelle, ce qui laisse présager un nouveau retour en arrière en matière de libertés fondamentales. Des artistes performeurs voient leurs noms salis par des fonctionnaires de la culture – reconvertis en censeurs – et par la mise en place de campagnes dans tout le pays qui diffusent des rumeurs et des accusations mensongères. Un prestigieux Centre Théorico-Culturel voit ses locaux et son équipement sabotés par des “voleurs” qui ne volent rien et que les autorités ne semblent pas pressées de trouver ni de condamner. Des poètes et des militants au niveau local reçoivent la visite d’agents des forces policières qui les menacent de les traîner en justice sous l’accusation de “contre révolution” ou bien de les soumettre à la “colère populaire”, ce qui démontre bien que les soi-disant “foules en colère” qui répriment toute dissension ne sont ni populaires ni autonomes vis-à-vis du pouvoir qui les dirige.
Faudra-t-il retenir de Cuba la répression et les dommages faits à la propriété sociale, alors que des millions de Cubains ont tenté depuis cinquante ans de construire un pays plus juste malgré la discrétionalité d’une bureaucratie qui a toujours présenté les conquêtes populaires comme sa réussite propre ? Pour éviter cela, il nous faut, depuis en bas à gauche, faire pièce au silence et à l’autocensure qui consacrent l’impunité des censeurs, plutôt qu’ils ne font “le jeu de l’ennemi” comme le gouvernement se plaît à le rappeler.
Loin de tout opportunisme monétaire ou politique, ceux et celles qui voient aujourd’hui leur intégrité et leur travail militant menacés par les actions des autorités cubaines méritent tout notre respect. Ce ne sont pas des “mercenaires de la CIA” comme le dit la propagande officielle. Ils survivent avec peine de leurs maigres salaires. Quand ils réussissent à voyager à l’étranger, pour une conférence ou un séjour de travail ou d’étude, ils investissent les fonds alors obtenus dans la création humaniste et l’achat de matériel qui leur permette de continuer leur travail. Et quand ils reçoivent notre aide, sous forme d’un DVD ou d’une modeste collecte, ce n’est pas lié au soutien d’organisations puissantes, c’est le fruit de la solidarité d’hommes et de femmes qui travaillent, étudient, créent et militent pour un monde plus juste.
Comme ils sont loin, ces camarades, de ces bureaucrates qui voyagent facilement à travers le monde pour des “Campagnes de solidarité”, payées avec l’argent du peuple cubain, et qui, dès qu’ils en ont l’occasion, partent à Miami et y apparaissent comme des repentis à la télévision, des “combattants de la liberté”, ralliés aux forces anticastristes de l’exil. Comme ils sont différents de certains intellectuels “amis de Cuba” et qui, ingénus ou tarifés, confondent les idéaux de la Révolution avec les politiques de l’Etat cubain, et nient aux camarades cubains les droits mêmes qu’ils réclament (et parfois même dont ils jouissent) dans leurs régimes de démocratie bourgeoise. Comme ils sont supérieurs, dans leurs pratiques et leurs visions, à ces “réformistes autorisés” qui justifient avec un vernis théorique chaque revirement du régime cubain et développent des (pseudo) critiques abstraites, en mettant toujours en valeur la bonne volonté du pouvoir.
L’unique faute commise par nos camarades est d’oser penser autrement et agir en conséquence, sans attendre les promesses de l’Etat pap ni les chants de sirène du capitalisme mondial. Ils croient à une vie meilleure, organisée localement, où l’épanouissement de chacun est une condition et un moyen pour l’épanouissement de tous. Leurs échanges et leur formation au fil de nos luttes altermondialistes, piqueteras et zapatistes ont fait croître leur horizon et nous a permis d’apprendre en retour de leur héritage historique, des erreurs et des résistances populaires. Ils représentent l’héritage le plus vif de la Révolution cubaine, qui survit malgré le cancer de la bureaucratie. Ce sont des jeunes (de corps et d’âme) marxistes, libertaires, humanistes, féministes, écologistes, militants de base. Ils mettent leur temps et leur énergie au service d’une transformation sociale qui bénéficie à tous. Nous ne les laisserons pas seuls.
Nous savons que les forces de la domination sont puissantes, mais les révolutions populaires et anti-impérialistes par-delà le monde viennent nous rappeller qu’un pouvoir despotique peut toujours tomber. Nous espérons qu’il subsiste, dans le gouvernement cubain, une trace de son engagement originel avec le peuple cubain. Mais si ce n’est pas le cas, et si nos camarades sont réprimés par des forces réactionnaires et policières, nous sommes prêts à lancer la campagne de solidarité la plus intense, avec toutes les ressources de la légalité et de l’opinion publique progressiste internationale. Nous ne baisserons pas la garde !
“En vérité, nous ne sommes toujours pas sortis de l’humiliation. Mais le monde tourne, l’histoire change et une époque s’approche, de cela je suis sûr, nous ne serons jamais plus seuls.” Albert Camus
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Re: Cuba : Appel contre les obstructions et les interdiction

Messagede barcelone 36 » 08 Mai 2011, 21:16

http://www.polemicacubana.fr/?p=2193
NOUS NE LES LAISSERONS PAS SEULS !


