Moyen Orient

Moyen Orient

Messagede bipbip » 04 Jan 2016, 03:26

Quelques éléments sur l’histoire du Moyen-Orient
Quelques éléments sur l’histoire du Moyen-Orient

Pour essayer de s’y retrouver derrière les discours autour de ce bourbier, il faut se rappeler que cette alliance apparemment paradoxale est très ancienne. La famille royale d’Arabie Saoudite a été mise sur le siège par les Britanniques au lendemain de la 1ère guerre mondiale. De façon générale, l’histoire actuelle est issue des accords de Sèvres au lendemain de la grande guerre partageant les décombres de l’empire ottoman entre la France et l’Angleterre. Et en son cœur depuis 1948 la création de l’état d’Israël et la lutte de la Palestine.

Des jeux de guerre qui durent depuis très longtemps

Petit rappel. Pendant la guerre froide, les Etats-Unis financent discrètement des mouvements fondamentalistes pour combattre l’influence des communistes. La révolution islamique en Iran a lieu en 1979, la prise d’otage de l’ambassade américaine à la fin de cette année. 1980, l’Irak envahit l’Iran, avec le soutien et notamment la fourniture en armement (pas gratuite, on le verra plus tard) des puissances occidentales. Cette guerre va durer 8 ans avant de revenir aux frontières précédentes, et faire 300000 morts côté irakien, peut-être 1 million côté iranien. Ce fut une guerre terrible avec utilisation d’armes chimiques (fournies par l’occident).
Après la guerre, l’Irak a un problème : il est lourdement endetté. Les puissances occidentales ont un problème : elles ont surarmé une puissance régionale qui est indépendante des Etats-Unis et de leurs alliés. En 1989, de nouveaux rapports de force internationaux se profilent avec la chûte du mur de Berlin. L’Irak envahit alors en 1990 une région du Koweit qui a toujours été contestée entre les deux pays, enclave dessinée aux lendemains de la première guerre mondiale par les britanniques pour lui boucher l’accès à la mer. On sait que les Etats-Unis l’ont sciemment laissé faire pour aussitôt saisir le conseil de sécurité des Nations Unies. Ce sera au choix la deuxième guerre du Golfe ou la première guerre en Irak, sous l’égide de l’ONU et la direction effective de Georges Bush père, à laquelle participe la France. En 6 semaines, le territoire irakien reçoit environ 80 000 tonnes de bombes, quantitativement autant que l’Allemagne pendant toute la Seconde Guerre mondiale. À la suite de ces bombardements, des milliers de familles sont forcées de fuir le pays. Plus de 100 000 soldats irakiens ont été tués et 35 000 victimes civiles ont péri sous les bombardements. A la fin de la guerre, les kurdes et les chiites, que la coalition avait invités à se révolter contre Saddam Hussain, sont massacrés, sans que celle-ci ne lève le petit doigt. Un embargo total est ensuite imposé. Conjugué à la disparition des infrastructures civiles liée aux bombardements, ses effets sur la population seront terribles. L’Irak est considérablement affaibli, ce qui était le but.
Pendant ce temps, l’Afghanistan a été occupé par l’URSS en 1979, pour soutenir le gouvernement communiste en place. Les troupes soviétiques se retirent en 1989, et c’est le début de la guerre civile entre des combattants en partie formés et armés par les USA. Parmi eux, les talibans prennent le pouvoir en 1996. Al Qaida est né de la résistance afghane contre l’union soviétique. Ou plus exactement de la solidarité étrangère à cette résistance, puisqu’Oussame Ben Laden appartenait à une famille saoudienne puissante, elle-même donc proche d’un pouvoir allié indéfectible des Etats-Unis...
Et le 11 septembre 2001, la situation bascule. Les talibans deviennent l’ennemi à abattre (faute de pouvoir toucher aux Saoudiens ???), et les Etats-Unis interviennent dès le mois d’octobre.

