Turquie

Re: Turquie

Messagede Ulfo25 » 14 Juin 2013, 14:03

http://www.monde-libertaire.fr/internat ... en-revolte

Article sur les manifestations en Turquie sur Le Monde Libertaire, intitulé "Bons baisers d’une Turquie en révolte" et écrit par le Secrétariat aux relations internationales.

Gezi Park et Taksim : épicentre politique
Le centre d’Istanbul subit une dynamique de gentrification accélérée, en particulier dans les quartiers anciens de la ville où habitaient les pauvres, les immigrés, les Kurdes et les Roms. La rénovation urbaine vise à nettoyer ces quartiers des populations susceptibles de faire fuir les touristes. Un nouveau centre-ville attirerait les investissements étrangers pour le transformer en centre financier et culturel. Les amis entrepreneurs de l’AKP, parti au pouvoir depuis onze ans, sont favorisés dans ces opérations de modernisation. Par exemple, le gendre de Erdogan s’est vu confié la rénovation du quartier central de Tarlabasi.
Gezi Park (« parc de la promenade » en turc) reste le seul îlot vert de la mégalopole, au sein du quartier de Taksim. Il doit être rasé afin de laisser place à la réplique d’anciennes casernes militaires de l’empire ottoman pour accueillir un centre culturel, un centre commercial et un musée de la ville. Une nouvelle mosquée devrait également y voir le jour. Quelques arbres ont été abattus illégalement fin mai. Défendre le Gezi Park est alors devenu un enjeu symbolique fort. Des contestataires pacifiques et écologistes dormaient dans des tentes sous les arbres. Un mouvement de soutien et de contestation s’est mis en place et s’est intensifié via les réseaux sociaux pour en promouvoir la conservation. D’autres projets mégalos sont prévus, comme la construction du plus important aéroport d’Europe (sorte de super-Notre-Dame-des-Landes), le chantier d’un troisième pont, passant au-dessus du Bosphore, relié à une nouvelle autoroute périphérique (85 000 hectares de forêts protégées menacés), d’autres centres commerciaux et la « plus grande » mosquée du monde sur la colline de Camlica surplombant la ville.

« Lorsque le pouvoir met en danger la vie, la vie devient résistance. »
La place Taksim incarne le rendez-vous emblématique des manifestations de la société civile et un haut lieu de mémoire. Le 1er mai 1977, une trentaine de manifestants y ont été tués sans que les circonstances ne soient encore élucidées. Depuis 2010, le défilé de la fête des travailleurs a été à nouveau autorisé. Cette année, il a été interdit en raison des travaux en cours. Des fortes tensions étaient déjà perceptibles, mais rien n’annonçait alors le soulèvement de masse du 31 mai 2013.

D’Istanbul à l’ensemble du pays : répression et propagation des révoltes
Au pouvoir depuis 2002, le gouvernement d’AKP, issu du mouvement islamiste de Mili Gorus (Vision nationale), a su marier les politiques néolibérales avec un conservatisme basé sur la religion et le nationalisme. Il s’est révélé rapidement être un gouvernement autoritaire et dictatorial. Il y a, actuellement, 10 000 prisonniers kurdes, parmi lesquels de nombreux élus, une trentaine de maires, des députés, des journalistes, des avocats… S’y ajoutent des syndicalistes, des étudiants et les opposants au pouvoir… Dernièrement, le gouvernement a interdit la consommation d’alcool dans la rue après une certaine heure, créant ainsi un énorme débat dans la société turque.
Le 31 mai, la police turque a lancé une attaque violente contre les manifestants paisibles de Gezi Park : gaz lacrymogènes en tirs tendus, canons à eau, incendie des tentes, balles de plastique… Dès lors, une mobilisation spontanée s’est créée dans le quartier et les conflits se sont étendus dans d’autres quartiers de la ville. Ainsi, plus de 50 000 personnes étaient dans les rues et la police turque a redoublé de violence et a sévèrement réprimé ces contestations. L’accumulation de colère contre les privations des libertés de la presse, d’expression, syndicales, politiques, sexuelles et des droits de minorités ethniques et religieuses a pris la forme de révoltes qui se sont généralisées à l’échelle du pays. La terreur d’État et les violences policières sont la règle.
La riposte ne s’est pas fait attendre. Depuis le 1er juin, la protestation se propage dans toute la Turquie sans faiblir. Les gens sont descendus dans les rues d’Ankara, Izmir, Eskisehir, Sakarya, Isparta et de nombreuses autres villes. Dans Istanbul, les postes de police ont été attaqués. Les anarchistes ont affronté les groupes fascistes. Des milliers de personnes ont traversé à pied et de nuit le pont du Bosphore, pendant que la police essayait d’empêcher les émeutes de la rive asiatique ne rejoignent celles de la rive européenne. Des centaines de milliers de manifestants se sont battus, déplaçant les barricades pour virer la police, réoccuper Taksim et Gezi Park, et résister. Le gouvernement a bloqué les entrées de la place Taksim et la violence de la police a atteint des sommets. Il y a eu plus de 230 manifestations dans presque 70 villes en une semaine. Le 6 juin, le bilan est très lourd : deux manifestants tués et un policier décédé (mort suite aux blessures dues à une chute d’un pont en poursuivant des manifestants), 4 355 personnes blessées en une semaine, dont 47 très grièvement, a déclaré jeudi le Syndicat des médecins turcs. Après plus de quatre jours de révolte à Istanbul, on comptait déjà plus de 1 700 arrestations dans le pays. La majeure partie a été libérée.
Les femmes résistent aux côtés des autres opprimés. Elles ont de nombreux griefs contre le Premier ministre, Tayyip Erdogan, et ses sbires : la promotion du lynchage des femmes par les hommes, la tolérance de l’assassinat de femmes par des hommes (loi sur les « provocations injustifiées »), l’absence de lieux d’accueil pour permettre aux femmes d’échapper à la violence domestique des hommes, la stigmatisation des femmes violées et harcelées (jugées immorales et non chastes), la pression sur les femmes violées pour qu’elles accouchent des enfants issus de ces viols, l’assimilation de l’avortement au meurtre, l’absence de crèches mais l’obligation de donner naissance à au moins trois enfants, la condamnation à la pauvreté, au travail précaire, aux emplois incertains et à vivre dans des conditions proches de l’esclavage, la définition du travail domestique comme devoir des femmes, l’acharnement sur les femmes et les familles qui vivent de manière indépendante des hommes. Le collectif des féministes turques appelle toutes les femmes à descendre dans la rue et à se rebeller pour leur libération afin de ne plus subir l’oppression et l’exploitation des hommes.
La solidarité se met en œuvre dans les rues : les petits magasins, les maisons et universités, toutes les pharmacies ont ouvert leurs portes aux manifestants. La Chambre des architectes et les bureaux d’ingénieurs turcs sont transformés en hôpitaux avec des médecins et des infirmiers bénévoles. La Confédération des syndicats du secteur public (Kesk), qui a appelé mardi 4 juin à un arrêt de travail de deux jours par solidarité avec les manifestants, devait être rejointe mercredi 5 juin par la Confédération syndicale des ouvriers révolutionnaires (Disk), qui revendique 420 000 membres. Des rassemblements de solidarité ont eu lieu partout dans le monde, à travers l’Allemagne, aux Pays-Bas, au Royaume-Uni, en Espagne, en France, en Grèce, à Chypre, à New York, à Buenos Aires… Les Anonymous ont piraté les sites du parti au pouvoir, de la police d’Istanbul, de la municipalité d’Ankara et de nombreux autres organismes gouvernementaux.