Solidarité envers les militants cubains qui luttent pour une Cuba plus libre, plus juste et plus solidaire
Le sixième congrès du Parti Communiste Cubain vient de se terminer avec l’annonce de la mise en place de réformes libérales (“à chacun selon son travail”) dans la sphère économique. Mais il faut également noter la réduction des services sociaux ainsi que la présence renforcée de militaires et de technocrates dans l’appareil d’Etat, alors que la place accordée aux intellectuels et aux ouvriers se restreint.
Dans la rhétorique comme dans les faits, l’efficacité, le contrôle et la discipline se substituent à l’égalité, à la solidarité et à la participation. Dans ce contexte, on note des signes d’une plus grande répression de la sphère culturelle, ce qui laisse présager un nouveau retour en arrière en matière de libertés fondamentales pour la population cubaine. Des artistes performeurs voient leurs noms salis par des fonctionnaires de la culture – reconvertis en censeurs – et par la mise en place de campagnes dans tout le pays qui diffusent des rumeurs et des accusations mensongères. Un prestigieux Centre Théorico-Culturel voit ses locaux et son équipement sabotés une fois de plus par des “voleurs” qui ne volent rien et que les autorités ne semblent pressées ni de trouver ni de sanctionner. Des poètes et des militants au niveau local reçoivent la visite d’agents des forces policières qui les menacent de les traîner en justice sous l’accusation de “contre-révolutionnaires” ou bien de les soumettre à la “colère populaire”, ce qui démontre bien que les soi-disant “foules en colère” qui répriment toute dissension ne sont ni populaires ni autonomes vis-à-vis du pouvoir qui les dirige.
Les dommages faits à la propriété sociale, la diffamation et la coercition (et la violence) physique et psychologique ne sont pas seulement des délits dans les codes pénaux du monde entier – Cuba y compris – mais ce sont les manifestations d’un terrorisme d’Etat. Pendant des décennies la population cubaine a transmis à ses enfants et au reste du monde son énergie pour construire un pays plus juste, où la culture, la santé et l’éducation seraient universelles et de qualité, malgré l’irrationnalité et la discrétionnalité d’une bureaucratie qui a toujours présenté les conquêtes populaires comme sa réussite propre. L’Histoire finira-t-elle par retenir de Cuba la répression et le mensonge, au lieu de l’héroïsme quotidien de la population ? Il n’est pas juste qu’il en soit ainsi.
Pour éviter cela, il nous faut, depuis en bas à gauche, faire pièce au silence et à l’autocensure qui consacrent l’impunité des censeurs, plutôt qu’ils ne font “le jeu de l’ennemi” comme le gouvernement se plaît à le rappeler. Ceux et celles qui voient aujourd’hui leur intégrité et leur travail militant menacés par les actions des autorités cubaines méritent tout notre respect. Ce ne sont pas des “mercenaires de la CIA” comme le dit la propagande officielle car ils survivent avec peine de leurs maigres salaires comme l’immense majorité du peuple cubain. Quand ils voyagent à l’étranger, ils investissent les fonds alors obtenus pour diffuser leur création humaniste et pour l’achat de matériel qui leur permette de continuer leur travail pour un pays plus cultivé et plus libre. Et quand ils reçoivent notre aide, sous forme d’un DVD, de gouaches ou d’une modeste collecte, c’est le fruit de la solidarité d’hommes et de femmes qui travaillent, étudient et créent dans des pays soumis aux politiques néolibérales et autoritaires du capitalisme et de ses gendarmes à Seattle et au Mexique, à Paris et Caracas, à San Francisco et Buenos Aires.
Comme ils sont loin, ces camarades, de ces bureaucrates qui voyagent facilement à travers le monde pour des “Campagnes de solidarité”, payées avec l’argent du peuple cubain, et qui, dès qu’ils en ont l’occasion, partent à Miami et y apparaissent comme des repentis à la télévision, des “combattants de la liberté”, ralliés aux forces anticastristes de l’exil. Comme ils sont différents de certains intellectuels “amis de Cuba” et qui, ingénus ou tarifés, confondent les idéaux de la Révolution avec les politiques de l’Etat cubain, et nient aux camarades cubains les droits qu’ils réclament (et parfois même dont ils jouissent) dans leurs régimes de démocratie bourgeoise. Comme ils sont supérieurs, dans leurs pratiques et leurs visions, à ces “réformistes autorisés” qui justifient avec un vernis théorique chaque revirement du régime cubain et développent des (pseudo) critiques abstraites, en mettant toujours en valeur la bonne volonté du pouvoir.
L’unique faute commise par nos camarades est d’oser penser (et transformer) leur réalité sans attendre les promesses de l’Etat Papa, ni les chants de sirène du capitalisme mondial. Ils croient à une vie meilleure, organisée localement, où l’épanouissement libre de chacun est une condition et un moyen pour le libre épanouissement de tous. Leurs échanges et leur formation au fil de nos luttes altermondialistes, piqueteras et zapatistes ont élargi leur horizon et nous a permis d’apprendre en retour de leur héritage historique, des erreurs et des résistances populaires. Ils représentent l’héritage le plus vif de la Révolution cubaine, qui survit malgré le cancer de la bureaucratie. Ils sont marxistes, anarchistes, libertaires, disciples de Marti, humanistes, féministes, écologistes, militant-e-s de base, mais par dessus tout ce sont des militant-e-s honnêtes, qui mettent leur vie en jeu et au service des autres. Nous ne laisserons pas seul-e-s.
Nous savons que les forces de la domination sont puissantes, qu’elles usent de la matraque et contrôlent le cyberespace, distribuent les coups et les bons points, dominent ceux qui ont peur et ceux qui se vendent. Mais nous avons la dignité et l’espoir contre lesquels – et les révolutions populaires et anti-impérialistes dans le monde viennent nous le rappeller – un pouvoir despotique ne peut rien. Nous espérons qu’il subsiste, chez les censeurs et les policiers, une trace de leur engagement originel avec le peuple cubain qui les porta au pouvoir. Mais si ce n’est pas le cas, et si nos camarades sont réprimés par des forces réactionnaires et policières, nous sommes prêts à lancer la campagne de solidarité la plus intense, avec toutes les ressources de la légalité et de l’opinion publique progressiste internationale. Nous ne baisserons pas la garde !
Liste des signataires (évolutive) :
Accion cultural anarquista – Espagne
AK Internationalismus der IG Metall Berlin (section internationaliste du syndicat, Berlin) – Allemagne
Assemblée Libertaire du Vallés Oriental – Catalogne
Athénée Art et culture de l’Escale de l’Alt Empordà – Catalogne
Bibliothèque Popular Libertaire “Mauro Mejiaz” – Venezuela
El Bloque Anarquista – F.L.L. – Mexique
CGT – Université de Barcelone – Confédération Générale du Travail – Espagne
CNT – Le Havre – (Confédération Nationale du Travail) – France
Collectif Actores Sociales – Mexique
Collectif Passapalavra – Brésil
Collectif A les Trinxeres – Catalogne
Equipe éditoriale de Insurrectasypunto – Argentine / Venezuela
Collectif Editorial du journal El Libertario – Venezuela
Collectif Féministe Josefa Camejo – Argentine / Venezuela
Coordination anarchiste du Havre – France
FA (Fédération Anarchiste) – France
FALCLC (Federació Anarquista – Comunista llibertària Catalana) – Catalogne
FAU (Fédération Anarchiste Uruguayenne) – Uruguay
Forschungs- und Dokumentationszentrum Chile-Lateinamerika e.V. – Allemagne
Front Anarchiste Organisé – Chili
GALSIC (Groupes d’appui aux libertaires et aux syndicalistes indépendants de Cuba) – France
Internationaler Arbeitskreis e.V. – Allemagne
iz3w – informationszentrum 3. welt, Freiburg i.Br – Allemagne
Journal Le libertaire – France
Mouvement Libertaire Cubain
Réseau libertaire Apoyo Mutuo – Espagne

Pour adhérer à cet appel, envoyer un mail à solidaridadcuba@hushmail.com et cubautonomia@hushmail.com
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Re: Cuba : Appel contre les obstructions et les interdiction

Messagede barcelone 36 » 29 Mai 2011, 14:10

http://www.monde-libertaire.fr/internat ... -la-havane
in Le Monde Libertaire n°1636 (19-25 mai 2011)
Vive la révolution ! Forum social de La Havane

