Turquie

Re: Turquie

Messagede bipbip » 14 Mar 2014, 12:25

Turquie : la mort d'un adolescent ravive la mobilisation contre Erdogan

La mort d'un adolescent de 15 ans, dans le coma depuis qu'il avait été blessé par la police lors de la fronde antigouvernementale de juin 2013, a ravivé la contestation mardi 11 mars en Turquie.

... http://www.lemonde.fr/europe/article/20 ... _3214.html
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Re: Turquie

Messagede bipbip » 29 Mar 2014, 14:00

8 questions sur la Turquie
Une courte interview avec un militant d’Istanbul qui fut actif dans le mouvement de protestation d’il y a près d’un an contre le Premier ministre Erdogan et son gouvernement de l’AKP.
http://dndf.org/?p=13436&utm_source=rss ... la-turquie
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[vidéo] le capitalisme tue 200 ouvriers

Messagede altersocial » 14 Mai 2014, 12:15

Là bas comme ici, comme partout ailleurs, le capitalisme tue :

:arrow: Plus de 200 morts dans une mine de charbon en Turquie
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Re: [vidéo] le capitalisme tue 200 ouvriers

Messagede altersocial » 15 Mai 2014, 22:43

altersocial a écrit:Là bas comme ici, comme partout ailleurs, le capitalisme tue :

:arrow: Plus de 200 morts dans une mine de charbon en Turquie


Explosion d'une mine en Turquie : une manifestation dégénère à Istanbul

Une manifestation à Istanbul contre le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan a dégénéré mercredi, au lendemain de l'explosion dans une mine de charbon qui a fait 274 morts, selon un bilan encore provisoire.

Image

L'émotion reste très vive en Turquie. Alors que les recherches se poursuivent pour tenter de retrouver d'éventuels survivants de l’explosion qui a fait 274 morts dans la mine de charbon de Soma, selon un bilan revu à la hausse mercredi, de violentes manifestations ont éclaté dans la soirée à Istanbul. Une centaine de mineurs sur les 787 qui se trouvaient sous terre au moment de l'explosion, sont, pour l'instant, toujours portés disparus.

Les protestataires, qui appartiennent principalement à des syndicats de gauche, se sont heurtés aux forces de l'ordre dans le centre de la ville. Ces dernières ont usé de gaz lacrymogènes et de balles en caoutchouc pour repousser les manifestants qui scandaient des slogans antigouvernementaux. D'autres mobilisations ont également eu lieu à Ankara, la capitale, et dans d'autres villes turques un peu moins d'un an après la fronde populaire qui avait embrasé une partie du pays.

La mine de Soma contrôlée en mars

Les médias turcs ont rapporté mercredi que le parlement avait récemment refusé aux trois partis d’opposition de mettre sur pied une commission pour établir l'état des lieux de la sécurité dans les mines en Turquie.

Le chef du gouvernement, Recep Tayyip Erdogan, venu sur les lieux du drame mercredi a balayé les critiques qui lui étaient adressées, en donnant notamment d'autres exemples d'accidents similaires qui se sont récemment produits à travers le monde. Dans un communiqué, le ministère du Travail a, pour sa part, indiqué que la mine de Soma avait été contrôlée en mars et qu'aucune atteinte aux réglementations en vigueur n'avait été relevée.


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Re: Turquie

Messagede Nico37 » 19 Mai 2014, 23:54

La catastrophe de la mine de Soma en Turquie : « Les ouvriers meurent, le capital profite » Sinif Mücadelesi (UCI)

