Mouvement anarchiste Grec

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Messagede Phébus » 09 Déc 2008, 00:32

Cherche article de fond sur le mouvement anar en Grèce

Salut,

Avec ce qui se passe en Grèce, je me demandais si quelqu'un avait un ou des articles de fond en français à proposer sur le mouvement anarchiste grec. Ce serait pour rediffusion sur Voix de faits (ici Radio-Canada parle d'anarchisme et d'anarchistes comme jamais).

Merci d'avance,


Nicolas
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Re: Cherche article de fond sur le mouvement anar en Grèce

Messagede Pïérô » 09 Déc 2008, 00:51

ai trouvé çà sur l'ESE, qui n'est qu'une petite partie du mouvement, et çà date d'il y a deux ans : http://www.alternativelibertaire.org/spip.php?article94
Image------------ Demain Le Grand Soir --------- --------- C’est dans la rue qu'çà s'passe --------
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Messagede bipbip » 30 Mar 2013, 15:51

Interview du groupe anarchiste AK (Antieksousiastiki Kinisi)

Interview du groupe anarchiste grec AK (Mouvement Antiautoritaire)

Des anarchistes grecs parlent du mouvement anarchiste en Grèce

Cette interview a été réalisée le 20 janvier 2013

Le week-end dernier (12 janvier 2013), à la manifestation la plus massive de ces dix dernières années, des milliers d’anarchistes ont défilé pour protester contre les expulsions violentes des squats « Villa Amalias », « Rue Patision » et « Skaramagka » à Athènes et contre le climat extrêmement répressif créé par la police ces derniers mois en Grèce.
Voici une interview de l’un des groupes anarchistes le plus important numériquement en Grèce – le Mouvement Antiautoritaire (AK - Antieksousiastiri Kinisi) – où ils parlent du climat social et politique actuel en Grèce, de la menace de l’extrême droite et du travail du mouvement anarchiste.

Pourriez-vous nous rappeler quelques données sur la crise actuelle et le programme d’austérité imposé à la Grèce ? Et comment cela affecte la classe travailleuse ?
La crise actuelle a frappé profondément la société grecque. Le chômage et la pauvreté ont considérablement augmenté. Il y a des foyers sans nourriture et sans électricité. Chaque jour des gens perdent leur emploi. Et nous, nous pensons que ce n’est que le début. En fait, c’est une nouvelle expérience de la « doctrine du choc ».

L’anarchisme a des racines profondes dans de nombreux endroits de la planète. Quand a-t-il émergé pour la première fois en Grèce ? Quels sont vos points forts et vos faiblesses ?
Les anarchistes ont été présents en Grèce depuis 1900. Mais la croissance importante du mouvement anarchiste a eu lieu dans les années 1980. Le mouvement a beaucoup de points forts et aussi de points faibles. Ce que nous voulons mettre en avant, c’est la solidarité et la participation des travailleurs, des migrants et des prisonniers dans les luttes sociales, la force de la jeunesse et la lutte contre la répression et le capital. Nous devons aussi mentionner tout spécialement la lutte et les confrontations qui se mènent contre les coupes budgétaires et les mesures du FMI.

Qu’est-ce qu’est la Mouvement Antiautoritaire (AK) ? Dans quel genre d’activités et de luttes, en termes d’unions et de campagnes communautaires, est-il impliqué ?
AK est un réseau d’assemblées réparties dans quelques-unes des villes grecques. Nous sommes impliqués dans une variété de luttes. À l’heure actuelle nos campagnes principales sont liées au soutien aux travailleurs de l’entreprise « Vio.Me ». Ils sont sur le point de prendre le contrôle de l’usine et la mise en place du travail auto-organisé. Nous sommes également actifs dans la lutte en solidarité avec les habitants de Halkidiki (Chalcidique), Kilkis et de la Thrace qui luttent contre les mines d’or qui vont être construites dans la région (un investissement « express » qui pourrait être une catastrophe pour la région).
Et en général, nous participons au soutien à toutes les luttes sociales contre les options catastrophiques d’exploitation de l’Etat et du capital.
Également, à Thessalonique, nous participons à deux centres sociaux, « Micropolis » et « Scholeio » où nous essayons de recréer des choses nouvelles, en termes de formes organisées, de structures sociales et d’économie solidaire pour répondre à la crise et au travail comme proposition de modes de vie différents et pour une société différente. Vous verrez, les choses en Grèce sont dans une situation critique et nous sommes basiquement face à deux options : ou la brutalité de masse ou la créativité.
Dans ce processus, nous collaborons avec un grand nombre de personnes et de groupes de Thessalonique et de toute la Grèce qui travaillent sur des projets similaires. Et enfin et surtout, nous aimerions parler de notre focalisation sur la lutte contre le fascisme qui est aussi une question cruciale car le parti radical néo-nazi de Grèce continue de se développer.

Combien y a-t-il d’anarchistes incarcérés dans les prisons grecques ?
Ils doivent être plus de 20. La plupart ont été accusés de lutte armée.

De nombreuses sections des médias étrangers comme le quotidien The Guardian ont mis l’accent sur le développement alarmant du parti d’extrême droite « Aube Dorée », comparant la situation actuelle avec la République de Weimar du début des années 1930. Qui sont-ils ? Et, que font les anarchistes et les antifascistes pour combattre leur influence ?
Il y a une croissance des néo nazis en général, et pas seulement du parti extrémiste « Aube Dorée ». Ce développement n’est pas uniquement provoqué par la crise mais aussi par l’État. « Aube Dorée » a toujours été un instrument de l’État dans les domaines où la police ne pouvait pas agir. Le gouvernement a agi de manière beaucoup plus nazie que les Nazis – la création de centres de détention pour refugiés, les tabassages de manifestants, de refugiés, les tortures récentes des antifascistes dans les commissariats, la fraternité bien connue entre la police et les membres de l’« Aube Dorée » (50% des policiers ont voté pour eux)... Tout ce qui précède a contribué au développement des nazis.
Avec le développement de l’« Aube Dorée », il y a aussi une croissance significative du mouvement antifasciste. En plus des efforts pour informer et avertir la société du rôle d’« Aube Dorée » et de ses relations avec la police, il y a aussi le combat de rue pour les maintenir hors des rues et réduire leur présence dans la société. Jusqu’à présent, il semble que nous ayons la force nécessaire pour le faire malgré l’aide qu’ils reçoivent de l’État.