Facteurs spécifiques à cette lutte : lignes de faille
Les médias turcs, qui sont directement contrôlés ou ont des liaisons politiques et économiques avec le gouvernement, refusent de traiter des incidents, et les agences de presse turques ont bloqué la diffusion de l’information sur les événements concernant le parc de Gezi. Le jeu cynique de la manipulation médiatique s’oppère également sur le nombre de blessés en minorant celui des manifestants et en majorant celui des policiers. C’est à juste titre que les manifestants scandent : « On ne veut pas d’une presse soumise ! »
Ce 4 juin, lors d’une conférence de presse, Bülent Arinç, vice-Premier ministre et porte-parole du gouvernement, a présenté ses excuses aux manifestants blessés. Il ne suffira pas d’un appel au calme ou de maigres excuses pour que les révoltes prennent fin. Le gouvernement doit garantir a minima « le respect des libertés collectives et individuelles, et en particulier les libertés d’opinion et d’expression. La liberté de réunion et de manifestation doit être assurée ». Les partis d’opposition (en particulier les kémalistes) font leur possible pour récupérer ce qu’ils peuvent de la dynamique actuelle. Ils surfent sur la vague de politisation dans l’espoir de reprendre un jour le pouvoir à leur compte. Par ailleurs, le gouvernement et les médias jouent de leur collusion pour stigmatiser les radicaux, les anarchistes, les potentiels « terroristes » prenant part à la lutte et pour marginaliser les contestataires alors qu’il s’agit d’une des révoltes les plus massives dans l’histoire du pays.
« Le mouvement de Taksim ne s’inscrit pas dans les schémas politiques traditionnels car il rassemble des courants très différents ; activistes d’extrême gauche, écologistes, syndicalistes, communauté LGBT, minorités ethniques, militants associatifs, supporteurs du club de football de Be Ikta et habitants des différents quartiers d’Istanbul. […] Sur les mêmes places se retrouvent révolutionnaires, libertaires, républicains, nationalistes, Kurdes, Arméniens… La place de plus en plus importante occupée par les nationalistes et la vacance du pouvoir laissent craindre une résolution politique brutale (l’histoire de la Turquie connaît de nombreux coups d’État). »
Le ras-le-bol de la dérive autoritaire d’Erdogan, de la politique islamocapitaliste et du gouvernement en place a représenté une excellente opportunité pour fédérer le mouvement afin de résister. Espérons que la soif d’émancipation des individus, des groupes et, qui sait ?, de la Turquie dans son ensemble permette de dépasser le cadre sclérosé de la démocratie représentative. Le défi est de taille, mais il vaut le coup d’être tenté.
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Re: Turquie

Messagede bipbip » 16 Juin 2013, 13:11

Terreur répressive à Istanbul, nuit du 15 au 16 juin :
http://juralib.noblogs.org/2013/06/16/t ... -istanbul/

Deux nouveaux articles sur le site de l'OCL
. Un nouveau texte sur ce qui se passe dans le parc Gezi et la place Takim.
. L’appel à continuer la lutte du collectif Taksim Dayanişmasi ("Solidarité Taksim") en date du 15 juin.
http://oclibertaire.free.fr/spip.php?article1379
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Re: Turquie

Messagede bipbip » 17 Juin 2013, 07:24

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Re: Turquie

Messagede Kzimir » 17 Juin 2013, 13:15

Rassemblement en soutien prévu demain à Toulouse :

SOUTENIR GEZI PARKI

La situation empire en Turquie, notamment a Istanbul où la répression se fait de plus en plus dure. Les médias n'en parlent que peu où minimisent la réalité. Quelques informations de source directe : depuis hier :

-15/06 : La police a attaqué très durement le campement de résistance du parc Gezi, utilisant des balles en plastique ainsi que de nombreuses substances chimiques, entre autre, des acides mélangées à l'eau des TOMA : chars anti-émeute munis de karshers. On dénombre plus de 200 blessés à midi.

