PoussiereDesToiles a écrit:conan pour toi résilience veut dire rétablissement après un choc, mais détourné par les médias en soumission ?
pour moi la résilience d'un individu ne peut être imposée de l'extérieur, sinon c'est du lavage de cerveau.
OK j'ai fait quelques ajouts pour préciser le sens dans lequel j'emploie ce mot.
Notre société entière repose sur des postulats mensongers et castrateurs. Nous subissons un viol répété de notre conscience, et cette douleur est si vive que nous finissons par l'accepter pour la faire nôtre, croyant qu'elle sera plus douce si nous la reproduisons autour de nous. Les parents persuadent l'enfant qu'il faut obéir sans comprendre ? L'enfant frappe et rackette. Que la fille doit être soumise au mec ? Le mec reporte la honte de sa lâcheté en violentant la femme. L'enseignant ne supporte pas qu'un élève "manque de respect à l'autorité" lorsqu'il refuse d'obéir à quelque chose qu'il trouve injuste ? L'élève va se persuader d'être un nul, et tentera d'exister autrement, d'être un caïd dans d'autres domaines... et caetera. Nous nous habituons à accepter l'inacceptable en faisant l'inacceptable nôtre, parce que tout ce qui nous entoure est parasité, pollué par l'autoritarisme, la castration.
Un castré reproduit sa frustration sur autrui toute sa vie, tant qu'il n'a pas résolu son problème.
J'ai employé à dessein la notion de résilience, en en renversant le sens : nous sommes forcés, et ce dès l'enfance, à accepter le traumatisme de l'absurde. Absurdité de voir des camarades de classe vivre dans une maison plus cossue, ou au contraire un logement indécent. Absurdité de voir un camarade cassé par un enseignant, et un autre flatté. Absurdité de voir un camarade tabassé par son père, un autre entouré d'attentions et d'écoute.
L'injustice est tellement omniprésente, tellement reproduite, que bien vite nous la reproduisons cyniquement dans nos vies, ou l'acceptons avec fatalité.
Bien vite nous acceptons de nous salarier, de percevoir bien plus ou bien moins de sous que le voisin. De polluer, de saccager la planète par des attitudes irresponsables. De nous goinfrer sur le dos de miséreux.
Nous devenons de véritables hôtes de ce virus de mort, de castration, de résignation plus ou moins cynique, parce que nous croyons que nous révolter contre lui nécessite beaucoup d'efforts. Alors que se débarrasser de la peur est une telle joie ! Que changer sa haine refoulée en saine colère est si exalatant ! Que vivre selon ses idées profondes est si gratifiant ! Vivre est finalement si facile.
Je crois que l'anarchisme d'aujourd'hui doit aussi mener un combat psychologique contre l'autoritarisme social, mais aussi contre l'autocastration que nous imposons à nous-mêmes et aux autres.
L'urne est la manifestation de notre propre soumission à notre propre résignation.