La seconde intervention politique en Irak : les choix dangereux de Washington

L’accélérateur de l’expansion de l’islamisme politique au sein de la société sunnite, c’est bien sur l’intervention américaine de 2003. Les américains inventent une jolie fable (les armes de destruction massive) et donnent à l’opinion publique internationale l’impression que le régime de Saddam Hussein et l’islamisme d’Al Quaida ne sont qu’une seule et même entité. C’est évidemment faux. Le régime en place, mené par le Parti Baas, bien qu’il privilégie la majorité sunnite en Irak ne s’est jamais aventuré dans les méandres de l’islam politique. Régime dictatorial et bien entendu sanglant, il s’inscrit dans la continuité du courant panarabe, courant qui cherche à unifier le monde arabe politiquement autour de l’identité arabe et non l’identité mulsulmane. Les islamistes sont considérés par les membres du parti Baas comme des ennemis politiques et ne prospèrent que très peu en Irak avant 2003.
L’intervention américaine rebrasse les carte. Elle s’appuie en effet sur un modèle de pratiques coloniales classique : privilégier une minorité plutôt qu’une autre. Ces utilisations ont toujours eu court dans les pays occupés (le Sri Lanka en est un exemple frappant). Il est à noter que systématiquement ces utilisations identitaires finissent par une instabilité politique et, à court ou moyen terme, par un bain de sang. Qu’à cela ne tienne, la maison blanche et l’administration Bush foncent tête baissée. Ils confieront donc l’Irak à la majorité chiite, jusque là éloignée du pouvoir par le régime de Saddam. L’une des premières mesure de l’administration Bush, aidé par son pantin, le gouvernement Irakien, est de limoger la totalité des officiers et des sous officiers de l’armée irakienne. Ceux ci se retrouvent sans un sou, privés de travail du fait de la nouvelle discrimination touchant les sunnites. Nombreux seront les militaires Irakiens à rejoindre ce qui s’appelait encore Al Quaida en Irak.
Le gouvernement mené par Nouri al-Maliki à partir de 2006 fait exactement ce que lui demande Washington : il ouvre les champs pétrolifères aux entreprises américaines et promet un combat sans merci contre le terrorisme. Ce terrorisme là est à cette époque composé d’une poigné de combattants menant des actions dans les déserts du sud du pays. Les Etats-Unis lui laissent par contre la mainmise sur sa politique intérieure. Al-Maliki et ses partisans continuent donc à discriminer les sunnites sans relâche. Mais c’est après le départ des soldats américains qu’Al-Maliki se permet de passer à la vitesse supérieure. En s’appuyant sur une population chiite galvanisée et elle aussi très extrémiste, il va mener une série d’actions contre les sunnites. D’abord en faisant arrêter la plupart des représentants légaux, puis en écrasant dans le sang des rassemblements pacifiques sunnites. Cette population sunnite va se voir proposer comme unique force politique les forces islamistes, qui renaissent de leurs cendres à partir de 2008, à mesure qu’Al-Maliki s’enfonce dans la violence et le racisme anti sunnite.
Daesh naitra de là. S’appuyant sur une population soutien ou du moins complaisante qui ne perçoit l’armée Irakienne que comme une des multiples milice chiites qui pullulent dans l’est du pays.

La Syrie, ou comment la confessionnalisation du conflit a entraîné le chaos

La Syrie relève d’une dynamique différente. Le conflit nait d’abord d’une révolution populaire et non violente. Cette révolution est écrasée dans le sang par Bachar El assad. Une multitude de groupe luttent contre l’état. Les groupes proches des mouvements révolutionnaires bien sûr, mais aussi des groupes djihadistes se sont affrontés militairement de manière très dure avec l’armée Syrienne. Mais, au sein de la résistance, c’est bien les djihadistes qui ont prit le pas sur les autres tendances. Et ce grâce à plusieurs facteurs :
• Les financements de la Turquie (empressée de voir la chute de Bachar), mais surtout des pays du Golfe, où nombre de milliardaires ont vu d’un très bon oeil l’émergence d’un groupe djihadiste proche de leur vision traditionaliste et réactionnaire de l’islam. Le royaume voit surtout d’un très bon œil une menace sur la construction d’un oléoduc iranien avec un débouché sur la Méditerranée.
• L’arrivée de forces militaires et politiques venant d’Irak et regroupées sous la bannière de "l’état Islamique"
• L’arrivée en force de milliers de combattants, venant des pays occidentaux et attirés par l’orthodoxie religieuse proposé par cette nouvelle organisation millénariste : Daesh. Parallèlement à la monté des Islamistes, le régime de Bachar a joué la carte de "l’anti terrorisme" sur le plan international. Il a réussi à construire une identité religieuse aux rebelles. Les rebelles ne seraient donc que des islamistes. Il s’agirait donc d’une guerre de religion. Cette position avantage Bachar : il peut se remettre dans le jeu international, mais peut aussi liquider toutes les revendications sociales de la révolution et légitimer tous les massacres qu’il a ordonnés. Pour Daesh et son chef spirituel Al-Bagdadi, la Syrie fut donc un moyen de s’étendre militairement et politiquement. Bien que le foyer et le cœur opérationnel de Daesh est en Irak, la Syrie offre une force de propagande immense internationalement. Elle permet de réussir surtout un des souhaits les plus chers de Daesh : créer un état islamiste rigoriste transnational.