-15/06 : Les infirmeries d'urgence ainsi que des hôpitaux ont été attaqués, gazés et détruits, de même que de multiples médecins arrêtés pour avoir soigné des manifestants.

-15/06 : Le ministre de l'Europe déclare que toute personne entrant dans Taksim sera considéré comme un terroriste et jugé comme tel. La police aura les mêmes droits de traitement que lors de cas anti-terroristes.

-15 et 16/06 : les journalistes ne sont pas autorisés a entrer dans le parc, ni a filmer les environs. Certains le font quand même. Un journaliste russe est gravement blessé par la police, il est en ce moment dans un état critique à l'hôpital bien que sous bonne surveillance policière puisqu'en état d'arrestation.

-Le gouvernement de l'AKP continue de mentir effrontément sur la situation et sur les mesures de répression prises à l'encontre de la population en lutte.

-Comme d'usage depuis le début de ce mouvement, les transports publics sont arrêtés lors des attaques pour empêcher les individus de se rendre sur place. On observe pourtant de larges foules pédestres traverser les ponts, se rassembler de partout pour rejoindre Taksim et faire part de leur colère.

-Les familles de celles et ceux qui se font arrêtés ignorent où sont emmenés leurs enfants, femmes, parents... parfois pendant plusieurs jours.

-Les milliers de personnes assistants aux funérailles de Ethem Sarisülük ont été violemment attaquées par la police à Ankara. Les transports publics avaient préalablement été bloqués pour empêcher la foule qui souhaitait assister aux funérailles.

-En contre partie, les bus et les bateaux ont été réquisitionnés pour transporter les partisans de l'AKP (payés chacuns 30 liras pour le déplacement, ce qui équivaut a peu près a la moitié d'un salaire journalier) aux meetings qui avaient lieux à Ankara et à Istanbul.

-De nombreuses vidéos ont été prises qui montrent des partisans du gouvernement caillassant les opposant sous le regard bienveillant des forces de l'ordre.

Ce mouvement ne s'arrêtera pas de si tôt, les opposant/es à Erdogan sont nombreux/ses et déterminé/es.

Soulevons nous contre la répression qu'ils et elles subissent et retrouvons nous nombreux/ses mardi à 18h sur la place du Capitole pour leur prouver notre soutien.

Ce rassemblement pourra aussi être l'occasion de se rencontrer pour réfléchir à d'autres formes de soutien possible.
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Re: Turquie

Messagede digger » 18 Juin 2013, 19:09

Istanbul 13 Juin 2013

Depuis 10 jours toute la banlieue, le centre ville et l'occupation du parc
(Gezi) sont des zones libres, sans flics. C'est vraiment impressionnant de
voir la résistance et la solidarité des gens de différentes sortes de
croyances, incroyable de voir le campement dans son ensemble. Les rues
sont sans flics et les gens sont pacifiques les uns envers les autres.

On a été prévenu.e.s mardi matin quand il y avait moins de monde dans le
parc que la police allait attaquer. Mais les médias ont été positionnés
pour présenter une police pacifique, non agressive pendant qu'en réalité
les gens étaient sous les gaz et lourdement blessés.
Alors que toute la journée le gouvernement déclarait dans les médias
qu'ils n'entreraient pas dans le parc, ils ont envoyé du gaz toute la
journée. Pendant qu'il devait y avoir une explication médiatique aux
alentours de 13h, les flics ont crié aux occupant.e.s de rester calmes
alors que c'était le cas, puis ils ont commencé par envoyer des sons de
bombes, puis des gaz en quantité extrême et à utiliser les cannons à eau.
La solidarité des gens est incroyable. Ça c'est calmé aux alentours de 19h
alors que beaucoup de gens arrivaient après le travail. Alors que tout
était apaisé, en une seconde, c'est redevenu une zone de guerre. Beaucoup
de gens sont blessés et malheureusement ça n'arrête pas.
La couverture médiatique raconte vraiment d'autres histoires, les gens en
action sont confus et le gouvernement donne l'impression qu'il ne sait
vraiment pas comment contrôler la situation :) .
Mais la dernière info que nous avons eu est qu'ils ne sont plus
responsable de l'intégrité des vies humaines. Je ne sais pas quand je
pourrai écrire à nouveau mais c'est très important de faire savoir qu'avec
solidarité et résistance, les gens même fatigués et incertains de ce qui
va arriver, viennent encore pour aider, occuper le terrain, nourrir et
s'occuper les un.e.s des autres. Au centre ville on entend le son d'une
très large quantité de personnes qui ne partent pas et qui n'ont plus
peur.
Les droits humains sont complètement écrasés ou ignorés par le
gouvernement (aujourd'hui il y a eu beaucoup eu d'arrestations d'avocats
et de juges). Ils essayent d'emprisonner ou de faire peur aux gens qui
sont d'une résistance incroyable et qui vont au delà du possible.

Avec amour et solidarité des nouvelles de la cité.
C'est juste important d'informer l'extérieur car il y a beaucoup de faux
médias.

S'il vous plaît ne communiquez pas mon nom.

