Ἑλλάς, Grèce

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Messagede Pïérô » 01 Fév 2015, 13:15

Syriza et les mouvements sociaux

Traduction d'une interview du groupe AK: Antieksousiastiri Kinisi (Mouvement anti-autoritaire) d'Athènes sur les dernières élections.

Syriza et les mouvements sociaux : entre grands risques et opportunités. Entretien avec AK (Mouvement anti-autoritaire) Athènes

Infoaut a interviewé Spyros Tz, un camarade de Alfa Kappa (AK) Athènes, sur le contexte social et politique en Grèce suite à la victoire électorale de Syriza. Nous pensons que cette contribution est utile afin d'observer avec plus de désenchantement et de lucidité ce qui se passe dans la péninsule hellénique. Du point de vue des luttes, Spyros décrit également les possibilités de réussite immédiate, les options et les espaces ouverts afin de profiter des ambivalences qui sont offertes par l'arrivée du gouvernement Syriza.

Infoaut : Maintenant que Syriza semble avoir conquis la majorité des sièges au Parlement grec, que devrions-nous attendre des premiers pas du nouveau gouvernement ? Quels seront les axes d'intervention, en lien avec les débats des derniers jours de la campagne électorale ? A quelles questions la priorité sera-t-elle accordée, internes ou internationales ?

Spyros : Nous entrons dans une période politique vraiment dense, les décisions de tous les acteurs politiques vont générer des résultats drastiques qui définiront l'avenir. Il est trop tôt pour définir les premières mesures du gouvernement Syriza dans un environnement fluide et instable. Ma conviction est que la partie gouvernementale n'a pas encore pris les décisions finales sur diverses questions cruciales. Tsipras s'est avéré agir hors de la logique d'un programme strict de gauche, l'adoption d'un programme pragmatique basé sur un large consensus parlementaire. La participation de AN.EL (parti des Grecs indépendants) va sûrement apporter de graves limitations au programme – supposé – de Syriza sur l'immigration, les droits humains, la séparation de l'Église et de l'État, et d'autres questions
pertinentes. Bien sûr, la principale question politique est celle de la dette nationale. Je crois que Syriza veut créer une alliance nationale à l'intérieur du Parlement en vue de négocier la question de la manière la plus efficace avec leurs « partenaires » européens, donc je crois que la priorité pour le gouvernement est de gagner du temps politique pour se préparer pour les négociations à l'étranger.

Infoaut : Quelles sont les contre-mesures qui les gens, régnant sur les flux de capitaux à l'intérieur du pays (donc plus que les autres parties), peuvent maintenant mettre en œuvre ? Dans ces derniers mois, Tsipras a essayé de faire de son mieux pour apaiser les forces modérées, parler de « discussions profondes » et non pas de « fortes confrontations» avec la troïka. En dépit de cela, la finance internationale a déjà réagi de manière négative à la possibilité d'une victoire de Syriza et la situation pourrait bien continuer comme cela dans les prochains jours...

Spyros : C'est une réponse qui ne peut être donnée que par les représentants du gouvernement. Ils sont ceux qui ont une perspective claire sur le potentiel des créanciers publics pour financer le programme de Syriza. Beaucoup sera défini par les choix des dirigeants européens car eux non plus n'ont pas adopté une position claire par rapport à ce qu'ils vont tolérer et ce qu'ils ne feront pas.

Infoaut : Une donnée importante est celle concernant la « Golden Dawn » (Aube dorée, parti d'extrême-droite) ; même si une bonne partie de ses dirigeants est en prison et malgré le fait que le vote de droite a massivement afflué vers la Nouvelle Démocratie, afin de prendre position contre le vote pro-Tsipras, leur résultat est entre 6 et 8 % des voix exprimées. Récemment, Aube dorée a également déclaré que l'échec du gouvernement Syriza ouvrirait la voie à la poursuite de son essor politique qui amènerait les néo-nazis au pouvoir à leur tour. Comment considérez-vous ces données et ces impressions ? Comment Aube dorée s'est comportée pendant la campagne électorale ? Selon vous, est-ce que des retours de bâtons contre cette organisation pourraient suivre l'arrivée au pouvoir de Syriza ?

Spyros : Les fascistes ont toujours été présents dans la scène politique grecque, bien que déguisés à l'intérieur d'autres partis et dans le discours nationaliste général, qui est une caractéristique commune des forces parlementaires grecs. Aube dorée était un aimant qui les a organisés et en fit une grave menace, dans les rues, pour la société, et au parlement, pour les autres courants politiques de la droite. Le procès d'Aube dorée va commencer autour de mars et il est prévu pour durer quelques années ! La gestion du procès par Aube dorée et Syriza est ambivalente et définir beaucoup de choses, pour le meilleur ou pour le pire. Ce qui est sûr, c'est qu’Aube dorée a perdu son « influence de rue » après les arrestations (parce qu'il a perdu le soutien direct de la police). Je crois que le pourcentage d'Aube dorée est le pourcentage exact de nazis et de fans de la junte militaire en Grèce et il est vraiment difficile de le faire baisser. Mais même dans le courant de l'extrême-droite, il y a des négociations et de débats intensifs qui vont probablement donner naissance à un nouveau parti qui se purifiera des ex-membres d'Aube dorée, du nazisme, et radicalisera ceux de l'ex-Nouvelle Démocratie. Si je devais parier sur le prochain courant politique hégémonique dans la politique dans le cas d'un effondrement de Syriza, mon choix serait une alliance des « extrémistes du Centre » et des néo-conservateurs, autour du parti Potami (rivière) et pas très loin à droite.

Infoaut : Après l'extraordinaire cycle de grèves et de révoltes contre le mémorandum, depuis 2012, il nous semble que le mouvement social contre la crise en Grèce s'est redirigé dans un tas d'expériences d'autogestion, mutualiste et antifascistes. Quel genre de relations le Parti Syriza entretient-il, dans les dernières années, avec ces processus sociaux et politiques animés par ces mouvements ? Avec Syriza au pouvoir, quelles genres de possibilités révolutionnaires vont être ouvertes – et celles qui peuvent s'ouvrir, du point de vue des luttes ?

Spyros : La question résume le cœur du problème politique auquel le mouvement social contemporain grec doit répondre. Syriza est le résultat des luttes et de leur défaite en tant que mouvement. Le mouvement social n'a pas réussi à constituer une contre-attaque face à l'offensive conservatrice à tous les niveaux, avec le soutien de l'UE. Syriza a été élu aussi par les votes du peuple de ces mouvements et c'est une position raisonnable parce qu'elle pose un choix réaliste dans divers domaines où le mouvement social a échoué (par exemple un moyen de défense contre les hausses d'impôts, pour l'abolition de travail du dimanche, pour l'abolition de la loi sur les prisons de haute sécurité). D'autre part, nous savons tous qu'il n'y a pas de gouvernement « libertaire » et que personne ne peut appliquer des mesures qui favorisent la liberté ou la sécurité et les intérêts des classes inférieures, sauf si eux-mêmes se battent pour leurs propres intérêts. La participation de ministres de la droite populiste au gouvernement et des membres de l'ex-PASOK (Parti socialiste) est argument supplémentaire. Ainsi, le mouvement social doit prendre en considération le nouveau paysage politique et créer une nouvelle stratégie. J'imagine trois éléments importants qui devraient la caractériser ; le premier est de faire du chantage au gouvernement afin de lui faire respecter les éléments communs qu'il partage avec le mouvement social (fermer les camps de détention pour réfugiés et leur accorder la citoyenneté, l'abolition des prisons de haute sécurité, l'abolition des lois antiterroristes, etc.) et s'assurer que le mouvement social sera le plus fort élément de l'opposition ; la seconde est d'occuper, développer et créer de nouveaux espaces pour le social et le dernier, mais le plus important de tous, pour créer un terrain commun, un centre commun, un univers commun en opposition et hors de l’État et du contrôle du Capital. Les centres sociaux doivent se concentrer sur le service des besoins sociaux, mais ils doivent aussi se doter d'institutions de soutien mutuel et de partage (de banques sociales qui favorisent les projets, les économies de solidarité et des réseaux de distribution, etc.). Les initiatives antifascistes ont aussi à travailler ensemble pour promouvoir un discours antifasciste et une vigilance antifasciste dans la rue. La reprise de l'espace et la transformation de la métropole en une galaxie d'espaces sociaux et d'initiatives d'autogestion nécessite un niveau de coordination et d'organisation que la scène grecque n'a même pas encore imaginé jusque-là. La plus grande menace est celle de l'intégration au sein de l’État, et le plus grand défi est d'assurer une autonomie totale et la viabilité du projet anti-autoritaire. Il y a aussi un quatrième élément, celui de la coordination et du soutien international. Le mouvement anarchiste / anti-autoritaire / autonome grec déclare toujours que la solution ne peut être qu'internationale, mais n'a pas fait beaucoup pour promouvoir cela. Il est temps de créer un espace commun permanent, efficace et ambitieux de lutte entre les initiatives autonomes et anti-autoritaires européennes et méditerranéennes qui mettra en application notre discours et nos pratiques. Tous ces quatre facteurs exigent beaucoup de réflexion, de débats et de recomposition du mouvement et, autant que je peux dire, il y a beaucoup de gens qui partagent cette ambition.

Infoaut : Est-ce que Syriza a laissé entendre quelque chose sur la façon dont il va réformer l'appareil policier, qui était responsable d'innombrables abus, de répression et en partie infiltré à l'Aube dorée ? Pouvons-nous espérer un certain degré de succès de ces plans ? Qu'en est-il de la réforme du système pénitentiaire et de la condition des prisonniers politiques ?

