Vénézuela

Re: Vénézuela

Messagede Pïérô » 08 Mar 2013, 00:41

Je pense que le problème est que tout est ramené à un homme, et que c'est pas comme çà qu'il faut voir les choses et laisser voir les choses, car cet angle de vue ramène inévitablement à ce que l'on combat, quoiqu'il ait fait. Notre conception du pouvoir par le bas ne peut que s'opposer à la conception portée à travers une forme de culte que cultivent toujours celles et ceux qui ne peuvent concevoir une révolution libertaire et autogestionnaire.

Chavez, fin d’un caudillo

Le président du Venezuela est mort, la gauche latino-américaine et européenne pleure son modèle, celui qui prétendait réaliser un « socialisme du XXIe siècle » et qui, en réalité, a surtout cherché à bâtir un capitalisme national, main dans la main avec un patronat patriote. S’il a mis la rente pétrolière au service des programmes sociaux, le régime chaviste a, pour le reste, toujours étranglé toute voix dissidente sur sa gauche, toute manifestation d’un mouvement social autonome. Chavez était un caudillo, dans la tradition latino-américaine : un leader charismatique porté par les masses. C’est l’occasion de relire ce qu’Alternative libertaire a écrit à son sujet :

. « Venezuela : Les deux visages du chavisme », dans les pages International de janvier 2007 : http://www.alternativelibertaire.org/sp ... article754

. « 1992 : Chávez, du putschiste au caudillo », les pages Histoire de février 2012 : http://www.alternativelibertaire.org/sp ... rticle4688

http://www.alternativelibertaire.org/sp ... rticle5237


El Libertario, Venezuela,
Déclaration des anarchistes vénézuéliens sur la mort d’Hugo Chavez

Ni deuil, ni célébration !

L’heure de l’autonomie des luttes sociales est arrivée !



Quand s’additionnent une très grave maladie, des soins médicaux conditionnés à des décisions politiques et un malade halluciné de pouvoir, on ne pouvait qu’attendre ce dénouement : le caudillo est mort et un changement important dans la scène politique vénézuélienne est en marche.

En un instant, ce qui était la plus grande force du régime est devenu sa plus grande faiblesse : Chavez était tout et, en disparaissant, il ne reste qu’à conjurer la fidélité absolue à son souvenir, avec l’obéissance à ses dispositions pour lui succéder. Ce qui met en évidence la fragilité d’un gouvernement qui a voulu renfoncer son supposé caractère « socialiste et populaire » avec la pratique d’un culte grotesque de la personnalité, maintenant réduit à une ridicule invocation aux âmes du purgatoire. Le disparu a été lui-même l’auteur principal de cette fin. Le « secrétisme » qui entoura sa maladie était motivé par les mêmes ressorts que la centralisation extrême du pouvoir. Ce qui, par manque de cohérence idéologique interne, laisse ses suiveurs s’affrontant entre eux-mêmes pour l’héritage du commandement, avec un clair avantage pour les hauts bureaucrates (rojo-rojitos) et la caste militaire, en pleine manœuvre de négociation pour assurer l’impunité de leurs corruptions.

En ce qui concerne les oppositions, la droite et la social-démocratie, la nouvelle situation les surprend sans qu’elles aient digéré leur déroute aux dernières élections présidentielles et régionales, élections où elles s’étaient compromises avec des illusions exagérées sur l’offre d’un « chavismo sifrino » (chavisme de riches), promettant aux électeurs de maintenir efficacement l’emploi des instruments clientélistes qui ont tant servi à Chavez. Maintenant, cette opposition accommodante veut croire qu’une fortuite métastase a enfin mis à sa portée l’accès à ce pouvoir politique duquel ses ambitions, erreurs, paresse et incompétence l’ont éloignée pendant de longues années. Un pouvoir qu’elle exercerait avec une sottise et une ardeur prédatrice similaires à celles de la « bolibourgeoisie » chaviste.

Face à ces calculs mesquins et opportunistes, qui mettent sur le même rang le Grand Pôle Patriotique (Gran Polo Patriótico) et à l’opposition de la Table d’Unité Démocratique (Mesa de Unidad Democrática), nous nous sommes face à la grave situation où se trouve ce pays : inflation qui s’emballe, chômage grandissant et précarité dans le travail, dévaluation monétaire, effrayante insécurité personnelle, grave crise dans les services d’eau et d’électricité, éducation et santé, manque de logement, travaux publics obsolètes ou en exécution brouillonne, attention démagogique des besoins extrêmes des plus nécessiteux, et un et cetera qui même lointain n’en est pas moins néfaste.

Mais ces problèmes ne sont pas la principale préoccupation des deux groupes en lutte pour la “Silla de Miraflores” (le fauteuil présidentiel) et le butin pétrolier. C’est pourquoi notre réponse collective doit mépriser leur permanent chantage de nous demander un appui électoral en échange de solutions qui n’arrivent jamais ou qui sont ridiculement incomplètes. C’est l’heure de déborder ces oligarchies politiques pourries et de construire, par le bas, une vraie démocratie, avec égalité, justice sociale et liberté. Il faut accroître l’indignation généralisée devant la situation dont nous pâtissons, et la convertir en luttes sociales autonomes, larges et autogestionnaires. Il faut dire aux politiques du pouvoir que nous nous n’en avons pas besoin comme intermédiaires ou comme donateurs gracieux de ce que, en bas et unis, nous pouvons obtenir, sans « mains blanches » ni « bérets rouges ».