Quelle est votre opinion à propos de la croissance du parti de la gauche radicale Syriza ? Et savez-vous si beaucoup d’anarchistes ont voté pour eux lors des dernières élections ?
Premièrement, Syriza n’est pas du tout radical. Rappelons notre déclaration après les dernières élections : « Bienvenue à Syrisa dans l’enfer de l’autorité ». Syriza a obtenu ce développement en profitant du mouvement de la place Syntagma, mais il n’est pas le mouvement. Il s’agit d’un parti de gauche qui lutte pour gouverner.
Nous ne savons pas combien d’anarchistes ont voté pour Syriza. Ce que nous savons, c’est que notre assemblée, à Thessalonique, n’a pas du tout voté.


Malgré plus d’une douzaine de grèves générales, l’administration actuelle de la « Nouvelle Démocratie » continue d’imposer ses infâmes mesures d’austérité à la demande du FMI et de l’UE. Quelle est selon vous la prochaine étape ? Et quel rôle devrait être celui des anarchistes dans ces luttes ?
Il est difficile de prévoir l’étape suivante. Tout ce que nous avons compris après trois ans de lutte contre ce régime répressif et vraiment déterminé, c’est que les méthodes « traditionnelles » de lutte contre leurs politiques ne sont plus du tout efficaces actuellement. C’est pour cela qu’en ce moment, nous essayons de créer de nouveaux liens avec différentes parties de la société qui vont nous aider à résister et construire quelque chose de nouveau. Nous allons essayer de montrer à la société qu’il y a une voie alternative sans État et sans capital. C’est une voie difficile et nous le savons, mais nous ne combattrions pas pour cela si nous pensions que c’est impossible. Nous ne pouvons pas parler pour les tous anarchistes, nous parlons de nos choix et de notre stratégie en tant que AK.

Quel rôle peuvent jouer les anarchistes en dehors de la Grèce pour vous aider ?
La solidarité est un aspect très important aujourd’hui. Cela aide les gens à continuer à se battre et leur donner du courage. Il est également vital de faire pression sur les autorités. Il est très utile de voir qu’il y a des camarades et des gens en dehors de ton pays qui se soucient vraiment de vous et de ce qui se passe ici. Nous sentons que nous ne sommes pas seuls dans cette attaque contre l’État et le capital.
En outre, nous sommes toujours à la recherche de rencontres et de collaborations avec des groupes et des collectifs de l’Europe et en particulier des pays PIGS (Portugal, Italie, Grèce, Espagne) pour partager des idées, des expériences et des formes de lutte. Nous ne devrions pas être seuls dans cette recherche. Vous ne devriez pas être seuls non plus à ce sujet. Nous sommes tous ensemble. Pour cette raison, au cours de la dernière année, nous avons participé au réseau anticapitaliste européen M31 (http://march31.net/).

(source : http://www.alasbarricadas.org/noticias/node/24027)
Traduction : XYZ / OCLibertaire
http://oclibertaire.free.fr/spip.php?breve493
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Re: Mouvement anarchiste Grec

Messagede bipbip » 03 Juil 2013, 23:05

Un aperçu de l’anarchisme en Grèce
Impressions d’un Andalou sur le mouvement anarchiste en Grèce

Je vais essayer de traduire les impressions, résultats d’un voyage, que m’a donné le contact avec le mouvement libertaire en Grèce. Malheureusement, je n’ai pu ni rester longtemps ni voir beaucoup d’endroits, de sorte que ce qui est écrit ici ne doit pas être interprété au-delà de ma vision personnelle sur ce que j’ai vécu avec les camarades de là-bas. Ce n’est donc pas une analyse sérieuse du mouvement anarchiste et encore moins sur la situation du pays. Si à cela, nous ajoutons que ma militance est plus axée habituellement sur ce que l’on pourrait appeler un travail de base que sur l’analyse et la production théorique, il est certain que je vais commettre beaucoup d’erreurs. Cependant, j’espère que je pourrais vous donner une idée approximative de certains aspects du mouvement grec et que cela pourra servir de guide pour les personnes intéressées et qui n’ont pas de contact direct avec lui.

Beaucoup de choses qui se passent dans l’anarchisme en Grèce ont un lien certain avec les débats qui se déroulent dans l’État espagnol, car, excepté quelques différences, nous avons beaucoup en commun, tant pour ce qui concerne l’environnement du mouvement libertaire que la situation politique générale. Il serait souhaitable de renforcer les contacts et les liens entre les deux mouvements et les autres régions de la Méditerranée, car la situation économique et politique nous oblige à développer un mouvement libertaire fort en raison de ces éléments. En plus de la nécessité de commencer à travailler ensemble (et toujours dans une perspective internationaliste, sans rien retirer de la coordination dans des zones plus vastes de la planète), au niveau local nous pouvons apprendre beaucoup les uns des autres pour éviter les obstacles qui font qu’aujourd’hui le mouvement anarchiste dans les deux pays ne parvient pas à être une référence ou une alternative politique à un niveau populaire. Tout cela dans un moment où la gauche partidaire, qu’elle soit orthodoxe ou qu’elle porte des habits plus alternatifs, est incapable d’articuler une réponse politique claire à la régression évidente en termes de droits que nous subissons, sans même songer à proposer des modèles sociaux rupturistes, et quand en outre, la menace fasciste se cristallise jour après jour et parvient (en particulier en Grèce et en Europe de l’Est) à établir ses propres parcelles d’activité, à la fois dans la rue et dans les parlements.

Quand on arrive en Grèce, la première chose qui frappe, c’est que la politique en général et l’anarchisme en particulier, sont beaucoup plus présents dans la rue que dans notre pays. En arrivant, en voyant le paysage urbain, on ne peut pas s’empêcher de remarquer le grand nombre de graffitis et d’affiches qui remplissent les murs et le mobilier urbain. Cela s’accentue dans les universités, les lycées et les hôpitaux. Leurs murs sont, en particulier les facs, littéralement tapissés avec toute sorte de propagande politique et ils montrent presque toujours une banderole relative à une question politique. De retour dans la rue, à côté des signatures typiques des graffiteurs, abondent les tags antifascistes et surtout les A cerclés. Dans les bâtiments publics tels que les tribunaux et les bureaux du gouvernement, il y a toujours quelques graffitis ou des taches de peinture répandues pour les effacer, même si, comme ils me l’ont expliqué, ils s’efforcent d’essayer de les garder propres. Par ailleurs, la présence du fascisme d’Aube Dorée apparaît également de manière inquiétante sur les murs de certains quartiers des villes sous forme des croix celtiques, mais toujours recouvertes.