Spyros : Le ministère de la police (AKA « Protection du citoyen ») sera sous le ministère de l'Intérieur. Le ministre de l'Intérieur sera Nikos Voutsis, père d'un ex prisonnier politique condamné pour vol à main armée. Dans sa première déclaration, il était relativement agressif envers la police, se référant aux incidents racistes et brutaux de violence policière des années précédentes. En termes de volonté, je pense qu'il va y avoir un véritable effort pour réformer la police grecque selon des normes européennes des Droits de l'Homme. D'autre part, le vice-ministre de la police sera le criminologue Jannis Panousis, un ex PASOK et DIMAR (Gauche démocrate). Son point de vue politique est pour une démocratisation simultanée de la police générale, mais aussi pour une amélioration technologique et institutionnelle du travail de la police « antiterroriste ». D'autre part, c'est la deuxième fois que 50 % des policiers votent pour Aube dorée. L'infiltration des nazis dans l'appareil de la police est très profonde et forte et je ne suis pas sûr que le gouvernement soit en mesure de la casser. La seule chose sûre, c'est qu'il va certainement être fait un effort sincère dans cette direction. Dans quelques jours, Aube dorée a appelé pour sa manifestation annuelle et les collectifs antifascistes-anticapitalistes ont appelé une contre-manifestation. La position du gouvernement et l'issue de cette journée donneront une première image de l'avenir proche. En ce qui concerne le système des prisons, ils ont déjà déclaré l'abolition de la loi monstrueuse sur la prison de haute sécurité. La surpopulation des prisons grecques est le résultat des sanctions pénales très strictes concernant les crimes de drogue, ainsi que le racisme des juges et des policiers grecs et l'abus de l'emprisonnement préalable au procès. Les mesures positives dans ce domaine seront déterminées par les contradictions internes entre Syriza et AN.EL dans le gouvernement, mais nous devons admettre que le personnel juridique de Syriza est vraiment progressif et peut être en mesure de diminuer la pression sociale continue concernant les prisons. La question des prisonniers politiques est une question très grave et sur laquelle Syriza n'a pas fait de déclaration. Actuellement, il y a environ 50 prisonniers politiques dans les prisons grecques. Certains d'entre eux sont d'origine turque, membres du DHKP-C (Parti-Front de libération du peuple révolutionnaire), et sont accusés de terrorisme par l’État turc. D'autres ont été condamnés pour de nombreuses années, des condamnations qui sont basées sur un cadre juridique antiterroriste totalitaire qui exige des sanctions extrêmes pour des délits mineurs, voire criminalise les relations personnelles. Je crois que c'est une question qui n'ira pas de l'avant si le mouvement social ne pose pas une certaine pression sur le gouvernement.

Infoaut : Depuis la première fois où Syriza avait des chances de gagner dans les sondages, (pour ainsi dire après la fin du grand cycle des luttes contre le mémorandum et l'éruption de Syntagma), est-ce que leur relation avec le mouvement social a changé ?

Spyros : Plus Syriza était proche de l'arrivée au pouvoir parlementaire plus elle s'est éloignée du mouvement social. L'intégration d'un grand nombre de politiciens populistes de l'ex-PASOK dans le parti a montré que Syriza est le produit de la défaite de la rue à poser une alternative de démocratie directe plutôt qu'une dialectique du mouvement socialiste. Les membres de Syriza se sont comportés comme de véritables héritiers du stalinisme qui caractérise tous les partis de gauche en Grèce, en défendant toutes les absurdités de leur leadership, au lieu de critiquer et de promouvoir des mots d'ordre plus mouvementistes. Il y a une estimation qui dit qu'il existe 10 000 postes gouvernementaux et ministériels qui sont des postes clés et où chaque gouvernement doit mettre ses propres gens afin d'obtenir des résultats politiques durables. Il est très clair que, si SYRIZA a 35 000 membres, un sur trois aura une place dans l'appareil d’État, il sera un parti qui va vite devenir un parti d’État, avec l'adoption de tous les réflexes bureaucratiques que cela implique. Donc, beaucoup des forces affiliées à Syriza devront faire face à un dilemme : soit retourner au sein du mouvement social, soit divorcer de façon permanent avec lui. Une chose est sûre : l’État et le mouvement social sont deux éléments dont la relation dialectique est celle des conflits. Sinon, leur relation est l'intégration et la bureaucratie.

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Messagede Pïérô » 09 Fév 2015, 11:48

“Ni Dieu ni Syriza ?” : immersion chez les antifas grecs

Moins d’une semaine après l’accession au pouvoir de la gauche radicale, les antifascistes et les anarchistes se livraient à une démonstration de force dans les rues d’Athènes. Leur but ? Contrer un défilé des néo-nazis de l’Aube dorée, mais aussi jauger l’attitude du nouveau gouvernement à leur encontre. L’occasion de savoir comment la communauté, historiquement et culturellement très présente en Grèce, perçoit l’élection de Syriza.

Samedi 31 janvier, 17h, place Omonia. Des hommes en noir débarquent de part et d’autre des rues adjacentes de ce quartier pauvre de la capitale. On aperçoit des crânes rasés, des crêtes, quelques canettes de bière. Beaucoup ont la vingtaine, certains sont des “vieux de la vieille”. Cigarette au bec, on s’attelle, ici et là, à accrocher les dernières banderoles sur des bâtons de bois. En gros caractères, des mots-clés accompagnant le “A” cerclé : “Antifas”, “Mort aux nazis”, “non au terrorisme d’Etat”.

Maintenant, Syriza doit assurer l’ordre

Le jour tombe, le cortège de près d’un millier de personnes est sur le point de se mettre en route. Les plus costauds ont déjà cagoules sur le visage et extincteurs à la main. “On est là pour les tester”, confie Argyris, 46 ans, cheveux courts et tenue monochrome, pour qui il n’était pas question de manquer le rendez-vous. Si tous les slogans s’attaquent aux néo-nazis de l’Aube dorée, également de sortie pour une commémoration annuelle, le rassemblement est surtout destiné au nouveau pouvoir. “On défie Syriza pour savoir quelle attitude ils vont adopter vis-à-vis de nous : avant d’être élu, Tsipras était plutôt bienveillant à notre égard. Maintenant, il est à la tête de l’Etat et doit assurer ‘l’ordre’ comme on dit. Il a promis que l’Etat ne nous attaquerait pas comme avant, mais le problème c’est que la moitié des forces anti-émeutes votent pour les fascistes! Pas sûr qu’il arrivera à les gérer.”

Syriza, Argyris n’y est, à priori, pas hostile. Comme beaucoup des plus de 10 000 anarchistes que compte la ville d’Athènes, il admet que les premières mesures prises vont plutôt dans le bon sens, comme l’instauration du droit du sol : “Pour les immigrés, la vie va s’améliorer. A l’heure actuelle, leur situation est terrible, ils sont parqués dans des centres de rétention surchargés pendant des mois, et une fois sortis, se retrouvent traqués par les milices Aube Dorée. Tsipras va leur réserver un accueil plus humain que les anciens gouvernements.”

Sur le plan économique en revanche, il admet que les choses seront sans doute plus compliquées :“C’est bien d’avoir des idées quand on est loin du trône, mais dès lors qu’on est au pouvoir, on fait partie du système. Et je pense que le système oppresse, limite les marges de manoeuvre. Avec la mondialisation et l’Union européenne, qu’est-ce qu’il va pouvoir faire Tsipras?” Fidèle à ses convictions, Argyris n’a pas franchi la porte du vote de vote dimanche 25 janvier. “À quoi bon?” Mais il l’avoue à mots couverts : “Ce n’est pas le cas de tous ici. Parmi nous, beaucoup ont glissé un bulletin dans l’urne…”

Syriza a redonné de l’espoir aux gens

C’est aussi ce qu’a entendu Yannis Youlountas, réalisateur et écrivain libertaire franco-grec. “Près d’un tiers des anarchistes grecs ont voté Syriza, même s’ils n’osent pas le dire. Certains ont fait ce choix par solidarité avec un frère, un conjoint ou un parent en souffrance à cause de l’austérité qui étouffe beaucoup de Grecs. D’autres ont voulu confronter Syriza à l’exercice du pouvoir, pour observer ce que ces nouveaux politiques avaient réellement dans le ventre. Et il faut bien reconnaître que depuis son élection, Tsipras prend des mesures profondément anti-libérales. Le coup d’arrêt porté aux privatisations par exemple, ça c’est conforme aux valeurs de la gauche! Pour autant, ne nous faisons pas d’illusions, ce sera très compliqué pour Syriza. Mais le plus important, c’est que cette élection a redonné de l’espoir aux gens.”

Les Grecs sont des insoumis

L’espoir, c’est le mot que beaucoup d’habitants d’Exarcheia ont à la bouche. Situé au coeur de la capitale, le quartier est un véritable îlot anarchiste. “Ici, nous sommes chez nous, la police ne vient presque jamais”, s’enthousiasme Michalis, étudiant de 23 ans à l’Ecole Polytechnique d’Athènes, haut lieu de révoltes populaires. Il sirote une Heineken attablé au K*Vox, ce centre autogéré qui donne sur la place principale, tout à la fois bar, dispensaire de santé et école de grec gratuite pour les migrants.

“On veut s’organiser par nous-mêmes, montrer aux Grecs qu’un autre monde est possible.” Pour lui, la nouvelle ère ouverte par Syriza doit permettre d’emprunter le bon chemin. “Je ne crois pas vraiment en Tsipras. On ne compte pas sur les leaders, on sait qu’ils se feront influencer. Mais son élection a eu l’avantage de mobiliser la gauche, de recréer une base de militants qui veulent changer les choses. C’est en eux que je crois et je suis fier de cette vague populaire parce que jusqu’ici tout le monde se désintéressait de la politique.”

Une vision que partage Yannis Youlountas, qui aimerait voir en cette élection les prémices de la réalisation de ses idéaux libertaires. “S’il réussit à mettre fin à la crise, ce gouvernement va rendre aux Grecs leur dignité, c’est la première étape. Espérons que ça donne l’envie d’aller plus loin, de renouer avec la liberté et l’égalité réelle, en s’émancipant de l’autorité de l’Etat.” Un avenir possible en Grèce selon le réalisateur, où l’on trouve historiquement plus d’anarchistes qu’ailleurs. “Dans ce pays, il y a un véritable esprit de rébellion : regardez la loi sur le tabagisme dans les lieux publics qu’avait fait passer Georges Papandréou, il n’a jamais pu la faire respecter ! C’est comme ça, les Grecs sont des insoumis.”

