WE Transnational Social Strike Londres 10-12 février 2017 : pour une grève sociale transnationale
CR établi par Evelyne Perrin, Stop Précarité (evelyne.perrin6@wanadoo.fr)1.Principaux axes de lutte11.Comment faire grève aujourd'hui ? Bâtir du pouvoir à partir des marges !Nous – précaires, femmes, migrants – nous sommes les marges de ce système, qui nous prive de pouvoir et de droits, mais en même temps nous sommes utiles au capital, que ce soit dans la production ou dans la reproduction. L'enjeu pour nous est de nous unir et reprendre du pouvoir pour l'ensemble des travailleurs de la production et de la reproduction, et pas seulement au sein du mouvement syndical et sur le seul lieu du travail salarié.
Aujourd'hui, où beaucoup de gens ne sont pas organisés ni syndiqués, mais où la subordination et l'exploitation des travailleurs atteignent des sommets, qu'il s'agisse des migrants, des précaires, des femmes, il nous faut
inventer
briser les barrières dressées entre nous en nous connectant les uns aux autres.
et créer des lieux et des temps de reprise de pouvoir.
Pour cela, les manifestations ne suffisent pas.
Les négociations menées par les syndicats non plus.
La grève – sous toutes ses formes - reste un puissant outil politique, pas seulement sur le terrain du travail mais aussi sur celui des conditions de vie.
Il nous faut surmonter les divisions entre travailleurs en poste et sans travail, entre travailleurs du secteur public et du secteur privé, entre travailleurs sans titre de séjour et travailleurs avec papiers, et enfin surmonter les frontières de sexe et de race.
Nous regroupons plus de 30 pays, avec aussi lesc exépriences de lutte dans le monde entier, où les femmes ont pris une grande place.
Ce qui peut sembler notre faiblesse est notre force : nous sommes un mouvement sans leader,
et nous agissons par nous-mêmes, : nous nous organisons dans les entreprises, les quartiers et les écoles, avec les voisins, et cherchons le soutien des organisations et des syndicats ; nous travaillons ensemble, y compris avec des organisations aux programmes différents.
Pour cela, il nous faut agir à la fois au niveau local et global, et nous connecter entre pays.
(Interventions de Eleanora Cappuccilli, Roberto de SI COBAS, Sabrina de Solidaires Précaires, David Condliffe de Unite the Union's, d'Inga Irlande)
Quelques exemples :
Le mouvement lancé en Pologne contre la loi interdisant l'avortement : mené par 300 coordinateurs dans 200 villes petites et moyennes, il a regroupé 90 % de la population des petites villes et mis 300 000 personnes dans les rues. Ce fut une coalition non d'organisations, mais du peuple, de tout le monde, organisés ou non. Il n'y a pas eu besoin de dire aux gens quoi faire, ni de chefs, les gens sont restés maîtres de leurs actes, et ont créé des comités locaux sur la base de l'interconnaissance entre voisins, sur le plan local ; nous ne les avons soutenus qu'en cas de besoin ; certaines entreprises ont soutenu le mouvement. Nous avons gagné car nous avons combiné trois modes d'action : la manifestation ; la grève ; le fait symbolique de nous habiller en noir (6 millions d epersonnes l'ont fait). Intervention de Marta Lempert.
12.Bienvenue dans l'Europe du Brexit !...Le Brexit illustre la double face du néolibéralisme actuel : destruction des droits du travail existants, extrême précarité et criminalisation des travailleurs migrants d'une part, discours et politiques racistes alimentant la montée de l'extrême droite, d'autre part. Les grèves des femmes et celles des migrants sont en train de se développer. Les résistances montent et on est au début de quelque chose... En Angleterre naît l'idée de se retirer du travail une journée pour les différentes commmunautés de migrants. En Allemagne les organsiations de réfugiés ont poussé très fort et les activistes sont deux fois plus nombreux en deux ans, les meetings rassemblent moitié migrants – Afghans surtout- et moitié Allemands. Les gens commencent à dire non à leurs politiques, réfléchissent à quel type de société ils aspirent, à des villes solidaires, à la liberté de circuler. Mais il y a un énorme travail de communication et de liens à faire, et à dépasser les très nombreuses luttes pour obtenir des titres de séjour pour aller vers la grève globale.