Cette importance de la politique en Grèce se confirme lorsque l’on commence à établir des contacts avec les gens de là-bas. Le nombre de collectifs politiques dans des villes comme Thessalonique et Ioannina (où j’ai été la plupart du temps) est décuplée par rapport à des villes de taille similaire dans l’État espagnol. Et cela, tant au niveau des partis de gauche de dimensions et d’espèces différentes que des groupes libertaires, des assemblées et des collectifs, ainsi que des squats et des centres sociaux qui servent d’espaces politiques. Pour prendre un exemple qui m’a beaucoup surpris, à Ioannina, j’ai rencontré des étudiants en chimie, qui ont formé un collectif de leur faculté et qui se réunissait dans un de ces centres sociaux et traitait de questions politiques et sociales, pas seulement en référence au mouvement étudiant. Des groupes comme celui-ci abondent en Grèce, ce qui permet d’avoir une idée de l’effervescence politique et de la quantité et de la variété de collectifs qui existent.

Cela nous amène à un aspect important (avec ses avantages et inconvénients) des mouvements politiques et en particulier du courant libertaire en Grèce : la jeunesse de ses membres. L’impression que j’ai eue de ces gars-là a été très positive, et j’ai été surpris par l’énergie et le sérieux avec lesquels ils militent. Quand ils décident d’appeler à une activité quelconque, ils s’y engagent à fond pour la faire connaître et l’organiser, en particulier dans le cas d’actions et de manifestations, mais aussi pour des conférences et des événements. Alors que, par exemple, dans une grande partie de l’Etat espagnol, un collage d’affiches se fait habituellement le plus souvent en un court moment, en Grèce ils recouvrent leur ville, et je ne me réfère pas seulement à des espaces dans lesquels beaucoup de personnes ou d’organisations collaborent, mais aussi à des collectifs indépendamment de leur taille. Cette même ardeur, on peut la voir dans les rassemblements, les manifestations et les piquets. J’ai eu la chance de participer à plusieurs de ceux-ci, qui correspondaient à des conflits de l’ESE [anarchosyndicaliste], et j’ai été impressionné par l’énergie dépensée dans ces actions, ainsi que par la capacité de mobilisation d’une petite organisation anarchosyndicaliste, par rapport celles de l’Etat espagnol. J’ai trouvé extraordinaire de voir tant de jeunes sur un piquet et leur façon de crier des slogans et leur attitude générale très active, tout cela pendant une longue période de temps, si l’on compare aux habitudes d’ici.



Il y a généralement beaucoup d’envie de faire des choses, beaucoup d’énergie. L’impression que j’ai eue des Grecs, c’est que ce sont des bonnes personnes, très généreuses, travailleurs, proches, semblables à nous mais en même temps sur un point, éloignés. Ils sont très rebelles, beaucoup plus que ce que nous voyons ici, avec un élément, même un peu innocent et idéaliste (en précisant que je viens d’une ville très versée dans le picaresque). Ils ont des perspectives très ouvertes en ce qui concerne l’anarchisme, on remarque qu’ils ne souffrent pas du poids de l’histoire, de la tradition et des organisations qui médiatisent l’anarchisme en Espagne. Peut-être qu’un élément a également à voir avec le caractère des gens du mouvement là-bas ; l’absence frappante de drogues chez les jeunes. A la fois dans le mouvement et dans le milieu universitaire, j’ai été surpris que même dans les raves les gens ne prennent pas autre chose que de l’alcool et qu’il n’y avait personne qui en vendait. On m’a dit que dans la plupart des squats, s’ils attrapent quelqu’un en train de prendre n’importe quel type de stupéfiant (y compris fumer des joints) ils le jettent de là. Il est vrai que les gens boivent, mais je n’ai pas vu une présence d’alcool aussi permanente qu’ici, et presque personne ne fume du haschisch ou de la marijuana, et encore moins dans la rue.

J’ai perçu beaucoup moins de frivolité qu’il n’y en a ici dans le mouvement okupa. Il est vrai que les gens ont une esthétique plus ou moins reconnaissable, mais ils sont plus austères et ils abusent de beaucoup moins d’éléments décoratifs (piercings, tatouages, dreadlocks, etc.). Je n’ai presque pas vu de tribus urbaines et esthétiques disons précises (punks, skins, hippies...). On ne voit pas non plus la saleté dont se complaisent souvent dans d’autres parties de l’Europe certains compagnons, que ce soit au niveau personnel ou dans les bâtiments. Comparés aux squats d’ici, la majorité de ceux que j’ai vu étaient beaucoup plus soignés et propres (avec quelques exceptions) : il est évident que les personnes s’en occupent et y travaillent plus.
En général, dans les villes où j’ai été, les squats abondent autant comme logement pour les jeunes que comme centres sociaux, souvent en mélangeant les deux. Il semble que les expulsions sont beaucoup moins fréquentes (par exemple, je suis passé dans un squat à Athènes qui fonctionne depuis 20 ans). La participation dans les squats est très élevée : cela se traduit par un grand nombre d’activités, la plupart avec des salles de sport bien équipées, des conférences, des concerts, des troupes de théâtre, de danse, des supermarchés bio et mille autres choses. J’ai un souvenir particulièrement bon de ceux que j’ai fréquenté à Thessalonique (Scholeio et Orfanotrofio) et à Ioannina (Antibiosis)

Il y a une autre manière de maintenir des espaces politiques, appelé là-bas « Centres Sociaux », qui consiste à louer des locaux, organisés de manière assembléaire par différents collectifs et avec un caractère plus stable. Parmi ceux-ci, j’ai été impressionné par ‟Micropolis”, à Thessalonique, un bâtiment géré par le Mouvement Antiautoritaire (Antieksousiastiri Kinisi - AK). Le loyer est payé grâce à un café-bar situé au premier étage et dans les étages supérieurs il y a différents projets coopératifs tels qu’un atelier d’impression, un supermarché de produits locaux issus du commerce équitable, une garderie, une bibliothèque, une infirmerie pour animaux blessés ou malades et d’autres trucs. J’ai été surpris de voir comment cela était bien organisé, mais malheureusement, je n’ai pas pu en savoir beaucoup plus sur l’organisation ou le mouvement qui le gère, au-delà de ce qui semble être une intention organisationnelle formelle dans la sphère libertaire et qui apparemment sont maintenant assez focalisés sur le thème de l’économie sociale et la récupération d’espaces. Les références que j’ai obtenues par d’autres anarchistes étaient que, dans de nombreux cas, cela semble être une organisation quelque peu centralisée, ce qui a provoqué des frictions avec d’autres collectifs, mais malheureusement je n’ai pas beaucoup d’informations sur ce sujet.

