Maroc

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Messagede bipbip » 30 Nov 2017, 16:26

Hirak : un an de luttes !

Depuis plus d’un an maintenant, le Maroc connaît un mouvement de luttes politiques et sociales, notamment dans la région du Rif. Ceci s’inscrit dans le contexte de l’après-2011 et des « printemps arabes », mais aussi dans le contexte historique spécifique de la zone rifaine. L’Union Pour le Communisme vous propose un rappel et une brève analyse de ces luttes, et leur lien avec l’impérialisme français.

« Le dimanche 19 novembre 2017, un événement tragique a encore secoué le Maroc : 15 femmes sont mortes piétinées dans un mouvement de foule lors d’une distribution d’aide humanitaire après une bousculade meurtrière à Sidi Boulaalam, à 60 km d’Essaouira, soulignant ainsi l’état d’extrême pauvreté dans lequel certaines régions du Maroc sont plongées depuis des décennies.
Ainsi au Rif, dans une autre de ces régions, une année vient de s’écouler après le déclenchement du plus grand mouvement de contestation que le pays ait connu depuis l’arrivée au pouvoir en 1999 du roi Mohammed VI.
Le 28 octobre 2016 dans la ville d’Al Hoceïma, Mouhcine Fikri, vendeur de poisson, était broyé dans un camion poubelle en essayant de récupérer sa marchandise, le tout sur ordre de la police. Depuis, un vaste mouvement de contestation agite le Rif, une région traditionnellement rebelle à l’autorité du Makhzen (le Makhzen désigne un système de népotisme, d’enrichissement et de privilège reposant sur la proximité avec le pouvoir monarchique).

... https://paris-luttes.info/hirak-un-an-de-luttes-9153
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Messagede bipbip » 10 Déc 2017, 18:07

Maroc : Prison ferme pour les manifestants de la soif

Située aux portes du désert, Zagora, localité de plus de 30.000 habitants, se trouve à près de 700 km de Rabat, par-delà les massifs de l’Atlas. Dès le début de l’été, des familles restent plusieurs jours sans eau du robinet, d’autres n’y ont droit que quelques heures par jour. Cette eau est en plus imbuvable, alors les gens achètent de l’eau potable vendue dans des bidons. Les habitants de Zagora ont organisé ces derniers mois plusieurs manifestations pacifiques, d’abord tolérées par les autorités. Mais, le 24 septembre, les forces de l’ordre sont intervenues pour disperser une marche et ont interpellé sept personnes, poursuivies pour "participation à une manifestation non autorisée". Le 8 octobre, lors d’une nouvelle marche, la police a quadrillé la ville et utilisé la force, interpellant 21 personnes, poursuivies pour les mêmes chefs d’accusation, alors que des heurts ont opposé des jeunes manifestants aux policiers.

Le verdict est tombé cette semaine à propos des poursuites lancées à l’encontre de 7 manifestants du ’Hirak de la soif’ à Zagora. La Chambre criminelle de la Cour d’appel de Ouarzazate a condamné à un an de prison, dont 3 mois sans sursis, un manifestant pour participation à une manifestation non autorisée et jets de pierre sur les forces de l’ordre. Le juge de la Cour d’appel a également condamné quatre autres manifestants à deux mois de prison fermes chacun, et une amende de 500 dirhams. Le tribunal a par ailleurs innocenté deux mineurs des accusations formulées auparavant par le parquet général.

https://secoursrouge.org/Maroc-Prison-f ... de-la-soif
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Messagede bipbip » 22 Déc 2017, 21:19

Maroc : des ouvrières agricoles s’organisent contre l’esclavage

Derrière les vitrines des exportations marocaines de produits alimentaires et cosmétiques se cache la misère d’un million d’ouvrières et ouvriers agricoles. Des femmes et des hommes réduits à l’esclavage moderne et qui s’organisent et combattent quotidiennement pour arracher leurs droits et sauvegarder leur dignité.

... https://viacampesina.org/fr/maroc-ouvri ... esclavage/
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Re: Maroc

Messagede bipbip » 28 Déc 2017, 16:57

Maroc. Au bord des puits de charbon de Jerada, le deuil et la colère
La mort de deux jeunes gens pris au piège dans une mine d’anthracite clandestine a provoqué la colère et l’émoi à Jerada, dans la région de l’Oriental. L’ancienne cité minière est devenue l’une des villes les plus pauvres du pays.
Des vies fauchées au petit matin, dans l’obscurité d’une mine clandestine. Vendredi, deux frères de 20 et 30 ans ont trouvé la mort dans un puits clandestin d’extraction de charbon à Jerada, dans le nord-est du Maroc. « Ils tentaient d’aérer leur puits en creusant une allée vers un puits voisin, ils ont été surpris par un torrent d’eau assez puissant », se désole Said Zaroual, militant de la section locale de l’Association marocaine des droits humains (AMDH) dans les colonnes du magazine Tel Quel. Un troisième homme a eu la vie sauve en s’accrochant au treuil permettant de remonter le charbon, avant d’être secouru par des mineurs restés en surface.
« Nous vivons dans une région sinistrée »
La fin tragique de ces mineurs clandestins a provoqué, au Maroc, une nouvelle explosion de colère et d’émotion. Comme celle qui avait succédé à la mort de Mouhcine Fikri, le jeune poissonnier d’Al Hoceïma broyé dans une benne à ordures, le 28 octobre 2016. Comme celle provoquée par la mort de quinze femmes piétinées lors d’une distribution d’aide alimentaire à Sidi Boulaalam, près d’Essaouira, le 19 novembre dernier. Lundi, pour la troisième journée consécutive, des milliers de personnes se sont rassemblées, à Jerada, pour dénoncer « l’injustice », la « marginalisation » et « l’abandon » de l’ancienne cité minière et « les conditions de vie difficiles » de ses habitants. Lundi, une grève générale était observée, tandis que les manifestants reprenaient les slogans du Hirak, le mouvement citoyen qui secoue la région voisine du Rif depuis la mort de Mouhcine Fikri
... https://humanite.fr/maroc-au-bord-des-p ... ere-647883

