Suite au Bain de sang dans l’Amazonie péruvienne du 5 juin (http://
oclibertaire.free.fr/spip.php?article573), des organisations
libertaires lancent un appel à la solidarité internationale, à
l’initiative de l’Union socialiste libertaire du pérou (http://
uslperu.blogspot.com/)
En voici la traduction
(
http://oclibertaire.free.fr/spip.php?breve145)
Le communiqué suivant est une initiative de solidarité libertaire
internationale avec les peuples originaires et amazoniens du Pérou
dans leur lutte en défense de leurs terres et culture ancestrale.
Celle-ci est atteinte et menacée par le gouvernement péruvien en
alliance avec l’impérialisme, les multinationales et la droite
(principalement l’APRA, l’Union nationale et le fujimorisme), à
travers des décrets législatifs inconstitutionnels et violateurs,
dans le cadre de la signature du Traité de Libre Commerce avec les
Etats-Unis. ».
Nous, Unión Socialista Libertaria, exhortons les organisations
anarchistes, libertaires et proches du monde entier à signer ce
document, à le faire vôtre et à diffuser son contenu à travers vos
espace virtuels, listes e-mail, journaux, revues, bulletins,
communiqués, peintures murales, forums, actions publiques,
culturelles, politiques, etc… avec l’objectif d’établir une
claire position libertaire et militante sur ce qui se passe au Pérou
Pour cela nous appelons les camarades libertaires à organiser, en
relation avec d’autres secteurs proches et en lutte, des
mobilisations et des rassemblements devant les ambassades du Pérou
dans chaque pays, pour dénoncer les actions de l’Etat et des
multinationales dans notre pays.
Nous en appelons à la vocation solidaire qui nous caractérise comme
révolutionnaires libertaires pour faire cause commune, pour nos
frères amérindiens et pour leur faire savoir qu’ils ne sont pas
seuls, que leurs luttes sont les nôtres, jusqu’à parvenir à la
véritable société de pleine liberté, autonomie, progrès humain,
sans exploités ni exploiteurs
Déclaration internationale libertaire
Solidarité avec la lutte des peuples de l’Amazonie du Pérou !
Les communautés amazoniennes et originaires de la forêt péruvienne
(en particulier à Loreto, San Martín, Amazonas, Ucayali, Huánuco,
Cuzco et Madre de Dios) font de nouveau sonner leurs tambours de
lutte et de résistance contre les assauts du modèle économique néo-
libéral préconisé par le gouvernement péruvien (avec le parti
apriste à sa tête) et comme une moyen de force lancent l’appel à
la rébellion populaire après la grève générale illimitée
massivement suivie depuis le 9 avril de cette année. Ces communautés
sont depuis plus de 50 jours engagées dans une lutte qui ne manquera
pas de représenter un clair exemple de courage, d’héroïsme et
d’organisation.
Ce processus intense de la lutte indigène et amazonienne a commencé
après que l’État péruvien, en contradiction avec ses propres
traités internationaux, ait violé systématiquement la Convention
169 de l’Organisation internationale du Travail (OIT), qui prévoit
une consultation préalable des peuples amérindiens ou originaires
avant toute intervention dans leurs territoires par des instances
étrangères à leurs propres communautés.
Cela signifie que le gouvernement apriste a lancé (ou plutôt, a
relancé) une nouvelle phase de pillage et de vente au plus offrant
auprès des multinationales des terres qui, de par la tradition et
l’histoire, appartiennent à chaque communauté (Awajun-Wampis,
Quechua , Arabela, Huaronis, Pananujuris, Achuar, Murunahus ou
Chitonahuas, Cacataibo, Matsés, Candoshis, Shawis, Cocama-Cocamilla,
Machiguenga, Yines, Ashaninkas, Yanesha et autres, y compris les
“sans contact” ou isolés) qui affirment leur droit à
l’existence et à la résistance.
Le rôle de l’État péruvien
La loi 20653, connue sous le nom de la Loi générale des communautés
autochtones, prise par le gouvernement de Velasco Alvarado le 24 juin
1974, reconnaît “l’existence légale et la personnalité
juridique des peuples autochtones d’Amazonie et leurs territoires,
en les déclarant inaliénables, insaisissables et
imprescriptibles”, loi confirmée dans la Constitution de 1979, puis
rayée d’un trait de plume par la Constitution de Fujimori de 1993
(qui a marqué le début de la dictature civico-militaire de
l’actuellement condamné Alberto Fujimori) ouvrant la voie à la
dépossession et au pillage par les gouvernements successifs et
ouvrant la voie à l’Accord de libre-échange (ALE) qui, avec les
décrets-lois de l’actuel gouvernement apriste, ont acquis force de
loi
Nous ne pouvons oublier le fait que, depuis la Constitution de
Fujimori de 93 elle-même, la voie a été ouverte à la spoliation
des ressources mentionnées ci-dessus. Il est donc évident qu’a
été commencé l’étranglement et l’isolement des communautés,
pendant que la cupidité des multinationales parvenait à obtenir
l’établissement de concessions en faveur d’entreprises
pétrolières, gazières, minières, du tourisme et de
l’exploitation forestière dans les régions qui ont
traditionnellement appartenu aux populations qui y sont installés.
