Etats-unis d'Amerique

Re: Etats-unis d'Amerique

Messagede Pïérô » 13 Aoû 2014, 13:25

ÉTATS-UNIS
Pourquoi il y a des émeutes à Saint Louis
La mort, le 10 août, d'un jeune noir de 18 ans tué par balles par un policier de la ville populaire de Ferguson, a attisé les tensions et provoqué des émeutes. La presse s'interroge sur la signification de ce drame au niveau local, et pour la société américaine.
... http://www.courrierinternational.com/ar ... aint-louis
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Re: Etats-unis d'Amerique

Messagede bipbip » 20 Aoû 2014, 10:02

Ferguson : selon l'autopsie, le jeune Noir a été tué de six balles
Quatre balles se sont logées dans le bras droit de l'adolescent et deux, dans sa tête, selon les résultats d'une autopsie.
... https://fr.news.yahoo.com/ferguson-selo ... 00418.html

Ferguson, dix jours après la mort de Michael Brown
Dix jours après la mort de Michael Brown, un adolescent noir abattu par un policier, Ferguson vit au rythme des manifestations. Après une nuit d'émeutes à caractère racial ayant fait six blessés par balle et trente et une arrestations, la ville du Missouri a recouvré un semblant de calme mardi 19 août. En début de soirée, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées, portant des pancartes et scandant des slogans.
Une première autopsie contredit la thèse de la police selon laquelle il essayait de voler l'arme du policier. Deux autres autopsies de l'adolescent, dont les obsèques se dérouleront le 25 août, sont prévues.
+ vidéo : http://www.lemonde.fr/ameriques/video/2 ... _3222.html

Défense des émeutes de Ferguson
Dans ce texte initialement paru sur le site états-unien The Jacobin, Robert Stephens II montre que les manifestants de Ferguson ne sont en rien irrationnels ni apolitiques. Bien au contraire, ils attirent l’attention sur leurs besoins fondamentaux et insatisfaits.
... http://www.contretemps.eu/interventions ... ferguson-0
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Re: Etats-unis d'Amerique

Messagede Pïérô » 21 Aoû 2014, 23:18

Ferguson, produit d'une longue histoire de brutalités policières

Les manifestations se poursuivent à Ferguson après la mort de Michael Brown, adolescent noir abattu par un policier le 9 août dernier, alors que la garde nationale vient d'être mobilisée pour les réprimer. L'opinion publique prend la mesure d'une réalité ancienne : celle d'une police aux méthodes souvent brutales et dont les principales victimes sont noires.

Trois éléments sont utiles pour comprendre l'indignation et l'émotion suscitées par la mort de cet adolescent. D'une part, loin d'être isolé, ce drame s'ajoute à une longue liste de violences policières. D'autre part, on assiste depuis une vingtaine d'années à une militarisation de plus en plus importante poussée par une puissante industrie de la défense. Enfin, tout cela a lieu dans une Amérique qui peine à éradiquer un racisme systémique et où les préjugés sont tenaces.

... http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/vis ... 55770.html
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Re: Etats-unis d'Amerique

Messagede Koala » 22 Aoû 2014, 14:23

J'ai trouvé cet article pas mal aussi:

Collectif Alternative Libertaire Bruxelles
Blog communiste libertaire bruxellois

1992 : No Justice, no peace. Les émeutes « Rodney King » 

Par Nicolas Pasadena (commission antiraciste d’AL)

Les émeutes de Los Angeles débutent après l’acquittement des policiers impliqués dans le tabassage de Rodney King, et touchent de plein fouet une Amérique blanche et riche, qui célèbre au début des années 1990 le triomphe du modèle américain. Ces révoltes, suivies en direct par toute la planète, sont révélatrices du nouvel ordre social.

L’événement que constituent les émeutes de Los Angeles n’est pas toujours apprécié à sa juste importance. Pourtant la situation générale des prolétaires racisés états-uniens de 1992 n’est pas sans écho ailleurs dans le monde après trente ans de libéralisme économique.