Maroc. «Le hirak» du charbon ?
Lundi 25 décembre 2017, pour la deuxième journée d’affilée, plusieurs milliers de personnes étaient rassemblées pour dénoncer «l’abandon» de la ville et «les conditions de vie difficiles» de ses habitants, a indiqué à l’AFP Said Zeroual, un responsable local de l’Association marocaine des droits de l’homme (AMDH). Les manifestants ont notamment dénoncé «l’injustice» et la «marginalisation» de cette localité située à une soixantaine de kilomètres d’Oujda (nord-est du Maroc, à proximité de la frontière algérienne).
Agés de 23 et 30 ans, deux frères sont morts vendredi 22 décembre en effectuant des prélèvements dans les galeries clandestines d’une mine de charbon désaffectée. Leurs corps ont été extraits samedi. Ces décès ont suscité colère et émoi au sein de la population locale et cette ville de quelques dizaines de milliers d’habitants est depuis en «effervescence».
Les deux mineurs ont été enterrés en début d’après-midi, en présence de plusieurs centaines d’habitants, tandis qu’un important dispositif sécuritaire était déployé devant le cimetière Achouhada.
... http://alencontre.org/afrique/maroc/mar ... arbon.html

Maroc. Enfants et adolescents du Rif réprimés
Accusés de «troubles à l’ordre public» et «participation à une manifestation non autorisée», de nombreux enfants et adolescents (le dernier en date ayant à peine 10 ans), qui participent régulièrement à la contestation sociale en défense des prisonniers du Hirak rifain, sont arrêtés un à un dans des conditions qui soulèvent l’indignation sur les réseaux sociaux
Si depuis l’été, une soixantaine de jeunes détenus ont bien été libérés, différentes sources attestent que des arrestations de mineurs, accusés d’avoir participé à diverses manifestations du Hirak rifain en soutien aux prisonniers, se multiplient dans des conditions intolérables. Selon Amnesty International, plusieurs dizaines de cas sont à dénombrer. Leurs photographies sont publiées et largement relayées sur les réseaux sociaux, provoquant l’émoi des internautes.
Youssef C., 10 ans, cousin de Nasser Zafzafi, est poursuivi en état d’arrestation pour «rassemblement non autorisé ». Plusieurs autres enfants, de moins de 14 ans sont actuellement incarcérés dans l’aile pour mineurs à la prison de Nador, rapporte le journaliste Omar Radi sur son compte twitter.
... http://alencontre.org/afrique/maroc/mar ... rimes.html
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Messagede bipbip » 03 Fév 2018, 22:57

Jerada: «Les habitants expriment leur envie de vivre avec dignité et justice»

Ils sont là presque chaque jour depuis un mois. Des femmes, des enfants, des jeunes et des pères de famille. Organisés par quartier, ils brandissent en tête de cortège le portrait du roi Mohammed VI, puis très vite, les pancartes de leurs revendications: du pain, du travail, de l’eau et de l’électricité.

«Je participe chaque fois que je peux, les gens souffrent ici», explique une jeune femme, voile noir et yeux rehaussés de khôl, tandis que les slogans retentissent devant les portes de la municipalité. Houcine et Yahyia, deux quadragénaires, en jean et baskets, sont aussi venus: «Les habitants n’ont plus confiance, ils ne s’arrêteront pas tant qu’ils n’auront pas vu de solutions concrètes.»

Jerada, localité de 43’000 habitants située dans l’est du Maroc, est en ébullition. Le 21 décembre 2017, des manifestations contre la cherté des factures d’eau et d’électricité y avaient éclaté avant d’être rattrapées par un drame: deux frères, âgés de 23 et 30 ans, sont morts noyés dans une mine clandestine de charbon. [Voir les articles publiés sur ce site en date du 21 novembre et du 26 décembre 2017.]

Dans cette région de «gueules noires», frontalière de l’Algérie, ce n’est pas la première fois qu’une telle tragédie se produit mais elle a été celle de trop. «Vingt ans de souffrance, de chômage et de promesses non tenues», résume un syndicaliste de la ville. Un nouvel accident a eu lieu, jeudi 1er février, faisant un mort et un blessé.

... http://alencontre.org/afrique/maroc/mar ... stice.html
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Re: Maroc

Messagede bipbip » 10 Fév 2018, 17:37

Reprise du procès des manifestants du Rif

Il y a un an débutait à Al-Hoceima, ville côtière du nord du Maroc, une vague de répression contre un mouvement de contestation sociale surnommé le Hirak (« la mouvance »), déclenchés en octobre 2016 par le décès d’un jeune vendeur de poissons d’Al-Hoceima. Mouhcine Fikri, 31 ans, broyé dans une benne à ordures alors qu’il tentait d’empêcher la destruction de sa cargaison saisie par la police. Des centaines de personnes, principalement des jeunes, ont été arrêtées. Plusieurs ont été condamnés par les tribunaux d’Al-Hoceima. 54 ont été emmenés à Casablanca, à 550 km de distance, où ils sont détenus dans la prison d’Oukacha.

Leur procès, amorcé en octobre, vient seulement de réellement commencer. Dans le box des accusés figure Nasser Zefzafi, 39 ans, devenu au fil des mois le visage du Hirak. Les mis en cause sont poursuivis notamment pour, « atteinte à la sécurité intérieure de l’État », « tentatives de sabotage, de meurtre et de pillage », « réception de fonds, de donations et d’autres moyens matériels destinés à mener et à financer une activité de propagande à même d’attenter à l’unité et la souveraineté du Royaume », « ébranler la loyauté des citoyens envers l’État marocain et les institutions nationales », « participation à l’organisation d’une manifestation non autorisée » et « tenue de rassemblements publics sans autorisation ».

https://secoursrouge.org/Maroc-Reprise- ... nts-du-Rif
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Re: Maroc

Messagede bipbip » 11 Fév 2018, 14:11

Au Maroc, l’interminable procès de la révolte du Rif

En octobre 2016 éclatait un vaste mouvement de contestation sociale, surnommé le Hirak, dans cette région du Maroc. Une cinquantaine de ses membres sont jugés à Casablanca.

