Pérou

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Messagede Clown » 16 Juil 2008, 21:34

Pérou: Garcia ouvre le feu sur des mineurs en grève, 1 mort 5 blessés


La tension sociale a augmenté au Pérou après que la police ait ouvert le feu contre les mineurs en grève qui voulaient prendre l'entreprise.


Les conflits du travail et la tension sociale continuent au Pérou après la grève nationale de mercredi dernier. Hier, la police a attaqué à coups de feu les ouvriers d'une entreprise minière en grève depuis le 30 juin, tuant un gréviste et en blessant cinq autres. Au moins un des blessés se trouve dans un état grave état. L'affrontement entre la police et les grévistes s'est produit dans la province de Pataz, dans la région La Libertad, à 570 kilomètres au nord du Pérou, où la compagnie minière Aurifera Retama S.A. (Marsa), des capitaux péruviens. Inocencio Chiguala, un des mineurs en grève, a raconté que l'affrontement entre grévistes et policiers a commencé à 9h30 du matin "quand trois bus avec 200 policiers sont arrivés dans les environs de l'entreprise minière et ont rejoint les policiers qui gardaient l'entreprise pour nous attaquer". Luis Castillo, président de la Fédération Minière, a dénoncé que l'affrontement s'est produit parce que les policiers ont ouvert le feu contre les grévistes. Miguel Yupanqui, 23 ans, a été tué d'un coup de feu dans le thorax. Cinq autres ouvriers ont été blessés par des coups de feu dans différentes parties du corps. La violente répression policière contre les mineurs en grève s'est produite trois jours après une grève nationale qui a été fortement ressentie à l'intérieur du pays et après laquelle le gouvernement a accusé les syndicats de "conspirer contre la démocratie" et a lancé de dures attaques et des menaces contre les organisateurs de la grève.

Marsa est l'une des principales productrices d'or du pays et ses travailleurs sont en grève depuis deux semaines exigeant qu'on leur paie un partie des profits de l'entreprise depuis 2007. Les employés de la compagnie sont répartis dans neuf entreprises sous-traitantes qui fournissent des services à Marsa, et qui refusent de remettre aux travailleurs le pourcentage des profits qui leurs correspond. C'est une pratique commune entre les entreprises minières qui opèrent au Pérou de ne pas embaucher directement leurs travailleurs, mais de le faire à travers d'entreprises tiers pour ainsi éluder le paiement de droits sociaux, comme le paiement de huit pour cent des profits qui selon la loi doivent être distribué aux travailleurs des entreprises minières. On estime que sur 100 mille mineurs qui existent dans le pays, près de 80 pour cent travaillent au noir. Selon le web de l'entreprise Marsa, celle-ci a 2000 travailleurs. Cependant, la Fédération Minière assure qu'en réalité ils sont 3900, entre les stables et ceux engagés de manière temporaire.

Ce qui est arrivé dans l'entreprise Marsa a lieu dans le contexte d'une situation de conflit dans le secteur minier qui dans les dernières années a produit des affrontements successifs entre les entreprises minières et ses travailleurs, qui réclament une plus grande participation dans les immenses profits des compagnies minières à la suite de la hausse des prix internationaux des minerais, et aussi de nombreux chocs entre les compagnies et les paysans et les habitants des zones où celles-ci agissent, ces derniers les accusent de les expulser de leurs terres et de polluer les eaux. Les entreprises minières sont aussi accusées de maltraiter les populations des zones où elles agissent et sont mises en cause pour jouir de privilèges fiscaux octroyés par le gouvernement.

Dans les dernières années, les profits des compagnies minières ont augmenté de plus de 500 pour cent. En 2007, leurs profits ont presque atteint les 4,5 millards de dollars et les entreprises en emportent 70 pour cent et en laissent dans le pays seulement 30 pour cent. Durant la campagne électorale de 2006, Alan Garcia, alors candidat, a offert d'établir un impôt aux sur-profits des entreprises minières pour que le pays, en particulier les régions pauvres où se trouvent les gisements miniers, obtiennent de plus grands gains du boom des prix des minerais. Cependant, dès qu'il est arrivé au pouvoir, il a négocié avec les compagnies un "apport volontaire" et a laissé de côté son offre électorale. L'apport volontaire des compagnies minières atteint environ 150 millions de dollars par an, ce qui représente à peine trois pour cent de leurs profits. Selon l'économiste Humberto Campodonico, professeur de l'Université de San Marcos, un impôt sur les surprofits miniers "similiare à des pays comme l'Équateur laisserait au pays un revenu d'au moins 830 millions de dollars par an, au lieu des 150 millions que les compagnies minières apportent maintenant". Dans ce contexte, la mort du mineur de Marsa réchauffe encore plus la situation d'un secteur qui s'est converti en un des plus grands centres de tension sociale.

Carlos Noriega, Pagina/12, 13 juillet 2008.

http://amerikenlutte.free.fr/index.php? ... &Itemid=58
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Re: Pérou, la police réprime les mineurs dans le sang

Messagede Olé » 19 Juil 2008, 14:05

Que dire... on a l'impression que l'histoire est un perpétuel recommencement... :confus: soutient à eux.
Olé
 

Re: Pérou, la police réprime les mineurs dans le sang

Messagede Parpalhon » 30 Juil 2008, 23:24

ahhh et comme par hasard les plus grosses mines du Pérou sont des entreprises nord américaines :roll:
" Mort als estats visquin les terres ! "
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Pérou: victoire historique de la révolte indigène

Messagede Clown » 27 Aoû 2008, 11:32

Dans un cas qui retourne des échecs historiques, les aborigènes ont rompu l'alliance conservatrice à Lima et ont obtenu l'abrogation des lois qui facilitaient la privatisation de leurs terres ancestrales au profit d'exploitations minières

La révolte des communautés natives de l'Amazonie péruvienne contre le gouvernement d'Alan Garcia s'est terminée par la victoire des indigènes. Ce fut un triomphe inespéré qui casse la tradition historique de la prééminence du pouvoir central sur les groupes indigènes. Après deux semaines de protestations et une prise de routes, entreprises hydroélectriques, stations pétrolières et de puits de gaz, 65 ethnies natives de la forêt péruvienne qui regroupent 350 mille personnes, sont parvenus à faire céder le pouvoir. Vendredi, le Congrès a abrogé à une ample majorité de 66 voix contre 29 deux lois qui facilitaient la vente des terres communales des indigènes et dont la promulgation a provoqué le soulèvement indigène dans la forêt amazonienne.