Un aspect essentiel à la compréhension du mouvement anarchiste grec, comme je l’ai déjà indiqué plus haut, c’est l’absence de tradition et d’organisations anarchistes plus ou moins classiques. Comme je l’ai déjà dit, cela a un effet positif car cela a permis l’existence d’un mouvement très jeune, ouvert et doté d’une grande force et de dynamisme. Contrairement à l’Espagne, il n’est pas tombé dans le bureaucratisme, la rigidité et les polémiques absurdes qu’a souvent généré l’‟anarchisme classique” et ses organisations, ni, de l’autre côté, dans la frivolité et la superficialité dont, peut-être par réaction, fait preuve l’anarchisme plus autonome. Mais il est également vrai qu’il a ses problèmes. En Grèce, selon ce qu’on m’a rapporté, il y a une identification, qui frôle l’absurde, de l’organisation avec l’autoritarisme et les partis politiques. Cela en arrive à influer sur les processus assembléaires dans leurs aspects les plus élémentaires. Dans de nombreux cas (ici je parle par ouï-dire parce que je ne comprenais rien des réunions auxquelles j’ai assisté) le concept de développer des accords pris par une assemblée à travers des groupes de travail est inconnu, ce qui pose des problèmes même dans la collecte des résolutions et la nomination de responsables de tâches. Il en résulte une difficulté pour la participation des personnes ayant moins de disponibilité en termes de temps que les jeunes et une difficulté pour maintenir des structures organisationnelles complexes.

Il y a aussi quelque chose que la ‟tradition” anarchiste (en grande partie l’anarcho-syndicalisme) nous a laissé dans l’État espagnol et qui manque : la conception de l’anarchisme comme une expression de la classe travailleuse et des personnes pauvres en général. Ce n’est pas qu’ici non plus nous soyons submergés sur ce point récemment, mais il y a plus de tentatives dans ce sens, du moins en comparaison avec un mouvement anarchiste d’une ampleur considérablement plus grande comme l’est le mouvement grec. Il n’y a pas en Grèce autant de mouvements de quartier ou de luttes sociales ayant un caractère antiautoritaire sans être spécifiquement anarchistes, que dans l’État espagnol. Tout semble beaucoup plus politisé, il ne semble pas y avoir le concept des mouvements sociaux tel que nous l’avons ici. Il est intéressant de noter l’évolution différente qu’a connue le mouvement des places qui a commencé à Syntagma, par rapport au 15M espagnol ; le mouvement grec a eu un caractère beaucoup moins de gauche et la plupart des anarchistes n’y ont pas participé. Est-ce un avantage ou un inconvénient ? Compte tenu de la situation politique en Grèce, il est possible qu’à partir de l’anarchisme puisse se créer un mouvement populaire libertaire, sans avoir à participer à des mouvements sociaux avec la gauche étatiste, mais je ne sais pas si le fait d’être directement auto-désigné comme anarchiste peut être une limite pour l’action politique de masse.

D’autre part, certains secteurs des anarchistes grecs (appelés nihilistes, qui pour ce que j’en sais ont une forte ressemblance avec l’insurrectionnalisme qui était en vogue ici il y a quelques années) font étalage d’un maximalisme qui les rend difficiles à se connecter avec la population et tombent dans la même erreur qui est souvent commise ici aussi, celle d’avoir une attitude de rejet des ‟gens normaux”. En faveur de ce secteur de l’anarchisme grec, il faut dire qu’il bouge beaucoup plus qu’ici, avec des actions d’une force que nous connaissons tous. Contre lui, ce caractère maximaliste les conduit souvent à accuser le reste du mouvement acrate de ‟non-anarchistes”, jusqu’à des attaques contre le reste du mouvement anarchiste de Thessalonique qui a conduit à une lamentable lutte de tendances.



Il existe des initiatives intéressantes telles que celle des compagnons de l’ESE, qui essaient de créer une organisation anarcho-syndicaliste dans le complexe système grec (dans lequel il n’y a pas de syndicats proprement dits comme ici, mais une sorte de corporations étatiques aux élections desquelles concourent les groupes syndicaux). Comme je l’ai dit, j’ai été surpris de l’énergie déployée sur les piquets ainsi que les excellentes relations qu’ils entretiennent avec les membres des squats anarchistes (en y participant et étant soutenus par eux). J’ai trouvé un bon point en sa faveur que le fait d’être une organisation petite et relativement nouvelle, elle n’a pas à supporter le poids des structures et souvent le folklore hérité dont nous souffrons dans l’État espagnol. D’autre part, en maintenant l’idée de la nécessité de s’organiser et de lutter dans le milieu du travail, c’est en Grèce une grande contribution à un mouvement qui pendant des années qualifiaient ces luttes comme réformistes et contraires à l’anarchisme.

Une autre initiative intéressante est l’autogestion de l’usine de matériaux de construction Vio.Me. L’employeur veut la fermer, l’abandonner, avec la réponse des travailleurs de relever le défi de poursuivre l’entreprise collectivement, soutenus par l’ESE, le Mouvement Antiautoritaire (AK) et d’autres collectifs libertaires. Actuellement, ils cherchent à relancer la production dans l’usine en réunissant les fonds nécessaires par la vente de produits de nettoyage à travers un réseau de commercialisation coopératif, avec la perspective de participer à un processus de création d’une économie sociale qui permette une alternative aux pratiques capitalistes.