Collectif éditeur d’EL LIBERTARIO // ellibertario@nodo50.org - @pelibertario http://www.nodo50.org/ellibertario - periodicoellibertario.blogspot.com

7 mars 2013.
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Re: Vénézuela

Messagede charlelem » 08 Mar 2013, 19:10

En tout cas moi je ne vais pas pleurer sur une opposition de droite, même d'extrême droite et si Chavez leur en a foutu plein la gueule et ben tant mieux.
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Re: Vénézuela

Messagede Nyark nyark » 08 Mar 2013, 19:36

charlelem a écrit:En tout cas moi je ne vais pas pleurer sur une opposition de droite, même d'extrême droite et si Chavez leur en a foutu plein la gueule et ben tant mieux.

Je ne peux m'empêcher d'être d'accord avec toi sur ce point précis...
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Re: Vénézuela

Messagede Pïérô » 12 Juil 2013, 00:00

Analyses et témoignages
Vénézuela : À la recherche du « processus » révolutionnaire

Quatorze années après la prise de pouvoir de feu Hugo Chávez, une large partie de la gauche internationale persiste à louer le caractère socialiste du régime « bolivarien ». On a voulu aller un peu plus loin que ce consensus ambiant, en se rendant sur place pour y recueillir analyses et témoignages.

« On peut parler d’un million de contradictions. Mais vos questions partent d’un point de vue idéologique. Ça me fait sourire cette vision de gauche bobo ». En ce début de janvier ensoleillé, autour d’un petit café crème au Gran café de Caracas, sur Sabana Grande, Thierry Deronne nous mène la vie dure. Ce responsable d’une télévision publique locale est là depuis dix-sept ans après un passage au Nicaragua sandiniste. Nous sommes là depuis un mois à peine.

La discussion est un peu à l’image du Vénézuela bolivarien, difficile à cerner. Entre les idolâtres, les supporters, les critiques, les sceptiques et les opposants, tout et son contraire absolu se dit et s’argumente. De l’hystérie à la mauvaise foi. Bien sûr, il y a la critique de la droite vénézuélienne, et la campagne médiatique anti-Chávez de la plupart des médias occidentaux. Thierry évoque « quatorze années de désinformation » transformant souvent Chávez en dictateur, ayant asservi les médias de son pays. À l’inverse, une partie de la gauche internationale, des alter-mondialistes aux staliniens, a souvent validé un peu vite la vision d’un Vénézuela en plein « processus » vers le « socialisme du 21ème siècle »...

Un État providentiel ?

Les meilleurs atouts de la « révolution », ce sont les missions bolivariennes, sorte de programmes sociaux ciblés. Le bilan chiffré sans cesse brandi par les partisans chavistes en impose. Importante diminution de la pauvreté, des milliers de dispensaires ouverts gratuitement à la population, des milliers de magasins d’État à prix subventionnés, une éducation totalement gratuite, une hausse de la scolarisation et du nombre d’étudiant-es, l’analphabétisme réduit à néant, une pension allouée à deux millions de retraité-es, un effort sur la construction de logements sociaux, un taux d’inégalité en baisse [1]...

Mais tout le monde n’est pas convaincu, à commencer par Rafael Uzcategui, croisé aux rencontres anarchistes, organisées incognito dans une université de Caracas. Auteur de Vénézuela, révolution ou spectacle et membre du collectif de rédaction d’El Libertario (bimestriel libertaire édité à Caracas), il travaille au service enquête de PROVEA, une ONG des droits de l’homme. Il tient à préciser que le Vénézuela de Chávez n’est pas parti de zéro : à la fin des années 50, les revenus du pétrole ont fourni « des ressources suffisantes pour créer, à partir de l’État, de vastes réseaux de clientèles et mettre en place des politiques sociales destinées aux couches les plus pauvres ». De 1958 à 1981, la scolarisation augmente, l’illettrisme diminue, un réseau d’hôpitaux gratuits est créé, une loi sur la sécurité sociale voit le jour, etc. Selon Rafael, hier comme aujourd’hui, « ces politiques n’ont pas apporté de réponse structurelle à la pauvreté », mais « une relation paternaliste de dépendance nécessaire au maintien du système ».

Les missions ne sont lancées qu’en 2004, alors que Chávez est confronté à une baisse de popularité. Les efforts financiers se poursuivent jusqu’en 2007. Le journaliste Marc Saint Upéry [2] souligne ensuite la forte corrélation entre la relance de ces missions et les périodes électorales. Il les qualifie également « d’opérations commando extra-institutionnelles, sans horizons soutenables, parfois militarisées ». Rafael Uzcategui parle d’une « culture du campement » : des politiques d’urgence, temporaires, improvisées, imposées d’en haut, avec des structures installées en parallèle au système public existant. Des hôpitaux publics en manque de moyens font ainsi face aux dispensaires flambant neufs de la mission santé « Barrio Adentro », où s’activent des médecins cubains. Et de part et d’autres, toujours le clientélisme, la corruption, la bureaucratie...