Les natifs ont dénoncé qu'avec ces lois le gouvernement essaie de promouvoir la vente de leurs terres aux compagnies pétrolières transnationales et d'exploitation du bois. Le gouvernement avait promulgué ces lois comme partie du Traité de Libre Echange (TLC) avec les Etats-Unis et a tout essayé pour leur défense. Il a parié sur la répression pour abattre la révolte indigène, a déclaré l'état d'urgence et a appelé les Forces Armées, mais les indigènes se sont fermement maintenus sur le pied de guerre avec leurs lances, arcs et flèches. Dans le Congrès, le parti de gouvernement s'est retrouvé seul. Il a perdu le soutien de ses alliés de la droite et du fujimorisme, qui ont voté en faveur de la dérogatoire des deux lois, bien qu'en mettant en avant seulement des raisons formelles liées à leur promulgation avant de la défense des terres communales. Cela constitue le plus grand échec politique de Garcia des deux années de sa gestion et il survient au moment où sa popularité atteint seulement 20 pour cent.


La marche arrière du Congrès a déclenché la colère de Garcia et de son gouvernement, mais a décomprimé une crise sociale qui menaçait de s'aggraver et d'avoir une fin violente. Tandis qu'à Lima, les fonctionnaires du gouvernement n'arrivaient toujours pas à digérer leur échec et répondaient en déchargeant leur frustration en attaquant furieusement les opposants des lois abrogées, dans les villages et zones de la forêt amazonienne des fêtes massives ont éclaté. La nouvelle de la décision du Congrès a fait éclater l'euphorie parmi les indigènes, qui s'étaient rassemblé sur les places des principaux lieux habités pour attendre le vote. À peine connue la nouvelle, avec leurs visages peints, ils ont commencé à danser et à agiter leurs lances et flèches en signe de victoire. "C'est une grande nouvelle pour nous. C'est une nouvelle aube. Pour la première fois dans l'histoire, nous faisons grève et obtenons une victoire", a signalé Wrays Perez, apu (leader) de l'ethni aguaruna qui a célébré la victoire avec des milliers d'indigènes sur la place centrale de Bagua, l'un des épicentres de la protestation. A Lima, Alberto Pizango, président de l'Association Interethnique de Développement de la Forêt Péruvienne (Aidesep), qui a pris la tête de la protestation indigène, vétu avec le vêtement typique de sa communauté native était présent au Congrès pour suivre le débat et le vote auprès d'une délégation de dirigeants natifs. "C'est une décision historique. A gagné la raison et non des lois qui attentaient contre les peuples indigènes et la société nationale", a dit Pizango, tandis qu'il se retirait souriant et victorieux du Parlement.

Dans l'autre bord de cette guerre pour les terres indigènes, le président Garcia a qualifié la décision du Congrès de "recul historique". Avant le vote du Congrès, Garcia avait essayé de faire pression sur les parlementaires en exigeant la ratification des lois de la discorde et en accusant les congressistes qui avaient déjà annoncé leur vote pour la dérogation de "céder au chantage par peur". Mais ses pressions n'ont pas pu changer le cours des choses au Congrès. Vendredi a été une mauvaise journée pour le président péruvien. Tandis que le Congrès débattait la dérogation des lois pour lesquelles il avait décidé de tout jouer et que son échec était déjà annoncé, Garcia a été reçu par des sifflets et des pierres à Chiclayo, ville de la côte nord du Pérou, où il s'était rendu pour inaugurer des infrastructures routières. Garcia a du abandonner Chiclayo sans pouvoir inaugurer les oeuvres. La protestation de Chiclayo n'a rien eu à voir avec les terres des indigènes, mais avec la revendication d'augmentation de salaires des employés publics du secteur de la santé et représente l'étendue du mécontentement social contre le gouvernement.

Mais le président péruvien n'a pas été le seul qui a essayé de changer l'histoire d'un vote qui depuis deux jours était déjà annoncé défavorable pour le gouvernement. La Confédération d'Institutions Patronales Privées (Confiep), le pricipal syndicat des entrepreneurs, a émis avant le vote du Parlement un communiqué en exigeant du Congrès la ratification des lois controversées sous l'argument que leur dérogation "enfoncera le pays dans l'anarchie". Mais au final, le pouvoir politique et le pouvoir économique ont perdu en face des indigènes qui ont défendu leurs terres avec leurs lances, arcs et flèches. Un fait qui n'avait jamais été vu auparavant dans l'histoire du Pérou.

Carlos Noriega, Pagina/12, 24 août 2008.

http://www.pagina12.com.ar/diario/elmun ... 08-24.html

Traduit par http://amerikenlutte.free.fr
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Pérou : "le réveil de la jungle". Entretien avec l'USL

Messagede Pïérô » 25 Jan 2010, 13:29

Intéressant, d'une part pour les éléments sur la lutte qui se mène, mais aussi pour la présentation des mouvements sociaux et la présentation de l'Union Socialiste Libertaire du Pérou.
Anarkismo : http://www.anarkismo.net/article/15625

Pérou : "le réveil de la jungle". Entretien avec la USL

Rencontre avec un camarade péruvien de l’USL (Union Socialiste Libertaire). Entre révolte indigène et résistance sociale, découverte du Pérou de ceux et celles d’en bas.

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D’où vient la lutte actuelle des peuples indigènes ? Quelle forme prend-elle ?

À propos de la lutte actuelle des peuples de l’Amazonie (awajun-wampis, kichuas, arabels, huaronis, pananujuris, achuar, murunahus, o chitonahuas, cacataibos, matsés, candoshis, shawis, cocama-cocamillas, machiguengas, yines, ashaninkas, llanezas), il faut préciser que la lutte des peuples ne concerne pas seulement ceux de l’Amazonie.

