Vénézuela

Re: Vénézuela

Messagede bipbip » 05 Mai 2017, 18:48

Maduro convoque une assemblée constituante pour renforcer son tournant bonapartiste

Le président vénézuélien Nicolas Maduro a annoncé la convocation d’une assemblée constituante lors d’un rassemblement pour le 1er mai à Caracas. L’opposition a aussitôt rejeté l’initiative. Et ce mercredi elle a appelé à une « méga manifestation ».

... http://www.revolutionpermanente.fr/Nico ... napartiste
Avatar de l’utilisateur-trice
bipbip
 
Messages: 35413
Enregistré le: 10 Fév 2011, 09:05

Re: Vénézuela

Messagede bipbip » 08 Mai 2017, 16:44

Le chavisme, ou l’échec productif de l’étatisme bureaucratique-bourgeois

Le 6 mai 2017, de nombreuses Vénézuéliennes ont défilé sur l’autoroute principale de Caracas, sur plusieurs kilomètres. Le mot d’ordre: «Contre la répression».

Une manifestante, Jileny Naja, confie à Julien Gonzales (de RFI), qu’elle marche en tant que femme… «mais “surtout en tant que mère”. Cette employée du secteur pharmaceutique ne veut pas se résigner à fuir son pays avec son fils, à cause de l’insécurité notamment.» Une insécurité usuelle à Caracas, depuis de nombreuses années, mais qui a augmenté avec la crise socio-économique et politique.

Par ailleurs, du côté chaviste, les femmes soutenant le président Nicolas Maduro se sont également mobilisées le samedi 6 mai dans le centre de la capitale. Nous reviendrons sur la conjoncture politique, nationale et continentale.

Mais, pour l’heure, il nous semble prioritaire de mettre l’accent sur les éléments déterminants de l’évolution socio-économique du Venezuela dit chaviste. (Réd. A l’Encontre)

... http://alencontre.org/ameriques/amelat/ ... geois.html
Avatar de l’utilisateur-trice
bipbip
 
Messages: 35413
Enregistré le: 10 Fév 2011, 09:05

Re: Vénézuela

Messagede bipbip » 10 Mai 2017, 01:42

Un mois de tension et crise politique au Venezuela

Caracas. Encore des morts dans les manifestations

La crise politique au Venezuela est devenue de plus en plus aigüe ce dernier mois. Dans le contexte plus général d’une situation économique catastrophique pour le peuple, la polarisation sociale et politique grandissante s’est traduite par une montée de la répression exercée par le gouvernement de Maduro.

La répression de l’Etat augmente dans le cadre des manifestations organisées par l’opposition de droite, rassemblée autour de la Mesa de Unidad Democratica (MUD), depuis le 1 avril, lorsque la situation politique a basculé après que le Tribunal Suprême de Justice a annulé l’immunité des parlementaires s’est attribué les compétences de l’Assemblée Nationale, ce sur quoi Maduro a dû faire marche arrière par la suite.

Dans le cadre de ce tournant répressif, sous état d’urgence, Maduro a appelé à une Assemblée Constituante « démocratique » et « originaire », une manœuvre aux antipodes de ce que devrait être une Assemblée Constituante libre et souveraine véritablement démocratique qui soit en capacité de mettre sur la table l’ensemble de préoccupations des travailleurs et des classes populaires.

La confrontation entre le chavisme et l’opposition de droite se développe loin des intérêts des travailleurs. L’opposition de droite, qui se sent pousser des ailes et qui se retrouve aujourd’hui dans la rue, exige des « élections générales », bien qu’elle n’ait jamais renoncé à ses visées putschistes en cherchant, par le biais d’une pression interne et internationale, à briser le soutien des Forces Armées vis-à-vis du gouvernement. C’est d’ailleurs l’Etat-major bolivarien qui se retrouve de plus en plus au centre d’une potentielle issue politique.

... http://www.revolutionpermanente.fr/Cara ... festations
Avatar de l’utilisateur-trice
bipbip
 
Messages: 35413
Enregistré le: 10 Fév 2011, 09:05

Re: Vénézuela

Messagede bipbip » 12 Mai 2017, 18:00

Dossier Venezuela: le bilan s’alourdit, les opposants s’inquiètent

Au moins 38 personnes sont mortes en plus d’un mois de crise politique déclenchée par le retrait, par la Cour suprême, des derniers pouvoirs de l’Assemblée nationale. La décision controversée a été annulée par la suite.

... http://www.anti-k.org/2017/05/11/venezu ... nquietent/
Avatar de l’utilisateur-trice
bipbip
 
Messages: 35413
Enregistré le: 10 Fév 2011, 09:05

Re: Vénézuela

Messagede Pïérô » 13 Mai 2017, 14:05

Appel depuis le Venezuela aux anarchistes d’Amérique latine et du monde : La solidarité est beaucoup plus qu’une parole écrite (en français)

La rédaction de El Libertario

Nous nous adressons à tous les organes d’expression du mouvement libertaire, en particulier ceux de notre continent, non seulement pour attirer votre attentionsur la situation que nous vivons au Venezuela depuis avril 2017,mais sur ce qui est pour nous une urgence, c’est-à-dire faire en sorte que l'anarchisme au niveau international s’exprime plus fortement en ces dramatiquescirconstances, avec des attitudes et des actions cohérentes par rapport à ce qu’a été la prédication et la pratique de l'idéal anarchiste durant son parcours historique.

Il est déplorable de voir que pendant qu’une partie du gouvernement chaviste - dirigé par aujourd’hui par Maduro – utilise ses relais médiatiques à l’extérieur du pays, les opposants de droite et de la social-démocratie mènent descampagnes tapageuses pour vendre à l'opinion mondiale leurs visions également biaisées et chargées.Cs campagnes n’ont pour but que de s’emparer du pouvoir.Pendant ce temps de nombreuses voixanarchistes, en dehors du Venezuela, ont maintenu un silence qui représented’une certaine manière l'acceptation tacite de ce que les uns ou les autres des candidatsavident de pouvoir de l'État veulent imposer comme « vérité ». Nous savons que les voix qui nous sont proches n'ont pas accès aux moyens d’information des étatistes de tout poil, et que les compagnons affrontent des réalités complexes où il y a des thèmes et des problèmes qui par leur urgence réclament leurs immédiates préoccupations, mais nous pensons que cela ne devrait pas être un obstacle afin que d’une certaine façon si modeste soit-elle, s’exprime l'attention, l'intérêt et la solidarité par rapport à ce qui se passe au Venezuela, de même que par rapport à tout ce que divulguel'anarchisme dans cette région.

En bref, voici résumé de ce que l’anarchisme local dit aujourd’hui.L’actuelle conjoncture met en évidence la nature fasciste du régime de Chavez - et sa séquence avec Maduro-, les gouvernements militaristes réactionnaires qui nous avons toujours dénoncé dans notre journalEl Libertario. Ce système a toujours été lié au crime, au trafic de drogue, au pillage, à la corruption, à la prison pour les opposants, aux tortures, aux disparitions en dehors de la gestion désastreuse au niveau économique, social, culturel et éthique. Chavez a réussi à impacter avec sonleadership messianique et charismatique financé par la hausse du prix du pétrole. Mais après sa mort et la fin de l’abondance, le soi-disant processus bolivarien s’est dégonflé car il étaitsoutenu par des bases faibles. Cette « révolution » a suivi la tradition rentière historique initiée au début du XXe siècle avec le dictateur Juan Vicente Gómez, poursuivie par le militaire Marcos Perez Jimenez, et qui ne cessa pas dans l’ultérieur régime démocratique représentatif.

Certaines personnes au niveau international (Noam Chomsky en est le meilleur exemple) ont corrigé leur soutien initial à l'autoritarisme vénézuélien et aujourd'hui ils le dénoncent sans ménagement. Cependant, nous notons avec une grande préoccupation le silence des anarchistes de ce continent et d'autressur les événements au Venezuela. Un adage dit :
« celui qui se tait consent », ce qui arrive à la perfection lorsqu’on affame et on réprime de manière criminelle un peuple, quand ceux qui devraient protesterne disent que peu ou rien. Nous appelons ceux qui portent les drapeaux libertairesà se prononcer s’ils ne l’ont pas fait au sujet de notre tragédie. L'indifférence n’a aucune justification si vous avez une vision du monde anarchiste. L'inverse estde couvrir la farce du gouvernement vénézuélien, en oubliant ce qui a été dit par les anarchistes de tous les temps sur la dégradation du socialisme autoritaireau pouvoir. Peut-être que dans le passé le mirage « progressiste » du chavisme a pu tromper certains libertaires, mais en étant conséquent avec notre idéal, il est impossible aujourd'hui de continuer à soutenir cette croyance.

