Tsahal et l'orthodoxie
La composition de Tsahal évolue au profit des Juifs religieux
il y a 12 min
Ari Rabinovitch Imprimer Lorsque l'on assiste à une cérémonie de remise de grades aujourd'hui au sein de l'armée israélienne, on est frappé de voir que la plupart des officiers arborent la kippa et non le béret réglementaire.
Pourtant largement minoritaires parmi la population, les Juifs orthodoxes sont en effet sur-représentés dans l'armée, alors que Tsahal a longtemps joué un rôle de creuset national.
A l'heure où les ennemis désignés sont les islamistes qui contrôlent la bande de Gaza, certains en viennent à craindre que Tsahal se transforme en bastion des intégristes religieux juifs.
Des témoignages cités récemment par les médias tendent à montrer que des motifs d'ordre religieux ont poussé des soldats à faire un usage disproportionné de la force en janvier lors de l'offensive contre le Hamas à Gaza.
Selon un officier cité par le journal Haaretz, des aumôniers juifs de l'armée israélienne martelaient aux soldats qu'ils menaient une guerre sainte contre les païens.
"Leur message était très clair : 'Nous sommes le peuple juif, nous devons à un miracle d'être venu sur cette terre. Dieu nous y a ramené et il nous faut maintenant combattre pour expulser les païens qui s'opposent à notre conquête de cette terre sainte'."
Il ressort de ce témoignage que le sentiment prévalait dans les rangs de l'armée israélienne que cette opération de 22 jours à Gaza, qui a fait quelque 1.400 morts, relevait d'"une mission quasi religieuse".
Fin janvier, l'armée avait "sévèrement réprimandé" l'aumônier militaire en chef, le général Aichaï Rontzki, pour avoir distribué aux soldats une plaquette rédigée par un rabbin civil ultranationaliste incitant les incitant à se montrer sans pitié envers un "ennemi cruel".
Entre 40% et 50% des nouveaux officiers à la tête d'unités de combat sont des juifs orthodoxes, alors que la proportion de la population relevant de cette mouvance religieuse est inférieure à 25%.
Il s'agit d'estimations de spécialistes, car l'armée, fidèle à sa volonté affichée d'ignorer les différences sociales, ne publie pas de données sur sa composition démographique ou religieuse.
"MASSE CRITIQUE"
Tous les Juifs religieux ne servent pas dans l'armée : les ultra-orthodoxes, reconnaissables à leurs barbes et papillotes, sont, comme les Arabes israéliens, qui représentent 20% de la population, exemptés de service militaire.
Mais les orthodoxes affichant un certain modernisme ont plus tendance à s'enrôler que les laïques, dont l'attachement traditionnel à Tsahal s'est érodé, et qui, selon l'état-major, sont toujours plus nombreux à tenter d'échapper à la conscription.
Selon le politologue Yagil Levy, les généraux sont en train de "perdre leur ascendant" sur la troupe. "C'est un phénomène qui se développe. Les religieux commencent à former une masse critique au sein de l'armée. Et cette masse critique n'est pas que culturelle, mais aussi idéologique".
Yagil Levy estime que cette évolution pourrait poser de graves problèmes si Israël est amené à évacuer la Cisjordanie, où ces militaires religieux sympathisent avec les centaines de milliers de colons.
Ephraim Ya'ar, auteur de l'ouvrage "Tendances au sein de la société israélienne", ne partage pas cet alarmisme, jugeant qu'il est fortement exagéré d'évoquer un clivage croissant au sein de l'armée et que celle-ci demeure un creuset.
Mais Ofer Shelah, le journaliste qui a révélé les premiers témoignages des soldats sur les exactions commises par l'armée à Gaza, souligne que les leaders politiques devront, à l'avenir, tenir compte de la nouvelle composition de l'armée.
"C'est vrai, une grande partie des hommes dans les unités de combat ont un background religieux, et une majorité d'entre eux ne considèrent pas l'ennemi avec la même éthique qu'autrefois.
"Ceux à qui ça ne plait pas doivent se poser la question : De qui est-ce la faute ? Des religieux qui vont dans les unités de combat ou de l'élite laïque qui les déserte ?"
Bon, info présenté sur Yahoo, pour ce que vaut, mais je transmet pour information, et avec des pincettes, l'info fleurant quand même le sentionalisme.