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Messagede Kartoch » 28 Juin 2009, 19:09

"Des militaires ont arrêté à l'aube le président du Honduras, Manuel Zelaya, et l'ont conduit au Costa Rica. Le chef de l'Etat avait décidé d'organiser ce dimanche une consultation populaire, malgré l'opposition de l'armée, du Parlement et de la Cour suprême, qui avait jugé ce scrutin illégal."
(AFP)
(toujours source AFP) Plusieurs autres ministres se sont fait arrêter dans les heures qui ont suivi.

Le président avait dans l'idée de se représenter à sa propre succession, ce qui est pour l'instant contraire à la constitution du pays.
C'est donc une bonne veille lutte de pouvoir, à laquelle le peuple va pouvoir assister aux premières loges. Je suis conscient que cela n'a pas grand chose d'original, l'enjeux n'est qu'un changement de dominance, qui restera une dominance.
Je suis cependant concerné, un de mes amis domicilié là bas (et en vacances ici) venant d'être déclaré persona non grata chez lui, et je ne pense pas qu'il soit le seul. On verra bien si ca dure.

Un bon coup d'état dans les règles quoi

Et ca continue :
"La liberté d'association et de réunion, ainsi que le droit à la libre circulation ont été suspendus par le Congrès du Honduras" (AFP; 2 Juillet)
Modifié en dernier par Kartoch le 02 Juil 2009, 15:12, modifié 1 fois.
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Messagede oclstnaz » 04 Juil 2009, 15:14

Coup d’État au Honduras
le retour des Gorilles ou la tactique du travail de sape ?


Honduras : Coup d’Etat, résistance sociale et enjeux régionaux.


Le 28 juin dernier, le président du Honduras, M. Manuel Zelaya, a été renversé ; séquestré en pleine nuit et expulsé au Costa Rica. Ce coup d’Etat est de toute évidence la réponse de la droite locale et de l’oligarchie, sinon à la peur d’un glissement « à gauche » du pays, du moins à la mise en place d’une nouvelle constitution pouvant remettre en question la totalité de son pouvoir économique. Cette proposition de nouvelle constitution devait se faire sous la forme d’un référendum posant la question de son opportunité : « Etes-vous d’accord pour que, lors des élections générales de novembre 2009, soit installée une quatrième urne pour décider de la convocation d’une Assemblée nationale constituante destinée à élaborer une nouvelle Constitution politique ? » Le 24 juin, soit 4 jours avant le golpe, le général Roméo Vásquez, chef d’état-major des armées, avait été destitué pour avoir refusé de participer à l’organisation de la consultation. Destitution qui a entraîné la démission du ministre de la Défense. Tout est allé ensuite très vite. Le texte que nous publions ici, écrit par J.A. Gutiérrez, un camarade chilien, donne un éclairage sur les enjeux internes au Honduras et sur l’état des forces en présence. Et également des éléments du contexte régional/continental.

la suite ici :
http://oclibertaire.free.fr/spip.php?article590
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Re: Honduras

Messagede conan » 04 Juil 2009, 15:55

Merci à l'OCL de relayer cette analyse.
L'armée a tiré sur la foule jeudi et il y a eu des blessés... on en sait plus aujourd'hui ?
conan
 

Re: Honduras

Messagede leo » 04 Juil 2009, 16:38

Dos muertos, decenas de heridos y detenidos este viernes por represión en Honduras

Un total de dos muertos, 37 heridos y 360 detenidos fue el balance ofrecido este viernes por el presidente del comité de Defensa de los Derechos Humanos de Honduras, Andrés Pavón, tras la represión desatada por el gobierno de facto luego del golpe ejecutado contra el presidente constitucional, Manuel Zelaya.

= = =
Bilan de la journée de vendredi

Les plus grandes manifestations depuis le coup d'Etat (entre 30 et 50 000 manifestants dans tous le pays)

2 morts, 37 blessés, 360 arrêtés...

Aujourd'hui samedi : couvre-feu de 24 h !

Sera-t-il respecté par la population ?
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Re: Honduras

Messagede leo » 05 Juil 2009, 13:11

Réponse à la question précédente : NON !
Les informations ci-après semblent confirmer le contraire : l'élargissement de la mobilisation populaire contre le putch, ce qui était apparemment loin d'être gagné au départ.


.
Le couvre feu de 24 h annoncé la veille n’a pas empêché le peuple de se mobiliser.


Ce samedi, le Honduras a connu sa plus grosse mobilisation depuis le putch du 28 juin. La marche vers l’aéroport.