Les émeutes de Los Angeles explosent après 20 ans de reflux des luttes du mouvement noir. Les émeutes des années 1960, à l’apogée des mouvements pour les droits civiques et du « Black Power », avaient lieu dans un contexte fortement revendicatif et nul ne doutait de leur caractère politisé. Ces mouvements ont dû essuyer une très lourde répression, les militants et militantes du Black Panthers Party (BPP) furent pourchassés et beaucoup furent emprisonnés et assassinés. L’effondrement du BPP dans les années 1970 marque en quelque sorte la fin des grands mouvements de protestations noirs [1]. Par la suite, les stratégies politiques plutôt réformistes et moins radicales gagnent du terrain : la décennie 1980 fut marquée notamment par la nomination aux primaires démocrates du révérend noir Jesse Jackson.

Les luttes pour les droits civiques, malgré des victoires considérables, n’ont pas réussi à parvenir à une égalité réelle. Ainsi, si juridiquement la ségrégation n’existe plus, par le biais des rouages du capitalisme et de l’État, l’oppression raciale perdure. Dans les années 1980, avec l’arrivée au pouvoir de Reagan, les ghettos vont connaître de lourdes attaques. La politique libérale et de privatisations entreprise durant cette décennie ravage les quartiers noirs : suppressions de services sociaux, des budgets alloués à l’école publique, chômage, disparition rapide de l’État social à tous les niveaux, etc. Ces quartiers plongent dans la pauvreté extrême ; pour nombre de jeunes noirs à l’époque, il y a peu chance de sortir du ghetto ou de s’enrichir par la voie légale. Ce climat social dégradé favorise la mise en concurrence des communautés et des tensions qui en résultent.

Los Angeles et les tensions communautaires

La situation des ghettos de Los Angeles (LA) au début de la décennie 1990 est particulièrement emblématique de ce climat social. Ces quartiers sont concentrés au sud de LA (notamment les quartiers de South-Central, Compton et Watts) et ont été sévèrement touchés par la récession nationale de la fin des années 1980. Ils concentrent des minorités ethniques noires, asiatiques, et latinos. La composition « raciale » de ces quartiers, historiquement noirs, a évolué lorsque les Hispaniques s’y sont installés (leur population aurait augmenté de 119 % en une décennie [2]).

À cela s’ajoute l’implantation de populations d’origines coréennes qui deviennent propriétaires des petites épiceries et des boutiques, anciennement détenues par des Noirs. La compétition économique entre les différentes populations des classes ouvrières est à l’origine d’une certaine animosité raciale : ainsi, dans les années 1980, les entreprises du centre de LA se séparent de la plupart de leurs employé-e-s noirs pour les remplacer par des immigrants et immigrantes latinos, payés moitié moins que leurs prédécesseurs syndiqués.

La pauvreté de ces communautés doublée par l’arrivée du crack dans les quartiers noirs favorisent les guerres de gangs. Les gangs aux États-Unis ne sont pas un phénomène seulement adolescent – des pères de familles, même parfois âgés, en font partie – et ne se résument pas à un seul phénomène de criminalité mais possèdent des aspects socio-structurels : l’appartenance à un gang représente une alternative sociale et possède un caractère affectif et identitaire. Mais la politique répressive contre ces gangs est impitoyable et dans tous ces quartiers, les violences policières sont monnaie courante.

L’affaire Rodney King

C’est dans ce climat que survient le 3 mars 1991 le tabassage de Rodney King lors d’un contrôle radar par quatre policiers. Surpris à une vitesse de 160 km/h, il refuse de sortir du véhicule. En état d’ébriété, il finit par s’en prendre à eux et à les renverser par terre. Les policiers font alors usage de matraques électriques de 50.000 volts. En moins de deux minutes, les policiers s’acharnent sur King et lui assènent pas moins de 56 coups de matraque classique. Vingt-quatre autres policiers sont ameutés sur les lieux : aucun n’intervient pour calmer leurs collègues déchaînés.

Ce tabassage filmé par un vidéaste amateur, George Holliday, est diffusé sur les chaînes de télé américaine et provoque une forte indignation. La solidarité autour de Rodney King se met en place, ce qui vaudra aux policiers un procès très médiatisé.

Les quatre policiers : le sergent Koon (qui commandait), Powell et Wind (les deux auteurs de coups de bâton), et Theodore Briseno (auteur d’un violent coup de pied) sont accusés d’« usage abusif de la force ». La vidéo de George Holliday est versée au dossier et sera examinée image par image par des experts. La défense ayant réfuté les Afro-américains, le jury est composé de dix Blancs, un Asiatique et un Latino. Le 29 avril, après sept jours de délibérations, le jury acquitte les quatre officiers de police.