C’est ce qui a ouvert la voie à des règlements dans lesquels
l’Etat lui-même, en esquivant les instances législatives (la
Parlement), par le biais de divers décrets-lois, déclare les
territoires des peuples autochtones : “négociables en fonction de
l’économie de marché”.
Une fois de plus, l’Etat péruvien a fait la preuve de son
caractère d’instrument de domination et d’exploitation pour les
classes dominantes de notre pays qui continuent d’exproprier non
seulement les droits politiques mais aussi les ressources propres à
nos populations amérindiennes (peuples originaires) qui aujourd’hui
se sont soulevées dans une rébellion contre le pouvoir oppresseur.
En tant que communistes libertaires, nous déclarons que le droit à
la libre autodétermination des communautés originaires est un
véritable exercice du pouvoir populaire, car ils se fonde sur des
principes communautaires, sur l’usage collectif des ressources
naturelles, et dans les méthodes communautaires de travail et de
répartition des bénéfices, qui depuis des lustres se sont
conservés dans la région amazonienne, où se trouvent 31 des 114
zones de vie et des écosystèmes dans le monde, 95% des forêts du
pays et un important potentiel pour l’eau ou l’énergie
hydroélectrique.
Les peuples de Abya Yala sur le pied de guerre
Dans le cadre de la grève générale amérindienne, s’est
déroulée une importante réunion des communautés andines dans la
région sud du Pérou, en particulier à Puno. Cette rencontre a
été “la IVème Rencontre continentale des peuples et nationalités
indiennes de l’Abya Yala” qui s’est terminé le dimanche 31 mai
dernier par l’engagement unanime de respecter la terre-mère et les
ressources naturelles pour le bénéfice de l’homme et le rejet
catégorique de la privatisation de l’eau, de la présence de
sociétés multinationales et du modèle économique néolibéral.
Tous ces principes sont inclus dans la Déclaration de Mama Quta
Titicaca (lac Titicaca situé entre le Pérou et la Bolivie), qui a
également décidé de mobiliser les organisations sociales et
autochtones au mois de juin en défense des peuples de l’Amazonie et
d’organiser des manifestation ou des rassemblements devant les
ambassades du Pérou dans chaque pays.
Il est important, également, de souligner le caractère de ce Sommet
amérindien qui porte en son essence le germe de l’auto-
organisation, que nous-mêmes, militants libertaires, défendons car
dans ses recommandations finales il est mis en avant “la
construction de peuples plurinationaux communautaires, qui se fondent
sur l’autogouvernement et la libre détermination de tous les
peuples.”
De même, il faut dénoncer le rôle rempli par les médias officiels
qui s’occupent de désinformer, de mentir et d’occulter les
mesures justes qui ont été massivement suivies dans la forêt
péruvienne, en collusion avec le gouvernement néolibéral actuel
avec à sa tête Alan García, le Vice-président et amiral en
retraite Luis Giampietri, responsable des massacres dans les prisons
au cours du premier gouvernement apriste des années 80, le Premier
ministre, Yehuda Simon, ancien dirigeant de gauche, qui a même été
emprisonné pour ses idées et qui est maintenant un gardien fidèle
de la réaction apriste.
On voit clairement que pour la bourgeoisie qui contrôle l’État
sous les ordres de l’impérialisme, la voie vers la dépossession
des communautés est également un plan visant à détruire leur
propre type d’organisation sociale et les rapports qui les lient à
leurs territoires. Cette relation dans son essence s’oppose aux
critères occidentaux de la propriété privée et pour cela
constituent un frein à l’avidité du capital transnational qui
cherchent à pénétrer ces régions, en s’en emparant en
partenariat avec l’État et en les transformant en fiefs propres à
assurer la prospérité et la domination des exploiteurs
Le président Alan García ment “subtilement” quand il dit que sur
les 63 millions d’hectares de la forêt péruvienne, seulement 12
millions appartiennent aux communautés amazoniennes, alors qu’en
fait, elles en couvrent plus de 25 millions, comme l’a affirmé le
chef de file et principal représentant des communautés en lutte,
Alberto Pizango, qui est poursuivi pour “atteinte à la sécurité
commune et perturbation des services publics”, de concert avec les
dirigeants autochtones Marcial Mudarra, les frères Saul et Servando
Puerta, Daniel Marzano et Teresita Antazu. Pizango est par ailleurs
déjà poursuivi pour “rébellion, sédition et autres” par le
procureur pénal provincial de Lima et fait l’objet d’une
troisième plainte devant le second procureur provincial pénal de
Utcubamba (Amazonas), pour “trouble à l’ordre public sous la
forme d’émeutes”.
