Espagne

Re: Espagne

Messagede Béatrice » 27 Avr 2012, 16:36

Expulsion brutale de Somonte ce matin : appel à un appui urgent !

Petit résumé historique de " l'aventure collective " renouant ainsi avec l'expérience " socialisatrice" de la révolution espagnole de 1936 ) de la Finca Somonte :

( J'aurai dû ouvrir un topic pour relater celle-ci , en prise directe avec les événements , et ne l'ayant fait , j'avoue qu'il est quelque peu difficile d'en suivre le cours ! )


[ Le SOC (Sindicato de Obreros del Campo ) lance un appel à la solidarité locale, nationale et internationale

Le Sindicato de Obreros del Campo est un syndicat espagnol qui défend les intérêt des travailleurs andalous.
Il peut être considéré comme un syndicat de tendance anarchiste-communiste.
Ce syndicat a une certaine audience dans les provinces de Cordoue et de Séville.
Son secrétaire général est Diego Cañamero.]
source :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Sindicato_ ... _del_Campo

« Notre philosophie peut se résumer de la façon suivante : la terre, comme l’air et l’eau, est un don de la nature que personne ne peut s’approprier pour son profit individuel ou pour son enrichissement privé. La terre est un bien public, propriété du peuple, qui doit être à l’usage et à la jouissance de ceux qui y vivent et qui la travaillent. Si alors la terre n’est à personne, la propriété de la terre est un vol. C’est pour cela que nous demandons l’expropriation sans indemnisation… » [1]

Trente ans après la grande époque de ses occupations massives de terres, le Syndicat andalou d’ouvriers agricoles (Sindicato de Obreros del Campo - SOC), vient de renouer avec cette tradition. A 11 heures du matin, le 4 mars, 500 journaliers agricoles et membres du syndicat ont envahi la Finca Somonte dans les riches terres de la plaine du Guadalquivir près de Palma del Rio dans la province de Cordoba. Ce domaine de 400 hectares, dont 40 à l’arrosage, fait partie d’environ 20.000 hectares que la Junta, le gouvernement andalou socialiste, avait décidé de vendre aux enchères. La vente, ou privatisation, du domaine de Somonte était justement prévue pour le 5 mars.


Expulsion brutale de Somonte ce matin : appel à un appui urgent !
jeudi 26 avril 2012

popularité : 35%

(traduction succinte)

Compañeros y Compañeras

Ce matin 26 avril 2012, la guardia civil est entrée de force dans la ferme et a expulsé une vingtaine de personnes qui y dormaient.

Une fois de plus comme en 1939 et en d’autres occasions, la répression prend la terre aux journaliers et aux paysans pour la donner aux terratenientes, curés et spéculateurs. Cette fois ce comportement fasciste prend le visage du PSOE qui vient de signer un accord pour continuer au gouvernement de la Junte d’Andalousie, avec la Gauche Unie.

Nous allons résister sur le domaine, entretenir le travail déjà réalisé et continuer à cultiver la terre pour subsister et vivre dignement.
LE 1º MAI, TOUS A SOMONTES !!!!!
VIVA LA REVOLUCION AGRARIA !!


Expulsion brutale de Somonte ce matin : appel à un appui urgent !
jeudi 26 avril 2012

popularité : 35%

(traduction succinte)

Compañeros y Compañeras

Ce matin 26 avril 2012, la guardia civil est entrée de force dans la ferme et a expulsé une vingtaine de personnes qui y dormaient.

Une fois de plus comme en 1939 et en d’autres occasions, la répression prend la terre aux journaliers et aux paysans pour la donner aux terratenientes, curés et spéculateurs. Cette fois ce comportement fasciste prend le visage du PSOE qui vient de signer un accord pour continuer au gouvernement de la Junte d’Andalousie, avec la Gauche Unie.

Nous allons résister sur le domaine, entretenir le travail déjà réalisé et continuer à cultiver la terre pour subsister et vivre dignement.
LE 1º MAI, TOUS A SOMONTES !!!!!
VIVA LA REVOLUCION AGRARIA !!


http://gimenologues.org/spip.php?article538
« Simple, forte, aimant l'art et l'idéal, brave et libre aussi, la femme de demain ne voudra ni dominer, ni être dominée. »
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Re: Espagne

Messagede Béatrice » 30 Avr 2012, 17:43

Tierra y Libertad !
Expulsion ? Réoccupation !
Somonte revient au peuple, les journaliers réoccupent déjà la propriété


Les journaliers andalous ont réoccupé la finca de Somonte, à Palma del Río (Córdoba), après l’expulsion réalisée hier matin par la Garde Civile. Les journaliers y sont retournées à 0 h 30 du matin et quelques 100 personnes se trouvent de nouveau à l’intérieur.

Pedro Antonio Honrubia Hurtado / Kaosenlared

Après avoir été délogés hier matin par la Garde civile espagnole, quelques 100 journaliers ont réoccupé dans la nuit de ce vendredi à l’aube, la propriété agricole de Somontes, récupérant ainsi pour le peuple ce que le gouvernement de la Communauté d’Andalousie veut mettre entre les mains de propriétaires fonciers et/ou de spéculateurs.

Les journaliers, réunis en assemblée après l’expulsion d’ hier, ont décidé de continuer la lutte et d’occuper à nouveau la propriété pendant la nuit, en ayant pu compter pour cela avec l’appui solidaire de plusieurs dizaines de compañeros et compañeras arrivés de divers points d’Andalousie, et spécialement des villages proches.

Pour l’instant, la Garde Civile ne s’est pas manifestée dans la journée par une présence physique dans le lieu, bien que, comme l’ont dit certains des présents à Kaosenlared, les policiers se sont montrés dans les alentours, en demandant les papiers à ceux qui voulait rejoindre la propriété pour s’incorporer au groupe des journaliers et journalières qui sont déjà là en train d’effectuer leurs tâches, c’est-à-dire, la culture de la terre et l’élevage des animaux.

En s’adressant à Kaosenlared, les journaliers assurent qu’ils ne pensent pas abandonner la propriété et que si les autorités veulent les faire partir, elles devront ouvrir à nouveau une procédure judiciaire, et devra aussi de nouveau appeler la Garde Civile pour les déloger. De même, disent-ils, si cela devait se produire, la réponse des journaliers serait une et seulement une : réoccuper dès qu’ils le pourront.

Et ainsi jusqu’à ce que la terre soit pour ceux qui la travaillent et non pour ceux qui peuvent se la payer à des prix soldés dans une vente par adjudication (enchères) du gouvernement andalou, et ensuite pour ne pas offrir de travail ni produire aucune sorte de richesse dans le secteur avec lesquels il serait possible de faire face aux graves problèmes de chômage que vivent ses habitants.

Somonte ne se rend pas, Somonte est au peuple, disent les journaliers sur un ton de défi. Ainsi soit-il…

le 27 avril 2012


http://gimenologues.org/spip.php?article540
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Re: Espagne

Messagede leo » 30 Avr 2012, 20:47

Mobilisations et répression dans l’État espagnol

Loin de prétendre à l’exhaustivité, un rapide tour d’horizon de la situation en cette veille de 1er mai.

Arrestations à Madrid suite à une action contre la hausse du prix des billets

La police nationale a arrêté jeudi 26 avril à midi à Madrid trois personnes accusées d'être impliquées dans l'action de la veille, ‟Toma el Metro” (‟Occupe le métro”) qui consistait à provoquer un arrêt synchronisé de treize convois sur 9 lignes différentes. Un des détenus est un photographe qui a couvert les actions du 15M : il a été libéré en fin d'après-midi sans inculpation. Des sources proches de lui affirment qu'il n'était pas dans le métro à ce moment-là et que «la police s’est trompé de personne» . Les deux autres, impliqués dans assemblée du quartier Austrias et dans d'autres collectifs liés au 15M, restent en détention et n'ont pas encore fait de déclaration.

La Brigade d’Information s’est présentée à leurs domiciles et les a conduit au commissariat de police de Moratalaz sur des accusations de désordre public et de menaces. L’action s'inscrit dans le cadre d'un processus de protestation contre le récent ‟tarifazo” (augmentation du prix des billets) par le gouvernement régional qui, avec cette dernière hausse devant prendre effet le 1er mai, aura vu les prix des billets augmenter de 90% en neuf mois.

Ils ne vont pas ‟s’en sortir comme ça”

Quelques heures après les arrestations, la présidente de la Communauté de Madrid, Esperanza Aguirre, a déclaré que les participants n'allaient pas «s’en sortir comme ça ». À son avis, «la sécurité des voyageurs et des citoyens» a été compromise, bien que les trains ont été bloqués alors qu’ils étaient à l’arrêt dans les stations. Le syndicat Solidaridad Obrera (anarchosyndicaliste), fortement ancrée chez les travailleurs du métro, affirme dans un communiqué que «toute personne qui sait comment fonctionne un train de métro à Madrid, sait que toute action qui consiste à tirer le signal d’alarme ne met en danger l'intégrité, et encore moins la vie, de personne»
Les trains ont été bloqués moins de quinze minutes, dans les stations, avec les portes ouvertes.

Malgré cela, le ministre Ignacio Gonzalez a parlé de «provocation envers l’Etat de droit et au respect de la légalité» , et a même trouvé «certaines similitudes» entre cet acte de désobéissance civile et la ‟kale borraka” (‟violence de rue” au Pays basque). Pour sa part, la déléguée du gouvernement, Cristina Cifuentes, a décrit l'action comme «absolument répréhensible» et a annoncé la mise en place d’un dispositif policier pour éviter prévenir que cela se répète.

Loi «forcée»

Cifuentes a également déclaré que les responsables devront faire face non seulement à des sanctions administratives prévues par le Règlement des Passagers, qui prévoit une amende de 30,05 à 516,87 euros, pour avoir actionné l’arrêt d’urgence sans raison, «mais aussi toutes les conséquences juridiques résultant de l'application du Code pénal.» . Métro de Madrid a déposé une plainte devant un tribunal de permanence et demande des peines entre 6 mois et 3 ans de prison pour désordre public. La société entend que «la voie publique a été entravée dangereusement pour ceux qui l’empruntent» , mais admet qu'il ne s’est produit aucun dommages corporels ou matériels pour les passagers ou les infrastructures.

Ces arrestations interviennent après la décision d’emprisonnement sans possibilité de caution pour la secrétaire à l’organisation de la Fédération locale de la CGT de Barcelone pour sa participation à la grève, et avec l’incarcération de trois jeunes hommes en détention préventive depuis le 29 mars, accusés d'avoir participé à une émeute qui se déroula alors qu’ils étaient déjà en garde à vue au commissariat. Le ministre de l'Intérieur, Jorge Fernandez Diaz, a admis devant le Congrès que «il a fallu forcer les dispositions juridiques» pour maintenir ces activistes en prison.