Sont en effet aussi concernés les communautés de la sierra : quechuas et aymaras se sont aussi soulevés pour la défense de leurs terres et leur culture, nous pouvons dire que depuis l’an dernier nous avons assisté au réveil de notre « jungle » et de la région andine (que nous avons pu voir également au niveau international) pour faire face à la politique néolibérale (de privatisations, vente de terres originaires, soudoiement des cultures autochtones et de leurs droits humains) engagée par l’État péruvien, afin de remplir les mandats du grand marché capitaliste et de l’impérialisme.

Ce dernier souhaite implanter ses entreprises transnationales sur le territoire des peuples originaires.

Mais grâce à la contestation du peuple lui-même organisé, des organisations ou des collectifs populaires, politiques et corporatifs (nous y incluant pour la Campagne Internationale de Solidarité Libertaire que nous avons lancée, avec l’appui de plus de 50 organisations libertaires au niveau international), nous sommes arrivés à ce que le gouvernement péruvien recule par rapport à l’application des décrets législatifs (D. L.) 1090 et 1064, qui facilitaient la vente de la terre des communautés natives.

Cependant, il reste à lutter pour la non-privatisation de l’usage de l’eau, l’abrogation du reste des D. L. qui porte atteinte à la souveraineté et à la vie même des indigènes, pour l’expulsion des transnationales qui agissent dans ces régions, grâce à la protection du Traité de Libre Échange (TLC) signé avec les États-Unis, et pour l’usage des terres et des ressources par les communautés elles-mêmes.

D’un autre côté, nous nous devons de souligner que ces luttes ont mis en évidence que la société péruvienne continue d’être profondément raciste et hypocrite. La presse a mis en exergue la supposée férocité des tribus d’Amazonie en lutte.

De plus, elle a présenté les policiers assassinés en réponse au massacre de Bagua, en tant que victimes. Le gouvernement n’a eu de cesse de présenter des spots publicitaires, qui réaffirment cette supposée image négative des peuples originaires en lutte, dans le seul but de minimiser les crimes qu’il a commis à l’encontre des communautés.

Ce qui veut dire qu’aux yeux de l’opinion publique, s’est construite l’idée que les personnes provenant d’Amazonie sont des tribus de sauvages et d’assassins, et que le gouvernement avec l’aide des forces répressives est le symbole de l’ordre et du progrès, qui protège tout le pays de la « voracité et de l’anarchie ».

Sans la fermeté de la contestation des natifs d’Amazonie, il n’y aurait pas eu de débat national, et n’auraient pas éclaté à l’opinion publique leurs revendications contre l’oppression qu’ils subissent depuis des siècles, avec l’introduction violente de la société occidentale, qui prétend soumettre leur organisation sociale.

Celle-ci contient beaucoup d’éléments, qui s’approchent de notre positionnement libertaire. Par exemple leur relation à la terre et ses ressources (flore et faune) dont ils ne se réclament pas « propriétaires », car eux-mêmes se sentent comme enfants de la terre, et dans l’obligation de maintenir son équilibre.

De plus, l’organisation collective du travail dans les communautés natives et paysannes est un aspect à suivre qu’il nous paraît important de stimuler. Les communautés natives manient des niveaux de représentativité qui donnent une prépondérance à la décision des bases.

C’est-à-dire que c’est une organisation du bas vers le haut. Les représentants se présentent comme de simples porte-voix des décisions des communautés.

Nous croyons que ce type d’organisation est celle que l’État redoute le plus et cherche à détruire. En plus, de les expulser de leurs villages et laisser le champ libre, ou la terre clôturée, il permet aux entreprises transnationales impérialistes d’y planter leurs griffes et tentacules de fer, et ainsi de piller les ressources avant d’empoisonner complètement l’écosystème.

Quelle est la situation sociale au Pérou ?


Au Pérou, les licenciements et la précarisation des droits sociaux des travailleurs se poursuivent en toute impunité. Comme cela a eu lieu au cours de la décennie 90, sous le régime génocidaire d’Alberto Fujimori, au cours duquel, nous avons reculé en ce qui concerne toutes les conquêtes salariales - que ce soit le droit à la grève, à se syndiquer, à la stabilité salariale. Il y a quelques années, le gouvernement l’a confirmé cyniquement à travers une loi la journée de 8 heures de travail, alors que c’est une conquête obtenue en 1913 par le prolétariat d’ El Callao (principale ville portuaire du pays), et en 1919 par le reste du prolétariat, à travers le mouvement ouvrier anarcho-syndicaliste de l’époque, (avec des figures importantes comme Manuel C. Lévano et son fils Delfin Lévano, Carlos Barba, Nicolàs Gutarra, Adalberto Fonkén et beaucoup d’autres camarades libertaires).

La situation des allocataires est de plus déplorable. Ce sont, en particulier les sans-emplois et les retraités du système national de Pensions, des ex-travailleurs des entreprises privées, qui continuent à souffrir des pensions « de faim et de mort ». Des pensions gelées depuis plus de 8 ans, et dont le montant minimum est un montant qui n’arrive même pas à couvrir les 10% basiques du panier familial.

En plus, la grande majorité des bénéfices sociaux qu’ils auraient dû percevoir (les retraités) grâce aux normes établies au cours des dernières décennies, n’ont pas été appliqués. Ce qui veut dire que l’État lui-même s’est ingénié à contourner la mise en application des allocations légales. Ceci a provoqué une avalanche de demandes, sans précédent, des allocataires. Beaucoup de cas sont arrivés jusqu’aux sphères de la cour inter-américaine des droits de l’Homme.

Mais même ainsi quand il s’agit d’appliquer les sentences de l’entité supranationale, l’État péruvien s’arrange aussi pour diluer le processus, et entre temps, les allocataires continuent à mourir sans arriver à voir à ce que justice soit faite.

Pouvez-vous nous présenter le mouvement syndical et social au Pérou et ses sensibilités ?

Pour ce qui concerne le panorama salarial et syndical, il faut signaler qu’il existe actuellement un grand contingent de travailleurs qui sont en train de se faire licencier à cause des mesures prises par le grand capital dans notre pays, afin de pouvoir « affronter l’actuelle crise mondiale » qu’ils ont eux-mêmes provoquée. Ce sont les ouvriers du textile et les mineurs qui ont été principalement affectés, et qui malgré leur combativité n’ont selon nous ni la force ni la capacité de pouvoir éviter les coups donnés par le patronat.