Il est clair que l’ensemble de ce processus de poursuites et de
persécutions politiques et judiciaires fait partie des efforts de
l’État pour criminaliser les protestations populaires et de
réprimer les justes demandes sociales, en présentant les frères et
les sœurs amérindiens au public comme des “simples vandales ou des
sauvages ignorant du progrès que signifie la mondialisation”.
Pour notre part, en tant que libertaires, nous entendons que la lutte
des peuples autochtones de l’Amazonie et des Andes, dans la défense
de leurs territoires, de leurs organisations et de leurs cultures,
s’inscrit dans un programme minimum qu’implique la conquête des
revendications des peuples opprimés par l’Etat, le capitalisme et
l’impérialisme.
Cette plate-forme doit être basée sur l’utilisation de l’action
directe pour exiger l’expulsion des multinationales de leurs
territoires. Cela en défense de l’intégrité et de la durabilité
de l’habitat et de l’écosystème de la région qui, il faut le
rappeler, est l’un des "poumons" de la planète, pour un
développement soutenable et l’exploitation planifiée de la faune
et la flore sur la base de critères établis par les communautés.
Et également, pour l’auto-défense active de leurs territoires et
leur récupération.
Nous croyons que la véritable solidarité active avec les luttes
amazoniennes et indiennes passent par l’approfondissement de la
protestation populaire (agitation, propagande, grèves, arrêts de
travail, actions directes, etc.) et en incorporant dans toute plate-
forme de lutte celle des peuples originaires aujourd’hui.
Soutenir la juste protestation des peuples originaires de l’Amazonie
Bien que comme libertaires nous n’ayons rien à espérer et attendre
de l’Etat (mais de sa destruction), nous comprenons la lutte des
peuples autochtones comme la partie immédiate d’un projet de plus
grande envergure pour la libération des exploités, et en ce sens
elle s’insère dans une stratégie plus large ou un projet global de
révolution sociale.
En ce sens, nous devons appuyer les revendications qui, dans
l’immédiat portent en elles l’amélioration de leurs conditions
de vie et la maturation de leur organisation sociale, politique et
économique pour faire face à l’État et le détruire de
l’intérieur, en édifiant ces germes de pouvoir populaire qui
feront tomber ce géant aux pieds d’argile qu’est actuellement le
capitalisme, mortellement blessé au niveau mondial, par une crise
globale dont il ne pourra sortir si nous comprenons bien que cette
crise, la bourgeoisie doit la payer et non les travailleurs.
En ce sens, nous soutenons la lutte du peuple amazonien et de ses
diverses communautés pour obtenir des solutions immédiates et nous
appelons à :
-Abrogation de la loi qui attente et viole les intérêts des
communautés originaires et paysannes. C’est-à-dire l’abrogation
de la loi n ° 29317 ou la nouvelle loi sur les forêts et la faune
sylvestre, produit de la modification précipitée et partielle du
décret n ° 1090 (“Loi de la jungle”) et les décrets
législatifs connexes 1089, 1064 et 1020. C’est-à-dire, les 99
décrets imposés aux peuples qui n’ont jamais été consultés.
-Exiger le respect de l’autonomie et de l’autodétermination pour
les communautés autochtones et leur participation politique active
dans la prise de décision et l’approbation ou non, par le biais des
mécanismes de démocratie directe (assemblées populaires,
référendums, etc.) des règles légales ou de contrats de concession.
-Exiger des moyens et facilités pour que les communautés et les
peuples originaires puissent développer leurs activités productives,
de commerce et d’industrialisation, avec la perspective d’un
contrôle direct de ces processus par les habitants eux-mêmes en se
basant sur des principes d’autonomie et de socialisation.
-Exiger les moyens et les facilités nécessaires à l’ouverture et
la promotion de l’éducation et de culture dans les communautés
(par elles et pour elles). Plus d’écoles, plus d’enseignants
formés en vue de promouvoir la professionnalisation des étudiants
des populations originaires. C’est-à-dire, la construction d’un
système éducatif rationnel et de qualité, loin des tendances
concurrentielles et voraces qui commandent le marché capitaliste
mondial.