Comme vous le voyez, il y a des problèmes similaires à ceux de l’État espagnol, avec des discussions semblables sur la façon de s’organiser et de se connecter avec le peuple. Malheureusement, en Grèce, en dépit de la puissance du mouvement, je n’ai pas vu une grande relation avec les classes populaires qui subissent les coupes sociales. En parlant de cela avec les compagnons de Thessalonique, nous faisions remarquer que dans le CSOA [Centre social occupé et autogéré] il y avec de très nombreuses activités mais que presque tous les participants étaient jeunes, pour la plupart des étudiants. C’est quelque chose que nous pouvons extrapoler au reste du mouvement anarchiste grec. A ma question sur l’activité de l’Aube Dorée, ils m’ont répondu qu’ils n’apparaissaient pas dans le centre-ville, car cette zone était largement dominée par les anarchistes. En revanche, dans quartiers périphériques et pauvres, ils ne savaient pas avec certitude quelle était la situation, en étant sûr toutefois qu’ils avaient ouvert un local à côté d’un commissariat de police pour ne pas être attaqués, ce qui prouve leur faiblesse dans la rue. Ils soupçonnaient qu’Aube Dorée étaient derrière l’organisation d’assemblées d’habitants pour protester contre la prostitution et l’immigration dans le quartier d’un compagnon, mais les compagnons n’ont pas participé à celles-ci pour contrer cette activité. J’ai trouvé un phénomène semblable lorsque j’ai posé la question à Athènes : là, la présence d’Aube Dorée est plus forte, en particulier dans les quartiers pauvres, tandis que l’anarchisme est présent dans les zones centrales. Cela devrait nous conduire à une importante réflexion. Dans une région où il y a quelques années, la présence de nazis dans la rue et dans la vie politique était impensable, ils ont réussi à se glisser dans les institutions et commencent à avoir leurs propres espaces dans certaines villes. Ils ont su voir et profiter des vides et des ouvertures qui leur ont été laissées, en manœuvrant habilement, en utilisant intelligemment les coups médiatiques, en réussissant à agir dans la rue avec un prétexte assistancialiste, par exemple à travers des distributions de nourriture (ce qui rend impossible une attaque directe de la part de l’antifascisme).
Globalement, l’image de l’Aube Dorée que j’ai rapportée est, d’un côté moins forte que l’alarmisme créé par les médias en Europe, mais de l’autre, elle est celle d’un mouvement beaucoup plus sinistre et dangereux, celle d’un mouvement insaisissable et qui a su se rendre difficile à arrêter. Nous devrions analyser cela maintenant que nous avons encore le temps. En Grèce jusqu’ici, ils ont réussi à faire face à une écrasante majorité de gauche dans la rue, à un mouvement anarchiste beaucoup plus développé et plus fort que le nôtre et à un antifascisme très sérieux, préparé et décidé. Mais les néo-nazis ont profité du manque de syntonie de l’anarchisme et de la gauche avec une grande partie des gens qui souffrent des coupes sociales en Grèce. Beaucoup de ceux qui sont tombés du système clientéliste du PASOK et les petits commerçants ruinés entrent dans le jeu d’Aube dorée. Si les camarades grecs sont incapables de viser juste, ils pourront faire face à un problème très grave dans les années à venir, car il y a un reflux (comme ici) des masses, fatiguées des manifestations et des protestations qui ont échoué à arrêter la paupérisation et la perte des droits dont ils souffrent. Si l’on ne parvient pas à construire une alternative pour les besoins concrets des Grecs appauvris – nourriture, travail, logement et santé – beaucoup d’entre eux vont aussi tomber dans le chantage clientéliste de l’Aube dorée, leur fournissant une force dans la rue avec laquelle ils s’affronteront à la gauche et un appui dans les institutions qui peut renverser la situation politique. Je pense que c’est là la grande question en suspens des anarchistes grecs, car la puissance du mouvement ne sera pas suffisante s’ils ne parviennent pas à articuler cette alternative populaire. Nous ici, dans l’État espagnol, nous devons également prendre note de cela, parce que si dans un pays comme la Grèce, les nazis obtiennent ces choses, ils peuvent le faire ici aussi et peut-être plus facilement.

Mais je pense que les camarades grecs ont un grand potentiel pour sortir gagnant dans cette attaque. Ce sont, comme je l’ai déjà dit, des gens de grande qualité militante, ils sont dans un pays où la gauche a toujours été forte, et surtout dans de nombreux cas ils expriment un grand intérêt pour dépasser le plafond que le mouvement anarchiste en Grèce semble avoir touché malgré toute sa force : le manque d’organisation et de connexion avec les besoins des Grecs paupérisés. Lors de mon séjour, les discussions que nous avons eues après les exposés présentant le mouvement pour le logement décent et l’occupation des terres en Andalousie étaient très intéressants et m’ont permis de voir que les gens réfléchissent beaucoup sur ces questions et sont conscients de ce qui se passe avec la montée du fascisme et les coupes sociales par le gouvernement. Au final, les défis et les débats sont semblables à ceux que nous avons ici, même si nous disposons peut-être de ressources différentes lorsqu’il s’agit de les affronter.
Que pouvons-nous tirer clairement de tout cela ? À mon avis, le fait que pour construire un mouvement libertaire fort et qui soit une véritable expression de la lutte populaire, il est indispensable de comparer les expériences, d’établir des liens, de nous voir, de parler, de nous comprendre, et finalement de combattre ensemble, ici, en Grèce et dans le reste du monde. Nous devons procéder calmement, écrire posément et clairement, mais nous ne pouvons pas nous endormir. Tout le temps que nous perdons et les occasions gaspillées sont mis à profit par le système, tant dans son versant ‟démocratique” lorsqu’il nous fait reculer dans la perte de droits qu’il nous coûtera cher de récupérer, que dans son versant fasciste qui se prépare comme alternative pour le cas où l’instabilité générée par la crise le rende utile pour les capitalistes.

Le 20 juin 2013

Original : http://www.alasbarricadas.org/noticias/node/25224

[ Traduction : OCLibertaire ]
http://oclibertaire.free.fr/spip.php?article1382
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Re: Mouvement anarchiste Grec

Messagede bipbip » 10 Juil 2013, 23:58

Mobilisation pour Kostas Sakkas, anar en prison et en grève de la faim
La grève de la faim d’un anarchiste grec arrêté pour terrorisme, détenu depuis deux ans et sept mois sans procès, a donné lieu à un élan de solidarité en Grèce. Sur Twitter, le « hashtag » (mot-clé) « #free_sakkas » tourne à un message par minute.

Kostas Sakkas, 29 ans, a cessé de s’alimenter le 4 juin pour réclamer sa libération ou un procès. Le 5 juillet, une manifestation à moto s’est rendue jusque devant l’hôpital où il a été transféré, à Nikaia, en banlieue d’Athènes.

... http://www.rue89.com/2013/07/09/grece-m ... aim-244091
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Re: Mouvement anarchiste Grec

Messagede bipbip » 12 Juil 2013, 10:48

Athènes, Grèce : Libération sous caution du compagnon Kostas Sakkas

Le jeudi 11 Juillet, 2013, un conseil de juges d’appel a décidé d’accorder la libération à l’anarchiste Kostas Sakkas. Le compagnon a terminé ses 38 jours de grève de la faim, et est toujours à l’hôpital Nikaia.

Les conditions restrictives imposées sont les suivantes :
- une caution de 30.000 euros (il doit payer cette somme afin de sortir de prison),
- une interdiction de quitter le pays,
- une interdiction de quitter la région de l’Attique,
- l’obligation de se présenter chaque lundi au poste de police le plus proche,
- l’obligation de résider seulement dans la maison qu’il a déclaré comme résidence permanente,
- l’interdiction de communiquer ou de rencontrer avec un de ses co-accusés dans l’affaire de Conspiration des Cellules de Feu (cet ordre a été imposé malgré le fait que le compagnon se trouve actuellement dans deux procès pour la même affaire).