Marche sur Tegucigalpa et manifestations dans tout le pays

D’après ce qu’on peut voir sur Telesur, il y a une très grande manifestation qui s’approche de la capitale. Des dizaines de milliers de personnes, depuis toutes les zones centrales du pays, se sont regroupées et confluent vers la ville. En bus, en camions, à pied, c’est toute une partie du pays qui est en marche vers la capitale pour accueillir le président Zelaya destitué et braver l’état de siège de la dictature “constitutionnelle”. A certains endroits, l’armée a bloqué les bus, mais les passagers ne se résignent pas et continuent à pied, même s’ils sont encore loin de Tegucigalpa.
Des hélicoptères de la police et de l’armée survolent les manifestants.
Dans la ville de San Pedro Sula, malgré ou à cause des très violents affrontements de la veille, les manifestants sont redescendus dans la rue et occupent le centre-ville.
Dans la localité de Santa Barbara, beaucoup de manifestants et notamment de jeunes car la vieille des étudiants ont été arrêtés.
Dans toutes les localités d’importance, les gens sont descendus dans la rue.

Le retour du président destitué

Le président destitué a annoncé qu’il reviendra dans son pays demain dimanche, accompagné de plusieurs chefs de gouvernement d’Amérique latine (Correa d’Equateur, Cristina Kirchner d’Argentine, Lugo du Paraguay…).
Dans un entretien en direct à radio Globo Honduras, qui a été coupé rapidement, il a eu le temps de dire : « A midi nous atterrirons à l’aéroport international de Tegucigalpa. J’ai besoin de la protection du peuple pour entre dans un dialogue ouvert au Honduras pour que ces faits ne se répètent plus. Demain se décide si nous serons libres ou opprimés dans notre futur. Les peuples du monde aujourd’hui appuient totalement le peuple hondurien qui est réprimé et torturé par les golpistes. Aujourd’hui l’OEA prend sa résolution finale. Demain, la presse internationale sera à Tegucigalpa pour assister à la manière dont on retournera au respect de la constitution ».
Cette décision respecte le délai de 72 heures qu’avait donné l’OEA aux putchistes pour qu’ils reviennent sur leur décision.

Les putchistes rejettent tout compromis

De son côté, la droite qui a pris le pouvoir rejette toute proposition de revenir en arrière, nie l’existence d’un coup d’Etat et le présente comme une mesure normale et légale, car approuvé par la cour suprême et une très large majorité du parlement.
Le gouvernement de fait semble prêt à faire face à un boycott diplomatique et a décidé de quitter l’OEA.
Les entretiens qu’à eu le secrétaire général de l’OEA avec les membres de la cour suprême et des partis majoritaires au parlement n’ont semble-t-il rien donné. Le compromis fréquemment évoqué est pour l’instant dans les limbes. Les putchistes se sont déclaré prêts à faire face à toute menace. Le secrétaire de l’OEA est semble-t-il reparti les mains vides.
Situation bloquée, on s’achemine donc vers la confrontation.

Le retour de Zelaya, accompagné de divers chefs de gouvernements et de journalistes est en train de devenir le point culminant de la riposte au coup d’Etat.
Le cardinal représentant la hiérarchie catholique du pays a déclaré que le retour de Zelaya allait provoquer un bain de sang et lui a demandé de « méditer » sur les conséquences de sa décision. Les partisans du gouvernement font la même demande et le rendent responsable par avance des violences qui pourront survenir.
Les nouvelles autorités ont trouvé un ennemi étranger : le Nicaragua. Plus d’une centaine de citoyens nicaraguayens on été arrêté dans la capitale et dans le sud du pays. Ils sont accusés de s’être introduits dans le pays pour créer des troubles et pousser la population à la révolte.
Daniel Ortega, président du Nicaragua a déclaré que les militaires honduriens cherchaient à « justifier un bain de sang » par la création d’une situation de chaos avec l’aide de groupes paramilitaires. Lors de l’assemblée de l’OEA, le représentant du Nicaragua est allé dans le même sens et a dénoncé l’existence de « plans macabres » des putchistes pour accuser le Nicaragua, Cuba et le Venezuela d’être responsable des troubles et de vouloir attaquer militairement le Honduras.

Vers la confrontation ?