... http://www.lemonde.fr/afrique/article/2 ... _3212.html
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Re: Maroc

Messagede bipbip » 17 Mar 2018, 16:20

Déclaration des Femmes de la FNSA à l’occasion du 8 mars

L’Organisation des Femmes du Secteur Agricole et Forestier, affiliée à la Fédération Nationale du Secteur Agricole (FNSA), commémore la glorieuse journée du 8 mars en invoquant ses dimensions militantes et symboliques et rappelle les plus importantes et urgentes revendications des femmes du secteur agricole.

L’Organisation des Femmes du Secteur Agricole et Forestier, commémore la journée du 8 mars sous le mot d’ordre : « NON à la violence, à la discrimination et à l’oppression, OUI pour la dignité, l’égalité et la justice sociale ». Comme chaque année, notre organisation vise à travers la commémoration de cette journée à invoquer ses dimensions militantes et symboliques d’une part, et d’autre part à s’arrêter sur les situations des femmes marocaines en général et des femmes du secteur agricole et forestier, qu’elles soient fonctionnaires, employées, ouvrières agricoles, paysannes ou laborieuses.

Cette journée du 8 mars 2018 vient dans un contexte national marqué par la consécration de la vulnérabilité et des régressions aux niveaux économique, social et professionnel (retraite et travail contractuel et autres) et dont les femmes sont les principales victimes ; en même temps que la continuité des tentatives de maquillage hypocrite et démagogue (la nouvelle loi pour la lutte contre les violences faites aux femmes) qui contournent la plupart des revendications importantes et urgentes soulevées par le mouvement féministe progressiste marocain.

Nous commémorons cette journée internationale alors que la pauvreté au milieu des femmes ne cesse de croître, comme le prouvent les tragédies d’Essaouira et de Sebta, et alors qu’en réalité, l’exploitation intensive et les conditions de travail inhumaines sont répandues dans la plupart des entreprises agricoles sans respect du code du travail – avec tous ses défauts – en plus de la politique d’impunité dont bénéficie le patronat agricole et les privilèges infinis qu’on lui offre.

Nous, à l’Organisation des Femmes du Secteur Agricole et Forestier, en soulevant avec clarté cette réalité, avec tous ses inconvénients et ses manifestations brutales, appelons tou.tes les acteurs.trices, chacun.e de sa position, à assumer leurs responsabilités historiques pour franchir les origines de cette situation, dans l’horizon de la correction réelle et espérée des situations des femmes dans notre pays, et de la réalisation de l’égalité effective entre elles et les hommes. C’est une revendication et une ambition totalement légitime et une condition essentielle à la noblesse des relations humaines au sein de la société.

A l’occasion de la Journée Internationale de Lutte pour les Droits des Femmes, et à la lumière de ce qui précède, les Femmes de la FNSA revendiquent :

◾L’abrogation de toutes les lois et les dispositions qui consacrent la vulnérabilité, surtout au milieu des femmes dans les secteurs public et privé

◾L’amendement de la nouvelle loi de lutte contre les violences faites aux femmes en abrogeant les articles qui sont à l’encontre de l’égalité, et en la remplaçant par une loi qui criminalise toutes les violences faites aux femmes en harmonie avec les conventions internationales des droits humains.

◾La protection de toutes les femmes de la violence économique et l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail surtout dans l’espace rural.

◾Le changement de l’image des femmes véhiculée par les programmes éducatifs et les médias, et la promotion des principes et valeurs de l’égalité et de la non discrimination basée sur le genre.

◾L’instauration de mécanismes garantissant l’égalité des chances dans le développement de carrière, la formation continue et l’accès aux centres de décision.

◾L’adéquation des horaires de travail continu aux horaires de scolarité pour les femmes travaillant dans les administrations publiques.

◾Le respect des droits des ouvrières agricoles et de l’ensemble des ouvrières des autres secteurs, la préservation de leur dignité, la mise en pratique du code de travail en révisant les articles qui ne garantissent pas assez de protection à la femme enceinte et mère, et la prévention de toutes les formes de harcèlement dans les espaces de travail.

◾La prise de toutes les mesures susceptibles de mettre fin aux accidents de travail mortels que subissent les ouvrières agricoles durant le déplacement vers et de leur lieu de travail dans des conditions inhumaines, et la garantie des bonnes conditions de sécurité et de santé dans les exploitations agricoles.

◾L’instauration de la Haute Instance pour la Parité en prenant en considération les remarques des organisations féministes sur la loi organisant cette instance, et en précisant clairement ses compétences et ses missions, afin qu’elle puisse remplir pleinement son rôle dans l’ancrage des principes de l’égalité totale et la prévention de toutes les formes de discrimination basée sur le genre.

◾La mise en pratique de la décision de levée de toutes les réserves sur la convention CEDAW et l’harmonisation des loi avec cette convention.

◾La révision du code de la famille de manière à garantir l’égalité effective entre les femmes et les hommes à l’intérieur de la famille et en plaçant l’intérêt des enfants avant toute autre considération.

Et à la fin, l’Organisation exprime sa solidarité avec toutes les femmes résistantes et militantes, et salue solennellement :

◾Les femmes palestiniennes qui résistent à l’agression et à l’arrogance sioniste

◾Les femmes syriennes et iraquiennes et toutes les femmes résistant au Moyen Orient et partout dans le monde.

◾Les femmes maghrébines qui militent contre la pauvreté, la violence, la marginalisation et la vulnérabilité, et pour la paix, l’égalité la démocratie et le juste partage des richesses.

◾Tous les militants et toutes les militantes pour l’égalité et les allié.es aux femmes dans leur résistance et leur combat contre l’exclusion, la marginalisation et la discrimination.


https://viacampesina.org/fr/maroc-decla ... du-8-mars/
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Re: Maroc

Messagede Lila » 25 Mar 2018, 19:40

Jerada, ville martyre ! Que cherche le pouvoir marocain ?

Nous, organisations et réseaux, affirmons notre soutien total à la lutte légitime de la population de Jerada (nord-est du Maroc), mobilisée depuis plus de trois mois pour des revendications sociales et économiques de base, souvent de survie !