___________________

Istambul 15 Juin 2013

Maintenant nous sommes dans une situation totalement différente

La nuit dernière autour de 20h ils ont commencé à gazer le parc puis des
TOMA (camions qui peuvent envoyer du gaz et de l'eau) ont commencé à
envoyer de l'eau. Après avoir aidé les personnes qui avaient été touchées
on a découvert qu'ils avaient reçu de l'acide corrosif qui brûle la peau
pendant des heures. Si on lave avec de l'eau ça brûle encore plus.
Après ça ils ont attaqué l'hôtel ou étaient basés les docteurs et les
unités d'urgence de ce quartier
en envoyant du gaz pendant un certain temps. Après que ces nouvelles aient
commencé à arriver tout les endroits ont ouvert leurs portes pour prendre
soin des personnes touchées par les tirs de cartouches lacrymos, les
brûlures à l'acide, les balles en caoutchouc... Alors les hôpitaux ont été
gazés. Ensuite ils ont commencé à prendre l'équipement médical.
Ce matin ils ont arrêté et battu les docteurs qui aidaient.
Pour le moment beaucoup de gens qui ont été arrêtés ne peuvent pas être
trouvés dans les postes de police. D'un autre côté il y a eu beaucoup de
gens qui ont essayé de marcher ou de venir en bateau vers cette zone, des
enfants, des personnes âgées et autres ont été brutalement violentés par
la police. Comme il n'y avait pas assez de policiers les gendarmes sont
aussi intervenus. Partout c'est devenu une zone en guerre. Les personnes
sont restées solidaires bien que fatiguées, par exemple en allant jusqu'à
l'extrême (« absurdité? » - difficulté de compréhension de cette phrase
pour la traduction) d'organiser une chaine humaine pour que le poste de
police ne soit pas attaqué. Beaucoup de parents et d'enfants ont été
séparés et perdus.
Maintenant ils arrêtent tout le monde.

Malheureusement on voit maintenant un autre niveau de violence qui est
plus effrayant. La police secrète a distribué aux fascistes des t-shirts
avec l'inscription « police », des battes, des masques à gaz, ils sont de
plus en plus nombreux partout autour, ils chantent et battent les gens
sous la protection de la police. Et malheureusement dans mon quartier les
gens essayent de se cacher.
Je n'ai aucune idée de ce qui va se passer. Les gens sont solidaire, ils
rentrent et ils sortent mais cette fois ils attaquent d'une manière qui va
au delà de la violence et du respect des droits humains.

Et pendant que cette occupation avait lieu, ils essayaient de faire passer
une nouvelle loi qui donne le droit aux agents secrets de faire ce qu'ils
veulent en opération, tuer sans ordre du tribunal. Et pour qu'ils puissent
utiliser des armes à feu sur les personnes qui manifestent ou qui courent
pour échapper à la police. Ce n'est pas encore passé mais c'est en
proposition.

Il y a aussi un appel en Turquie à ne pas aller au travail demain en
action de solidarité

Je ne peux écrire que ça et malheureusement ce n'est qu'une petite portion
de ce que nous traversons maintenant.
Beaucoup d'amour et d'embrassade à vous tou.t.e.s là-bas, je n'ai pas
l'énergie en ce moment de répandre l'information, ça serait chouette si
vous pouviez le faire (sans communiquer mon nom).
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Re: Turquie

Messagede Ulfo25 » 19 Juin 2013, 11:36

Voici plusieurs liens trouvés sur actualutte.com et à retrouver :

http://actualutte.com/soulevement-turc-le-direct/ pour suivre en direct la lutte.
http://actualutte.com/soulevement-turc- ... -au-coeur/ pour certaines images.
http://actualutte.com/des-produits-chim ... res-turcs/ concernant la répression.
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Re: Turquie

Messagede Pïérô » 20 Juin 2013, 14:15

Appel à manifestation de solidarité avec la résistance en Turquie ce samedi 22 juin à Paris.
http://www.demosphere.eu/rv/27093
Il y a dans les signataires côté politique des organisations qui n'ont pas honte au regard de la politique menée ici. Il y aura un cortège libertaire.
Image------------ Demain Le Grand Soir --------- --------- C’est dans la rue qu'çà s'passe --------
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Re: Turquie

Messagede bipbip » 12 Sep 2013, 11:47

Affrontements entre étudiants et policiers sur un campus, un jeune manifestant tué lors de heurts avec la police

Un jeune manifestant a été tué lors de heurts avec la police dans le sud de la Turquie.

La veille, des affrontements ont opposé à Istanbul la police à des manifestants rassemblés pour soutenir un adolescent plongé dans le coma depuis la fronde antigouvernementale de juin.

Le jeune homme touché à la tête par une grenade lacrymogène et qui a perdu la vie lundi soir faisait partie d’un groupe rassemblé à Antakya à la mémoire de l’une des victimes de la fronde de juin contre le gouvernement.

A Istanbul, plusieurs manifestants ont été légèrement blessés lundi, principalement à cause du gaz. L’un d’eux s’est brûlé la main suite à l’explosion d’un cocktail Molotov. Plusieurs personnes ont été arrêtées, selon cette source.

Vendredi, la police turque était déjà intervenue à plusieurs reprises près d’un campus universitaire à Ankara pour disperser des dizaines d’étudiants qui dénonçaient un projet de construction de route qui doit traverser une forêt de leur établissement.(ats/Newsnet)
http://dndf.org/?p=12783
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Re: Turquie

Messagede bipbip » 13 Sep 2013, 10:15

Turquie : encore un manifestant tué au cours d’une manifestation

Un manifestant de 22 ans est mort au cours d’une des protestations ininterrompues liées aux manifestations du parc Gezi dans la province méridionale de Hatay, aurait après avoir été frappé à la tête par une grenade lacrymogène tirée par la police.