Nous sommes en présence d'un gouvernement agonisant, délégitimé et répressif qui cherche à se perpétuer au pouvoir, désavoué par l’immense majorité de la population, qui assassine à travers ses forces répressiveset les collectifs paramilitaires, qui favorisent aussi les pillages. Un gouvernement corrompu qui exerce un chantage avec lescaisses d'aliments vendus au prix du dollar noir, qui est impliqué dans toutes sortes de négociations, un gouvernement de bourgeois bolivariens et de militaires enrichis avec les revenus du pétrole et les minesécocides. Un gouvernement qui affame et assassine, tout en appliquant un ajustement économique brutal en accord avec le capitalisme transnationalqui paie régulièrement une dette externe criminelle.

Il est temps de démanteler les manœuvres pseudo-informativesde ceux qui prétendent à l’extérieur du pays contrôler le pays, comme elles de ceux qui aspirent à contrôler l’État vénézuelien, et pour cela nous espérons pouvoir compter sur le soutien actif des individus et des groupeslibertaires aussi bien en Amérique latine que dans le reste de la planète.

Toute manifestation de solidarité anarchiste sera bienvenue pour le mouvement libertaire vénézuélien. Un mouvement petit et qui agit malgré de nombreuses difficultés, mais qui dans l’actuelle conjonctureappréciera énormément de savoir que nous pouvons compter sur les compagnons du reste du globe, soit par la reproduction et la diffusion des informations que publient les anarchistes du Venezuela, soit en générant des opinions et des réflexions qui démontent les visions qu’essayent d’imposer les autoritaires de droite et de gauche, et - ce qui serait beaucoup mieux –en faisant la promotion ou en soutenant les initiatives d’actiondans leurs pays respectifs où se dénoncent les circonstances, la faim et la répression qui se vivent aujourd’hui au Venezuela. Maintenant, plus que jamais, votre présence et votre voix est nécessaire dans tous les scénarios possibles où sera dénoncé la tragédie dans laquelle est plongé le peuple vénézuélien.


Traduction : Daniel Pinós

Note finale de El Libertario: Voir l’analyse plus approfondie et détaillée etdes informations sur ce qui se passe au Venezuela (en espagnol), ainsi chaque jour, en le blog de El Libertario


http://periodicoellibertario.blogspot.f ... a-aux.html
Image------------ Demain Le Grand Soir --------- --------- C’est dans la rue qu'çà s'passe --------
Avatar de l’utilisateur-trice
Pïérô
 
Messages: 22436
Enregistré le: 12 Juil 2008, 21:43
Localisation: 37, Saint-Pierre-des-Corps

Re: Vénézuela

Messagede GUERRE DE CLASSE » 01 Juin 2017, 15:49

Venezuela : Capitalisme et Lutte de Classes
Source en espagnol :
https://materialesxlaemancipacion.espiv ... de-clases/

Les trois prises de position qui suivent ont été publiées entre 2013 et 2015 par divers camarades de lutte. Bien que deux années se soient écoulées depuis, nous sommes convaincus de ce que leur contenu ne manque pas d’actualité, et tout au contraire, le bilan qui y est fait correspond assez à ce qui se passe dernièrement dans la région des Caraïbes.
Comme chacun le sait, les matériaux que nous publions sur ce blog ont toujours eu pour objectif de s’écarter de la roue idéologique qui est présente tout autant dans les médias de gauche que de droite. Si notre réalité locale nous dépasse généralement, par conséquent ce qui se passe en dehors de nos frontières encore plus. Cependant, se limiter à abandonner tout effort pour susciter des critiques, à les divulguer et les discuter, n’a pas de raison d’être. Des contributions comme celles-ci ne doivent pas être comprises comme étant définitives, mais bien comme des efforts qui font partie d’un processus continu, comme de simples (mais nécessaires) contributions pour forger nos propres alternatives de lutte, autonomes et véritablement révolutionnaires à partir de la critique radicale. De toute évidence, donner une réponse précise à toutes les implications concernant le terrain pratique de la lutte, ainsi que les innombrables tâches que comporte son organisation, tout cela ne sera pas résolu en quelques lignes écrites, ni ne s’obtiendra mécaniquement ou à court terme, et encore moins avec volontarisme et immédiatisme. Les échecs et les revers constants doivent se produire dans les rues pour entrevoir les progressions.
Pendant ce temps, décrivant un peu la question que nous abordons, il nous semble pertinent de souligner et de résumer les éléments suivants : se placer sous la bannière du faux antagonisme « impérialisme yankee contre démocratie socialiste latino-américaine », c’est accepter aveuglément de se précipiter dans le vide, c’est prendre part à un simulacre d’opposition qui va nous conduire inévitablement à ce que les choses restent en l’état (ou qu’elles deviennent pires qu’auparavant). C’est pour cela que lorsque nous brandissons la consigne « Ni chavisme ni opposition », nous ne sommes pas en train d’utiliser un simple slogan perturbant, loin de là, nous sommes en train d’exposer sans détours une réalité qui a été mystifiée et déformée pendant des années par toutes les fractions de la bourgeoisie.
L’autoproclamée révolution bolivarienne n’est pas le moins du monde opposé au capitalisme. Le socialisme du XXI° siècle, c’est du réformisme tout court, encadré dans la continuité des tâches démocratiques bourgeoises, à savoir : la défense de l’économie, de la valeur, de l’État, de la nation, du progrès développementaliste.
De plus, ni Hugo Chavez ni Maduro n’ont été des dictateurs fascistes, tout au contraire, ils sont aussi démocrates que leurs homologues exigeant « la libération des prisonniers politiques au Venezuela » (évidemment en se référant exclusivement aux prisonniers de la MUD). Tous les citoyennistes, conservateurs, démocrates qui cyniquement et hypocritement s’indignent et dénoncent la répression policière menée par le gouvernement bolivarien, simultanément dans « leurs propres pays », ils font aussi offices de complices, de dénonciateurs, de commanditaires et même de participants directs à la répression et au massacre des prolétaires précaires, paupérisés et marginalisés qui luttent contre l’exploitation et le pillage effectué par les entreprises pétrolières, gazières et minières.
La lutte révolutionnaire que nous revendiquons pour détruire le Capital doit s’opposer dans la même veine à tous les États nationaux, en les réduisant à moins que des décombres ; indépendamment de l’adjectif qui les caractérise, l’idéologie qu’ils proclament, ou le personnage ou le groupe qui est à la tête ; ceci est une affirmation incontournable de notre programme historique.

[Materiales]

PUBLIÉ sur LIBCOM.ORG:
https://libcom.org/library/venezuela-ca ... de-classes
GUERRE DE CLASSE
 
Messages: 32
Enregistré le: 31 Oct 2012, 19:20

Re: Vénézuela

Messagede bipbip » 08 Juil 2017, 15:45

Chavisme et extractivisme : extravisimo en Venezuela

Lors de la soirée organisée par le groupe Graine d’Anar de Lyon, Esteban, compagnon anarchiste vénézuélien, avait souligné en quoi le régime vénézuélien, autrement appelé chavisme, est loin de l’image lisse et progressiste que l’on en a en France.

Surtout, il avait apporté avec lui une vidéo sur l’extraction de pétrole et gaz ... Extraction écologique et respectueuse des habitants ? Faut pas rêver.

Il est donc important pour nous, Graine d’Anar, de faire connaitre au plus grand nombre cette vidéo édifiante sur les dérives d’un régime autoritaire, qui n’a pour vocation que le profit à n’importe quel prix.

Esteban nous a aussi appelé à nous renseigner sur le site "Contra Poder" http://contrapoder.org.ve/. Ce sont des membres de ce site, dans la partie Indymedia Venezuela http://venezuela-centro.contrapoder.net.ve/?lang=es, qui ont réalisé ce reportage. Et c’est la solidarité internationale qui a permis son sous titrage.



Ce documentaire édifiant explique en quoi les compagnon.ne.s anarchistes ne partagent ni la vision de la droite vénézuélienne, ni le chavisme. D’autres possibles s’offrent à nous et à eux.

Nous profitons de cet article pour remercier Esteban pour sa disponibilité et le débat auquel il a participé.