Au niveau du secteur du textile, il n’existe pas de fédération des Travailleurs du textile, qui les regroupent. Des avancées sont en train d’être réalisées vers une restructuration de cette entité, mais sur la base d’une dénommée « Coordination syndicale Textile », qui regroupe de jeunes syndicats, et est perçue avec défiance par les dirigeants traditionnels, vu que dans une certaine mesure ils ne se sont pas soumis aux diktats de la plus grande centrale syndicale bureaucratique de notre pays, la Confédération Générale des Travailleurs du Pérou (CGTP).

Il faut également souligné que la CGTP, depuis son origine, a été cooptée dans sa direction par des membres du Parti Communiste Péruvien - Unidad, qui a toujours maintenu une position stalinienne. Actuellement ses hauts dirigeants syndicaux, comme le secrétaire général de la CGTP Mario Huaman, fricotent avec le leader du Parti Nationaliste, Ollanta Humala. Malgré les ambitions présidentielles de chacun, il apparaît que les projections pour les élections de 2011, soient de faire une proposition présidentielle conjointe.

Dans le cas des mineurs, eux comptent sur une entité qui devrait leur permettre une cohésion : la Fédération Nationale des Travailleurs Miniers Métallurgiques et Sidérurgiques du Pérou. Celle-ci, au cours de la deuxième moitié de la décennie 80, et en particulier au cours du premier gouvernement d’Alan Garcia, fut l’actrice de grèves combatives, qui eurent comme conséquences une amélioration de leurs bénéfices sociaux et en particulier, ils réussirent à arracher à l’État une loi de retraite minière, avec des conditions assez favorables quant aux conditions de pensions et d’indemnisation. Malheureusement, à cette occasion, la vengeance de l’État frappa par le biais du commando Rodrigo Franco (paramilitaires), qui assassina Saul Cantoral, secrétaire générale de la Fédération Minière.

Actuellement, la direction de la Fédération Minière est gagnée par l’opportunisme. Les appels à la grève sont nombreux, mais en même temps, il se produit aussitôt des suspensions de ces mesures, à cause de promesses du parlement ou du gouvernement, afin d’évaluer leurs revendications. Cependant, jusqu’à présent il n’y a pas eu un seul des points revendiqués qui ait été conquis. Aussi incroyable qu’il soit, on mendie toujours l’application de la loi de retraite minière, qui a coûté la vie à beaucoup d’ouvriers, et qui n’a toujours pas été promulguée par le gouvernement apriste[1]. Le parlement n’ a pas voulu, non plus, ni réviser ni approuver la loi pour le paiement des utilités des mines en faveur des travailleurs.

Il existe aussi la Confédération des Travailleurs du Pérou (CTP), clairement et historiquement d’orientation apriste, c’est-à-dire en phase avec l’actuel gouvernement, et qui ne remplit que le rôle de « jaune » ou de syndicat pro-patronal, en créant des regroupement parallèles pour déstabiliser les autres secteurs en lutte. La CTP et la CGTP affichent des lignes opposées qui prétendent représenter la classe travailleuse au Pérou, mais ne sont que deux centrales bureaucratiques, qui maintiennent des accords sous la table et qui démobilisent leurs bases. Ce qui veut dire qu’ils maintiennent les travailleurs adhérents inertes et passifs.

Mais, même ainsi, nous croyons qu’un véritable travail syndical est possible dans notre pays. Nous avons eu des rapprochements organisationnels et de militantisme avec les secteurs textiles et avec d’autres secteurs de base pour construire une alternative syndicale de classe, autonome, de base, fédérative, horizontale, avec une démocratie directe et une capacité de combat.

Pouvez-vous nous présenter l’USL et de manière générale le mouvement libertaire ?

L’Union Socialiste Libertaire est le fruit de la maturité politique de ce qu’ont été des expériences collectives antérieures comme Qhispikay Llaqta et Etoile Noire -Estrella Negra- (2004 et 2007). Nous nous considérons comme une organisation anarchiste qui prétend construire une réelle proposition anti-autoritaire autour de nous et consolider la lutte libertaire là où ça nous soit possible.

En réalité le travail, en tant qu’organisation de tendance libertaire que nous sommes en train de réaliser, dans le champ de la lutte populaire et dans les mouvements de masses, commence tout juste, puisque ce mois-ci nous venons de fêter la première année de lutte et de travail libertaire.``

Néanmoins, nous avons déjà été immergés dans les luttes des peuples de l’Amazonie. Nous avons des contacts avec des organisations de base, de même qu’avec celles des classes ouvrières, et même avec des travailleurs licenciés et au chômage, auprès de qui nous sommes arrivés par le biais de nos bulletins Lutte Libertaire. Le malaise et le trop plein des directions opportunistes et bureaucratiques est généralisé, ce qui est en soi un champ fécond pour planter la graine libertaire, tâche à laquelle nous sommes en train de nous adonner.

A propos du mouvement libertaire péruvien, nous pouvons dire que l’anarchisme a bénéficié d’une très bonne santé, ici, jusqu’à la fin des années 30, avec des organisations ouvrières et populaires fortes et consolidées. Puis, avec les trahisons du Parti Socialiste et du Parti Apriste, tout a été réduit et quasiment éliminé. Actuellement on essaye d’amener l’anarchisme au camp populaire. Au cours de la décennie 80 et 90, il y a eut quelques expériences (collectifs, journaux, fanzines, etc.) mais ils ne se sont pas développés. Aujourd’hui à Lima, qui est la capitale, nous sommes le seul groupe organisé. Nous devons également mentionner que dans notre ville grâce aux discussions réalisées, dans certains ateliers de formation libertaire, s’est formé le Ciné-club libertaire « Fernando Ferran » qui prétend diffuser à travers l’image et l’art les propositions anarchistes. Il existe des publications libertaires mais pas de groupes. Dans d’autres villes, oui, il y existe un meilleur aspect où la proposition libertaire dans les universités et les quartiers s’y consolide.