Ahmet Atakan est décédé aux alentours de 2 heures du matin, dans la nuit du 9 au 10 septembre dans le quartier chaud d’Armutlu à Antakya (Antioche) après avoir participé à une marche qui avait été appelée en solidarité avec les étudiants et les habitants d’Ankara qui résistent contre la construction d’une route à travers l’Université technique du Moyen-Orient (ODTÜ ), qui doit entrainer la destruction de 3000 arbres, ainsi que pour rendre hommage à Abdullah Cömert, un autre résident d’Armutlu qui a été tué par la police au début du mois de juin au début des protestations de Gezi.

Atakan aurait été touché par une grenade de gaz dans la tête par la police.

L’agence d’État Anadolu a cependant prétendu qu’elle avait des images montrant Atakan tomber et rouler sur le sol, ainsi que des séquences vidéos montrant des pierres et un réservoir d’eau jetés sur les véhicules de police depuis les toits.

Le 6ème manifestant tué cet été

Atakan est le sixième manifestant tué dans les manifestations anti-gouvernementales en Turquie cet été, après Abdullah Cömert (22 ans), Ali Ismail Korkmaz (19 ans), Ethem Sarısülük (26 ans), Mehmet Ayvalıtaş (20 ans) Medeni Yıldırım (18 ans). L’officier de police Mustafa Sarı également mort après être tombé d’un pont en poursuivant les manifestants à Adana.

Affrontements à Istanbul…

Le 9 septembre, la police s’est affrontée à un groupe de manifestants qui s’étaient rassemblés dans le quartier d’Okmeydanı d’Istanbul en soutien au jeune de 14 ans, Berkine Elvan, qui est dans le coma depuis la mi-juin, lorsqu’il il a été frappé par une grenade de gaz lacrymogènes par la police pendant les manifestations de Gezi.

Le groupe s’est réuni de nouveau dans la soirée dans Okmeydanı après que la police avait empêché, plus tôt dans la journée, les manifestants de marcher vers le palais de justice d’Istanbul à Çağlayan.

Les affrontements se sont poursuivis entre la police et les manifestants jusqu’à 22h30

Les manifestants exigent que les policiers en service le 16 juin qui ont blessé Elvan soient traduits en justice.

La police a d’abord prévenu les manifestants que la manifestation était illégale, puis a tiré des gaz lacrymogènes pour disperser les gens après que quelques hommes masqués soient apparus dans les rues latérales pour jeter des cocktails Molotov et de pierres.

… et à Ankara

Les affrontements entre les manifestants et la police ont aussi eu lieu dans un certain nombre de quartiers à Ankara.

La police est intervenue avec des véhicules anti-émeute contre des manifestants qui avaient érigé des barricades.

Elvan n’était pas un manifestant, mais un spectateur qui a été attaqué après être sorti pour acheter du pain lors d’une intervention policière dans le quartier, qui est connue comme un bastion anti-gouvernemental.

Le 21 août, Amnesty International a lancé un appel demandant aux autorités turques de mener une enquête équitable pour déterminer quel est l’officier de police responsable d’avoir tiré la grenade lacrymogène qui a frappé Elvan.

Cinq personnes sont mortes et des milliers ont été blessés depuis que les manifestations de Gezi ont éclaté à la fin mai, lorsque municipalité métropolitaine d’Istanbul a tenté d’abattre des arbres dans le parc emblématique de Taksim, suscitant la colère à Istanbul et les autres villes du pays.

(source : Hürriyet)

Une autopsie préliminaire, dont les conclusions ont été rapportées par l’agence de presse Dogan, établit que la victime est morte d’« un traumatisme général » et d’« une hémorragie cérébrale ».

Des manifestation contre la guerre en Syrie

D’après des médias indépendants, la manifestation d’Antakya avait aussi pour but de protester contre la guerre en Syrie et les menaces d’interventions militaire soutenues activement par le gouvernement Erdoğan. L’un d’eux signale :

« En raison de la position géographique d’Antakya qui est une ville située près de la frontière de la Syrie, il y a beaucoup de soldats de l’Armée Syrienne Libre dans la ville, soldats qui sont connus pour déranger et menacer les personnes qui y vivent. Cette tension ne se limite pas à la présence des soldats de l’ALS dans la région, mais également à cause de la position d’Antakya, ville qui sera touchée directement par la possible guerre.

Les médias pro-gouvernementaux essaient de créer une image pro -Assad des manifestations Antakya alors que la plupart des déclarations faites par les manifestants affirment l’importance de la ‟paix” plutôt que l’existence de groupes favorables au régime d’Assad dans la zone. Les partis socialistes et de gauche organisent régulièrement des actions pour la paix et des rassemblements anti- guerre à Antakya, et la force de leur position politique dans la zone rend le gouvernement encore plus furieux à cause de son incapacité à contrôler ce qui se passe là-bas. »

« Le gouvernement devra rendre des comptes »

Dans la journée de mercredi, des manifestations se sont déroulées dans les principales villes. A Istanbul, un rassemblement, aux cris de « le gouvernement devra rendre des comptes » et « Taksim sera le cimetière du fascisme », a été dispersé par les gaz lacrymogènes de la police sur la place Taksim tandis que dans le quartier de Kadıköy, sur la rive asiatique de la ville, une autre manifestation a eu lieu.

La quantité de gaz lacrymogène balancée a atteint un niveau tel que le match de football entre la Turquie et la Suède (équipe des moins de 21 ans) qui se déroulait dans le quartier Kasımpaşa (stade Erdoğan), proche de la place Taksim, a dû être interrompu à plusieurs reprises.