” Tsipras a tenu sa promesse”

Il est 19h. Le cortège avance d’un pas décidé, entonne des slogans contre ces “chiens de racistes”. Sur son passage, les piétons s’éloignent, les commerces ferment boutique. Pas un policier à l’horizon. Trois hommes, bâtons à la main, extirpent un jeune du défilé. “Je ne suis pas fasciste !”, s’exclame celui qu’on entraîne derrière un kiosque pour un passage à tabac en règle. Les infiltrations d’Aube Dorée sont monnaie courante lors de ce type de mobilisation…

La foule en noir arrive finalement place Syntagma, devant le parlement grec. Trois cars de police barrent le passage. Les anarchistes font face aux forces de l’ordre. Pas plus de cinquante policiers, statiques, laissent les journalistes les photographier comme pour mettre en scène leur placidité. Du côté des militants, les mots d’ordre se scandent plus fort. L’un d’eux s’approche d’un car et écrit avec son doigt à travers la poussière : “Vous êtes des porcs”. Puis le silence revient, la confrontation n’aura pas lieu. Le cortège repart, satisfait. “Ils n’ont pas réagi”, admet l’un des manifestants en enlevant sa cagoule. “Tsipras a tenu sa promesse. C’est un bon début.”

Pour aller plus loin : dans son documentaire “Ne vivons plus comme des esclaves”, Yannis Youlountas est allé à la rencontre des militants anarchistes et antifascistes et a filmé leurs initiatives pendant la crise : hôpitaux autogérés, journaux militants, épiceries solidaires, magasins de trocs de vêtements… Une plongée, sur fond de rap contestataire, dans cette contre-culture loin d’être marginale en Grèce.

https://ijsbergmagazine.com/politique/a ... fas-grecs/
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Messagede bipbip » 16 Fév 2015, 15:20

L’hypothèse grecque

Sur les luttes, les alternatives et le dégouvernement

La victoire de SYRIZA est un événement politique, non seulement pour la Grèce, mais pour l’Europe. Il s’agit d’une avancée importante dans la période que nous traversons. Le positionnement politique d’une fraction importante du salariat et du peuple, fût-il à travers le vote et la politique de délégation, n’est pas rien. Il y a un engagement des classes populaires dans ce processus politique. Ne pas sous-estimer cette expression, ne pas la mépriser est nécessaire. Cela n’enlève rien à la fermeté et à la clarté d’une politique qui opte pour l’autonomie populaire. L’action directe de masse, la prééminence du rapport de force sont premières. La question centrale est de viser toujours le déploiement du contre-pouvoir, de la contre-hégémonie, avec à la clef la construction du pouvoir populaire.

SYRIZA cherche un chemin pour satisfaire, au moins en partie, aux revendications qui l’ont porté au pouvoir et pour desserrer l’étreinte de la dette sur la Grèce. Cette gauche radicale, désormais «de gouvernement», arrive aux affaires en coalition avec les nationalistes de droite de AN.EL et après une victoire électorale certes significative, mais qui fait de la coalition une force majoritaire du point de vue parlementaire mais minoritaire dans la société.

La victoire de SYRIZA est un événement politique, non seulement pour la Grèce, mais pour l’Europe. Il s’agit d’une avancée importante dans la période que nous traversons. Le positionnement politique d’une fraction importante du salariat et du peuple, fût-il à travers le vote et la politique de délégation, n’est pas rien. Il y a un engagement des classes populaires dans ce processus politique. Ne pas sous-estimer cette expression, ne pas la mépriser est nécessaire. Cela n’enlève rien à la fermeté et à la clarté d’une politique qui opte pour l’autonomie populaire. L’action directe de masse, la prééminence du rapport de force sont premières. La question centrale est de viser toujours le déploiement du contre-pouvoir, de la contre-hégémonie, avec à la clef la construction du pouvoir populaire.

Le vote grec pose des questions. Il ouvre une situation dans laquelle les révolutionnaires doivent intervenir pour enrichir la mobilisation, les perspectives, le rapport de force entre politique de délégation et mobilisation directe, à l’intérieur même du mouvement populaire. C’est toute la question de la stratégie et de son déploiement dans l’action qu’il s’agit de trancher.

Quelques atouts pour SYRIZA

SYRIZA bénéficie de deux éléments centraux. Le premier, c’est la prise de position populaire. Que celle-ci se manifeste, dans l’actuelle conjoncture politique, sur le terrain électoral et donc délégatif est un atout pour le gouvernement et le parti victorieux. Mais la situation bougera sans doute dans la période qui s’ouvre. SYRIZA contrôle pour l’heure une partie décisive du mouvement populaire mais le parti sera immédiatement amené à tenter d’en limiter l’action et demain, peut-être, à la brider et à s’y confronter.

Le second élément, c’est la crise systémique du capitalisme européen dans son actuelle configuration. Ce n’est pas la victoire de SYRIZA qui suscite cette crise ou qui la conditionne dans toute son envergure. Mais les élections grecques ont contribué sans doute à précipiter la situation. Elles vont aiguiser les contradictions.

SYRIZA pourra peut-être compter sur un mouvement de solidarité international significatif, si les choses se tendent fortement. La situation grecque peut susciter une contestation frontale contre l’ensemble de la politique austéritaire des bourgeoisies et des institutions européennes. Cette mobilisation possible est loin de constituer un facteur négligeable.

Sans forte lutte, sans contre-pouvoir, sans opposition forte, le capitalisme et les pouvoirs étatiques ou supra-étatiques dégraderont encore la situation des classes populaires, augmentant l’exploitation, déployant l’autoritarisme social et politique. Il n’y a de limite à cette poussée que celle que peut lui opposer la mobilisation de celles et ceux d’en-bas, du salariat et du peuple.

Il y a une véritable crise du modèle de développement et de commandement du capitalisme européen avec ses systèmes de domination politique et d’hégémonie. Il y a là de puissants facteurs internes qui relèvent de la structure et de la dynamique même du système, tel qu’il s’est constitué dans les dernières décennies. Naturellement, cette crise est aussi le résultat d’une résistance profonde et de longue durée. Les cycles de luttes se confrontent au système, à ses stratégies, à ses politiques générales ou ponctuelles. Il y a des combats ouverts, mais aussi une sorte de dissidence de masse qui s’étend, multiplie les grains de sable dans la machinerie générale du système, bloque ici ou là, rebondit et capilarise la résistance dans toute l’institution sociale. Certes, tout dans cette opposition n’est pas porteur de visées émancipatrices. Il suffit de voir le développement des droites conservatrices ou fascisantes partout en Europe, pour en dresser l’amer constat.

C’est parce qu’il y a un mouvement nouveau de la crise systémique que les contradictions montent au sein des bourgeoisies européennes, dégradant la cohérence du bloc dominant, suggérant des changements dans les politiques menées. Nous traiterons plus loin des évolutions feintes et/ou effectives de fractions de la social-démocratie européennes.

Tsipras, Ulysse ou de la ruse

Naturellement, Tsipras tente de profiter de ces contradictions pour conquérir des marges de manœuvre et repositionner la situation de la Grèce. Car il faut donner toute son importance à la situation de souffrance subie depuis des années par la société grecque. Destruction du tissu économique, saccage social, politiques d’usure et situation de protectorat qui brise le spectacle convenu de la souveraineté nationale, voilà ce qui se passe.

La société grecque a besoin d’améliorations concrètes et rapides. Les gens ont besoin de pouvoir souffler et espérer. Ceci est un élément central car si SYRIZA peut atteindre quelques résultats tangibles, sa position pourrait en être consolidée. Le gouvernement et le parti jouent leur existence et ils le savent.

Le processus en marche ne peut pas être mesuré à l’aune unique d’un certain nombre d’objectifs antisystémiques, anticapitalistes. On doit tenir compte aussi d’avancées possibles dans le desserrement de l’étreinte terrible que subit la société grecque. Et c’est bien ce desserrement qui importe pour les peuples d’Europe, y compris pour des pays qui sont présentés par le discours dominant comme étant dans une situation économique stabilisée, voire favorable.

En fait, partout en Europe, ce qui est à l’ordre du jour c’est un écrasement de la norme salariale, une précarité sociale sans cesse approfondie, une exigence de soumission chaque jour plus fondamentale pour celles et ceux d’en-bas. La dissidence d’avec le système trouve dans la situation grecque un facteur d’encouragement.

Une partie de la bourgeoisie européenne s’interroge sur la possibilité de changer, avec plus ou moins de profondeur, la régulation du système. Cette interrogation traverse toutes les fractions du bloc dominant. C’est la déstabilisation systémique, la difficulté à trouver un souffle long de développement et l’affaiblissement des conditions de l’hégémonie qui poussent à considérer la possibilité d’introduire certaines marges de manœuvre, rompant avec les politiques passées. C’est très peu de choses pour le moment, mais cela pourrait monter… Même si pour l’heure ce qui semble s’affirmer c’est une politique d’arrogance et de provocation de la part, en première ligne, de la BCE. Elle est clairement destinée à en faire rabattre au gouvernement Tsipras et à lui infliger une forte défaite politique.

Substituisme et transformisme

Il a été beaucoup dit que SYRIZA est une social-démocratie de substitution qui a occupé le terrain autrefois dévolu au PASOK. Naturellement, c’est faux ou un peu court. Mais ce qui est vrai c’est que la social-démocratie grecque, comme peu ou prou toutes les social-démocraties européennes, a connu une mutation qualitative. La social-démocratie, devenue majoritairement un social-libéralisme, n’assure plus une fonction de défense des acquis et de conservation des compromis sociaux, politiques et institutionnels, comme par le passé. Même si cette défense était contradictoire, partielle, et très fortement limitée. Elle devient directement un appareil de gestion capitaliste et étatique, une force de commandement du système qui s’occupe, entre autres choses, de l’encadrement des classes populaires. En ce sens, il ne suffit pas de dire que la social-démocratie se délie de son ancienne base sociale. Elle a changé fondamentalement de fonction et de nature, même si une partie des courants qui la composent tente de résister mollement à cette transformation décisive.