En tant que militants de l’USL (étudiants et travailleurs), nous croyons qu’en général les idées libertaires sont entrain de prendre dans notre pays, et que les possibilités d’un travail de plus grande échelle est possible, puisque les travailleurs sont déjà bien fatigués des directions corrompues et que les communautés luttent pour maintenir leur forme de s’organiser qui contient clairement beaucoup de libertaire.

Pour poursuivre un peu plus sur le panorama du Pérou, sur les luttes des mouvements sociaux et populaires, ainsi que pour lire nos documents et textes, nous vous invitons à vous rendre sur notre site Internet.


Commission des Relations Internationales - Union Socialiste Libertaire (Pérou)

http://uslperu.blogspot.com/

(Propos recueillis par Pati et Bastien, S.I. de la CNT).


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[1] L’APRA, l’Alliance Populaire Révolutionnaire Américaine, créée au début des années 1920, est une organisation latino-américaine se donnant pour but de lutter contre l’impérialisme américain. Le PAP – Parti Apriste Péruvien – se veut être sa section péruvienne.


Related Link: http://www.cnt-f.org/international/spip.php?article411
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Messagede Nico37 » 28 Fév 2010, 17:57

Anarchistes du Pérou : derrière le rideau tendu sur Bagua

Ils s'efforcent de nous faire vivre une comédie.
Le pouvoir oppresseur (Capital, État) n’utilise pas seulement la violence physique pour nous contrôler, il crée aussi une cage invisible qu’il appelle « Normalité », il cherche à se rendre maître des pensées et des passions des dominés en les empêchant de percevoir toute possibilité de leur propre libération.
Qui désobéit sera sanctionné socialement en tant que rêveur ou élément subversif.
Les moyens de communication sont aussi des armes, dispensant des rideaux de fumée pour détourner notre attention et nous faire oublier les injustices quotidiennes. La presse maquille les faits, les transforme en marchandises, banalise la mort. Pour cela, pendant que des gens étaient assassinés à Bagua, le système nous agressa avec ses boniments en première page, la remplissant d’exaltations pour de nouvelles gloires sportives, de titres pleins de ferveur patriotique, et enfin, du rouge du drapeau péruvien se superposant au rouge du sang des assassinés lors du conflit encore non résolu en Amazonie.
Il reste des centaines de disparus, des dizaines d’emprisonnés – une réalité que le régime prétend cacher – des familles inconsolables, des communautés dispersées, car face à l’agression policière beaucoup de ceux qui ont fui ne sont pas encore revenus. Les arrestations arbitraires sont chose commune. Ils tentent de provoquer la démoralisation des gens pour en finir avec des années de lutte et d’organisation, mais, malgré la répression, les peuples amazoniens continuent à vouloir lutter.
Non, nous ne défendons pas la souveraineté nationale, si cela veut dire la propriété de l’État et la domination de sa bourgeoisie locale. Nous sommes partisans de la gestion directe des communautés, de leur capacité autogestionnaire. Nous nous opposons au développement aveugle et à l’industrie déprédatrice, c’est le moment de projeter des
formes radicalement différentes de vie en commun, sans exploitation ni de l’être humain, ni de la Nature. Nous nous attaquons à l’entreprise transnationale non parce qu’elle est étrangère, mais parce qu’elle est exploiteuse, capitaliste. Le conflit amazonien n’a pas été provoqué par des chavistes ou autres supposés agitateurs, ce sont là des mensonges du gouvernement qui veut trouver des faux coupables et nier la capacité des communautés à agir par elles-mêmes. Nous défendons l’autonomie des peuples et nous souhaitons des espaces libérés de la contamination capitaliste, non seulement au Pérou mais dans le monde entier. Ce conflit n’est pas une guerre d' « États impérialistes » contre leurs nouvelles colonies, le Capital utilise n’importe quel drapeau (l’ennemi s’habille aussi de rouge et blanc) et c’est pour cela que nous comprenons que, pour nous libérer, il est inutile de parler de « patrie ».
Il ne s’agit pas d’entretenir des espaces pour le tourisme ou d’une nostalgie ridicule du « bon sauvage »; les communautés indigènes possèdent leurs propres conflits. Nous ne les idéalisons pas, simplement nous sommes solidaires contre l’ennemi commun.
Le pouvoir oppresseur a attaqué sans hésiter, a tué, continue de tuer et s’efforce d’attirer notre regard ailleurs pour continuer en toute impunité. Cette lutte est celle de tous, et si aujourd’hui les « disparus » sont les indigènes amazoniens, demain ce pourrait être n’importe qui, car l’État et le Capital sont le monde où rien ne change, où l’homogénéité répressive nous rejette si nous avons l’audace de la questionner. Pour ce monde, nous existons seulement comme objets et marchandises, nous sommes jetables.
Nous luttons, nous opposons à cette normalité homogénéisante notre diversité critique, nous sommes la négation de cette comédie. Comme disent les zapatistes: « Si nous n’avons pas notre place dans ce monde, alors c’est un autre monde qu’il faut réaliser. »

Anarchistes de Lima 15 août 2009

Traduction par l’équipe des Relations internationales de la Fédération anarchiste.
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Re: Pérou

Messagede leo » 06 Avr 2010, 17:23

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Re: Pérou

Messagede Antigone » 06 Avr 2010, 19:08

Pagina 12, Amerikenlutte - 06 avr 2010

Pérou: répression sanglante contre les mineurs en grève

Six morts, 25 blessés et plus d’une douzaine de disparus, tel est le premier bilan des affrontements entre la police et les mineurs informels hier dimanche 4 avril, premier jour d’une grève massive nationale illimitée, en lutte pour exiger du gouvernement qu’il abroge une série de décrets législatifs et de décrets d’urgence, sous le prétexte de « formaliser » le secteur informel.
Les rassemblements se sont effectués en Madre de Dios (Puerto Maldonado et Tambopata), Ica (Nazca) et Arequipa (Ocoña et Chala). C’est dans cette dernière localité qu’a été enregistré la mort par balles de plusieurs mineurs informels seulement dix mois après les événements tragiques de Bagua , qui avaient coûté la vie à 34 personnes lorsque la police avait attaqué militairement un barrage routier mis en place par les amérindiens en lutte pour l’abrogation de décrets-lois antiamazoniens favorisant l’exploitation minière et pétrolière [1]

Dans un entretien avec le journal La Primera, le leader Teódulo Medina, président de la Fédération nationale des exploitants miniers artisanaux du Pérou (Fenamarpe), a indiqué que vers 7 heures du matin des agents de la Direction des opérations spéciales (DINOES) ont attaqué plus de dix mille manifestants qui bloquaient la route Panaméricaine sud à la hauteur du kilomètre 600, sur le pont Caleta, district de Chala, province Caravelí, région de Arequipa.
« Ils étaient en train de prendre leur petit déjeuner sur un des côtés du pont et de la route parce que les mineurs d’Ayacucho, de Puno et de Huancavelica venaient d’arriver, quand, tout à coup, la police est arrivée et en tirant des coups de feu venue, a voulu dégager la route à l’aide d’un hélicoptère ». A ce moment là, dejà des centaines de véhicules étaient bloqués et la tension est montée d’un cran.