La mort d’Ahmet Atakan porte à six le bilan des victimes la contestation depuis juin, auxquelles s’ajoutent plus de 8.000 blessés. Les obsèques d’Ahmet Atakan ont été l’occasion de nouveaux heurts mardi à Antakya où la police a tenté de disperser avec du gaz lacrymogène et des canons à eau un millier de manifestants, selon l’agence Dogan. Des groupes de manifestants continuaient cependant de défier la police dans la soirée derrière des barricades de fortune et des poubelles et des pneus enflammés, a indiqué la chaîne d’information NTV. Des heurts étaient également rapportés dans plusieurs autres villes à travers tout le pays. (Hürriyet)

Le 11 septembre 2013


Turquie : Comprendre le mouvement ODTÜ d’Ankara

Depuis le début du mois [de septembre], l’opposition d’étudiants de l’Université Technique du Moyen-Orient d’Ankara (ODTÜ) au passage d’une route sur leur campus a pris un tournant national en Turquie
Explications sur cette situation que certains comparent déjà à un “nouveau Gezi”.


1. Le point de départ des manifestations

La protestation débute en juin dernier à l’Université Technique du Moyen-Orient (ODTÜ) d’Ankara. En ligne de mire : un projet municipal prévoyant la construction d’une autoroute. Deux routes sont en réalité concernées mais une seule des deux pose problème. Le plan entrainerait un déboisement partiel du campus, soit l’abattage de près de 3.000 arbres selon les manifestants et l’administration de l’université, et entre 250 et 300 selon les autorités. Le campus d’ODTÜ, ainsi que son quartier, est l’un des plus verdoyant de la capitale. La multiplication des constructions ces dernières années à Ankara a entrainé une augmentation de la circulation automobile. Ce projet d’autoroute vise à désengorger le trafic mais la forêt d’ODTÜ est considérée comme une zone protégée par le ministère de la Culture depuis 1995. Cette classification protège le site et interdit en principe toute construction. Les travaux ont déjà commencé en dehors du site naturel. Le Conseil d’Etat a annulé le projet de construction de la seconde route le 4 septembre dernier.

2. La propagation du mouvement

Les protestations débutent en fin d’année universitaire. Gezi agite déjà Istanbul et Ankara suit le mouvement. Les étudiants d’ODTÜ réécrivent les slogans et se mobilisent contre l’arrêté municipal. De nombreuses échauffourées éclatent et les manifestations sont réprimées avec l’aide de canons à canon à eau et gaz lacrymogènes. L’été apaise la crise mais dès le 25 août, un groupe d’étudiants reprend la contestation. Ils organisent un camp et plantent leurs tentes sur le site en question, afin d’empêcher la construction de la route. Dès le lendemain, six bus anti-émeutes de la police investissent les lieux et font démonter les tentes. Des marches sont organisées devant le ministère de l’Environnement et de l’Urbanisme. Les manifestations s’amplifient jusqu’à prendre un tournant, le week-end dernier, lorsque des centaines de manifestants rejoignent les étudiants. Istanbul, Izmir et plusieurs grandes villes appellent à la mobilisation en soutien à l’université d’Ankara. Les protestataires sont dispersés à grand renfort de gaz lacrymogènes et canons à eau. Des dizaines de manifestants sont arrêtés.

3. La réaction des autorités

Fin juillet, le maire d’Ankara, Melih Gökçek, membre de l’AKP (Parti de la justice et du développement), fait savoir que plusieurs projets avaient été soumis à l’approbation de l’université. Le 27ème a été accepté. Le maire affirme que ce plan avait déjà été arrêté sous l’autorité de son prédécesseur à la mairie, avant 1993. “Ankara ne sera pas un deuxième Gezi” déclare l’édile le 30 août, tout en proposant de replanter 10.000 arbres dans une zone choisie par l’administration de l’ODTÜ. De son côté, le recteur de l’université, Ahmet Acar, déclare fin août, suite à la reprise du mouvement, qu’aucun chantier ne pourra être entrepris avant l’approbation du projet par le ministère de l’Environnement et de l’Urbanisme. Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdoğan, et le président, Abdullah Gül, n’ont pas encore réagi à la situation, sauf pour condamner des violences verbales prononcées à l’encontre de jeunes étudiantes voilées de l’université par un groupe de jeunes manifestants vendredi dernier.

4. Un nouveau Gezi ?

Comme Gezi, le mouvement démarre par une préoccupation environnementale et un projet d’urbanisation.
Le décès hier d’Ahmet Atakan, 22 ans, en marge de manifestations à Antakya, dans le sud de la Turquie, pourrait réenclencher un mouvement jamais vraiment éteint, prédisent certains éditorialistes. Les autorités locales affirment que le jeune homme est tombé du toit d’un bâtiment lors des incidents alors qu’il répliquait avec des pierres à une intervention policière. Les opposants des grandes villes de Turquie ont appelé au rassemblement hier soir, à la mémoire de cette 6ème victime depuis le début des manifestations de juin. Les manifestations ont été dispersées par la police antiémeutes.

Lola Monset (http://www.lepetitjournal.com/istanbul) mercredi 11 septembre 2013

http://oclibertaire.free.fr/spip.php?breve517#forum2086
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Re: Turquie

Messagede bipbip » 13 Sep 2013, 13:05

Troisième nuit de violence en Turquie

Des affrontements ont éclaté entre manifestants et forces de l’ordre dans les plus grandes villes du pays, comme ici à Istanbul, mais aussi à Ankara ou encore Hatay. Plus tôt, ce jeudi, près de 400 personnes étaient descendues dans la rue pour continuer à protester après la mort d’un des leurs lundi.