La manifestation pacifique de ce 14 mars, organisée en dehors de la ville, a fait l’objet d’une répression sauvage.

L’ampleur de la crise sociale, au Maroc est telle que des mouvements sociaux perdurent depuis plusieurs mois. Au Nord comme au Sud ces mouvements expriment les mêmes revendications : Le droit à des besoins de base tel que le droit à la santé, au travail des jeunes, aux infrastructures pour les zones marginalisées. Bref, à une vie dans la dignité et pour l’égalité des chances.

La réponse des autorités marocaines se résume en deux attitudes programmées d’avance : Tergiverser puis réprimer.

La région du Rif (région du Nord du Maroc) a connu un mouvement (Hirak) sans précédent depuis l’année dernière, avec la participation de la population d’une façon pacifique pour leurs droits économiques, sociaux et culturels. Réponse des autorités : des centaines de jeunes et de moins jeunes croupissent dans les prisons du royaume. Leurs leaders sont actuellement poursuivis pour des motifs extravagants.

Depuis plus de trois mois, la ville minière de Jérada (Nord-Est du Maroc) vit plusieurs drames successifs : Au fait, la région de Jérada est sinistrée depuis la fin des années 90, suite à la fermeture des mines de charbon acculant des centaines de mineurs à risquer leur vie pour extraire clandestinement du charbon. Aucune perspective n’est offerte aux populations. En décembre dernier, décès de deux frères dans un puits désaffecté de charbon, suivis d’un autre décès. L’exaspération de la population s’est exprimée, comme dans la région du Rif, d’une façon civilisée. Les revendications pacifiques des manifestants se sont centrées sur la nécessité d’« alternatives économiques » à l’extraction clandestine du charbon. La réponse du gouvernement s’est résumée à des promesses, avant de passer à l’arrestation de militants et l’interdiction de toute manifestation, ce qui a eu pour résultat un état de siège de la ville et des heurts entre manifestants et police. La population continue à se mobiliser en appelant à une grève générale et à une marche vers Rabat la capitale.

Nous, associations et organisations signataires, tout en affirmant notre totale solidarité avec les mouvements sociaux au Maroc pour leurs droits économiques, sociaux et culturels

exigeons :

◾L’arrêt de la répression contre les mouvements sociaux au Maroc.

◾La libération de tous les prisonniers politiques.

◾L’ouverture de négociations sérieuses avec les représentants des mouvements sociaux sur leurs revendications

Nous appelons toutes les forces démocratiques maghrébines à soutenir ces mouvements sociaux et à dénoncer la criminalisation des mouvements sociaux pacifiques, au Maroc et au Maghreb.

Nous appelons les démocrates et les épris de paix et de justice, à travers le monde, à apporter leur soutien et leur solidarité avec ces mouvements en lutte pour la dignité, la justice sociale et la liberté.

Le 23 mars 2018

Premiers signataires

Abdellatif Laabi – Poète

Associations et organisations

Immigration :

– Association de Travailleurs Maghrébins en France – ATMF

– AIDDA

– Association des Tunisiens et Tunisiennes de Suisse – ATTS

– Association des Tunisiens du Nord d la France – ATNF

– Association Démocratique des Tunisiens en France – ADTF

– Association des Marocains en France – AMF

– Association des Tunisiens en France – ATF

– Association N’aouara – Bruxelles

– Association de Défense des Droits de l’Homme au Maroc – ASDHOM

– Collectif Agir pour la Démocratie en Algérie – ACDA

– Collectif Culture et Citoyenneté – 3C

– Comité de Strasbourg de soutien au mouvement populaire du RIF

– Comité de Vigilance pour la Démocratie en Tunisie – Belgique CVDT

– Comité Pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie – CRLDHT

– Droit Devant – France

– El Ghorba Association – Lyon

– Femmes plurielles – France

– Immigration Développement Démocratie – IDD

– Plateforme Euro-Marocaine Migration Développement Citoyenneté et Démocratie

– Réseau Euro-Maghrébin Citoyenneté et Culture – REMCC

– SOS Migrants – Bruxelles

– Union des Tunisiens pour une Action Citoyenne – UTAC

– Association Sahraouie pour le Développement, la Démocratie et les Droits Humains – AS3DH

– Euro-Mediterraan Centrum Migratie & Ontwikkeling – EMCEMO Pays-Bas

Maghreb :

Association Amal « Femmes en Mouvement pour une Vie Meilleure »

Association Carrefour des Initiatives (Maroc)

Association des Familles des Prisonniers et Disparus Sahraouis AFAPREDESA

Association Lumière sur L’Émigration au Maroc ALECMA

ASSOCIATION MAINS LIBRES جمعية ايادي حرة

Association Marocaine des Droits Humains – AMDH

Association Relais Prison/Société

Association Réseau National anti-Corruption – Tunisie

Association Tunisienne des Femmes Démocrates ATFD

Association Vigilance pour la Démocratie et l’Etat Civique – Yaquadha – Tunisie

Centre Marocain de Réhabilitation des Victimes de la Torture

Centre Marocain pour la Démocratie des Elections

Centre Marocain pour la Démocratie des Elections

Confédération Générale des Travailleurs de Mauritanie (CGTM)

CONFEDERATION GENERALE DU TRAVAIL (CGT MAROC)

Confédération Démocratique du Travail (CDT)

COORDINATION MAGHREBINE DES DROITS DE L’HOMME (CMODH)

Federation Nationale des Associations Amazigh (FNAA)

FORUM AL KARAMA POUR LES DROITS DE L’HOMME منتدى الكرامة لحقوق الإنسان

Forum Marocain des Alternatifs Sud –FMAS

Forum Tunisien des Droits Economiques et Sociaux – FTDES

GASO (groupe anti gaz de schiste d’Oran)

Instance Marocaine des Droits de l’Homme (IMDH)