Le groupe Graine d’Anar.

https://rebellyon.info/Chavisme-et-extr ... o-en-18012
Avatar de l’utilisateur-trice
bipbip
 
Messages: 35413
Enregistré le: 10 Fév 2011, 09:05

Re: Vénézuela

Messagede bipbip » 28 Juil 2017, 10:32

Venezuela: la tension monte, le gouvernement interdit les manifestations

La tension est montée d'un cran jeudi au Venezuela, où le gouvernement a interdit les manifestations contre l'élection dimanche de l'Assemblée constituante voulue par le président socialiste Nicolas Maduro, alors que le pays est déjà paralysé par une grève générale.

Selon le parquet, un garçon de 16 ans est décédé jeudi après avoir été blessé par balle la veille lors d'une manifestation, portant à cinq le nombre de morts durant la grève générale de 48 heures lancée par l'opposition au président.

"Sont interdits les réunions et manifestations publiques, les rassemblements et tous les événements de même nature susceptibles de perturber ou d'affecter le déroulement normal du processus électoral", a déclaré le ministre de l'Intérieur, le général Nestor Reverol, à la veille d'une manifestation de l'opposition prévue à Caracas. Les contrevenants risquent de cinq à dix ans de prison.

Jeudi matin, certaines zones de Caracas étaient quasiment désertes, jonchées de barricades et de décombres, au lendemain de la première journée de grève générale de 48 heures à l'appel de l'opposition.

Manifestants et forces de l'ordre se sont affrontés jusque tard dans la nuit dans la capitale et ailleurs au Venezuela à coups de gaz lacrymogène et de balles en caoutchouc, d'un côté, et de cocktails Molotov et projectiles en tous genres, de l'autre.

Un jeune homme de 23 ans, Enderson Caldera, a été mortellement blessé durant une manifestation dans l'Etat de Mérida (ouest), a annoncé le parquet jeudi. Il s'agit du troisième mort recensé au cours de cette première journée de grève.

... http://www.guadeloupe.franceantilles.fr ... 441325.php
Avatar de l’utilisateur-trice
bipbip
 
Messages: 35413
Enregistré le: 10 Fév 2011, 09:05

Re: Vénézuela

Messagede bipbip » 30 Juil 2017, 14:52

Venezuela. «Non à l’Assemblée nationale constituante! Abstention et vote nul!»

Par la Plate-forme civique pour la défense de la Constitution

Les organisations et membres individuels de la Plate-forme civique pour la défense de la Constitution ont publié une déclaration rejetant l’Assemblée nationale constituante [ANC– proposée par le gouvernement Maduro et par son mentor Diosdado Cabello, militaire, ex-président de l’Assemblée nationale] et appellent la population à l’abstention ou au vite nul (blanc) pour ceux et celles qui sont contraints de participer au vote référendaire.

Avec la signature des anciens ministres Navarro Héctor [1], Oly Millán Campos, Ana Elisa Osorio et Gustavo Márquez, des professeurs d’université Edgardo Lander, Esteban Emilio Mosonyi, Santiago Arconada, du constitutionnaliste Freddy Gutiérrez, du général Cliver Alcalá Cordones [2] et les dirigeants de Marea socialista Gonzalo Gómez, Juan García et Roberto Lopez Sanchez, entre autres, a été publié un document qui proclame: «Non à l’Assemblée nationale constituante! Abstention ou vote nul!»

La Plate-forme qualifie la convocation du scrutin pour la constitution de l’ANC comme une usurpation de la part du Président Maduro et, au même titre, elle rejette la politique de la direction de la MUD (Table de l’Unité démocratique), «visant à la construction d’une fracture institutionnelle par la création d’un gouvernement et un Etat parallèle ayant le soutien de Washington…».

Le document énonce en 8 points les motifs du rejet qui selon les signataires fait (voir ci-dessous) constitue des violations de la Constitution de 1999 et représente une usurpation du pouvoir détenu, à l’origine, par le peuple vénézuélien.

Les signataires ont expliqué dans le texte complet une série de délits auxquels serait mêlé le président, cela alors qu’ils démontent les arguments avancés par Maduro pour justifier le vote en faveur de l’ANC.

... https://alencontre.org/ameriques/amelat ... e-nul.html
Avatar de l’utilisateur-trice
bipbip
 
Messages: 35413
Enregistré le: 10 Fév 2011, 09:05

Re: Vénézuela

Messagede bipbip » 05 Aoû 2017, 16:17

El Libertario (Venezuela) : « Le « chavo-madurisme » n’est rien moins qu’une dictature pure et simple »

El Libertario (Venezuela) : « Le « chavo-madurisme » n’est rien moins qu’une dictature pure et simple »

Le Venezuela est en prise avec un mouvement social sans précédent. Le gouvernement Maduro se maintient au pouvoir et use d’une sanglante répression, faisant peser le spectre d’une véritable guerre civile. L’illusion d’une prétendue « Révolution bolivarienne » au service du peuple, telle qu’elle était vendue par Hugo Chavez à l’aube du XXIe siècle, craquelle sous le joug d’une réalité sociale dramatique. Entretien avec des militant-e-s du groupe El Libertario de Caracas sur leur action et leur analyse.

Alternative Libertaire : Depuis quatre mois, la situation politique et sociale au Venezuela est très tendue avec des manifestions constantes contre le gouvernement Maduro. Pouvez-vous revenir sur les raisons de cette révolte ?

El Libertario : Le gouvernement prétend que ce mouvement est le résultat d’une vaste conspiration de l’impérialisme US, de la bourgeoisie et de l’opposition d’extrême droite. Cette explication, très empreinte de vieilles recettes staliniennes, est simpliste et en grande partie fausse.

Les causes essentielles du mécontentement sont en lien avec la situation économique qui est catastrophique, conséquence de notre dépendance exclusive de l’exportation de "notre" pétrole. Maintenant, que cette extraction est moindre et que, surtout, les cours du pétrole sont en chute libre, c’est toute l’économie du pays qui s’en ressent. Le mirage économique du Venezuela de Chavez et l’idée fausse de cette inépuisable rente pétrolière, qui il y a quelques années faisait encore illusion de "construire le socialisme", est entrain de s’effondrer, et avec eux les acquis sociaux et une paupérisation vertigineuse des classes populaires.

Un autre aspect à mettre en avant, dans ce contexte de révolte populaire, a trait à la nature même des gouvernements qui se sont succédé depuis 1999, avec comme caractéristiques communes : une corruption galopante, une incompétence réelle et un autoritarisme exaspérant avec son lot de répression et de violence d’Etat.

Aujourd’hui, le "chavo-madurisme" n’est rien moins qu’une dictature pure et simple.
L’opposition institutionnelle au Chavisme, une alliance de partis socio-démocrates et de droite, appelée Table d’Unité Démocratique (MUD), prétend être l’unique représentant de ces manifestations de masse. Dans les faits, le mouvement est la conséquence de la crise économique et de la lassitude populaire de voir cette caste politico-militaire s’accrocher au pouvoir.

Élément relativement nouveau, c’est la participation, désormais, massive aux manifestations du “peuple d’en bas”. Quels éléments expliquent cette rupture entre le peuple et le Chavisme ?

Il y a toujours eu des secteurs critiques au sein du peuple, notamment dans le monde syndical, qui ne nourrissaient aucune confiance envers les sirènes de Chavez. Ces groupes minoritaires il y a encore 14 ou 12 ans, n’ont cessé de croître avec la disparition de l’incontestable charisme de Chavez, dont la mort coïncida avec le recul des recettes de la rente pétrolière.

A partir de là, a cessé l’illusion de l’inconditionnel appui populaire du régime, et ce d’autant que devenaient patent ses dérives (corruption, inefficacité et répression).
Un des symboles de ce divorce, a trait à la politique sociale du Chavisme. Pendant des années, le régime vantait sa politique sociale, en lien avec une supposée répartition et redistribution des ressources issues du pétrole. Il mettait, notamment, en avant ce que l’on appelait les “missions", à savoir : un vaste programme visant à améliorer le quotidien des plus pauvres (magasins populaires, assainissement des quartiers, droit à la santé et à l’éducation). Depuis l’avènement de Maduro, les “missions” ont été stoppées net. D’où l’accroissement du mécontentement et de l’implication, désormais, des classes populaires dans le processus actuel de mobilisation.

Quel est le rôle joué et le poids du mouvement libertaire au sein de ce mouvement contre Maduro ?