L’abaissement du prix de revient de la tonne de charbon de 130/140 dollars pour l’État à 23,8 dollars, avec les « méthodes de travail du secteur privé » tant vantées par Soma Holding et son patron Alp Gürkan, vient de causer la mort de plus de 280 ouvriers, et ce nombre va encore augmenter.
Comme tous les patrons, il ment. Même alors que l’on mène les corps des mineurs au cimetière, il continue de mentir. Il a menti en parlant de l’explosion d’un transformateur, menti en disant qu’il n’y avait dans la mine que 200 à 300 travailleurs, il ment en déclarant que toutes les mesures de sécurité avaient été prises. Avec lui, des prétendus spécialistes jusqu’aux politiques, tous ceux qui soutiennent ce système de profits mentent et continuent de mentir.
C’est aussi un mensonge de dire que la mine appartient au secteur privé. Avant tout, sous le nom de redevance se cache un système de sous-traitance. Cela aussi est une invention des patrons. Ceux-ci, pour augmenter la production en s’asseyant sur les droits ouvriers, les font travailler sous un grand nombre de statuts différents. Après quoi, avec l’appui des responsables politiques, ils adaptent les lois à la situation. Les patrons conseillent les politiques, les gouvernements, les représentants de l’État, font pression pour les plier à leurs demandes. Et ils trouvent encore de nombreuses complicités.
Voilà pourquoi le Premier ministre fait son possible pour brouiller les cartes, prenant l’exemple des accidents du siècle dernier pour jeter un voile sur les responsabilités des patrons et pour les protéger.
Voilà dans quel système les profits produits par les ouvriers au prix de leur vie permettent à Alp Gürkan de faire construire sous le nom de Spiner un gratte-ciel à Maslak, un des quartiers de luxe d’Istanbul.
Le système du profit capitaliste broie la classe ouvrière. Nous ressentons profondément l’émotion des travailleurs de la mine de Soma, et nous la partageons.
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Re: Turquie

Messagede bipbip » 24 Mai 2014, 10:37

Deux morts et plusieurs blessés lors de violents affrontements à Istanbul
http://dndf.org/?p=13582
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Re: Turquie

Messagede bipbip » 01 Juin 2014, 23:37

Turquie : la police disperse violemment les manifestants

La police turque est intervenue samedi 31 mai à Istanbul et à Ankara avec du gaz lacrymogène et des canons à eau contre des milliers de manifestants qui s’étaient réunis pour célébrer le premier anniversaire des rassemblements anti-gouvernementaux de juin 2013 qui avaient fait au moins huit morts et plus de huit mille blessés en Turquie.

... http://www.lemonde.fr/europe/article/20 ... _3214.html


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Re: Turquie

Messagede bipbip » 01 Sep 2014, 23:32

De Tekel au parc Gezi : La Turquie réécrit l’histoire

Depuis deux ans, la Turquie fait parler d’elle pour de nombreux événements : processus de paix entre les Kurdes et l’État turc, conflits internes au gouvernement, corruption qui atteint le Premier ministre Erdogan et son entourage, grèves et résistances ouvrières qui se multiplient, massacre des mineurs de Soma et surtout révolte de Gezi, il y a juste un an. Même s’il s’inscrit dans le contexte international consécutif à la crise de 2008, le changement qui se produit en Turquie ne se réduit pas à une variante locale du Printemps arabe ou des Occupy occidentaux.

En 2010, s’opposant à la privatisation de leur entreprise de tabac et alcool par le gouvernement AKP (Parti de la justice et du développement) au pouvoir depuis 2002, deux mille salarié-e-s de Tekel venant de toute la Turquie, avec leurs familles, se sont réuni-e-s dans la capitale Ankara, afin de construire une résistance contre les politiques du gouvernement.

Matrice de Gezi

Pendant 78 jours, les ouvriers de Tekel avaient résisté à des ­mesures répressives et autori­taires et rassemblé toutes les couches de la société turque au delà des différences ethniques et religieuses, qui ont toujours structuré la politique du pays. J’avais alors évoqué l’hypothèse d’un retour du mouvement ouvrier en ­Turquie oublié depuis le coup d’état de 1980 ou tout du moins la reconstruction de la conscience de classe au sens social du terme [1] . En tout état de cause, la ­lutte des ouvriers de Tekel ainsi que d’autres luttes telles que Taris, (dans le secteur de l’huile ­d’olive) ou Maymara (dans le secteur du textile) ayant eut lieu ces mêmes années, ont montré les failles sociales qui existent au sein des communautés religieuses, ethniques et sociales qui nous semblaient jusqu’à présent comme des groupements homogènes. La révolte de Gezi a vraisemblablement été dans la continuité de cette résistance.