Du coup, il y a bel et bien d’un côté liquidation du réformisme classique et de l’autre, tentative de recomposition d’un réformisme effectif, à gauche de la social-démocratie.

Beaucoup de ministres dans cet espace

C’est cet espace qu’occupe SYRIZA, que tente de prendre Podemos, le Front de Gauche, Die Linke, et tant d’autres groupements. Personne ne sait, au fond, s’il est possible de recomposer à l’échelle européenne un nouveau compromis social, politique et institutionnel, un nouvel imaginaire, de nouvelles configurations de l’hégémonie. Ce réformisme est d’une extrême fragilité. Sa nature étatiste et institutionnelle le pousse vers les appareils de pouvoir. Il cherche à proposer des objectifs et des démarches compatibles avec la reproduction du système. Ces forces sont sans cesse tentées par des alliances avec le social-libéralisme, comme nous le voyons en Thuringe, où Die Linke gouverne avec le SPD et les Verts, en Andalousie jusqu’il y a peu avec Izquierda Unida ou en France avec la politique du PCF.

Or, la Grèce, avec la prime parlementaire à la majorité relative, induit une situation favorable. Les coalitions avec la social-démocratie, les écologistes ou d’autres forces, s’imposeront ailleurs en Europe. Les formations réformistes font de l’accès au gouvernement et de l’intégration aux dispositifs étatiques la clé d’une transformation sociale limitée.

Il y a donc bien tension entre trois éléments :

La nécessité pour les majorités sociales de sortir de la situation de saccage, d’asservissement et d’exploitation accrus, avec le besoin d’obtenir des changements, y compris dans le cadre d’un compromis «historique» nouveau avec les classes dominantes.

L’existence de forces politiques, réformistes, qui peuvent se construire, sur la base de cette demande de changement, en la contenant dans une politique de délégation et dans un projet acceptable pour les classes dominantes.

La possibilité de la construction d’une autonomie populaire, d’une mobilisation de celles et de ceux d’en-bas qui refusent les limites que le système entend lui imposer, y compris celles d’un nouveau compromis « historique », entre bloc dominant et réformisme.

Nouvelle donne, quelles cartes ?

En Grèce, SYRIZA se situe incontestablement à l’avant-garde de cette hypothèse. Cette force politique bénéficie sans aucun doute de la liquidation de fait du social-libéralisme exacerbé que représente le PASOK et du réalignement au sein de SYRIZA de fractions décisives de l’appareil social-démocrate.

Tsipras a besoin d’avancer et de réaliser, partiellement au moins, ses objectifs pour maintenir le mouvement populaire sous contrôle. Il s’agit d’imposer un statut subalterne de la mobilisation, une prééminence du gouvernement et des élites politiques de la gauche au pouvoir.

Cependant, c’est cette obligation historique de résultats, même limités, qui différencie SYRIZA de la social-démocratie classique. Il y a là une rupture qui contraste avec la faiblesse politique et l’opportunisme d’un certain nombre de forces de l’extrême-gauche institutionnelle, prêtes à tous les renoncements pour parvenir au gouvernement, fût-ce aux ordres et à la botte des partis socialistes et des majorités social-libérales.

Rien toutefois ne permet d’indiquer qu’il y ait aujourd’hui une stabilisation possible du système, une solution même partielle de sa crise dans le sens d’un compromis socio-politique nouveau. De nombreux possibles, y compris les pires, sont ouverts. Mais parmi ces possibles qui affleurent, il y a aussi celui porté par le mouvement populaire. Dans ses formes et ses cultures multiples, il cherche une certaine autonomie face à la politique institutionnelle, et au compromis social, donc face aux changements ordonnés et organisés depuis les structures de pouvoir étatique.

Le mouvement s’invente et se réinvente

Le mouvement populaire est pluriel, éclaté, traversé de contradictions importantes. La pratique électorale, l’action politique délégative en constituent un élément important qu’il faut, disons-le clairement, subvertir et dépasser. Mais il est indispensable de comprendre le mouvement populaire dans toute sa richesse, de prendre en compte la multitude de résistances, d’utopies concrètes, de constructions, de dissidences, de réflexions et d’aspirations qui le situent aujourd’hui en antagonisme avec le système. D’ores et déjà, le mouvement populaire esquisse des éléments d’alternative, au-delà et indépendamment des formes, des projets et des démarches que porte le projet de réformisme nouveau. En d’autres termes, par son histoire, par son expérience, par ses revendications, par ses désirs, par ses aspirations et sans doute par ses rêves, le mouvement populaire va au-delà des tentatives de changement limité de l’ordre des choses.

En Grèce, il y a le mouvement gouvernemental et sa stratégie et il y a tout ce qui excède le cadre gouvernemental et étatiste, donc le projet de SYRIZA. Il y a une histoire, une mémoire et un tissu politico-social du mouvement populaire. Des grèves générales aux tentatives autogestionnaires et coopératives, nous avons là un mouvement qui a subi des enlisements mais aussi qui a été et sera porteur de luttes décisives. Il y a un mouvement qui dépasse infiniment l’expression électorale ponctuelle, qui est capable d’inventer et de se réinventer.

Toutefois, la situation grecque est extraordinairement complexe. Les tentatives de dresser, face au saccage social et à la barbarisation, des alternatives en acte sont certes précieuses et indispensables. Mais il faut reconnaître deux ou trois choses qui feront problème partout, bien au-delà de la Grèce. Tout d’abord, il faut rappeler l’extraordinaire capacité de résistance du prolétariat et du peuple grecs. C’est elle qui a obligé les bourgeoisies européennes et la Troïka à reconsidérer l’envergure et la profondeur de leurs projets initiaux. C’est elle qui a réussi à mettre des bornes à la cruauté sociale et au cynisme du bloc dominant. Mais elle n’a pas pu, dans ces cinq dernières années, infliger une défaite ouverte au pouvoir et au système.

Les tentatives autogestionnaires, même coordonnées et fédérées, ne suffisent pas. Le mouvement des luttes doit prendre en compte la totalité des revendications, la déclinaison entière des demandes et des aspirations de celles et ceux d’en-bas, y compris les demandes d’amélioration immédiate, de changements limités et de transformations plus générales. C’est la condition incontournable pour se redéployer et avancer. En d’autres termes, le mouvement populaire a besoin de se confronter à la politique gouvernementale et aux mesures qu’elle va adopter. Il doit conquérir son indépendance de conception et d’action, d’organisation et de stratégie face au pouvoir politique. Cela signifie qu’il doit être capable d’exercer une pression permanente, de revendiquer mais aussi de proposer.

Il peut y avoir des convergences ponctuelles entre l’action du gouvernement et le mouvement populaire, mais celui-ci ne peut, sous peine de dessèchement, voire de liquidation, perdre son indépendance pour déterminer ses objectifs et décider de ses formes d’action et d’organisation.

À distance de l’État, au cœur des luttes

Cette question est la question-clé qui permet de déterminer ce qu’est une politique effective révolutionnaire ou de transformation sociale et ce qui ne l’est pas. Contrairement à ce que l’on nous explique ici ou là, il ne s’agit pas pour le mouvement populaire d’accompagner, de faire pression, voire de suppléer au gouvernement. Ces formulations sont ambiguës et couvrent de fait la conception d’une centralité de la politique institutionnelle contre la politique populaire.

Le mouvement populaire doit, en Grèce comme ailleurs, se construire à distance de l’État et dans l’élan de ses luttes. Ses propositions, ses conceptions, ses modes d’action doivent être portés par la construction systématique d’une puissance propre, d’une autodétermination totale. C’est cela précisément la politique de libération, la politique d’action directe de masse. Il ne s’agit pas de suppléer au gouvernement, mais de construire le pouvoir populaire qui est, dans sa conception, dans sa pratique, dans ses aspirations, fondamentalement différent de la logique de gouvernement et du fétichisme étatiste.

Pour cela, comme nous l’avons dit, le mouvement en Grèce dispose déjà d’un riche trésor d’expériences, d’éléments d’organisation, de pensée et d’aspirations. Il s’agit en gros de fédérer les éléments d’auto-organisation, l’arme de la grève et de la manifestation avec la construction ici et maintenant de tout ce qu’on peut d’autogestion. Et ceci pour avancer.

Clairement, il faut assumer les convergences possibles, prévisibles avec l’action gouvernementale et le courant d’opinion lié à SYRIZA, mais en même temps il faut assurer la confrontation avec la politique institutionnelle, dans sa démarche et dans ses limites. Si tout cela est, naturellement, urgent en Grèce, cela est incontournable dans toute l’Europe. Notamment là où le nouveau réformisme tente à la fois de prendre la tête de la résistance populaire et de la ramener à la compatibilité avec le système.

Il y a une tentative capitaliste, étatique et supra-étatique, de construire un pouvoir illimité du bloc dominant. Contre cette tentative se dresse un mouvement qui veut changer fondamentalement la société. Des aspirations, autrement plus radicales qu’un compromis historique nouveau, tentent de s’ouvrir un chemin. Cela, nous le voyons tout au long des luttes qui émergent et se diffusent partout sur le continent. Naturellement, elles sont éparpillées, divisées, et donc de ce fait stratégiquement faibles souvent. Mais elles contiennent tous les éléments qui, fédérés, peuvent permettre de construire un projet nouveau de transformation sociale et de réussir des convergences de plus en plus fortes des organisations et des pratiques de lutte.