L’anarchisme a toujours été présent dans la tradition historique de la lutte de classe au Venezuela, comme dans une grande partie, d’ailleurs, des pays d’Amérique latine. Une tradition, néanmoins, plus faible aujourd’hui, en dépit des efforts que nous efforçons de faire, depuis 1995, autour de notre groupe et de notre journal El Libertario.

Même si incontestablement, nous représentons une minorité militante dans le paysage politique du pays, nous tâchons de nous inscrire dans toutes les luttes sociales.

Nous y affirmons notre identité en opposition envers toute forme de pouvoir autoritaire (qu’il se dénomme “gouvernement” ou partis d’opposition). Nous y défendons nos mots d’ordre : autogestion, action directe et autonomie des mouvements sociaux.

Quelles perspectives ouvre ce cycle de contestation ? Ne craignez vous pas que la fin possible du Chavisme ne soit pas pas du pain béni pour un retour aux affaires de la vieille oligarchie aux ordres de Washington ?

De notre point de vue libertaire, nous luttons pour une société égalitaire, la liberté et la fraternité. Aussi, notre perspective immédiate est la bataille, frontale et sans concession, que nous menons contre la caste "chavo-maduriste", qui sous couvert de discours pseudo "socialiste" et "révolutionnaire" détient, pour l’heure encore, les rênes du pouvoir.

En même temps, nous ne nous faisons aucune illusion sur ce qui pourrait advenir sitôt le Chavisme renversé. Nous avons la conviction, en tant qu’anarchistes, que notre lutte se poursuivra quel que soit le gouvernement au pouvoir, qu’il soit aux ordres de l’impérialisme yankee ou de La Havane.

Propos recueillis et traduction par Jérémie Berthuin (AL Gard)


http://alternativelibertaire.org/?El-Li ... -dictature
Avatar de l’utilisateur-trice
bipbip
 
Messages: 35413
Enregistré le: 10 Fév 2011, 09:05

Re: Vénézuela

Messagede bipbip » 16 Aoû 2017, 17:09

Venezuela : l’impasse du nationalisme populiste

Aujourd’hui 4 août, Maduro installe sa Constituante, élue dimanche dernier. Cette élection, boycottée par l’opposition, s’est déroulée dans le climat d’affrontements meurtriers quasi quotidiens auxquels le pays est en proie depuis plus de 4 mois. La journée de vote, très violente, s’est soldée par une dizaine de morts.

Cela n’a pas empêché Maduro de se féliciter, dès le soir du scrutin, d’un résultat qui aurait atteint 41,5 % des voix, un million de voix de plus que le vote organisé par la droite contre cette élection le 16 juillet. Ces chiffres sont largement exagérés, comme l’a confirmé depuis l’organisme privé chargé d’organiser le vote électronique, qui a accusé le gouvernement d’avoir annoncé des résultats mensongers. Le mode d’élection permettait par ailleurs à certains électeurs de voter deux fois, comme citoyen d’une circonscription territoriale et comme membre de certaines catégories socioprofessionnelles, choisies par le pouvoir pour lui être favorables. Quant aux personnes les plus pauvres, qui dépendent des distributions de nourriture organisées par les CLAP (Comité local d’approvisionnement et de production), elles ont été menacées d’en perdre le « bénéfice » si elles s’abstenaient…

Maduro a présenté cela comme la « plus grande élection jamais faite depuis la révolution bolivarienne ». Il est vrai qu’elle lui donne une chambre dans laquelle il dispose d’une quasi-unanimité et est censée lui permettre de se débarrasser du Parlement élu en 2015 où l’opposition était majoritaire. Mais ce Parlement ne semble pas décidé à céder la place et Maduro doit faire face à cette accusation de manipulation des résultats. Alors que la procureure du Ministère public annonçait l’ouverture d’une enquête pour fraude électorale, il a décidé au dernier moment de reporter l’intronisation de la Constituante, qui devait avoir lieu jeudi 3 au lendemain…

Le « déni de démocratie » que constitue cette élection a suscité les réactions indignées et pour le moins hypocrites des « démocraties » et de leur presse. Pour les USA, qui ont renouvelé leurs menaces de rétorsions économiques, Maduro est désormais un « dictateur ». L’Espagne, l’Union européenne, la France ont emboîté le pas, déclarant ne pas reconnaitre cette Assemblée constituante… Certains journaux se livrent, quant à eux, aux généralisations politiques, tels Les Echos du 1er aout qui titraient : Venezuela : la faillite du marxisme tropical, et s’en prenaient dans un autre article à Corbyn et Mélenchon, accusés, en quelque sorte, de vouloir acclimater le « bolivarisme » à nos contrées tempérées…

Tout ce beau monde se retrouve en fait à soutenir une « opposition » vénézuélienne dont les pratiques n’ont rien à envier au pouvoir sur le plan de la violence et des comportements antidémocratiques. Pouvoir qui lui, prétend justifier sa fuite en avant anti démocratique et répressive par la nécessité de défendre la « révolution bolivarienne » contre une droite et une extrême droite qui, aux ordres de l’impérialisme américain, tenteraient de la renverser.

Mais quelle a été, et quelle est aujourd’hui la réalité de cette « révolution bolivarienne » ? Comment a-t-elle pu déboucher sur la situation de crise actuelle ?

Des mois d’escalade meurtrière

L’élection du 30 à la constituante était un pas de plus dans l’escalade, le conflit ouvert qui oppose Maduro, depuis son élection de justesse en 2013 à la succession de Chávez, à une coalition politique, la MUD, (Mesa de Unión Democrática, Plateforme d’union démocratique), regroupant une trentaine d’organisations autour de la droite et de la droite extrême.

Dès février-mars 2014, la MUD appelait à « sortir Maduro ». Les affrontements violents qui résultaient de cet appel faisaient 43 morts et près de 500 blessés parmi des manifestants hostiles au régime. En décembre 2015, la MUD emportait les élections législatives avec 60 % des sièges et lançait alors, selon les règles constitutionnelles, un referendum visant à destituer Maduro. Elle obtenait très rapidement le nombre de signatures d’électeurs légalement requis, mais le processus était bloqué fin octobre 2016 par la Cour Nationale Electorale aux ordres de Maduro, des fraudes ayant été « signalées » dans le recueil des signatures.

Maduro, décidé à passer outre l’opposition du Parlement, s’était attribué, la même année, les pleins pouvoirs en matière économique. Il chargeait l’armée d’organiser une chaîne de production et de distribution alimentaires pour tenter de faire face à la pire des pénuries que le pays ait connues. Il décidait d’autoriser les civils à « contribuer au maintien de la sécurité ». C’était appeler ses partisans à s’affronter dans la rue aux manifestants opposés au régime, encourager la constitution des bandes paramilitaires à la solde du pouvoir, les « colectivos armados », qui participent à la répression aux côtés de forces de l’ordre officielles. Le 7 juillet dernier, des « colectivos » ont occupé le Parlement, séquestrant pendant neuf heures parlementaires et employés.

La MUD n’est pas en reste. Ses propres groupes armés, les « guarimbas », agressent les militants chavistes et s’affrontent aux forces de police. Le 27 juin, une guarimba a jeté des grenades sur des institutions gouvernementales depuis un hélicoptère volé à la police. Et ce sont certainement des guarimberos qui ont assassiné deux candidats « maduristes » à la constituante quelques jours avant le scrutin.

C’est dire le degré de violence qui marque le conflit depuis qu’il a repris le chemin de la rue, fin mars 2017. La décision, par la Cour suprême aux ordres de Maduro de s’octroyer les pouvoirs du Parlement et de lever l’immunité des parlementaires avait alors déclenché une vague de manifestations dans tout le pays, ainsi que de protestations internationales, USA en tête. La Cour suprême revenait sur sa décision en moins de 48 heures, mais l’opposition allait désormais maintenir sa pression dans la rue, manifestation après manifestation, pour exiger une élection présidentielle anticipée et la tenue immédiate d’élections municipales et régionales. Ces dernières auraient dû avoir lieu en 2016 mais ont été reportées sine die par le gouvernement qui se sait incapable d’y obtenir la majorité.

Face à une situation qui lui échappait de plus en plus, Maduro annonçait le 1er mai sa décision de convoquer la nouvelle Assemblée constituante qui a été élue dimanche, ainsi que son mode d’élection, taillé sur mesure pour lui garantir une majorité.