Centralisation participative

Le volet « démocrate » est tout autant contradictoire. Les élections sont reconnues totalement fiables et transparentes, seize scrutins ont eu lieu en quatorze ans, et le référendum révocatoire est inscrit dans la constitution. Mais même des défenseurs du processus comme Noam Chomsky reconnaissent la trop grande personnalisation du pouvoir. Pour Rafael, c’est un retour en arrière avec la « revitalisation de la culture politique caudilliste » [3]. De nombreux militaires tiennent en effet des postes de direction dans le secteur public, les administrations, les ministères. Quant au parti communiste (PCV) pourtant allié au parti de Chávez (le PSUV), il a dénoncé en 2011 « l’absence totale d’instances de direction collective » et une « intensification de la corruption ».

Thierry Deronne, qui travaille dans le secteur des médias associatifs, n’en revient pas qu’on puisse porter ces critiques : « ce n’est pas la réalité du tout ». Il illustre la vitalité démocratique du « processus » par le million de militants chavistes sortis le dix janvier dernier au son de « nous sommes tous Chávez ! », la constitution en main. « Alors excusez-moi, si cela n’est pas un exercice d’assumer collectivement le pouvoir ! Et les gens s’identifient beaucoup à ce texte fondamental qu’est la constitution, ils veulent qu’elle soit respectée ». La « démocratie participative » est l’argument massue dans ce domaine : « 44 000 conseils communaux au Vénézuela, dont beaucoup ne fonctionnent pas très bien, mais c’est un énorme saut qualitatif. On devrait les admirer au moins autant que la démocratie participative à Porto Allegre qui a été adulée par les alter-mondialistes ! »

Maria ne nous dira pas le contraire. Élue dans un conseil communal dans l’État de Barinas et professeure de musique, elle décrit cette instance « comme une organisation sociale, un gouvernement direct de la communauté, pour répondre à tous les problèmes de santé, de logement et pour mener tous les projets pour développer le village ; c’est un pouvoir qui est inscrit dans la constitution ». Elle insiste sur les financements arrivant directement à la communauté, évitant la corruption endémique des intermédiaires publics et privés, ainsi que le vote à la majorité de l’assemblée des habitants et le rétrocontrôle permanent sur les projets en cours.

Mais si l’on peut admettre les effets positifs en matière d’auto-organisation des communautés, on doit s’interroger sur la dépendance directe des conseils communaux à l’égard du gouvernement central, et leur financement basé sur une validation par « en haut », projet par projet. Selon le politiste Mathieu Commet, ils n’ont que peu d’impact sur la dynamique du régime politique, et sont parfois réduits à des « outils de réclamation d’une intervention publique sur un problème précis ». Rafael va plus loin, en évoquant les formes antérieures de ces conseils, les « cercles bolivariens » ou les « unités de bataille sociales endogènes » : « Toutes ces expériences ont eu des niveaux très limités d’autonomie et ont été institutionnalisées pour être un élément des machines électorales afin de gagner les élections. Ceux qui ont essayé de défendre leur autonomie et leur indépendance politique ont été criminalisés ».

Des morts à tous les étages

Sur le plan de la criminalité, le bilan est sans aucun doute catastrophique, au vu des 19 000 meurtres comptabilisés en 2011, et leur doublement en une dizaine d’années. Les différents corps de police sont corrompus, voire eux-mêmes criminels. Reste à savoir jusqu’où remontent les responsabilités. Pablo Hernández et Ninoska Pifano participent au comité des victimes contre l’impunité dans l’État de Lara (COVIClL), créé pour « dénoncer la violence d’État exercée par ses corps répressifs, en contradiction totale avec "l’État de droit" établi par la constitution de la république bolivarienne du Vénézuela ». Depuis novembre 2004, le comité a dénoncé « l’exécution de 400 personnes par les différents corps de sécurité de l’État, sans que, jusqu’à aujourd’hui, les coupables aient payé (...). Et ceux qui ont été jugés et punis par les tribunaux ne sont pas pour autant enfermés ». Le ministère public est, selon eux, « soumis aux caprices de l’exécutif national, [qui garantit] aux responsables ce qui est dénié aux victimes » et le pouvoir judiciaire « agit avec indulgence face aux délits, pénétré par la corruption, la bureaucratie et le servage politique ». En 2009, un membre du collectif qui préparait un documentaire sur cette situation, Mijail Martinez, a été assassiné. Le comité dénonce alors l’État de Lara converti « en territoire de violences sous l’effigie de Luis Reyes Reyes » avec « les conditions pour que les policiers délinquants, séquestrateurs, tueurs à gages et narcotrafiquants agissent avec une totale impunité ». Reyes Reyes sera pourtant nommé ministre par Chávez en 2008. D’autres dignitaires du régime sont liés à des affaires de violation des droits de l’homme, comme Rodriguez Chacin, deux fois ministre de l’Intérieur et notamment soupçonné d’être responsable en 1988 du massacre d’El Amparo – où quatorze pêcheurs furent assassinés par les forces de sécurité vénézuéliennes.