Ce soir, à 19h00, il y a encore une autre assemblée en solidarité avec Kostas Sakkas à l’École Polytechnique d’Athènes (entrée par la rue de Stournari) afin d’organiser cette grande collecte de fonds, parce que le compagnon doit payer la caution pour sortir de prison.
http://fr.contrainfo.espiv.net/2013/07/ ... as-sakkas/
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Re: Mouvement anarchiste Grec

Messagede Pïérô » 18 Juin 2014, 05:58

Crise, totalitarisme, luttes sociales et de classe en Grèce

En février 2013, le collectif anarchiste grec Cercle du feu répondait à un certain nombre de questions sur la situation locale, un retour sur la crise, l’intensification des luttes sociales, et sur leurs pratiques en tant que collectif.

... http://paris-luttes.info/crise-totalitarisme-luttes
Image------------ Demain Le Grand Soir --------- --------- C’est dans la rue qu'çà s'passe --------
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Re: Mouvement anarchiste Grec

Messagede bipbip » 10 Avr 2016, 12:14

Grèce, la communication internationale de l'organisation politique Anarchiste - Fédération des Collectifs / APO

Chers camarades, Nous vous écrivons cet e-mail pour vous informons que l ' «Organisation politique Anarchiste - Fédération des Collectifs » (APO) a été fondée en Grèce après la conférence tenue à Athènes en Novembre à 2015. Le processus du dialogue menant à la conférence a duré 2,5 ans et a été achevé en Septembre 2015, lorsque le projet de statut d'APO et l'appel à la conférence ont été publiés. ---- En tant qu'anarchistes, nous défendons le caractère internationaliste et la nature mondiale de la lutte révolutionnaire. En luttant pour un monde sans états et patrons, sans prisons et frontières, sans exploitation et oppression, on considère que la communication entre les luttes du monde entier est nécessaire ; pour être en mesure d'écouter les révoltes et les petits ou grands moments de résistance contre l'autorité, pour en apprendre davantage sur les idées déclenchant ces luttes ou créées en leur sein, de partager des actions, des plans et des analyses. Nous savons que notre résistance ici n'est rien qu’un petit morceau dans la mosaïque globale des luttes, qui cherche un monde de liberté, d'égalité et de la solidarité dans les ruines de l'existant. Et cette utopie ne peut pas être maintenue dans les frontières nationales. Ce sera soit mondial ou rien.

Nous essaierons de vous envoyer des nouvelles sur la situation en Grèce (les posters, les initiatives) et les textes écrits par APO, aussi bien que les contenus du communiqué que nous publions (le Terrain et la Liberté), bien que la traduction du grec ne soit pas toujours facile.

Il serait très important pour nous si vous pourriez nous envoyer des nouvelles et textes vous-mêmes. Nous essaierons de les traduire pas seulement pour nos propres informations, mais aussi pour le Terrain et la Liberté ou pour notre site. En ce moment nous pouvons traduire de l'anglais, le français, l'allemand, l'espagnol et l'italien.

En solidarité,

Organisation politique anarchiste – Fédération des collectifs

Équipe de Communication internationale et de traduction

http://apo.squathost.com

anpolorg@gmail.com

http://www.ainfos.ca/fr/ainfos13552.html
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Re: Mouvement anarchiste Grec

Messagede bipbip » 17 Avr 2016, 16:37

Grèce : les anarchistes en guerre contre les mafias

Le 5 mars dans le quartier athénien d’Exarchia, on a pu voir des libertaires dotés d’armes à feu défiler contre les trafiquants. Une démonstration radicale dans la suite d’une bataille sur plusieurs années contre la stratégie de l’État grec de manipuler le réseau du deal pour combattre les forces révolutionnaires implantées dans ce bastion anarchiste.

Le matin du 27 février, trois militants anarchistes du quartier d’Exarchia à Athènes, membres du centre occupé Social Vox, sont assis dans une rue lorsqu’ils entendent trois autres individus lancer des insultes sexistes à l’égard d’une passante. Rapidement, les camarades prennent à partie le groupe et le ton monte. Les individus sortent des couteaux. Deux militants reçoivent de sévères coups à la tête. L’un victime d’une lésion cérébrale, l’autre hospitalisé avec un grave traumatisme crânien. Seule l’arrivée rapide des autres occupants du centre et la fuite des agresseurs leur évitent la mort.

L’un de ces derniers, justement bien connu dans le quartier, est un dealer portant le pseudo d’Habibi, ayant déjà poignardé une vingtaine de personnes dans la zone dont une jeune militante pour avoir dénoncé son réseau sur Indymedia Athens. Les deux autres sont ses associés.

Dès le soir de l’agression, un rassemblement de solidarité d’un millier de personnes se met en place devant l’Université Polytechnique. Le lendemain des raids sont organisés par 200 volontaires pour virer l’ensemble des dealers et des acheteurs du quartier. Le 5 mars, 5 000 libertaires défilent contre les mafias, certains groupes exhibent alors des armes à feu en signe de menace directe et pour protéger le cortège. Une situation explosive mais qui ne date pas d’aujourd’hui.

... http://www.alternativelibertaire.org/?G ... -en-guerre
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Mouvement anarchiste Grec

Messagede bipbip » 13 Mai 2018, 15:50

Festival libertaire de solidarité internationaliste/sociale/de classe Athènes | 5,6,7 et 8 juillet 2018

Contre la perspective sombre de l'installation du totalitarisme moderne. ---- Dans un niveau global, la machine capitaliste exacerbe les inégalités sociales, la répression et l'exploitation. Ayant comme objectif la croissance de la puissance et du contrôle, le totalitarisme moderne n'hésite pas à créer des situations de guerre dans sa périphérie, lorsque il intensifie les mesures d'austérité contre les classes populaires de l'occident. ---- ?'ayant plus rien à promettre que des guerres, des exclusions et de la misère, le système en faillite économique et politique, se protège face à la perspective de l'expression dynamique du mécontentement social dans un niveau local et global. La crise généralisée de l'état et du patronat produit des sociétés belligérantes, la généralisation et l'aggravation des concurrences géopolitiques, aux limites d'une guerre mondiale et l'installation permanente d'un état d'urgence qui a comme objectif le contrôle et la répression de toute sorte d'activité sociale.

Dans ce contexte, les discours fascistes et racistes trouvent l'espace vital pour se développer à travers lesquels se forment les différents aspects fascistes contre-révolutionnaires du totalitarisme moderne, afin de bloquer l'évolution de l'histoire sociale, qui marche à travers la lutte continue pour la liberté et l'égalité. Le fascisme et la guerre sont la seule ''réponse'' du système dans sa crise profonde, dans toutes ses contradictions, provoquées par son principe: l'exploitation de l'être humain par l' être humain.