C’était déclarer son intention de liquider le Parlement, une provocation qui ne pouvait qu’exacerber le conflit tout en permettant à la MUD et à ses soutiens internationaux de se parer d’une nouvelle vertu, celle de la défense de la démocratie et de la constitution. Les slogans contre la Constituante ont dès lors fleuri dans les manifestations anti-Maduro, tandis que la MUD organisait le 16 juillet un référendum anti-constituante auquel auraient participé plus de 7 millions d’électeurs, un tiers du corps électoral… du moins si l’on en croit les organisateurs du scrutin, pas plus fiables que leurs adversaires.

La « victoire » électorale de Maduro ne met bien évidement pas un terme au conflit qui l’oppose à la MUD. Cette dernière a appelé à manifester contre l’investiture de la nouvelle Assemblée. Le régime, lui, continue sa fuite en avant répressive : dès le lendemain du vote, deux dirigeants de la MUD étaient arrêtés par la police politique, signe de la menace qui pèse sur les députés de l’ancien Parlement, privés désormais de leur immunité parlementaire. Certains d’entre eux se sont, depuis, réfugiés à l’ambassade du Chili.

Soumise aux conséquences dramatiques de ce bras de fer sanglant en même temps qu’à une terrible crise économique, la grande majorité de la population vénézuélienne ne se retrouve ni dans la politique de Maduro, ni dans la fausse perspective que prétend porter la MUD. En témoignent les faibles taux de participation qui ont marqué le référendum du 16 et l’élection du 30. En témoigne également le succès très relatif des grèves appelées par la MUD ainsi que la participation relativement modérée, indépendamment du degré de violence des affrontements qu’elles ont suscités, aux manifestations anti-vote de dimanche et celles qui ont suivi. On est loin de la « toma [prise] de Venezuela », et même de la « toma de Caracas », qu’annonçait la MUD dans ses communiqués quelques jours avant le scrutin…

Sur le plan politique, les organisations d’extrême gauche vénézuéliennes dénoncent cette mascarade de Constituante, tout comme l’escalade antidémocratique et répressive à laquelle se livre le pouvoir, tout en combattant, bien sûr, la MUD. Des courants de « chavistes critiques » sont également en train de se constituer, regroupant des fidèles de Chávez qui avaient reporté leur soutien sur le gouvernement de Maduro. A l’instar de Luisa Ortega, procureure du Ministère public dont les prises de position contre la constituante lui valent une menace de destitution, ils dénoncent aujourd’hui ce qu’ils considèrent comme une trahison du « chavisme » et prônent un retour vers ce qui en constituait, selon eux, les principes.

Sauf que la situation actuelle n’est pas le produit d’un manque de principes…

Epuisement de la manne pétrolière et exacerbation des convoitises de la bourgeoisie

Avec cette crise politique s’achève ce qui avait fait la nature politique particulière du régime de Chávez. Elle en révèle les mécanismes.

De fait, l’escalade répressive et antidémocratique à laquelle se livre Maduro pour tenter de maintenir son pouvoir est inversement proportionnelle à l’effritement du soutien populaire qui avait fait la force du « chavisme ». Effritement qui est lié à la crise économique dans laquelle se trouve plongé le pays depuis la chute des cours du pétrole, d’abord en 2009, puis surtout en 2014.

Le Venezuela est considéré comme la première réserve mondiale de pétrole, de loin la principale ressource économique du pays dont elle constitue 96 % des exportations. C’est sur cette richesse et alors que les cours du pétrole étaient hauts que Chávez avait pu développer la politique qui lui avait valu le soutien des couches populaires, par toute une série de mesures de redistribution sociale d’une partie de la rente pétrolière.

L’effondrement des cours du pétrole entrainait celui de l’économie du Venezuela. Chute d’autant plus brutale que rien n’avait été fait, alors que la rente pétrolière aurait pu en donner les moyens, pour rendre le pays moins dépendant des importations de biens de consommation courante. Une partie importante de ce qui reste de cette manne passe actuellement dans le remboursement d’une dette publique démesurée, contractée par le pouvoir de Maduro… pour faire face à la raréfaction des ressources tirées du pétrole.

Aujourd’hui, la crise frappe toutes les couches sociales, hors bien sûr celles qui bénéficient du clientélisme d’Etat, de la corruption, du marché noir, du trafic de drogue qui explose, sans oublier la bourgeoisie… Les autres manquent de tout, médicaments, nourriture, gaz, et y compris essence… Le salaire minimum, de 300 € par mois en 2014, est passé à 30 aujourd’hui. L’inflation est de plus de 800 % pour l’année. Le pouvoir est incapable de poursuivre la politique de redistribution sociale mise en place par Chávez. Le système de distribution de « bolsas » alimentaires (CLAP) fonctionne très mal et est une source de clientélisme et de corruption. Des émeutes éclatent, y compris dans les quartiers pauvres jusque-là favorables au régime, qui y répond par la répression. La délinquance et les homicides explosent. Une vague d’émigration a commencé vers la Colombie.

Cette crise économique, par le désarroi et le désespoir qu’elle génère, permet à la MUD, qui a prouvé depuis longtemps qu’elle n’avait rien à envier au pouvoir en place sur le plan antidémocratique et des méthodes de gangster, de surfer sur une révolte populaire, essentiellement des classes moyennes ruinées, qui constituent le gros des manifestants anti-Maduro, avec la neutralité plus ou moins passive des habitants des bidonvilles, des barrios, réduits à la misère la plus noire.

Ce sont ces derniers qui, en « descendant des collines », avaient défendu le pouvoir de Chávez contre les tentatives de renversement dont il avait été victime en 2002-2003. Certains des plus jeunes, exaspérés, se joignent aujourd’hui aux manifestations contre le pouvoir. Ces manifestations, pacifiques ou pas, comme les émeutes et les pillages dus à la misère, sont brutalement réprimées par la police et la gendarmerie, auxquelles s’associent les « colectivos armados ». Les affrontements ont fait depuis mars plus de 120 morts, 2000 blessés, des milliers d’arrestations. Ce ne sont plus les tribunaux civils qui jugent les contestataires, mais les tribunaux militaires.

Le gouvernement prétend justifier cette répression par la nécessité de défendre la « révolution bolivarienne », les « intérêts du peuple vénézuélien » contre une droite et une extrême droite qui, aux ordres de l’impérialisme américain, tenteraient de la renverser. La MUD, soutenue dans ce sens par les USA, l’Organisation des Etats Américains (OEA) ou encore l’Union européenne, répond en dénonçant les pratiques antidémocratiques et anticonstitutionnelles du « dictateur » Maduro…

Mais derrière la MUD se trouvent les couches dirigeantes qui s’accaparaient sans partage la rente pétrolière et les autres richesses du pays avant l’accession de Chávez au pouvoir et tentent, depuis, par tous les moyens, de retrouver leur hégémonie économique et politique.

Par ailleurs, Chávez n’avait pas consacré la totalité de la rente à améliorer le sort du peuple… Une bonne partie a servi, de façon opaque, à alimenter le clientélisme du pouvoir « bolivarien », conduisant au développement d’une nouvelle bourgeoisie, marchande et financière, la « boliburguesia », « bourgeoisie bolivarienne », intimement liée à une armée qui a pris une place de plus en plus importante dans le système économique, créant sa propre banque en 2013. Maduro a poursuivi dans le même sens : un ministre sur trois de son gouvernement est un officier. Ce sont les intérêts de ces couches sociales que représente aujourd’hui le pouvoir.

Ce qui se joue actuellement, sur fond de crise économique et sociale profonde, c’est la lutte entre ces diverses catégories des classes dominantes vénézuéliennes pour l’accaparement de la rente pétrolière, à laquelle il faut aujourd’hui ajouter les perspectives alléchantes créées par la décision de Maduro d’ouvrir à l’exploitation minière une vaste zone de la région de l’Orénoque au mépris total des populations autochtones et des conséquences sur l’environnement.

Les classes populaires, réduites à la misère par la crise, sont, elles, les principales victimes de la violence qui résulte de cet affrontement. C’est la fin, pour elles, de ce qui avait réellement constitué, du temps de Chávez, une éclaircie dans leurs conditions de vie, la fin de la « révolution bolivarienne ».