En fin d’après-midi, la marche sur la capitale a atteint l’aéroport international situé à une dizaine de kilomètres. Sur les images de Telesur (la chaîne “bolivarienne » continentale), on voit les policiers qui ne cessent de reculer, dans l’impossibilité de bloquer les manifestants. Des francs-tireurs ont été postés sur les bâtiments de l’aérogare, à la tour de contrôle, face aux pistes d’atterrissage et aux manifestants.
Les forces armées sont déployées sur le tarmac et autour des pistes.

L’aéroport international va devenir le point de fixation de la confrontation entre l’oligarchie hondurienne et une bonne partie de la population qui se mobilise chaque jour de manière plus nombreuse et plus déterminée.
Car cette fois, c’est clair : le peuple hondurien a repris l’initiative, est en train de prendre conscience de sa force et ce sont les putchistes qui sont maintenant sur la défensive.

Pour la soirée, les manifestants ne devraient pas rester dehors pendant la nuit. Rafael Alegría, dirigeant de Via Campesina, est intervenu dans ce sens en ajoutant que le choix de l’aéroport pour aujourd’hui était « symbolique » et que « demain nous allons faire une marche similaire mais avec encore plus de monde et nous serons là dès la matinée, nous irons jusqu’à l’aéroport pour le recevoir ».

D’après le reporter de Radio Globo Honduras, Luis Galdanas le nombre des manifestants présents à l’aéroport dépasse sans doute les 200 000. Il confirme que la consigne est bien de rentrer chez soi ou dans les hébergements provisoires pour ceux qui viennent de loin (un grand campement a été installé vers l’université). Et d’être à l’aéroport dès 10 heures du matin pour accueillir le président.

Quelle sera la réponse des putchistes ?
La journée de dimanche s’annonce dans tous les cas de figure comme particulièrement décisive.

A suivre…

Trouvé ici
http://oclibertaire.free.fr/spip.php?breve157
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Re: Honduras

Messagede Pïérô » 04 Mar 2016, 10:41

Honduras, assassinat de Berta Cáceres

Berta Cáceres, coordinatrice du Consejo Cívico de Organizaciones Populares e Indígenas de Honduras (Conseil civique des organisations populaires et indigènes du Honduras, Copinh), a été assassinée cette nuit dans sa propre maison à La Esperanza, Intibucá (Honduras). En raison des nombreuses menaces dont elle était l’objet, la Commission interaméricaine des droits humains (CIDH) avait recommandé qu’elle bénéficie de mesures de protection, recommandations que le gouvernement hondurien a systématiquement ignorées.

Berta Cáceres était une figure emblématique des luttes populaires et des peuples indigènes du Honduras, contre la spoliation de leurs droits et de leurs territoires. Comme mouvement populaire, le Copinh avait mobilisé toutes ses forces pour dénoncer le coup d’État de 2009 et avait joué un rôle particulièrement important dans la résistance contre les grands projets d’infrastructures qui menacent les territoires et les ressources des peuples indigènes et paysans du Honduras. À ce titre, Berta a joué un rôle de premier plan, au niveau national et dans de nombreux forums internationaux pour dénoncer les programmes internationaux qui sous couvert de la défense de l’environnement organisent la marchandisation des ressources naturelles et de la nature.

Ces dernières années, Berta et le Copinh avaient mené une lutte infatigable contre la construction du barrage d’Agua Zarca qui représentait une menace pour les rivières et menaçait de spolier plusieurs communautés indigènes lenca. Au prix d’une occupation, pendant de longs mois, du lieu prévu pour la construction qui avait coûté plusieurs morts parmi les membres du Copinh, les entreprises avaient dû reculer... mais c’était pour mieux sauter. Depuis peu, les bulldozers prétendaient reprendre leur danse infernale et mener le projet à terme en amont de la rivière. Berta et le Copinh avaient immédiatement annoncé la reprise de la mobilisation.

Le mouvement social hondurien et mésoaméricain mais aussi les féministes, anticapitalistes, écologistes et tou•te•s les défenseur•e•s de la justice sociale ont perdu en cette nuit obscure, une de leur meilleure porte-parole.

Pour la mort de Berta, ni pardon ni oubli !

Pour sa mémoire, pour la justice,
joignons notre douleur et notre rage à celle du Copinh
et du mouvement populaire hondurien.

http://lavoiedujaguar.net/Honduras-assassinat-de-Berta

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Re: Honduras

Messagede Pïérô » 11 Mar 2016, 20:54

La résignation ou la mort

L’assassinat de la militante indigène écologiste Berta Cáceres met en lumière la réalité politique et économique du Honduras depuis le putsch de 2009.