En prison, au pays de la révolution

Sur le terrain de la répression, le rapport de l’ONG des droits de l’homme PROVEA dénombre 2500 militants ou syndicalistes poursuivis et une trentaine incarcérés depuis 2005, parfois pour exercice du droit de grève. Rafael Uzcategui énumère plusieurs cas d’étudiants assassinés lors de manifestations, ainsi que des leaders syndicaux tués ces dernières années notamment lors de règlements de compte entre syndicats mafieux. Thierry Deronne s’exaspère : « La répression des syndicats ça me fait un peu sourire, il faudrait rappeler ce qu’était le Vénézuela avant cette révolution, où on faisait disparaître des syndicalistes, avec une exploitation pure et simple. (…) Je ne doute pas qu’à certains endroits du pays, il y a eu des arrestations temporaires lors de certains conflits du travail, où des syndicalistes ont été arrêtés, puis libérés parce qu’il y avait eu des destructions d’installations. Tout de suite certains bobos de gauche vont en déduire que c’est une répression voulue par le gouvernement ». Il concède aussi que « des polices sont au service de gouverneurs d’opposition, qui interviennent parfois contre des occupations d’usine. C’est un mélange contradictoire, il y a des gouverneurs bolivariens qui ne sont pas du tout de gauche, et dans la police actuelle qui est en train d’être transformée, il y a certainement des gens répressifs ». Nous voilà devant un sacré merdier ! Et devant certains faits avérés, comme l’incarcération pendant 17 mois en 2009-2010 du syndicaliste Rubén González – pourtant pro-chaviste – pour avoir dirigé une grève.

Le grand écart se répète sans arrêt. Les indigènes se sont vu garantir des territoires entiers, mais par ailleurs ils sont menacés par de grands projets d’extraction de charbon. Les femmes ont acquis une série de droits, mais la société reste très machiste et l’avortement illégal, tuant des centaines de femmes chaque année. Les médias alternatifs et communautaires ont été soutenus financièrement et nombre de télés et de radios ont vu le jour, mais certaines voix pointent leur soutien unanime au chavisme et leur manque d’esprit critique. Le droit du travail est l’un des plus avancé du continent, mais même dans le secteur public des dizaines de conventions collectives ont expiré depuis des années sans être renouvelées. Pour certains, le gouvernement mène une lutte acharnée contre l’autonomie des syndicats, mais les chavistes mettent en avant la cogestion dans les entreprises publiques et les futurs « conseils de travailleurs ». Et pendant qu’on reste sans voix sur les soutiens de Chávez à une demi-douzaine de dictateurs, même lorsqu’ils font face à la rébellion populaire comme en Syrie, on nous oppose sa diplomatie anti-impérialiste...

Socialiser sans exproprier ?

Reste à évoquer le grand écart olympique, celui de la prétendue « économie socialiste ». L’économie reste capitaliste, aux mains de la bourgeoisie. Chávez n’a pas nationalisé le pétrole, contrairement à ce que l’on entend. Cela date de 1976, sous Carlos Andrés Pérez [4]. Certes, il a largement augmenté la part des bénéfices du pétrole revenant à l’État, mais il a créé des entreprises mixtes où 40 à 49% du capital – et donc des dividendes – sont la propriété de multinationales comme Chevron, Repsol, BP ou Total. Une semi-privatisation qui pose problème pour les décisions stratégiques qui nécessitent l’accord de 75% des actionnaires...

S’il a nationalisé une partie du secteur bancaire, des entreprises dans des secteurs stratégiques et quelques sociétés en faillite, le constat général est sans appel : après quatorze années de « révolution », la part de l’économie privée représente toujours 70% du PIB ! Peut-être parce que les expropriations n’ont jamais été au programme. À l’inverse, une série d’hommes d’affaires réputés proches du gouvernement, la « boli-bourgeoisie », se sont largement enrichis. Et les détenteurs de capitaux privés ont augmenté leurs profits. S’il y a eu la volonté de soutenir la création de coopératives, il ne reste plus grand chose aujourd’hui des centaines de milliers d’entre elles créées à la hâte pour recevoir les subsides gouvernementaux. Du côté de la réforme agraire, plus de deux millions d’hectares ont été redistribués, mais la loi reste timide et ne remet pas en cause la grande propriété terrienne. On peine à voir la rupture.

De fait, le soutien populaire persiste. À Barquisimeto, nous avons rencontré George et Jesus, membres de la coopérative CECOSESOLA qui regroupe 1200 travailleurs et 20 000 membres, dans une logique d’autogestion et d’autonomie complète vis-à-vis de l’État depuis 1967. Ils voient le gouvernement actuel d’un bon œil « parce qu’il y a une porte ouverte sur le collectif même si c’est d’une autre manière que nous... » Ils ajoutent que l’État bolivarien travaille à ce que « la majorité de la population bénéficie des revenus du pétrole, pour une meilleure répartition. Et nous sommes conscients que ce n’est pas un travail facile, beaucoup de gens ont des vices, beaucoup ont la mentalité capitaliste, alors que le gouvernement est socialiste... Le changement social est un changement très lent, ça ne s’établit pas par décrets ».