La « révolution bolivarienne », une politique nationaliste et populiste

Le début du régime de Chávez est marqué, comme sa fin, par une crise liée au pétrole. A la fin des années 1980, les cours du pétrole avaient connu une forte baisse, entraînant, comme maintenant, un recul économique profond. La crise sociale larvée qui en avait résulté avait éclaté au grand jour en février 1989. Ne pouvant plus se payer les produits nécessaires à la simple survie, les pauvres étaient « descendus des collines », saccageant et pillant les magasins. L’émeute, le « Caracazo », s’était répandue dans tout le pays, bien au-delà de Caracas. Le gouvernement socialiste y répondit en décrétant l’état de siège. La répression faisait jusqu’à 3 000 morts.

Cette émeute avait été précédée par des mouvements d’organisation dans les quartiers populaires pour tenter d’apporter collectivement des réponses à l’incurie gouvernementale, comme pour s’opposer à la pénétration, avec la complicité de la police, du trafic de drogue. Ce phénomène eut aussi son expression dans les milieux universitaires et y compris militaires, surtout chez de jeunes officiers. C’est dans le cadre de cette effervescence populaire qu’était né, en 1982, le « Mouvement bolivarien révolutionnaire », MBR, de Chávez.

Le pouvoir politique du pays alternait depuis des décennies entre dictatures militaires et phases « démocratiques » où droite et gauche se succédaient et collaboraient au maintien des intérêts des classes dirigeantes, liées pour une bonne part au pétrole, mais aussi à une propriété foncière extrêmement inégalitaire. Le « Caracazo » était le signe qu’une période était en train de se clore. En février 1992, le MBR tentait un coup d’Etat, dont l’échec menait Chávez en prison. Libéré deux ans plus tard, il poursuivait ses campagnes d’opposition aux partis traditionnels et emportait l’élection présidentielle de 1999.

Cette élection était portée par le climat d’agitation populaire qui régnait depuis une décennie. Elle allait en même temps lui offrir un exutoire.

Chávez avait gagné le soutien des couches les plus populaires par son engagement, ses discours contre les anciens partis politiques. Il poursuivait dans ce sens avec l’organisation, dès son élection, d’un processus constituant auquel était appelé à participer le peuple vénézuélien. C’était donner à ce peuple le sentiment que désormais, sa parole comptait, que cette Constitution, le pouvoir qu’elle sous-tendait, était le sien, que Chávez était « son » représentant. A ces mesures politiques, Chávez associait diverses mesures sociales destinées à améliorer les conditions de vie des plus pauvres, tandis que se développaient, avec le soutien de l’Etat, diverses organisations populaires, assemblées de quartier, et des « missions » pour soutenir les plus démunis. Un début de réforme agraire allait lui donner le soutien des petits paysans des campagnes.

Cette politique s’est heurtée dès le départ aux couches sociales dirigeantes qui n’entendaient pas laisser échapper une partie des richesses qu’elles s’accaparaient jusqu’alors sans partage. En 2002, un putsch militaire, organisé avec le soutien politique des USA, chassait Chávez du pouvoir. Mais la population, les « barrios », descendaient dans la rue, contraignant les putschistes à reculer. Et c’est encore l’intervention directe de la population qui faisait échec au lock-out pétrolier organisé durant l’hiver 2002-2003 par le syndicat anti-chaviste des travailleurs du pétrole, main dans la main avec le syndicat patronal.

Le soutien que l’opposition politique recevait des Etats-Unis et des « démocraties » conduisait Chávez à se rapprocher de Cuba, mettant en scène son amitié avec Fidel Castro, fournissant à l’île du pétrole à prix cassé en échange de milliers de médecins cubains. Chávez développait une politique et un discours anti-impérialiste et pro latino-américain, associé à un discours nationaliste, créant une structure de coopération avec des régimes « amis » (Cuba, Bolivie, Équateur…), l’ALBA, Alliance bolivarienne pour les Amériques. Il reprenait en cela, du moins en parole, un des objectifs du « bolivarisme » des origines, du nom de Simón Bolívar, héros des mouvements d’indépendance qui ont chassé l’Espagne de ses colonies d’Amérique du Sud au début du 19ème siècle pour la remplacer par le pouvoir des colons locaux.

Sur le plan du discours politique, la « révolution bolivarienne » donnait naissance au « socialisme du XXIème siècle », reposant, selon ses dires, sur une « démocratie participative et protagoniste, multiethnique et pluriculturelle ». En réalité, le pouvoir était entre les mains de Chávez qui gouvernait en chef incontesté et incontestable, de façon plébiscitaire. Lorsqu’il avait créé, en 2007, le PSUV (Parti socialiste unitaire du Venezuela) qu’il a présidé jusqu’à sa mort, il s’était très vite débarrassé de son opposition d’extrême gauche, Marea socialista. Et il n’hésitait pas, intérêts pétroliers obligent, à soutenir inconditionnellement ses alliés de l’OPEP, de l’Irak de Saddam Hussein à l’Iran de Ahmadinejad en passant par la Libye de Kadhafi, la Russie de Poutine et la Syrie d’El-Assad.

Maduro a hérité du pouvoir « bolivarien » au moment même où disparaissaient, avec l’effondrement des prix du pétrole, les bases matérielles qui avaient permis à la politique populiste du pouvoir de se concrétiser, d’améliorer le sort de la population la plus pauvre et de maintenir une relative paix sociale dans un pays qui était au bord de la guerre civile à l’arrivée de Chávez au pouvoir. 18 ans plus tard, le pays semble se retrouver au bord d’une nouvelle guerre civile et il est bien difficile de dire quelle sera l’issue de cette situation.

Contre révolution réactionnaire, « épuisement d’un modèle » ou fin d’un mythe ?

Dans toute une partie de la gauche dite « radicale », Chávez et la « révolution bolivarienne », le prétendu « socialisme du XXIème siècle » qu’il aurait instauré, ont été érigés au rang de « modèle », une nouvelle voie vers le socialisme en Amérique Latine qu’auraient suivie Evo Morales en Bolivie, Rafael Correa en Équateur… Modèle que certains défendent encore inconditionnellement, soutenant Maduro contre ce qu’ils considèrent être une contre révolution dirigée par les Etats-Unis. Modèle qui, pour d’autres, s’épuiserait aujourd’hui sous les coups d’une conjoncture défavorable, du fait « d’erreurs » et « dérives » du pouvoir bolivarien qui n’aurait pas su profiter de la rente pétrolière lorsqu’elle était au plus haut pour diversifier l’économie locale, rendre le pays plus autonome vis-à-vis des importations pour faire face aujourd’hui à la crise. Du fait aussi d’une dérive autoritariste et répressive de Maduro, qui n’aurait pas l’aura nécessaire pour poursuivre l’œuvre de Chávez…

La réalité est tout autre. Chávez a su profiter d’une conjoncture économique favorable pour mener une politique qui lui permettait d’asseoir sa légitimité auprès du peuple vénézuélien en redistribuant une part de la rente pétrolière tout en résistant aux pressions des impérialismes et de l’opposition bourgeoise interne. Il a pu trouver, sur cette base, de nombreux soutiens, susciter des espoirs bien au-delà du peuple vénézuélien et même de l’Amérique Latine.

Ce n’est pas sa mort qui a mis fin à cet équilibre bonapartiste, mais bien l’effondrement du cours du pétrole, et avec lui les bases matérielles du « bolivarisme ». La magie du chavisme disparue, reviennent sur le devant de la scène les affrontements pour le pouvoir qui ont marqué depuis des décennies l’histoire du pays, et n’ont en réalité jamais cessé, affrontements entre fractions de la bourgeoisie pour s’approprier les richesses, sur fond de guerre de classe.

Il semble malheureusement bien peu probable que la solution à la crise puisse venir d’un « sursaut populaire », d’une intervention consciente des travailleurs du Venezuela pour prendre en main, réellement, leur propre sort. On ne peut par contre pas écarter l’hypothèse que ce soit l’armée, solidement installée au cœur du pouvoir politique et économique par Chávez et Maduro, qui impose en fin de compte une « solution », un accord entre cette « bourgeoisie bolivarienne » dont elle constitue une bonne partie et la fraction de la bourgeoisie qui est derrière la MUD. Sur le dos, bien sûr, de la population, et au prix, peut-être, du limogeage de Maduro…

Quoi qu’il en soit, le drame que vit le peuple du Venezuela illustre à quel point le nationalisme populiste est incapable d’apporter la moindre amélioration durable à la condition des plus démunis, à quel point il les laisse lorsqu’il s’effondre, totalement désarmés face à la réaction qui lui succède. Il n’y a pas de raccourci dans la révolution, pas d’homme miracle. Au Venezuela comme partout, l’émancipation des travailleurs ne pourra être que l’œuvre des travailleurs eux-mêmes.

