Le FMI met le feu en Haïti, en Guinée, en Égypte…
Les prémices d’une nouvelle crise de la dette se précise pour un certain nombre de pays du Sud
Le FMI et la Banque mondiale ont repris peu à peu le rôle qui avait été le leur durant la crise de la dette des années 1980. Ils imposent, en effet, de nouveaux plans d’ajustement structurel (le mot est d’ailleurs réapparu largement) aux pays qui se tournent vers eux, confrontés à une baisse des ressources et/ou à une hausse du service de la dette.
Les années qui ont suivi la mise en place des allègements de dettes (les années 2000) ont vu ces pays profiter de cette période pour investir massivement dans des infrastructures (énergie, transports…), en s’appuyant sur des prêts bilatéraux avec de nouveaux partenaires: Chine, In-de, pays du Golfe, sur une hausse des ressources tirées de l’exportation de matières premiè-res dont le cours a alors repris une courbe ascendante, sur l’accès à de nouveaux modes de financements (eurobonds, finance islamique, bons et obligations du trésor émis en monnaie locale).
Las, la tendance s’est retournée brutalement.
Un grand nombre de matières premières ont vu leur cours baisser fortement, même si elles ont connu sur les deux dernières années, un rebond. Les taux d’intérêt sont repartis à la hausse et les eurobonds émis au début des années 2010 arrivent à maturité entre 2018 et 2020.
Le scénario ressemble comme deux gouttes d’eau à celui du début des années 1980.
Au point que les acteurs essentiels de la période sont de retour. Fonds monétaire international, groupe Banque mondiale, Club de Paris, Institut de la finance internationale (qui a pris de facto la place du Club de Londres pour les créanciers privés), tout ce petit monde est à la manœu-vre pour imposer de nouveau ses règles, en tenant compte de la situation nouvelle. C’est ainsi, par exemple, que le Club de Paris essaie de s’élargir aux nouveaux bailleurs internationaux: Chine, pays du Golfe, Afrique du Sud. L’affaire de la ‘dette cachée’ mozambicaine permet à ces institutions de faire front pour imposer leur méthode.
Mêmes interprètes donc, et même partition : ajustement, austérité, rigueur, libéralisme, libre-échange…
Les conditionnalités sont ainsi de retour. Vous voulez renouer avec les institutions financières internationales (IFI) comme prêteurs en dernier ressort, bien ! Voila le programme, notre pro-gramme [1]. À prendre ou à laisser. La République du Congo, pour avoir tergiversé, voit de mois en mois repoussé le déblocage d’un prêt du FMI pour faire face à une dette qui explose (entre 117 % et 130 % du PIB selon les calculs). Les ‘bons élèves’ voient débloquées les tranches successives de prêts.
Parmi ces conditionnalités, on retrouve toujours l’abandon des mesures sociales, telles que subventions, compensations… qui permettent aux populations d’avoir accès à des services publics, même dégradés. Elles seraient, selon les IFI, trop lourdes pour le budget d’États qui doivent faire face à un service de la dette majoré et donc doivent diminuer leur déficit budgétaire.
Trois exemples d’actualité permettent de comprendre les enjeux sociaux, économiques et politiques de telles mesures.
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http://www.cadtm.org/Le-FMI-met-le-feu- ... ypte-16476