Avant de pousser la chansonnette avec Roger, notre traducteur, Maria nous confiait que « c’est difficile de faire chavirer le capitalisme qui est ancré depuis plus de cent ans. D’un côté nous sommes en train de faire la révolution du socialisme, mais de l’autre nous avons aussi "le grand capital". Et ce pays écoute beaucoup tout ce que vend la télévision, c’est comme une colonisation idéologique ». Mais pour Rafael Uzcategui, « le gouvernement de Hugo Raphaël Chávez Frías est une continuation, et non une rupture, du modèle de développement promu au Vénézuela durant le siècle dernier. Il a approfondi le rôle assigné au pays par le capitalisme globalisé : fournisseur d’énergie fiable et sécurisé pour le marché mondial ». Marc Saint-Upéry est catégorique : parler de révolution au Vénézuela, c’est une « escroquerie intellectuelle ».

Au moment de se quitter à Caracas, Rafael et ses compagnons de lutte venus de tout le pays officialisaient la création du Réseau anarchiste vénézuélien. En lien avec d’autres organisations, ils espèrent impulser un courant de gauche révolutionnaire indépendant. D’autres, au sein de l’Alliance Populaire Révolutionnaire, se risquent à un soutien au gouvernement bolivarien tout en appelant à « débarrasser la révolution de ses bureaucrates » et à « un gouvernement du peuple travailleur sans capitalistes ! » En guise de conclusion, dans son village de l’ouest entouré par les montagnes, à El Caney, Roger nous dirait sûrement avec un large sourire, au bord de sa rivière polluée par les engrais chimiques : « Positivo maximo ! »

S.G., avec Diane (interviews) et Sandy (traduction)


Notes

[1] Voir Le Monde diplomatique du mois d’avril.

[2] Auteur du Rêve de Bolivar : le défi des gauches sud-américaines, La Découverte, 2008.

[3] En Amérique Latine, la tradition du « caudillo » est celle d’un leader militaire charismatique porté par les masses.

[4] Précisons que durant les années 90, un processus de privatisation se met en place concernant des champs pétroliers, ou certaines entreprises de services pétroliers, que Chávez re-nationalisera à son arrivée au pouvoir.


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Re: Vénézuela

Messagede bipbip » 25 Nov 2013, 01:38

Où en est le chavisme après Chávez ?
Dossier sur site OCL : http://oclibertaire.free.fr/spip.php?article1441
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Re: Vénézuela

Messagede bipbip » 25 Fév 2014, 11:40

Eléments d'actualité et sur la situation au Vénézuéla
http://oclibertaire.free.fr/spip.php?article1487
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Re: Vénézuela

Messagede Pïérô » 12 Mar 2014, 01:00

Déclaration sur les événements de février-mars 2014
Collectif éditorial de El Libertario et individus anarchistes
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Re: Vénézuela

Messagede bipbip » 18 Mar 2014, 07:51

Crise au pays du pétro-chavisme
paru dans CQFD n°120 (mars 2014)
http://cqfd-journal.org/Crise-au-pays-du-petro-chavisme
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Re: Vénézuela

Messagede bipbip » 26 Jan 2015, 12:40

Venezuela : Bienvenidos à la Piedrita, terre de contre-pouvoir populaire

Quartier populaire de Caracas, La Piedrita (« La petite pierre ») est un cas à part parmi les favelas vénézuéliennes coincées entre violences policières et emprise des cartels. Depuis trente ans, ses habitantes et habitants se sont organisés pour reprendre leur vie en main. Avec un certain succès.

En ce mois de juillet, l’air est suffoquant sur Caracas. Dans le brouhaha des rues de la capitale vénézuélienne, sur fond de reggaeton craché par des hautparleurs suspendus au sommet des feux rouges, nous attendons Jorge, jeune militant bolivarien de sensibilité libertaire. Arrivé avec une heure de retard – « Hay tiempo » (« on a le temps ») refrain bien connu du quotidien latinoaméricano – Jorge, tout sourire, nous invite à monter à bord de sa vieille Cadillac cabossée. Direction les collines sud de Caracas et ses quartiers défavorisés.

Le but de la visite, c’est le quartier de La Piedrita. Un exemple de vie collec tive où les gens ont fait le choix de construire, et non plus de subir. Situé dans le Barrio 23 de Enero, immense favela de 100 000 âmes, La Piedrita, qui en compte 3 000, fait figure d’exception : ici, les narcotrafiquants et les flics véreux n’ont pas droit de cité. il y a trente ans de cela, en 1985, las d’un quotidien fait de violence et de peur, ses habitantes et ses habitants se sont rebellés et organisés pour offrir autre chose à leurs enfants que les balles perdues, la cocaïne ou la colle à sniffer.