(Interventions de participantes italiennes, notamment
martinatazz@gmail.com, et d'un participant américain qui pense que les manifestations contre Trump seront insuffisantes et qu'il faut l'arrêter de suite car on va droit au nazisme)
13.Qu'est-ce que la grève sociale ? Quels sont ses modes d'action ?Aujourd'hui le capitalisme s'attaque à tous les aspects de nos vies, et pour les migrants à leur vie même. Il nous faut donc lui répondre par des luttes sur les deux plans, celui du travail, là où le capital extrait sa plus-value et ses profits, mais aussi sur celui de la vie quotidienne, du logement, des services publics en pleine privatisation, alors même qu'ils sont au cœur de la reproduction de la vie. A nous d'inventer de nouveaux modes d'action !
Pour cela il faut sortir de l'isolement dans laquel on esaie de maintenir les luttes, car elles nous concernent tous finalement, chacun de nous est attaqué et touché.
Nous devons dénoncer la stratégie des capitalistes et de leurs alliés au pouvoir, qui est - tout en exploitant au maximum les travailleurs et en détruisant le peu de droits qu'ils ont arrachés par le passé - , de les désigner en assistés, en clandestins, d'en faire des boucs émissaires. (Steven, de Scandinavie, et Seth, de SUD commerce
sethwheeler15@googlemail.com)
Exemple : une grève des dockers par des syndicats radicaux en Scandinavie
Autre exemple : le refus collectif dans des emplois de soins.
Nous devons aussi amener les gens à se regrouper avec ceux qui sont confrontés au même probléme, les rassembler pour créer des résistances et reprendre du pouvoir, y compris par une 3è voie entre capitalisme et socialisme, celle des coopératives sociales, de la mutualisation, de la gestion collective des biens communs.
Exemple : les bailleurs privés de logements procèdent à une éviction forcée des locataires à bas revenus, qui ignorent leurs droits ; nous les amenons à refuser de signer les clauses qu'on leur propose.Le champ du logement est important, les sans papiers ne peuvent y accéder. (
benjamin.beach.09@ul.ac.uk ou
rentstrikenow@gmail.com)
A Berlin, les groupes de migrants se sont organisés en réseaux d'entr'aide ; mais nous voulons dépasser la solidarité et échapper aux logiques capitalistes … developper l'objectif de grève de la vie quotidienne ! (Julia, Pedro de Berlin Officina Precaria)
Roberto du CLAP, qui rappelle l'expérience en Italie du mouvement des coopératives sociales, plaide pour que les services de base restent la prérogative des autorités publiques locales – tout en mettant en garde contre le danger de corruption .. On doit pouvoir produire et travailler en se redistribuant entre nous la richesse produite, sans nourrir l'accumulation de capital. Nous devons monter une plateforme mutualiste d'action, un syndicalisme associatif.
Il y a eu récemment de fortes grèves dans la logistique à Londres, Brighton, Leeds, Bristol, très spontanées pour obtenir des contrats de travail ou les améliorer, mais ces combats sont restés trop isolés (
calluncant@gmail.com). . Il faut connecter entre eux les travailleurs et qu'ils/elles gardent le leadership de leurs luttes et grèves.
Ces grèves à Amazon et chez les travailleurs du secteur social ou du soin montrent l'importance de la résistance contre les nouveaux modes d'organisation numérique du travail (Eleanora) : il faut à la fois agir au niveau très local et s'organiser au niveau global ! Et agir sur le terrain de la production comme sur celui de la reproduction de la force de travail .
Nous avons pour tâche de créer des connections entre les luttes pour le droit au séjour, le droit à la ville et au logement, le droit au travail ; les travailleurs quel que soit leur statut ont les mêmes ennemis et ont à se re-connaître entre eux, à créer des espaces communs, comme des centres sociaux autogérés, où ils apprennent leurs droits.
Cela suppose que nous soyions plus ambitieux (Eleanora) et il nous faut utiliser aussi les instruments du désordre et de l'insubordination, pour briser le système qui nous ligote.
Exemple : les femmes sont confrontées à l'impossibilité d'être à la fois des mères de famille et des femmes de ménage ou de soin au travail, aux mêmes horaires ! D'où leur rôle dans les grèves récentes.