« No justice, No Peace »

L’acquittement des policiers met le feu aux poudres et des émeutes surviennent dès le premier soir. Le deuxième jour, la violence se répand sans aucun contrôle. On assiste à la télévision à des échanges de tirs quand les Coréens propriétaires de magasins décident d’utiliser des armes à feu afin de défendre leurs boutiques des pillards.

La couverture médiatique, possible grâce aux hélicoptères des équipes de télévision, permet une très large diffusion de l’événement, et les scènes de violence, notamment les images de la ville en flamme, des boutiques ouvertement pillées, et les coups de feu tirés, choquent le monde entier. D’autres émeutes, plus petites, ont lieu dans d’autres villes des États-Unis, comme à Las Vegas, San Francisco, Oakland ou encore New York, Seattle, Chicago, et même dans la ville canadienne de Toronto.

Un couvre-feu, le déploiement de troupes de la garde nationale californienne et des troupes fédérales dépêchées afin de mettre fin au « désordre », finit par faire diminuer la violence. C’est la plus grande opération de rétablissement de l’ordre coordonnée de l’histoire. Pendant des semaines, des unités de la police de L.A. recherchent les biens volés en pénétrant dans les logements ouvriers, pendant que les agents de la police des frontières patrouillent dans les rues à la recherche d’étrangers et d’étrangères en situation irrégulière. 13.212 personnes sont arrêtées, les peines d’amende et d’emprisonnement prononcées sont dans plusieurs cas complètement disproportionnées [3].

Un lourd bilan

Les estimations du nombre de morts varient entre cinquante et soixante. 3.600 incendies sont allumés pendant ces émeutes, détruisant 1.100 bâtiments. Les commerces possédés par des Coréens et d’autres immigrants asiatiques sont principalement visés, même si ceux des Blancs et Noirs sont également attaqués. Certains gangs en profitent pour régler leurs comptes avec d’autres bandes et la police.

Certains commentateurs déclarent que les émeutes ne sont pas politiques mais seulement l’occasion d’actes crapuleux et de règlements de comptes. Si la révolte ne connut pas de relai idéologiquement revendicatif contrairement aux émeutes du temps du Black Power, elle est pour autant fortement politique. Un des slogans des émeutes a d’ailleurs fait florès depuis : « Pas de justice pas de paix ».

Outre le verdict du procès, de nombreux facteurs sont cités comme causes des émeutes, parmi lesquelles le taux de chômage extrêmement élevé parmi les résidents des quartiers du sud de la ville, et l’attitude de la police de LA perçue comme particulièrement violente et utilisant des profils raciaux. Le chef de la police Daryl Gates, déjà critiqué depuis longtemps pour le racisme et la corruption qui sévissaient dans son service, est renvoyé quelques temps après.

Les révoltes ont d’autres impacts : l’opinion publique réclame un nouveau procès des policiers, et des charges fédérales, pour violation des droits civiques, sont déposées contre eux. Le verdict est lu le samedi 17 avril 1993 : deux des agents, l’officier Laurence Powell et le sergent Stacy Koon, sont déclarés coupables tandis que les deux autres sont acquittés. À la suite de la vidéo du tabassage, plusieurs organisations de « copwatch » (littéralement « surveillance de flics ») se développent aux États-Unis.

Des émeutes révélatrices du nouvel ordre social

Les images du tabassage de Rodney King sont diffusées sur les télés au moment même où la guerre du Golfe prend fin, quelques mois après la dissolution de l’URSS et la victoire du capitalisme triomphant. Elles font quelque peu partir en fumée le conte de fée que l’Occident vit à cette époque, celui de la fin de l’histoire, l’instauration d’un monde meilleur sous la coupe du marché et la victoire du rêve américain. Le racisme et les injustices sociales resurgissent alors violemment dans la réalité étatsunienne.

Pour en réduire l’impact social explosif, la criminalisation des émeutiers et des gangs sont le mot d’ordre. Depuis, les dominations raciales n’ont pas disparu aux États-Unis, comme l’a prouvé la gestion des réfugiés noirs lors de l’ouragan Katrina en Louisiane, en 2005. Si l’élection de Barack Obama a tenté de faire croire à la naissance d’une Amérique post-raciale, la réalité est toute autre : les conditions de vie des noirs dans les ghettos en 2012 ne sont pas meilleures qu’en 1992, la crise économique est passée par là et les conséquences sont énormes pour les minorités raciales aux États-Unis.