La semaine dernière, les mineurs avaient annoncé des mesures de force parce que le premier ministre Javier Velásquez n’a pas voulu répondre à leurs exigences notamment de comment donner réalité au Plan National de Formalisation [officialisation, légalisation] des artisans, en plus de mettre fin à les poursuites et les arrestations de leurs principaux dirigeants.

Les simulacres de dialogue n’ont rien donné et c’est pourquoi les mineurs ont décrété un mouvement de grève, massif, avec des opérations de blocage de routes. Premier bilan provisoire entièrement du fait du gouvernement : 3 mineurs et un pilote de mototaxi qui ne participait pas à la grève ont été tués par balle. Il y a plusieurs dizaines de blessés.

Les mineurs décédés ont été dans veillés sur un côté du pont Caleta car le ministère public n’était pas encore arrivé sur les lieux. Le fonctionnaire a déclaré que les morts présentaient des impacts de balles dans la poitrine ou à la tête, et l’un d’eux a été retrouvé à moitié enterré dans le sable. Certains témoins ont rapporté que ce sont des policiers qui ont essayé de l’enterrer.

L’avocat de la Fenamarpe, Juan Carlos López, a déclaré que deux autres mineurs, de la base minière d’Ayacucho, se débattaient entre la vie et la mort. Il a indiqué que 90% des blessés souffrent de blessures par balles.

Mobilisations ailleurs

Par ailleurs, environ 10 mille mineurs artisanaux en provenance de localités comme Laberinto Mazuco Huaypete, Delta Uno, Pacá, Sa Juna Grande, Bocamigo, Unión, Boca Grande y Vuelta Grande ont manifesté dans les rues de Puerto Maldonado, fortement surveillés par la police.

Et ce n’est pas tout, plus de huit mille mineurs de la Base de Secocha et d’autres zones d’exploitation minière proches se sont concentrées dans Ocoña, au km 737 de la route Panaméricaine Sud, dans la province aréquipègne de Camaná, où il n’est pas exclu une nouvelle confrontation avec la police.

Selon le président de la Fenamarpe, il pourrait y avoir d’autres morts non identifiés. Au moins une dizaine sont portés disparus.

Pour Medina, « le gouvernement a assassiné les mineurs qui étaient précisément en train de protester contre la politique de criminalisation dont ils sont les victimes ». Il a ajouté : « les mineurs ne volent personne, ils créent des emplois dans des endroits où il n’y a pas de présence de l’Etat. Nous voulons nous légaliser, mais avec des lois qui favorisent notre activité et non avec des lois qui les criminalisent. »

A ces 4 morts par balles, il faut ajouter le décès d’une passagère de 80 ans d’un bus arrêté par le blocus de la route. La police rend responsable les mineurs, devenus « antisociaux », de ce décès, apparemment dû à un arrêt cardiaque.

Lundi matin

Medina a déclaré qu’à partir de 9 heures aujourd’hui (lundi), environ 5 mille mineurs manifesteront à Lima, depuis le Champ de Mars jusqu’au Parlement, où ils délivreront une pétition au Président du Congrès, Luis Alva Castro, exigeant l’adoption immédiate de la Loi pour le Renforcement de la Légalisation de la Petite Exploitation Minière.

La route panaméricaine reste bloquée sur une longueur de 3 kilomètres, là où ont eu lieu les affrontements. Des milliers de mineurs restent concentrés et veillent pour les défunts.

La presse parle d’un nouveau total de 6 morts. Il y aurait 29 blessés et 32 personnes détenues (source policière). D’autres sources parlent de 50 arrestations.

Un autre mouvement de blocage de la route, à 460 kilomètres de là, à Nasca, regroupant 5 000 manifestants a été attaqué et dispersé par la police, avec un bilan de 10 blessés et 15 personnes arrêtées (source policière).

Le 1er avril, l’état d’urgence était décrété dans trois provinces du Sud-Est pour 60 jours

Le gouvernement a décrété l’état d’urgence, le 1er avril, pour une durée soixante jours dans sept provinces (de 3 régions de Ica, Arequipa et Madre de Dios) du sud-est du pays en réponse à l’annonce de l’appel à une grève illimitée par la Fédération des artisans mineurs du Pérou (Fenamarpe) et la Fédération Minière de Madre de Dios. « Nous maintiendrons l’ordre avec le soutien de l’armée. Nous comptons défendre les installations publiques et privées et assurer les transports publiques », a déclaré le ministère de l’Intérieur.

Les syndicats de mineurs “informels” se sont mobilisés autour de plusieurs revendications dont la suspension de plusieurs décrets qui prévoient de limiter l’activité minière artisanale pratiquée par les petits producteurs, en créant des zones d’exclusion, en suspendant des concessions promulguées, en confisquant et en détruisant les équipements de ces petits producteurs. Sous prétexte d’empêcher la pollution engendrée par l’exploitation minière “sauvage” et de défendre l’environnement, le gouvernement menace tout simplement la vie de 30 000 mineurs notamment dans la zone forestière de Madre de Dios, sur un total impossible de connaître mais qui peut atteindre 100 000 personnes dans tout le sud-est du pays.