Daniel Minvielle, Mónica Casanova

http://www.anti-k.org/2017/08/05/venezu ... populiste/
Avatar de l’utilisateur-trice
bipbip
 
Messages: 35413
Enregistré le: 10 Fév 2011, 09:05

Re: Vénézuela

Messagede bipbip » 27 Sep 2017, 14:09

Venezuela : « Boligarchie » chaviste contre oligarchie pro-Washington

Alors que la droite réactionnaire menace, la caste au pouvoir semble ne tenir que par la fraude institutionnelle et la répression. La fonte de sa base populaire signe les désillusions vis-à-vis du pseudo « socialisme du XXIe siècle ».

Alors que le Parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV) s’accroche au pouvoir présidentiel derrière l’héritier d’Hugo Chavez, Nicolás Maduro, l’opposition de droite, emmenée par la Mesa de la Unidad Democratica (MUD, « Plateforme d’unité démocratique »), est, depuis décembre 2015, majoritaire à l’Assemblée nationale. Pour court-circuiter cette dernière, le PSUV a d’abord tenté de lui substituer la Cour suprême – sans succès – puis a fait élire une Assemblée constituante selon un mode de scrutin lui assurant une large majorité. Ces coups de force successifs ont excité les manifestations contre le PSUV, violemment réprimées par la police.

A l’étranger, après quatre mois de crise, on peine à sortir d’une vision binaire de la situation. Les uns vouent aux gémonies une « dictature qui entretient une grave crise humanitaire, alors qu’il existe une opposition démocratique victime de la terreur rouge », les autres soutiennent le « gouvernement légitime, défenseur du peuple, garant du socialisme et de la révolution, victime d’un complot ourdi par les États-Unis ». Qu’en est-il ?

Depuis le lancement de la « révolution bolivarienne » [1] en 1999, les pressions états-uniennes sur le Venezuela sont multiples. Si Donald Trump menace aujourd’hui d’intervenir militairement, Obama déclarait déjà, en mars 2015, que le Venezuela était une « menace inusuelle et extraordinaire à la sécurité nationale des États-Unis ». La longue liste des coups d’État et mouvements réactionnaires aiguillonnés par les États-Unis, qui considèrent l’Amérique latine comme leur chasse gardée, montre la réalité de la menace. La revendication d’un modèle socialiste – même rhétorique – sur ce sous-continent insupporte la Maison-Blanche.

62 milliards d’investissements chinois

Mais, davantage que ce pseudo «  socialisme  », c’est sans doute l’association de Caracas avec des impérialismes concurrents qui excite la colère de Washington.

Riche en pétrole, le Venezuela, pour réduire sa dépendance envers le voisin états-unien, a progressivement noué des alliances politico-­commerciales avec d’autres puissances, dont la Chine, la Russie ou l’Iran. Ces dernières années, le capitalisme chinois a investi plus de 62 milliards dans le pays [2]. Comme le journal gouvernemental chinois Global Times l’a récemment souligné, Washington veut reprendre le contrôle absolu de son arrière-cour, alors que Pékin souhaite une « coopération fluide et étroite » avec le Venezuela, quel que soit son gouvernement [3].

Loin de s’inscrire dans un quelconque programme « socialiste » ou « bolivarien », ces investissements visent l’exploitation des ressources naturelles du pays, au bénéfice conjoint de l’oligarchie chaviste – la « bolibourgeoisie » – et des multinationales étrangères. Celles-ci sont accueillies à bras ouverts dans des « zones économiques spéciales » dérogeant à l’impôt et au droit du travail [4], mais permettant des mégacontrats ­d’exploitation comme ceux de l’exceptionnelle zone pétrolifère de l’Orénoque. Dans un pays parmi les plus corrompus au monde [5], ces arrangements avec les multinationales laissent songeur.

82 % de pauvres

En dix-sept ans de pouvoir, le régime chaviste n’a jamais été capable de diversifier l’économie du Venezuela, et de l’émanciper de sa dépendance au pétrole, qui représente 95 % de ses exportations. En mettant fin à la rente pétrolière, la chute des cours, depuis 2014, a aussi mis fin à sa redistribution – indûment qualifiée de « socialisme ». La plupart des « missions sociales » qui avaient assuré l’assise populaire du chavisme dans les années 2000 ont été supprimées par ­l’État.

En conséquence de quoi le taux de pauvreté a explosé, passant de 48 % en 2014 à 82 % en 2016, avec une inflation annuelle de plus de 700 % selon l’Institut national de statistiques [6]. Aliments, devises, médicaments, essence… la population se fournit au quotidien sur le marché noir. Pour l’endiguer, le gouvernement a créé les comités locaux d’approvisionnement et de production (Clap), en faveur des bénéficiaires des programmes sociaux… avec une forte suspicion de clientélisme.

La souffrance des femmes

Comme souvent lorsque la situation sociale s’aggrave, les femmes paient le coût le plus lourd. Les violences qu’elles subissent sont en augmentation : en 2016, on estime à 169 le nombre de féminicides, passés sous silence tant par le gouvernement que par l’opposition, et impunis dans 96 % des cas [7]. Le Venezuela enregis­tre par ailleurs un triste record  : 25 % des Vénézuéliennes enceintes auraient moins de 15 ans [8], et l’ONU signalait, en 2013, que les adolescentes représentaient 66 % des cas de mortalité maternelle [9]. Seule solution proposée par le gouvernement : une campagne télévisée en faveur de l’abstinence sexuelle ! Aucune discussion sur le droit à l’éducation sexuelle, aux moyens contraceptifs et encore moins à l’IVG, toujours illégale après quinze années de « processus révolutionnaire »... Les avortements clandestins tueraient une femme tous les dix jours.

Des rivaux qui partagent bien des valeurs

L’opposition de droite n’apportera aucune solution à la détresse sociale, au contraire.

Début 2016 encore, un décret du gouvernement Maduro a créé une vaste « zone économique de développement national », confiant l’exploitation minière de 112 000 km2 de territoire à des dizaines de multinationales, piétinant la « souveraineté na­tionale du sous-sol », inscrite dans la Constitution de 2012. D’ordinaire très hostile à la politique du PSUV, la MUD a approuvé ce décret, tout à fait en phase avec son «  programme de gouvernement d’unité nationale 2013-2019 ».

Comme quoi, la confiscation des terres des peuples originaires, l’exploitation des travailleurs et des travailleuses et l’anéantissement des ressources naturelles peuvent être des valeurs équitablement partagées par les deux blocs qui se disputent le pouvoir d’Etat.

On croit la MUD sur parole quand elle se fait le chantre des « libertés » entrepreneuriales ; nettement moins quand elle se réclame des libertés publiques. Certaines de ses composantes participaient au pouvoir lorsqu’en février 1989 fut lancé un programme de mesures libérales de choc sous la houlette du Fonds monétaire international. La population protesta contre la casse des services publics et des budgets sociaux ; la répression fit entre 300 et 3 000 morts selon les sources.

De même, après leur éphémère coup d’État contre Chavez, en avril 2002, les putschistes avaient immédiatement réprimé la contestation populaire, en collaboration étroite avec le patronat. Le patron de la Fedecamaras – le Medef vénézuélien –, s’était autoproclamé chef du gouvernement, aussitôt adoubé par Washington et par Madrid.

Le peuple n’a donc rien à attendre de la MUD, qui n’incarne qu’une alternative oligarchique pro-Washington à la « boligarchie » actuelle. Mais il n’a rien non plus à attendre d’un gouvernement autoritaire aux abois, dont certaines fractions envisagent le départ de Maduro comme solution pour prolonger la survie du régime.

La seule issue à cette crise de régime serait la montée d’un contre-pouvoir populaire, structuré par des organisations sociales et ­syndicales autonomes. ­Difficile à imaginer après dix-sept ans de tutelle étatique sur les mouvements sociaux, mais il faut espérer que les événements actuels fassent bouger les lignes dans cette direction.

Abobora (AL 31, liaison Comminges)


[1] Invention d’Hugo Chavez faisant référence à Simón Bolívar (1783-1830), le « bolivarisme » est un nationalisme de gauche, visant à constituer un capitalisme national, indépendant des intérêts états-uniens.