Entre l’urne et le front, choisissons de faire front

Le front anticapitaliste est sans doute la forme la plus élémentaire de ce mouvement vers l’avant. Il est indispensable d’arriver à construire des alliances de toutes les forces qui, d’une manière ou d’une autre, portent des besoins, des aspirations et des revendications populaires. Dans toutes les situations, à quelque niveau que ce soit. Pour aller en ce sens, et c’est aussi le cas en Grèce, il faut prendre en compte l’évolution possible de certains courants militants. Il y a des collectifs et des agrégations qui s’éloignent progressivement ou qui rompent plus franchement avec les conceptions délégationnistes et autoritaires. Ce repositionnement radical ne s’opérera pas de manière linéaire, ni simplement cumulative. Il demande que la gauche libertaire et autogestionnaire, dans son sens le plus large, soit capable de maintenir systématiquement la bataille et le débat politique d’un côté, la recherche de convergences, d’avancées, et d’unité de l’autre. Mais surtout, il ne s’agit pas de s’adresser simplement à celles et ceux qui sont déjà politiquement organisé-e-s de manière formelle mais bien de chercher l’échange et l’unité d’action avec toutes celles et tous ceux qui luttent, qui construisent le tissu social populaire, qui bâtissent de la communauté, de l’organisation, de l’émancipation.

En particulier, il faut insister sur l’importance du syndicalisme de base et alternatif ainsi que sur les courants de syndicalisme de classe indépendants des appareils bureaucratiques qui sont présents partout en Europe. Le syndicalisme de base et de classe est bel et bien porteur d’une pratique et d’une conception de la politique. Nous le disons clairement, il n’y a pas de hiérarchie ou de privilège de quelque forme d’organisation populaire que ce soit sur une autre. Le social est politique et le politique est social.

Pour qualifier ce processus de travail politique, il faut dire et redire, réaffirmer sans cesse, qu’il n’a de sens qu’au service de la construction d’un mouvement populaire indépendant, capable d’incarner la démocratie de mouvement, le changement social dès ici et maintenant, l’accumulation d’émancipations vers la conquête de l’émancipation et de la libération.

C’est bien de faire la gauche qu’il s’agit

C’est pourquoi quand d’aucun-e-s proposent pour fonder une gauche conséquente et nouvelle, de se centrer sur un triple objectif de démocratie, de pluralisme et d’émancipation, nous répondons qu’il faut oser le pari. Et en prendre la mesure. Il faut de grandes révolutions culturelles au sein des gauches qui se sont voulues et se veulent révolutionnaires. En ce sens, le premier pas est d’élargir la proposition «démocratie-pluralisme-émancipation» en commun-démocratie de base-pluralisme-droit à l’expérimentation-émancipation. Il y a prééminence de l’auto-organisation et de l’indépendance du mouvement populaire, accumulation de pouvoir populaire, en deux mots. Un projet socialiste, fédéraliste et autogestionnaire, donc et à notre sens, évidemment libertaire, celui où chacun-e peut apporter ses mots pour peu que l’unité profonde en soit progressivement conquise.

Reprenez Staline et Lénine, laissez-nous Rosa Luxembourg et Bakounine

Il y a, dans la situation grecque, l’importance du KKE, le parti communiste et de son front syndical, le PAME. En Grèce, contrairement à la plupart des pays européens, sauf le Portugal, nous avons un courant post-stalinien. Par sa capacité d’organisation et d’action, par son ancrage culturel, le KKE peut tenter de prendre la direction d’une montée des revendications et des luttes populaires, excédant et contestant les limites et les démarches de l’action du gouvernement et de SYRIZA. Dans une situation fragile, une telle intervention peut mener à un développement important, voire décisif, d’un courant de type autoritaire et étatiste. Le «radicalisme» du KKE correspond à une conception politico-culturelle qui doit être combattue, fondamentalement. Cela ne signifie pas qu’il n’y a pas de convergences possibles, ponctuelles, dans l’action et la revendication. Mais dans chaque lutte, tactiquement, stratégiquement, politiquement, du point de vue aussi des significations centrales, la contradiction avec ce stalinisme tardif est première et décisive. De surcroît, il importe de rappeler que la position d’hostilité ouverte du KKE face à SYRIZA ne garantit aucunement que cette formation opère des tournants droitiers et opportunistes.

Provisoires

Ce n’est pas le temps de la révolution ni même de l’événement qui sont aujourd’hui en jeu pour la Grèce, c’est le temps de l’accumulation politique, de la construction de la puissance populaire, indépendante, face à quelque centre de pouvoir que ce soit.

Il faut refuser le sectarisme. Il ne s’agit pas de déborder à gauche le gouvernement pour lui substituer, à marche forcée, un autre gouvernement plus conséquent, plus radical, plus décidé. Il ne s’agit pas non plus d’opposer de manière schématique et appauvrissante une exigence révolutionnaire désincarnée à une action gouvernementale limitée et insuffisamment tranchée. Il y a bien la nécessité incontournable de la construction d’un pôle révolutionnaire, mais celui-ci est d’abord un pôle des luttes, des besoins et des aspirations. Il est en même temps un processus de travail politique qui construit et qui ancre les conceptions, les élaborations, la bataille stratégique et tout autant culturelle.

Il faut au plus vite faire monter un mouvement qui affirme la solidarité avec le peuple grec et ses besoins, et, davantage encore, la communauté de destin avec lui dans la lutte contre un système qui nous exploite, nous domine et nous opprime toutes et tous.

Nous n’avons peut-être pas beaucoup de temps, mais il n’y a pas de saut qualitatif miraculeux, de mutation brusque, d’irruption définitive.

Nous espérons que la Grèce nous donnera, pour référence et pour exemple, des événements extraordinaires, mais nous savons que tout événement doit être projeté pour en tirer toute la richesse dans un processus de travail politique de longue haleine. Ancrer l’événement dans la longue durée de la lutte, enrichir la poussée de notre combat par des événements qui sont autant de créations et donc d’avancées qualitatives, d’innovations, voilà donc le défi à la tête duquel se tient l’hypothèse grecque.

Organisation Socialiste Libertaire - Lausanne - Février 2015

http://www.rebellion-osl.ch/index.php/t ... se-grecque
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Re: Ἑλλάς, Grèce

Messagede leo » 16 Fév 2015, 17:44

Sur Syriza et sa victoire aux récentes élections générales en Grèce


par : Ta Papaidia Tis Galarias - TPTG

(groupe communiste anti-autoritaire)

http://oclibertaire.free.fr/spip.php?article1641
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Re: Ἑλλάς, Grèce

Messagede bipbip » 26 Fév 2015, 16:26

Europe : Syriza à l’heure de vérité

Depuis la victoire de Syriza aux élections législatives du 25 janvier 2015, les projecteurs médiatiques sont braqués sur la Grèce et son gouvernement de gauche radicale. Mais l’état de grâce aura été de courte durée. Le résultat des négociations menées avec les créanciers de l’État grec fait déjà grincer des dents au sein même de Syriza.

Dès l’annonce des résultats des élections législatives grecques, les commentaires ont fleuri à la « gauche de la gauche » pour saluer une victoire historique et reconnaître dans Syriza un modèle pour une alternative politique au libéralisme dominant.

Ce succès électoral a immédiatement donné des ailes à des formations réformistes plus ou moins proches de Syriza qui espéraient voir rejaillir sur elles l’aura populaire de Tsípras. Pourtant, l’exercice du pouvoir s’avère d’ores et déjà beaucoup plus décevant que prévu et la vague Syriza sur laquelle comptaient surfer Podemos en Espagne, le Front de gauche en France ou l’Alliance anti-austérité en Irlande semble dès à présent endigué.

Une zone de turbulences en Europe

L’arrivée au pouvoir de la gauche radicale a indéniablement provoqué une zone de turbulences dans une Europe gouvernée par des partis adeptes du libéralisme. Alors que le dogme de l’austérité n’est quasiment pas remis en cause, l’accession de Tsípras au poste de Premier ministre avait de quoi faire frémir au sein des institutions européennes.

En faisant ainsi de la renégociation de la dette grecque et de la remise en cause des mémorandums conclus avec la troïka son cheval de bataille, le nouveau gouvernement grec entendait répondre aux aspirations populaires qui avaient porté ce parti au pouvoir et marquer la rupture avec les gouvernements précédents.

Les premières annonces du gouvernement Tsípras allaient dans ce sens : arrêt de la privatisation du port du Pirée et des grandes entreprises publiques (en particulier l’opérateur d’électricité DEI), programme d’urgence pour répondre à la crise humanitaire, réintégration de milliers de fonctionnaires, hausse du salaire minimum, relèvement des pensions pour les retraités les plus pauvres, etc.

Mais les premières annonces de Tsípras faisant suite aux négociations avec l’Eurogroupe ne vont clairement pas dans le bon sens et toute la question est désormais de savoir comment va agir l’aile gauche de Syriza, mais aussi et surtout dans quelle mesure le prolétariat organisé va mettre le gouvernement sous pression.

D’autant que le programme de Syriza, ambitieux par certains aspects, n’est en effet pas anticapitaliste en soi et aucune transformation sociale d’ampleur ne pourra être espérée si le mouvement social demeure attentiste.

Les limites d’un programme réformiste

La dernière mouture du programme de Syriza avait été présentée par Tsípras lors de la Foire internationale de Thessalonique en septembre 2014. Ce « programme de Thessalonique », qui doit être financé par la lutte contre la fraude fiscale et par un recours à divers fonds européens, prévoit un ensemble de mesures destinées à apporter une solution d’urgence à la crise humanitaire, à soutenir la relance économique (notamment par le relèvement du seuil de l’impôt sur le revenu et la création d’une banque d’investissement), à réformer la gouvernance et à endiguer le chômage en créant 300.000 emplois dans le secteur public et le secteur privé. Bref, un programme d’aides sociales mâtiné de mesures d’inspiration keynésienne.

C’est sur ce programme, beaucoup moins ambitieux que les revendications portées jusqu’alors par Syriza, que le parti de Tsípras est parvenu à remporter la majorité relative des sièges au Vouli, le Parlement grec.

On peut dès lors se demander quels sont les objectifs du nouveau gouvernement : apporter une réponse immédiate à la misère et tâcher simplement de faire revenir la Grèce à sa situation d’avant 2008 ou s’appuyer sur ces premières mesures populaires pour consolider un bloc majoritaire dans la population et mener ensuite des transformations sociales plus radicales ?