Le premier Forum social organisé sur l’île de Cuba n’a pas bénéficié du soutien des institutions, contrairement aux forums organisés dans d’autres pays. Le réseau de l’Observatoire critique, à l’origine de cet événement, a dû faire face, à quelques jours de la rencontre, à toute une série d’obstructions visant à empêcher l’organisation du Forum.
Alors que les rencontres étaient au départ prévues au centre culturel le Mejunje de Santa Clara, les autorités ont fait pression sur le directeur de ce centre pour qu’il annule l’événement. C’était sans compter avec l’imagination des organisateurs du Forum. Les rencontres ont eu lieu dans un jardin extraordinaire, dans le quartier marginal de Coco Solo, à Marianao, à la périphérie de La Havane, les 26 et 27 mars derniers. Un lieu unique, le jardin luxuriant d’une maison particulière, celle de la famille Pérez, qui est aussi le siège du projet culturel Coco Solo Social Club animé par le dramaturge cubain Manuel Martínez.
C’est dans ce cadre qu’une soixantaine d’activistes sociaux, d’écrivains, d’artistes, de promoteurs culturels, de chercheurs, de journalistes, de blogueurs et de dirigeants communautaires se sont réunis pour dialoguer à propos des perspectives révolutionnaires, apporter leurs critiques sur l’actualité cubaine et mondiale, et formuler des propositions pour un changement de société émancipateur.
Le Forum était également organisé par le Groupe international de travail anticapitalisme et sociabilités émergentes (membre du Conseil latino-américain de sciences sociales, Clacso) et par l’atelier Vivre la Révolution.
Pour la première fois, cette rencontre annuelle, convoquée historiquement sous le concept de Rencontres de l’Observatoire critique, a été organisée de façon totalement autogestionnaire. Dépassant le cadre strict d’un événement académique de critique et d’investigation socio-culturels jusqu’ici parrainé par l’Association des frères Saíz – un organisme officiel –, les organisateurs ont travaillé intensément en partant des objectifs définis lors de la première édition des Rencontres, en 2006. Cette année-là, la création d’un réseau protagoniste et solidaire de projets autonomes et la progressive transformation de l’événement en un véritable forum social furent décidées.
« Créer, solidariser, révolutionner », c’est sur ce thème que les organisateurs souhaitaient « socialiser et analyser les expériences créatives et libératrices » de Cuba à partir des témoignages de militants qui travaillent volontairement sur des initiatives locales et communautaires dans différents projets concernant l’écologie, le féminisme, la liberté, sur internet ou sur le terrain social.
Le forum s’est ouvert avec la projection du documentaire indépendant, En cherchant la lumière. Manuel Martínez, l’animateur du centre culturel Coco Solo Social Club, fit un large tour d’horizon des projets du groupe d’artistes qui jouent et qui chantent dans des fêtes gratuites autogérées dans l’immense jardin, propriété de la famille Pérez depuis le début du siècle passé.
Pour sa part, le chercheur Jorge Luis Alemán, membre de la Chaire Haydée Santamaría, proposa une réflexion sur la nécessité d’une décentralisation dans la société cubaine actuelle. Pour lui, ce concept implique le transfert du pouvoir aux entités locales, celles qui ont des capacités d’autogestion. Il mit en évidence la nécessité de donner un rôle plus important aux acteurs locaux, de passer des contrats avec les protagonistes, avec l’émergence d’un secteur très important regroupant des travailleurs indépendants, et de permettre une large participation aux citoyens, conditions qui sont essentielles pour réaliser la décentralisation.
Les blogueurs Francisco Rodríguez, Sandra Alvarez Silvia et Jasmine Gates ont souligné ensuite l’importance de la blogosphère pour l’activisme des citoyens et pour résister au capitalisme, en particulier pour les luttes traditionnellement marginalisées comme celles des non-hétéros. De son côté, Luis Rondon, membre du groupe Des hommes pour la diversité, aborda la question de l’expérience et les vicissitudes du bulletin Noti G. Un bulletin qui est dans un processus de légalisation devant les organismes de réglementation des périodiques cubains.
Des informations sur le Centre de psychologie et de recherches sociologiques ont été données. Ce centre lutte pour parvenir à un véritable dialogue entre les générations et pour une authentique participation sociale des jeunes dans des quartiers difficiles ,comme le Groupe Jeunes au secours de Buena Vista. Ce projet consiste à soutenir les jeunes en grande difficulté, il est animé par des personnes qui agissent dans la communauté afin d’aider à la réinsertion des jeunes dans la société.
Par ailleurs, la réalisatrice Ivette Avila présenta plusieurs animations créées par des enfants qui participent, sans aucun esprit de compétition, à des ateliers dans le quartier 10 octobre de La Havane.
La première journée s’est achevée avec un concert extrêmement émouvant offert par le projet Escuadrón Patriota dont le chanteur Raudel est un des plus importants représentants de la culture hip-hop underground cubaine. En raison du contenu très critique de ses chansons vis-à-vis du pouvoir, Raudel fait partie d’un groupe d’artistes indépendants censurés par les autorités de l’île.
La deuxième journée du Forum social a commencé avec un débat sur les institutions politiques et juridiques et sur les difficultés du projet révolutionnaire à Cuba, où a été mis en évidence le besoin profond d’aller vers une participation de tous les secteurs de la société.
La discussion a porté sur des sujets tels que les voies d’exercice de l’initiative législative, la démocratie directe, la protection des droits des citoyens, la recherche d’alternatives aux structures bureaucratiques qui dominent et pèsent sur le système, le contrôle populaire sur le gouvernement et sur l’administration publique. Des débats ont également porté sur l’activisme social, l’engagement des forces révolutionnaires autour de différentes questions en rapport avec l’agenda politique actuel, l’indispensable dialogue entre les différents acteurs sociaux –dont le Forum constitue une place forte et une plate-forme ouverte –, la nécessité d’affronter les actes de répression et d’obstruction, ainsi que l’inclusion dans les discussions des propositions des autres pays d’Amérique en révolution.
Le Forum a convenu de créer immédiatement un espace pour la présentation et la discussion autour d’un programme, les « Propositions pour la promotion du socialisme à Cuba ». Ses auteurs proposent une voie socialiste pour Cuba, sur la base d’une démocratisation politique profonde et d’une socialisation radicale des relations productives.
Dans le dialogue qui a suivi la présentation des « propositions », il est ressorti que le socialisme implique le plus large éventail de libertés populaires, avec des possibilités et des garanties pour l’exercice de l’activité politique et économique des personnes. Tandis qu’il ne doit pas être assimilé à un parti unique, à la censure, à la prédominance de la propriété étatique des moyens de production et de vie, à l’immobilité et à la gestion bureaucratique et à des manifestations qui se sont avérées inefficaces dans les pays d’Europe de l’Est, entre autres.
Le débat a eu son moment de poésie avec des textes de forte critique sociale.
Un espace fut consacré au rappel de deux événements importants de l’histoire révolutionnaire des travailleurs du monde, des événements qui répondent à ces mois anniversaires : la Commune de Paris (France, mars 1871) et Kronstadt (Russie, mars 1921). Un extrait du film de Peter Watkins, La Commune de Paris, fut projeté et un hommage fut rendu aux communards. J’ai en cette occasion rappelé les raisons de l’insurrection parisienne, le caractère libertaire des pratiques des insurgés, ainsi que la répression sanglante dont ils furent victimes après l’intervention de l’armée aux ordres de la bourgeoisie.
À propos de Kronstadt, plusieurs questions du public émergèrent sur les caractéristiques du mouvement anarchiste et sur le programme initial des soviets qui sont nés à partir des luttes du prolétariat russe au début du xxe siècle. Sur ces événements historiques, le potentiel révolutionnaire et libérateur des mouvements sociaux fut mis en évidence.
Le rappel historique et le débat théorique se complétèrent pour une évaluation critique de différents projets et de différents espaces de participation des citoyens, entre autres celui de l’atelier Vivre la Révolution qui coparrainait l’événement. Cet atelier d’écriture collective se concrétisa par un livre, produit après plus d’un an de séances, et suscita d’intéressantes réflexions sur des sujets tels que l’antagonisme social, la liberté d’impression, le dialogue, le domaine de l’édition cubaine, etc.
D’autres projets furent présentés : la Fraternité de la négritude, couleur cubaine et la commission de l’Uneac (Union nationale des écrivains et des artistes cubains) contre la discrimination raciale, l’Atelier libertaire Alfredo Lopez, le Festival de musique électronique, plus connu sous le nom de Festival de Rotilla, et la scène de rock cubaine, à partir des expériences de deux espaces : le Patio de Maria et Maxim Rock.
La discussion tourna ensuite autour de la nécessité d’éliminer les pratiques racistes et discriminatoires, y compris au niveau sexuel, autour de la marchandisation de la culture, un espace stimulant pour aborder les échanges capitalistes et les dommages qu’ils occasionnent en termes spirituels (aliénation croissante et distorsion des notions de liberté et de jouissance) et écologiques (le cas de la pollution dans le Festival de Rotilla). Il fut aussi question des dynamiques délétères générées par l’intromission des agents travaillant au service de l’État dans les activités culturelles, de la nécessité d’augmenter l’activisme civique, moyen clé pour résister à de tels actes, ce qui peut contribuer de manière significative au recul des pratiques de domination et à aider à ce que la vie des plus jeunes soit plus remplie de sens.
Comme la veille, deux questions clés ont été débattues. D’abord l’absence (ou l’insuffisance) de projets de développement local face à la désindustrialisation qu’ont subie de nombreuses communautés et de nombreux secteurs productifs à Cuba. Ensuite, les violations systématiques des procédures qui se produisent au sein des institutions bureaucratiques en raison du manque de transparence et de contrôle populaire « par en bas », ainsi que le manque endémique de cohérence entre les points de vue des fonctionnaires, le discours officiel, les documents internes des organismes et les opinions exprimées dans les espaces de travail.
Ces faits ont été vérifiés par la discussion autour de deux études en profondeur et une analyse complète sur les politiques publiques et les propositions contenues dans le projet de lignes directrices préparé par une commission pour le sixième congrès du Parti communiste cubain.
Il fut discuté des aspects controversés de l’informatisation de la société cubaine et mondiale aujourd’hui ; il fut mis en évidence le potentiel de production et la jouissance de logiciels open source – les possibilités qu’ils offrent pour créer des rapports sociaux non marchands –, ainsi que la nécessité de contrer le pouvoir que déploient les grandes entreprises capitalistes et les organismes au service de la domination étatique. Ce qui devient pertinent afin de protéger notre vie privée et de rendre plus efficaces les agendas politiques personnels de ceux qui défendent l’émancipation de l’homme sous tous les aspects en matière de sécurité informatique.
Plusieurs collectifs d’artistes ont participé au Forum social cubain, le groupe de création poétique Chequendeque rappela les ancêtres africains et appela à la fraternisation culturelle entre Cuba, les pays d’Afrique et d’Amérique latine dans de nombreuses actions de profonde expression spirituelle et esthétique. Un autre collectif, celui de Babito et Carmela, illustra son travail avec des marionnettes à caractère pédagogique.
Une caractéristique inhabituelle dans le Forum a été la subversion des rôles traditionnels sexe/classe/statut. Il était normal d’observer comment un militant épluchait des pommes de terre tout en participant avec passion à un débat sur la constitution de la République, ou comment un modérateur du débat servait des verres de jus de goyave pour activer les neurones des participants et atténuer la chaleur. Les militants de l’Observatoire critique pensent que dans la nouvelle maison Cuba il ne doit pas y avoir des chambres pour les serviteurs, ni des chambres pour les seigneurs.
L’intervention finale, en plus de faire l’éloge de la subversion des rôles de sexe/classe/statut, appela les participants à une plus grande implication dans les pratiques organisationnelles, ce qui devrait se produire dans les réunions futures. Cela serait, dans la pratique, l’élimination de la différence entre les décideurs et les exécutants : une première étape importante vers l’émancipation.
De sincères remerciements furent également adressés à la famille d’accueil du projet Coco Solo Social Club. Grâce à eux, le Forum social cubain a pu compter sur un espace chaleureux et convivial. Avec cet hommage à la famille cubaine, l’unité sociale qui a subi le plein impact de la crise systémique, s’est achevé l’événement. Des enfants, des adolescents et des adultes de la population du quartier de Coco Solo ont participé à la dernière étape de ce Forum.
Les participants ont convenu à l’unanimité de poursuivre leur travail ensemble afin de progresser vers plus de réunions durant cette période cruciale d’une année qui sera également décisive pour Cuba.