JEUNESSE OUVRIERE MAROCAINE

Ligue Algérienne de Défense des Droits de l’Homme – LADDH

Ligue Marocaine pour la Citoyenneté et les Droits de l’Homme

Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme – LTDH

Mouvement Anfass Démocratique

Observatoire Marocain des Libertés Publiques – OMLP

Organisation pour les Libertés d’Information et d’Expression – OLIE

Rassemblement Jeunesse Algérie – RAJ

Réseau de Redevabilité Sociale au Maroc

Réseau des Associations de Quartiers de Casablanca RESAQ

RESEAU MAROCAIN POUR LE LOGEMENT DÉCENT الشبكة المغربية من أجل السكن اللائق

Syndicat Autonome des Personnels de l’Administration Publique, Algérie – SNAPAP

Syndicat National des Journalistes Tunisiens SNJT

Association Femmes pour l’Egalité et la Démocratie-MAROC

Forum Marocain pour l’Enseignement (Maroc)

Collectif des Communautés Subsahariennes au Maroc CCSM

Association marocaine pour un contrat mondial de l’eau (ACME-Maroc)

Association Neama pour le Développement (Maroc)

Observatoire Marocain des Prisons

Instance Nationale de protection des Biens Publics au Maroc-I.N.P.B.P.M.

INSTITUT DE FORMATION DES AGENTS DE DEVELOPPEMENT-IFAD MAROC

TRANSPARENCY MAROC

Association Femmes pour l’Egalité et la Démocratie-MAROC

Forum Marocain pour l’Enseignement (Maroc)

Collectif des Communautés Subsahariennes au Maroc CCSM

Association marocaine pour un contrat mondial de l’eau (ACME-Maroc)

Association Neama pour le Développement (Maroc)

Observatoire Marocain des Prisons

Instance Nationale de protection des Biens Publics au Maroc-I.N.P.B.P.M.

Organisation Régionale :

– Coordination Maghrébine des Organisation de Droits de l’Homme – CMODH

– Euromed Droit – REMDH

Europe :

– Cedetim

– Europe Ecologie Les Verts – EELV

– Initiative Pour un Autre Monde – IPAM

– Ligue des Droits de l’ Homme – LDH France

– Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples – MRAP

– Nouveau Parti Anti-Capitaliste – NPA

– Parti Communiste Français – PCF

– Réseau Sortir du Colonialisme – France

– Union Syndicale Solidaires – SUD

– Partenia 2000 – France

– Association pour la Taxation des Transactions financières et pour l’Action Citoyenne ATTAC

– Global Social Justice-Bruxelles


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Re: Maroc

Messagede bipbip » 05 Avr 2018, 16:03

Pour une victoire des luttes populaires contre la brutalité d’un État qui veille sur les intérêts des créanciers et détruit la vie et les droits de notre population

Dans plusieurs régions du Maroc, la population proteste contre les résultats des politiques néolibérales mises en œuvre depuis des décennies. Après les luttes du mouvement du 20 février en 2011, le Hirak du Rif a initié une nouvelle vague de protestations contre les conditions de vie insupportables. Aujourd’hui, la ville de Jerada à l’est du pays est au premier plan. Ses habitants luttent pour une alternative économique qui les protège de la mort dans des puits de charbon périlleux, offre l’emploi aux jeunes, fournit des infrastructures de qualité et des services publics (électricité et eau potable) à moindre prix, construit des hôpitaux avec des traitements de base gratuits et des services spécialisés dans le traitement de patients atteint de silicose.

Après deux mois de résistance qui ont révélé les fausses promesses des différents ministres, l’État a réagi comme d’habitude par une intervention musclée le 14 mars 2018 pour étouffer la colère des habitants. Ses forces de répression ont pourchassé les manifestants pacifiques dans les rues et ont imposé un siège total à la ville. Plus de quarante militants ont été arrêtés.

La colère populaire s’étend à plusieurs autres villes et villages du Maroc en réponse au démantèlement de l’éducation, de la santé et l’emploi comme à Tan Tan, Tandrara, Outat l Haj, Ouled Yahia à Zagoura, Bouizakarne, etc. où les revendications sur le droit à la santé sont mises en avant. Ces manifestations subissent la répression, les arrestations et les intimidations. En effet, les hôpitaux publics souffrent d’une grave pénurie de matériel et de cadres médicaux, d’une détérioration de leurs services et d’une généralisation de la corruption.

... http://www.cadtm.org/Pour-une-victoire-des-luttes
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Re: Maroc

Messagede bipbip » 07 Avr 2018, 15:48

Les mines de la mort de Jerada

Maroc : Les mines de la mort de Jerada

Dans le Nord-Est marocain, l’exaspération sociale a déclenché une mobilisation dans la petite ville de mineur.es de Jerada. Si les revendications ne sont pas encore entendues, le mouvement n’est pas fini.

Le 22 décembre 2017, alors que la ville de Jerada vit au rythme de manifestations contre la cherté des factures d’eau et d’électricité, deux frères décèdent tragiquement, révélant le mal-être du « Maroc oublié ». Houcine (23 ans) et Jedouane Doui (30 ans) ont trouvé la mort dans une mine désaffectée de cette petite ville du Nord-Est marocain. À Jerada, la mine a nourri des générations de familles depuis les années 1930. Les Charbonnages du Maroc, entreprise publique qui exploitait l’anthracite, un charbon à haute valeur calorifique, a fermé en 1998 sur injonction du FMI. La mine employait environ 9 000 ouvriers et ouvrières et le charbon constituait alors la principale ressource de la population. En dépit de cette fermeture, les habitants et habitantes de la région continuent d’y extraire du charbon de façon clandestine et artisanale, sans aucune mesure de sécurité.

Ils seraient entre 1 500 et 2 000 à risquer leur vie tous les jours dans ces mines sauvages. Trous creusés à la main, les puits donnent à la colline une allure de gruyère. Quand le trou devient profond, parfois jusqu’à 100 mètres, les mineur.es plongent dans le sous-sol avec un treuil animé par un groupe électrogène. Avec une corde à la taille, ils et elles descendent en rappel pour en remonter des sacs de charbon. Parfois, les tunnels cèdent. Le 22 décembre, les deux frères ont été noyés sous terre, par un torrent soudain. Un mois plus tard, un autre mineur clandestin de 32 ans a été enseveli dans un éboulement. Depuis vingt ans, plus d’une centaine de personnes y ont laissé leur vie, selon l’Association marocaine des droits humains.