Un sabotage purement inventé

Dans un communiqué, le groupe à l’origine de l’action répond et met en cause «la grotesque campagne de criminalisation et de répression à laquelle nous assistons»

«L'action de mercredi était un acte symbolique de protestation contre ce qui constitue un authentique vol des Madrilène par le Métro, et son objectif était de déclarer que les citoyens nous n'acceptons pas cette hausse des tarifs et sommes disposés à agir pour défendre notre transport public.
Nous ne sommes pas ‟un groupe organisé et violent”, nous ne sommes pas des ‟vandales” ni des ‟saboteurs”, nous sommes des personnes libres et responsables, décidées à ne pas accepter qu'on nous continue à nous voler et nous saigner à blanc, et décidées à prendre l'initiative pour freiner ce tarifazo, qui est une agression barbare et indéfendable.
La campagne qui est déversée dans les moyens de communication pour essayer de criminaliser cette protestation a dépassé toutes les limites de la manipulation et de la mystification, avec des informations fausses et non confirmée, et même qui parfois frôle la blague. L’insistance que met le Gouvernement à convaincre la population de Madrid que les personnes ayant pris part à cette protestation vont être punies de manière exemplaire, en arrivant même à parler de peines de 5 années de prison et des sanctions jusqu'à 30.000€ (quand il clair que l'action qui a été menée est catégorisé comme un léger manquement au règlement du Métro), ne peut être comprises que dans le cadre d'une stratégie visant à effrayer et écraser toutes les personnes pouvant être disposées à s’opposer dans cette ville.
Il est incroyable que la police soit allée arrêter plusieurs personnes à leurs domiciles et lieux de travail pour avoir tiré le signal d’alarme de wagon d'un train. Il est ridicule d'entendre qualifier comme rien de moins qu’un attentat terroriste une action qui a seulement provoqué quelques minutes de retard dans plusieurs lignes de Métro, et dans laquelle il n'y a eu aucune sorte d’altercation ni la plus minimale situation de violence contre des biens ou des personnes. Il est absurde d'entendre la présidente de la Communauté de Madrid dire que «la vie de 8.000 personnes a été mis en danger» en se référant à une action qui a été menée avec les trains arrêtés à quai et avec les portes ouvertes, et qui n’a comporté par le moindre danger pour personne.»
(extraits du communiqué de ‟Toma el metro”)

Ce climat répressif sur Madrid s’est installé depuis des mois, et notamment les tentatives de lancer une campagne de ‟No pago” (‟Je ne paie pas‟) contre les augmentations des tarifs des transports publics depuis le mois de janvier dernier. Des actions coordonnées de non-paiement collectif ont eu lieu dans cinq villes de l’Etat espagnol. Mais, sur Madrid, à chaque appel à des rassemblements, tout le centre de la métropole était placé sous contrôle policier, les rassemblements dispersés, les accès au métro bloqués par les forces anti-émeutes de la police. L’idée de l’action ‟Toma el Metro” est née de cette situation où les actions collectives ouvertes, avec rassemblements annoncés, devenaient impossibles à maintenir.
Pendant que les mouvements ‟No pago” des tickets de métro tentent difficilement d’intervenir du fait des déploiements policiers, un mouvement de refus de payer les péages autoroutiers, principalement de la société Abertis (1500 km dans tout l’Etat espagnol, soit 59%) semble naître en Catalogne autour, entre autre, de la plateforme ‟novullpagar” (‟je ne veux pas payer”). Toujours à la pointe des luttes, le syndicat CCOO (des entreprises concessionnaires d’autoroutes), conteste cette campagne et a demandé une protection policière du personnel et des installations contre les actions des activistes !

Dans ce descriptif, il faut ajouter l’interdiction prononcée par le gouvernement de Madrid et validée par un tribunal d’une manifestation laïque appelée le 5 avril (Jeudi saint) dénonçant les financements de l’Eglise catholique (dont le petit nom complet en Espagne est SMICAR : Santa Madre Iglesia Católica Apostólica y Romana) par des fonds publics sur le slogan ‟No más privilegios. De mis impuestos a la Iglesia CERO” (‟Plus de privilèges. RIEN de mes impôts à l’Eglise”).

Finalement, les deux personnes arrêtées à Madrid ont été remises en liberté le lendemain. La mesure de «précaution» qui leur a été imposée par la Justice est de ne plus « s’approcher des installations du métro » ! L’enquête policière continue, notamment la visualisation des images enregistrées par les caméras de vidéosurveillance. L’important pour l’heure aura été le déchaînement de lynchage médiatique de la part des autorités de Madrid et de la ‟dame de fer”, sorte de Thatcher locale, et étoile montante du PP, Esperanza Aguirre.


La répression pour contenir la protestation sociale

Plus généralement, ces pratiques et propagandes répressives se déchaînent dans un contexte de tension intérieure à l’approche des échéances des 12 et 15 mai prochains, proclamées journées mondiales des mouvements Occupy et autres « indignés » dans un contexte de dégradation rapide de l’économie, des pressions toujours plus fortes des créanciers et de la BCE, de la baisse continue des revenus et de nouveaux plans d’ajustements frappant toutes les dépenses publiques (sauf la police), en particulier l’éducation et la santé (privatisation des hôpitaux dans certaines communautés, fin des prises en charge à 100% pour les retraités, de frais d’ambulance, soins interdits aux sans-papiers…).

La situation est assez insaisissable. Il y a peu de mouvements dans les entreprises, et ce n’est pas nouveau. Mais après les semaines de mobilisation de la « vague verte » des enseignants de la Communauté de Madrid à l’automne, les manifestations ‟salariés-citoyens” contre les coupes dans les hôpitaux et les menaces de privatisation de la santé, des mouvements spontanés peuvent surgir à tous moments. Comme ce fut le cas chez les lycéens de Valencia (ville pourtant traditionnellement peu combative, de droite) au mois février où des dizaines de milliers d’entre eux se sont mobilisés (ainsi que des étudiants et parents d’élèves) en quelques jours à la suite de violences policières au cours d’un petit rassemblement organisé devant un lycée pour protester contre le manque de chauffage (à cause des coupes budgétaires), le mouvement s’étendant rapidement à toute la province et se trouvant à deux doigt de déborder dans les régions voisines (Catalogne, Aragon…).

Les assemblées des « indignés » qui ont perdu beaucoup de force et de participation au cours de l’hiver, souhaitent néanmoins repartir de plus belle et relancer une présence massive dans les rues et les places, surtout après la grève et les manifestations du 29M où les ‟cortèges critiques” promus par le 15M ont fusionné avec ceux des courants syndicaux, sociaux et politiques opposés aux ‟syndicats du système” (CCOO, UGT), en particulier les diverses organisations se référant à l’anarchosyndicalisme qui semblent gagner aujourd’hui en présence et en visibilité, du moins dans les manifestations de rue.

Un retour possible pour les « indignés » ?

Les mouvements « indignés » sont traversés de contradictions depuis le début. Sur Madrid, le mouvement Democracia Real Ya (DRY) s’est divisé en deux tendances puis en deux groupes séparés devenus inconciliables : schématiquement, une tendance ‟mouvementiste” et orientée vers les luttes sociales et une autre, ‟institutionnaliste”, regroupant les ex-porte-paroles du mouvement et privilégiant les relations avec les médias et les positions de pouvoir que cela peut signifier et procurer. Derrière la question de la formalisation du mouvement promue par certains, se pose en fait des questions stratégiques et d’autodéfinition. La succession des mesures antisociales depuis l’arrivée du PP au gouvernement met évidemment sur un second plan les revendications citoyennistes d’amélioration de la démocratie représentative et de la lutte contre la corruption, loin derrière les thèmes autour de la réforme du marché du travail, le démantèlement des services publics et de l’Etat de Bienestar (Welfare), les expulsions des logements, la baisse des salaires, pensions, revenus, la hausse annoncée de la TVA et la montée continuelle du chômage de masse… et donc la question minimale de : comment résister à cette vague ?

Pour certains, il s’agit de sortir du capitalisme dès maintenant. C’est la proposition faite par le réseau à l’origine de la publication le 15 mars dernier de la revue « Rebelaos » (« Rebellez-vous ») dans tout l’Etat espagnol : 500 000 exemplaires gratuits ! C’est la suite des aventures du courant qui s’était cristallisé autour d’Enric Duran (le ‟Robin des Banques”) et les précédentes publications « Crisis » (200 000 ex. en septembre 2008) et « Podemos » (350 000 ex. en mars 2009). Son nouveau nom est Colectivo Afinidad Rebelde, surtout basé en Catalogne, mais qui a essaimé en dehors, par de nombreux liens virtuels et quelques rencontres réelles. Les thèmes sont la désobéissance économique, l’autogestion (notamment les coopératives intégrales), l’éducation et les savoirs libres, l’horizontalité, la décroissance, les projets locaux, la ruralité, etc. « Rebelaos » exprime une tendance (parmi d’autres) dans le contexte ibérique, en proposant des alternatives concrètes – et en rupture avec la logique dominante – à des problèmes concrets, en en appelant à l’auto-organisation, à des initiatives d’en bas… sans attendre le grand soir ou l’effondrement brutal du système.
Il s’agit en quelque sorte de reformuler un anticapitalisme concret, qui ne peut pas se contenter d’être « contre » mais qui doit se constituer ici et maintenant en traçant en même temps des « pour », en inventant des propositions utiles et praticables, sans doute imparfaites, que résume bien la simple question que soulève John Holloway lorsqu’il dit : «si le capital ne peut pas fournir la base matérielle de la vie, alors nous devons la recréer d’une autre manière.» [ http://oclibertaire.free.fr/spip.php?article1168 ]. Ce que, avec d’autres, des mouvements piqueteros argentins avaient déjà mis sur la table il y a plus de dix ans en inventant depuis l’extérieur des lieux formels de la production matérielle de valeurs d’échange, une nouvelle dialectique dans la création d’une nouvelle réalité politique, nouant entre eux l’antagonisme au capital (comme relation de pouvoir et comme capacité de redistribuer des richesses matérielles, y compris sous forme argent tant qu’il existe) et la création d’espaces propres et autonomes de production matérielle de biens jugés utiles – ou valeurs d’usage – et de relations sociales non capitalistes et égalitaires. Question qu’il est toujours possible d’esquiver ou de combattre d’un point de vue théorique, mais beaucoup plus difficilement si l’on réinterroge la transformation révolutionnaire pratiquement et donc stratégiquement, dans le monde réellement existant, qui est celui de la réduction objective du travail vivant nécessaire, particulièrement dans les pays de la vieille Europe, qui se déroule sous nos yeux.

Les « indignés » sont aussi traversés par d’autres problématiques, portées par d’autres tendances. Citons ceux qui parlent d’aller vers un « processus constituant », inspirés par des propositions émises par certains courants de la gauche intellectuelle et universitaire italienne, influencés par les écrits de Negri et Hardt, mais aussi par ce qui reste de l’altermondialisme et des diverses critiques conjoncturelles, tendancielles, situationnelles et superficielles ou partielles du capitalisme et les dichotomies qu’elles génèrent : public/privé, propriété intellectuelle/gratuité des biens communs, capitalisme industriel fordiste/capitalisme cognitif immatériel, capitalisme keynésien du Welfare/néolibéralisme, capitalisme productif/financier, travailleurs/précariat, peuples ou classe ouvrière/multitudes…. Un concept en tout cas assez vague pour convenir à diverses tendances, depuis les aimables propositions d’une nouvelle constitution républicaine et participative à celles d’une refondation de l’ensemble des institutions de la gouvernementalité mondiale dans un grand mouvement d’abolition des frontières et d’une production coopérative et universelle en réseau de nouveaux ‟commons” (biens communs) immatériels… Notons simplement qu’il s’agit là de démarches et propositions visant toujours à établir des instances de pouvoir et de synthétisation de significations sociales par-dessus la tête des gens.

Sur Madrid, le 15M souhaite reprendre possession de la Puerta del Sol, au moins entre le 12 et le 15 mai pour y tenir des assemblées, comme ceux de Barcelone veulent le faire sur la Plaça de Catalunya. Sur Madrid, plusieurs cortèges doivent converger vers le symbole qu’est la Puerta del Sol où est prévue une assemblée en fin de journée.

Le ministre de l’Intérieur a averti que les campements n’auront pas lieu parce qu’ils sont interdits. Cette question de l’occupation des places va redevenir un enjeu entre le 15M et le gouvernement du PP. Au printemps 2011, le PSOE alors au pouvoir avait préféré – pendant quelques semaines – laisser les assemblées se réaliser et les campements s’installer plutôt que d’user ouvertement de la manière forte : les premières tentatives en ce sens n’avaient pas été concluantes et avaient en quelque sorte accéléré la formation du mouvement, en mobilisant des milliers de personnes contre les interdictions. Les déclarations musclées des divers représentants de la droite au pouvoir semblent indiquer qu’ils veulent agir différemment cette année. Vers l’épreuve de force cette fois ? On verra bien.

L’autre objectif de cette vague répressive est bien sûr d’effrayer les gens, de les détourner des manifestations de rues en les présentant comme des rassemblements réunissant des personnes violentes, des ‟vandales”, des partisans de la ‟guérilla de rue”. Quand les «violences» consistent pour l’essentiel à brûler des conteneurs de poubelles ou encore de mettre le feu symboliquement à des boites en carton dans des actions de type «performance» ou autres interventions symboliques et théâtralisées…

La défense de l’‟ordre public” comme défense de l’ordre social

En Catalogne, plus encore qu’ailleurs, l’hystérie semble une fois de plus s’emparer des autorités. En tous cas, le gouvernement de cette communauté autonome s’engouffre dans une escalade répressive et veut faire de la défense de l’ordre public le principal élément de légitimation de sa politique.