Le contexte politique et social cubain
Le Parti communiste de Cuba est le seul parti autorisé dans l’île selon la constitution, il réunira un congrès du 16 au 19 avril prochain avec pour projet les « Orientations de la politique économique et sociale », ce qui devrait constituer un nouveau virage politique pour une transition vers le capitalisme. D’ailleurs, le congrès sera uniquement consacré aux questions économiques et sociales, il ne devrait pas renouveler la direction du parti.
Cinquante-deux ans après la prise du pouvoir par l’armée rebelle et son commandant Fidel Castro, Cuba se trouve de nouveau à un moment charnière de son histoire, à un moment où jamais l’écart entre les jeunes et la vieille génération au pouvoir n’a été aussi grand.
« Sortir du chaos sans instaurer la loi de la jungle », c’est ainsi que le sociologue Aurelio Alonso résume le dilemme cubain. Dans un pays en plein désarroi, les réformes économiques marchandes des années 1990 ont déstabilisé la population et provoqué une nouvelle stratification sociale. Six cent mille fonctionnaires viennent d’être licenciés, un plan prévoit la perte d’emploi pour 1 300 000 employés du secteur public dans les prochains mois.
La population urbaine en situation de pauvreté dont les besoins de base ne sont pas satisfaits est passée de 6,3 % en 1988 à 20 % dans les années 2000. La petite bourgeoisie urbaine et rurale s’est recomposée à partir de l’économie informelle, du travail indépendant et de l’élargissement des mécanismes de marché dans la distribution. Dans l’économie informelle, on peut observer certaines activités qui fonctionnent comme de petites entreprises, où il est possible de distinguer clairement le patron ou l’employeur, les salariés, les aides familiales et même des apprentis.
L’homogénéité sociale et l’égalité conquises au début de la révolution ont régressé alors qu’elles demeurent des valeurs enracinées dans la société. Avant la crise, l’universalisation des droits sociaux garantissait l’alimentation de base, l’éducation, la santé, la sécurité sociale, l’emploi et l’accès aux biens culturels. La société avait atteint des niveaux d’égalité relativement élevés et l’intégration raciale avait progressé. La crise a sapé ces acquis, et les tensions ont augmenté.
Les nouvelles générations n’ont connu que l’austérité de la « période spéciale » (provoquée, à partir de 1991, par l’effondrement du bloc soviétique) et une société qui n’a rien à voir avec celle de leurs aînés.
Tandis que l’éducation se dégradait, des professeurs ont quitté leur emploi au profit d’activités privées mieux rémunérées ou en s’exilant. On les remplace parfois par des maestros emergentes, enseignants peu expérimentés ayant reçu une formation courte. « L’enseignement est un désastre », s’est écrié un membre du public lors d’un débat organisé par la revue Temas dans le cadre du congrès de l’Union nationale des écrivains et artistes cubains (Uneac), en écho à l’intervention remarquée du directeur du Festival de cinéma latino-américain, Alfredo Guevara, dénonçant « les critères et les pratiques absurdes qui régentent l’éducation ».
D’où vient le désintérêt de nombreux jeunes pour la politique ? Les jeunes sont exaspérés par les « exhortations » et les « orientations » exprimées quotidiennement par les dirigeants. Le sentiment qu’ils n’ont pas d’avenir professionnel correspondant à la qualification acquise est répandu, et beaucoup cherchent à quitter l’île. En février 2008, lors d’un face-à-face très médiatisé, un étudiant fit part de ses griefs au président de l’Assemblée nationale Ricardo Alarcón. Pourquoi faut-il une autorisation pour voyager ? Pourquoi l’accès à internet est-il restreint ?
En reconnaissant publiquement que le système ne fonctionne pas bien, que les salaires sont insuffisants, qu’il faut des « changements structurels », M. Raúl Castro a suscité beaucoup d’espoirs. En appelant ses compatriotes à participer à un grand débat national, le nouveau président a ouvert un espace pour l’expression d’opinions divergentes. Bien qu’aucune synthèse de la discussion n’ait été rendue publique, on sait que les militants se sont prononcés en faveur d’un socialisme plus participatif et plus démocratique. La population, elle, réclame d’abord des améliorations de la vie quotidienne. Il faut changer. Mais quoi, quand, comment ?
De quoi discute-t-on ? Sur quoi portent les différences ? Des militants, des chercheurs, des intellectuels et certains cercles étudiants sont en quête d’un socialisme alternatif. Cette recherche s’accompagne d’un retour critique sur le « socialisme réel » et le bilan de la chute de l’URSS dont l’analyse a toujours été repoussée « pour ne pas mettre en péril l’unité et ne pas donner d’armes à l’adversaire ». Mais il s’agit là d’un « simulacre d’unanimité : Alfredo Guevara dénonce « la conversion des idées en rituel, en palabres, en cérémonie, chose fréquente dans l’histoire chez les bureaucrates et les opportunistes ».
Les Forces armées révolutionnaires (Far) demeurent incontournables. Raúl Castro en fut le ministre pendant presque un demi-siècle, et elles contrôlent directement ou indirectement les deux tiers de l’économie. Leurs entreprises sont le vecteur de nombreuses transformations, et les militaires qui les dirigent ont expérimenté des méthodes de gestion capitalistes. Il existe le risque de voir se développer un système économique avec les risques liés au développement phénoménal de la Chine, confrontée à une distribution inégale des revenus, à la misère, à une différence marquée entre les villes et les campagnes, et à la dégradation de l’environnement. Bien qu’aucun des dirigeants ne propose de changements politiques, l’aspiration à une démocratie participative, à un socialisme autogestionnaire se fait sentir. La population critique les institutions trop bureaucratiques, elle demande une plus grande participation de la base sociale. Le parti ne peut plus diriger l’État, c’est le peuple qui doit le faire.
Les libertaires sont aujourd’hui les principaux animateurs de l’Observatoire critique, ils sont les héritiers d’idéaux qui ont marqué le cheminement d’Enrique Roig San Martín, d’Alfredo Lopez, d’Enrique Varona, de Marcelo Salines et de beaucoup d’autres.
L’Observatoire critique appartient au nouveau panorama social et culturel cubain, alternatif, contestataire, qui se dessine aujourd’hui dans l’île. Des groupes informels de jeunes artistes, musiciens, universitaires, se regroupent et se retrouvent autour de discussions, de lectures, de manifestations à caractère culturel, de happenings et indépendamment des structures officielles. Ces formes de contestation n’intéressent évidemment pas les grands médias occidentaux, ni les médias du régime qui préfèrent ne pas en parler. Mais, ils incarnent un autre futur, une autre Cuba possible…
Il est aujourd’hui du devoir de tous les libertaires et de tous les révolutionnaires de soutenir par tous les moyens possibles les militants de l’Observatoire critique dans leur projet de transformation de la société cubaine. Diffusez l’information, leurs textes, leurs comptes rendus d’activités, soutenez-les en leur faisant parvenir des livres au contenu social qu’on ne trouve pas à Cuba en raison de la censure, ou avec tout autre forme d’aide matérielle.