Si la situation étatsunienne est spécifique, elle n’est pas sans similitude ailleurs. Le constat est clair : à travers le monde, les minorités racisées sont généralement en bas de l’échelle sociale, reléguées dans une forme de marginalité urbaine et territoriale, distincte selon les pays (que ce soit dans des bidonvilles, des quartiers-ghettos ou encore dans des zones rurales) et soumises à l’oppression policière.

Cette frange du prolétariat ne disposant pas toujours des moyens de luttes ni des solidarités des différents mouvements d’émancipation, les stratégies individualistes, les phénomènes de gangs et les replis et divisions identitaires s’y développent.

Parallèlement nous constatons depuis quelques années une expansion du phénomène émeutier à travers le monde [4] : les émeutes Rodney King ont en quelques sortes inauguré cette période. Elles restent une des seules manifestations politiques porteuses d’exigence de justice pour les catégories les plus pauvres du prolétariat.
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Re: Etats-unis d'Amerique

Messagede bipbip » 25 Aoû 2014, 00:10

New York : manifestation contre les violences policières
Plusieurs milliers de personnes ont défilé dans le calme, samedi 23 août, à Staten Island, pour exprimer leur indignation après la mort, le mois dernier à New York, d'Eric Garner, un père de famille noir de 43 ans immobilisé par strangulation – un geste interdit – lors de son interpellation par la police.
La mort d'Eric Garner, qui était père de six enfants, a relancé le débat sur les violences policières, en particulier à l'égard des minorités. Celui-ci a été depuis alimenté par l'affaire Michael Brown, du nom de ce jeune Noir de 18 ans tué le 9 août par un policier blanc à Ferguson, dans le Missouri. Dans le défilé, de nombreuses pancartes associaient les deux hommes.
... http://www.lemonde.fr/ameriques/article ... _3222.html


Etats-Unis. Pour les Noirs américains, s’est érodé l’ensemble des forces de légitimation du système social
http://alencontre.org/ameriques/americn ... ocial.html
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Re: Etats-unis d'Amerique

Messagede digger » 03 Sep 2014, 11:01

Une brève visite à Ferguson
Par un membre du M1 de Chicago

Le mardi 19 août , ma femme et moi avons décidé (plus ou moins spontanément) de nous rendre de Chicago à Ferguson . En tant que personnes engagées politiquement, en général, et comme personnes blanches élevant un fils de couleur en particulier, nous étions tous les deux enragés par le meurtre de Michael Brown et motivés par le lutte continuelle des habitant-es de Ferguson.

Nous voulions voir de nos propres yeux ce qui s’y passait réellement et être les témoins d’un moment historique de répression et de résistance. L’objectif, dans la mesure où nous en avions un, était d’ordre pédagogique, pour nous, pour nos enfants et pour nos ami-es et camarades qui ne pouvaient pas s’y rendre en personne. Excepté ce que nous avions lu sur internet, nous avions deux autres sources d’information sur place: J’avais été en contact, ce jour-là, avec un vieux révolutionnaire déjà à Ferguson, alors que ma femme avait repris contact avec un plus jeune ami/camarade qui s’était rendu auparavant à Ferguson, comme observateur juridique et pour y organiser des formations. Les deux nous avaient dit d’être prudents mais nous avaient encouragé à y aller.

Nous n’avons pris la route qu’à 13H environ et donc sommes arrivés à l’endroit que les gens ont appelé “ground zero” (le carrefour de W. Florissant et Ferguson Road) aux alentours de 18H. Ne sachant pas exactement à quoi nous attendre en terme de comportement de la foule et de la police, nous avions stationné la voiture à deux blocs de là et avions marché, en emportant des provisions pour nous et un pack de 32 bouteilles d’eau pour partager avec les gens du rassemblement, que nous avons distribué en quelques minutes après notre arrivée. Peu importe ce que veulent ou ce dont les gens "sur le terrain" ont besoin, l’eau est toujours appréciée.