Ces mineurs ont reçu depuis le début le soutien de plusieurs municipalités de la région, car l’activité minière artisanale fournit 80% de la richesse de cette zone amazonienne. Jeu du gouvernement et enjeux

Pour le ministre de la justice García, le mouvement des mineurs « n’est pas une revendication politique. Pas même une exigence syndicale, c’est fondamentalement un acte de délinquance. Ils ont dégradé leur statut de citoyens et se sont réduits à l’état d’antisociaux. Et pour cette raison, cela justifie les mesures qu’avait prévu le gouvernement ». Le gouvernement péruvien, comme lors des affrontements de Bagua, fait feu de tout bois. Il accuse aussi des commerçants « russes et brésiliens » d’être derrière les protestations des mineurs. Pour le premier ministre, ils financent la grève parce que les mesures gouvernementales les empêcheront de prospérer ; « ils ne paient pas d’impôts et sont en réalité des délinquants qui ont beaucoup d’argent, paient les mineurs pour l’extraction de l’or et ensuite le vendent. » Derrière les arguments de défense de l’environnement et de la lutte contre les trafiquants, c’est bien d’autre chose qu’il s’agit : le contrôle financier du commerce de cette richesse.
C’est bien ce que ne cessent de dire les mineurs qui voient dans les décrets promulgués, le moyen de laisser le champ libre à de véritables sociétés minières. Selon de multiples articles de presse publiés ces derniers mois en effet, il y a dans cette activité en pleine expansion (environ 650 millions de dollars d’après certains, sans doute plus, et par définition impossible à chiffrer), un marché potentiel qu’il ne faudrait pas laisser plus longtemps aux mains de travailleurs “informels” ou artisanaux ; et qu’arrivé à un certain niveau de développement, il faut passer à des moyens plus industriels…
Ce que refusent les mineurs en voulant être au contraire inclus dans un plan de légalisation de leur activité.

Les revendications des mineurs
- Clause dérogatoire des Décrets-lois 1010 y 1040.
- Clause dérogatoire du Décret d’Urgence 1012 -2010.
- Création du Plan National de Légalisation [Formalización] de l’Exploitation Minière Artisanale.
- Destitution immédiate du ministre de l’environnement Brack.
- Clause dérogatoire du D.S. 019-2009-EM (Madre de Dios).
- Non à la construction de l’usine Hydroélectrique de Inambari, que bénéficiera seulement au Brésil, mais qui fera disparaître plus de 40 mille hectares de forêt native.
- Inclure dans Plan National de Légalisation [Formalización] de l’Exploitation Minière Artisanale les régions où se développe l’exploitation minière alluviale.
- Liberté pour les mineurs poursuivis et détenus injustement et arrêt des persécutions contre des dirigeants de la Fenamarpe.


Agencia Pulsar - 06 avr 2010

6 morts lors de la répression des mineurs au Pérou

On a relevé 6 décès causés par la répression policière lors de la mobilisation contre l'exploitation minière à Arequipa, au Pérou.

Au cours de la manifestations et des barrages routiers, six mineurs ont été tués dimanche: Juan Zarate, Alejandro Llamocca Barriga, Arturo Edgardo Samata, Millman Huillcarima et Chiri. Outre, le moto-taxi, ont été tués: Larrea Huamaní, Juan de Dios et Juan Maldonado, qui étaient en voyage dans les transports publics.

Le président de la Fédération nationale des exploitants miniers artisanaux du Pérou (FENAMARPE), Théodule Medina, a nié que les mineurs avaient utilisé des armes pendant le blocus de la route panaméricaine.
Il a nié les allégations du président du Conseil des ministres, Javier Velásquez Quesquén, et dit que les armes et d'explosifs utilisés dans la protestation avaient été «plantés» par la police. Les mineurs refusent l'utilisation d'armes pendant les manifestations.

Medina a déclaré au coordonnateur national de Radio (CNR), que près de 6 000 personnes avaient manifesté pacifiquement quand ils ont été attaqués "comme pour une organisation criminelle» par les hélicoptères de la police nationale.

Il a en outre fait valoir qu'ils ont des preuves photographiques qui montrent que des policiers armés de mitrailleuses ont ouvert le feu sur des manifestants.
Pour cela, il a dit que nous nous adresserions aux tribunaux pour clarifier l'affaire, et la comparer avec la répression de Bagua l'an dernier.

Plus de 300 000 mineurs respectaient ce dimanche une grève illimitée contre le décret d'urgence n ° 012-2010. Ils estiment que cette mesure vise à détruire l'activité des petits producteurs artisanaux de Madre de Dios.
Antigone
 

Pérou

Messagede JPD » 16 Fév 2012, 06:24

Contre les mégaprojets miniers, une marche pour la défense de l’eau




15 février

Dans le cadre du conflit en cours mené par les populations de la région de Cajamarca (nord du Pérou) contre un mégaprojet de mine à ciel ouvert Yanacocha, une "marche nationale pour l’eau" de dix jours vient de s’achever à Lima. Une occasion de revenir sur ces conflits contre les dévastation du productivisme assez méconnus dans nos contrées, et leurs enjeux qui nous concernent parce qu’il est possible d’en identifier de semblables ici, des gaz de schiste aux Lignes à Grande Vitesse, du nucléaire aux grandes infrastructures commerciales comme la construction de nouveaux aéroports (Nantes), partout une même logique économique de domination est à l’œuvre, sous couvert de "développement".

Cette initiative est consécutive d’un mouvement de protestation apparu dans cette région contre un nouveau projet d’extraction minière. Cela fait plusieurs mois qu’une grande partie des populations de la région de Cajamarca sont entrés en rébellion ouverte contre un nouveau mégaprojet minier, appelé Conga, d’extraction d’or et de cuivre à ciel ouvert, à 3500 mètres d’altitude, situé dans une des rares zones humides d’altitude, là même où naissent les sources de rivières irriguant les vallées fertiles de toute la région. La zone visée par ce projet comporte 682 sources d’eau recensées, alimentant le départ de cinq rivières principales desquelles dépendent 22 communautés. Deux de ces rivières fournissent 70% de l’eau courante utilisée dans la ville de Cajamarca. De plus cet écosystème très particulier, faisant fonction de « châteaux d’eau » naturels, est aussi situé à proximité relative du bassin et de vallée du río Marañon, l’une des deux principales rivières donnant naissance à l’Amazone.