Les suites de la grève générale et des « incidents » lors de la manifestation (près de 200 arrestations dont 50 à Barcelone), se traduisent par un déchaînement médiatique et des opérations d’identification et d’investigation contre plusieurs dizaines de personnes. Felip Puig le ministre de l’Intérieur de la Communauté autonome annonce une liste de 80 personnes recherchées.

Ce n’est pas tout. Ce ministère de l’Intérieur a mis en place une page Web publiant les photos de 68 personnes désignées comme «violentes et antisystème» , et incitant les honnêtes citoyens à les dénoncer à la police. Un gouvernement autonome qui entend régner par les surenchères sécuritaires : augmentation des effectifs des Mossos d’Esquadra, du nombre de caméras de vidéosurveillance…

La page Web appelée « Collaboration citoyenne contre la violence urbaine » participe de ce climat de chasse aux sorcières. Même deux délégués de UGT et CCOO de SEAT ont été arrêtés pour fait de piquet de grève… ils ont été libérés au bout de quelques heures avec une citation à comparaître…

D’autre part, des arrestations ont lieu toutes les semaines. A Terrassa (banlieue de Barcelone), à Tarragone, à Barcelone (dont Laura Gómez, une militante de la fédération locale de la CGT). Mais aussi à Pampelune (13 arrestations dont 7 mineurs).
En fait de ‟violence”, les différents collectifs impliqués dans les mobilisations rappellent que ce sont essentiellement les policiers qui en usent et les manifestants qui la subissent : des dizaines de fractures, deux manifestants ayant perdu un œil… Une violence policière qui déborde le cadre des manifestations et prend un caractère diffus, dans toute la société. A Bilbao, c’est un supporter de l’équipe de foot qui a été tué par une balle en caoutchouc (flash-ball) de la Erzaintza (police autonome) le 9 avril des suites d’une intervention de « maintien de l’ordre » à la fin d’un match. Quelques jours auparavant, le 29 mars, jour de la grève générale, à Gasteiz, toujours au Pays basque, un jeune de 19 ans a été transporté dans une “unité de soins intensifs” après avoir été touché à la tête par une “pelota” de l’Ertzaintza.

Trois manifestants du 29M sont par ailleurs maintenus en détention depuis cette journée de grève générale.

Les divers gouvernements de droite (PP à Madrid, CiU à Barcelone) n’ont pas le monopole de la manière forte. En Andalousie, dans la province de Córdoba, c’est le gouvernement de la région, dirigé par la gauche (PSOE et IU, l’équivalent local du Front de gauche) qui envoie la Garde Civile expulser les ouvriers journaliers de la propriété agricole (publique) de Somontes qu’ils avaient occupé au début du mois de mars et commencé à cultiver. L'opiniâtreté des jornaleros ne s'est pas démentie et dès le lendemain une centaine d'entre eux réoccupaient la finca .

A l’approche du mois de mai, les enchères sont montées d’un cran.

De leur côté, les «syndicats du système» ainsi que le PSOE et IU, pour montrer qu’ils ne sont pas d’accord avec les mesures prises par le gouvernement, appellent à des défilés deux jours avant, le dimanche 29 avril : ce qui n’aura strictement aucune conséquence à part occuper l’espace politico-médiatique.

Après les manifestations traditionnelles du 1er mai, qui prendront sans doute un caractère moins rituel que d’habitude et plus de protestation sociale, le 3 mai, doit se dérouler en effet à Barcelone un « sommet » de la BCE. Aussitôt, branle-bas de combat, le gouvernement espagnol sort de grand jeu, alors qu’il n’y avait que quelques appels à manifester, et décide de mobiliser 7000 effectifs de police au total (3000 de la police nationale et garde civile espagnole en plus des 4000 Mossos de Catalogne), de suspendre les accords de Schengen et de mettre en place un contrôle aux frontières à partir de samedi 28 avril à 0 heure jusqu’au 4 mai pour empêcher l’arrivée de manifestants de l’étranger…

C’est aussi le jour choisi par divers mouvements étudiants et enseignants des universités pour lancer un appel à la grève contre la hausse des frais d’inscription et des études universitaires. D’autres appels à manifester sont apparus ces derniers jours.

Avec la campagne de lynchage médiatique sur les questions d’ordre public, il n’est pas impensable que cela donne au contraire des envies de prendre la rue ce 3 mai, déjà pour désobéir aux injonctions gouvernementales à peine voilées de ne pas manifester.

Ce n’est pas nouveau. Les gouvernements et les États se servent toujours de la peur et de l’attachement réel ou supposé des gens à l’ordre social, à sa normalité, pour les mobiliser en faveur de la défense de l’ordre public et mieux marginaliser ainsi les minorités actives ‟anormales” et ‟asociales”. Le combat anti-répression devient chaque jour plus nécessaire afin d’exercer une vigilance permanente et une mobilisation contre les dispositifs et les stratégies des diverses institutions du pouvoir politique pour contenir la protestation sociale, particulièrement quand les options de la répression, de la criminalisation et de la prison, sont placées au centre, comme premières et principales réponses aux revendications, aux exigences des mouvements qui contestent l’ordre social et la légitimité de ceux qui l’administrent et veillent à sa sécurité et à sa pérennité. Les protestations sociales doivent inclurent dans les motifs qui les font naître et exister la défense – et l’élargissement - de leurs propres espaces d’expression, de confrontation.

1er mai. 3 mai. Puis du 12 au 15 mai… Il se pourrait bien qu’entre les actions directes de désobéissance sociale et les manifestations de rue d’un côté, et la volonté d’imposer à tous prix une normalité sociale au moyen d’une politique de la peur et de la mobilisation policière de l’autre, ce mois de mai 2012 soit un peu agité dans la péninsule. Vers un printemps chaud ? Ya veremos .

Á suivre…

Le 28 avril 2012

Francesco

source :

http://oclibertaire.free.fr/spip.php?article1170
leo
 
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Re: Espagne

Messagede ivo » 13 Mai 2012, 10:26

Les "indignés" de Madrid évacués ce matin par la police
fr info
Les quelques centaines de jeunes manifestants qui s'étaient installés sur la place de la Puerta del Sol à Madrid pour le premier anniversaire du mouvement des "indignés" ont été délogés ce matin.

Image
Les Indignés cette nuit à Madrid © Reuters Andrea Comas

Ils étaient restés sur la place après la manifestation organisée à cette occasion. Le gouvernement conservateur avait annoncé qu'il interdirait tout nouveau campement, et avait imposé aux manifestants de quitter la place samedi soir à 22 heures. En dépit de cette interdiction, des milliers de personnes sont restées rassemblées à la Puerta del Sol jusque très tard dans la nuit.
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Re: Espagne

Messagede barcelone 36 » 17 Mai 2012, 14:03

http://comitelauragomez.blogspot.fr/201 ... crise.html
JEUDI 17 MAI 2012

Manifs et répression en Espagne

Dans la péninsule Ibérique

La crise continue de faire des ravages en Espagne. Les files d’attente devant les bureaux équivalant à notre Pôle emploi n’en finissent pas de s’allonger. Désormais, avec près de 6 millions de chômeurs, c’est un travailleur sur quatre qui est sans emploi (un sur deux chez les jeunes). Ce qui n’empêche pas le chef du gouvernement, Mariano Rajoy, d’enfoncer le clou : « Chaque vendredi [jour de réunion du Conseil des ministres], les « réformes » continueront d’être décidées car le problème c’est la crise, le chômage et la récession. » Il a juste oublié de préciser qui était responsable de cette crise, du chômage et de la récession : les politiques ? Les marchés financiers ? Puisqu’on leur demande de payer cette crise, il faut croire que les responsables sont les travailleurs. Et Rajoy de désigner l’ennemi : les syndicats, accusés « d’insolence et de causer des troubles dans la rue ». À gauche, Rubalcaba, secrétaire général du PSOE s’est dit lui, persuadé que François Hollande serait le nouveau président élu par les Français, « ce qui permettra en Europe d’ouvrir la voie à des politiques alternatives mettant fin aux coupes budgétaires ». Voilà donc les Espagnols rassurés (et nous aussi !).
Nous pensons au contraire que, comme on a pu le constater ces quarante dernières années, en Espagne comme en France, gauche ou droite ne remettent absolument pas en cause le capitalisme, mais ne s’opposent que pour obtenir la gestion de celui-ci, se préoccupant plus des intérêts des possédants que de ceux des travailleurs. Au-delà des Pyrénées, chaque nouvelle mesure annoncée, non seulement n’indique pas une sortie de crise pour le pays, mais enfonce un peu plus chaque jour ses habitants dans la précarité et la pauvreté. À tel point que la seule solution envisagée par beaucoup d’Espagnols (notamment les jeunes) est celle de leurs compatriotes dans les années cinquante et soixante : l’exil économique. Mais ceux qui restent se prennent en pleine face les nouvelles « réformes » qui s’attaquent à la législation du travail (conditions d’embauche, de licenciement, fixation des salaires). Pour plus de détails de ces conditions, on peut se reporter au Monde libertaire n° 1667 (5-11 avril 2012) ou au Combat syndicaliste n° 368 (mai 2012).

En Catalogne

Cette situation avait suscité de nombreuses actions unitaires des organisations anarcho-syndicalistes (CNT, CGT, Solidaridad Obrera) qui ont appelé à deux grèves générales ces derniers mois. Devant les attaques répétées du gouvernement contre la classe ouvrière en cent jours d’exercice du pouvoir, les syndicats institutionnels suspendent leur politique de concertation et de signature d’accords avec les gouvernements qui se sont succédé ces quarante dernières années et ont appelé, eux aussi, à la grève générale le 29 mars dernier. Réponse (sans imagination) du pouvoir : criminalisation des opposants à la politique gouvernementale. De nombreuses arrestations ont eu lieu pendant cette journée de grève, dont celle de Laura Gómez, secrétaire d’organisation de la CGT de Barcelone. Deux organisations professionnelles de la justice, Juges pour la démocratie (JD) et Union progressiste des magistrats (UPF), ont dénoncé le fait que les mesures actuellement imposées par le gouvernement contre les désordres de rue n’ont pour autre but de dissuader la population de manifester et, ensuite, de réduire les droits fondamentaux prévus par la constitution. La preuve en est le nombre élevé d’arrestations au cours de cette grève du 29 mars dernier et la condamnation, dans la foulée, de Laura Gómez, secrétaire de la Fédération locale de la CGT de Barcelone. Condamnation injustifiée décidée par la juge d’instruction du tribunal, qui a même rejeté toute demande de libération sous caution. Le crime de Laura ? Avoir participé, avec d’autres, à une action symbolique : mettre le feu à des cartons remplis de (faux) billets de banque devant la Bourse de Barcelone. Ce qui donne en langage pénal : « participation à incendie, dégâts, troubles à l’ordre public et [encore plus fort] atteinte aux droits fondamentaux » !
Le gouvernement de la Generalitat et ses forces répressives n’ont visiblement pas digéré le fait que les anarcho-syndicalistes aient réussi à mobiliser jusqu’à 50 000 personnes à Barcelone ce 29 mars. La manœuvre est claire : il s’agit d’intimider les citoyens afin de les dissuader de contester les mesures économiques imposées par les autorités politiques. La CGT espagnole exige la libération immédiate de Laura Gómez et s’étonne qu’il n’y ait pas eu, à ce jour, d’enquête spéciale sur les banquiers, hommes d’affaires et politiciens corrompus 1, qui ont amené l’Espagne à la situation catastrophique qu’elle connaît aujourd’hui. Dans son tract du 1er mai, elle rappelle qu’aucun des droits concédés jusqu’à maintenant n’a été donné, mais qu’il a fallu se battre pour les obtenir : « Nous les travailleurs, femmes et hommes, les classes populaires, les organisations sociales, le mouvement des étudiants et de la jeunesse, les assemblées populaires, le 15 M, le mouvement des quartiers, les plates-formes des locataires expulsés, les assemblées de chômeurs… Nous sommes les protagonistes de la nouvelle société que nous voulons construire sur une base de justice sociale, de liberté, de participation, d’égalité, d’entraide et d’autogestion. Nous devons travailler ensemble pour atteindre ces objectifs. » On ne saurait mieux dire.
Le 1er mai, des centaines de milliers de manifestants ont défilé dans une soixantaine de villes, sur le thème « Travail, dignité, droits ». Pour les tenants du pouvoir, réactiver l’économie consiste à augmenter la misère et la précarité, en supprimant des postes, en baissant les salaires et les prestations, en réduisant les droits. Au lieu de taxer les transactions financières, ils augmentent les impôts payés par les travailleurs, continuent jour après jour leur entreprise de démolition des services publics, en accentuant les privatisations et en réduisant prestations et pensions. Devant l’obstination et l’intransigeance des dirigeants du pays, nos camarades espagnols veulent non seulement maintenir la mobilisation, mais l’intensifier, aller vers une nouvelle grève générale « mieux préparée, plus puissante, jusqu’à la suppression de toutes les mesures d’austérité ». La politique de concertation suivie jusqu’à maintenant par les syndicats institutionnels a fait long feu. L’heure est venue d’affronter directement un système qui veut supprimer les droits les plus essentiels des travailleurs.