A part une personne qui nous a crié de retourner chez nous, toutes les autres que nous avons rencontré au cours d’une marche de trois heures dans Florissant Rd nous ont bien accueilli, même si plusieurs nous ont répété le conseil d’être prudents, et que quelques-unes ont vérifié que nous avions un plan B si les choses tournaient mal (Nous en avions un). Il était clair que, du moment de notre arrivée jusqu’au moment de notre départ, les seuls éléments hostiles et dangereux, fut la présence policière.

Si je devais résumer l’expérience de nous trouver dans cette rue ce mardi soir, en une seule phrase, ce serait "diversité des tactiques". Pour celles/ceux qui ne sont pas familier-es avec ce terme, il est devenu courant lors des manifestations contre la zone de libre échange à la conférence de Québec en 2001, lorsque les anarchistes locaux et leurs partisans ont essayé de résoudre les désaccords croissants concernant la tactique au sein du mouvement altermondialiste, à l’époque très actif, autour des questions de manifestations "pacifiques" et "violentes". Alors que beaucoup d’entre nous, du côté "violent" du débat de l’époque, trouvions attirant le concept d’être d’accord sur le fait de ne pas l’être, il ne fut généralement pas bien accueilli par de nombreux manifestants traditionnels et particulièrement par des manifestants d’organisations, comme les syndicats, etc. Alors, du moins à ses débuts, la diversité de tactiques resta plus une théorie qu’une réalité concrète.

Par contraste, notre bref séjour à Ferguson m’a semblé le reflet d’une diversité de tactiques vécue. Cela ne veut pas dire que tout le monde était d’accord sur le fait de ne pas l’être; les histoires de querelles animées parmi la foule sur des sujets comme se confronter avec les flics, prier comme une solution à tout, légalité et illégalité , etc. – se révélèrent vraies lorsque nous y étions. Mais elles avaient lieu au cours de débats chargés de sens, parmi des participants à une cause commune, plutôt que comme refus bornés et condescendants de collaborer avec l’autre côté. J’ai assisté, par exemple, à un fascinant débat entre de personnes âgées noire (la soixantaine). L’un, habillé d’un t-shirt et d’un jean, approcha l’autre, habillé en religieux et lui demanda si il pensait que la prière était la solution. Le prêtre lui répondit que oui, et le type en t-shirt essaya de le convaincre qu’il avait tort et que si les gens ne se défendaient pas, ils seraient réprimés encore plus" Si cela[les pillages/combats de rues] n’avaient pas eu lieu" demanda t-il, " le monde aurait-il remarqué ce qui était arrivé ici ?

Aucun des deux types ne semblaient très intéressés pour se battre eux-mêmes avec les flics, mais tous les deux discutaient ouvertement des avantages et inconvénient de cette tactique, sur un trottoir noir de monde, où se déroulaient des dizaines de conversations semblables tout autour de nous. En les regardant, j’ai soudainement pensé au film de Ken Loach Land and Freedom, qui comportait une scène étonnante où deux paysans espagnols discutaient de l’approche adéquate de la collectivisation pendant la guerre civile . Il y a une scène similaire dans son film The Wind That Shakes the Barley, au sujet des orientations tactiques et stratégiques de la lutte irlandaise pour l’indépendance). L’idée que la conscience collective des gens évolue rapidement au cours de luttes intenses peut sembler parfois abstraite, mais elle était à l’œuvre ici pour qui voulait la voir. (1)

Il y a eut de nombreuses discussions au sujet des "agitateurs extérieurs" et je pense que le récent article de Crimethinc. est très très bon sur ce sujet (2). Ce qui m’a frappé le plus alors que nous étions là fut le fait que presque tous ceux que j’ai identifié comme partisans probables et/ou participant-es aux combats de rues , en me basant sur l’équipement qu’ils/elles avaient ou sur les slogans enflammés de leur pancartes ou t. shirts, étaient noir-es. J’ai vu beaucoup de personnes blanche, mais la grande majorité semblait être des journalistes. Certes, nous sommes partis juste au crépuscule (vers 21H) alors que la composition démographique de la foule changeait – des familles avec enfants s’en allaient et des personnes plus jeunes arrivaient – mais les militants blancs étaient peu nombreux alors que nous étions là. Et, croyez-moi, je les cherchais.

