Re: Argentine
Posté: 25 Aoû 2018, 13:14
Au-delà du rejet de la loi pour la légalisation de l’avortement en Argentine : une quatrième vague féministe ?
Le 8 août 2018, le Sénat a finalement rejeté la proposition de loi pour la légalisation de l’avortement en Argentine proposée par la Campagne pour le droit à l’avortement légal gratuit et sûr[1]. Croire de ce fait que les centaines de milliers de femmes mobilisées ont perdu serait réducteur. Comme le précisait la militante féministe Dolores Fenoy juste avant le vote : « Le mouvement va continuer quoi qu’il arrive. On sera sûrement tristes, on aura moins d’énergie, mais jamais, jamais, on ne sera ni démoralisées ni moins encore démobilisées ». Et depuis le vote, de nombreux textes circulent sur les réseaux sociaux précisant que « nous avons gagné »[2].
En effet, il s’agit d’une lame de fond féministe qui submerge le pays, plusieurs éditorialistes argentins ont d’ailleurs parlé d’une « révolution des filles » – car les jeunes filles de 13 à 20 ans sont motrices dans ce mouvement : « les filles qui occupent, majoritairement, les rues, les collèges, les métros, les bus, les places, les repas de familles, les réseaux sociaux, ont moins de 25 ans »[3]. Le 13 juin, elles sont un million à veiller devant le Congrès quand les députés devaient se prononcer sur le projet de loi. Le 1er août, elles organisent par exemple une opération Araignée dans le métro de Buenos Aires et chaque ligne évoque un aspect essentiel pour la mobilisation : « la ligne A met en scène la revendication de la loi dans une perspective de droits humains exigeant le droit à décider pour nos propres corps » ; « La ligne D exige l’éducation sexuelle intégrale[4] pour découvrir, la pilule contraceptive pour profiter, et l’avortement légal pour décider en toute liberté et pour faire un monde habitable pour tout·e·s ».
Cette mobilisation d’ampleur intervient après celle lancée par « Ni una menos » (« Pas une de moins ») – un collectif de journalistes et d’intellectuelles – qui avait rassemblé environ 300000 Argentines dans la rue le 3 juin 2015 pour dénoncer les violences machistes suite à une vague de féminicides début 2015. Elle s’inscrit également dans un processus de plusieurs décennies marqués par les Rencontres Nationales de femmes qui se réunissent chaque année dans une ville différente du pays et ont chaque fois regroupé davantage de participant·e·s : elles étaient 100000 à Rosario en 2016, par exemple.
Enfin, cette vague féministe argentine n’est pas isolée puisqu’elle embrase le continent et au-delà : le Chili est également marqué par des manifestations très importantes, avec des échanges réguliers de militantes entre les deux pays ; des collectifs de militantes se forment également au Mexique[5] ; la grève des femmes du 8 mars 2018 a été historique dans l’Etat Espagnol…
Contretemps était à Buenos Aires quelques jours avant le vote du Sénat. Deux entretiens ont alors été réalisés permettant de retracer la construction et les enjeux du mouvement féministe en cours : l’un avec Dolores Fenoy et l’autre avec Dora Barrancos. Puis, peu de temps après le rejet du Sénat, nous avons posé quelques questions à des collégiennes et des lycéennes impliquées dans le mouvement.
... https://www.contretemps.eu/argentine-av ... feministe/
Le 8 août 2018, le Sénat a finalement rejeté la proposition de loi pour la légalisation de l’avortement en Argentine proposée par la Campagne pour le droit à l’avortement légal gratuit et sûr[1]. Croire de ce fait que les centaines de milliers de femmes mobilisées ont perdu serait réducteur. Comme le précisait la militante féministe Dolores Fenoy juste avant le vote : « Le mouvement va continuer quoi qu’il arrive. On sera sûrement tristes, on aura moins d’énergie, mais jamais, jamais, on ne sera ni démoralisées ni moins encore démobilisées ». Et depuis le vote, de nombreux textes circulent sur les réseaux sociaux précisant que « nous avons gagné »[2].
En effet, il s’agit d’une lame de fond féministe qui submerge le pays, plusieurs éditorialistes argentins ont d’ailleurs parlé d’une « révolution des filles » – car les jeunes filles de 13 à 20 ans sont motrices dans ce mouvement : « les filles qui occupent, majoritairement, les rues, les collèges, les métros, les bus, les places, les repas de familles, les réseaux sociaux, ont moins de 25 ans »[3]. Le 13 juin, elles sont un million à veiller devant le Congrès quand les députés devaient se prononcer sur le projet de loi. Le 1er août, elles organisent par exemple une opération Araignée dans le métro de Buenos Aires et chaque ligne évoque un aspect essentiel pour la mobilisation : « la ligne A met en scène la revendication de la loi dans une perspective de droits humains exigeant le droit à décider pour nos propres corps » ; « La ligne D exige l’éducation sexuelle intégrale[4] pour découvrir, la pilule contraceptive pour profiter, et l’avortement légal pour décider en toute liberté et pour faire un monde habitable pour tout·e·s ».
Cette mobilisation d’ampleur intervient après celle lancée par « Ni una menos » (« Pas une de moins ») – un collectif de journalistes et d’intellectuelles – qui avait rassemblé environ 300000 Argentines dans la rue le 3 juin 2015 pour dénoncer les violences machistes suite à une vague de féminicides début 2015. Elle s’inscrit également dans un processus de plusieurs décennies marqués par les Rencontres Nationales de femmes qui se réunissent chaque année dans une ville différente du pays et ont chaque fois regroupé davantage de participant·e·s : elles étaient 100000 à Rosario en 2016, par exemple.
Enfin, cette vague féministe argentine n’est pas isolée puisqu’elle embrase le continent et au-delà : le Chili est également marqué par des manifestations très importantes, avec des échanges réguliers de militantes entre les deux pays ; des collectifs de militantes se forment également au Mexique[5] ; la grève des femmes du 8 mars 2018 a été historique dans l’Etat Espagnol…
Contretemps était à Buenos Aires quelques jours avant le vote du Sénat. Deux entretiens ont alors été réalisés permettant de retracer la construction et les enjeux du mouvement féministe en cours : l’un avec Dolores Fenoy et l’autre avec Dora Barrancos. Puis, peu de temps après le rejet du Sénat, nous avons posé quelques questions à des collégiennes et des lycéennes impliquées dans le mouvement.
... https://www.contretemps.eu/argentine-av ... feministe/