Ahmet Atakan avait 22 ans lorsqu’il a péri lors de heurts avec la police. Sa famille affirme qu’il a été tué par un projectile tiré par un agent. Le gouvernement assure pour sa part que la police n’est pas responsable.

Ce décès a entraîné une recrudescence des manifestations dans le pays, agitant le spectre d’une reprise de la contestation antigouvernementale sans précédent qui avait secoué en juin la Turquie.

+ vidéo : http://fr.euronews.com/2013/09/13/trois ... n-turquie/
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Re: Turquie

Messagede Pïérô » 16 Sep 2013, 12:21

Turquie : la contestation relancée

La police est intervenue dimanche soir dans plusieurs villes pour disperser des manifestations antigouvernementales qui ont repris depuis une semaine.

Nouveaux heurts entre policiers et manifestants en Turquie

A Istanbul, les unités antiémeutes sont entrées en action quand des centaines de manifestants ont dressé des barricades et y ont mis le feu à Kadiköy, un quartier considéré comme un fief de l'opposition.

La police turque est à nouveau intervenue dimanche soir dans plusieurs villes de Turquie avec des grenades lacrymogènes et des canons à eau pour disperser des manifestations contre le gouvernement islamo-conservateur, ont rapporté lundi les médias.

A Istanbul, les unités antiémeutes sont entrées en action quand des centaines de manifestants ont dressé des barricades et y ont mis le feu à Kadiköy, un quartier considéré comme un fief de l'opposition, sur la rive asiatique de la métropole, a affirmé la chaîne de télévision NTV.

Les heurts sont survenus alors que des concerts en plein air pour réclamer "la justice, la liberté et la paix" avaient rassemblé dans l'après-midi plusieurs milliers de personnes à Kadiköy, selon l'agence de presse Dogan, précisant qu'une dizaine de personnes ont été interpellées par la police.

Des heurts ont aussi eu lieu dans un quartier périphérique d'Ankara, où des manifestants avaient érigé des barricades, selon Dogan.

Des échauffourées ont également opposé jusque tard dans la nuit manifestants et policiers à Antakya (sud), où la foule commémorait le décès d'Ahmet Atakan, un habitant de la ville âgé de 22 ans décédé le 9 septembre lors de heurts avec la police, a indiqué la chaîne de télévision CNN-Türk.

http://www.lalibre.be/actu/internationa ... befbe1fd4f
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Re: Turquie

Messagede bipbip » 11 Nov 2013, 03:51

Istanbul : Solidarité avec l’occupation de l’usine Kazova
Une Usine occupée à Istanbul

Les employés de l’usine de textile Kazova avaient l’habitude de recevoir leur paye avec quelques mois de retard. Mais fin janvier 2013, c’est avec quatre mois de salaires non payés qu’ils se retrouvent tous licenciés du jour au lendemain. C’est pour eux le début d’une longue lutte qui va amener une douzaine d’entre eux à occuper l’usine, à reprendre la production, et à envisager un autre fonctionnement du travail, sans hiérarchie.

Du licenciement à la reprise de la production dans l’usine occupée

Au début de l’année 2013, les 94 employés de l’usine Kazova (vêtements en coton tricoté) apprennent que l’usine va être vendue. Ils n’ont pas encore reçu leurs quatre derniers mois de salaire. Le 31 janvier, leur patron, Mr. Ümit Somuncu, leur donne une semaine de congés, en promettant de résoudre la situation et de les payer. Lors de leur retour à l’usine, ce sont les avocats de Mr Somuncu qui les accueillent avec une lettre de licenciement.

Avec le soutien des avocats de l’Association des Avocats Contemporains (Çağdaş Hukukçular Derneği) et des membres du Mouvement des Travailleurs Révolutionnaires (Devrimci İşçi Hareketi), les anciens ouvriers de Kazova portent l’affaire au tribunal. La procédure est en cours.

Pendant les mois suivants, ils organisent plusieurs manifestations et conférences de presse, à raison de trois par semaine: une vers la place Taksim, au centre d’Istanbul, une dans le quartier Şişli Bomonti où se trouve l’usine, et une devant la maison de leur ancien patron.

A la fin du mois d’avril, devant le constat que des camions viennent à l’usine la nuit pour emmener des machines, une douzaine d’entre eux décident de réagir en donnant une nouvelle forme à leur résistance: ils installent un campement devant l’usine où ils resteront pendant deux mois, jusqu’au 29 juin.

Depuis ce jour là c’est l’usine elle-même qu’ils occupent.

Dès le premier jour de l’occupation, Mr Somuncu tente de négocier avec ses anciens employés en leur promettant de les payer après 50 jours s’ils quittent l’usine. Celui-ci ne s’était pas du tout manifesté pendant les cinq premiers mois de lutte. Les occupants ne le croient pas et refusent de quitter l’usine avant d’obtenir leur paye et la reconnaissance de leurs droits.

Pendant l’été les occupants continuent à s’organiser. Ils trouvent dans l’usine un stock de vêtements dont la fabrication a été interrompue. Ils terminent cette production, la vendent, utilisent l’argent pour réparer des vieilles machines qui se trouvent dans l’usine, pour pouvoir reprendre la production début septembre. Le samedi 28 septembre ils organisent un défilé de mode, pour faire connaître leurs produits et leur lutte au public. Beaucoup de monde vient les soutenir et ils vendent presque tout leur stock.