Plusieurs images de la manifestation étaient vraiment frappantes: des personnes avec des slogans sur des t-shirts, quelques-uns écrits à la main, d’autres gardés de luttes précédentes, mais beaucoup nouveaux et originaux, avec des photos et des slogans imprimés de manière professionnelle. Mon préféré était peut-être “Ferguson Fux Yo Curfew” avec la photo maintenant largement répandue d’un type avec un t.shirt aux couleurs du drapeau américain , lançant ce qui semble être un cocktail molotov ou une grenade lacrymogène et qui semble avoir pris part aux manifestations des nuits précédentes. Il y a avait aussi de nombreuses pancartes écrites à la main, mais, de manière significative, aucune pré-imprimées ou sponsorisées par des organisations (au contraire des t-shirts imprimés professionnellement, aucune d’entre elles n’indiquait une quelconque affiliation à une organisation). Il y avait aussi une table installée par un groupe local anonyme et qui distribuait gratuitement des pizzas, des ailes de poulets et de l’eau aux manifestant-es, jusqu’à ce qu’ils aient épuisé leur stock vers 20H30..

Image


Bien évidemment, la présence policière était également frappante, ce qu’ils voulaient de toute évidence. Je n’ai pas été un manifestant assidu depuis Québec et la différence d’apparence de la police était ahurissante, même si je le savais en théorie. Les gilets pare-balles, les fusils automatiques, les véhicules blindés, avec dessus des tireurs d’élite, tout était conçu pour terroriser. Je ne m’attarderai pas davantage là-dessus ici, en partie parce que le sujet a été très bien traité par d’autres, mais aussi parce que, au dixième jour ou à peu près – la fonction de terreur ne marchait plus. Les gens étaient incroyablement en colère et évitaient soigneusement de se faire arrêter, mais personne ne semblait effrayé. Les flics ne parlaient jamais à quelqu’un d’autre qu’un flic (à part lorsque nous avons entrevu brièvement la tournée quotidienne du capitaine Johnson avec la presse et lors d’une arrestation dont nous avons été témoins). Ils savaient, de toute évidence, qu’ils étaient là en tant qu’armée d’occupation et ils agissaient en fonction. J’ai lu des compte-rendus de discussions avec la police, mais nous n’avons vu aucune.

Une autre chose que je veux mentionner, fut l’expérience d’être là avec des gosses. Ma femme et moi pensions que nos enfants apprendraient en voyant de près ce genre de situation répressive et de résistance. Je n’avais jamais auparavant emmené mes enfants dans une manifestation ou action qui comportait un vrai risque d’arrestation ou de blessure et nous avions consacré beaucoup de temps dans la voiture pour mettre au point des plans d’urgence et pour savoir comment se comporter avec les enfants en particulier. Il s’avéra que nous sommes arrivés une des soirées les plus calmes, comme on nous l’a dit plus tard – pas de gaz lacrymogène pour la première fois depuis une semaine – mais nous étions raisonnablement préparés à partir rapidement, si nécessaire. Ce à quoi nous ne nous attendions pas étaient que beaucoup de familles étaient là aussi, avec des enfants approximativement du même âge que les trois nôtres (9 ans , 7 ans et 20 mois). Nous avons parlé avec quelques mères avec des enfants plus âgés (11-15 ans) qui nous ont dit avoir laissé les plus jeunes à la maison, mais l’atmosphère familiale et amicale se faisait clairement sentir. Du moins , cela était vrai jusqu’à environ 20H30, lorsque le ton a commencé à changer et que nous avons décidé de nous préparer au départ. Quand nous sommes partis vers 21H, nous n’avons plus vu d’autres gamins.

Avant et après notre brève visite, nous avons beaucoup parlé de notre rôle à Ferguson. Nous n’étions pas là pour nous battre contre les flics, nous n’avions pas de matériel pour aider, autre que de l’eau, et nous n’allions pas rester longtemps dans les parages . Je ne vois aucun intérêt dans le genre d’accusation de privilège implicite dans l’argument "reste à la maison homme blanc", mais nous voulions savoir clairement pourquoi nous étions là. A un moment, j’ai été interrogé par un pigiste d’un grand média national. Même si l’article final se trompait sur les détails – il identifiait notre fils adopté comme notre aîné de 21 ans, alors qu’il a à peine 21 mois – il résumait nos raisons : 1) nous (comme d’autres à travers le monde entier) étions en colère suite au meurtre de Michael Brown, et 2) nous (comme d’autres à travers le monde entier) sommes inspirés par la lutte des habitants de Ferguson contre la brutalité policière et la suprématie blanche. Cela semblait parfaitement suffisant pour la plupart des gens avec qui nous en avons parlé alors que nous étions là-bas.. Si je devais résumer nos raisons pour y être allés en un mot, ce serait "solidarité" . Un tout petit effort, mais que nous n’oublieront pas de sitôt.

