l'anarchisme en Afrique

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Messagede kuhing » 18 Fév 2009, 19:12

Contacts anarchistes en Afrique

certaines adresses peuvent être encore valables et donc utiles
kuhing
 

Re: l'anarchisme en Afrique

Messagede Pïérô » 20 Aoû 2012, 01:17

Traduction du communiqué de Zabalaza Anarchist Communist Front, à paraître sur Anarkismo :

L’ANC met bas le masque! Des ouvriers assassinés !

Communiqué conjoint par le Collectif anarchiste Tokologo Anarchist, Zabalaza Anarchist Communist Front (ZACF) et le Collectif anarchiste Inkululeko Wits.

La Constitution promet les droits politiques et l’égalité. Il est clair que les patrons et les politiciens font exactement ce qu’ils veulent. Ils marchent sur le visage des gens. C’est ce qu’on a pu voir dans les assassinats de grévistes par la police à la mine de platine Lonmin à Marikana.


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L'ANC MET BAS LES MASQUES! DES TRAVAILLEURS ASSASSINES !
Les coupables ce sont les capitalistes et les politiques ! Assez de brutalités policières.
Pas de justice, pas de paix. On ne veut ni de Zuma, ni de Malema, ni de LONMIN !


La Constitution promet les droits politiques et l’égalité. Il est clair que les patrons et les politiciens font exactement ce qu’ils veulent. Ils marchent sur le visage des gens. C’est ce qu’on a pu voir dans les assassinats de grévistes par la police à la mine de platine Lonmin à Marikana.

Les droits de qui ?

Avis à tous et toutes ! il faut voir les choses en face. Le gouvernement mené par l’ANC et le grand capitalisme mènent la revue. Le système rend les riches et les puissants, plus riches et plus puissants encore.
Les travailleurs et les pauvres souffrent. Nous ne sommes pas protégés. Tu bosses, mais tu ne peux pas survivre. Le prix de la nourriture augmente. Le prix de l’énergie augmente. Qui doit payer? Avec quoi? Mais quand nous décidons de lutter, on nous abat.

ANC/ ETAT + PATRONS/ ENTREPRISES = ALLIES

L’Etat use de la force brutale contre la majorité . Nous manifestons, faisons part de nos doléances. C’est notre droit. Nous devons lutter pour vivre. Alors nous combattons toutes les élites: celles qui contrôlent le gouvernement comme celles qui contrôlent les entreprises telles Lonmin.
Mais ce sont les balles qui font taire nos voix.
Bien que nous ne sommes pas sans critique de certaines actions menées par les travailleurs à Marikana, nous sommes toujours du côté de la classe ouvrière et des pauvres contre l’Etat et les capitalistes.

ANCYL = ANC = MASSACRE DE MARIKANA

ANCYL (African National Congress Youth League – Mouvement de jeunesse de l’ANC)

L’ANC avait promis de changer le système. Au lieu de ça, il est devenu une partie de ce système. C’est en se plaignant de l’oppression par le National Party (NP) que l’ANC a pu rentrer aux affaires. Le NP assassinait des travailleurs. Aujourd’hui c’est l’ANC qui assassine des travailleurs.
Que l’ANCYL fasse semblant de condamner les meurtres par la police, cela ne repose sur aucune preuves. (voir leur communiqué du 17 août 2012). L’ANCYL est un rouage du régime ANC régnant.
Malema et les autres leaders éconduits de l’ANCYL veulent utiliser les événements pour retrouver leurs places à l’ANC – s’enrichir, ou ne tout cas, tout faire pour le devenir. Seulement, les mains de l’ANC sont pleines de sang.
Comme tous les leaders de l’ANC, les chefs de file de l’ANCYL, d’hier comme d’aujourd’hui veulent plus d’argent, pals plus de liberté pour le peuple.

LE CAPITALISME , NON MERCI !

Le capitalisme est un système de brutalité et d’exploitation, de souffrance. Les travailleurs-euses Noirs, Métis, Indiens souffrent de l’héritage d’oppression du régime d’apartheid, et de la répression policière et capitaliste quotidienne. Même la classe ouvrière blanche est exploitée et opprimée.