Aujourd’hui : Daesh, un monstre qui n’obéit qu’à lui même

Car on aurait bien tort de voir en daesh une entité manipulée, une simple entité capitaliste au sein du monde musulman. Comme toutes les idéologies totalitaires, il dispose d’une dynamique qui lui est propre, de positions politiques intransigeantes, et de volonté expansionnistes à même d’étendre le désastre guerrier bien au delà des simples Syrie et Irak. Les attentats de Paris sont là pour le rappeler. Toute l’histoire du Moyen-Orient aussi. Les décennies qui nous précèdent sont des décennies de manipulations, de coups fourrés à court terme des grandes puissances comme des puissances régionales, mais des coups fourrés qui à chaque fois échappent à leurs auteurs. Car ces intégristes que les puissances occidentales ont aidés contre le communisme ont bien sûr leurs objectifs propres, et notamment de combattre lesdites puissances. Mais aussi parce que dans leur guerre idéologique les puissances occidentales sont empêtrées dans leur alliance avec les états de la péninsule arabique. Le deal initié par les anglais reste toujours le même : appuyer un pouvoir dictatorial et religieux pour avoir la liberté d’exploiter les richesses pétrolières. Sauf que ce pouvoir religieux finance à travers le monde les prédications wahhabites et salafistes, celles-là même qui sont le terreau idéologique dont se nourrissent daesh et autres Al-Qaida, au-delà de leur dimension mafieuse. La Turquie est un autre exemple de cette contradiction : pilier du côté américain au moment de la guerre froide au point de faire partie de l’OTAN, le moins qu’on puisse dire est qu’elle combat peu daesh. Par contre, les Kurdes, qui eux se battent sur le terrain, restent inscrits sur la liste des organisations terroristes...

Manou et Sylvie, Paris

http://www.oclibertaire.lautre.net/spip.php?article1775



Proche-Orient : La course à la suprématie

Le Proche-Orient est devenu un terrain de jeu où les différents impérialismes s’entrechoquent. Petite revue des forces en présence et de leurs intérêts respectifs.

En 2011, les révoltes populaires dans le monde arabe ont ébranlé l’ordre géopolitique en place depuis la fin de la guerre froide, sans parvenir à le renverser. Pendant un temps les pétromonarchies du Golfe ont été prises de panique à l’idée d’être touchées également. Les puissances occidentales ont craint de voir leur influence remise en cause par des régimes démocratiques indépendants. De leur côté, l’Iran et la Russie se sont retrouvés en situation de perdre leurs alliés dans la région et d’être marginalisés. Ces multiples impérialismes aux intérêts conflictuels ont réussi à détourner l’élan révolutionnaire, à le faire bifurquer vers des luttes de pouvoir dans lesquelles les populations ont tout à perdre.

Après un flottement, les Occidentaux, les pétromonarchies et la Turquie sont intervenus pour retourner la situation en leur faveur, mais le bilan est catastrophique, la région est déstabilisée, le chaos qui se répand plonge des dizaines de millions de personnes dans la misère et profite avant tout aux islamistes. Irak, Libye, Syrie et maintenant Yémen en sont les illustrations. En Syrie, les Occidentaux s’acharnent depuis quatre ans à renverser Assad, sans succès car le régime résiste mieux que prévu grâce à l’Iran et la Russie. Dépossédé de sa révolution, le peuple syrien est prisonnier des rivalités entre impérialismes régionaux et internationaux. Le pays est ravagé, environ 250 000 personnes sont mortes, des millions d’autres sont déplacées ou réfugiées à l’étranger. Le nombre d’acteurs, leurs objectifs spécifiques rendent le conflit syrien particulièrement complexe.

La Syrie est le champ de bataille principal entre les impérialismes iranien et saoudien pour la domination sur le Moyen-Orient, une rivalité aggravée par des antagonismes religieux, chiites contre sunnites et Perses contre Arabes. Le régime de Damas est vital pour les ambitions iraniennes, il donne à Téhéran un accès à la Méditerranée et un corridor sûr pour le soutien au Hezbollah libanais. Ses deux alliés arabes sont pour l’Iran un moyen de dissuasion contre Israël. Si Assad tombe, le Hezbollah est vulnérable à une attaque israélienne et l’Iran perd ses deux meilleurs atouts géopolitiques. C’est pourquoi l’Arabie saoudite s’acharne contre la Syrie, d’autant plus qu’à la suite de l’invasion de l’Irak, les partis chiites irakiens ont pris le pouvoir à Bagdad, offrant à l’Iran une continuité jusqu’à la mer. L’Arabie saoudite vit dans l’obsession de « l’arc chiite », c’est sur le registre de la guerre sainte qu’elle mobilise les milliers de sunnites qui vont combattre en Syrie, tandis que ses pétrodollars financent les tendances islamistes les plus radicales de l’opposition syrienne, en particuliers l’Armée de la conquête, une des plus puissantes coalitions armées, composée principalement du Front al-Nusra (al-Qaïda en Syrie) et de Ahrar al-Sham.