D’une part les luttes intérieures et le climat créé par les ouvrières de Tekel, et d’autre part les politiques néolibérales et dérives dictatoriales du gouvernement ont donné naissance à un mouvement historique que la Turquie n’a pas vu depuis 1968. Il y a tout juste un an, quelques dizaines de personnes, de divers courants écologiques, ainsi que les habitants et habitantes du quartier de Taksim se sont réunis dans le parc Gezi afin d’empêcher le projet de piétonnisation de la ­place de Taksim prévoyant la construction d’un centre commercial et d’une caserne militaire ottomane qui avait été démolie au début du XXe siècle. Malgré la répression, des milliers de personnes ont occupé un centre névralgique d’Istanbul pendant quelques semaines. Plus de trois millions de personnes ont manifesté à travers tout le pays rassemblant comme en 2010 toutes les couches de la société, transformant un mouvement écologique en mouvement social et politique contre le gouvernement AKP et la violence policière. Après environ un mois d’affrontements directs causant la mort de six jeunes, plusieurs milliers de blessé-e-s et nombreuses arrestations de manifestants et manifestantes (qui pour la plupart n’avaient jamais manifesté), le mouvement s’est perpétué sous d’autres formes, notamment les forums de quartier et de parc. Alors que le mouvement semblait s’essouffler, il rassembla de nouveau des milliers de personnes aux funérailles d’Elvin Berkin, un jeune de 14 ans agressé par la police alors qu’il allait acheter du pain et resté 269 jours dans le coma avant de mourir.

L’âme de Gezi

L’une des particularités de la révolte de Gezi est de réussir à fédérer toute une diversité socio-politique (les différentes fractions de classe, formations politiques, les syndicats, groupes féministes, LGBTI, les Kurdes, les Alévis, etc.), ce qui n’était pas le cas dans le mouvement ouvrier et révolutionnaire d’avant le coup d’État de 1980. L’âme de Gezi peut être définie comme une « unité dans la diversité », qui fonctionne horizontalement en se basant sur la participation de tous et toutes et la reconnaissance de chaque « identité ». Cependant, cette unité dans la diversité n’a pas su créer une alternative politique en face du gouvernement d’AKP qui se base sur l’Islam politique, le nationalisme turc et les politiques néolibérales. En effet, l’AKP a remporté largement les élections municipales de mai 2014.

Les erreurs du mouvement de Gezi

Une des erreurs stratégiques du mouvement de Gezi a été de se mobiliser uniquement contre le gouvernement et de compter sur les partis politiques traditionnels pour effectuer un changement sociopolitique. Au lieu de continuer à créer des contre-pouvoirs dans la vie quotidienne et créer un front social avec toutes les forces syndicales, féministes, socialistes, écologistes et les minorités ethniques (Arméniens, Kurdes...), les fractions des classes moyennes, très en vue dans le mouvement, se sont contentées d’attendre les élections municipales en 2014 pour faire face au gouvernement. Par ailleurs, le HDP (Parti démocratique des peuples, alliance regroupant plusieurs partis de gauche ainsi que les syndicats), n’a pas su être le relais de l’âme de Gezi, à l’exception du BDP (parti de la démocratie et de la paix, un parti kurde) qui a gagné plus d’une centaine de mairies au Kurdistan de Turquie.