Pour le Galsic (Groupe d’appui aux libertaires et aux syndicalistes indépendants de Cuba)
Daniel Pinós
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VIe congrès du PC Cubain

Messagede Lukullus » 19 Juin 2011, 15:01

Voyons que dit La Riposte:

http://www.lariposte.com/remarques-sur- ... ,1637.html

Longtemps reporté, le VIe congrès du Parti Communiste Cubain (PCC) s’est tenu à la Havane du 16 au 19 avril dernier. Il a adopté le document intitulé : Lignes directrices de la politique économique et sociale du parti et de la révolution. La date du congrès coïncidait avec le 50e anniversaire de la tentative de débarquement américain à la Baie des Cochons, en 1961. Fidel Castro avait alors proclamé le « caractère socialiste de la révolution ».

Le sort de la révolution cubaine est d’une énorme importance pour les révolutionnaires du monde entier, et particulièrement en Amérique latine. La Tendance Marxiste Internationale défend inconditionnellement la révolution cubaine. C’est pour cette raison que nous voulons commenter le débat qui se déroule à Cuba. La lutte contre le capitalisme est, par définition, une lutte internationale. Aussi les marxistes ont-ils toujours donné leur opinion sur le mouvement révolutionnaire dans les différents pays du monde.

Crise économique

Une première observation s’impose, dont partent les Lignes directrices : l’économie cubaine traverse une crise sérieuse. Outre de l’impact de la crise mondiale du capitalisme (chute des prix des matières premières, baisse des revenus du tourisme, augmentation des prix de la nourriture), il y a eu les effets dévastateurs des ouragans qui ont frappé Cuba. A quoi s’ajoutent bien sûr les conséquences de l’embargo imposé par l’impérialisme américain.

En dernière analyse, le problème central est l’isolement de la révolution cubaine. Il est impossible de construire le socialisme dans un seul pays. L’effondrement du stalinisme en Union Soviétique et en Europe de l’Est l’a démontré d’une façon très cruelle. Et c’est d’autant plus vrai pour une petite île qui n’a pas de grandes ressources naturelles et qui, en conséquence, est complètement dépendante du marché mondial.

La discussion sur l’économie cubaine ne se déroule pas dans des circonstances idéales, mais au contraire dans une situation où les marges de manœuvre sont extrêmement limitées. D’où les puissantes pressions pour trouver des solutions « concrètes ».

D’après le rapport officiel au congrès, il y a eu un large processus de discussion des Lignes directrices, dans le pays, avec la participation de millions de Cubains. Ce n’est pas surprenant, compte tenu du sentiment profond que la société cubaine est dans une impasse. Cependant, nous pensons que la façon dont le débat a été mené en a limité la portée.

Premièrement, le PCC est censé tenir un congrès tous les cinq ans. Or, le Ve congrès s’est tenu il y a 14 ans. Entre temps, il y a eu beaucoup de débats et de nombreuses décisions ont été prises. Mais il manquait un canal par lequel les adhérents du parti pouvaient influencer la politique menée.

Deuxièmement, l’objet même des Lignes directrices est très limité. Toute discussion sur le futur de la révolution cubaine devrait commencer par une analyse de la situation mondiale, de la crise du capitalisme, du développement de la révolution latino-américaine, de l’impact de la révolution arabe, du réveil de la lutte des classes en Europe – et de la façon dont tous ces facteurs peuvent affecter la révolution cubaine. Or, le document de congrès ne mentionne aucun de ces éléments. Il se limite à la question de l’impact immédiat de la crise du capitalisme sur l’économie cubaine. Et après une introduction de deux pages et demie, il passe directement à la liste des 291 « lignes directrices ». Du coup, la discussion s’est centrée sur les détails de chacune des mesures proposées, sans aborder les problèmes plus généraux de la révolution cubaine, à commencer par ses rapports à la lutte des classes internationale.

En outre, certaines des propositions des Lignes directrices ont déjà été annoncées comme des décisions – voire mises en œuvre avant la tenue du congrès lui-même. Par exemple, le document parle de la nécessité de « réduire les effectifs excessifs » dans le secteur public (et dominant) de l’économie. Or, la suppression d’un million de postes dans le secteur d’Etat a été annoncée en septembre dernier. De même, l’augmentation du nombre de licences d’« auto-entrepreneurs », que propose les Lignes directrices, a déjà été mise en œuvre : 200 000 licences ont été accordées au cours des derniers mois.

Accroissement du secteur privé

L’orientation principale des mesures proposées et adoptées par le congrès (avec quelques modifications mineures) est l’extension du secteur privé, au moyen d’une augmentation du nombre de licences d’« auto-entrepreneurs », la concession de petites entreprises à des travailleurs et l’expansion des secteurs dans lesquels les investissements étrangers sont autorisés. Dans l’objectif d’atteindre une plus grande efficacité économique, les managers et directeurs des entreprises d’Etat se verront accorder une plus large autonomie. Ils pourront coopérer entre eux – et avec le secteur privé – à travers des relations de marché et des contrats commerciaux. En conséquence, les entreprises d’Etat déficitaires seront fermées.

Les Lignes directrices insistent également sur la nécessité de stimuler la productivité du travail au moyen d’incitations matérielles, notamment par un accroissement des différentiels de salaires – en liant ceux-ci à la productivité. Dans le même temps, une campagne est menée contre les « subventions excessives et les primes injustifiées », qui devraient être « graduellement éliminées ». Par exemple, le panier de produits alimentaires de base que tous les Cubains reçoivent, à travers la Libreta, sera supprimé.

Prises dans leur ensemble, toutes ces mesures provoqueront un accroissement des inégalités sociales. Omar Everleny, économiste cubain et directeur adjoint du Centre d’Etude de l’Economie Cubaine, l’explique sans ambiguïté dans Le Monde Diplomatique d’avril dernier. Il affirme que ce qui est proposé constitue un changement « brutal » : « Oui, il y a des gens qui vont être les perdants des réformes. Oui, il y a des gens qui vont se retrouver au chômage. Oui, les inégalités vont augmenter. […] Mais elles existent déjà : ce que nous avons, à l’heure actuelle, c’est une fausse égalité. Ce qu’il faut déterminer aujourd’hui, c’est qui mérite vraiment d’être en haut ». Everleny reconnaît qu’il prend le Vietnam pour modèle : « ce pays a beaucoup à nous apprendre ».

Le document et tous les discours officiels du congrès soulignent que ces mesures ne visent pas à abandonner la propriété publique de l’économie et le principe de la planification. « Le système économique qui prédominera, dans notre pays, continuera de reposer sur la propriété socialiste du peuple sur les moyens de production fondamentaux », affirme l’introduction des Lignes directrices. Cependant, le point numéro 1 précise le sens de cette idée : « la planification socialiste restera la principale méthode de direction de l’économie nationale. […] La planification tiendra compte du marché, l’influencera et prendra ses caractéristiques en considération. »

Ces déclarations en faveur du socialisme et contre le capitalisme reflètent le sentiment de millions de Cubains qui ne veulent pas abandonner un système qui leur a garanti un niveau de santé et d’éducation (entre autres) bien supérieurs à ce qui a cours dans le reste de l’Amérique latine. Soyons clairs : malgré tous les problèmes de bureaucratie et de corruption qui minent l’économie cubaine, ces conquêtes sociales de la révolution sont la conséquence directe de l’abolition du capitalisme, et toute tentative de restaurer le capitalisme déboucherait sur la destruction de ces conquêtes. Pour savoir à quoi ressemblerait le capitalisme à Cuba, il suffit de regarder des pays voisins tels que la Jamaïque, la République Dominicaine ou Haïti.

A cet égard, une anecdote rapportée dans Le Monde Diplomatique est très significative : « Le 9 février, les travailleurs d’une clinique du centre-ville [de la Havane] se sont réunis pour discuter les Lignes directrices […]. 291 propositions dont certaines engagent l’avenir de tous les Cubains : salaire au mérite, la légalisation des "prix de marché", révision des programmes sociaux. L’ensemble est adopté en quelques minutes, à l’unanimité. Mais les participants prennent le temps de souligner leur attachement aux systèmes de santé et d’éducation cubains. Changer, oui, mais pas ça. Le secrétaire de séance, responsable de la section syndicale, note ces remarques – sans que quiconque sache vraiment si elles seront prises en compte et comment. » [1]

Le problème, c’est que dans une économie faible comme celle de Cuba, toute ouverture au marché peut stimuler un processus de pénétration du capitalisme et de différenciation de classe, du fait de la supériorité du capitalisme mondial en termes de productivité du travail. Indépendamment des intentions et des principes exprimés dans des documents de congrès ou dans la Constitution, les forces de l’économie de marché sont extrêmement puissantes, à Cuba, parce qu’elles sont appuyées par le marché mondial. Une fois libérées, elles acquièrent leur propre dynamique et peuvent se révéler très difficiles à contrôler.