Instrumentaliser l’islam politique

Le Qatar et la Turquie sont aussi des acteurs de poids dans le camp des anti-Assad. Le Qatar regorge de pétrodollars qu’il investit avec l’objectif de se faire une place à la table des décideurs. De plus, il a le projet d’exporter son gaz vers le marché européen en construisant un gazoduc à travers l’Arabie saoudite, la Jordanie, la Syrie, projet concurrent de celui des Iraniens qui veulent atteindre le même marché via l’Irak et la Syrie. La Turquie veut s’affirmer comme une puissance régionale au niveau de l’Arabie saoudite et de l’Iran, Erdogan rêve d’un nouvel empire ottoman. La révolte syrienne a été l’occasion de formuler ses ambitions impérialistes ; il est un des principaux soutiens de l’opposition armée. C’est par la Turquie que transitent les combattants, les armes et les munitions de toutes les tendances anti-Assad, y compris Daech. La Turquie est d’autant plus engagée qu’à la faveur des événements les Kurdes syriens ont acquis une grande autonomie et une sympathie internationale.

Ancienne puissance coloniale, la France est une des plus acharnée à vouloir la perte d’Assad. Derrière la rhétorique démocratique de nos gouvernants se cachent des intérêts moins avouables. En adoptant une ligne dure sur la Syrie, Paris cherche avant tout à séduire les pétromonarchies dans le but de leur vendre plus d’armement mais aussi avec l’espoir qu’elles investissent leurs pétrodollars dans ­l’économie française.

La Syrie est un des principaux lieux d’affrontement entre un impérialisme américain affaibli et un impérialisme russe en plein renouveau. Deux visions de l’ordre international s’y confrontent, un monde unipolaire dominé par les USA contre un monde multipolaire dirigé par un club fermé de grandes puissances égales entre elles. En intervenant militairement au côté d’Assad, le Kremlin vient défier les prétentions hégémoniques américaines au Proche-Orient, dans le but d’être enfin traité sur un pieds d’égalité par Washington. Deux discours s’opposent, pour Obama Assad est la source de tous les problèmes, tant qu’il sera au pouvoir la guerre continuera et Daech prospérera, pour Poutine au contraire il est la solution, seul le régime a la capacité de vaincre le terrorisme.

Washington ne veut pas anéantir Daech, il se borne à l’endiguer car il est utile. Les États-Unis n’ont pas abandonné la tactique d’instrumentaliser l’islam politique, l’expérience de l’Afghanistan ne leur a pas servi de leçon. Ayant été obligés de quitter l’Irak sans garder de bases, ils se servent de Daech pour négocier avec le gouvernement chiite une présence militaire permanente. Mais en agissant ainsi ils courent le risque que Bagdad bascule dans le camp de l’Iran et de la Russie. Surtout, Daech est l’ennemi le plus dangereux du régime syrien qu’ils veulent renverser, l’idée est que leurs deux ennemis s’épuisent en se combattant et que les groupes armés syriens pro-Occidentaux ramassent la mise. Mais ceux-ci ne pèsent pas lourd militairement et sont incapables de vaincre qui que ce soit, même avec l’appui aérien de la coalition aérienne occidentale, ce que savent parfaitement leurs parrains. Les Kurdes du YPG/YPJ sont la seule force crédible sur laquelle peuvent compter les USA, mais cela crée de fortes tensions avec leurs alliés turcs pour qui tout est préférable à un Rojava autonome.

Impérialisme américain, impérialisme russe

C’est l’impasse de cette stratégie qui a créé les conditions favorables à l’intervention russe. Moscou a mis en place sa propre coalition composée de l’armée régulière et des nombreuses milices syriennes qui lui sont liées, du Hezbollah libanais, de milices chiites islamistes irakiennes et afghanes, et d’un contingent de militaires iraniens. L’objectif immédiat est de rétablir la situation militaire du régime pour qu’il soit en position de force dans les négociations d’une solution politique au conflit. À moyen terme, si Poutine réussit son pari, l’impérialisme américain sera marginalisé tandis que l’impérialisme russe verra ses marges de manœuvre considérablement augmentées. Le calvaire des peuples du Proche-Orient n’est pas terminé, l’avenir est sombre mais l’espoir n’est pas mort. La lutte exemplaire des Kurdes du Rojava ouvre la perspective d’une région débarrassée des divers impérialismes qui la saignent. Bien sur, le chemin sera difficile et long mais avec l’aide des forces progressistes du monde entier l’oppression peut être vaincue.