14. La grève logistiqueComment faire grève quand le patron est une machine, un logiciel ou une chaine ? Quand l'économie 'GIG' ou algorythmique (numérisation, ubérisation, cumul de jobs, fragmentation) s'étend à l'ensemble de l'économie ? Les travailleurs bougent sans cesse d'un job à un autre, le management devient un self ou auto-management. Le chacun pour soi et l'individualisation sont la règle. Actuellement, travailleurs des secteurs de livraison, logistique, uber, nous sommes connectés par ce qui nous divise.(Georgio)
Nos patrons eux sont organisés et communiquent entre eux. Il nous faut surmonter nos difficultés à nous organiser contre eux en créant entre nous des liens, et du soutien soit mutuel, soit externe. Agréger nos pouvoirs, notre savoir, notre énergie, notre argent, les mettre en commun (
valery.alraga@gmail.com)
Le moyen, c'est la grève sous toutes formes, légales ou pas, y compris le blocage. Il nous faut dépasser les grèves d'une journée appelées par les syndicats, et penser le travail comme élément d'une stratégie politique globale.
Nombreux exemples où les grèves ont réussi :
Liverpool, les livreurs, organisés au sein d'IWW (International Workers of the World), veulent que ce soient les syndicats qui régularisent les sans papiers .
Italie, avec SI COBAS Union, les grèves des travailleurs de la logistique contre des conditions de travail indignes et la stratégie de divisions racistes des firmes, s'étendant de Milan à Bologne puis Rome, ont mis en pointe les travailleurs migrants malgré une terrible répression. Il a fallu au départ des soutiens extérieurs, notamment de jeunes. Les grèves ont réussi à imposer un accord national pour de meilleurs salaires et des garanties de 70 compagnies, grâce à leur capacité de blocage des transports de marchandises ;
Quid des hackers ? (Evelyne) Internet peut être pour nous un outil d'information et de connection ( Stefan Andonov, Bulgarie
kaz.qta@gmail.com,
benjamin.beach.09@ucl.ac.uk et
simon-y@live.co.uk)
15.Vers la grève globale des femmes le 8 marsLe capitalisme impose aux femmes une pression et exploitation spécifique car double, dans le secteur productif et dans celui de la reproduction de la vie. Plus que des évènements ponctuels, nous sommes engagées dans un processus long, et c'est le moment de se mettre en grève sociale globale, légale ou non. (Contact
antonia.bright@ueaa.net car elle n'a aucun contact en france...)
16. Migrants, disparités salariales et racisme institutionnelLa stratégie du capiralisme est de nous diviser en entretenant le racisme et le populisme. Les luttes des migrants sont à la fois sur le droit au séjour, sur les salaires et conditions de travail, elles ont permis dans tous les pays des victoiresnon négligeables, avec notamment Angry Workers of the World, Si Cobas … Mais l'offensive des politiciens s'aggrave, ils érigent des murs, persécutent les migrants, développent leur logistique anti-humaine. Il nous faut travailler encore plus ensemble au niveau aussi international.(Gabriela)
Exemple de lutte : la campagne des assistantes et aides aux malades et personnes âgées, aux Pays-bas (social care) : européennes ou non, elles se battent comme tous les migrants non seulement pour le droit au séjour mais pour leurs droits au travail, pour vivre en sécurité.
Un moyen de lutte : « Un jour sans nous ! » (One day without us)
Cela vient d'être tenté par des salariés de dizaines de restaurants à Washington, avec succès, contre les 1ères mesures de Trump, et ça se développe dans les secteurs du soin et de la nourriture aux USA, en Californie, face à l'approche de cataclysmes inhumains.
Comment s'y prendre ? En agrégeant ensemble des gens par le lieu de travail, la communauté, les églises, les médias, et on espère avec le soutien des syndicats (en retard).
'Un jour sans nous', cela signifie 'Un jour de reprise de pouvoir.'(empowerment). Quand ça se développe, les patrons soutiennent par force ou par compréhension.
L'insubordination devient ainsi un outil de lutte politique aux mains des migrants. Quand les gens descendent dans la rue, la grève devient visible. Ce fut le cas en Italie. (en France aussi avec Nuit Debout)
ConclusionsLa grève est un outil , pas le seul. Il y a le blocage, le boycott... La grève est un moment, parmi d'autres, d'insubordination.
Il nous faut pousser les syndicats, affaiblis, aller plus loin, car notre combat est à la fois social et politique.
Il nous faut amener les gens à travailler ensemble, aller les chercher là où le travail est devenu invisible, où les protections ont été détruites.
Une Newsletter est créée
envoyer articles si possible en anglais à
sarahlizdolores@riseup.net2.Calendrier des actions prévues en EuropeLondres 20/2/2017 : Walk Out March ! Shut Down London ! (
http://tinyurl.com/h4ztdy5)
contre la venue de Trump en visite, Londres Ville Morte ! Stop Trump ! Stop Brexit ! Brexit is racist. Defend international Students ! End Prevent ! Resist Immigration Raids ! Shut Down Detention Centers ! Stop Mass Deportation Flights ! Open the Borders ! Plusieurs marches, convergeant vers le Parlement.Contact :
mfj@ueaa.net facebook.com/movementforjustice
Bologne 24/2 Manif pour migrants et réfugiés, ce ne sont pas les syndicats à l'origine, ce n'est pas centralisé.
