Chine. Liu Xiaobo, esprit libre, mort détenuUne grande tristesse, un énorme gâchis. L’annonce de la mort de Liu Xiaobo, ce jeudi 13 juillet 2017, laisse un goût amer. Emprisonné depuis 2008 pour avoir signé une Charte demandant le respect des libertés privées et politiques et celui de la Constitution chinoise, il n’a été sorti de prison que pour venir mourir dans un hôpital.
Souffrant d’un cancer du foie au stade terminal, il avait indiqué qu’il espérait pouvoir se faire soigner hors de Chine: pas vraiment parce qu’il espérait guérir, mais pour retrouver pour quelques jours le goût de la liberté. La liberté de parler, de rencontrer ses amis et surtout loin de toute surveillance, de serrer contre lui sa femme, la poétesse Liu Xia.
Mais alors que le diagnostic avait été posé en mai, les autorités chinoises n’ont rendu publique son hospitalisation que fin juin, trop tard pour pouvoir l’évacuer vers l’étranger. La Chine va donc porter une tache indélébile: celle d’avoir laissé mourir en prison un prix Nobel de la Paix. Il y avait eu un autre cas, en 1938, mais c’était alors le régime nazi qui avait enfermé jusqu’au bout le pacifiste allemand Carl von Ossietzky.
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https://alencontre.org/asie/chine/chine ... etenu.htmlOù va la Chine ?Contretemps : À l’heure où Trump, nouveau président des États-Unis, annonce une rupture avec le libre échangisme et un repli sur un unilatéralisme nationaliste, à Davos, sommet des cercles du capitalisme mondialisé, Xi Jinping se positionne en hérault du libéralisme libre-échangiste. On n’y reconnaît plus son monde ! Comment apprécier ce propos, en rupture avec tout ce qu’on pouvait croire être la Chine ?
Pierre Rousset : Rupture complète avec l’ère maoïste, sans doute. Mais qui s’inscrit dans la continuité, évolutive certes, des réformes de Deng Xiaoping depuis que celles-ci se sont révélées comme de nature capitaliste.
Au plan symbolique cette déclaration à Davos est en effet très importante. Trump menace d’un repli sur l’unilatéralisme, d’une mise en cause des institutions de coopération internationale qui servent de cadre de négociations entre bourgeoisies, ainsi que de structures telles que l’OTAN. Face à lui Xi Jinping s’est mis en position de dire : « S’il en est ainsi nous sommes prêts à prendre la relève »…
Un positionnement révélateur de la manière dont la Chine se déploie au plan international, en remettant en cause la hiérarchie et les rapports de force au sein du capitalisme existant.
C’est également intéressant par rapport à la Russie. Celle-ci au cours de la période récente s’est affirmée fortement grâce à ses capacités militaires dans l’Est européen (Crimée, Ukraine…) et en Syrie. Mais Poutine n’est pas en mesure de parler comme Xi Jinping. La Chine a déployé aux plans économique et financier un réseau international à partir duquel elle est capable, y compris en Amérique latine, de proposer face à des États-Unis qui se retireraient ou aggraveraient le conflit avec le Mexique, de prendre leur relève et d’apporter ses investissements. Elle s’attache de même à construire un réseau militaire (renforcement de sa flotte, accords de défense avec divers pays, implantation de bases à l’étranger, système de surveillance…), ce qui nécessite encore beaucoup de temps.
Cela vaut constat de la stature internationale d’ores et déjà acquise par la Chine et de son ambition d’être reconnue comme puissance mondiale de premier plan.
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http://www.anti-k.org/2017/07/15/ou-va-la-chine/