Hervé (AL Marseille)

http://alternativelibertaire.org/?Proch ... ourse-a-la
Avatar de l’utilisateur-trice
bipbip
 
Messages: 35413
Enregistré le: 10 Fév 2011, 10:05

Re: Moyen Orient

Messagede bipbip » 16 Jan 2016, 15:10

L’Orient et la première guerre mondiale, un dossier au long cours

Théâtre d’opérations quelque peu oublié dans un centenaire très centré sur l’Europe, la région qui s’étend de l’Afrique du Nord au Caucase et aux confins de l’Asie centrale en passant par ce que l’on appelait alors « le Levant » a été bouleversé par la première guerre mondiale. Offensives meurtrières, fronts très étendus et couvrant des immensités désertiques, glaciales ou torrides, catastrophes naturelles et humanitaires, violences extrêmes participent d’hostilités qui ne sont pas encore marquées par le caractère industriel des combats en Europe.

Orient XXI a choisi de revenir sur les différentes facettes de la première guerre mondiale, de Marrakech à Erevan, d’Istanbul à Khartoum, de Tripoli à La Mecque. Des historiens issus de zones géographiques différentes et d’horizons historiographiques multiples relatent les événements diplomatiques, politiques, militaires, économiques, et sociétaux. L’approche est double : « classique », vue d’en haut pour les uns, et pour les autres plus inédite, celle des sociétés en guerre. Leurs contributions permettent aussi de comprendre les bouleversements actuels, à l’heure de la remise en cause des frontières issues de la première guerre mondiale et des soulèvements des peuples arabes.

... http://orientxxi.info/l-orient-dans-la- ... cours,0709
Avatar de l’utilisateur-trice
bipbip
 
Messages: 35413
Enregistré le: 10 Fév 2011, 10:05

Re: Moyen Orient

Messagede Pïérô » 18 Mar 2016, 16:49

Daesh a perdu 22% de son territoire depuis le 1er janvier 2015, dont 8% entre le 1er janvier et le 14 mars 2016

Cartes : http://lephenixkurde.tumblr.com/post/14 ... uis-le-1er
Image------------ Demain Le Grand Soir --------- --------- C’est dans la rue qu'çà s'passe --------
Avatar de l’utilisateur-trice
Pïérô
 
Messages: 22436
Enregistré le: 12 Juil 2008, 22:43
Localisation: 37, Saint-Pierre-des-Corps

Re: Moyen Orient

Messagede bipbip » 11 Nov 2016, 17:23

Pays du Golfe : Répression des cyberactivistes

Dans les Etats du Conseil de coopération du Golfe (l’Arabie saoudite, Bahreïn, le Koweït, Oman, le Qatar et les Emirats arabes unis) qui interdisent pour la plupart les partis politiques et les manifestations, de nombreux dissidents se sont tournés vers les plateformes des réseaux sociaux. Des centaines d’entre eux ont été emprisonnées à l’issue de procédure incluant parfois des tortures et de retrait de nationalité. Parmi eux figurent l’opposant bahreïni Nabil Rajab, accusé d’avoir « insulté » les autorités de Manama et de Ryad, et l’activiste saoudien Walid Abulkhair qui purge une peine de 15 ans de prison, ou l’avocat émirati Mohammed al-Roken, emprisonné depuis 2013 pour « complot ».

Les gouvernements du CCG ont utilisé de la technologie de surveillance achetée à des entreprises occidentales et israéliennes pour suivre les activités en ligne de certains de leurs citoyens. A l’exception du Koweït, tous les gouvernements de cette région ont utilisé un logiciel intrusif qui permet à un gouvernement d’accéder aux emails, aux messages texte, à l’historique des appels (téléphoniques), aux listes de contacts, aux dossiers et, potentiellement, aux mots de passe de l’internaute surveillé.

http://www.secoursrouge.org/Pays-du-Gol ... activistes
Avatar de l’utilisateur-trice
bipbip
 
Messages: 35413
Enregistré le: 10 Fév 2011, 10:05

Re: Moyen Orient

Messagede bipbip » 22 Juin 2017, 21:54

Moyen-Orient : La future dépouille du califat de Daech attise la convoitise des impérialistes

La prise de pouvoir de Donald Trump bouscule les équilibres en Irak et en Syrie. Les États-Unis entendent bien défendre leurs intérêts, et la défaite prochaine de l’État islamique ne fera donc pas cesser les hostilités.

L’arrivée d’un nouveau locataire à la Maison Blanche est toujours un évènement pour le Moyen-Orient, tant la destinée de cette région est influencée par l’impérialisme américain. Donald Trump était d’autant plus attendu qu’il avait promis des changements de politiques étrangères en contradiction avec les volontés de l’establishment de Washington : moins d’aventurisme guerrier, rapprochement avec le Kremlin, priorité à la lutte contre Daech sur le changement de régime en Syrie, remise en cause de l’accord nucléaire avec l’Iran.