Malgré des grèves qui se sont multipliées visiblement depuis la résistance des ouvriers de Tekel et la révolte de Gezi, la Turquie manque d’un front social qui regroupe toutes les forces du pays face au système capitaliste, laissant un vide dans la lutte sociale, ce qui incite les gens à choisir les autres partis politiques qui défendent aussi les intérêts du patronat. C’est ce vide qui est également à l’origine du ­massacre de 301 mineurs de Soma juste après les élections municipales de mai 2014. Alors que cette catastrophe, une des pires de Turquie, fut décrite comme une fatalité par le Premier ministre Erdogan, les syndicats appelèrent à la grève le 15 mai. Les manifestations s’attaquent au gouvernement d’Erdogan, qui a négligé la sécurité dans le secteur minier. Elles considèrent la catastrophe comme un massacre perpétré par le patronat sous les yeux du gouvernement. Plusieurs milliers de manifestants et manifestantes sont descendus dans la rue dans nombreuses villes de Turquie en se heurtant à la police antiémeute.

Il serait donc erroné d’analyser le mouvement de Gezi comme un événement isolé, uniquement antigouvernemental. Un mouvement est en marche.

Cem Akbalik (militant socialiste libertaire kurde)

Dans un prochain article, Cem Akbalik reviendra sur les origines de l’AKP et les raisons de ses succès électoraux, malgré la contestation.

1] Voir Cem Akbalik, La lutte des ouvriers de TEKEL : vers une «  classe pour soi  » sur breche.ch/Ecran/TurquieTekel_03_10.html

http://www.alternativelibertaire.org/?D ... La-Turquie
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Re: Turquie

Messagede Pïérô » 17 Sep 2014, 07:30

(Beşiktaş - çArşı) Le gouvernement turc demande l'emprisonnement à vie pour les supporters du Besiktas

TURQUIE - Une trentaine de supporters du Besiktas, membre du groupe d'extrême gauche cArsi, risque l'emprisonnement à vie. Accusés d'avoir voulu renverser le gouvernement suite à leur participation aux manifestations de Gezi, ils sont menacés d'être emprisonné à vie par le gouvernement réactionnaire turc.

... http://internationalistes.blogspot.fr/2 ... -turc.html


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Re: Turquie

Messagede SchwàrzLucks » 17 Sep 2014, 08:57

çArşı, groupe d'extrême-gauche ? :shock: Groupe de supporters du Besiktas plutôt progressiste ok, mais alors d'extrême-gauche, j'en doute !
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Re: Turquie

Messagede Nico37 » 17 Sep 2014, 18:37

Il y a probablement de tout chez ces ultras, la banderolle peut sembler confuse mais les rattache à l'EG.
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Re: Turquie

Messagede Pïérô » 18 Sep 2014, 08:58

Alors, vu les photos avec des A cerclés, j'ai pensé label AOC, mais je ne suis absolument pas de la partie concernant les groupes de supporters. Je plaide non coupable s'il y a là une confusion car il n'y avait pas volonté d'en entretenir. :)
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Re: Turquie

Messagede bipbip » 23 Sep 2014, 09:18

Turquie : AKP, colosse aux pieds d’argile ?

Recep Tayyip Erdogan vient de remporter l’élection présidentielle dès le premier tour avec une majorité absolue de suffrages de 51,8%, devenant le douzième président de la République turque (mais le premier élu au suffrage universel). Pourtant, le pouvoir du Parti de la justice et du développement (AKP) a été ébranlé par la contestation de la place Taksim, il y a juste un an, et par plusieurs autres mobilisations [3]. Le pouvoir AKP ressemble de plus en plus à un colosse au pied d’argile.

Les adversaires d’Erdogan ont fait pâle figure lors de ces élections présidentielles : le principal candidat d’opposition Ekmelletin Ihsanoglu, un historien connu de 70 ans, qui était également à la tête de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) soutenu par le Parti républicain du peuple (CHP), divers droites, et le Parti action nationaliste (MHP, extrême droite) ne recueille que 38,4% des votes. Le candidat du Parti démocratique des peuples (HDP), Sellahattin Demirtas (soutenu par les Kurdes et diverses organisations de gauche, socialistes, féministes et LGBTI...) a obtenu 9,8% de voix. D’autres courant politiques comme les anarchistes, le parti communiste et quelques organisations d’extrême gauche ont boycotté les élections présidentielles, suivis par plus de dix millions d’électeurs et d’électrices. Le triomphe était attendu pour l’AKP qui a été conçu pour mener la contre-réforme néo-libérale en Turquie.