Révolte populaire

C’est dans ce contexte d’exaspération sociale que la population de Jerada, qui voit les siens mourir au fond des mines, s’est mobilisée. Une révolte populaire qui fait écho à d’autres mouvements de protestation. De novembre 2016 à juillet 2017, dans le Rif, la ville d’Al Hoceima, a marché en masse suite au décès tragique d’un poissonnier broyé par le camion poubelle qui détruisait sa marchandise, saisie par la police. En octobre dernier, c’est Zagora, au sud du Maroc, qui a répliqué par les marches de la soif contre la rareté de l’eau en période de sécheresse. En janvier 2018, c’est le village de Tendrara (province de Figuig à l’est du Maroc) qui a connu des émeutes, après le décès des suites de ses blessures de Sofiane Zelmat, renversé par un camion d’État, conséquence de l’arrivée tardive d’une ambulance. Le manque d’infrastructures, où l’ambulance la plus proche est à une heure de route, est une réalité quotidienne dans cette région.

À Jerada, le soulèvement populaire continue, depuis la grève générale du 29 décembre, appelée par les syndicats. Une feuille de route fixant des dates de mobilisation a été décidée par le hirak (« mouvement » en arabe), qui compte déjà ses inculpé.es. Ces mobilisations rappellent les demandes d’« une alternative économique » pour cette région marginalisée. Parmi elles : des offres d’emploi pour les jeunes, la baisse des factures d’eau et d’électricité, un traitement en urgence pour malade de la silicose. Près de 2 000 personnes seraient touchées par cette maladie pulmonaire incurable, provoquée par l’inhalation de fines poussières de charbon dont le traitement nécessite un suivi continu mais aussi des moyens onéreux. La lutte continue, notamment avec la manifestation pour les droits des femmes du 8 mars et celle du 11 mars qui a réuni 10 000 manifestants et manifestantes. Le 14 mars, lors d’un rassemblement, des véhicules de police ont foncé à plusieurs reprises sur la foule, fauchant plusieurs personnes. Cette répression illustre la violence calculée et la brutalité du pouvoir marocain, prêt à tout pour terroriser la population. La réponse ne s’est pas faite attendre, des sit-in et des manifestations de solidarité sont, d’ores et déjà, prévus à Jerada et à travers le Maroc. Les damné.es de la mine n’ont pas dit leur dernier mot.

Jérémie (AL Gard) et Marouane (AL PNE)


http://www.alternativelibertaire.org/?M ... -de-Jerada
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Re: Maroc

Messagede Pïérô » 19 Avr 2018, 19:52

Au Maroc, ces foyers de contestation qui ne s’éteignent pas

Grèves et contestations sociales se succèdent au Maroc, du Rif à Jerada, sans que la répression parvienne à en venir totalement à bout. Mais ces mouvements peinent à s’unifier, même si on peut voir dans ces mobilisations les retombées du Mouvement du 20 février qui avait secoué le pays en 2011.

Depuis trois mois, les habitants de Jerada ne décolèrent pas. Le 22 décembre dernier, la mort de deux frères, Houcine et Jedouane Dioui, dans un puits de mine de charbon déclenchait des manifestations dans cette ville du nord-est marocain déjà secouée par une lutte contre la cherté de l’eau et de l’électricité. Au fil du temps, les rassemblements ont évolué vers un mouvement de contestation durable et ininterrompu.

Selon Youssef Raissouni de l’Association marocaine des droits humains (AMDH), il demeure le seul mouvement « continu » du pays, traversé par de profondes tensions sociales. Les manifestants de Jerada réclament une alternative économique afin que les habitants, durement touchés par le chômage, ne risquent plus leur vie dans les puits clandestins. À la fin des années 1990, en effet, le centre minier fermait ses portes, ne leur laissant d’autre choix que de travailler dans ces puits et de vendre le charbon à un prix dérisoire aux « barons du charbon » qui disposaient de permis distribués par l’État.

... https://orientxxi.info/magazine/au-maro ... t-pas,2396
Image------------ Demain Le Grand Soir --------- --------- C’est dans la rue qu'çà s'passe --------
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Re: Maroc

Messagede bipbip » 14 Juin 2018, 16:25

Le boycott de Danone devenu le symbole de la lutte contre la vie chère

Un mouvement de protestation lancé il y a 6 semaines sur les réseaux sociaux appelle à boycotter la marque Danone, ainsi que les stations-services Afriquia et l’eau minérale Sidi Ali, afin de protester contre la cherté de la vie. Dans un contexte marqué par le chômage et la précarité grandissante, ce mouvement est symptomatique du ras-le-bol de la population marocaine vis-à-vis de son niveau de vie, mais aussi, vis-à-vis d’un gouvernement qui apparaît de plus en plus comme une caste au service des intérêts des grands groupes, ce dernier voyant sa stabilité menacée.

... http://www.revolutionpermanente.fr/Maro ... -vie-chere
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Re: Maroc

Messagede bipbip » 28 Juin 2018, 21:19

Maroc. Retour aux années de plomb pour les révoltés du Rif

La justice marocaine a prononcé mardi soir de lourdes sentences contre les porte-voix du Hirak. Nasser Zefzafi et trois de ses compagnons prennent 20 ans de prison.