En Andalousie

Après avoir évoqué plus haut la répression en Catalogne dont est victime, entre autres, Laura Gómez, retournons un peu en Andalousie, à la finca Somonte de Palma del Río dont nous vous avons déjà parlé 2. Depuis le 4 mars dernier, les terres de ce domaine agricole de 400 hectares appartenant à la Junta de Andalucía (gouvernement autonome andalou) étaient occupées par des travailleurs agricoles journaliers qui s’opposaient à la vente de ce domaine à des intérêts privés. Ils étaient appuyés, dans cette action, par le SOC (Syndicat des ouvriers agricoles), qui pratique régulièrement l’action directe. En conséquence de quoi les occupants « sauvages » ont immédiatement commencé à cultiver les terres du domaine, avec l’aide d’autres journaliers des environs, assurant leur autoconsommation et le ravitaillement de la commune, renouant ainsi avec les collectivisations de la révolution de 1936 : fonctionnement collectif, assemblées générales quotidiennes pour prendre toutes les décisions et organiser le fonctionnement des différentes commissions créées (repas, nettoyage, communication avec les médias, logistique, etc.), réflexion sur un projet de coopérative de résistance permettant d’assurer les besoins de celles et ceux qui sont frappés par la crise dans la région. Le gouvernement autonome andalou vient d’être réélu (25 mars) et, contrairement à la plupart des autre régions d’Epagne, il est resté aux mains des socialistes du PSOE, alliés aux écologistes et communistes de Izquierda Unida (Gauche unie), équivalent, ou à peu près, de notre Front de gauche hexagonal. Autre gouvernement qu’à Madrid ou Barcelone donc, mais réponse aux opposants identique : la matraque. L’une des premières mesures prises par la Junta a été de confirmer la vente aux enchères du domaine et de décider l’expulsion – musclée – des journaliers installés dans la finca. Comme dans les années trente, aux revendications des paysans – « La terre à ceux qui la travaillent ! » ou « Terre et liberté ! » –, les autorités répondent : la terre aux riches et la liberté… de se faire exploiter aux pauvres. Sauf que, cette fois-ci, les autorités ne sont pas de droite ni fascistes, mais… de gauche. Un million de chômeurs andalous peuvent ainsi apprécier la gestion économique de cette gauche qui n’hésite pas à donner des gages de bonne volonté à la classe possédante. Des illusions, personne n’en avait sur le PSOE que le mouvement de Indignés, il y a bientôt un an, avait dénoncé. Quant à Izquierda Unida, les Indignés qui ont voté pour eux n’ont plus qu’à s’indigner davantage de ce que permet de faire en leur nom un parti censé les représenter, parce que « petit ».
Grand ou petit parti, une seule aspiration : être aux affaires et gérer le capitalisme. Pour les exploités, un seul intérêt : en finir avec le système capitaliste.

Ramon Pino
Groupe Salvador-Segui de la FA

1 . Manifeste de la CGT Prensa – Barcelona el Vie du 27 avril 2012.
2 . Voir Le Monde libertaire n° 1666 (29 mars- 04 avril 2012).
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Re: Espagne

Messagede ivo » 18 Mai 2012, 08:28

Crise : Moody's dégrade 16 banques espagnoles
http://www.lepoint.fr/economie/crise-mo ... 633_28.php
Pour justifier sa décision l'agence de notation invoque la mauvaise passe que traverse le pays.

La sanction de l'agence de notation Moody's est tombée jeudi pour 16 banques espagnoles, dont la note a été abaissée à cause de la crise économique qui touche le pays et de la dégradation de ses finances publiques. Mêmes motifs, même punition : Moody's, qui avait déjà abaissé les notes de 26 banques italiennes lundi, a invoqué la mauvaise passe traversée par l'Espagne. La perspective est "négative" pour dix de ces seize banques espagnoles, ce qui signifie que Moody's envisage d'abaisser leur note à l'avenir. Pour les six autres, la note reste sous examen, à savoir susceptible de tomber encore plus bas à très court terme. Les notes des principales banques espagnoles "s'étalent maintenant entre A3 et Ba3, avec une moyenne non pondérée entre Baa2 et Baa3", a relevé Moody's. Ces notes "Baa2" et "Baa3" correspondent à des émetteurs de dette de qualité moyenne, encore dans la catégorie "investissement".

"Cette moyenne est inférieure à celle de la plupart des systèmes bancaires d'Europe de l'Ouest, ce qui reflète les répercussions importantes sur les banques espagnoles à la fois d'une conjoncture nationale difficile et de la crise de la dette en zone euro, qui se poursuit", a expliqué l'agence dans un communiqué. "L'économie espagnole est retombée en récession au premier trimestre 2012, et Moody's ne prévoit pas que la conjoncture s'améliorera au cours de cette année. De plus, la crise de l'immobilier, qui a commencé en 2008, se poursuit et le chômage est monté à des niveaux très élevés", a estimé Moody's. Par ailleurs, "la solvabilité de l'État a diminué", a ajouté l'agence. La note de l'Espagne avait été abaissée de deux crans, à "A3", par Moody's en février.

"Augmentation continue des retards de paiement"

"Un autre facteur ayant provoqué notre décision sur les notes est la forte hausse des prêts à problèmes déjà observée et l'augmentation continue des retards de paiement que nous prévoyons pour les trimestres à venir", a souligné l'agence. Le secteur bancaire espagnol reste englué dans les problèmes découlant de l'éclatement de la bulle du secteur immobilier. Moody's "prévoit que la récession et le niveau très élevé du chômage seront à l'origine d'une détérioration de la qualité des actifs également dans les prêts aux ménages et aux entreprises non immobilières". L'agence rappelle que les banques espagnoles sont les plus grosses clientes de la Banque centrale européenne, ayant multiplié par six leurs emprunts auprès de l'institution de Francfort depuis près d'un an.

Moody's avait annoncé en février qu'elle envisageait d'abaisser à court terme les notes de 114 banques européennes, en raison de la crise dans la zone euro et de la baisse de la note de plusieurs États du continent. Selon un calendrier publié à la mi-avril, les banques autrichiennes sont les prochaines dans le collimateur. En Espagne, les abaissements annoncés jeudi vont d'un à trois crans, dont trois crans pour les deux plus grandes banques du pays, Santander et BBVA, ramenées à "A3". CaixaBank, autre grande banque du pays, tombe aussi de trois crans à "A3". Tombent dans la catégorie "spéculative" Liberbank ("Ba1"), issue de la fusion de trois caisses d'épargne régionales, Cajamar Caja Rural ("Ba2"), issue de caisses d'épargne agricoles régionales, et Lico Leasing ("Ba3"), spécialisé dans les financements de locations. Bankia, dont la nationalisation a été annoncée le 9 mai, n'est pas dans la liste.
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Re: Espagne

Messagede barcelone 36 » 20 Mai 2012, 17:54

http://comitelauragomez.blogspot.fr/201 ... beree.html
VENDREDI 18 MAI 2012

Laura Gómez libérée !

Image

La CGT (espagnole) se réjouit de la libération de notre camarade après 23 jours de prison suite à une arrestation tout à fait arbitraire qui a donc débouché sur une sanction absolument disproportionnée, malgré les centaines d’images qui contredisent la version des mossos (flics catalans-NdT), et donc aussi la décision du Ministère public de condamner Laura à la prison sans caution.

Le 24 avril Laura Gómez fut arrêtée et le 25 elle était emprisonnée pour avoir participé à une action symbolique consistant à brûler une caisse en carton devant la Bourse de Barcelone. Puig (1) a voulu frapper fort en employant tous ses moyens répressifs, corps armés, Ministère public et juges, contre quelqu’un qui ne se cache pas, qui agit au grand jour, qui n’a fait de mal à personne et qui mène une existence routinière qui rend facile sa localisation.

La CGT considère que brûler des cartons remplis de papier dans un endroit à découvert sans risque pour qui que ce soi, n’est pas un délit, mais un moyen symbolique et pacifique de protester. Pour autant si ce motif retenu pour envoyer Laura en prison devient la norme, et vu la façon dont on traite la résistance passive aux actions policières, il va falloir agrandir les prisons, et pas qu’un peu.

Les centrales syndicales CGT, CC.OO, UGT, USO, CNT-AIT, Conf. Intersindical, Solidaridad Obrera, CSC, ont signé un manifeste pour la liberté de Laura et contre la répression. La Commission de défense de l’association des avocats de Barcelone a également déclaré qu’elle considérait, entre autres arguments juridiques, excessive la détention sans condition.

Ce que nous considérons nous comme étant un délit, ce sont les transactions financières avec l’argent public effectuées par l’Etat vers les banques. N’oublions pas que les banques sont des entreprises privées et que leur avidité qui les a amené à réaliser des affaires dans l’immobilier et avec des produits financiers plus que douteux, a créé cette crise que nous subissons. Elles sont traitées de manière privilégiée par tous les hommes politiques, sans doute pour pouvoir ensuite annuler leurs dettes qui se chiffrent en millions.

N’y a-t-il pas de juges et de procureurs pour considérer qu’il peut y avoir des délits de subornation, corruption et malversations ? Combien de responsables de la crise sont en prison ? Combien de ceux qui ont créé l’instabilité sociale dans des millions de foyers en plongeant les gens dans la précarité et l’exclusion sont en prison préventive ? C’est pour cela que nous disons que la justice n’est pas la même pour tous, et que les juges se comportent différemment suivant la classe sociale des personnes qu’ils ont devant eux.

La CGT pense que les pressions politiques commencent à produire leur effet, au tribunal comme au Ministère public, quand on voit qu’une personne sans antécédents judiciaires, ayant un domicile fixe, un emploi stable, une fille qui vit avec elle, est soupçonnée de tenter de fuir et de récidiver avant même d’être jugée et condamnée. Ces critères ne s’appliquent pas aux banquiers, ni aux hommes politiques soupçonnés par la brigade anti-corruption : on les laisse en liberté. Nous nous interrogeons réellement sur la dite « indépendance de la justice » par rapport aux autres pouvoirs dans un « Etat de droit » bien mal nommé. Qu’on nous explique pour que l’on puisse comprendre, pourquoi Millet (2) n’est resté que 13 jours en prison, et que Urdangarín et Torres (3) n’y ont même pas séjourné.

A la CGT, nous nous demandons : à quand une justice spéciale qui enquête sur les banquiers, les hommes politiques corrompus et les chefs d’entreprises qui ont provoqué la crise qui entraîne des millions de personnes vers l’exclusion sociale et la misère ? A quand un site web diffusant les photos des délinquants en cols blancs qui sont actuellement traités comme des princes par les pouvoirs publics ? A quand un site web avec les photos des mossos (flics catalans-NdT) qui ont blessé des citoyens par balles en caoutchouc et à coups de matraque. Monsieur Puig (1), c’est ça la violence, et vous la justifiez toujours.

Nous considérons que cet emprisonnement est une vengeance de la part du gouvernement de la Generalitat et de sa force armée. Ils n’ont pas pu digérer le fait que le jour de la grève générale, la CGT avec d’autres organisations, ait réussi à rassembler le matin plus de 15 000 personnes dans le centre-ville et l’après-midi, plus de 50 000. Le but des autorités est de faire peur pour que nous ne nous mobilisions pas et que nous acceptions sans broncher leurs mesures économiques, et pour ça elles ont besoin d’inventer une image d’éléments violents qui est complètement fabriquée.

A la CGT, soyez-en sûrs, nous continuerons des descendre dans la rue, en manifestant comme le firent nos anciens, pour la liberté et une société plus juste, nous continuerons de combattre les injustices, nous ne permettrons pas que vous nous renvoyiez aux conditions de travail du XIXe siècle, comme vous en avez l’intention, vous les banquiers et les politiciens.