Une pancarte digne d’un western spaghetti

A l’entrée du barrio (quartier), une grande pancarte accueille le visiteur. Le message est digne d’un western spaghetti : « Bienvenue à La Piedrita en paix. Si tu viens en guerre nous te combattrons. » Sur un autre panneau : « Zone de guérilla ». Des hommes en armes, postés à un check-point, contrôlent les allées et venues. Sur place, Valentin Santana, un des fondateurs du projet et membre du conseil commu nal, explique : « La Piedrita est notre territoire. Les narcos comme la police n’y pénètrent pas. La dernière fois que la police municipale est venue, on l’a reçue à coup de fusil à pompe. Il y a eu deux blessés graves. Depuis il n’y a plus eu d’incident. »

Le problème de la drogue a été réglé de manière tout aussi radicale. A la différence des autres quartiers de la favela Barrio 23, où les cartels tiennent la rue et terrorisent la population, au point de faire de Caracas la ville la plus dangereuse d’Amérique latine en termes d’assassinats, rien de tel ici. Quand, il y a trente ans, le projet Piedrita a pris forme, une des premières mesures a été d’éradiquer les proxos et les narcos. « Nous sommes allés un matin rendre visite aux dealers du quartier, raconte Valentin. Nous leur avons signifié qu’ils avaient vingt-quatre heures pour quitter les lieux. Notre fermeté et notre détermination les ont effrayés. On ne les a plus jamais revus. »

La vigilance continue de s’exercer malgré tout. Le soir, des habitants armés parcourent les rues pour veiller à la tranquillité du voisinage et prévenir toute intrusion extérieure, mais aussi pour prendre soin de la salubrité publique : « Lors des rondes nocturnes, explique Valentin, notre tâche est de veiller au bon fonctionnement de la communauté. Signaler qu’un tas d’ordure s’amoncelle à tel coin de rue, que telle ampoule sur tel lampadaire est grillée… »

Caméra au poing, assis sur un banc du jardin d’enfants du barrio, je filme Valentin quand celuici m’interrompt poliment mais fermement : « Por favor compañero, peux tu enlever ton pied du banc. Nous apprenons aux enfants à respecter les biens publics et à ne pas les salir. » Gêné, j’obtempère. Valentin poursuit : « Ce qui fait la particularité de notre quartier c’est le sens de la vie collective. Ici nous ne sommes pas des voisins et des voisines anonymes enfermés dans nos vies de misère. Ici, c’est la solidarité qui domine. »

Cantine populaire, salsa et autosuffisance

Une Maison culturelle a été construite pour accueillir les enfants. Plutôt qu’ils soient livrés à eux-mêmes après l’école, des bénévoles leur proposent des activités : théâtre, couture, aide aux devoirs, danse. Un lieu d’accueil des madres solteras (mères célibataires) a également vu le jour, ainsi qu’une cantine populaire ouverte à toutes et à tous. Sur le plan de la santé, un dispensaire autogéré, El Hogar, accueille les malades du quartier. Pour le faire vivre, la maîtresse des lieux, Yolanda, une médecin cubaine de 60 ans, s’appuie sur une équipe de femmes de La Piedrita qu’elle a formées pour la seconder dans les soins de première nécessité mais aussi les accouchements ou les opérations plus délicates. La qualité du suivi médical y est telle que viennent s’y faire soigner, gratuitement, des enfants des barrios avoisinants qui n’ont pas la chance de disposer d’un tel dispensaire.

Une coopérative, El Taller (« l’atelier »), a été fondée dans le but de donner un minimum de qualification professionnelle aux habitant-e-s et d’aller vers une autosuffisance de la communauté. Le responsable, Roberto, énumère les formations qui y sont dispensées : mécanique auto, réparation de vélos, plomberie, électricité, cuisine, mais aussi construction. Des formations en lien avec les besoins de la population : quand une maison tombe en ruine, qu’un problème survient, l’effort collectif et solidaire prime. Et c’est un groupe de compagnons bénévoles qui se charge des travaux.

Paco, encore ému à ce souvenir, en a bénéficié jadis : « Je vis dans ce quartier depuis toujours. Il y a dix ans, les Compañeros del Taller sont venus dans ma maison de taule et ma vie a changé. Mes murs sont ajourd’hui en dur et j’ai désormais de l’eau potable qui sort du robinet de ma cuisine. A 70 ans, j’ai l’impression d’être un homme pour la première fois de ma vie. »

Parties de base-ball et Comités de quartier

D’autres projets collectifs existent : aux abords du quartier, une huerta (jardin) communale fournit la population en fruits et légumes ; une radio, Piedrita 95.1 FM, informe de l’actualité locale, des parties de base-ball (le sport national) aux réunions du comité de quartier.

Exemple de pouvoir populaire organisé et en partie autogéré, La Piedrita impressionne àcoup sûr. Des aspects y sont discutables, comme cette confiance aveugle et acritique envers le défunt leader Hugo Chavez, qui a droit à une chapelle privée. D’autres sont surprenants comme cette fresque immense représentant le Christ armé d’une Kalachnikov. Une chose, cependant, est incontestable : à La Piedrita, la population a choisi de tracer son chemin. Un chemin marqué du sceau de la solidarité, de l’égalité et de la dignité.