Malgré le caractère verrouillé des discussions du congrès, un certain nombre de choses très intéressantes ont émergé. Il est clair qu’un grand nombre d’amendements apportés au texte original visait à atténuer les mesures « pro-marché ». Par exemple, l’abolition de la Libreta (carte de rationnement) sera finalement graduelle – et il est aussi prévu de tenir compte des revenus. Quant à l’idée de supprimer 1 million d’emplois dans le secteur public, dont la moitié avant avril 2011, elle s’est avérée impossible à mettre en œuvre du fait de la forte résistance des travailleurs dans différentes entreprises. Tout ceci montre qu’il y a une résistance saine et instinctive à toute tentative de s’orienter vers le marché et d’éliminer certaines conquêtes sociales de la révolution. Le journal The Economist, porte-parole du capitalisme, se félicite des mesures décidées par le congrès, mais se plaint amèrement que « dans la pratique, les choses changent lentement ».

Contrôle ouvrier

Lors de la phase de débat précédant le congrès, la nécessité d’une participation à la direction de l’économie a été discutée. En janvier, Granma a publié une lettre sur la façon dont les directeurs sont nommés dans les entreprises d’Etat. L’auteur, E. González, soulignait que si les salaires seront liés aux résultats des entreprises, celles-ci devraient être contrôlées par les travailleurs : « Il serait selon moi prudent de prévoir la participation des travailleurs à la direction des entreprises du gouvernement socialiste, au moyen de l’élection, de la ratification ou du remplacement des cadres. »

Commentant ces propos dans le Havana Times, Daisy Valera écrit que « cette idée d’E. González sur le contrôle ouvrier est brillante, mais elle n’est pas nouvelle. Elle a été défendue par tous ceux qui ont lutté pour un système plus juste que le capitalisme. » Puis elle cite un article de Lénine et conclut : « Je suggèrerais que dans son courrier, lorsqu’il évoque le contrôle ouvrier et l’élection des représentants par les travailleurs eux-mêmes, le camarade remplace le mot "prudent" par le mot "nécessaire" ou "indispensable". Car cette idée est validée par tous les classiques du marxisme, de même que par la Constitution léniniste de Cuba. Le pouvoir devrait être aux mains des travailleurs ».

C’est absolument correct. La forme d’« incitation » la plus efficace, et la façon la plus efficiente de lutter contre la corruption et la bureaucratie, c’est précisément le contrôle ouvrier de l’économie et de la société en général. Cependant, ceci n’a pas été officiellement discuté et n’est pas mentionné dans les Lignes directrices, comme le souligne l’universitaire Julio Cesar Guanche : « Les Lignes directrices ne mentionnent pas la participation des travailleurs. Elles n’approfondissent pas le contrôle des citoyens sur les activités marchandes ». Il énumère alors un certain nombre de principes qui, selon lui, devaient être introduits : « rotation des officiels ; limitation dans le temps des mandats de tous les officiels ; élection – et non plus nomination – des officiels d’Etat qui assument des missions publiques […] ; autonomie des organisations sociales et de masse ».

De fait, ces mesures font partie de celles que défendait Lénine dans L’Etat et la révolution, lorsqu’il analysait la façon dont un Etat ouvrier devait prévenir et combattre le bureaucratisme. A ce que propose Cesar Guanche, Lénine ajoutait : aucun officiel ne doit être mieux payé qu’un travailleur qualifié ; ils doivent être révocables à tout moment.

Internationalisme

C’est une partie de l’équation cubaine : la nécessité d’un contrôle ouvrier sur l’économie, la société, l’Etat. L’autre partie de l’équation, c’est le fait que le sort de la révolution cubaine est inextricablement lié au développement de la révolution mondiale. De ce point de vue, la situation n’est plus du tout la même qu’au début des années 90, après l’effondrement du stalinisme. A présent, c’est le capitalisme qui se révèle en faillite aux yeux de millions de travailleurs, à travers le monde.

Les masses ont commencé à se mobiliser, tout d’abord dans la vague révolutionnaire qui a balayé l’Amérique latine ces dix dernières années. Le débarquement de la Baie des Cochons, il y a 50 ans, a prouvé deux choses : premièrement, qu’une authentique révolution anti-impérialiste ne peut se consolider qu’en rompant avec le capitalisme ; deuxièmement, qu’un peuple en arme qui défend une révolution peut vaincre le plus puissant pays impérialiste au monde. Aujourd’hui, les révolutionnaires en Amérique latine peuvent en tirer d’importantes conclusions. Au Venezuela, en Bolivie, en Equateur, au Pérou, etc., seule l’expropriation des capitalistes et des impérialistes permettra de consolider les réformes qui ont été engagées. En dernière analyse, ces révolutions ne pourront pas être défendues par des manœuvres diplomatiques ou « d’apaisement » – mais par le peuple en arme.

Mais le mouvement ne se limite pas à l’Amérique latine. Il s’est récemment étendu au monde arabe et dans les pays capitalistes avancés, comme l’ont montré les mouvements dans le Wisconsin, en France, en Espagne, en Grèce, au Portugal, etc. La révolte de la jeunesse grecque et espagnole contre le FMI et la Banque Mondiale illustre cette remise en cause croissante du capitalisme, à l’échelle mondiale.

Il est très important que les communistes cubains discutent de ces développements en détail et participent pleinement au débat sur la lutte pour le socialisme international, car c’est la seule issue pour la révolution cubaine.

Jorge Martin

[1] Ainsi vivent les Cubains, par Renaud Lambert, dans Le Monde Diplomatique d’avril 2011
"De chacun selon ses capacités à chacun selon ses besoins". Karl.
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Re: VIe congrès du PC Cubain

Messagede barcelone 36 » 19 Juin 2011, 17:20

http://www.polemicacubana.fr/?p=2228

May 10
LA NOUVELLE VERSION DES “LINEAMIENTOS” EST DANS LES KIOSQUES CUBAINS ET TÉLÉCHARGEABLE ICI

La nouvelle version des « Lignes directrices » est sortie hier dans les kiosques cubains.
« Il s’agit des résolutions du 6e Congrès du Parti Communiste Cubain. Celui-ci a analysé le projet final des “Lignes directrices” de la politique économique et sociale du Parti et de la Révolution, pour actualiser le modèle économique cubain, avec l’objectif de garantir la continuité et l’iréversibilité du Socialisme, le développement économique du pays et l’élévation du niveau de la population, conjugués avec la nécessaire formation de valeurs éthiques et politiques de nos concitoyens ».