La laborieuse naissance de l’AKP

Les fondateurs de l’AKP ont débuté au sein du Parti du salut national (Milli Selamet Partisi) fondé par Necmettin Erbakan, qui voulait créer un marché commun islamique, une monnaie islamique (le Dinar) et qui a initié un G8 islamique, Developing-8, rassemblant la Turquie, l’Iran, le Pakistan, l’Indonésie, la Malaisie, le Bangladesh et le Niger. En 1980, le Parti du Salut National est dissout, comme les autres partis politiques par la junte militaire. A la fin de la dictature militaire en 1983, Erbakan fonde le Parti de la prospérité (Refah Partisi), qui arrive au pouvoir en 1996 dans le cadre d’une coalition. Mais le 16 janvier 1998, l’armée oblige Erbakan à démissionner et son parti est dissout pour « activités contraires au principe de laïcité ». Les anciens cadre du parti et les modernistes voulant poursuivre la politique libérale de l’ancien président Turgut Ozal donnent naissance au Parti de la vertu (Fazilet Partisi), aussitôt dissout par la Cour Constitutionnelle.

La quatrième tentative sera la bonne. Cette fois, en se démarquant de la figure d’Erbakan, et en s’alliant avec d’autres partis de droite (Parti de la Mère Patrie, Parti Démocrate Turc...), les « rénovateurs » fondent en 2001 le Parti de la justice et du développement (AKP), qui est au pouvoir depuis 2002. Grâce à une union qui va des libéraux à une partie de l’extrême droite, en passant par des communautés religieuses, l’AKP se constitue au fil du temps comme un bloc hégémonique, en conflit avec les deux autres blocs : les Kurdes et les Kémalistes [1].

La responsabilité des militaires

Parmi les nombreux facteurs de succès de l’AKP depuis plus d’une décennie, il y a tout d’abord la politique de l’armée suite à son coup d’État en 1980. Bien que se revendiquant du kémalisme et se portant garante de la laïcité, elle a ciblé en particulier les organisations d’extrême gauche et le mouvement ouvrier qui étaient alors menaçant. Afin de restructurer l’économie turque au profit des institutions financières et des multinationales, suivant le courant dominant l’économie mondiale, il fallait éradiquer ou contrôler le mouvement ouvrier et les organisations révolutionnaires. Ainsi, « sur le plan économique, on assiste à une révolution conservatrice néolibérale : les interventions de la puissance publique sont réduites au profit d’une croissance des exportations qui a favorisé l’émergence d’une nouvelle classe sociale, la bourgeoisie anatolienne conservatrice. Il s’agit d’un des principaux soutiens électoraux de l’AKP » [2].

Mais les quelques centaines de milliers d’arrestations, les centaines de condamnations à mort, les milliers de fonctionnaires licenciés, et l’interdiction des partis ne suffisaient pas. Il fallait former une jeunesse nouvelle, croyante, nationaliste et fidèles aux principes de Mustafa Kemal Atatürk. Se basant sur une synthèse turco-islamique, la junte a créé un Conseil de l’enseignement supérieur (YÖK) qui encadre et surveille le champ universitaire afin d’imposer cette nouvelle idéologie et d’effacer les traces du mouvement révolutionnaire. C’est cette jeunesse des années 1980 qui constitue aujourd’hui la base électorale de l’AKP.