Quelques heures avant le meurtre de Berta Cáceres, nous correspondions avec elle par messages. Nous devions la rencontrer afin d’en savoir plus sur les dommages causés par l’exploitation minière au Honduras. Dans son dernier message, la leader du Conseil civique des organisations populaires et indigènes du Honduras (COPINH) faisait état de graves menaces à son encontre. Selon plusieurs de ses proches, sa disparition est principalement liée à sa lutte contre la construction d’un barrage hydroélectrique nommé Agua Zerca. Le projet priverait la communauté Lenca de son accès au fleuve Gualcarque.

Tous les indices concordent: l’après-coup d’Etat de juin 2009, qui a vu la classe politique traditionnelle et l’armée renverser le président de centre-gauche Manuel Zelaya, a engendré une hausse significative des persécutions judiciaires et policières ainsi que des meurtres. Les cibles? Les leaders sociaux et les syndicalistes en désaccord avec la politique économique de l’Etat, détaille Karen Spring, coordinatrice du Honduras Solidarity Network, un collectif réunissant une trentaine d’organisations nord-américaines solidaires des mouvements sociaux locaux.

Proche de Berta Cáceres, Karen Spring nous reçoit à La Esperanza, la ville où vivait l’activiste assassinée. La leader du peuple Lenca avait rejoint le Front national de résistance populaire. «Cette coalition a été formée en réaction au coup d’Etat, elle regroupe des gens de la société civile de différentes conditions sociales, mais tous mus par une volonté de justice sociale, de résistance à la privatisation des ressources naturelles et au néolibéralisme», rapporte Mme Spring.

Une initiative dont le fort impact inquiétait les autorités issues du putsch ainsi que les grandes entreprises opérant dans le pays. «La réponse de l’Etat a été d’accroître le nombre d’unités de police et d’allouer plus de moyens aux services de renseignement et à l’armée.» Le but officiel était de réduire la criminalité. «Pourtant c’est le contraire qui s’est produit, car le taux d’homicides est plus élevé qu’à ­l’époque. C’était une manœuvre habile pour tromper l’opinion publique», accuse-t-elle.

... http://www.lecourrier.ch/137299/la_resi ... ou_la_mort
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Re: Honduras

Messagede bipbip » 27 Mar 2016, 14:07

Au Honduras, les assassinats de militants écologistes se multiplient

Le Honduras détient un triste record, celui du nombre de militants écologistes assassinés. En mars, deux activistes ont de nouveau été tués. Ils s’opposaient au barrage d’Agua Zarca et à l’accaparement des terres.

... http://reporterre.net/Au-Honduras-les-a ... ultiplient
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Re: Honduras

Messagede bipbip » 03 Avr 2016, 01:47

Honduras : appel urgent soutien a Gustavo castro

Appel à soutien pour la liberté de Gustavo Castro, victime et témoin de l’assassinat qui a coûté la vie à Berta Cáceres, activiste du Honduras, co-fondatrice du Conseil des Organisations Populaires et Indigènes du Honduras (copinh).

Alerte, la Terre se meurt et ses amis avec… Soutenons Gustavo Castro !