Sa première action d’envergure en Syrie a déconcerté tout le monde. Suite à l’attaque chimique de Khan Cheikhoun attribué sans autre forme de procès au régime de Bachar el-Assad, il lance le 6 avril une salve de missiles Tomahawk ­contre la base aérienne d’Al-Chayrat. Dans les jours qui suivent la tension monte avec la Russie. Revirement complet, reddition face à ses ennemis à Washington ? Rien ne permet de le dire.

L’attaque est symbolique, le corps expéditionnaire russe a été prévenu deux heures avant pour éviter une bavure, l’aéroport est très vite redevenu opérationnel. C’est avant tout une opération de politique intérieure, et c’est une aussi une démonstration de force à destination des nombreux ennemis des États-Unis, la Corée du Nord en particulier. Son message est clair : attention un nouveau sheriff est en ville, c’est un dur. Par contre, la politique moyen-orientale de Washington reste floue, incertaine, d’autant plus qu’elle est l’objet ­d’une lutte acharnée entre Trump et une partie de l’appareil d’État.

Seule certitude, les Kurdes irakiens et syriens gardent leur statut de meilleurs alliés locaux dans la lutte contre Daech. En Syrie, le Pentagone s’appuie sur les Kurdes des YPG qui avec d’autres petits groupes armés arabes forment les Forces démocratiques syriennes, pour s’emparer de Raqqa, la capitale du califat de Daech.

La victoire au forceps de Recep Erdogan lors du référendum constitutionnel du 16 avril [1] a aussi des implications importantes pour la région. Le président turc ne cache pas qu’il ambitionne de faire renaître l’Empire ottoman et d’en faire le centre de l’islam sunnite, ce qui le met en concurrence avec l’impérialisme iranien. Dans ce but, il mène une politique impérialiste agressive contre l’Irak et la Syrie en proie à des insurrections armées et alliés de Téhéran.

Depuis la fin 2015, l’armée turque occupe une base en territoire irakien à Bachiqa au nord de Mossoul, malgré l’opposition du gouvernement de Bagdad. Dans ce camp, elle entraîne des pechmergas du PDK de Barzani, des milices turkmènes irakiennes qui servent à contrer l’influence de ­l’Iran dans le pays. C’est aussi un moyen de revendiquer les « droits historiques » de la Turquie sur Mossoul.

En Syrie, au cours de l’été 2016, Erdogan a conclu un accord tactique avec Vladimir Poutine, troquant Alep est avec une zone d’occupation au nord de la province d’Alep [2]. Dans l’immédiat, cela lui a permis d’empêcher l’unification du Rojava, à terme, il tentera certainement de transformer cette occupation provisoire en annexion définitive.

Les premiers actes d’Erdogan après sa victoire électorale montrent clairement qu’il ne changera pas de cap, au contraire on assiste à une fuite en avant, dont la gauche kurde est la première à faire les frais. Le 25 avril, l’aviation turque lance une série de raids sur les positions du PKK en Irak, dans les monts Qandil et pour la première fois dans le Sinjar. En Syrie, le bombardement d’un QG et une radio des YPG fait une vingtaine de morts. Les jours d’après, les attaques contre le Rojava se poursuivent et les troupes massées à la frontière font craindre une invasion terrestre. Mais les ambitions d’Ankara sont en contradiction avec les intérêts des impérialismes américains et russes. D’un commun accord Washington et Moscou envoient des soldats s’interposer entre l’armée turque et les YPG, les Américains au Rojava est, les Russes à l’ouest dans le canton d’Afrin.

Au cas où le message n’aurait pas été compris, le 9 mai le gouvernement des États-Unis annonce officiellement qu’il va armer les YPG dans la perspective rapprochée de la bataille de Raqqa. Ce n’est pas la première fois que le Pentagone leur fournit des armes, mais jusqu’à présent il le faisait discrètement pour ne pas froisser la susceptibilité turque. Pour Trump la victoire politique qu’il escompte tirer de la prise de la capitale de Daech est plus importante que les états d’âme d’Erdogan. C’est aussi un avertissement concernant le rapprochement entre Ankara et Moscou.

Le 4 mai, l’Iran, la Russie et la Turquie signent à Astana un accord sur la Syrie, il instaure quatre zones de « désescalade » sans combats et il est sensé poser les bases d’une solution politique ultérieure. Il s’agit en fait d’un accord tactique : il permet aux rebelles syriens soutenus par Ankara de souffler et de reprendre des forces après des défaites coûteuses dans l’ouest du pays, tandis que Damas peut redéployer des troupes sur le front est contre Daesh.