COLLECTIVISER, ET NON NATIONALISER

L’ANCYL utilise les meurtres de l’ANC pour battre le rappel de ”la nationalisation des mines et autres secteurs stratégiques de l’économie ». Marikana dévoile la vraie nature de l’Etat et du gouvernement, quel que soit le parti au pouvoir : une machine à tuer assoiffée de sang, au service de la classe dominante noire et blanche.
Un vrai contrôle de l’économie par les travailleurs ne se traduit ni par des entreprises privées, ni par des entreprises d’Etat. Il doit se traduire par un vrai contrôle démocratique et populaire de l’économie au moyen de comités et collectifs, au service des besoins du peuple.

ON NE CHANGERA JAMAIS LA POLICE

Le rôle de la police est de réprimer et de faire taire les travailleurs et les pauvres. Ce problème ne peut pas être réglé au moyen de commissions d’enquêtes – comme certains le croient. Posez-donc la question à la famille d’Andries Tatane. Les élections n’y changeront rien non plus. Souvenons-nous: Sharpeville 1960, Soweto 1976, Uitenhague 1985, Michael Makhabane en 2000, les ouvriers de SAMWU 2009, Andries Tatane en 2011 … Marikana 2012. C’est un minimum de25 militants et grévistes qui ont été tués depuis 2000, avant Marikana.

LE POUVOIR AU PEUPLE, PAS DES ELECTIONS OU DES PARTIS

Regardez donc Marikana. Ce ne sont pas des élections qui vont changer le système. Remplacer Jacob Zuma par un autre leader de l’ANC leader n’est pas une solution. Un nouveau parti – même “de gauche”, même “des travailleurs” n’est pas une solution. Aucun parti n’est une solution.

REVEILLEZ-VOUS LES SYNDICATS !

Les syndicats de Marikana, le NUM et l’AMCU, sont tombés dans le piège tendu par la classe dirigeante et le patronat. Ils se sont combattus l’un l’autre au lieu de de combattre le véritable ennemi. L’union fait la force, ne vous divisez pas, au risque de devoir vous soumettre. Travailleurs de tous les pays, unissez-vous ! Classes laborieuses de tous pays et de toutes races, unissez-vous ! Mettez fin à l’alliance! COSATU ne doit avoir aucun lien avec l’ANC aux mains tachées de sang !

ANARCHISME = CONTREPOUVOIR

Il est temps de remplacer le système capitalisme-Etat par un Contrepouvoir par le peuple. Ça veut dire que nous voulons le contrôle de l’économie par le bas, par la collectivité et les travailleurs-euses. Nous voulons l’autogestion directe et démocratique de l’industrie sur les lieux de travail, par les travailleurs-euses. Nous voulons l’autogestion des collectivités locales par ceux et celles qui y vivent. Nous voulons décider collectivement de la manière de mener notre vie. Nous refusons de vivre selon des règles déterminées par des patrons et politiques qui utilisent la police pour nous tirer comme des chiens lorsque nous désobéissons.

UNE SEULE SOLUTION: DEMOCRATIE DES TRAVAILLEURS !

NOUS COMPTONS SUR VOUS! MOBILISEZ VOUS DANS LES LUTTES, PAS DANS LES URNES !

SI VIUS VOUS RECONNAISSEZ DANS CES IDEES OU SI VOUS SOUHAITEZ EN SAVOIR PLUS SUR L’ANARCHISME :
072 399-0912 OR 079 281-2560 OR zacf@riseup.net

SIGNATAIRES :
Tokologo Anarchist Collective
Zabalaza Anarchist Communist Front
Inkululeko Wits Anarchist Collective
Lien: http://zabalaza.net

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Re: l'anarchisme en Afrique

Messagede Pïérô » 27 Nov 2014, 15:29

Sur les traces de l'anarchisme en Afrique

Sam Mbah est décédé à 51 ans le 6 novembre dernier. Il était Nigérian et anarchiste. Sûrement pas un grand théoricien, mais il a le mérite d'avoir coécrit en 1997 avec I.E. Igariwey African Anarchism: The History of a Movement (See Sharp Press). Le sujet n'étant quasiment jamais traité, c'est l'occasion d'aller voir sur le Web ce qu'on raconte sur cet auteur et sur l'anarchisme en Afrique (nous ne parlerons pas cette fois de l'Afrique du Nord, déjà évoquée ici il y a trois ans http://utoplib.blogspot.fr/2010/01/arabe.html).