Le ballet des économistes ou autres spécialistes du terrorisme a relégué au second plan médiatique bon nombre de luttes sociales pour les biens communs, les droits des peuples et de la Nature. Pourtant, partout dans le monde, des activistes pacifistes mènent le combat, des millions de petites mains contre de gros bras. Le combat n’est ni mort ni enterré.
Celle qui est morte, c’est Berta Cáceres, activiste du Honduras, co-fondatrice du Conseil des Organisations Populaires et Indigènes du Honduras (copinh) et lauréate du prix « Goldman » en 2015 (reconnaissance internationale pour les actions de défense de l’environnement ; http://www.goldmanprize.org/). Quatre balles dans le corps.
Gustavo Castro, présent chez Berta lors de l’assassinat, n’a pas été loin de subir la même sentence. Il a été blessé par balle par les hommes qui ont tué Berta et a miraculeusement survécu à l’attaque perpétrée le 3 mars à La Esperanza, dans le sud-ouest du Honduras. Depuis, les autorités honduriennes le retiennent en qualité de témoin protégé, niant son statut de victime, son droit à rejoindre sa famille au Mexique et à vivre en sécurité dans son pays, loin de là où il a frôlé la mort. Il s’est soumis à toutes les procédures judiciaires nécessaires dans le cadre de l’enquête sur l’assassinat de Berta et revendique aujourd’hui son droit à continuer à collaborer avec la justice hondurienne depuis le Mexique, en vertu du traité d’assistance judiciaire mutuelle signé entre le Honduras et le Mexique. Mais les autorités honduriennes n’en ont cure et Gustavo se retrouve victime d’un théâtre judiciaire, sans la moindre information sur l’avancée de l’enquête en cours ni sur le sort qui lui sera réservé.
Gustavo est un sociologue mexicain. Il est le fondateur de « Otros Mundos A.C. », relais des Amis de la Terre au Mexique, une association basée à San Cristóbal de las Casas dans le Chiapas (sud-est du Mexique), dédiée à la défense du territoire face à la multiplication des mégaprojets. Il a écrit de nombreux textes analysant leurs impacts sur l’environnement et les failles du système capitaliste actuel (voir par exemple : http://otrosmundoschiapas.org/index.php ... escaramujo). Comme Berta, sa lutte pour la défense des fleuves et contre les mégaprojets qui exproprient à tour de bras des communautés entières en Amérique Latine lui a valu d’être un acteur central dans la création et l’animation de réseaux à l’échelle du continent américain (mapder, redlar, rema, m4).
Le copinh résiste depuis des années à la construction du barrage “Agua Zarca” sur le fleuve Gualcarque, entre les départements de Santa Barbara et Intibucá, dans le sud-ouest du pays. Des centaines de personnes appartenant au peuple Lenca, dont l’existence dépend de ce fleuve sacré, se verraient déplacées de force par ce projet de l’entreprise hondurienne desa financé entre autre par deux banques d’investissements finlandaise (finnfud) et hollandaise (fmo). Depuis le début de la construction du barrage en 2013, les membres au copinh n’ont cessé de se mobiliser en bloquant des routes pour empêcher le passage des machines mais la répression menée par l’entreprise, l’armée hondurienne et la police locale a été sans merci : détentions, assassinats et menaces de mort à répétition. Suite à des menaces de mort sur Berta, la Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme (cidh) avait demandé des mesures de protection sur sa personne. Rien ne fut fait.
Avec le meurtre de Berta et celui de Nelson Garcia, autre membre du copinh tué par balles le 15 mars, le copinh enregistre 6 assassinés parmi ses membres. C’est ce qui a décidé finnfud et fmo de se retirer du projet il y a quelques jours. Un peu tard, non ?
Dans cette histoire, on n’a pas affaire avec un Rastapopoulos bête et méchant comme dans les aventures de Tintin. On est face à un pouvoir cynique et froid. Dans la BD, l’affreux mafieux veut écraser le jeune journaliste comme une vulgaire araignée mais n’y parvient pas. Dans la réalité il ne reste qu’une bouillie d’araignée. Le cynisme de cette histoire est à vomir.
Tout est mis en oeuvre pour ne pas considérer le lien entre l’attaque du 3 mars et l’activisme des deux victimes (lien non avéré mais tellement visible comme une balle dum-dum au milieu de la figure que ne pas l’envisager est suspect en soi). La justice hondurienne préfère évoquer la piste du vol et du crime passionnel. Gustavo Castro a dénoncé dans une lettre ouverte que les enquêteurs lui ont montrée des photos de membres du copinh parmi lesquels il a été appelé à reconnaître les coupables.
« Cynique » ne semble pas être un mot assez fort pour décrire ce procédé… obscène peut-être. Un peu de sarcasme pour finir de peindre le tableau : ceux qui ont tué Berta et blessé Gustavo sont sûrement de pauvres gars du peuple hondurien qui font ce genre de job de temps à autre pour arrondir des fins de mois difficiles. Comme dit Bersuit Vergarabat : « on entend des tirs dans la forêt, ce sont les armes des pauvres, ce sont les cris du Latino ».
Parfois le sarcasme fait rire, là il fait pleurer. Ce sont des larmes de tristesse d’avoir perdu une compa, une sœur. Ce sont des larmes de peur. Peur pour des amis, qu’ils soient poursuivis et tués pour des idéaux fraternels et pacifistes. Ce sont des larmes de honte. Honte d’un monde où l’argent vaut plus que la Vie. Ce sont des larmes de rage. Rage face à des pouvoirs cyniques et destructeurs.
Une pétition tourne : http://movimientom4.org/2016/03/firma-p ... -a-mexico/
Information relue, corrigée et complétée par l’équipe de Otros Mundos Chiapas A.C./Les Amis de la Terre Mexique
PS (de Otros Mundos) : ce qu’il y a derrière cette affaire va bien au-delà de Gustavo ou même de Berta. C’est une lutte sociale que l’on cherche à museler par la violence et la peur. Notre combat donne une voix aux invisibles de nos sociétés latino-américaines. Ces invisibles sont des paysans pauvres et marginalisés. Notre combat pour l’environnement ne peut être dissocié de ces millions de personnes. C’est en cela que nous dérangeons certains pouvoirs corrompus, tenus par la finance. Nous cherchons une préservation concertée de biens communs, ils veulent exploiter un capital naturel privatisé aux dépens des peuples en place depuis parfois des centaines d’années.