Assez de répression.

Carlos Navarro
CGT- Presse Barcelone
(Traduction : groupe Salvador-Segui de la FA)

1. Felip Puig : ministre de l’Intérieur du gouvernement de la Generalitat
2. Felix Millet : entrepreneur (aux multiples décorations) accusé de détournement dans la gestion du Palais de la Musique.
3. Iñaki Urdangarín : gendre du roi Juan-Carlos et Diego Torres : entrepreneur, tous deux associés et accusés de détournement de fonds publics (plusieurs millions).
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Re: Espagne

Messagede ivo » 26 Mai 2012, 11:48

Bankia, la 4e banque espagnole, en grandes difficultés demande à l'Etat une aide record de 19 milliards d'euros
http://www.liberation.fr/depeches/2012/ ... ard_821598
La banque espagnole Bankia, qui croule sous les actifs immobiliers risqués, dévoile ses "plans d'assainissement et de recapitalisation" samedi lors d'une conférence de presse de son président, José Ignacio Goirigolzarri.

La quatrième banque espagnole dont la situation est finalement pire que prévue a demandé vendredi soir une aide à l'Etat de 19 milliards d'euros, un montant record dans l'histoire du pays.

Après une première aide publique de 4,5 milliards le 9 mai, sous forme de prêt transformé en participation, la facture s'est peu à peu alourdie, le ministre de l'Economie Luis de Guindos évoquant des besoins de 7 milliards, puis de 9, tandis que vendredi matin la presse espagnole tablait sur 15 à 20 milliards.

C'est finalement de 19 milliards d'euros dont a besoin Bankia, a reconnu cette dernière à l'issue de son conseil d'administration. En ajoutant l'aide du 9 mai, le sauvetage public atteint 23,5 milliards d'euros, un record historique pour le secteur financier espagnol.

Par précaution, le titre Bankia a été suspendu vendredi, dix mois presque jour pour jour après son entrée à la Bourse de Madrid, le 20 juillet 2011.

A l'époque, son président, Rodrigo Rato, très connu pour avoir été ministre de l'Economie et directeur général du FMI, se félicitait que cette introduction représente "un point de référence pour le secteur bancaire espagnol".

Moins d'un an plus tard, Rodrigo Rato a dû démissionner, la cotation du titre s'est écroulée, valant désormais 40% du prix de départ (3,75 euros), et avec l'aide que devrait apporter l'Etat, ce dernier prend "une participation de contrôle", a reconnu Bankia, qui sera donc nationalisée.

Selon Daniel Pingarron, analyste de la maison de courtage IG Markets, le gouvernement pourrait y joindre deux caisses d'épargne placées sous tutelle, Novacaixagalicia et CatalunyaCaixa, afin de créer "ce qui constituerait la plus grande banque publique de l'histoire espagnole", pour ensuite l'assainir et la revendre.

Interrogé, le ministère s'est refusé à tout commentaire.

L'Etat s'est engagé à apporter tous les fonds nécessaires à Bankia, qui représente 10% du système financier espagnol et est donc considérée comme une banque "systémique", ne pouvant pas faire faillite sous peine de contaminer tout le secteur.

Et Bankia, née du mariage de sept caisses en 2010, "est une entité avec beaucoup de problèmes, qui a besoin d'une restructuration très profonde", estime Alberto Roldan, analyste de la maison de courtage Inverseguros.

Grâce à cet argent, "le groupe BFA-Bankia mènera un plan d'assainissement et de recapitalisation qui lui apportera une solvabilité conforme aux exigences réglementaires" et adaptée "à une éventuelle détérioration du scénario macroéconomique", a indiqué la banque.

"Bankia a trois problèmes: c'est la banque la plus exposée au secteur immobilier, c'est une banque qui est exposée à 100% à l'économie espagnole", empêtrée dans la crise, et "il y a un manque de transparence", qui a créé "des doutes sur les bilans présentés par Bankia", souligne Daniel Pingarron.

La banque a d'ailleurs avoué vendredi qu'en ajustant son bilan à sa juste valeur, ses résultats 2011 faisaient apparaîre une perte de 2,979 milliards d'euros, et non un bénéfice de 309 millions comme annoncé auparavant.

Bankia compte un portefeuille immobilier de 37,5 milliards d'euros, dont la très grande majorité (31,8 milliards) est problématique, car à la valeur incertaine (crédits risquant de ne pas être remboursés, logements saisis...).

En lui injectant des fonds publics, "on résout une grande partie du problème", pense Alberto Roldan, mais tout n'est pas encore réglé pour l'Espagne, dont le secteur bancaire, fragilisé depuis l'éclatement de la bulle en 2008, continuera "de concentrer les incertitudes".

Et, remarque-t-il, "en 2012 nous sommes en train de nationaliser des banques, quelque chose que le reste de l'Europe faisait en 2008: nous arrivons avec un retard important, nous avons perdu beaucoup de temps".

Le sauvetage public de Bankia "ne change pas beaucoup les choses", dit aussi Daniel Pingarron: "ce qui va se passer c'est que les réserves du Frob (fonds spécial d'aide au secteur, ndlr) vont s'épuiser (après avoir versé l'aide), il va falloir les renouveler avec plus de dette publique, et cela n'est pas un message de confiance" pour le marché.


!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

putain mais on va leur filer des milliards pendant combien de temps à ces charognes de vampires !!!!
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Re: Espagne

Messagede ivo » 28 Mai 2012, 10:17

Banques : la menace espagnole
http://www.ladepeche.fr/article/2012/05 ... gnole.html
L'appel à l'aide de Bankia, quatrième banque espagnole, auprès des pouvoirs publics fait trembler l'Espagne depuis vendredi soir. Après la Grèce qui s'installe dans une crise institutionnelle, économique et financière, l'Espagne est plus que jamais fragilisée.

C'est un coup de semonce, un coup de tonnerre que les Européens redoutaient de devoir affronter : après la Grèce, l'Espagne vient de glisser un peu plus vers une crise économique et financière de grande ampleur, après que Bankia - qui détient 10 % des dépôts bancaires du pays - a lancé vendredi un appel à l'aide aux pouvoirs publics.


La quatrième banque espagnole a, en effet, demandé à l'État de lui fournir rien moins que 19 milliards d'euros pour l'aider à surmonter ses difficultés, soit plus de deux fois le montant estimé par le gouvernement la semaine dernière. Une situation qui a déclenché la colère et l'inquiétude de l'opposition, des petits actionnaires qui ont réclamé les têtes des responsables d'une gestion jugée calamiteuse (2,979 milliards d'euros de pertes en 2011) et des clients dont certains sont allés taguer les succursales de la banque.

Avec 19 milliards d'euros, cela constituerait un sauvetage historique dans le secteur bancaire espagnol, l'État espagnol ayant déjà injecté 4,5 milliards d'euros dans Bankia le 9 mai dernier. Un secteur d'ailleurs de plus en plus mal évalué par les agences de notations et qui accumulait, fin 2011, 184 milliards d'euros d'actifs immobiliers toxiques soit 60 % de son portefeuille… Au total, huit institutions bancaires du pays ont reçu des fonds publics pour un montant de 32,869 milliards d'euros et 6,2 milliards ont d'ores et déjà été versés par le Fonds privé de garantie des dépôts. Mais les pertes du secteur bancaire espagnol pourraient atteindre 260 milliards d'euros. Ce qui nécessiterait des aides à hauteur de 60 milliards d'euros soit bien loin des 15 milliards du Fonds public d'aide au secteur bancaire (Frob). L'État espagnol, dont les finances sont exsangues, devra donc à nouveau mettre la main à la poche… et peut-être faire appel à l'aide internationale via le Fonds de secours européen. Pour l'heure, Madrid s'y refuse car le signal donné serait terrible quant à l'état de la 4e économie de l'Union européenne…

CRÉATION D'UN GROUPE BANCAIRE PUBLIC ?

Les jours à venir seront donc déterminants pour le gouvernement Rajoy qui va agir sur deux fronts pour rassurer ses partenaires européens. D'une part, aider les régions très endettées - 19,4 milliards de factures impayées - à sortir de l'ornière. Madrid a souscrit pour cela un prêt syndiqué de 30 milliards d'euros qui pourrait être porté à 35 milliards. D'autre part, le gouvernement va devoir régler le dossier Bankia pour éviter qu'il ne contamine tout le secteur bancaire. L'État espagnol - qui a promis hier de faire toute la transparence sur la gestion de la banque, y compris devant le Parlement - s'est donc engagé à apporter les fonds nécessaires à Bankia et va donc se tourner vers les marchés.

Cela sera-t-il suffisant pour rétablir la confiance ? Voire. « Quoi que disent les autorités, les gens vont penser que cela ne suffira pas. Le processus dure depuis déjà trop longtemps », expliquait hier un analyste basé à Londres. Surtout Madrid a déjà présenté ces derniers mois quatre plans d'aides de son secteur bancaire. Cette fois l'Espagne envisagerait de créer un grand groupe bancaire public. La nationalisation comme ultime solution.

Lagarde s'attire les foudres des Grecs

La directrice du FMI Christine Lagarde s'est attiré les foudres des Grecs, qui se disent «humiliés» par ses propos sur le paiement des impôts. Mme Lagarde a mis le feu aux poudres en estimant dans une interview au Guardian que «les Grecs devraient commencer par s'entraider collectivement», et ce, en «payant tous leurs impôts», et se dit moins préoccupée par leur sort que par celui des enfants d'Afrique.

Samedi soir, devant le tollé généré par ses propos, Mme Lagarde s'est montrée plus conciliante, se disant «très compatissante à l'égard des Grecs et les défis qu'ils relèvent». Les propos de Mme Lagarde avaient suscité dimanche plus de 9 800 commentaires sur sa page Facebook.

Alexis Tsipras, chef du parti de la gauche radicale Syriza propulsé en 2e position lors des législatives du 6 mai, a lancé à Mme Lagarde que les Grecs ne cherchaient pas sa «sympathie» et que «les travailleurs grecs paient leurs impôts» qui sont très lourds et même «insupportables».

Le parti, donné selon les derniers sondages en seconde position derrière les conservateurs de Nouvelle-Démocratie (ND) le 17 juin, prône l'annulation des mesures de rigueur prévues par le plan de redressement imposé par l'UE et le FMI en échange des prêts accordés à Athènes jusqu'en 2014.

Les législatives du 17 juin en Grèce sont attendues avec fébrilité à l'international.

Face au risque d'un rejet du plan d'austérité qui conduirait in fine à une probable sortie de l'euro, les bailleurs de fonds internationaux restent fermes, à l'image du ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble qui martèle à l'envi qu'Athènes doit «tenir ses engagements» pour rester dans l'euro.

En Grèce, les mêmes arguments sont utilisés pour discréditer Syriza, alors que le pays risque d'être à court de liquidités d'ici fin juin si les aides financières sont coupées en cas de rejet du plan d'aide international par les électeurs le 17 juin, a prévenu l'ex-Premier ministre grec.

« Les clients sentent poindre une vraie menace économique »

Serge Maître est président de l'Association française des usagers des banques, et membre du Comité consultatif du secteur financier après du ministre de l'Économie.

Les banques françaises vont-elles aussi bien qu'elles nous le laissent croire ?

On n'est plus dans le contexte de la crise de 2008 où les déposants pouvaient s'inquiéter pour leurs dépôts. Maintenant, tout le monde sait qu'il y a des garanties jusqu'à 100 000 € pour les dépôts d'espèces en banque, y compris pour les PEL, les livrets A… Compte tenu de l'existence de ces garanties, ce n 'est pas à ce niveau qu'intervient l'inquiétude des déposants. Une inquiétude qui se décline d'ailleurs à divers degrés. Avant même l'inquiétude, il existe une phase d'interrogations où on se pose tous des questions sur la solidité de notre banque, mais aussi sur la confiance qu'on peut avoir globalement dans l'économie. Mais peut-on réellement avoir confiance en nos banques ? Il est vrai que les clients éprouvent beaucoup de ressentiment, comme s'ils découvraient que leurs banques avaient été rarement citoyennes parce qu'elles ont placé presque plus d'argent dans l'économie extérieure que dans l'économie nationale, en investissant ailleurs sur les marchés, essentiellement dans la dette souveraine.