Anarchopedia-France http://fra.anarchopedia.org/Sam_Mbah nous dit que Sam Mbah est né à Enugu, au Nigeria, et « a rejoint le mouvement anarchiste peu de temps après l'effondrement de l'Union soviétique alors qu'il étudiait à l'Université du Lagos. Comme plusieurs radicaux, il entra dans une période de profonde réflexion politique après l'effondrement du Bloc de l'Est, une période qui l'incita à réexaminer ses précédents engagements marxistes et l'amena finalement aux idées anti-étatistes et anti-capitalistes de l'anarchisme. Les publications nord-américaines comme The Torch et Love and Rage http://en.wikipedia.org/wiki/Love_and_Rage lui ont également été importantes pour cette réflexion. » Il gagnait sa vie comme correspondant du Lagos pour le Daily Star, journal d'Enugu et « était également très actif dans l'Awareness League, une organisation anarchiste dont le but est la transformation libertaire du Nigeria. L'Awareness League œuvre dans l'éducation politique et s'engage dans diverses campagnes sociales et dans la protection de l'environnement. »

Pour en savoir plus sur l'Awareness League, c'est peut-être vers le site US flag.blackened.net qu'il faut se tourner. Il nous précise qu'elle comptait près de 2000 membres et qu'elle a traversé, malgré la répression, les diverses dictatures militaires qui ont dirigé le Nigeria. Elle devient membre officielle de l'IWA-AIT (International Workers' Association) lors du congrès de cette Internationale en décembre 1996, à Madrid. Depuis les années 2000, l'AL semble s'être fait très discrète... Dans sa page, Flag.blackened http://flag.blackened.net/revolt/africa/aware.html nous renvoie à plusieurs liens que je vous laisse découvrir sur place (articles, interviews...) et à sa rubrique dédiée à l'anarchisme et le syndicalisme révolutionnaire africain http://flag.blackened.net/revolt/africa.html, se limitant essentiellement à l'Afrique du Sud, à l'Ouganda, au Nigeria, Zaïre, Somalie, Kenya et Sierra Leone. Lire aussi l'interview du Secrétaire général de l'AL, ICI : https://libcom.org/library/an-interview ... geria-1994.


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De son côté, Anarchopedia tente de décrire, brièvement et avec une traduction très approximative (souvent incompréhensible et risible), les spécificités de « l'anarchisme en Afrique», qui « désigne à la fois la supposée tendance libertaire des organisations de vie dites "traditionnelles" et les personnes ou mouvements anarchistes "organisés" ou non se référant aux idées libertaires. (...) On a souvent insisté sur l'aspect traditionnel et "naturel" des valeurs. Ainsi, par exemple, bien qu'il n'y avait pas de lois contre le viol, l'homicide, l'adultère, et la sorcellerie, le principe de la responsabilité collective s'applique (parfois jusqu'à l'excès) : une personne qui commet ces actes est persécuté parfois avec sa parenté. A partir du XVe siècle, le système de classe a commencé à se former dans les derniers empires de l'Afrique, bien qu'il existait déjà dans certaines civilisations africaines (comme la Nubie, l'Egypte, Axum et Haoussa) depuis des millénaires. Cependant, de nombreuses sociétés sont restées jusqu'à ce jour ce qu'on appelle "les tribus sans règles", une forme d'"anarchie ordonnée". »

Audacieux, vous préférerez sans doute explorer les sous-rubriques
du site anglosaxon struggle.ws/africa http://struggle.ws/africa ou le Wikepedia anglais http://en.wikipedia.org/wiki/Anarchism_in_Africa,


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Le livre African Anarchism ne semble avoir connu, à ce jour, que des traductions espagnole et italienne, dans les années 2000. Vous pouvez cependant lire ou télécharger le texte anglais (pdf) sur le Web (soit sur Libcom https://libcom.org/files/African%20Anar ... ariwey.pdf ou sur TheAnarchistLibrary http://theanarchistlibrary.org/library/ ... a-movement). Après avoir défini l'anarchisme en général, les auteurs analysent ce qui peut le rapprocher des structures "communalistes" de l'Afrique traditionnelle, et s'attardent sur les influences que l'anarchisme a pu avoir sur les luttes de libération nationale, ses relations avec les mouvements marxistes africains, et les obstacles qu'il lui faudra surmonter pour se développer sur ce continent. A quand une traduction française de ce livre ? Appel aux bonnes volontés.