3.Contacts européensUK :
Plan C :
rebelroouk@gmail.comOne Day Without Us :
mfj@ueaa.netIWW Union ( International Workers of the World)
Angry Workers of the World
Precarious Workers Brigade
Rent Strike Network
Radical Housing Network
Feminist Fightback
Mark Bergfeld en Phd Queen Mary Univ
m.d.bergfeld@qmul.ac.ukITALIE :
CLAP (Camere del lavoro Autonomo e precario)
Coordinamento Migranti
Connessioni Precarie
SI COBAS Union
ALLEMAGNE :
Berlin Migrant Strikers
No one is illlegal
TIE International
UMS Ganzel
Workers'Center (Munich)
Mark Bergfeld
m.d.bergfeld@qmul.ac.uk phD chercheur sur les luttes sur le travail
POLOGNE :
Black Protest
International Women Strike
Workers'Initiative Union
BULGARIE :
Autonomous Workers Syndicate (
kaz.Qto@gmail.com)
DBEPCNR
SLOVENIE :
Second Home
Social Center Rog
Student Organization ISKRA
SUEDE :
Alit ât Alli
Avprivatisera Hagsätra
Brand Magazine
Suisse :
eva.fernandez@unige.chIRLANDE :
Strike4Repeal
FRANCE :
Union Syndicale Solidaires (Moussa de New Look, Sylvain de SUD , Sabrina de Solidaires Précaires Nantes, et deux autres camarades :
sylvain@solidaires.org)
CIP-IDF ( Muriel Wolfers)
Stop Précarité (Evelyne Perrin)
UL CGT La Courneuve ( ? pas vue)
4.L'appel initial au WE de février 2017 à Londres :
TRANSNATIONAL SOCIAL STRIKE — LONDON ASSEMBLY — CALLOUT
10th-12th February 2017
With as many as 2 million EU migrants facing the uncertainty of Brexit, with many non-EU migrants asking for asylum or simply working in the UK facing the exacerbation of immigration controls, on the 20th February 2017 a “migrant strike” has been proposed in the UK called «one day without us». The term — initiated from the US in 2006 and taken up in France and Italy in 2010 — drove a need for migrants to gain centre stage in their struggles against exploitation and for the right of freedom of movement — not only of their generalised contribution to maintaining wealth in society as workers but as the expression of their power of disruption. It is these experiences of strike that we plan also to re-animate in the UK: in spite of Brexit, this migrant strike will be a real European matter.
The media is saturated with the typical stories of fear about migrants, about the changing characters of our towns and cities, the driving down of wages and the increase of unemployment and competition. Against this backdrop, the EU is assuming a very harsh policy of asylum and overall institutional racism, and it is also making internal EU migrants subject to stricter and stricter residency rules, fostering an absolute subordination to precarity and exploitation. While the return to national sovereignty and national «purity» is sold as the way out to the crisis, the very agreement between national governments and the EU institutions is the generalization of precarity, cuts in welfare and the downgrading of living conditions for all. Brexit did not cause this, but it will make these fights much harder to win.
In this context, solidarity with migrants is not enough: by picking the strike as a political weapon, migrants are choosing not to be victims nor sheer numbers, but the protagonists of their struggles, calling all the others to join them in a common fight. We need to build the conditions so that refugees, migrants, citizens, precarious and industrial workers stand on the same side against institutional racism, for healthcare and education, for better wages and labour conditions. In this sense the 20F imposes to re-think the strike beyond its strictly legalized borders, as a practice of insubordination able to go through all society and connect the fight against exploitation and that against its political conditions.
In thinking how to do this we can rely on previous experiences of migrant strikes, on recent strike movements such as the French struggle against the “loi travail” and the Polish women’s strike against the abortion ban, and we can gain force from the upcoming women’s strike of March 8th. For discussing this possibility of the strike and putting into connections different movements against exploitation and institutional racism, the Transnational Social Strike Platform invites you to a meeting towards migrants’ strike on February 20th.
The meeting will take place in London, UK on 10th-12th February 2017, with workshops and plenary meetings, and will be a nationwide as well as transnational moment to discuss the political chance of One day without us and the strike as a political weapon