C’est ainsi que commence le préambule de ces textes.
Sur la forme tout d’abord, le texte reprenait le lexique critique devenu courant ces deux dernières années : “procédures paternalistes”, “gratuités indues”, “subventions excessives”, “équité” contre “égalitarisme”, “actualisation”, “perfectionnement” du modèle économique, et entérinait les mesures prises jusque là par le gouvernement de Raul Castro (suppression des cantines ouvrières, annonce du licenciement d’un million de travailleurs, réduction des bus de transport des salariés, suppression du quota de cigarettes alloué aux personnes âgées dans le carnet de rationnement, etc.). Cette nouvelle version réaffirme notamment l’une des mesures phares, la libéralisation du secteur dit “non étatique” (pour ne pas dire “marché”). Certaines annonces semblent cependant avoir été le fruit de compromis difficiles : ainsi le texte n’annonce pas la suppression de la dualité monétaire (l’existence de deux monnaies : peso et CUC – proche du dollar), mais la réalisation d’études sur sa suppression.
Sur le fond, les réformes sont présentées comme nécessaires pour assurer la pérennité de ce modèle socialiste. Mais qu’est ce modèle socialiste ? Le socialisme est ici redéfini, contre l’égalitarisme qui prévalait jusque là, comme l’« égalité des droits et des chances » entre les citoyens. Si la spécificité cubaine (l’accent mis sur une justice sociale très égalitaire) semble donc avoir disparu, les principes directeurs historiques du modèle économique cubain ne se transforment guère. La planification de l’économie reste présentée comme centrale, alors qu’elle avait été partiellement abandonnée, au cours des dernières années, au profit de logiques d’ajustement de court terme. Et l’ouverture à une augmentation des autorisations de travail en libéral est assortie de l’annonce de la mise en place de nouvelles méthodes de contrôle de l’économie, y compris du petit secteur privé en expansion, par l’Etat.
Le gouvernement se propose d’accorder une plus grande autonomie au champ économique, en insistant sur ses logiques propres : rentabilité des entreprises, autofinancement y compris par l’investissement des bénéfices obtenus, salaires en rapport avec la production, fin des subventions d’État pour compenser les pertes et la création d’un marché de gros pour approvisionner le petit commerce privé émergent ainsi que les coopératives. Alors que le plein emploi dans le secteur étatique hégémonique avait constitué jusqu’ici un des objectifs du gouvernement, pour des raisons politiques et de contrôle social, la productivité des salariés comme des entreprises apparaît désormais comme centrale, au point où les entreprises structurellement déficitaires seront mises en liquidation. Il s’agit en effet de faire progresser rapidement la productivité des entreprises, afin de substituer une partie des importations par la production locale et de résorber ainsi le déficit permanent de la balance extérieure, alors que l’aide cruciale apportée par Hugo Chavez (investissements et fourniture de pétrole) s’essouffle. Enfin, comme dans d’autres économies à forte composante redistributive, les entités dites « sous budget d’Etat » (dans les secteurs de la santé et de l’éducation) auront désormais un statut clairement distinct des autres entreprises, au sens où leur fonctionnement à perte restera couvert par l’Etat.
Si productivité et rentabilité sont donc devenus les maîtres mots, dans une économie soumise à de grandes difficultés, le lexique militaire de l’ordre, de la discipline et de l’efficacité est également prégnant dans l’ensemble du texte. Outre la place – devenue majeure – des forces armées dans l’économie, il pointe vers la conception politique verticale des élites politiques cubaines, restée inchangée depuis les années 1960. C’est l’une des raisons pour lesquelles nous pouvons douter de la portée des réformes. Il est à craindre que la plus grande autonomie allouée aux entreprises d’Etat ainsi que la micro libéralisation du petit commerce (elle concerne 178 métiers artisanaux) ne demeurent dépendantes de revirements du gouvernement. Nous devons constater la continuité des absurdités bureaucratiques comme l’octroi d’un budget étatique de 130 millions de dollars pour l’achat des biens nécessaires au fonctionnement du petit secteur privé émergent et qui seraient mis à disposition des nouveaux petits entrepreneurs, sans jamais les avoir consulté pour connaître leurs besoins ni effectué d’études de marché.
Au-delà des orientations d’ordre économique, la lecture de ce texte pousse à s’interroger sur les fondements du modèle socialiste cubain. On peut en effet légitimement s’interroger sur ce qu’il reste du socialisme dans un système qui minimise les processus redistributifs sur lesquels il était fondé sans pour autant accorder plus de poids aux citoyens dans les processus de décision qui vont fortement peser sur leur quotidien. Consultés massivement lors des assemblées de travailleurs convoquées par les organisations de masse et le PCC dans les centres de travail, les Cubains ne peuvent en réalité déborder le cadre de discussion offert par le projet de texte. Ils ne sont associés aux réformes que dans la mesure où il leur est demandé de les accepter et de s’y adapter. Comme le soulignent certains blogueurs et dissidents, l’absence de droits civils et politiques ne permet pas l’organisation de luttes larges pour le maintien des droits sociaux. Ceux-ci ont en effet été conférés il y a cinquante ans par les révolutionnaires au pouvoir, plutôt que véritablement gagnés par les citoyens organisés. Malgré le gain de nouveaux droits économiques comme la possibilité accrue de créer sa petite entreprise, c’est de la même manière que ces droits sociaux leur sont aujourd’hui retirés.
Vous pouvez télécharger la brochure sur les “Lineamientos” ici :
http://www.polemicacubana.fr/wp-content ... -Cong1.pdf
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Re: VIe congrès du PC Cubain

Messagede SchwàrzLucks » 19 Juin 2011, 18:25

Ils font un congrès tous les 10 ans environ seulement ?
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Re: VIe congrès du PC Cubain

Messagede barcelone 36 » 19 Juin 2011, 20:03

Non, c'est très irrégulier, le dernier était en 97 je crois, mais il n'y en a pas eu beaucoup
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Re: Cuba

Messagede bipbip » 11 Jan 2014, 16:36

A Cuba, des écoles sont transformées en prisons ? Oui, vous avez bien entendu

En 2010, l’État a choisi de mettre fin aux bourses et à l’enseignement pré-universitaire à la campagne. Il suffit de faire une promenade à travers l’ancienne province de La Havane pour voir les anciens bâtiments transformés aujourd’hui en centres d’instruction pénaux ou en prisons de travaux forcés avec un régime de “semi-liberté”.

Avons-nous besoin de plus de prisons que de logements à Cuba ?

Il me vient quelques idées simples sur ce que l’on pourrait faire avec les anciennes écoles :

1. Des coopératives paysannes

2. Des logements la population

3. Des auberges pour les ouvriers du bâtiment qui proviennent de la zone orientale comme les marocains qui immigrent en Andalousie.

Pourquoi augmenter la capacité et la quantité des moyens répressifs de l’État cubain ?

Attention, nous sommes à un moment critique pour le pays, les changements que les gouvernants envisagent de mener à bout pour faire de Cuba un pays “normal” et “moderne” vont avoir un coût social qui sera inévitable.

L’augmentation de l’âge de la retraite, le million et demi de chômeurs prévu par l’État et la récente augmentation de la précarité peuvent être constatés dans les quartiers pauvres de La Havane, et ce n’est que la pointe de l’iceberg.

Le “peuple qui lutte”, a été dépolitisé au cours des quelques 50 dernières années, aliéné par la routine insupportable liée à la lutte quotidienne afin de trouver quelque chose à se mettre dans l’estomac, divisé par la méfiance de la possible dénonciation de l’intérieur, pour cela de nombreux cubains ne sont pas en mesure de comprendre le tsunami qui va nous submerger.

Mais ceux qui sont au pouvoir, ceux qui disposent de toutes les structures de l’État et des organes de masse pour mettre en œuvre des lignes directrices avec lesquelles ils prétendent nous sauver ; ceux qui ont tous leurs besoins primaires garantis, les mêmes qui vivent dans des quartiers luxueux avec un accès interdit à la population, ceux-là disposent de toute l’information et donc de la capacité d’analyse nécessaire, ceux-là savent que les changements qui sont mis en œuvre à Cuba vont plonger encore plus dans la pauvreté la majorité des Cubains.

Mais il ne s’agit pas seulement de La Havane. Le moment est un moment clé, ce qui s’approche sera très douloureux pour la grande majorité du peuple.

Pour cela ceux qui contrôlent l’Etat craignent des révoltes, mais ils ont peur aussi de l’organisation populaire qui se met en place aujourd’hui et elle va inévitablement augmenter en raison de la pauvreté dans les quartiers pauvres, à travers tout Cuba.

Pour cela, ils marchent à pas de tortue, pour que nous nous adaptions à la violence comme la grenouille s’adapta à l’eau chaude et il vient un moment où elle ne pu plus bouger la patte. C’est pour cela que le nombre de prisons augmente et qu’on ne créé pas de maisons de la culture.

Pour cela, il y a plus de centres d’instruction pénale et non pas plus de maisons de retraite pour des anciens qui ont plié l’échine lors des récoltes de canne à sucre et lors des missions internationalistes.

Maintenant, nous savons où va le budget, alors qu’ils prétendent qu’il n’existe pas. Nous savons maintenant où sont dilapidés les richesses générées par le peuple avec tant de sacrifices. Auront-ils aujourd’hui le culot de dire que l’État n’a pas d’argent ? Que la construction de prisons se fait à travers l’investissement de l’étranger comme la construction des hôtels, des marinas et des terrains de golf pour millionaires ?

Le souvenir du commandant Camilo Cienfuegos détruisant les murs de la caserne Columbia est toujours dans la tête des gens. “Convertir les casernes en écoles”, c’était le slogan de l’époque.

Les fonctionnaires de l’État cubain disent très fort que Cuba est un pays socialiste et quand viennent à la lumière les contradictions de telle affirmation ils brisent-ils leurs vêtements comme des possédés.

Pourquoi un pays socialiste avec tant de carences matérielles doit-il augmenter le nombre de ses prisons ?