Y a-t-il vraiment lieu d'être inquiets ?

Une fois qu'on a découvert que les banques n'étaient pas des parangons de vertus, qu'elles n'étaient pas des modèles de gestion, on s'est rendu compte aussi qu'elles pouvaient se tromper, y compris au détriment de la communauté nationale puisque beaucoup d'investissements se sont faits à l'étranger. Les banquiers français ont placé dans la dette souveraine européenne 215 milliards, quand les banquiers allemands n'ont investi que 75 milliards. On voit tout de suite que cet argent manque dans notre économie pour avoir été utilisé ailleurs. Quand on regarde le cas de la Grèce, le Crédit agricole qui s'est planté de 30 milliards, la BNP de 5 milliards, la Société générale de 3 milliards, les banquiers ont beau jeu de dire que ces sommes représentent peu au regard de leurs bénéfices, les usagers ne sont pas crédules. Le risque de contagion est aujourd'hui réel.


Ne peut-on craindre une crise du non-remboursement ?

Les usagers des banques savent, qu'après la Grèce, d'autres pays peuvent suivre comme l'Espagne, l'Italie et une kyrielle de pays plus petits. Face à un effet domino, n'y a-t-il pas à imaginer le pire ? La crise grecque est une crise de la spéculation de nos banquiers, comme on l'a vu avec le Crédit Agricole qui a mis tous ses œufs dans le même panier et engagé des sommes faramineuses sur un même investissement. On peut craindre que demain, ce ne soit pas seulement une crise de spéculation malheureuse d'un certain nombre de banques qui font partir en fumée des milliards d'euros, mais qu'il y ait une crise beaucoup plus grave du non-remboursement par les emprunteurs. Cela a commencé avec des banquiers espagnols, et non des moindres , confrontés à des clients qui ne remboursent pas. On sent poindre ici une vraie menace économique. Les Français n'ont donc pas lieu d'être rassurés. Ils ont compris qu'une crise économique, autrement dit une régression avec une baisse de leurs ressources, amènera inexorablement une contraction de la possibilité de rembourser. Là, les banquiers auront bien du mal à faire face.

Quels sont les signes avant-coureurs d'une détérioration de la situation ?

Nous enregistrons déjà les premiers signaux avec une augmentation des demandes concernant les procédures de sauvegarde qui permettent d'obtenir jusqu'à deux ans de suspension en cas de difficulté de paiement liée à la situation économique. Les particuliers peuvent le faire en différant par exemple le remboursement de leur crédit immobilier. On le voit aussi au travers des dossiers de surendettement. Certes, leur nombre a baissé sur un an mais les procédures d'annulation des dettes n'ont pas cessé d'augmenter : +25 % en un an. On sent bien que monte peu à peu une crise qui n'est plus liée à un délire spéculatif des banques mais bien à une crise économique qui menace.


Faut-il continuer à souscrire encore de l'assurance-vie ?

Les clients des banques ont anticipé la situation. Ils ont déjà tiré sur leurs assurances-vie en procédant à des rachats totaux ou partiels. L'assurance-vie a baissé à 1 300 milliards, soit 15 % de moins en un an. Si le livret A a augmenté, c'est parce qu'il y a eu corrélativement un déplacement vers cette ultime épargne de précaution. On a aussi le cas de personnes, et c'est tout à fait nouveau, qui choisissent d'enlever tout leur argent. On rencontre de plus en plus de gens qui nous disent : « de toute façon, ne gagnant pas beaucoup, je préfère tout retirer… » N'oublions pas que la moitié des Français gagne moins de 1 500 € par mois. En fait, on est menacés demain par une baisse du pouvoir d'achat de l'euro. Ce serait le cas si une inflation reprenait, si on faisait les eurobonds en acceptant que l'Europe s'endette pour faire face à la crise. Et c'est bien parce qu'ils redoutent une baisse de l'euro grec, une chute de leur pouvoir d'achat que les Grecs retirent massivement leur argent.


Bankia : l'Espagne entre colère et déprime

23,5 milliards d'euros ! La somme a fait la une de tous les journaux espagnols durant le week-end. Bankia, la quatrième banque du pays, qui croule sous les actifs immobiliers risqués, va donc recevoir une aide urgente du gouvernement de 23,5 milliards d'euros. Jamais l'Etat espagnol n'avait mené un plan de sauvetage d'une telle importance. Samedi, au milieu d'une tempête médiatique, José Ignacio Goirigolzarri, le nouveau président de l'entité financière, essayait, tant bien que mal, d'injecter un peu de confiance en détaillant ce plan de renflouement sans précédent.

Mais, dans un contexte social et économique très difficile, mêlant chômage record (5,2 millions de sans-emploi, soit 25 % de la population active) et plans de rigueur successifs, le spectaculaire et coûteux sauvetage a du mal à passer auprès des Espagnols. Dans les rues de Madrid, la polémique enfle : « Le sauvetage de Bankia est un véritable scandale ! » s'exclame Victor, Madrilène de 29 ans. « D'un côté, on réduit le nombre de fonctionnaires dans les écoles et les hôpitaux et de l'autre, voilà qu'on distribue de l'argent public pour sauver une banque . C'est n'importe quoi ! Cela montre bien l'incapacité de nos politiques qui s'obstinent à sauver un système qui ne marche pas ! ». Victor est au chômage, comme un jeune Espagnol sur deux. Il est sympathisant du mouvement des « Indignados » et participe régulièrement aux assemblées populaires de son quartier de Vallecas. « Moi, j'ai dû retourner vivre chez mes parents, car je ne pouvais plus payer ma colocation… Pour le moment, je touche 625 € d'aide de l'Etat mais, dans 4 mois, je ne toucherai plus un centime. Et moi, qui va venir me sauver ? Où est mon plan de sauvetage ? » lance-t-il désabusé. On retrouve le même sentiment d'indignation chez Roberto, taxi de 47 ans : « C'est quand même lamentable de donner de l'argent à une banque sans jamais chercher les responsables de la situation catastrophique dans laquelle elle se trouve ! ». Et de continuer sur un ton pessimiste : « La crise est loin d'être terminée, croyez-moi. Nous n'en avons pas fini de notre chemin de croix. Et que va-t-on faire avec les autres banques qui sont en difficulté, comme Caixa Catalunya ? On va les renflouer aussi ? Avec quel argent ? Moi je vous le dis : tout cela va très mal se terminer ».

Francisco, 34 ans, professeur d'économie au lycée français de Madrid, porte un regard plus mesuré sur le sauvetage de la quatrième banque espagnole : « Évidemment, il faut sauver Bankia. La question ne se pose même pas. Cette banque représente ici 10 % du secteur financier. Même si c'est coûteux et douloureux, le gouvernement n'a pas le choix, sinon c'est l'effet domino assuré avec une contagion immédiate aux autres banques espagnoles et un risque rapide de défaut de paiement de l'Espagne. Seul point positif dans ce sombre tableau, c'est peut-être le premier pas d'un changement des règles et d'une refonte du système financier ». Francisco est bien l'un des rares à trouver encore une lueur d'optimisme, de ce côté-ci des Pyrénées.
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Re: Espagne

Messagede ivo » 29 Mai 2012, 09:59

BFA, maison mère de Bankia, a perdu 3,3 milliards en 2011
http://fr.reuters.com/article/businessN ... 2120120529
MADRID (Reuters) - BFA (Banco Financiero y de Ahorros), maison mère de Bankia, l'établissement au coeur des difficultés du système bancaire espagnol, a annoncé lundi avoir finalement perdu 3,3 milliards d'euros en 2011 et non pas dégagé un bénéfice de 41 millions.

Dans un avis transmis au régulateur boursier espagnol, BFA précise que ce nouveau chiffre, obtenu après un réexamen de ses comptes de l'an dernier, reflétait un passage en revue aussi bien de son portefeuille de crédits que de ses besoins en capitaux.

Bankia, la quatrième banque d'Espagne, a demandé vendredi à l'Etat de lui fournir 19 milliards d'euros pour l'aider à surmonter ses difficultés, plus de deux fois le montant minimum estimé cette semaine par le gouvernement.

Cette demande d'aide, qui vient se rajouter à une précédente injection de 4,5 milliards d'euros de soutien public, a cristallisé les inquiétudes des investisseurs au sujet de l'Espagne, dont le rendement des obligations souveraines à 10 ans s'approche du niveau qui a déclenché l'aide internationale pour la Grèce, l'Irlande et le Portugal.
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Re: Espagne

Messagede ivo » 29 Mai 2012, 12:21

Bankia fait vaciller l'Espagne
fr info
La crise en Espagne risque-t-elle de contaminer toute la zone euro ?

C'est une banque espagnole Bankia qui pourrait mettre le feu aux poudres. Hier, elle a fait plonger la bourse de Madrid à son plus bas niveau depuis 9 ans. Car elle réclame un sauvetage sans précédent qui pourrait bien mettre l'état espagnol à terre.


Ce qui se joue à Madrid, c'est bien plus que le sauvetage d'une banque au bord de la faillite.
Bankia, 4ème banque du pays, besoin de plus de 23 milliards d'euros d'aide de l'Etat. Un record, du jamais vu depuis le début de la crise en Espagne.
Bankia croule en fait sous les prêts immobiliers toxiques, qui ne valent plus rien, depuis l'éclatement de la bulle immobilière en Espagne, en 2008.
Le problème, c'est que ce cas n'est pas isolé : d'autres banques espagnoles sont aussi en difficulté.
La facture s'annonce donc salée pour l'Etat espagnol. Il pourrait avoir à débourser 60 milliards d'euros au total pour soutenir son système bancaire. Il s'agit d'une estimation. Mais cela pourrait bien être la charge de trop, pour un pays en pleine cure d'austérité qui tente d'assainir ses finances publiques.


Cela peut-il faire chuter l'Espagne ?

Le véritable danger serait que l'Espagne ait du mal à trouver l'argent nécessaire au sauvetage de ses banques.
Pour soutenir Bankia, Madrid va devoir s'endetter.
C'est bien ce qui inquiète les marchés : hier les taux d'intérêt de la dette espagnole ont augmenté à 6,5%.
Dans ces conditions, le chef du gouvernement, Mariano Rajoy, ne s'en est pas caché : "Cela devient difficile de se financer", a-t-il admis hier.
L'Espagne, 5ème économie de la zone euro, devra-t-elle demander une aide à l'Europe ? Madrid a écarté cette idée hier. Mais il s'agissait surtout de rassurer. Car les difficultés sont là.


Cela va-t-il aggraver la crise la zone euro ?

Le risque d'une contagion existe bel et bien.
Il y avait déjà les difficultés de la Grèce, à cela s'ajoutent maintenant les incertitudes espagnoles. L'Italie en a fait les frais hier : les taux italiens sont eux aussi remontés sur les marchés.
On le voit c'est donc toute l'Europe du Sud qui est fragilisée.
Et le chef du gouvernement espagnol l'a bien senti : il demande aux européens d'envoyer un message clair, d'affirmer qu'il "n'y aura pas de retour en arrière pour la zone euro".

Avant de même de trouver un terrain d'entente sur la croissance, voulue par François Hollande, le couple franco-allemand va donc sans doute devoir se serrer les coudes en urgence, pour afficher un soutien sans faille à la zone euro.
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Re: Espagne

Messagede ivo » 30 Mai 2012, 09:49

Le "no" de la BCE au plan de sauvetage de Bankia
http://www.lemonde.fr/europe/article/20 ... picks=true
La Banque centrale européenne (BCE) a rejeté le schéma de recapitalisation élaboré par le gouvernement espagnol pour Bankia, troisième banque du pays par les actifs, affirme mercredi le quotidien économique Financial Times [sur abonnement] citant des responsables européens anonymes.

Ce plan, consistant à apporter des obligations d'Etat à Bankia, afin que la banque puisse ensuite les présenter pour obtenir de l'argent frais auprès de la BCE, est considéré comme "inacceptable", selon le quotidien. Ce mode de recapitalisation serait assimilé à un financement de l'Etat espagnol par la BCE, ce qui est contraire à ses statuts, selon une des sources citées.

23,5 MILLIARDS D'EUROS

Le Wall Street Journal [sur abonnement] indique de son côté que la BCE s'opposerait à un tel plan s'il lui était présenté, citant des sources également anonymes. Le quotidien des affaires américain indique cependant que les autorités espagnoles n'ont pas encore présenté officiellement leur plan. Bankia a besoin pour se renflouer de 23,5 milliards d'euros, dont 19 milliards restent encore à trouver.