Riposte de la Russie et de l’Iran

La fin prochaine du califat attise les convoitises, la course pour s’arracher sa future dépouille est lancée. Les divers impérialismes et leurs alliés locaux cherchent à s’y tailler des zones d’influences durables. L’enjeu dépasse le cadre syrien, il concerne l’équilibre des forces au Moyen-Orient pour les années qui viennent, entre d’un côté les pays sunnites – l’Arabie Saoudite, le Qatar, la Jordanie, la Turquie soutenus par les occidentaux et Israël –, et de l’autre « l’arc chiite » – ­l’Iran, l’Irak, la Syrie, le Hezbollah libanais, avec le soutien russe. À défaut de mettre à Damas un régime qui leur soit favorable, les États-Unis et leurs alliés locaux veulent au moins couper la route terrestre entre l’Iran et la méditerranée.

Fin avril des unités de l’Armée syrienne libre soutenues par les États-Unis, la Jordanie et le Royaume Uni ont lancé une offensive dans le désert syrien avec l’objectif de prendre le contrôle de la frontière avec l’Irak. Jusqu’à présent ils se sont emparés du passage frontaliers d’Al Tanf au sud-est et il foncent vers celui d’Al Bukamal au nord-est.

L’accord d’Astana rend possible une riposte à la hauteur de la Russie et de l’Iran, dont sont chargées des unités de l’armée syrienne, des milices pro-gouvernementale, du Hezbollah libanais et des Unités de mobilisation populaire, des milices chiites irakiennes pro-iranienne. Sur le terrain la situation est vive entre ces deux forces impérialistes, il y a eu déjà plusieurs affrontements. Et signe de l’importance de l’enjeu, le 18 mai l’aviation américaine a bombardé un convoi militaire progouvernemental qui s’approchait d’Al-Tanf.

C’est la seconde fois que Trump bombarde les troupes du régime, est-ce le signe d’une escalade qui risque d’opposer directement les États-Unis et la Russie ? Impossible à dire pour le moment tant les incertitudes sont grandes. Ce qui est certain, c’est que la chute du Califat de Daech ne mettra pas fin à la guerre qui ensanglante la Syrie et l’Irak.

Hervé (AL Marseille)


[1] AL n°272 « Turquie : La dictature constitutionnalisée au forceps »

[2] AL n°269 « Syrie : Après Alep, contre tous les tyrans »

http://alternativelibertaire.org/?Moyen ... oitise-des
Avatar de l’utilisateur-trice
bipbip
 
Messages: 35413
Enregistré le: 10 Fév 2011, 10:05

Re: Moyen Orient

Messagede bipbip » 16 Juil 2017, 13:37

La crise du Qatar et l’économie politique du Golfe

La décision prise le 5 juin par l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis (EAU), le Bahreïn et l’Egypte de suspendre les liens diplomatiques avec le Qatar a envoyé des ondes de choc à travers le Moyen-Orient [1]. Le blocus qu’il a entraîné a interrompu une grande partie du commerce maritime et terrestre avec le Qatar, faisant craindre que ce petit Etat pourrait devoir affronter des pénuries alimentaires. Les principales lignes aériennes, y compris Emirates, Gulf Air, flydubai et Etihad Airways ont annulé des vols. Les citoyens qataris vivant dans les pays participant au blocus n’ont eu que deux semaines pour rentrer chez eux. Même les immigré·e·s ayant des permis de résidence qataris ont été pris dans la vague d’expulsions.

Les EAU ont interdit toute expression de sympathie pour le Qatar – y compris sur Twitter – et les contrevenants ont été menacés de peines d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à 15 ans. Les gouvernements ayant un lien étroit avec l’Arabie saoudite et avec les EAU ont rapidement exprimé leur soutien au blocus, y compris la Chambre libyenne des représentants basée à Tobrouk, le gouvernement du Yémen de Abed Rabbo Mansour Hadi, soutenu par les Saoudiens, ainsi que les Comores, la Mauritanie et les Maldives.

L’offensive contre le Qatar est arrivée après des mois pendant lesquels les médias états-uniens et du Golfe ont publié des articles citant des fonctionnaires d’Etat qui répétaient que le Qatar finançait des groupes islamistes et se rapprochait de l’Iran.

Yousef Al Otaiba, l’ambassadeur des EAU aux Etats-Unis, a joué un rôle important dans cette campagne. Depuis le début des soulèvements arabes de 2011, Otaiba avait sillonné les couloirs du pouvoir de Washington, en alertant sur le fait que ces révoltes populaires menaçaient l’ordre établi de la région et en déclarant que le Qatar soutenait des mouvements et des individus hostiles à la fois à l’Arabie saoudite et aux EAU.