Que les partisans de la révolution cubaine se posent la question, que penseraient-ils si cela se passait dans leur propre pays ? Mais ce qu’il y a de plus triste, si vous me demandez, c’est que là où les gens ne sont pas capables de reconnaître leur capacité à changer ce qui doit être changé, les gens reconnaissent ce droit à l’État. Ils savent bien jusqu’à quel point le peuple peut supporter la situation. Pour cela, ils essayent de mettre des pansements sur la plaie avant qu’elle soit purulente.

La répression, l’exil, la mort, la prison. Si le peuple se révolte, le pouvoir s’enrage, mais l’histoire enseigne aussi, toujours, toujours, elle réveille le géant.

Il n’y a pas de force capable de vaincre les gens lorsqu’ils luttent pour leur vie et leur bonheur. Nous ne gagnerons qu’avec une organisation populaire, avec la conscience de classe, avec la solidarité et l’appui mutuel dans les quartiers, parce que nous n’avons pas d’autre choix .

Adrian Del Valle

Regla, 2013

Article publié sur le journal libertaire ¡Tierra nueva!, dans le n° 4 (spécial prison) :

TierraNueva4 http://www.polemicacubana.fr/wp-content ... a4-web.pdf


__________________

“Si vous me demandez ce qu’est la prison, je vous répondrai sans hésiter que c’est la décharge d’un projet socio-économique donné, en son sein ils enferment toutes les personnes qui gênent dans la société… c’est pourquoi les prisons hébergent principalement des pauvres”.

A Cuba, 9 prisonniers sur 10 sont noirs

http://www.polemicacubana.fr/?p=9861
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Re: Cuba

Messagede bipbip » 24 Déc 2014, 14:43

POSITION DE L'ATELIER LIBERTAIRE ALFREDO LÓPEZ DE LA HAVANE

Sur la libération des prisonniers et le rétablissement des relations diplomatiques entre les gouvernements de Cuba et des Etats-Unis ---- 1. La « normalisation » des relations entre les pouvoirs gouvernementaux des Etats-Unis et de Cuba devrait contribuer à éliminer les nombreuses et archaïques obstructions (de la part de ces mêmes gouvernements) contre des liens humains fondamentaux entre les deux nations. ---- 2. Nous nous réjouissons avec ceux qui viennent de sortir de prison, et avec leurs familles qui viennent d'accueillir leurs proches dans leurs maisons. Ils sont enfin en liberté, après de longues années d'enfermement «légal». ---- 3. Toutefois, nous ne connaissons pas les termes de cette négociation. Il s'agit d'un coup médiatique qui contribue à la croyance qu'il s'agit d'un évènement miraculeux qui nous laisse comme des spectateurs passifs.

4. Nous craignons également que se génèrent de nouvelles opportunités pour le capital d'exploiter « plus » et « mieux » notre peuple. ----

5. Que le conformisme s'intensifie, ainsi que l'insignifiance et la misère, et qu'à travers la société de consommation aient lieu de nouvelles atteintes à l'environnement et une invasion de la culture de masse ; parce que...

6. L'impérialisme américain reste en vie.

7. L'autoritarisme cubain reste en vie.

8. La base navale de Guantanamo n'a pas été démantelée et continue d'accueillir une prison internationale dotée d'un centre de tortures.

9. Il ne suffit pas de libérer un groupe de prisonniers, et il ne suffirait pas de fermer une prison particulièrement odieuse : toutes les prisons du monde doivent fermer.

10. Il ne suffit pas aussi que deux états mettent fin à leur « guerre froide » et se rapprochent sur un ensemble de positions : la véritable réconciliation entre les peuples viendra quand il n'y aura plus d'État.

11. Il suffit encore moins de débloquer les marchés pour que les propriétaires des moyens d'exploitation du travail et de la nature commercent entre eux : une telle exploitation devrait maintenant disparaître.

12. Par conséquent, nous espérons que maintenant que le démantèlement du blocus-embargo est d'actualité, que ce ne seront pas deux instances gouvernementales qui le géreront, mais que tous les cubains et tous les américains prendront part au changement.

Nous allons poursuivre notre lutte contre toutes les formes de domination : la lutte écologiste, anti-impérialiste, anti-capitaliste et anti-autoritaire, en solidarité avec nos compagnons dans le monde.

La liberté sans socialisme est le privilège et l'injustice ; le socialisme sans la liberté est la brutalité et la tyrannie.

La Havane, 19 décembre 2014

fb. Samantha Levens

http://www.ainfos.ca/fr/ainfos11688.html
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Re: Cuba

Messagede bipbip » 23 Jan 2015, 01:44

Etats-Unis-Cuba. Une alternative à Cuba ?
Le 17 décembre 2014, Washington et La Havane aboutirent à un accord portant sur un changement «révolutionnaire» de relations qui étaient, durant plus de cinquante ans, caractérisées par les efforts de la part des Etats-Unis de renverser le gouvernement cubain, y compris en soutenant des invasions, des blocus maritimes, le sabotage économique, des tentatives d’assassinat ainsi que des attaques terroristes.
... http://www.polemicacubana.fr/?p=10663#more-10663


Cuba. Les réformes et la brèche des inégalités
Parmi les grands défis qu’affrontent les réformes entreprises par le président Raul Castro il y a notamment celui d’élever le niveau de vie de la population cubaine, laquelle subit encore l’impact d’une récession qui a débuté il y a plus de 20 ans et qui a tronqué ses aspirations à l’égalité économique et sociale. L’augmentation des inégalités est devenue évidente à partir de la crise entraînée par la disparition de l’Union soviétique et du «camp socialiste de l’Europe de l’Est» au début des années 1990. Selon l’appréciation de l’économiste Esteban Morales, la «période spéciale» (c’est ainsi qu’on a appelé cette étape récessive) «a même affectémoralement le concept d’égalité».
.. http://www.polemicacubana.fr/?p=10669#more-10669
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Re: Cuba

Messagede bipbip » 25 Jan 2015, 12:31

La disparition de notre ami et compagnon cubain Canek Sánchez Guevara

Notre ami et compagnon cubain Canek Sánchez Guevara vient de mourir à Mexico des suites d’une opération du cœur. Il avait 40 ans, fils d’Hildita Guevara, il était le petit-fils rebelle du Che.

Dans les langues anciennes du Mexique, Canek voulait dire le « Serpent noir ». Né à La Havane en 1974, depuis plusieurs années, il menait une existence vagabonde afin de poursuivre le voyage de son grand-père en Amérique latine. Il tenait depuis un journal qu’il avait appelé « Voyage sans motocyclette ».

Irrévérencieux et plein de sagacité, il critiqua à de nombreuses reprises et très ouvertement la révolution cubaine, jusqu’à ce qu’il soit obligé, à 22 ans, d’abandonner son pays natale pour s’installer au Mexique où vivait une partie de sa famille.

Écrivain, musicien de rock et graphiste de talent, Canek était un anarchiste iconoclaste, un homme libre et courageux. À Cuba, dès son adolescence, il tourna le dos à la carrière de militaire de haut rang que voulait lui imposer son entourage. Punk et rebelle, il critiqua ouvertement les tenants du régime, les militaires et la bourgeoisie socialiste qui n’accepta jamais de voir l’héritier du Che s’opposer à eux.

« La révolution cubaine a accouché d’une bourgeoisie et d’appareils répressifs disposés à défendre du peuple une bureaucratie, très éloignée de ce même peuple. Mais surtout elle a été anti-démocratique en raison du messianisme religieux de son leader », déclarait-il dans un entretien pour l’hebdomadaire mexicain Proceso en octobre 2004.

Une des raisons qui l’éloignèrent de l’île fut « la criminalisation de la différence, aux moyens de la « persécutions des homosexuels, des hippies, des libres penseurs, des syndicalistes et des poètes » et l’installation d’une « bourgeoisie socialiste (…) faussement prolétarienne ».

« Toutes mes critiques sur Fidel Castro partent de son éloignement des idéaux libertaires, de la trahison commise contre le peuple de Cuba et de l’épouvantable système de surveillance établi pour préserver l’État en écrasant les gens ».

Il était membre du Mouvement libertaire cubain en exil depuis de nombreuses années et il écrivait pour des revues littéraires mexicaines comme Letras libres et Milenio Semanal.

Canek, tu resteras toujours en nos mémoires libertaires. Que la terre te soit légère.

¡Hasta siempre compañero !

Daniel Pinós

Groupes d’appui aux libertaires et aux syndicalistes indépendants de Cuba

http://www.polemicacubana.fr/?p=10709#more-10709
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