Une porte-parole du ministère de l'économie a indiqué mardi que "la priorité est d'aller sur le marché", Madrid étant donc disposé à lancer une émission obligataire, malgré la tension actuelle, pour obtenir ces fonds. Le président de la BCE Mario Draghi doit prononcer mercredi à Bruxelles un discours sur la stabilité financière, monétaire et la croissance.

L'Espagne a été encore fortement bousculée mardi sur les marchés, qui continuent de douter de sa capacité à assumer seule ses engagements financiers alors qu'elle doit voler au secours de ses banques et de ses régions, en pleine récession.


Les dirigeants de Bankia ont reçu 22 millions d'euros en 2011
http://www.lemonde.fr/economie/article/ ... _3234.html
............

Crise des banques espagnoles : comment en est-on arrivé là ?
http://www.lemonde.fr/economie/article/ ... picks=true
Madrid s'en sortira seul. C'est du moins ce qu'a tenu à réaffirmer, lundi 28 mai, le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, à l'heure où la crise du secteur bancaire du pays affole les investisseurs et fait chuter les Bourses. Au total, ce sont plus de 50 milliards d'euros que l'Espagne devra réunir pour renflouer son secteur bancaire, dont 23,5 milliards iront à la seule Bankia - quatrième banque en terme de capitalisation boursière -, qui cristallise aujourd'hui les plus vives inquiétudes.

"Durant une dizaine d'années, les caisses d'épargne ont fonctionné sur un mode de financement à l'anglo-saxonne, c'est-à-dire en privilégiant le commercial sur le risque", explique Eric Delannoy, vice-président du cabinet de conseil en stratégie opérationnelle Weave. Elles accordaient des prêts immobiliers sans se préoccuper de la solvabilité de leurs clients. La tentation était forte d'agir ainsi, à l'époque où le BTP était facteur de croissance, d'autant plus qu'elles pensaient réussir à éponger leur capacité de financement grâce à la croissance de la bulle immobilière." Jusqu'à ce que celle-ci n'éclate en 2008 et plombe de plusieurs milliards d'euros d'actifs dits "problématiques" le bilan des banques.

"SOLUTION D'URGENCE"

A cette situation déjà critique s'est ajouté un facteur aggravant, selon M. Delannoy, à savoir "la relation quasi-incestueuse entre les caisses d'épargne et les régions, qui ont les ont incitées à financer de vastes programmes de logements, dans le but de développer le secteur du BTP". Se met alors en place une série de fusions de ces caisses d'épargne, à l'instar de Bankia, qui est le produit du regroupement de sept d'entre elles. Au nombre de 45 en 2008, elles ne sont aujourd'hui plus qu'une dizaine.

Le problème est que les caisses d'épargne ont fusionné sans prendre le temps d'assainir leur bilan. Pour Rémi Legrand, associé au sein du cabinet de conseil Eurogroup Consulting, "les fusions ne sont jamais une solution, ce sont des décisions prises en urgence qui ne visent qu'à regrouper des établissements mal en point, sans véritable ligne stratégique à long terme". Plusieurs années après la première vague, les rapprochements continuent pourtant - trois caisses d'épargne (Ibercaja, Liberbank et Caja3) ont encore annoncé mardi leur volonté de se regrouper -, alors même que la survie de Bankia n'est pas assurée.

Ainsi, pour M. Legrand, "la crise du secteur bancaire espagnol se limite essentiellement aux caisses d'épargne". Eric Delannoy souligne à ce titre que "d'autres grandes banques, comme BBVA ou Santander - qui ont chacune dégagé plus d'un milliard de bénéfices au premier trimestre -, se portent bien". Selon lui, "la situation est loin d'être dramatique. Certes, il y a 180 milliards d'actifs immobiliers considérés comme problématiques, mais le taux de crédits non remboursés ne dépasse pas les 7 %."

LA LIQUIDITÉ NE MANQUE PAS

Pour Thomas Costerg, économiste Europe à la Standard Chartered Bank à Londres, "le secteur bancaire espagnol souffre d'une crédibilité fortement affaiblie, en raison notamment de la multiplication des plans d'aide - chacun étant supposé être le dernier -, auxquels les investisseurs ne croient plus". Loin de se montrer alarmiste, il considère néanmoins qu'"on n'a peut-être pas encore atteint le sommet en termes d'inquiétudes sur l'Espagne. D'autres mauvaises nouvelles restent à venir, comme la contraction de l'économie - déjà en récession -, attendue au deuxième trimestre, qui pourrait provoquer d'autres pertes sur les prêts immobiliers, mais également en dehors de ce secteur, ainsi qu'une fuite des dépôts si la crise s'intensifie" - comme c'est déjà le cas en Grèce.

Optimiste, il estime qu'"à moyen terme, les banques espagnoles ne manquent pas de liquidités, grâce à la Banque centrale européenne, qui continue de leur en fournir. Quant au Fonds européen de stabilité financière, il possède assez de ressources pour aider le pays en cas de besoin" - si M. Rajoy se résignait à y faire appel. Dans ce cas cependant, "l'insuffisance de la construction européenne sur le plan bancaire - en plus des plans politique et économique, pourrait gêner la manœuvre. L'Union européenne ne dispose pas, contrairement aux Etats-Unis, de système européen de garanties de dépôts ni de mécanisme type TARP, qui permet la recapitalisation des banques au niveau fédéral et non national."

CASSER LA "PROPHÉTIE AUTO-RÉALISATRICE"

En l'absence d'aide européenne, il ne reste à Madrid que peu de marge de manœuvre. "M. Rajoy veut montrer que ses banques et son pays peuvent se redresser seuls. Faire appel à une aide européenne reviendrait pour lui à admettre, ne serait-ce que symboliquement, un défaut de paiement, alors qu'il souhaite au contraire ériger l'Espagne en anti-modèle grec", relève M. Delannoy.

C'est également valable les banques espagnoles. Preuve en est, selon M. Delannoy, "leur refus de créer une 'bad bank', qui reprendrait les actifs douteux à prix cassé avant que l'Etat ne tente de les écouler". "D'autre part, souligne-t-il, il ne faut pas oublier que le pays a réduit de moitié son déficit public depuis 2009 et que son taux d'endettement sur produit intérieur brut est d'environ 60 %, quand il est de 80 % en France et de 145 % en Grèce. La situation n'est donc pas aussi catastrophique qu'on veut bien le faire croire - à condition bien sûr de casser cette prophétie auto-réalisatrice qui veut que l'Espagne aille très mal, et ce pour alimenter la spéculation."


encore une fois, cherchez l'erreur .......
>>>

Après la Grèce, les marchés s'inquiètent pour l'Espagne et ses banques
http://www.lepoint.fr/bourse/apres-la-g ... 582_81.php
Les difficultés croissantes de l'Espagne et de ses banques, en particulier de Bankia, pesaient sur les Bourses européennes qui ont toutes ouvert sur une baisse significative mercredi matin.

Paris a ainsi démarré sur un recul de 1,08%, Londres de 0,74% et Francfort de 0,56%. Peu après l'ouverture Madrid baissait de 1,12% et Milan de 2,13%.

La veille, l'esppoir d'une intervention de la Banque centrale européenne (BCE) avait apporté un peu d'espoir, soutenant les cours en Europe et à New York.

Mais des articles du Wall Street Journal et du Financial Times, affirmant que la BCE s'oppose à l'idée de Madrid d'injecter des obligations souveraines dans Bankia, qui pourrait les déposer auprès de l'institution monétaire en échange d'argent frais, ont douché mercredi matin l'optimisme.

Bankia, troisième banque du pays par les actifs, a besoin de 23,5 milliards d'euros, dont 19 restent encore à trouver, un casse-tête pour le gouvernement dont les marges de manoeuvre sont très réduites.

"L'Espagne semble avoir remplacé la Grèce, au moins pour l'instant, comme source de tous les maux et cela devrait continuer jusqu'aux élections grecques du 17 juin", a estimé Chris Weston, analyste chez IG Markets.

"Le gouvernement espagnol perd chaque jour un peu plus de crédibilité quant à sa capacité à gérer la restructuration de son secteur bancaire, d'autant que la BCE aurait opposé une fin de non-recevoir aux propositions de recapitalisation de Bankia, nécessitant son intervention indirecte", ont aussi commenté les analystes du Crédit Mutuel-CIC en se référant à l'article du FT.

Et comme l'a souligné M. Weston, "la démission du gouverneur de la Banque d'Espagne M. Ordonez n'aide pas". Miguel Ordonez a annoncé mardi soir son intention de quitter son poste le 10 juin, un mois avant la date prévue.

L'euro accusait également le coup mercredi matin et s'échangeait à son niveau le plus bas depuis près de deux ans face au dollar.

A 07H25 GMT, l'euro valait 1,2462 dollar contre 1,2503 dollar mardi vers 21H00 GMT. La devise européenne était descendue brièvement à 1,2461 dollar mardi, son plus bas niveau depuis le 1er juillet 2010, avant de se reprendre.

Les marchés obligataires étaient également soumis à de fortes tensions, avec un nouveau plus bas historique pour le taux à 10 ans de l'obligation allemande. L'écart entre les taux des obligations à 10 ans de l'Allemagne et de l'Espagne a également atteint mercredi un nouveau record depuis la création de la zone euro.
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Re: Espagne

Messagede ivo » 08 Juin 2012, 19:10

Les Indignés espagnols demandent des comptes à Bankia
fr info
L'Espagne pourrait demander l'aider de l'Europe ce week-end pour sauver ses banques. Les ministres des finances de la zone euro doivent tenir une conférence téléphonique demain ou après-demain pour en discuter. En attendant, les manifestations devant Bankia se multiplient. La banque est le symbole de la crise actuelle que traverse le pays.

Image
Manifestation devant Bankia à Madrid © Reuters Andrea Comas

Des familles en instance d'expulsion ont une nouvelle fois manifesté à Madrid devant une succursale de Bankia.
La banque, symbole de la crise cristallise le mécontentement des Espagnols.
Ces
familles sont expulsées parce qu'elles ne peuvent plus rembourser leurs crédits.
Un rassemblement organisé par le mouvement des Indignés pour protester contre le plan de sauvetage de cette banque, qui réclame plus de 23 milliards d'euros à l'Etat espagnol pour éviter la faillite.
"Vous devriez avoir honte de nous mettre à la rue" scandaient ces familles.


L'Espagne devrait demander officiellement ce week-end à ses partenaires européens de l'aider à renflouer ses banques pour éviter une nouvelle escalade de la crise de la dette dans la zone euro. L'Espagne serait ainsi le quatrième pays de la zone euro à solliciter un soutien extérieur depuis le début de cette crise, après l'Irlande, le Portugal et la Grèce.
Quatre hauts responsables de l'Union européenne ont déclaré que les ministres des Finances des Dix-Sept tiendraient une téléconférence demain ou dimanche pour débattre d'une demande d'aide espagnole, même si aucun montant n'est encore fixé pour celle-ci.

Espagne: les indignés manifestent devant Bankia. Le reportage de l'envoyée spéciale de France Info Isabelle Raymond
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Re: Espagne

Messagede ivo » 15 Juin 2012, 08:14

Les indignés espagnols portent plainte contre l'ancienne direction de Bankia
fr info
Bankia est la quatrième banque espagnole qui a bénéficé d'un plaide de sauvetage de 23 milliards et demi d'euros. Les indignés portent plainte contre Rodrigo Rato l'ancien président de la banque et les membres du conseil d'administration pour falsification de comptes et information frauduleuse. Ils espèrent démontrer que c'en est fini de l'impunité et envoyer les responsables de cette crise en prison.
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Re: Espagne

Messagede Béatrice » 17 Juin 2012, 18:04

En Espagne , depuis la fin du mois de mai , les mineurs de charbon sont en grève illimitée et principalement dans la province des Asturies :
occupation de puits , barrages routiers et ferroviaires et autres manifestations entrent dans le cadre de leur lutte :


Solidarité avec les mineurs espagnols en grève !
Spanish Miners’ Solidarity Committee + lettre d’un mineur asturien


Image


Les mineurs de charbon espagnols, principalement localisés dans les Asturies, dans le nord du pays, se sont mis en grève illimitée depuis la fin du mois de mai contre les mesures d’austérité du Premier ministre espagnol Mariano Rajoy.