[2] « Venezuela, a microcosm of Latin American conundrum » Global Times, 1er août 2017.

[3] Ibidem.

[4] Thomas Posado, « Les classes populaires vénézuéliennes prises au piège », Contretemps.eu, 8 août 2017.

[5] En 2016, l’ONG Transpaency International classait le Venezuela 158e sur une liste de 168 Etats.

[6] IIIe Forum Conditions de vie de la population vénézuélienne, université Simon-Bolivar, 22 avril 2015, sur Rectorado.usb.ve.

[7] Observatoriodeviolencia.org.ve, 25 novembre 2016.

[8] Déclaration sur Facebook de Nelmary Diaz, directeur de la Planificacion familiar, le 5 août 2016.

[9] Eluniversal.com, 20 mai 2013.


http://www.alternativelibertaire.org/?V ... Washington


Venezuela : Syndicalisme autonome ou domestiqué par l’État ?

Le chavisme a étouffé l’expression autonome des mouvements sociaux, contraints d’aligner leurs agenda sur celui du gouvernement. Si la contestation sociale déborde aujourd’hui de ces cadres, une véritable culture d’indépendance reste à bâtir.

En 2003, pour concurrencer la Confédération des travailleurs du Venezuela (CTV), inféodée au patronat, l’État a aidé au lancement de ­l’Union nationale des travailleurs (UNT)… créant une nouvelle bureaucratie à ses ordres. Des poches de dissidence existent cependant au sein de l’UNT, comme le Courant classiste, unitaire, révolutionnaire et autonome (C-CURA). Celui-ci est notamment actif au sein de la puissante fédération des travailleurs du pétrole (FUTPV) – 67 000 syndiqué.es sur les 108 000 salarié.es de PDVSA, la grande entreprise pétrolière du pays. Dans une récente interview à Quintodia.net, José Bodas, secrétaire de la FUTPV, a estimé que « la bureaucratie syndicale et la technocratie de PDVSA se défendent mutuellement afin de maintenir leurs privilèges respectifs. […] Avoir des responsables syndicaux qui sont aussi membres de la direction de PDVSA n’aide pas. […] Notre courant C-CURA appelle à constituer des comités de base et à exiger des négociations collectives ainsi que l’organisation d’élections au sein de la FUTPV et des syndicats de base. »

Au-delà de la C-CURA, plusieurs syndicats de base maintiennent une pratique de classe ; ceux-ci appelaient par exemple à la grève générale les 26 et 27 août, pour l’obtention d’un salaire minimum décent, pour les droits à la santé et l’éducation ­gratuites, et pour que le pétrole ­redevienne « 100% vénézuélien ». S’il est avéré que certains arrêts de travail sont en fait téléguidés par les forces patronales et réactionnaires, il serait absurde de généraliser comme l’a fait Maduro lorsqu’en mai 2013 il a traité les syndicalistes en lutte de ­l’aciérie nationalisée Sidor de « voyous » et d’« anarcho-syndicalistes » !

On ne peut qu’adhérer à ce qu’expliquait à l’automne 2016 le sociologue uruguayen Raúl Zibechi dans la revue de la CGT espagnole Libre Pensamiento : « Ceux qui comme nous pensent que ce sont les mouvements sociaux de base qui transforment les réalités, et pas les gouvernements, doivent miser sur la fin de l’hégémonie du bolivarisme pour la simple raison qu’elle empêche l’émergence d’identités politiques différentes que celles dictées par la polarisation chavisme-antichavisme. » Zibechi appelait, de façon plus générale, à la « restauration complète de l’autonomie et de la belligérance des mouvements sociaux [...] en fonctionnant de manière autogérée, en rejetant les médiations et sans placer nos luttes sur la voie électorale, en refusant d’être les marchepieds d’un parti politique ».

Abobora (AL 31)

http://www.alternativelibertaire.org/?M ... par-l-Etat
Avatar de l’utilisateur-trice
bipbip
 
Messages: 35413
Enregistré le: 10 Fév 2011, 09:05

Re: Vénézuela

Messagede Pïérô » 03 Déc 2017, 13:02

Le Venezuela selon les progressistes.

S’il y a une chose qu’on puisse dire, c’est que nous avons tous été surpris par le résultat des élections au Venezuela1, car en dépit de la situation catastrophique, le parti au pouvoir est parvenu à gagner. Ce qui est une performance. Dénouement surprenant voire incompréhensible pour beaucoup, tout à fait explicable pour d’autres.

Résultat des courses, ceux de toujours raflent la mise et l’opposition ne récolte que cinqs Etats. Numériquement, c’est bien peu (comparé aux 18 restants). Le seul avantage que l’opposition en retire c’est d’avoir le contrôle d’un triplé stratégique, en raison de la position frontalière avec la Colombie ou des richesses pétrolières de l’entité fédérale. On pense aux États de Mérida, Táchira, et Zulia. Mise à part cela, d’un point de vue global, le parti au pouvoir, est plus fort que jamais. Ce qui confirme bien selon beaucoup de citoyens et de journalistes, alors qu’on en doutait, que la politique de Maduro est bonne. Ce résultat dément l’information donné dans les médias : tandis qu’on a parlé de répression et de crise sociale et humanitaire de grande envergure, on devrait comprendre que ce n’était que du pipeau, comme le suggère de nombreux sites. La boucle est bouclée... ou presque. Il est de bon augure de revenir sur les analyses suivantes qui se sont vues renforcées après les élections.

... http://www.oclibertaire.lautre.net/spip.php?article2009
Image------------ Demain Le Grand Soir --------- --------- C’est dans la rue qu'çà s'passe --------
Avatar de l’utilisateur-trice
Pïérô
 
Messages: 22436
Enregistré le: 12 Juil 2008, 21:43
Localisation: 37, Saint-Pierre-des-Corps

Re: Vénézuela

Messagede bipbip » 04 Jan 2018, 17:51

Faim et répression

Vénézuela. Manifestation contre la vie chère : la garde nationale assassine une jeune femme enceinte

Le 31 décembre, la faim et la répression continue, et une jeune femme de 18 ans a été assassiné d’une balle dans la tête. Un jeune homme a également été blessé. Des adieux de fin d’année du gouvernement de Maduro aux classes populaires…

... http://www.revolutionpermanente.fr/Vene ... e-enceinte
Avatar de l’utilisateur-trice
bipbip
 
Messages: 35413
Enregistré le: 10 Fév 2011, 09:05

Re: Vénézuela

Messagede Lila » 23 Sep 2018, 22:46

Au Venezuela, les femmes font les frais de la crise

L'un des visages de la crise économique du Venezuela passe souvent inaperçu : l'impact de cette crise sur les femmes et les jeunes filles.

Les femmes dirigent quarante-quatre pour cent des foyers du pays, et ce sont généralement elles qui attendent dans les queues interminables au supermarché, qui endurent le système de santé défaillant quand leurs proches tombent malades, et qui pleurent les décès de leurs enfants aux mains de la police, tout en survivant aux statistiques sinistres qui les affligent.

Bien que le gouvernement vénézuélien, qui s'est souvent auto-proclamé “féministe”, ait mis en place des politiques aspirant à réduire la pauvreté féminine, bien d'autres aspects de l'autonomie des femmes ont été négligés.

Des programmes de transfert de revenus comme Madres del Barrio (“Mères des quartiers”) en 2006, et Hijas e Hijos de Venezuela (Filles et fils du Venezuela) en 2011, ont créé un filet de sécurité crucial pour les familles en situation d’extrême pauvreté. Combinés, ils ont attribué entre 130 et 300 euros par famille, selon le nombre d'enfants.

D'une autre côté, la Constitution bolivarienne du Venezuela a rendu l'avortement illégal, prolongeant un statut hérité d'un régime politique que les Bolivariens ont pourtant renversé. Ni Chávez ni Maduro, présidents successifs pendant vingt ans, n'ont fait d'efforts pour modifier cet état des lieux. L'avortement ne reste autorisé qu'en cas de danger pour la vie de la mère.

Aglaia Berlutti, féministe de premier plan sur Internet et contributrice à Global Voices, souligne les contradictions de la rhétorique chaviste sur l'égalité des sexes :

la suite : https://fr.globalvoices.org/2018/09/14/228692/
Avatar de l’utilisateur-trice
Lila
 
Messages: 2322
Enregistré le: 07 Mar 2014, 11:13

PrécédenteSuivante

Retourner vers International

Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun-e utilisateur-trice enregistré-e et 11 invités