Sortir Gustavo des griffes du gouvernement du Honduras serait, en plus du retour d’un ami cher et aimé, une victoire symbolique de notre action. Nous n’avons pas l’intention de nous taire malgré les menaces qui pèsent sur nous, la lutte continue !

Nous en appelons à faire tourner l’informations, diffuser et agir de la manière qui vous est propre afin de soutenir cette lutte qui nous touche tous, que l’on soit ici ou là bas.
Voici les coordonnées de l’ambassade du Honduras en France.

Ambassade du Honduras, 8 rue Crevaux 75116 Paris.
Téléphone : 0147558648.
Email : ambassade@ambhonduras.com

Liberté pour Gustavo Castro, justice pour Berta Cáceres !!!

https://rebellyon.info/APPEL-URGENT-SOU ... STRO-16053
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Re: Honduras

Messagede Pïérô » 06 Juil 2016, 07:33

[Honduras] Manifestations et occupations!

Depuis plus d'un mois, des étudiantEs occupent des bâtiments de l'Université Nationale Autonome du Honduras (UNAH) dans la capitale, Tegucigalpa. Le 1er juillet, 12 personnes ont été arrêtées par la police hondurienne, ce qui n'a pas empêché les étudiantEs de réoccuper l'université le lundi suivant (4 juillet). Cette occupation s'inscrit dans un mouvement visant à empêcher la privatisation des différentes universités à travers le pays. Les étudiantEs dénoncent une néolibéralisation du système d'éducation. En réponse à cela, les administrateurs de l'UNAH ont annulé la troisième session universitaire dans une douzaine de départements. Le mouvement estudiantin a commencé ses moyens de pression en juin sur divers campus de l'UNAH et dans la deuxième plus grande ville du pays, San Pedro Sula.

... http://ucl-saguenay.blogspot.fr/2016/07 ... tions.html
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Re: Honduras

Messagede bipbip » 17 Juil 2016, 11:50

Encore une écologiste assassinée au Honduras

Yaneth Urquia a été retrouvée morte mercredi 7 juillet, près d’un dépotoir d’ordures, avec un traumatisme crânien grave. Selon La Voz Lenca, le bureau de communication de COPINH (Conseil des organisations populaires et indigènes du Honduras), Urquia était une militante active du groupe et luttait contre la construction de centrales hydroélectriques sur les terres autochtones. Elle était membre du COPINH , le groupe fondé par Berta Caceres, elle-même assassinée en mars dernier.

https://reporterre.net/Encore-une-ecolo ... u-Honduras
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Re: Honduras

Messagede bipbip » 05 Déc 2017, 22:21

Honduras : La répression policière fait 7 morts et 20 blessés

Les résultats des élections présidentielles honduriennes sont fortement contestés depuis une semaine. Le gouvernement en place, pro-américain, a accru vendredi la répression en imposant un état d’urgence doublé d’un couvre-feu.

Il y a huit jours se tenaient les élections présidentielles au Honduras, pays d’Amérique centrale sous forte influence des Etats-Unis.Vendredi dernier, les résultats sont fortement contestés par l’opposition, et la mobilisation a poussé le conseil des ministres à proclamer un couvre-feu, violant la garantie constitutionnelle du droit de circulation, et à déployer un arsenal répressif sans précédent.

Pour rappel, le parti national du Honduras actuellement au pouvoir y est arrivé suite à un putsch militaire en 2009. Ce coup de force, commandité par les puissances économiques du pays et appuyé par les Etats impérialistes, avait pour objectif de contrer la vague réformiste de l’ALBA en Amérique Latine.

Aujourd’hui ce même gouvernement tente d’imposer sa réélection : la tenue même de cette dernière avait été contestée par plusieurs organisations honduriennes de par son caractère illégal, la candidature du président actuel se fondant sur une décision de la Cour suprême l’autorisant à se présenter une seconde fois, malgré que ce soit contraire à la Constitution. Ce même gouvernement avait connu une forte remise en question ces dernières années. Un exemple de cela a été les "marches de la torche" des indignés en 2015 qui ont dénoncé la corruption et le pillage du système de santé publique.