Alimentée par la spéculation immobilière massive - une bulle spéculative qui a maintenant bel et bien éclatée - les diktats du FMI et par la détérioration de la crise capitaliste, l’économie espagnole a plongé dans la récession au deuxième semestre de 2008 et, depuis lors, des millions d’emplois ont été perdus. Avec 30 milliards d’euros de réductions budgétaires, ainsi que d’énormes augmentations d’impôts, l’Espagne connaît désormais l’un des taux de chômage les plus élevés dans l’UE.

Les mineurs ont réagi avec colère face à la volonté du pouvoir de réduire de 60% les subventions gouvernementales accordées à l’industrie minière. Cette réduction signifie à coup la destruction de cette industrie et fera sombrer les régions qui dépendent du charbon dans la misère noire. Environ 8.000 emplois sont en jeu et les syndicats estiment que 30.000 autres seront indirectement touchés.

Les mineurs des deux plus importantes fédérations syndicales, les Comisiones Obreras (CCOO) et l’Unión General de Trabajadores (UGT), sont unis dans leur opposition aux mesures gouvernementales et la grève est suivie à 100%. Beaucoup d’autres syndicats à travers le pays ont promis un soutien ; les travailleurs des transports ont déjà mené des actions aux côtés des mineurs et une grève générale de 24 heures est prévue (le 18 juin dans le bassin minier asturien, NdT).

Des barrages routiers et ferroviaires sont mis en place tous les jours dans la région. Un certain nombre de mineurs ont organisé des occupations des puits. Le 31 mai, les mineurs ont manifesté dans les rues de Madrid, où ils ont été attaqués par la police anti-émeute qui a utilisé des gaz lacrymogènes. Dans d’autres affrontements, la police a utilisé des balles en caoutchouc. Malgré le black-out médiatique, des informations suggèrent que dans certaines régions des Asturies, il y a presque un climat de guerre civile. Il s’agit clairement d’un conflit qui a le potentiel de durer pendant une longue période.

Les Asturies, la principale région minière, a une longue histoire de militantisme ouvrier. « Asturias la Rouge » a été l’un des principaux centres d’opposition au général Franco. Pendant la grève des mineurs britanniques de 1984-1985, les mineurs espagnols ont été particulièrement actifs et généreux dans leur soutien à leurs camarades d’outre-mer.

De la même manière que les mineurs britanniques étaient autrefois considérés comme l’avant-garde du mouvement ouvrier, les mineurs espagnols sont considérés par beaucoup comme l’avant-garde du reste du mouvement syndical espagnol. Cette grève pourrait être l’étincelle qui enflammera toute la péninsule ibérique.

John Cuningham Ancien mineur, secrétaire du Spanish Miners’ Solidarity Committee

Source : http://www.workersliberty.org/

Lettre de soutien d’anciens mineurs britanniques des grèves de 1984-1985 aux mineurs espagnols en grève

Des anciens mineurs et des militants syndicaux du Royaume-Uni ont mis sur pied, hier soir (11 juin, NdT) à Sheffield (Yorkshire) un Comité de Solidarité avec les Mineurs Espagnols.

Le Comité s’est engagé à mener une campagne nationale au Royaume-Uni, dans le mouvement syndical et dans la communauté des mineurs, en solidarité avec les mineurs en grève et leurs familles dans les bassins charbonniers des Asturies, d’Aragon et du Léon en Espagne.

Au Royaume-Uni, les sympathisants des mineurs espagnols connaissent bien les conséquences – économiques, sociales et politiques – de la destruction de l’industrie charbonnière. Aujourd’hui, il n’existe plus qu’une poignée de mines profondes au Royaume-Uni. C’est tout ce qui reste d’une industrie qui, il y a 30 ans, offrait de l’emploi à plus de 200.000 personnes. A sa place, aujourd’hui, il n’y a plus que le chômage massif, la pauvreté, l’exclusion sociale et la décadence. Ce sont ces conséquences que risquent de connaître les mineurs espagnols s’ils sont vaincus.

Le Comité s’est également engagé à récolter des fonds pour les familles des mineurs en grève, une tâche qui a déjà commencé, ainsi qu’à soutenir par tous les moyens leur juste combat. Une lettre de solidarité, signée par des ex-mineurs, des dirigeants des travailleurs des principales mines de charbon du Royaume-Uni et par des syndicalistes est en préparation et sera envoyée aux organisations syndicales espagnoles dans quelques jours.

Les efforts du Comité ont déjà gagné le soutien du cinéaste internationalement reconnu Ken Loach, qui nous a demandé d’envoyer ce message à ceux qui luttent en défense des puits, de leur travail et de leur communauté en Espagne. Son message est :

« Ce n’est pas la première fois que les mineurs luttent au nom de tous les travailleurs. Cette crise est en train de provoquer une énorme misère, au travers du chômage de masse et des attaques contre les salaires et les conditions de travail. La responsabilité de tout cela incombe à la classe dominante et à ceux qui défendent un système intolérable et injuste. Je vous adresse tous mes vœux de succès et toute ma solidarité. Ken Loach ».

Deux représentants du Comité - lancé par le Réseau d’Information des Mineurs – voyageront cette semaine en Espagne afin de rencontrer les mineurs espagnols et leurs familles.

Lettre d’un mineur asturien

J’ai travaillé pendant 25 années dans la mine. Je suis descendu dans un puit quand j’avais 18 ans et j’aimerai vous dire que je suis étonné des commentaires que je lis ici ou là sur la mine et les préretraites. Je vous donne ici mon point de vue pour tenter de dissiper plusieurs doutes ou préjugés existant sur ce secteur.

1. La lutte qui est menée en ce moment par les camarades n’est pas pour demander de l’argent, mais bien pour qu’on respecte l’accord signé l’année dernière entre le Ministre de l’Industrie et les syndicats des mineurs. Selon les termes de cet accord, les aides publiques octroyées au secteur minier devaient durer jusqu’en 2018.

Cet argent provient de la Communauté européenne, et non du gouvernement espagnol. Autrement dit, aucun Espagnol n’a payé quoi que ce soit pour « nous aider » comme le pensent beaucoup de gens qui nous critiquent tellement.

Quant à cet argent, ce que je me demande, comme presque toutes les familles des mineurs, c’est où se trouve la partie provenant du Fonds des Mineurs qui devait, supposément, être destiné à la création d’industries alternatives au charbon dans les bassins miniers. Il se fait que, comme dans beaucoup d’autres secteurs, l’argent a été géré par les politiciens et les syndicats. Avec une partie de ces sommes, je pourrais vous dire que, par exemple, Monsieur Gabino de Lorenzo (ex-maire d’Oviedo) a payé les lampadaires de sa ville, le nouveau Palais des Expositions et de Congrès et de nombreux autres ouvrages. L’ex-maire de Gijon (Madame Felgeroso) l’a investi dans l’Université du Travail et, comme le premier, dans d’autres ouvrages.

Dans la seule Vallée de Turón, dans la Cuenca del Caudal où je vis : de 1889 à 2006, année de fermeture du dernier puit, plus de 600 mineurs sont morts. Et qu’as-t-on fait ? On a construit un centre sportif sans même une toilette. Il fut inauguré ainsi et reste toujours en l’état. On a aussi construit un sentier, pour qu’on puisse se promener, et c’est à peu près tout. Tout notre environnement est rempli de déchets et de terrains vagues que l’on tente peu à peu de réaménager. Mais de ré-industrialisation, qui crée des postes de travail stables, il n’y en a pratiquement pas.

2. Je constate avec stupéfaction que pour beaucoup de gens les subventions publiques au secteur minier sont une mauvaise chose. Mais on oublie qu’il existe les mêmes aides pour d’autres secteurs, comme l’élevage, l’agriculture, la pêche et bien d’autres encore et personnellement je m’en réjouis. Je préfère que ces aides servent à maintenir des emplois plutôt qu’à engraisser les politiciens corrompus qui nous volent quotidiennement.

3. Il semble que beaucoup d’entre vous ne savent pas qu’après la fin de la Guerre civile dans ce pays, les mineurs espagnols ont été forcé de travailler gratuitement tous les jours pendant une heure, et pendant de longues années, afin de reconstruire ce que le franquisme avait détruit, et cela alors que nous n’avions rien à manger dans nos foyers.

4. En 1962, les mineurs ont commencé une grève qui s’est ensuite étendue dans toute l’Espagne. Cette lutte a permis d’arracher de nombreux droits sociaux dont jouissent tous les Espagnols… ces mêmes droits qu’on tente maintenant de nous enlever. Au cours de cette grève, il y a eu une très forte répression, des affrontements, de nombreux prisonniers, de la faim et de l’exil. De nombreux mineurs ont été séparés de leurs familles et envoyés dans d’autres provinces, certains n’ont commencé à revenir qu’à partir de 1980.

5. Sur les préretraites, c’est un mensonge de dire que les mineurs prennent leur préretraite à 40 ans et certains parlent de nos pensions comme si nous avions gagné le jackpot. Il se fait, en vérité, que dans les mensualités que touchent les mineurs retraités sont incluses leurs primes de travail extraordinaires et elles varient en fonction des différentes catégories et spécialités. (…)

6. Le charbon qu’on importe de l’extérieur serait, selon certains, meilleur marché que le nôtre. J’en doute fort, mais admettons que cela soit exact : la solution serait-elle de nous transformer en esclaves comme dans ces pays ? Moi, je souhaite qu’aucun travailleur au monde ne le soit. (…)

7. Concernant les actions de blocages des routes, je veux répondre à tous ceux qui protestent en déclarant que les mineurs les empêchent d’aller travailler, ou d’aller étudier, et qui disent que quand ils auront un problème dans leur propre entreprise, ils iront eux aussi « emmerder » les mineurs. Je leur dit simplement ceci : à chaque fois que des travailleurs d’autres secteurs nous ont demandé de l’aide pour défendre leur emploi, nous avons organisé des arrêts de travail de 24 heures pour les soutenir.

Quand il y a eu la longue grève des mineurs britanniques, nous avons arrêté le travail par solidarité et organisé des collectes de fonds pour qu’ils puissent nourrir leurs familles. Es-ce que quiconque aurait le moindre doute que nous n’allons pas nous unir et nous solidariser avec n’importe quel autre secteur qui serait touché ? Il semble bien aujourd’hui que c’est quelque chose d’impossible, ne serait-ce que de demander l’aide des autres. Il est pourtant fondamental de nous soutenir les uns et les autres. Mais nous faisons le contraire et c’est comme cela que ceux d’en haut pourront toujours avoir l’avantage.

Si tous les travailleurs espagnols étaient aussi unis que les mineurs, ceux qui gouvernent dans ce pays le penseraient à deux fois avant de nous imposer de telles mesures d’austérité, je peux vous le garantir. Réfléchissez bien sur qui vous empêche réellement d’aller travailler ou étudier : avec les vagues de licenciements actuelles et l’austérité dans l’enseignement, c’est bel et bien nos politiciens. (…)

Je vous invite tous et toutes à sortir de chez vous et à défendre également vos droits. En restant passifs, vous permettez que, peu à peu, la faim se réinstalle dans nos vies. Ils veulent que nos enfants et les vôtres deviennent, comme nous, « analphabètes », puisque nous avons plus vu les murs de l’école de l’extérieur que de l’intérieur. Il est plus facile de dominer un peuple analphabète.

Restez informés, vérifiez tout ce que vous voyez à la télévision, maintenant vous avez Internet, les téléphones portables, pour pouvoir rester en contact permanent, pour vous organiser, que ce soit de manière pacifique ou directement sur les barricades, c’est comme vous voulez, mais organisez vous ! Définissez les objectifs que vous voulez atteindre à court terme, car le gouvernement lui, va très vite quand les conditions lui sont favorables, vous le savez bien.

Effacez le mot « peur » et la phrase « cela ne servira à rien » de vos esprits et prenez le contrôle de votre avenir.

Je remercie beaucoup tous ceux et toutes celles qui nous soutiennent dans les autres provinces et dans d’autres pays.

Salutations Juan José Fernández. Asturies, 15.06.12

Source : http://ecorepublicano.blogspot.com

Avec l’ensemble des liens : http://bellaciao.org/fr/spip.php ?article128505
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