La restructuration capitaliste et étatique en Grèce ces dernières années, a le caractère d'une attaque violente contre la société et ses résistances. L'aggravation de la pauvreté et de la misère, le pillage et la destruction de la nature, l'incarcération des réfugié(e)s et des immigré(e)s dans des centres de détention, la répression d'état, la promotion des groupes fascistes et l'industrie de la persécution contre ceux et celles qui luttent, constituent des points de l'attaque totale de l'état et du patronat. Le gouvernement ''gauchiste'' d'aujourd'hui se révèle comme le gestionnaire le plus fiable de la classe dirigeante, comme il continue à servir aux causes de la restructuration capitaliste.

Les derniers mois, le gouvernement de SYRIZA sous la direction de l'OTAN se révèle le gestionnaire le plus efficace de la classe bourgeoise et ses intérêts, avec le retour de ''l'affaire Macédoine''[1]. En même temps, une partie de population se concentre autour de groupes nationalistes para-étatiques, formant l'arrière-garde du système pour affronter la perspective d'effondrement de la paix sociale et les concurrences géopolitiques à la péninsule balkanique et la mer méditerranéenne. L'ensemble du système politique dirigeant fournit le profil convenable à ce nationalisme émergent, afin de jouer son rôle prochainement.

Les luttes sociales des opprimé(e)s du monde entier, ouvrent le chemin pour l'émancipation sociale et inspirent la lutte continue pour la révolution sociale.

A travers la présence et l'action politique organisée dans les fronts de lutte, on se bat pour construire des ponts entre les vrais besoins sociaux et la théorie et la pratique anarchiste, afin que les résistances soient l'étincelle de l'émancipation de classe et l'émancipation sociale.

La sombre perspective de l'installation du totalitarisme moderne, ne peut s'arrêter que par la flamme des luttes des classes et des luttes sociales des plébéiens et des opprimé(e)s de tout le monde. Ces luttes doivent se renforcer par l'interconnexion et le développement des liens de solidarité forts et leur diffusion dans la perspective du renversement de l'état et du capitalisme, ayant comme vision un nouveau monde d'Égalité, Justice et Liberté. Ces sont ces luttes d'aujourd'hui qui nous encouragent de continuer.

· Les mobilisations de solidarité avec les réfugié(e)s et les immigré(e)s, contre les centres de détention et les politiques racistes et meurtrières d'une Europe-forteresse et contre les frontières et les guerres.

· Les luttes de solidarité internationalistes contre l'état, le nationalisme, la guerre et le fascisme et la construction des barricades antifascistes contre les rassemblements nationalistes.

· Les mobilisations et des actions antifascistes au niveau des quartiers contre les groupuscules fascistes para-étatiques.

· Les luttes pour la protection de l'environnement et la défense des communautés locales (comme à Skouries[2]et à Achéloos[3]) contre les plans de l'état et du patronat au nom du ''Développement Durable''.

· Les grèves générales et les mobilisations contre le pillage continu de la société et pour la défense des acquis sociaux comme celui du repos dominical, contre les conditions de terreur patronale et pour la construction d'un mouvement syndicaliste de classe et partant de la base.

· Les luttes contre les exclusions sociales, la commercialisation et le contrôle du transport publique et les blocages des ventes des maisons des classes populaires aux enchères.

· Les mobilisations contre les mafia et les dealers de drogue et le cannibalisme sociale dans le quartier d'Exarcheia[4], le-reconnaissant comme un lieu de culture avec une importance historique et symbolique pour le mouvement sociale.

· Les luttes pour la défense de nos squats et des espaces libres et autogérés par les attaques étatiques et para-étatiques. Lieux qui constituent un repère pour le mouvement anarchiste et anti-authoritaire, pour sa lutte pour la révolution sociale.

· Les luttes contre le patriarcat qui constitue un des fondements du système capitaliste et un point essentiel pour sa reproduction sociale et contre son expression moderne comme les violences sexistes, l'exploitation au lieu de travail, le trafficking et les conditions de voyage et de rétention des réfugiées.

· Les manifestations contre les dominants locaux et globaux, les mobilisations pour le 1er Mai, la révolte du décembre[5]et de l'école polytechnique[6]et les mobilisations de solidarité internationaliste avec tous et toutes qui résistent à la barbarie capitaliste au Mexique, au Chili, en Argentine, en France, aux États-Unis, en Palestine, en Turquie, en Syrie, au Kurdistan et partout dans le monde.

· Les luttes dans chaque coin du monde nous indiquent que la seule réponse face à l'attaque mondiale de l'état et du capital, est une nouvelle Internationale, l'Internationale anarchiste.

Festival libertaire de solidarité de classe, internationaliste et sociale, Athènes, 5/6/7 Juillet 2018

L'organisation d'un festival libertaire de l'O.P.A-F.C. a pour objectif la création d'un espace de rencontres politique et culturel ouvert à toutes et à tous. Un espace de communication et d'échange d'expériences de luttes de classes qui se développent par ceux et celles du bas et les interventions anarchistes et leurs idées libertaires.

Les sujets du festival recouvrent une large gamme de luttes sociales: les luttes ouvrières et les grèves générales, les luttes de solidarité internationaliste, les luttes antifascistes et la solidarité aux immigré(e)s et aux réfugié(e)s, les résistances contre la répression d'état et l'état d'urgence, la lutte contre le patriarcat et les violences sexistes et les luttes contre le pillage de la nature. En même temps on veut créer un espace où les gens peuvent s'informer sur la lutte anarchiste pour une société d'égalité et de liberté, à travers des discussions, des communiqués, des présentations de livres, des expositions de photographie, des pièces théâtrales et des concerts de musique.

Ainsi, nous aurons l'occasion de créer encore un lieu commun où les idées et les pratiques anarchistes, sur une série de sujets concernant la vie politique et sociale actuelle, se mettront en lumière. Un espace de dialogue, où nous aurons l'occasion de présenter les expériences de luttes et les bilans politiques des résistances en Grèce et ailleurs dans le monde, qui constituent des fronts de luttes communs contre les mêmes ennemis et qui partagent la même perspective, la libération sociale.

Contre la barbarie de la guerre et du totalitarisme moderne qui s'exprime dans un niveau global (restructurations, état d'urgence, pillage de la nature, opérations guerrières), en tant qu'anarchistes, nous promouvons la solidarité internationaliste de classe, reconnaissant que la connexion entre ceux et celles qui luttent s'impose aujourd'hui plus que jamais. Dans chaque front de lutte de classe et sociale ouvert, nous en appelons à la radicalisation des luttes à travers leur interconnexion, ayant pour objectif globale l'émancipation de classe et l'émancipation sociale. Nous promouvons la seule issue réaliste que les opprimé(e)s ont, l'organisation de lutte pour la révolution sociale, l'Anarchie et le Communisme libertaire.

La lutte pour la révolution sociale mondiale triomphera!