... http://www.revolutionpermanente.fr/Hond ... 20-blesses
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Re: Honduras

Messagede bipbip » 13 Mai 2018, 19:40

Radio Macompo, une expérience communautaire et féministe

Honduras : Radio Macompo, une expérience communautaire et féministe

Dans cet État d’Amérique centrale, un des plus violents de la planète, des femmes s’organisent pour battre en brèche le machisme et le patriarcat. Présentation d’une radio faite par des femmes pour leur émancipation.

Le Honduras, petit pays d’Amérique centrale de 8,7 millions d’habitants, dont la population est métissée à 90 % et amérindienne pour 9 %, est marqué par la violence politique depuis la naissance de l’État souverain en 1838. Une succession de coups d’État, appuyés par les États-Unis, marque le pays du XXe siècle jusqu’à aujourd’hui  : avec le coup d’État de 2009 contre le président démocrate Manuel Zelaya, la Constitution bafouée par l’actuel président Juan Orlando Hernandez, qui s’est représenté aux élections de 2017 sans en avoir le droit, et le soupçon de fraude électorale qui a entaché les élections du 26 novembre 2017. Des milices privées protègent les intérêts des secteurs d’activités (exploitation minière, déforestation) en relation avec les dirigeants de l’armée, et commettent des assassinats de militant.es. Le Honduras présente le taux le plus élevé d’assassinats politiques dans le monde, par rapport à sa population. Les écologistes et les syndicalistes sont particulièrement ciblés, et l’impunité des crimes sociaux et politiques est quasi totale.

La violence est aussi sociale avec le maintien de la population, en particulier la population rurale, dans un sous-développement chronique, engendrant des maux bien connus  : illettrisme, délinquance, mafia, mortalité infantile élevée.

Violences politiques et sociales du Honduras

Dans ce climat, les premières victimes de violence sont les femmes. L’avortement est interdit et passible d’une peine de prison. La pilule du lendemain est strictement interdite. Les violences faites aux femmes au quotidien sont extrêmes  : on estime qu’une femme meurt toutes les 16 heures. Le féminicide est la deuxième cause de mortalité  : 95 % des violences constatées ne sont pas punies  [1].

Les femmes honduriennes sont au cœur des luttes contre la déforestation, contre la privatisation de la santé et de l’éducation. Elles luttent pour des changements politiques et sociaux, pour une transformation de la société, gage d’un meilleur avenir pour leurs enfants. Elles ont tout à gagner et rien à perdre, pas même leur vie qui est menacée même au cœur de leur foyer. Elles sont à la fois pilier de la famille et principal objet de la violence  [2].

Même si elles luttent dans des organisations syndicales ou des mouvements aux côtés des hommes, les femmes au Honduras ont aussi une très grande capacité à s’assembler collectivement, entre femmes, pour des actions locales afin de transformer leur quotidien. Ainsi à La Unión, dans le Olancho, après l’ouragan Mitch en 1998, un groupe de femmes s’est constitué pour créer, gérer et animer une radio associative.

Les origines de Radio Macompo

L’initiative en revient à une pe­tite association française, le Comité Amérique latine du Nord-Cotentin, dont certains membres ont séjourné au Honduras pour des actions humanitaires de santé et gardé des contacts, en particulier dans le Olancho. Le Olancho est une région montagneuse, située dans le nord du pays, qui manque singulièrement d’infrastructures. Les habitants du Olancho ont la réputation d’être rebelles au gouvernement central (le Olancho a demandé son indépendance en 1877), lequel les a toujours «  punis  » en les laissant dans un sous-développement social et économique (la première école date de 1930).

N’ayant pas les moyens de faire de l’urgence, l’association française a décidé de monter un projet à long terme. Elle a dépêché sur place une de ses membres pour recenser les besoins de la population, c’est-à-dire les besoins des femmes. Le contact a été pris via les religieuses catholiques qui y vivent et y mènent des actions de santé auprès des mères et des enfants. Elles y ont monté une pharmacie de produits à base de plantes qu’elles cultivent et transforment, source de revenus pour les femmes du village qui y sont employées.

Les femmes interrogées ont répondu massivement que le plus grand problème était l’isolement. Elles souhaitaient avoir à leur disposition un outil leur permettant de se contacter d’un village à l’autre, de faire de l’alphabétisation, de l’éducation, de la formation à la santé et à l’agriculture, de diffuser leur culture. Elles demandaient une radio.