Qu’elles semblent loin, les promesses d’ouverture démocratique par lesquelles Mohammed VI était parvenu, en 2011, à court-circuiter le mouvement du 20 février... Dans la nuit de mardi à mercredi, au terme d’une interminable parodie de procès, la justice marocaine a accouché d’un verdict digne des années de plomb du règne de Hassan II. Les leaders du Hirak, le mouvement populaire du Rif, écopent de peines allant jusqu’à 20 ans de prison. Objectif : réduire à néant l’élan de contestation qui avait pris corps à l’automne 2016, au lendemain de la mort de Mouhcine Fikri, un jeune vendeur de poisson broyé par une benne à ordures en tentant de récupérer sa marchandise confisquée par les autorités. Son sort tragique avait suscité une explosion de colère et d’émotion dans sa ville d’Al Hoceïma et dans tout le pays. Partie d’une demande de justice et de vérité pour Mouhcine Fikri, la révolte du Rif a catalysé le sentiment de marginalisation sociale, économique, culturelle et politique du Rif, où maints soulèvements populaires ont été réprimés dans le sang depuis 1958 par la dynastie alaouite.
Arrestations et tortures

Pendant sept mois, des manifestations massives se sont succédé à Al Hoceïma, à Imzouren, à Nador et dans tout le Rif. Jusqu’à l’arrestation, le 26 mai 2017, du porte-parole du mouvement, Nasser Zefzafi. Ce diplômé chômeur avait eu l’outrecuidance de faire irruption dans une mosquée où l’imam profitait de ses prêches pour étriller les protestataires, accusés, selon la vulgate officielle, de semer la « fitna », la discorde entre les musulmans. Le jour même de l’altercation avec le religieux, prié de ne plus se mêler de politique, Zefzafi était cueilli par la police. À sa suite, une cinquantaine de porte-voix du mouvement étaient interpellés et transférés à la prison d’Oukacha, à Casablanca. La « fuite » d’un rapport du très officiel Conseil des droits de l’homme confirmait, dès le début du mois de juillet 2017, les tortures et les mauvais traitements infligés à ces détenus politiques. Quelques jours plus tôt pourtant, en sortant d’un dîner à la table royale, Emmanuel Macron se faisait le porte-parole du palais : « Il n’y a pas eu lieu de craindre une volonté de répression » dans le Rif, souriait le président français, alors que, au même moment, tombaient, à Al Hoceima, les premières condamnations de manifestants à des peines de prison ferme.

Dans cette région septentrionale, le taux de chômage des jeunes est deux fois plus élevé que dans le reste du pays. Quatre personnes sur dix y sont analphabètes. Sciemment livré aux trafics et à la culture du cannabis, qui enrichit moins les paysans que les gros barons de la drogue, le Rif manque cruellement d’infrastructures, de services publics de base. Que demandaient les révoltés du Rif ? Un hôpital, une université, des écoles, des mesures de justice sociale, des emplois pour une jeunesse dont l’avenir a des allures d’impasse. Ils dénonçaient sans relâche, sans euphémisme, la corruption qui gangrène tous les étages d’un appareil d’État verrouillé par le palais. Ils demandaient la levée de la tutelle militaire qui étrangle la région depuis l’écrasement de la révolte de 1958-1959 par Hassan II. Épris de justice sociale et de liberté, ils revendiquaient fièrement l’héritage de l’éphémère république d’Abdelkrim El Khattabi, héros, dans les années 1920, de la première guerre anticoloniale du XXe siècle. De quoi raviver le lourd contentieux historique qui oppose la région à la monarchie.

Des sentences féodales

... https://www.humanite.fr/maroc-retour-au ... rif-657482
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Re: Maroc

Messagede bipbip » 04 Juil 2018, 21:33

Ne laissons pas le Makhzen terroriser le Rif

Une tribune de Ramdane Hakem, enseignant.

Ce qui se passe au Rif, au nord du Maroc, nous interpelle. Le verdict, prononcé le mardi 26 juin 2018 à 23 heures par la chambre criminelle de la Cour d’appel de Casablanca à l'encontre des manifestants de 2016-2017 appelle notre indignation. Confronté au Hirak, mouvement populaire pacifique de la jeunesse Rifaine, le Makhzen a réagi par une brutale répression. Au total, 798 manifestants, dont 502 détenus, ont fait l'objet de poursuites judiciaires. Des dizaines de protestataires, souvent mineurs, sont condamnés par une justice expéditive en 2017. 53 animateurs de la contestation, transférés à Casablanca pour être déférés devant la chambre criminelle de la Cour d'appel, ont finalement écopé de peines iniques. Les sentences furent prononcées en l'absence des accusés lesquels avaient choisi de boycotter l'audience considérée par eux comme une parodie de justice. La Cour a, en effet, révélé son manque d'indépendance par des décisions hautement significatives. Elle a refusé d'auditionner les témoins à décharge innocentant les détenus, elle a refusé de prendre en compte le rapport de la Commission nationale des droits de l’homme attestant du recours généralisé à la torture, elle a rejeté la requête des avocats de la défense demandant une expertise médicale afin de trancher sur les allégations de torture.

20 ans de prison pour Nasser Zefzafi et 3 de ses camarades, ceux-là même dont l'attachement constant au caractère pacifique du mouvement a évité les dérapages meurtriers souhaités par les ennemis du Rif. 10 à 15 ans de prison pour dix autres de leurs camarades et enfin 2 à 3 ans de prison pour les autres détenus dont beaucoup sont mineurs.

On ne peut expliquer la brutalité de ce jugement par la nature intrinsèque du mouvement Hirak. Le soulèvement de la jeunesse du Rif a résulté de privations et brimades qu’elle n’a cessé d’endurer depuis longtemps. La goutte qui fit déborder le vase fut la mort, l’assassinat abominable, de Mohcine Fikhri le 28 octobre 2016. Ce vendeur de poisson de 31 ans a été broyé dans une benne à ordures alors qu’il tentait de récupérer sa marchandise confisquée par des officiels du Makhzen. Un mouvement spontané d’indignation, le Hirak, en a résulté qui va s’emparer des cœurs et des esprits des Rifains. Au printemps 2017 l'Etat marocain projeta dans la région des milliers de militaires et policiers, parvenant ainsi à briser les manifestations et à en interpeller les animateurs.

Les revendications du Hirak sont des plus élémentaires : le droit à la scolarisation, à la santé, au travail et à un minimum de dignité. Il n’y a ni demande de changement de régime, ni d’indépendance pour le Rif, ni même de changement du mode de représentation politique de la région. Au plan de la forme, le Hirak a, depuis son apparition, proclamé son refus catégorique de toute forme de violence, les décisions sont prises de manière collégiale lors de réunions publiques et dans la transparence la plus totale. Il s’inscrit hors des chapelles politiques traditionnelles, mais reconnaît à tout militant le droit de participer à titre individuel à la lutte commune.

En fait, les sentences prononcées par la Cour d’appel de Casablanca renvoient à des faits sociaux plus profonds, ancrés dans l’histoire tumultueuse du rapport entre le Rif et le pouvoir central marocain.