La suite de ce long article sur http://oclibertaire.free.fr/
JPD
 
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Re: Pérou

Messagede MélusineCiredutemps » 26 Juil 2012, 09:12

Afrique - Amérique du sud - Europe
Solidarité avec le peuple de Cajamarca !

La population de Cajamarca (Pérou) mène depuis 9 mois une lutte résolue contre des multinationales, contre la Banque mondiale, contre des « fonds de pension », contre le gouvernement péruvien. Tout ceux-là sont prêts à sacrifier une région entière, sa population et les ressources naturelles, pour les profits financiers d’une minorité d’exploiteurs. Le projet Conga prévoit l'extraction d'or à ciel ouvert et risque de polluer tout un écosystème composé de zones humides où plus de 80 lacs, sources et torrents irriguent les riches vallées de Cajamarca, région agricole du Nord Pérou. L'utilisation des lacunes naturelles comme bassins de déchets toxiques entraîne déjà une pollution considérable. Ce projet Conga prévoit dès sa première étape la destruction de 4 lacs : 2 pour en extraire le cuivre et l’or, 2 pour servir de dépôts des déchets ; parallèlement, des centaines d’hectares de zones humides seraient détruites et des millions de m3 d’eau seront pollués. L’entreprise qui exploiterait Conga a déjà un lourd passé dans la région : lacs disparus, pollution des sources d’eau, pollution au mercure, etc. Depuis novembre 2011, les habitants de Cajamarca mènent une lutte pacifique. En face, le gouvernement péruvien a choisi la répression de plus en plus violente : pressions, arrestations, militarisation de la région, et le meurtre de 5 manifestants début juillet ! La lutte des habitants de Cajamarca a des dimensions écologiques, économiques, sociales. Le mouvement syndical est directement concerné !
Syndicats de continents différents, l’Union syndicale Solidaires (France), l’Organisation Démocratique du Travail (rail - Maroc), CSP-CONLUTAS (Brésil) veulent par cette déclaration commune marquer le soutien international au peuple de Cajamarca.
Notre démarche est amplifiée par les nombreuses initiatives prises avec d’autres syndicats avec qui nous travaillons, par les comités de soutien à la lutte de Cajamarca, par diverses associations de solidarité internationale, de défense des Droits de l’Homme, par des Organisations Non Gouvernementales.
Syndicats d’Afrique, d’Amérique du sud, d’Europe
Nous dénonçons la répression exercée par le Pouvoir péruvien.
Nous apportons toute leur solidarité au peuple de Cajamarca.
Nous soutenons les demandes de la population de Cajarmaca, notamment :
L’arrêt du projet minier Conga.
Le rejet de toute exploitation minière dans les zones de bassins hydrographiques.
Le respect des textes en vigueur dans la région et le pays (ordonnance régionale 036-2011 sur le projet Conga, droit constitutionnel à l’eau potable, loi générale de l’environnement)
L’application de la Convention 169 de l’O.I.T. sur le droit à la consultation préalable des populations concernées pour tout projet les affectant.
MélusineCiredutemps
 

Re: Pérou

Messagede altersocial » 22 Sep 2012, 12:23

Affrontements entre enseignants et policiers dans un contexte de grève générale de l'Education :

http://al-rouge.blogspot.fr/2012/09/aff ... rs-et.html
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Re: Pérou

Messagede altersocial » 28 Jan 2013, 13:34

Pérou : affrontements dans une mine exploitée par une entreprise canadienne

Au moins quatre personnes ont été blessées dans le nord du Pérou, vendredi, lors d'un affrontement entre la police et des centaines de paysans qui tentaient d'entrer dans une mine de cuivre exploitée par une entreprise canadienne, a déclaré la police.

Un médecin de la région a affirmé par téléphone à l'Associated Press qu'au moins dix personnes avaient été blessées, dont un homme touché au dos par des balles réelles. Le médecin a réclamé l'anonymat par crainte pour sa sécurité.

Le commandant régional de la police, le colonel Jorge Linares, a nié que des balles réelles aient été utilisées durant l'affrontement. Selon lui, la police a seulement eu recours à des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc.

Les manifestations ont commencé dimanche près de la mine de Caniariaco. Le propriétaire, Candente Copper, une entreprise de Vancouver, a indiqué avoir obtenu l'approbation de 700 résidants de l'endroit en juillet pour entamer les travaux de forage.

Les responsables locaux affirment quant à eux que la communauté a rejeté le projet de mine dans le cadre d'un référendum.


Conséquences environnementales pour la petite paysannerie locale :



Lire aussi :
:arrow: Sigue protesta contra minera canadiense en Perú

Un NDDL péruvien ? :gratte:

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Re: Pérou

Messagede altersocial » 27 Fév 2013, 10:04

Pérou : Manifestation contre l’homophobie (23 février 2013)



Plusieurs couples gays ont pris part ce samedi à Lima, la capitale péruvienne, à une marche contre l’homophobie. Le rassemblement était organisé par le Mouvement homosexuel de Lima (MHOL). Les manifestants souhaitaient atteindre la Plaza de Armas, mais ils en ont été empêchés par la police.

Chez euronews, nous croyons en l’intelligence humaine et pensons que le rôle d’une chaîne d’information est de donner la matière suffisante à chaque individu pour qu’il se forge sa propre opinion sur le monde.
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Re: Pérou

Messagede bipbip » 16 Mar 2013, 13:48

Long article, détaillé, avec photos, sur le site de l'OCL
Résistance à l’exploitation minière dans les Andes
http://oclibertaire.free.fr/spip.php?article1329
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Re: Pérou

Messagede Pïérô » 23 Avr 2014, 11:01

Iquitos : Affrontements lors d’une opération d’expulsions de terrains par la police anti-émeute

Le 16 avril 2014, à Iquitos, de 8h du matin jusqu’à 13h30, la police péruvienne a expulsé plus de 800 familles qui squattaient depuis deux mois neuf hectares de terrains appartenant à l’INIA (Instituto Nacional de Investigación Agraria). Des terrains inutilisés depuis plus de quarante ans !

... http://fr.squat.net/2014/04/21/iquitos- ... ti-emeute/
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