Jérémie Berthuin (AL Gard)

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Re: Vénézuela

Messagede bipbip » 06 Jan 2016, 14:06

Venezuela : Le chavisme prend l’eau

Après les élections de décembre que reste-t-il du chavisme ? Le « socialisme du XXI e siècle » n’aura-t-il été finalement qu’un modèle caudilliste reposant sur un système de rente pétrolière plus ou moins redistributif ? Alors que le pays connaît une inflation et une pénurie sans précédent, le chercheur en science politique Fabrice Andreani et le journaliste Marc Saint-Upéry, livrent, pour CQFD, une analyse sans complaisance sur l’histoire « d’une farce à 500 milliards de dollars ».

... http://cqfd-journal.org/Venezuela-Le-ch ... rend-l-eau
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Re: Vénézuela

Messagede Pïérô » 02 Aoû 2016, 15:25

Venezuela. De nouvelles dispositions instaurent une forme de travail forcé

Le nouveau décret disposant que tout salarié au Venezuela peut être contraint à travailler dans les champs afin de lutter contre la crise alimentaire actuelle est illégal et instaure de fait une forme de travail forcé, a déclaré Amnesty International.

« Tenter de remédier aux pénuries alimentaires du Venezuela en forçant des gens à travailler dans les champs, c’est comme essayer de réparer une jambe cassée avec un pansement », a déclaré Erika Guevara Rosas, directrice du programme Amériques d’Amnesty International.

« Le nouveau décret passe complètement à côté de l’essentiel pour ce qui est de trouver des moyens de faire sortir le Venezuela de la profonde crise dans laquelle il est plongé depuis plusieurs années. Les autorités vénézuéliennes doivent s’attacher à demander et obtenir l’aide humanitaire dont ont besoin des millions de personnes dans le pays, et élaborer un programme réalisable de longue durée pour remédier à la crise. »

Ce décret, officiellement publié en début de semaine, dispose que les personnes travaillant dans les entreprises publiques et privées peuvent être amenées à rejoindre des organismes d’État spécialisés dans la production alimentaire. Elles devront travailler temporairement dans les nouvelles entreprises pendant 60 jours au minimum, puis, à l’issue de cette période, soit leur « contrat » sera renouvelé automatiquement pour 60 jours supplémentaires, soit elles seront autorisées à reprendre leur travail habituel.

http://www.amnesty.fr/Presse/Communique ... orce-18925
Image------------ Demain Le Grand Soir --------- --------- C’est dans la rue qu'çà s'passe --------
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Re: Vénézuela

Messagede bipbip » 22 Avr 2017, 14:12

Au Venezuela, les manifestations et les affrontements avec la police se poursuivent

Neuf personnes ont été tuées depuis le début des mouvements de protestation.

La colère gronde toujours au Venezuela. Le pays a connu jeudi 20 avril une nouvelle journée de protestations contre le président Nicolas Maduro marquées par des affrontements, et l'opposition annonce d'autres manifestations dans les prochains jours.

Plusieurs milliers de personnes ont de nouveau manifesté jeudi dans la capitale Caracas pour réclamer le départ du président socialiste Nicolas Maduro, très impopulaire dans ce pays pétrolier plongé dans une grave crise politique et économique. Onze personne ont été tuées dans la nuit de jeudi à ce vendredi 20 avril. Certaines électrocutées et d'autres tuées par balle "lors des faits de violence survenus" dans le quartier de El Valle.

En trois semaines, les violences lors des mobilisations de l'opposition ont donc fait vingt morts. Des incidents ont également eu lieu dans d'autres villes, Maracaibo, Valencia et San Cristobal, respectivement dans le nord-ouest, le nord et l'ouest du Venezuela.

... http://www.huffingtonpost.fr/2017/04/21 ... _22048854/
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Re: Vénézuela

Messagede bipbip » 23 Avr 2017, 12:29

La classe ouvrière vénézuélienne entre le marteau et l’enclume

Mercredi dernier, le pouvoir chaviste et l’opposition puchiste de droite ont encore une fois mesuré leurs forces à Caracas et dans d’autres villes du pays, chacun s’accusant de tentative de coup d’Etat, alors que le pays traverse une crise politique profonde.

Malgré le recul du président Maduro qui avait fait lever l’immunité parlementaire à l’encontre de l’opposition et s’était octroyé les pouvoirs du Parlement, concentrant ainsi tous les pouvoirs grâce au tribunal de justice aux mains du Chavisme ; l’opposition n’a pas renoncé à organiser de nouvelles manifestations pour pousser Maduro vers la sortie en réclamant l’organisation d’élections générales.

L’opposition de droite appelait ainsi mercredi dernier à la « mère de toutes les manifestations », qui bien qu’elle fût massive, n’a pas réussi à dépasser en nombre celle du 1er septembre de l’année dernière organisée pour exiger un référendum révocatoire contre le gouvernement. De son côté, le pouvoir chaviste n’est pas resté en retrait en appelant à une « marche pour la paix », elle aussi massive mais loin du niveau des fameuses « marées rouges » menées par Maduro.