Mais le parti d’Erdogan ne met pas en avant l’idéologie, préférant parler de sa bonne gestion dans ses mairies. C’est pourquoi, malgré la corruption qui atteint le gouvernement, beaucoup de Turcs arrivent à répondre : « ils volent, certes mais au moins ils travaillent ». D’autre part, l’AKP a bénéficié du soutien d’une partie des Kurdes et des Alevis à son arrivée au pouvoir grâce à des promesses : ouverture démocratique, résolution de la question Kurde, libertés pour les minorités non-musulmanes, les Alevis, etc. Le but d’Erdogan était aussi de répondre aux critères de Copenhague pour rentrer dans la communauté européenne. Mais les dérives autoritaires, les propos discriminatoires et ses promesses non-tenues ont largement émoussé ces soutiens.

Le début de la fin...

Malgré le dernier succès électoral qui ouvre à Erdogan les portes d’un régime présidentiel qui garantirait son pouvoir absolu, on peut penser que les belles années de l’AKP sont passées. Sur le plan économique, un taux de chômages qui ne cesse d’augmenter, le déficit budgétaire, l’endettement pas seulement de l’État mais de toute la société, l’inflation, la corruption, etc. mettent en difficulté et discréditent le pouvoir d’Erdogan. Même si l’absence d’oppositions sérieuse oriente encore beaucoup d’électeurs et d’électrices vers l’AKP, le taux d’abstention (plus de dix million de personnes, la moitié du score d’Erdogan), les 10 % du Parti Démocratique des Peuples et les nombreuses grèves et mobilisations, nous montrent qu’une opposition de gauche est en train de se constituer. Un front social se basant sur la lutte de classe mais n’excluant pas d’autres luttes (féministe, écologistes, minorités nationales et confessionnels...) pourrait donner un coup mortel au pouvoir d’AKP et faire émerger un contre pouvoir face au capitalisme néolibéral.

Cem Akbalik (militant socialiste libertaire kurde)


[1] Mustafa Kemal, dit « Atatürk », est considéré comme le « père » de la République turque en 1923, reconstructeur de l’État face au démembrement de l’Empire ottoman.

[2] Voir Lucie Drechselová et Joseph Richard,« En Turquie, le spectre du coup d’Etat de septembre 1980 » http://www.monde-diplomatique.fr/carnet ... 12-Turquie

[3] Voir « La Turquie réécrit l’histoire » http://www.alternativelibertaire.org/?D ... La-Turquie dans Alternative libertaire n°241, de l’été 2014.

http://alternativelibertaire.org/?Turqu ... ux-pieds-d
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Re: Turquie

Messagede bipbip » 25 Oct 2014, 11:17

Projection de Gazi to Gezi - lutte du Gezi Park - Turquie

samedi 25 octobre 2014
à 18h30, CNT - 33, rue des Vignoles, 75020 Paris

Gazi to Gezi - a stone’s throw away explore la poésie d’une révolte nationale à Istanbul, plus grande ville d’Europe. Un mélange explosif d’habitants qui se réunissent et luttent contre la police et montent des barricades eux-mêmes dans l’un des rares espaces verts restant de la mégalopole, le « Gezi Park ». Tous présents, des étudiants libéraux aux groupes révolutionnaires clandestins et interdits en Turquie et vivant dans les bidonvilles d’Istanbul. A travers la mémoire d’une pierre, d’un jet de pierre, le film lie passé et présent de la révolte dans une atmosphère de cinéma où fiction et réalité se troublent. On y est projeté au cœur d’un « autre » monde, celui de la révolte brute contre l’oppression.
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Re: Turquie

Messagede bipbip » 02 Fév 2015, 03:34

Le gouvernement AKP déclare illégale la grève de 15,000 travailleurs de la métallurgie
Jeudi 29 janvier 15 000 travailleurs du secteur de la métallurgie répartis sur 22 usines dans 10 villes se sont mis en grève en raison de leurs conditions de travail jugées indécentes. Le lendemain, le Conseil de Ministres interdit la grève !
... http://kedistan.fr/2015/01/31/15000-ouv ... 14-villes/
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