D’anciens fonctionnaires du gouvernement et des think tanks états-uniens – et en particulier la Israel Foundation for the Defense of Democracies (FDD) néoconservatrice et important partisan de l’invasion d’Irak en 2003 – ont repris cette croisade anti-qatarie. Le 23 mai, la FDD a convoqué un important séminaire pour discuter des rapports de cette nation du Golfe avec les Frères musulmans et de la manière dont l’administration Trump devait réagir. A cette occasion, l’ex-secrétaire à la Défense Robert Gates a appelé le gouvernement états-unien à déménager leur énorme base aérienne du Qatar à moins que ce pays ne coupe ses liens avec ces groupes.

D’après des mails publiés peu après la conférence, Otaiba aurait revu et encouragé les commentaires de Gates. C’est cette fuite qui aurait poussé à déclencher le blocus, ce qui révèle la relation chaleureuse qu’entretenait l’ambassadeur avec Gates, avec la FDD et avec d’autres personnages dans l’entourage de l’administration Trump.

Aussi bien les EAU que l’Arabie saoudite ont également déclaré que le Qatar avait cherché à renforcer les liens avec l’Iran au cours des derniers mois. La preuve en serait que le Qatar aurait récemment payé 700 millions de dollars à l’Iran pour obtenir la libération de 26 membres de la famille royale qui avaient été kidnappés en Irak en 2015 et détenus en Iran pendant une année et demie. Cette histoire ­– qui était aussi liée à un prétendu versement séparé de près de 300 millions de dollars à des groupes proches d’Al-Qaida en Syrie – a été niée par le Premier ministre irakien Haider al-Abadi, qui a déclaré le 11 juin que l’argent se trouvait encore à la banque centrale irakienne.

De son côté, l’Arabie saoudite a dénoncé une déclaration attribuée à l’émir qatari Tamim bin Hamad Al Thani, publiée par l’agence étatique Qatar News. Lors d’un discours à l’occasion de la remise de diplômes aux officiers de la Garde nationale à la base de Al Udeid, Al Thani aurait fait l’éloge de l’Iran et critiqué les Etats du Golfe qui considèrent les Frères musulmans comme une organisation terroriste. Le Qatar a expliqué que le site avait été piraté – une affirmation qui a été confirmée plus tard par le FBI – et que Al Thani n’avait pas fait de telles déclarations.

Au milieu de toutes ces affirmations et démentis, certains observateurs estiment que la visite de Donald Trump en Arabie saoudite le 20 mai a été un moment clé de la campagne contre le Qatar et estiment que Trump a donné le feu vert à l’Arabie saoudite et aux EAU. Un des tweets de Trump semble confirmer cette hypothèse, puisque le président se vante en disant que le blocus est issu de ses rencontres à Riyad. Mais tout le monde à Washington ne soutient pas l’Arabie saoudite et les EAU. D’autres personnes – en particulier Rex Tillerson [secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères et ancien patron d’ExxonMobil] – appellent à une détente du blocus et à une solution pacifique. Le secrétaire aux Affaires étrangères du Royaume-Uni, Boris Johnson, est également intervenu [et vient de visiter les divers Etats du Golfe], appelant à mettre fin au conflit tout en déclarant que le Qatar devait urgemment «faire davantage concernant son soutien à des groupes extrémistes» [2].

Les querelles internes ne sont pas nouvelles parmi les familles régnantes indisciplinées du Golfe, mais la décision d’isoler le Qatar constitue une escalade importante. Comment comprendre le blocus dans le contexte plus large des développements au Moyen-Orient, en particulier dans le sillage des soulèvements arabes? Ces événements marquent-ils un schisme irréconciliable dans la politique du Golfe ou s’agit-il d’un glissement dans les alliances états-uniennes dans la région?

Des intérêts et des rivalités partagées

On ne peut comprendre le conflit actuel sans analyser le projet plus large d’intégration régionale incarné dans le Gulf Cooperation Council (GCC). L’Arabie saoudite, les EAU, le Koweït, le Qatar, le Bahreïn et Oman ont établi cette organisation deux ans après la révolution iranienne de 1979 et au début de la guerre entre l’Irak et l’Iran qui devait durer jusqu’en 1988.

... https://alencontre.org/moyenorient/la-c ... golfe.html
Avatar de l’utilisateur-trice
bipbip
 
Messages: 35413
Enregistré le: 10 Fév 2011, 10:05

Re: Moyen Orient

Messagede bipbip » 01 Jan 2018, 18:26

L’Empire et le Moyen-Orient à l’âge de Trump

Entretien avec Gilbert Achcar conduit par Alan Maass

https://alencontre.org/laune/lempire-et ... trump.html
Avatar de l’utilisateur-trice
bipbip
 
Messages: 35413
Enregistré le: 10 Fév 2011, 10:05


Retourner vers International

Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun-e utilisateur-trice enregistré-e et 19 invités