> Lire une interview de Sam Mbah (2012) (en anglais).
https://libcom.org/forums/africa/nigeri ... h-03092012
> Un blog consacré à Sam Mbah.
http://sammbah.wordpress.com/

Et, pour finir, laissons la parole aux auteurs d'African Anarchism :
African Anarchism: The Communalist Background

Traditional African societies were, for the most part, founded on communalism.
The term is used here in two senses. First, it denotes a definite mode of production or social formation that comes generally, though not inevitably, after hunter-gatherer societies, and in turn precedes feudalism. If one accepts cultural evolution, one sees that most European and Asian societies passed through these stages of development.

Communalism is also used in a second, related sense to denote a way of life that is distinctly African. This way of life can be glimpsed in the collectivist structure of African societies in which: 1) different communities enjoy (near) unfettered independence from one another; 2) communities manage their own affairs and are for all practical purposes self-accounting and self-governing; and 3) every individual without exception takes part, either directly or indirectly, in the running of community affairs at all levels.

In contrast to Europe and Asia, most of Africa never developed past the stage of communalism. Despite the indigenous development of feudalism and the later imposition of capitalism, communal features persist to this day—sometimes pervasively—in the majority of African societies that lie outside the big cities and townships. Essentially, much of Africa is communal in both the cultural (production/social formation) and descriptive (structural) senses.

Among the most important features of African communalism are the absence of classes, that is, social stratification; the absence of exploitative or antagonistic social relations; the existence of equal access to land and other elements of production; equality at the level of distribution of social produce; and the fact that strong family and kinship ties form(ed) the basis of social life in African communal societies. Within this framework, each household was able to meet its own basic needs. Under communalism, by virtue of being a member of a family or community, every African was (is) assured of sufficient land to meet his or her own needs.

Because in traditional African societies the economy was largely horticultural and subsistence based, as [Robert] Horton notes, “often small villages farmed, hunted, fished, etc., and looked after themselves independently with little reference to the rest of the continent.” Various communities produced surpluses of given commodities which they exchanged, through barter, for those items that they lacked. The situation was such that no one starved while others stuffed themselves and threw away the excess.

According to Walter Rodney, “in that way, the salt industry of one locality would be stimulated, while the iron industry would be encouraged in another. In a coastal, lake or riverine area, dried fish could become profitable, while yams and millet would be grown in abundance elsewhere to provide a basis of exchange…” Thus, in many parts of Africa a symbiosis arose between groups earning their living in different manners—they exchanged goods and coexisted to their mutual advantage.

Political organization under communalism was horizontal in structure, characterized by a high level of diffusion of functions and power. Political leadership, not authority, prevailed, and leadership was not founded on imposition, coercion, or centralization; it arose out of a common consensus or a mutually felt need.

Leadership developed on the basis of family and kinship ties woven around the elders; it was conferred only by age, a factor that… runs deep in communalism. In Africa, old age was—and still often is—equated with possession of wisdom and rational judgment. Elders presided at meetings and at the settlement of disputes, but hardly in the sense of superiors; their position did not confer the far-reaching socio-political authority associated with the modern state system, or with feudal states.

There was a pronounced sense of equality among all members of the community. Leadership focused on the interests of the group rather than on authority over its members. Invariably, the elders shared work with the rest of the community and received more or less the same share or value of total social produce as everyone else, often through tribute/redistributive mechanisms.

The relationship between the co-ordinating segments of the community was characterized by equivalence and opposition, and this tended to hinder the emergence of role specialization, and thus the division of labour among individuals. Generally, elders presided over the administration of justice, the settlement of disputes, and the organization of communal activities, functions they necessarily shared with selected representatives of their communities, depending on the specific nature of the dispute or issue involved.

Such meetings and gatherings were not guided by any known written laws, for there were none. Instead, they were based on traditional belief systems, mutual respect, and indigenous principles of natural law and justice. Social sanctions existed for various kinds of transgressions—theft, witchcraft, adultery, homicide, rape, etc. When an individual committed an offence, often his entire household, his kinsmen, and his extended family suffered with him, and sometimes for him. This was because such offences were believed to bring shame not only upon the individual, but even more so upon his relatives.

Sam Mbah and I.E. Igariwey, 1997






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