Quelques femmes à La Uniòn ont commencé à se réunir et ont constitué une association qu’elles ont nommée Macompo, c’est-à-dire Mujeres Activas para la comunicación de los pueblos de Olancho. Le groupe était constitué d’enseignantes très motivées par la perspective d’avoir un outil éducatif leur permettant d’impliquer tant les élèves que les parents, d’une employée de banque qui s’est portée volontaire pour être formée à la radio et d’autres femmes autour de ce noyau.

Dans chaque village, une réunion était organisée par une femme chez elle. Les femmes arrivaient de la campagne pour y participer, ayant fait plusieurs kilomètres à pied, un enfant sur le dos. Toutes manifestaient le désir d’avoir une radio à elles, pour elles. Leur énergie était impressionnante, à la hauteur de leur dénuement. Il a fallu trouver un local, acquérir le matériel, former du personnel, acheter une fréquence et obtenir le permis d’émettre. L’évêché proposait d’installer l’antenne sur une colline lui appartenant, sans contre-partie. Il restait à acheter une fréquence dont le prix, compte tenu de la corruption, peut aller du simple au double, et obtenir un permis d’émettre alors que l’État est peu enclin à favoriser des radios totalement libres, c’est-à-dire non évangéliques ou commerciales.

Une radio féministe et autogérée

En 2002, une radio commerciale de La Uniòn avait cessé d’émettre pour raisons économiques. L’association française a financé le rachat de la fréquence et du matériel déjà en place. Radio Macompo a commencé à émettre le 14 février 2004. Elle émet depuis lors de 5 heures du matin à 21 heures.

La radio se veut objective, de service, sans but lucratif. Elle veille à rester indépendante. C’est la radio des femmes, pour les femmes, animée par des femmes avec pour objectifs de permettre l’accès à tous à l’éducation par des programmes pédagogiques  ; relayer les informations locales et nationales  ; informer les habitants du Olancho sur les thèmes de la santé des enfants et des femmes avec notamment un programme d’information sur le contrôle des naissances et les maladies sexuellement transmissibles, l’éducation, la violence, l’environnement, les droits humains, et permettre l’accès à la culture nationale et internationale.

La radio émet dans sept villages très isolés du nord du Olancho, sur quelque 20 km2. Un sondage réalisé en 2007 montre que sur les 50 000 habitants des sept villages concernés, entre 25 et 30 000 écoutent Radio Macompo.

Le projet initial prévoyait que l’association française se retire totalement au bout de trois ans. Le salaire de la gestionnaire a été pris en charge jusqu’à fin 2006. Pour financer le salaire et s’affranchir totalement de l’association française, Macompo a monté une coopérative de production et commercialisation de café. Radio Macompo fait maintenant partie d’un réseau de radios communautaires. Les radio communautaires jouent un très grand rôle dans l’éducation des femmes, dans un pays où le taux de fécondité est très élevé, ainsi que celui des grossesses chez les adolescentes, voire les très jeunes filles tout juste pubères.

Bien sûr, les risques sont grands et nécessitent de la prudence. Certaines radios ont été fermées au moment du coup d’État et pendant les longues années de dictature (1972-1983). Les femmes de Radio Macompo savent se montrer prudentes et la radio n’a jamais, jusqu’à maintenant, cessé d’émettre depuis quatorze ans. Mais Radio Macompo doit aussi résister aux pressions des évangéliques et de l’Église catholique qui essaient d’y avoir des créneaux horaires pour faire du prosélytisme. Des programmes religieux existent tout de même à la demande des habitants, sans privilégier une religion en particulier.

Comme beaucoup d’autres au Honduras, les femmes de Macompo œuvrent sans faire de bruit, mais le silence est peut-être leur première et seule protection. Au-delà de la résistance, les femmes honduriennes minent les fondements d’une société patriarcale, machiste et violente. Sans doute faudra-t-il, quand les conditions politiques le permettront, que leurs actions deviennent visibles, soient reconnues, et fassent partie d’un projet politique de développement social.

Christine Gillard (Amie d’AL)

• Écoutez Radio Macompo sur Linkedin.com


[1] Rapport sur les violences faites aux femmes au Honduras, 26 juillet 2007, à retrouver sur Un.org.

[2] «  Le Honduras un calvaire pour les femmes  », Le Monde du 23 novembre 2014.


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