Cette fois-ci trois personnes ont été tuées, dont deux jeunes par des tirs provenant de groupes armés par le gouvernement selon l’opposition ; ce qui monte à huit le nombre de morts durant la vague de manifestations anti-Maduro. A Caracas, la famille de l’une des victimes affirme qu’elle ne participait pas aux manifestations, tandis que dans l’Etat de Táchira la version de la famille d’une autre victime, qui affirme sa participation aux manifestations est remise en cause par l’agence d’information EFE. La troisième victime est un militaire de la Garde Nationale, qui selon le médiateur Tarek William Saab a été ciblé par un tireur d’élite au milieu d’une manifestation à San Antonio de los Altos (Miranda).

Le gouvernement se montre insensible à la mort des deux jeunes et se défend face aux accusations de l’opposition en affirmant que ces derniers ne seraient pas des victimes de la répression menée par des organes d’Etat mais de groupes illégaux liés au Chavisme.

Face à cette situation, nous défendons catégoriquement le droit de manifester et condamnons la violente répression que poursuit le gouvernement de Maduro, ainsi que les assassinats dans les manifestations qui sont directement le fait de la force répressive ou de groupes chavistes organisés. Ce sont ces mêmes protagonistes qui avaient réprimé encore plus durement les travailleurs et le peuple venu protester pour ses propres revendications, cette fois-ci avec l’aval de l’opposition. Nous ne doutons d’ailleurs pas que cette opposition fera usage de la même escalade répressive si elle était amenée à gouverner, avec plus de force même quand il s’agira de manifestations de travailleurs et des secteurs populaires. Elle l’a démontré lors du coup d’Etat de 2002, quand durant les quelques heures où elle a gouverné, elle s’est empressée de dissoudre l’Assemblée Nationale et a exercé la répression et la persécution politique.

... http://www.revolutionpermanente.fr/La-c ... -l-enclume
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Re: Vénézuela

Messagede bipbip » 29 Avr 2017, 18:13

Venezuela. Chaos économique, violences et recherches d’alternatives

La polarisation entre soutiens et détracteurs du gouvernement Maduro s’accentue au Venezuela avec des conséquences tragiques sur fond de crise économique profonde et de retournement de conjoncture politique dans toute l’Amérique du Sud.

Depuis plusieurs semaines, le Venezuela semble plongé dans le chaos où les manifestations de l’opposition et contre-manifestations du gouvernement Maduro, suivie d’affrontements violents, sont à l’origine de la mort de plus de vingt personnes. La MUD (Table de l’Unité Démocratique), coalition hétéroclite, revendique la tenue d’élections générales immédiates pour mettre fin au gouvernement de Nicolás Maduro. La situation s’est envenimée lorsque, le 30 mars dernier, le Tribunal Suprême de Justice (acquis à l’exécutif) a choisi de déposséder l’Assemblée Nationale (aux mains de l’opposition) de ses prérogatives, en se basant sur la présence de 3 parlementaires élus de manière frauduleuse en son sein. Face au scandale qu’une telle mesure a soulevé, les autorités vénézuéliennes ont finalement fait marche arrière, tout en condamnant le candidat de l’opposition aux deux dernières élections présidentielles, Henrique Capriles, à quinze ans d’inéligibilité…

Cette dérive autoritaire du gouvernement ne touche pas seulement les élites politiques opposantes. Les élections régionales et syndicales sont aussi reportées sine die… Des « Organisations de Libération du Peuple » (OLP), chargées de rétablir la sécurité dans les quartiers populaires, sont accusées de plusieurs dizaines d’assassinats par les organismes de défense des droits de l’homme. Et des formations politiques jusque-là proches du « chavisme critique » et indépendantes du PSUV (parti de Maduro) comme Marea Socialista ou le Parti Communiste Vénézuélien, doivent désormais se plier à des conditions draconiennes pour tenter de conserver une existence légale.

... http://www.anti-k.org/2017/04/27/venezu ... ernatives/
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Re: Vénézuela

Messagede bipbip » 30 Avr 2017, 16:56

Venezuela. Faim et «progressisme»

Beaucoup de gens de gauche considèrent le régime chaviste comme hautement progressiste. Par exemple, encore récemment, Michele Kiintz et Frank Gaudichaud prétendent que le chavisme compte parmi les gouvernements latino-américains dont «le bilan sur le plan des avancées sociales et de reconstruction d’un Etat social… est clairement positif en comparaison avec la période néolibérale antérieure.» (America Latina entre el reflujo de los progresismos y experiencias alternativas, 5 avril 2017. (http://contrahegemoniaweb.com.ar/americ ... ernativas/) Des affirmations similaires, on en rencontre sur beaucoup de pages internet de cette sorte de national populiste.

Par opposition à une telle posture, j’affirme que la faim et le désespoir généralisés dans lesquels le peuple vénézuélien se trouve plongé aujourd’hui n’ont non seulement aucun contenu socialiste du tout, mais même aucun contenu «capitaliste progressiste». Pour argumenter ma position, je commencerai par quelques données et témoignages, publications et chiffres.

... http://alencontre.org/ameriques/amelat/ ... sisme.html
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