Il nous faut remonter aux débuts du XXe siècle pour éclairer la terrible injustice qui frappe aujourd’hui les enfants du Rif. L’Afrique du Nord était alors sous domination coloniale. La France avait pris le contrôle du Maroc central, région la plus fertile du pays auquel elle imposa un protectorat à partir de 1912. Le Rif et le Sahara occidental étaient des colonies espagnoles. Ce fut contre la domination espagnole que les tribus du Rif se soulevèrent en 1919 sous la direction d'Abdelkrim El Khettabi et parvinrent par une guerre sanglante à libérer une grande partie de cette région montagneuse de la Méditerranée. En 1922, Abdelkrim proclama la naissance de la République du Rif.

Craignant que la révolution ne contamine ses propres conquêtes, la France coloniale entra alors, aux côtés de l’Espagne, en guerre contre El-Khettabi. Le Maréchal Pétain, commandant des forces françaises d’intervention et le général Franco, chef des armées espagnoles au Maroc, scellèrent leur alliance en abattant la République d’Abdelkrim. Plus d'un demi millions de soldats des deux pays attaquèrent les villes et les villages du Rif, détruisant tout sur leur passage. Le Rif garde jusqu'à aujourd'hui les séquelles des maux engendrées par le recours massifs aux armes chimiques (gaz moutarde) par les armées française et espagnole.

À cette époque déjà, le journal l’Humanité était le porte voix des révolutionnaires et progressistes français solidaires avec la République du Rif. Le 16 octobre 1925, il publia l’adresse des communistes et surréalistes français aux « aux soldats et marins » proclamant : « On vous envoie mourir au Maroc pour permettre à des banquiers de mettre la main sur les riches gisements de la République du Rif, pour engraisser une poignée de capitalistes (…). Vous ne serez pas les valets de la banque. (…). Fraternisez avec les rifains. Arrêtez la guerre du Maroc ».

En 1926, la République du Rif fut vaincue, Abdelkrim relégué à Madagascar. Mais cette épopée demeura, pour des générations de militants dans toute l'Afrique du Nord, la référence principale en matière d’engagement sur le chemin de la dignité et l’indépendance.

Le Rif renoua avec le combat de masse au milieu des années cinquantes du siècle passé. Pressé par le soulèvement algérien du 1er novembre 1954, le gouvernement français négocia avec les élites marocaines, en 1956, la levée du protectorat, ce qui asphyxia la lutte armée engagée dans le Rif pour l’indépendance du pays. Ainsi naquit le nouvel État monarchique marocain avec Mohamed V comme souverain. Le 11 novembre 1958, Mohamed Sellam Ameziane, Abdel Sadaq Khattabi et Rachid Al-Khattabi (le fils d’Abdelkrim), tous originaires du Rif, présentèrent un programme en 18 points au Roi ; ils demandaient le départ des troupes étrangères, le retour d'Abdelkrim, la création d'emplois, l’allégement du poids des impôts, une représentation politique du Rif dans l’Etat marocain. Les manifestations populaires qui accompagnèrent ces revendications furent réprimées avec une sauvagerie inouie par le duo Hassan 2- Mohamed Oufkir et le Rif, depuis, sera soumis à un régime militaire dont il n’est pas encore sorti aujourd’hui.

Domptée par la terreur, la région demeura marginalisée, sa population, comme traitée à part, a été livrée durablement à la paupérisation l’obligeant à une émigration massive, sinon encouragée à vivre d’expédients comme la culture et le trafic de Hashish. Le taux de chômage au Rif dépasse les 20%.

Malgré le dénuement et les brimades permanentes, le Rif a gardé sa fierté et va renouer avec la contestation populaire quelques décennies plus tard. En effet, au début de la décennie 1980, le gouvernement marocain mit en oeuvre avec zèle les directives d’ajustement structurel préconisées par le FMI et la Banque mondiale. Rapidement le coût de la vie devint insupportable pour les masses populaires marginalisées et précarisées. Les Rifains se soulevèrent à partir du 19 janvier 1984 dans ce qui sera appelé les émeutes du pain. La protestation naquit à Hoceima quand les élèves manifestèrent dans la rue contre l’augmentation des frais de scolarisation. Elle s’étendit rapidement à Nador et embrasa tout le Rif, indigné par les mesures d’austérité et par la violence de la répression à Hoceima. La répression fut encore une fois des plus terribles. On retiendra la photo publiée par El Telegrama de Mellilia montrant un hélicoptère tirant sur des manifestants dans la rue. La mémoire collective a également gardé les mots durs de Hassan II, roi du Maroc, traitant les Rifains de contrebandiers et d’Apaches. Les plaies sont encore aujourd’hui non cicatrisées : l’instance « Equité et réconciliation », mise en place par Mohamed VI, le nouveau roi, a découvert en 2008 un charnier à l’intérieur d’une caserne de la protection civile et récupéré 16 corps qu’elle a déclarés comme étant ceux de victimes des événements de 1984.

Ainsi, le jugement prononcé par la Cour criminelle de Casablanca ne peut être justifié par de quelconques faits qu’il serait légitime de reprocher aux animateurs du Hirak. Par contre, une telle punition n’a rien d’étrange au vu des rapports entre le Rif et le pouvoir central marocain. Sa finalité est de terroriser la région du Rif en faisant un exemple d’une partie de sa jeunesse contestataire. C’est là une tradition ancrée dans la culture politique du Makhzen, cette institution politico-policière héritée du féodalisme. Elle considère que la monarchie ne peut dominer le Rif qu’en y installant la peur et la précarisation.

Nous savons que d’énormes intérêts financiers et stratégiques lient le capitalisme français à la Monarchie marocaine. De plus, le Makhzen exerce une activité de lobbying intense au sein des institutions et en direction des élites françaises (médias, partis politiques, associations…) dans l’objectif permanent d’empêcher toute critique de la Monarchie Alaouite. Mais aujourd’hui, plus que jamais, le Rif et le Maroc ont besoin que s’exprime notre indignation devant ces pratiques d’un autre âge.


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