Dans tous les cas, c’est en premier lieu au mouvement populaire grec que nous devons apporter notre soutien. C’est au sein de ce mouvement que doivent continuer à se développer des forces anticapitalistes et autogestionnaires à même de peser de manière significative sur la situation politique pour porter un projet de transformation sociale autonome qui ne se limite pas à un traitement symptomatique de l’austérité.

Le fait que les manifestantes et manifestants grecs adoptent le slogan « Pas un pas en arrière » laisse penser que des ouvertures existent et que l’expérience gouvernementale ne constitue pas un horizon borné.

Les contradictions du pouvoir

Dès la fin du mois de janvier, le nouveau gouvernement Tsípras, fruit d’une alliance de circonstance entre Syriza et le parti de droite souverainiste des Grecs indépendants, a entamé des négociations en vue d’aménager le remboursement de la dette grecque et d’obtenir de nouveaux financements.

Mais Yánis Varoufákis, nouveau ministère des Finances, se heurte d’ores et déjà à l’inflexibilité de l’Eurogroupe (regroupant les ministres des Finances de la zone euro, la BCE et le FMI) qui pose comme condition à toute négociation la prolongation du mémorandum. Et les annonces du gouvernement grec montrent que le tiède compromis a été préféré à l’affrontement direct avec les institutions européennes.

En effet, selon les termes de l’accord, même si l’initiative des réformes revient au gouvernement grec, celles-ci devront être validées par les créanciers de l’État grec avant de pouvoir être mises en œuvre.

C’est ce compromis au rabais qui a conduit le vétéran Manolis Glézos, figure emblématique de la résistance grecque à l’occupation nazie, à dénoncer la capitulation du gouvernement Tsípras et, dans une lettre ouverte, à demander « au Peuple Grec de [lui] pardonner d’avoir contribué à cette illusion » [1].

Dans le même temps, le relèvement immédiat du salaire minimum à 751 € a été repoussé à 2016 tandis que l’arrêt de la privatisation du Pirée ne semble plus être défendu avec autant de force.

Développer des contre-pouvoirs avant de prendre le pouvoir

L’arrivée au pouvoir de Tsípras va sans nul doute conduire, dans un premier temps, à une amélioration substantielle du sort des plus précaires et peut même être propice à un développement des forces révolutionnaires.

Pour autant, l’aventure gouvernementale de Syriza présente deux risques majeurs :
1. brider les aspirations populaires au changement en leur opposant un discours gestionnaire ;
2. nourrir, par son échec, les idées réactionnaires et précipiter un brutal retour à l’ordre.

Ces deux risques sont liés au rapport utilitariste qui est entretenu avec le mouvement social : dans une période de reflux des luttes après 2012, la stratégie de Syriza a ainsi été d’offrir un « débouché politique » au mouvement social plutôt que de tâcher de renforcer, en son sein, les perspectives de contestation et d’élaboration d’un projet de transformation sociale autonome.

Le Front de gauche qui, en France, se donne Syriza pour modèle et prétend appuyer le mouvement social en lui proposant un débouché électoral, risque, de même, de brider des organisations syndicales et des associations de lutte déjà affaiblies en leur faisant perdre de vue toute perspective politique autonome.

Au-delà de cela, faire de la recomposition électorale à gauche et de la recherche d’un accord programmatique une priorité pour contester la politique libérale du gouvernement revient à nourrir des illusions et à faire oublier que c’est la construction patiente d’un rapport de force en faveur des classes populaires qui sera déterminante pour saper les fondements du pouvoir capitaliste et commencer à bâtir, par en bas, une autre société.

Benjamin (AL Paris Nord Est)


[1] L’intégralité de sa lettre ouverte est disponible sur le site Alencontre.org
http://alencontre.org/europe/grece-les- ... romis.html

http://alternativelibertaire.org/?Europ ... -de-verite
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Re: Ἑλλάς, Grèce

Messagede Tails » 27 Fév 2015, 21:16

Une manifestation réunissant près de cinq cents personnes, organisée par un parti anticapitaliste grec, a dégénéré, jeudi 26 février à Athènes. C'est la première manifestation de ce type dans la capitale depuis l'arrivée à la tête du pays, il y a un mois, du parti antiaustérité Syriza. Les organisateurs voulaient dénoncer les accords passés par le gouvernement Tsipras avec ses créanciers européens.

Après le défilé, une cinquantaine d'individus vêtus de noir et cagoulés ont attaqué les policiers dans le quartier d'Exarchia, lançant des cocktails Molotov. Des vitrines de boutiques et de voitures ont été détruites, selon la police.


http://www.lemonde.fr/europe/article/20 ... _3214.html
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Re: Ἑλλάς, Grèce

Messagede Tails » 28 Fév 2015, 14:31

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Re: Ἑλλάς, Grèce

Messagede Pïérô » 03 Mar 2015, 01:16

Eurogroupe 1 – Syriza 0 : Athènes déjà sur le reculons.

Pour des centaines de milliers d’Européen-ne-s, la victoire de Syriza aux élections législatives grecques allait amener un vent d’espoir et de renouveau. Enfin un parti politique osait se lever contre les mesures d’austérité imposées par la Banque centrale européenne, l’Union Européenne et le Fonds monétaire international. Syriza n’allait pas plier scandait son chef, Alexis Tsipras. Foutaise! Après avoir lancé des promesses à gauche et à droite, c’est l’heure de la marche arrière pour le parti de ‘’gauche radicale’’. Le financement du plan de ‘’sauvetage’’ de l’économie grecque arrive à échéance le 28 février. Syriza doit donc s’entendre, avant la fin du mois, avec l’Eurogroupe pour prolonger l’aide monétaire pour un autre 4 mois. Cette dernière tranche est chiffrée à environ 7 milliards d’euros. Ce lundi, la gang à Tsipras devait fournir une liste de réformes à la Commission européenne. Cette dernière va en faire l’analyse pour ensuite approuver ou non le prolongement de l’aide. Bien évidemment, la même Commission européenne qui impose depuis 2010 des mesures d’austérité à la Grèce s’attend à continuer dans la même voie. Syriza acquiesce.

Il est important de rappeler la phrase lancée par Tsipras lors d’une allocution au parlement grec juste avant le vote de confiance des députés : "Schaüble [ministre des finances de l’Allemagne] peut nous le demander de n'importe quelle façon, nous ne demanderons pas d'extension du plan d'aide".

Le gouvernement a promis de mettre un terme aux privatisations, dont celle du port de Pirée. Voilà que pour avoir accès aux milliards d’euros, Tsipras s’engage à ne pas revenir sur les privatisations déjà mise de l’avant et va « étudier les privatisations qui n’ont pas encore été lancées, de manière à maximiser les revenus que l’État pourrait en tirer » [1]. Aussi bien dire qu’il va continuer la vague de privatisations, mais en augmentant légèrement le prix de vente. [2] Autre promesse mise en danger, l’augmentation du salaire minimum. Tsipras a promis de le faire passer de 580 à 751 euros par mois d’ici 2016. Dans les six pages qui détaillent les réformes proposées par Athènes, le gouvernement n’avance plus de chiffres et ne donne pas d’échéance. Aux poubelles les 751 euros et l’objectif de 2016. Le document relate que le gouvernement vise « à une approche intelligente de la négociation collective sur les salaires. Cela inclut une volonté d’augmenter le salaire minimum, en préservant la compétitivité (…). L’augmentation de ce salaire minimum et son timing seront décidés en concertation avec les institutions européennes et internationales ». [3] Au lieu d’aller de l’avant et de tenir sa promesse, Syriza veut décider tout cela main dans la main avec les institutions qui prônent les mesures d’austérité et qui imposent une saignée à blanc à la Grèce. Les Grecs-Grecques peuvent bien oublier l’augmentation promise du salaire minimum. Ils-elles auront au mieux une légère hausse dérisoire que Syriza leur ‘’donnera’’ pour se sauver la face.

Syriza, sauveur du capitalisme.

Même des économistes du Fonds monétaire international ont déclaré, dans un rapport, que l’austérité n’est pas la solution [5]. Malgré tout, c’est ce qui est mis de l’avant. Il ne faut pas oublier que ‘’l’austérité’’ n’est que l’idéologie néolibérale enclenchée à vitesse grand V. C’est depuis les années 70 que les privatisations et la destruction des services publics, des filets sociaux et des conditions de travail sont mises de l’avant partout sur le globe à différents degrés. Rien de nouveau. En Grèce, la situation catastrophique et insoutenable obligeait un changement ‘’drastique’’ dans le paysage politique du pays. Normalement, l’extrême-droite se pointe comme dernier rempart du capitalisme, mais voilà que Syriza vient sauver la mise pour la Troïka et son idéologie néolibérale.

Maintenant, c’est l’austérité avec de la dentelle. Syriza ne remet pas en question le système économique. Il veut que le réformer. C’est pourquoi qu’il accepte de payer la dette illégitime qu’à contracté le pays. Il demande seulement un rééchelonnement des versements et au mieux, une diminution. N’étant pas un parti révolutionnaire, il se doit de jouer avec les règles des tenants du néolibéralisme. Et à ce jeu, c’est toujours les mêmes qui gagnent. Syriza devra donc reculer sur certains points puisque c’est la ‘’game’’ de la politique. C’est aussi pour le ‘’jeu de l’électoralisme’’ que Syriza fait coalition avec un parti anti-immigration afin d’avoir la majorité au Parlement. Tsipras va-t-il reculer sur ses promesses touchant l’immigration? Elles contiennent la légalisation, sous différentes formes, de tous/toutes les immigrant-e-s ayant entré au pays avant 2010 ou encore la fermeture des camps de détention de migrant-e-s dont celui d’Amygdaleza.

Dans tous les cas, les gens sont là pour lui rappeler. Vidéo d’une manifestation demandant la fermeture immédiate du camp de concentration d’Amygdaleza https://ruptly.tv/vod/view/24563/greece ... grant-camp.