* Exiger que les plus grands bénéfices de l’exploration et
l’exploitation du pétrole et du gaz, pour les peuples originaires,
ainsi que la construction d’hôpitaux, de routes et les
infrastructures nécessaires, à condition qu’elles soient issues de
l’approbation de la population elle-même et que les mécanismes de
contrôle et d’administration soient gérés par les communautés
elles-mêmes.
-La cessation immédiate de la campagne de criminalisation de la lutte
que le gouvernement apriste et la droite péruvienne ont entrepris, la
fin du harcèlement des militants sociaux et de la création de
constantes psychosociales qui détournent l’attention sociale sur
les problèmes réels du pays.
Solidarité internationaliste avec la lutte des peuples de
l’Amazonie du Pérou !
Abogation immédiate des décrets-lois qui portent atteinte à la
souveraineté des peuples originaires !
Pour la liberté et la défense de la pensée, de la culture et de
l’autodétermination de tous les peuples du monde !
Contre l’autoritarisme de l’Etat, organisation et lutte depuis la
base !
A bas l’ALENA et les autres traités capitalistes !
Dehors les multinationales impérialistes et les bases militaires
yankee en Amérique latine !
Halte à la criminalisation des luttes et libération immédiate des
prisonniers ! Vive les luttes héroïques des peuples amérindiens
d’Abya Yala !
Nous sommes tous des Amazoniens !
Vive ceux qui luttent !
Lima, le 5 Juin 2008
Premiers signataires1.- Unión Socialista Libertaria (Lima, Pérou) 2.- Red Libertaria Popular Mateo Kramer (Colombie) 3.- Periódico Barrikada (Uruguay) 4.- Convergencia Anarquista Específica (Chili) 5.- Corriente Acción Libertaria (Chili) 6.- Huancayo Rebelde (Huancayo, Pérou) 7.- Centro de Estudios Sociales Manuel González Prada (Huancayo, Pérou) 8.- Columna Libertaria Joaquín Penina (Argentine) 9.- Organisation Communiste Libertaire (France) 10.- Asociación Obrera de Canarias / ?ššer ?m ?hlan n T ?kanaren (Îles Canaries, Afrique) 11.- Frente de Estudiantes Libertarios (Chili) 12.- Federazione dei Comunisti Anarchici (Italie) 13.- Ateneo Autónomo de Contracultura y Estudios “La Libertaria” (Venezuela) 14.- Red Libertaria (Argentine) 15.- Antorcha Libertaria (Colombie) 16.- Revista libertaria Divergences (Belgique) 17.- Colectivo de comunicación y agitación popular “Mecha” (Colombie) 18.- Colectivo ReXiste Riot Grrrl (Colombie) 19.- Estrategia Libertaria (Chili) 20.- Federación Anarquista Uruguaya (Uruguay) 21.- Organización Socialista Libertaria (Argentine) 22.- Organización Comunista Libertaria (Chili) 23.- Colectivo Agitación Libertaria (Chili) 24.- The Anarchist International (…) 25.- Espacio Libertario (Argentine) 26.- Kolectivo Utopía Ácrata Libertario (Argentine) 27.- Colectivo ResGestae (Colombie) 28.- Fédération Anarchiste (France/Belgique) 29.- Colectivo Qespikay (Cusco, Pérou) 30.- Periódico Anarquista « El Surco » (Chili) 31.- Buffalo Class Action (États-Unis) 32.- Zabalaza Anarchist Communist Front (Afrique du Sud) 33.- Unión Solidaria y Libertaria (Argentine ) 34.- Workers Solidarity Alliance (États-Unis et le Canada) 35.- La Batalla de los trabajadores (Chili) 36.- Colectivo : Kolumna Insumisa Fraternal Anarquista (Colombie) 37.- Alternative Libertaire (France). -38.- Coordination des Groupes Anarchistes (France). 39.- Federação Anarquista do Rio de Janeiro (Brésil). 40.- Comité de solidarité avec les peuples du Chiapas en lutte (France). 41.- Miami Autonomy and Solidarity (États-Unis). 42.- Társadalmi Forradalom -anarcho communist portal- (Hongrie). 43.- North Eastern Federation of Anarchist-Communists (États-Unis). 44.- Colectivo de Género Libertario de Arica (Chili). 45.- Grupo Militante Libertario (Mexique)
Traduction par l’Organisation Communiste Libertaire (OCL)
http://oclibertaire.free.fr/edit qierrot : j'ai mis à jour la liste des signataires