* contact: anpolorg@gmail.com

http://apo.squathost.com/categoryinternational/

Organisation Politique Anarchiste - Fédération des collectifs

[1] Conflit de longue date qui oppose l'État Grec et l'État Macédonien quant au nom officiel de ce dernier.

[2] Lutte contre la construction/fonctionnement d'une mine d'or à Chalcidique au nord de la Grèce.

[3] Lutte contre le barrage du fleuve Achéloos pour la construction d'un centre hydroélectrique.

[4] Quartier populaire dans le centre d'Athènes.

[5] Révolte suite l'assassinat de l'adolescent Alexis Grigoropoulos par un flic en décembre 2008.

[6] Révolte à l'école polytechnique d'Athènes en 1973, qui a entraîné la chute de la dictature de la période 1967-1974 en Grèce.


http://ainfos.ca/fr/ainfos16784.html
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Re: Mouvement anarchiste Grec

Messagede bipbip » 18 Aoû 2018, 16:38

Les anarchistes de Rouvikonas

En Grèce, l’austérité prolongée a donné naissance à un mouvement anarchiste d'un genre nouveau.

Nous sommes un mercredi, fin septembre 2017. Le notaire athénien Nikos Papatheou est en train de terminer la paperasse du matin. Les douze coups de midi sonnent; soudain, on enfonce la porte de son étude. Papatheou venait de rentrer de la Cour de cassation, située à quelques pâtés de maison; il s’y rend chaque semaine pour superviser les saisies d’appartements appartenant à des Grecs qui ne sont plus en mesure de payer leurs taxes d’habitation.

«On m’a suivi, c’est certain», affirmera-t-il plus tard.

Six hommes vêtus de simples cagoules noires se ruent dans l’étude. Ils portent des gants blancs chirurgicaux. Certains d’entre eux ont aussi une casquette sur la tête. Ils poussent des cris: «Eh! Eh! Eh!». Deux des intrus se mettent à quatre pattes et commencent à débrancher les ordinateurs. Un autre attrape une pile de classeurs et les lance un à un comme des frisbees à travers la pièce. Un quatrième tire les chaises de sous une table et attrape un verre d’eau, qu’il renverse sur des piles éparses de contrats de saisies immobilières. Evgenia, l’assistante du notaire, se met à pousser des cris indignés; un cinquième homme filme le chaos ambiant à l’aide d’une caméra. Le dernier intrus passe son poing à travers la table en verre –«allez, on se barre!»– et entraîne les cinq autres dans le hall. L’action aura duré moins d’une minute.
La montée en puissance de Rouvikonas

Depuis les débuts de l’austérité, en 2010, Athènes est devenue une ville plus dangereuse qu’elle ne l’était précédemment. Cette violence prend plusieurs formes –depuis les exactions des escadrons armés d’Aube dorée, qui chassent violement les immigrés des quartiers de classe moyenne, jusqu’à la missive apparemment anodine qui, en mai dernier, a explosé dans la voiture de l’ex-Premier ministre Lucas Papademos, le blessant à l’abdomen.

Mais l’essor du groupe anarchiste Rouvikonas («Rubicon», en grec) n’est pas de la même trempe; il fait en quelque sorte office d’interlude comique niché au cœur du psychodrame étouffant qu’est la vie politique et économique de la Grèce d’aujourd’hui. Voilà quatre ans que Rouvikonas s’invite dans les gros titres des quotidiens grecs et dans les débats télévisés –et le groupe a redoublé de virulence ces six derniers mois. Ses actions d’éclat sont souvent filmées et montées sur fond de «My Favorite Mutiny» (du groupe The Coup), mis en ligne moins d’une heure après les faits, et rapidement retirées du Web avant que la police n’ait la moindre chance d’identifier les coupables.

L'étrange phénomène Rouvikonas est moins le reflet du désespoir d’une société grecque marquée par la récession et l’austérité (désespoir visible depuis près de dix ans) qu’une mise en lumière de l’incapacité des acteurs de la politique traditionnelle à résoudre les graves problèmes de ce pays.
Actions coup de poing

Le groupe a été créé à la fin 2013 par six membres fondateurs. «Au départ, nous étions un collectif de soutien aux prisonniers politiques, on se concentrait avant tout sur les émeutes», raconte l’un des fondateurs, Thanasis. Il est barman au Vox, un bar situé dans le quartier athénien d’Exarcheia; le groupe s’y réunit toutes les semaines pour coordonner ses prochains coups d’éclat. «Mais on a vite pris conscience des limites de cette forme de manifs de masse. On s’est dit qu’il fallait attaquer l’État différemment, avec des frappes plus chirurgicales.»

Rouvikonas est animé par une conviction centrale: la Grèce a franchi son «Rubicon» en mars 2012, lorsqu’elle a signé le second plan d’aide de l’Union européenne et du Fond monétaire international. Un plan renforçant le programme d’austérité économique qui ravage la société grecque sans relâche depuis lors. Rouvikonas ne dit pas que la système politique grec dysfonctionne: selon eux, il a toujours été une vaste imposture. Les élections? Elles servent uniquement à mettre au pouvoir un ensemble d’élites hypocrites après l’autre. Les manifs? Elles ne durent que le temps d’être récupérées par ces mêmes élites. Rouvikonas rassemble aujourd’hui soixante personnes. Les actions coup de poing, qui étaient naguère organisées une fois par mois, sont désormais presque hebdomadaires –régularité en grande partie due au fait que l’État qu’ils veulent provoquer ne fait presque rien pour les arrêter.

... http://www.slate.fr/story/157036/rouvik ... -austerite
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Re: Mouvement anarchiste Grec

Messagede bipbip » 18 Aoû 2018, 16:44

Incursion d'anarchistes grecs dans l'ambassade d'Autriche à Athènes

Une dizaine de membres du groupe anarchiste grec Rubicon ont fait irruption dans le hall de l'ambassade d'Autriche à Athènes pour protester contre une loi controversée autrichienne, qui étend à 12 heures par jour la durée maximale du travail. «Une dizaine de personnes sont entrées dans le hall du bâtiment et ont jeté des tracts protestant contre cette loi», a indiqué un responsable de la police à l'AFP. Ils sont partis «très vite» - comme font souvent les membres de ce groupe lors de protestations de ce genre - sans provoquer de dégâts, selon les premières informations de la police.

Selon un texte du groupe publié sur internet, Rubicon («Rouvikonas» en grec) dénonce «le néolibéralisme» qui a entraîné, selon lui, l'adoption début juillet par le Parlement autrichien d'une durée maximum du travail de 12 heures par jour et de 60 heures par semaine.

... http://www.liberation.fr/direct/element ... nes_86163/
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