États-Unis. Obtenir la révision du procès de MumiaUne audience fédérale pour le journaliste a été convoquée, le 17 janvier, s’appuyant sur la nouvelle jurisprudence de la Cour suprême.
L’année 2018 sera-t-elle celle de tous les espoirs pour le journaliste américain Mumia Abu Jamal ? Notre confrère, emprisonné depuis trente-cinq ans aux États-Unis pour un meurtre qu’il a toujours nié, fait preuve d’une résistance remarquable malgré les épreuves endurées depuis des décennies. La mobilisation internationale a permis dans un premier temps de le sortir du couloir de la mort, preuve, s’il en fallait une, de la vacuité du dossier, entaché de multiples irrégularités et de vices de procédure.
En 2017, on s’en souvient, les comités de soutien pour sa libération ont travaillé avec succès à une question : permettre à Mumia l’accès aux soins pour éradiquer son hépatite. Aussi incroyable que cela puisse paraître, au XXIe siècle, il aura fallu une bataille pour qu’un prisonnier aux États-Unis puisse être soigné. Cette aide médicale pour Mumia-Abu Jamal a d’ailleurs profité à des milliers de prisonniers en Pennsylvanie, État où il est incarcéré. Malheureusement, sa santé s’est une nouvelle fois dégradée. Il présente de l’eczéma sur tout le corps et l’on imagine les souffrances que cela occasionne, faute de soins sérieux. C’est bien ce qui se passe, l’administration pénitentiaire faisant de chaque problème, aussi minime soit-il, une nouvelle épreuve pour Mumia Abu-Jamal. « Avec nos amis américains, nous allons lancer une campagne d’interpellation des autorités pénitentiaires pour exiger sa prise en charge par une équipe médicale extérieure à la prison », annonce Jacky Hortaut, l’un des animateurs français du Comité de soutien pour la libération de Mumia (1).
Faire face à l’ancienne administration
Parallèlement, une nouvelle bataille a commencé, et trouvera son point d’orgue le 17 janvier. Les avocats de notre confrère sont, en effet, repassés à l’attaque pour demander la révision de son procès (il avait été condamné à la peine de mort en 1982), en s’appuyant sur la nouvelle jurisprudence de la Cour suprême des États-Unis. Celle-ci considère non conforme à la Constitution (affaire Terry Williams v. Pennsylvania 579 US 2016) qu’un même magistrat, procureur ou juge, soit impliqué dans une affaire de peine capitale à ses différents niveaux judiciaires. Autrement dit, dans une même affaire, on ne peut être juge et partie. Le juge fédéral Leon Tucker a ordonné depuis plusieurs mois au bureau du procureur de Philadelphie de fournir tous les documents concernant l’implication du magistrat Ronald Castille à tous les niveaux judiciaires ayant abouti à la condamnation à mort de Mumia et qui refusa de se récuser malgré ses interférences en tant que procureur durant toutes les procédures d’appel.
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https://humanite.fr/etats-unis-obtenir- ... mia-648326Mumia Abu-Jamal. Alerte pour sa santé ! Intervenez pour qu'il bénéficie au plus vite de soins médicauxAux Etats-Unis, si vous êtes derrière les barreaux, la maladie peut être une peine de mort. Le profit est la seule priorité des compagnies d'assurance maladie qui passent des contrats avec l’administration pénitentiaire. Dans le cas de Mumia, on a pu mesurer combien cette réalité était inhumaine, parfois comparable à la torture. Sans la mobilisation internationale, il n’aurait jamais obtenu le traitement pour éradiquer l’hépatite dont il souffrait.
Pour autant, les maladies induites par l’absence de traitement durant une trop longue période n’ont pas disparu par miracle. Il en est ainsi de la maladie de peau (eczéma) qui refait surface sur tout le corps avec son lot de démangeaisons insupportables, au point de ne plus pouvoir dormir tant elles sont intenses et sans répit. Son épouse et ses visiteurs les plus récents témoignent de son état de santé en forte dégradation et des marques visibles d’une peau s’apparentant à celle d’un crocodile avec des traces de saignements sur les bras, la poitrine et le dos … Et il ne sait rien de l’évolution de sa cirrhose du foie à laquelle s'ajoutent désormais des problèmes neurologiques probablement dus à l'eau contaminée de la prison qui rend malade depuis des mois beaucoup d'autres prisonniers.
Le docteur de la prison s'est contenté d'une consultation audio-visuelle avec un dermatologue qui a recommandé un traitement médicamenteux (Duxipent) associé à des rayons ultra-violets. Mumia se souvient avoir dû arrêter le traitement par rayons l'an dernier car, sans contrôle médical associé, les rayons lui ont brûlé la peau. A l’évidence, ce traitement ne peut donc être repris que sous surveillance hospitalière afin de ne pas l’exposer aux mêmes risques. Et sans un bilan médical complet on ne peut administrer à Mumia un médicament tel que le Duxipent aux effets secondaires notoires connus et surtout hors du cadre hospitalier.
Comme nous l’avons fait il y a deux ans, avec succès, nos amis américains invitent les soutiens à Mumia du monde entier à intervenir auprès du responsable de l’administration pénitentiaire de Pennsylvanie et de la directrice de la prison avec ce message (1) :
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