Seule la lutte paie !

À gauche comme à droite, les partis politiques sont à genoux devant leur dieu Capital. Au mieux, la descente aux enfers est moins rapide...mais elle arrive pareil. Il ne faut pas compter sur les urnes pour espérer changer quelque chose en mettant au pouvoir des politiciens et politiciennes qui, le premier moment venu, retournent leurs vestes et rentrent dans le rang. Les exemples sont trop nombreux pour commettre la même erreur. Au lieu de cela, il faut commencer à s'organiser et fédérer nos colères pour contrer non seulement les mesures d'austérité qui arrivent inéluctablement, mais passer à l’offensive. Car nos objectifs ne doivent pas simplement empêcher les licenciements, les coupures dans les services, la hausse des tarifs, etc. Il faut qu’à travers nos luttes nous semions les graines d’une véritable transformation de la société. C’est en construisant des alternatives et des contre-pouvoirs réellement aux mains du plus grand nombre, que nous pourrons y parvenir. Cela passe par la reprise en main des entreprises par et pour les travailleurs-euses, de la mise en autogestion des outils de production ainsi que de nos lieux de vie et d’étude. Il nous faut reprendre le contrôle de l’économie et de nos quartiers en construisant des contre-pouvoirs démocratiques (comités, collectifs, assemblées générales, etc.), au service de toutes et tous.

Voici le documentaire Ne vivons plus comme des esclaves https://www.youtube.com/watch?v=rpqk24qvoR4. Il porte sur quelques alternatives autogérées mises de l’avant en Grèce pour affronter et dépasser les mesures d’austérité néolibérales.


[1].http://www.huffingtonpost.fr/2015/02/11 ... 58470.html

[2].http://www.lemonde.fr/economie/article/ ... _3234.html

[3]. La privatisation du port de Pirée ne sera donc pas annulée comme le promettait le gouvernement.

[4].http://www.lemonde.fr/economie/article/ ... _3234.html

[5].http://www.humanite.fr/le-fmi-le-confir ... -de-calcul

http://ucl-saguenay.blogspot.co.il/2015 ... a-sur.html
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Re: Ἑλλάς, Grèce

Messagede Pïérô » 07 Mar 2015, 14:17

Grèce : Syriza m’était conté…

25 janvier, Alexis Tsipras : « Le peuple grec a écrit l’histoire et laisse l’austérité derrière lui. » Syriza arrive en tête aux élections législatives avec un tiers des votants (2,2 millions) et 20 % des inscrits, bénéficiant du léger recul de la Nouvelle démocratie (droite) et de l’effondrement du Pasok (Parti socialiste), qui gouvernaient ensemble. À noter que plus d’un tiers des inscrits (3,6 millions) ne s’est pas déplacé, dans un pays où le vote est obligatoire.
Fin janvier, une « ola » enthousiaste se lève de la « gauche », la « gauche de la gauche », à la « droite » et la « droite de la droite » : « C’est un grand soir démocratique » (Jean-Luc Mélanchon), « Un espoir pour tous ceux qui refusent les politiques d’austérité » (Pierre Laurent), « L’heure de l’alternance européenne a sonné » (Cécile Duflot), « La victoire d’un parti de gauche est une bonne nouvelle pour le parti socialiste » (Jean-Christophe Cambadélis), « Une gifle pour la caste UMPS européiste » (Florent Philippot, FN), « Nous prenons acte du choix du peuple grec » (UMP).
22 février, Manólis Glézos, symbole de la résistance contre l’occupant allemand, député du Pasok puis de Syriza appelle à l’insurrection : « Changer le nom de la troïka en institutions, celui du mémorandum en accord et celui des créanciers en partenaires, ne change en rien la situation antérieure […] Je demande au peuple grec de me pardonner d’avoir contribué à cette illusion. »

Élection trahison ?

C’est que l’accord de février avec Bruxelles prévoit une extension de quatre mois du financement de la Grèce, mais maintient les bases du mémorandum de 2012, la « flexibilité » et les privatisations, Athènes s’engage à ne pas prendre de « mesures unilatérales qui déstabiliseraient le budget » : à la trappe les promesses d’abolition du mémorandum, du gel de l’augmentation de la TVA, du retour du treizième mois pour les retraités… ? Le quotidien Dimokratia ironise : « Waouaou les mesures de gauche ! » alors que le site To Vima détaille les promesses envolées : « Il y a au moins 29 engagements électoraux qui ont été reportés. Chaque jour le gouvernement laisse une promesse électorale de côté. »
Ne se sentent « trahis » que ceux qui, par ignorance ou par choix, se sont fait des illusions. Rappelons qu’à la veille de son congrès constitutif, en juillet 2013, la coalition de la gauche radicale Syriza était un conglomérat de petites formations, telles Synaspismos (créé en 1991 par des exclus pour « réformisme » du KKE, le Parti communiste grec), DEA (Gauche ouvriériste internationaliste, trotskiste), KOE (Organisation communiste de Grèce, maoïste). Peu implanté chez les ouvriers et les paysans, sans relais syndical, Syriza espérait conquérir les classes moyennes pour obtenir une majorité parlementaire. Dès le début une « aile gauche » (DEA et un courant de « gauche » de Synaspismos), environ 25 %, revendique un gouvernement « uniquement de gauche » et s’oppose au « front anti-mémorandum », susceptible d’intégrer les « Grecs indépendants » de Panos Kammenos, parti nationaliste antisémite, anti-immigrés, soutien de l’Église orthodoxe : il est aujourd’hui au gouvernement. Syriza utilise un double langage, soutenant les mouvement de grève, mais prenant ses distances avec des actions jugées « radicales », inspirées notamment par les anarchistes, et ne condamnant pas les violences policières lors d’évacuations musclées de squats ou de centres sociaux. Déjà, une partie des jeunes citadins qui l’avaient soutenu commençait à craindre que Syriza ne soit un nouveau Pasok qui, en 1981, n’avait à peu près rien réalisé, après être venu au pouvoir avec un programme « radical ».

La Syrizette, une vieille recette

Ceux qui, dans les rangs du NPA, du FdG, des Verts et des frondeurs, lorgnent sur « Podemos » et rêvent d’une Syrizette à la française, arguent de l’impossibilité pour la Grèce de mettre en place des mesures radicales face à une Europe « intraitable ». Ainsi donc, il faudrait appâter les électeurs avec des promesses, que l’on sait irréalisables, pour les trahir dans un gouvernement impuissant ! Mais ils affirment qu’il existerait un « Syriza des luttes », qui appuierait des réalisations concrètes assurant les besoins fondamentaux en nourriture, santé, éducation… Rappelons que les alternatives, notamment anarchistes, existaient et se développaient sans avoir attendu Syriza, une militante de ce parti déclarant en 2013 : « Jusqu’au printemps dernier, Syriza n’avait pas mené d’action concrète. »
Ce n’est pas un gouvernement, quel qu’il soit, qui fera sortir les Grecs su capitalisme prédateur. L’espoir est dans une fédéralisation des initiatives, non seulement dans le domaine de la consommation, mais aussi en lien avec celui de la production, où la difficulté est immense, car les syndicats grecs sont dans les mains du KKE et du Pasok. Ceux qui, un peu partout dans le monde, se réclamant du marxisme, se sont servis comme outils de l’État et du Parti, sont les mêmes qui ont combattu et parfois réprimé, depuis plus d’un siècle, le syndicalisme révolutionnaire et l’anarcho-syndicalisme, vidant les organisations de travailleurs de tout programme émancipateur, pour en faire des organismes corporatistes, aux mains de différents partis, voire parfois du patronat. Devant les résultats catastrophiques, certains tentent d’épicer de vieilles recettes en relevant le brouet par un zeste de piment libertaire, mais c’est toujours la même soupe indigeste.
Continuons de soutenir et de faire connaître les diverses initiatives concrètes en Grèce. Les Rencontres anarchistes méditerranéennes qui vont avoir lieu cette année, initiées notamment par l’Internationale des fédérations anarchistes, auxquelles participera une partie du mouvement anarchiste grec, sans doute le plus fort mouvement anarchiste en Europe, vont permettre de renforcer nos liens et notre solidarité.

Serge
Groupe Gaston-Leval de la Fédération anarchiste

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Re: Ἑλλάς, Grèce

Messagede bipbip » 09 Mar 2015, 07:56

Point de vue d’un libertaire grec : L’heure de la solidarité internationale

Le premier tour des négociations de l’Eurogroupe sur la dette grecque s’est achevé fin février à Bruxelles. Le gouvernement Syriza-Grecs indépendants, récemment élu avec mandat de renégocier et supprimer une bonne partie de la dette grecque en accord avec les partenaires européens, s’est finalement plié aux pressions allemandes, en demandant la prolongation du programme d’austérité, en prenant en retour quatre mois de liquidité et un assouplissement des objectifs fiscaux.

Où en est-on réellement un mois après la victoire triomphale de Syriza aux élection et les premiers jours d’enthousiasme où la cote de popularité du gouvernement a atteint 80% de l’opinion  ? La fin peu glorieuse de ce tour de négociations a montré les limites de ce processus imperméable aux pressions du mouvement populaire.

Dans un premier temps, ce résultat ne permet même pas au gouvernement de répondre à la « crise humanitaire », c’est-à-dire d’appliquer les mesures immédiates pour le soulagement des couches des plus faibles des classes populaires. L’économie du pays continue d’être sous la tutelle de l’union sacrée de l’oligarchie financière.

Approfondir la brèche

Dans les temps à venir, la base de légitimation du gouvernement sera la tentative de freiner l’attaque contre les acquis fondamentaux des mouvements ouvriers. Sans grande marge de manœuvre, le nouveau gouvernement grec a su internationaliser la question de sa dette et gagner un peu de temps. Si ce temps sera retrouvé ou reperdu ne dépend pas tant du gouvernement que de la mobilisation de classe. Autrement dit, le résultat électoral a pu ouvrir une brèche dans l’uniformité de la pensée unique, mais si les classes laborieuses n’occupent pas la place publique, cette brèche sera vite refermée et digérée.