L’après “Occupy Gezi” et la solidarité avec Kazova

L’ambiance générale de résistance et de solidarité dans laquelle est plongée une partie de la Turquie citadine depuis juin a permis aux travailleurs de Kazova de se sentir plus soutenus dans leur lutte. Si ce contexte les a aidés à décider d’occuper l’usine, la solidarité a été aussi concrète à plusieurs reprises.

Pour mémoire, le parc Gezi, au cœur d’Istanbul, a été le théâtre d’un important soulèvement populaire en juin, contre un projet d’urbanisme qui menaçait le parc. Le parc a été occupé pendant deux semaines, jusqu’à une opération policière particulièrement violente le 15 juin. Par la suite, si le mouvement de résistance est devenu plus discret, il est encore présent dans l’esprit de beaucoup de Turcs et a trouvé d’autres formes d’existence. Après l’expulsion du parc Gezi, des forums, ou assemblées populaires, sont organisés dans les parcs. Ces forums sont moins fréquentés qu’au début mais leur existence est maintenue par ceux qui y voient un modèle de fonctionnement pour une organisation sociale future.

Les forums ont aujourd’hui un rôle dans l’organisation de la résistance au niveau de diverses luttes locales. Les occupants de Kazova y ont trouvé du soutien et de l’aide pour réparer des vieilles machines, vendre leurs premières productions, organiser des rassemblements ponctuels à l’usine lorsqu’une difficulté particulière se présente…

Si les occupants de Kazova ne sont qu’une douzaine, beaucoup plus nombreux sont ceux qui sont prêts a venir les soutenir en cas de besoin.

Envisager l’avenir: la coopérative

La lutte est loin d’être finie. Le bâtiment de l’usine est vendu à une autre entreprise, et son nouveau propriétaire est susceptible de venir réclamer son bien. La propriété des machines n’est pas claire car l’entreprise était endettée. La procédure judiciaire est toujours en cours pour les anciens employés de Kazova qui réclament leurs droits. Les occupants de l’usine espèrent obtenir la propriété des machines en contrepartie des salaires impayés. Le tribunal en décidera.

Une fois par semaine les occupants de l’usine tiennent une assemblée dans l’ancien bureau du patron pour décider de la marche à suivre. Sont présents aussi des avocats de l’Association des Avocats Contemporains et des membres du Mouvement des Travailleurs Révolutionnaires.

Ensemble ils cherchent des solutions pour pouvoir pérenniser dans un autre local une nouvelle organisation du travail sans hiérarchie. Ils souhaitent mettre en place une coopérative autogérée dans laquelle chacun ne travaillerait pas plus de 6h par jour et serait rémunéré de façon équitable.

Une partie des bénéfices de la coopérative serait destinée à être utilisée pour soutenir d’autres luttes…

http://fr.squat.net/2013/11/10/istanbul ... ne-kazova/
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Re: Turquie

Messagede Pïérô » 17 Nov 2013, 14:06

Traduction d'un article sur Kazova dans anarkismo.net, http://www.anarkismo.net/article/26418
sur le blog de l'UCL Saguenay (Québec) : http://ucl-saguenay.blogspot.fr/
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Re: Turquie

Messagede bipbip » 01 Jan 2014, 14:45

Embuche de Noël en Turquie
Des manifestants réclamant la démission du premier ministre, Tayyip Recep Erdogan, ont affronté, vendredi 27 décembre, la police antiémeute aux abords de la place Taksim, à Istanbul, ainsi que dans le centre d’Ankara. Les forces de l’ordre sont intervenues en soirée dans ces deux villes pour disperser, avec des canons à eau et des gaz lacrymogènes, des milliers de personnes venues dénoncer la corruption du gouvernement islamo-conservateur, sur fond de dégringolade de la monnaie et de la Bourse turques.

Au moins deux manifestants ont été blessés sur la place Taksim et évacués par des ambulances. Après plusieurs heures d’échauffourées, la place avait retrouvé son calme vers minuit (23 heures à Paris). D’importants effectifs de police étaient toujours déployés dans le quartier, alors que les équipes de nettoyage de la ville démantelaient les dernières barricades et effaçaient les traces des incidents. Selon le barreau d’Istanbul, au moins 31 personnes ont été interpellées par la police vendredi soir.

AFP


La police d’Istanbul disperse les protestataires avec des gaz lacrymogènes

French.china.org.cn | Mis à jour le 28-12-2013

Plus de 1000 policiers ont dispersé les manifestants anti-gouvernementaux avec des gaz lacrymogènes, des balles en caoutchouc et des canons à eau sur la place centrale de Taksim et dans ses rues avoisinantes à Istanbul vendredi soir.

Environ 10 000 personnes ont protesté à Istanbul, demandant la démission du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan et de son gouvernement.

Il s’agit de la 3e manifestation de grande ampleur dans la ville en une semaine.

En dehors d’Istanbul, des milliers de personnes dans d’autres villes turques, dont Ankara, Izmir, Mersin et Antakya, sont également descendues dans la rue demandant la démission du gouvernement.

Les protestaires, faisant référence au dernier scandale de corruption ayant secoué le pays, criaient « Police, au secours, aux voleurs! »

La police a tenté de disperser la foule et de l’empêcher d’avancer vers la place Taksim, symbolique, alors que la police anti-émeutes a bouclé la place et fermé le parc Gezi à proximité.

Certains des ports proches ont également été fermés durant la nuit pour empêcher plus de protestataires de rejoindre la manifestation.

Source: Agence de presse Xinhua

http://dndf.org/?p=13096#more-13096
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Re: Turquie

Messagede Pïérô » 19 Fév 2014, 07:59

Turquie : nouvelle occupation d'usine
http://ucl-saguenay.blogspot.fr/2014/02 ... usine.html
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