L’échec à changer l’agenda et la retraite tant attendue du gouvernement grec prouvent que la ligne d’«  unité  » et de «  réconciliation nationale  » ne mène pas loin les revendications et les aspirations des travailleurs. Cela ne regarde pas que les discours mais aussi les gestes politiques majeurs du gouvernement, comme lorsqu’il a confié le rôle du président de la République à un ancien ministre de l’Intérieur de la droite républicaine.

Gestion médiatique

L’heure est maintenant à une gestion médiatique de ces manœuvres douteuses  : bien entendu cela peut produire des résultats tant que le gouvernement reste capable de persuader la population qu’il est capable d’appliquer sa politique. L’espoir est revenu, selon le slogan électoral de Syriza, mais la peur règne toujours. La majorité de la population continue de craindre qu’un conflit avec le FMI et les institutions européennes ou un Grexit amène le pays au bord de l’abysse.

L’heure n’est plus à regarder de loin et à analyser, comme si nos actions ne pesaient pas dans le rapport de forces à l’échelle internationale et européenne. Si les prochains mois se déroulent dans un paysage de faible mobilisation populaire, il est certain que tant Syriza que les autres nouveaux partis radicaux, comme celui de Podemos en Espagne, se trouveront obligés de capituler ou de se transformer en social-démocratie néolibérale des années 1990.

L’heure est maintenant à la solidarité internationale, pour l’élaboration pratique de revendications communes et l’organisation des luttes à l’échelle européenne.

Yannis (Initiative anarcho-syndicaliste Rocinante, Athènes) http://rocinante.gr/

http://alternativelibertaire.org/?Point ... taire-grec
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Re: Ἑλλάς, Grèce

Messagede Tails » 09 Mar 2015, 22:08

Le siège du parti grec Syriza occupé par des anarchistes

Une cinquantaine d’anarchistes occupaient dimanche le siège du parti de gauche radicale au pouvoir, Syriza, en soutien à une grève de la faim de prisonniers qui protestent contre leurs conditions de vie dans les quartiers de haute sécurité, a constaté l’AFP.

Les anarchistes ont fait irruption dans les bureaux de Syriza, dans le centre d’Athènes, forçant les permanents du parti à quitter le bâtiment. « Je donnais dans mon bureau ma première interview officielle à une radio », a témoigné à l’AFP la nouvelle porte-parole du parti, Rania Svigou. « J’ai fermé la porte pour ne pas être dérangée. Puis j’ai entendu des coups et des cris », a décrit Mme Svigou. « J’ai fini l’interview, je suis sortie pour voir ce qui se passait, et ils nous ont dit de nous en aller », a-t-elle déclaré, assurant que les permanents du parti n’avaient pas souhaité appeler la police.
Action
Syriza a critiqué à de nombreuses reprises la répression policière des émeutes anti-austérité des années passées. Les anarchistes ont déployé des bannières sur les balcons du bâtiment, appelant à la fermeture des très controversées prisons de type C, où sont enfermés les plus grands criminels du pays et les prisonniers coupables d’actes terroristes.


https://communismeouvrier.wordpress.com ... archistes/
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Re: Ἑλλάς, Grèce

Messagede Pïérô » 12 Mar 2015, 01:52

Grève de la faim dans les prisons grecques : chronique des derniers jours

Tandis que la société grecque avale presque sans broncher les contes post-électoraux du gouvernement SYRIZA-ANEL [1], des anarchistes incarcéré-e-s et des prisonnier-e-s combatif-ves dans les geôles de la démocratie grecque décident de se confronter de nouveau au Pouvoir et à ses lois, utilisant comme moyen de lutte la grève de la faim et le refus de la nourriture de prison.

... https://iaata.info/Greve-de-la-faim-dan ... s-607.html
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Re: Ἑλλάς, Grèce

Messagede digger » 16 Mar 2015, 11:53

Reçu ce matin de Πρωτοβουλία Αλληλεγγύης ΒιοΜε <protbiometal@gmail.com>
Traduction hâtive de l'anglais

-----------------------------------------------
Chers tous,

La lutte de VIOME est de nouveau à un carrefour Après que Lafarge, la société française, se soit arrangée pour que VIOME soit déclaré en dépôt de bilan l'été dernier, le nouvel administrateur conspire avec les ex-propriétaires pour liquider l'entreprise. Le 23 mars, se tiendra un procès important pour l'avenir de la lutte de VIOME. Nous sommes bien sûr décidés à rester dans l'usine quel qu'en soit le verdict, mais il s'agit d'une importante bataille judiciaire et nous devons mobiliser nos forces.

Comment pouvez-vous aider?
1) Lire et faire suivre la présente déclaration (en anglais et en espagnol) et la signer: nom (personnel ou de l'organisation, lieu d'habitation ou d'implantation)
2) Envoyez un court message de solidarité aux ouvriers de VIOME, qui sera traduit et lu durant les manifestations du 20 et 23 mars.
3) Envoyez une photo de votre organisation avec une banderole de solidarité. Elle sera publiée sur notre page web
Vous pouvez faire une de ces trois choses, ou les droits, selon votre temps disponibles et votre énergie!
in solidarity,
Teo



Les ouvriers de Thessalonique, Grèce, ont résisté au chômage et à la pauvreté en menant un long combat pour autogérer l'usine occupée dans des conditions très défavorables. Depuis deux ans maintenant , ils ont fabriqué et vendu des produits de nettoyage écologiques dans les locaux occupés, assurant un revenu modeste à leurs familles. Ils ont travaillé sur un pied d'égalité, en prenant les décisions collectivement lors d'assemblées générales. Dans le même temps, ils ont suscité une grande vague de solidarité en Grèce et à l'étranger, transformant leur lutte en un combat symbolique pour la dignité humaine dans une Grèce frappée par la crise.

Les ex-propriétaires de l'usine , la famille Fillipou, n'a jamais cessé d'essayer de faire obstruction au processus, posant des obstacles juridiques à chaque étape. Il y a quatre ans, elle a abandonné l'usine , gardant pour elle tous les bénéfices et laissant des centaines millions de salaires impayés aux ouvriers, condamnant leurs familles à la pauvreté et à la misère. Aujourd'hui, elle fait sa réapparition, en conspirant avec les administrateurs appointés par l'état et le système judiciaire afin de liquider l'entreprise.

Alors que les ex-propriétaires avaient été condamnés à 123 mois de prison en première instance pour les millions de dettes envers les ouvriers, la cour d'appel a réduit cette peine à 43 mois, peine avec sursis, les acquittant donc d'avoir même à payer les arriérés de salaires aux ouvriers.

Dans le même temps, le 23 mars, un nouveau procès doit se prononcer, à la demande des administrateurs judiciaires, sur la liquidation de l'entreprise, ses machines et ses locaux. Si le jugement du tribunal se prononce pour, les gros intérêts immobiliers et financiers se verront offrir l'occasion d'avoir un pied dans les locaux de VIOME.

Les ouvriers de VIOME et le mouvement national et international de solidarité sont déterminés à résister à une vente possible par tous les moyens nécessaires. le vendredi 20 mars, nous organisons une manifestation dans le centre ville de Thessalonique, comprenant un marché fermier et une vente directe publique de la production de VIOME. Le lundi 23 mars, nous nous rassemblerons devant le tribunal , pour protester contre l'intention des administrateurs et des juges de liquider et vendre l'entreprise et ses locaux, condamnant les ouvriers et leurs familles au chômage et à la misère afin de servir les intérêts des puissants.

En outre, nous déclarons que, quelle que soit la décision du tribunal, nous sommes déterminés à rester sur nos positions et à défendre l'usine VIOME, un lieu de travail qui est resté en vie grâce à la détermination des ouvriers et à la solidarité d'une large communauté. Nous refusons de nous rendre aux pouvoirx judiciaires, qui ont constamment bafoué la justice envers les ouvriers et les couches défavorisées.
 
Notre destin est maintenant entre nos mains, nous disposerons nous-mêmes de notre travail et de nos vies. Nous ne permettrons à personne de détruire ce que nous avons construit avec tant d'efforts. Nous déclarons aux juges, à la police,aux administrateurs , aux ex-propriétaires et à tout acheteur potentiel :

VIOME N'EST PAS A VENDRE!

VIOME RESTERA AUX MAINS DES OUVRIERS!   
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Re: Ἑλλάς, Grèce

Messagede Pïérô » 19 Mar 2015, 20:54

Violente manifestation anarchiste dans le centre d’Athènes
Des affrontements ont éclaté hier entre policiers et anarchistes en plein cœur d’Athènes, sans faire de blessés. Il n’y a pas eu d’interpellation mais des véhicules ont été incendiés, et des vitrines de magasins endommagées.
http://fr.euronews.com/2015/03/18/viole ... d-athenes/

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Re: Ἑλλάς, Grèce

Messagede bipbip » 22 Mar 2015, 02:14

Athènes : Deux prisonniers de la CCF, en grève de la faim depuis le 02/03, actuellement hospitalisés

Le 17 mars, le membre de la CCF en grève de la faim Panagiotis Argirou (qui, seulement deux ans plus tôt, s’est rétabli d’une blessure grave à la tête) a subi un épisode d’évanouissement et a été transféré dans un hôpital en dehors de la prison de Koridallos. Il a plus tard été ramené en prison, seulement pour être transféré de nouveau à l’hôpital du fait d’un taux glycémique très faible.

Le 18 mars, le gréviste de la faim CCF Giorgos Polidoros a également été envoyé à l’hôpital pour subir plusieurs tests. Le camarade a plus tard été transféré de nouveau en prison

Le 19 mars, un autre prisonnier CCF en grève de la faim, Theofilos Mavropoulos, a eu besoin d’être hospitalisé en dehors de la prison à cause de vertiges sévères et de douleurs abdominales et au rein.

http://fr.contrainfo.espiv.net/2015/03/ ... pitalises/
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