1.Il n’est pas possible de ne pas faire le rapprochement, pour celles et ceux qui étaient à Nantes le 22 février dernier (et qui voulaient le voir et l’entendre)
2.The making of outside agitators
http://www.crimethinc.com/texts/r/agitators/index.html
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Re: Etats-unis d'Amerique

Messagede digger » 05 Sep 2014, 11:31

Ce qu’ils veulent dire quand ils parlent de paix. Les forces de paix et de justice

Crimethinc

http://www.crimethinc.com/texts/r/ferguson/index.html

Image

“Je me consacre à m’assurer que les forces de paix et de justice l’emportent” à déclaré Jay Nixon,1 gouverneur du Missouri à Ferguson, le samedi 16 août après une semaine d’affrontements déclenchés par le meurtre par la police de Michael Brown. “Si nous voulons obtenir la justice, nous devons d’abord établir et maintenir la paix .”

Est-ce que c’est comme cela que çà marche — d’abord vous imposez la paix et après vous obtenez justice? Et qu’est-ce que cela signifie, les forces de paix et de justice? De quelle sorte de paix et de justice parlent-ils?

Comme chacun sait, si ce n’étaient les émeutes de Ferguson,la plupart des gens n’auraient jamais entendu parler du meurtre de Michael Brown. Alors que les policiers blancs tuent plus d’une centaine de noirs par an sans que beaucoup d’entre nous en entendions parler. 2 Ce silence —l’absence de protestations et de troubles — est le genre de paix que le gouverneur Nixon veut nous faire croire qu’il est source de justice.

C’est la même histoire que nous avons toujours entendu de la part des autorités. D’abord, nous devons nous soumettre à leur contrôle ; ensuite ils examinerons nos soucis. Tous les problèmes auxquels nous sommes confrontés, insistent-ils, proviennent de notre refus de coopérer. Cet argument semble très persuasif lorsqu’il est habillé de la rhétorique démocratique : ce sont "nos" lois, vous devez la fermer et obéir—“nos” fics qui vous tirent dessus et vous gazent - "nos" politiciens et dirigeants qui vous demandent de retourner au business as usual. Mais le faire, c’est enjamber délicatement les corps innombrables des Michael Browns, les consigner au cimetière et à l’oubli.

La paix du gouverneur Nixon’ est ce qui arrive après que les gens ont été pacifiés de force. Sa justice c’est tout ce qu’il fait pour nous embobiner pour que nous acceptions la paix dans ces conditions — pétitions qui vont directement dans la corbeille à recycler, poursuites judiciaires qui ne débouchent jamais sur rien d’autre qu’une tape sur les doigts des tueurs en uniforme, des campagnes qui peuvent peut-être servir à faire avancer la carrière d’un militant ou d’un politicien mais qui ne mettront jamais fin aux meurtres de noirs désarmés.

Permettez-nous de proposer une autre idée sur comment gérer les conflits — ce qu’on pourrait appeler une approche anarchiste. L’idée de base est assez simple. La vraie paix ne peut pas être imposée; elle ne peut émerger que comme conséquence de la résolution des conflits. D’où l’air connu : no justice, no peace.

Laissé à lui-même, un état de déséquilibre tend à revenir à l’équilibre. Pour maintenir le déséquilibre, vous devez introduire la force dans la situation. Plus grandes sont les disparités , plus la force sera employés pour les préserver. Cela est vrai pour la société comme en physique.

Cela signifie que vous ne pouvez pas avoir des gens riches et des gens pauvres sans police pour imposer cette répartition inégale des ressources. Vous ne pouvez pas avoir de blancheur, qui module et stabilise la division de classe, sans une vaste infrastructure de tribunaux et de prisons racistes . Vous ne pouvez pas garder deux millions et demi de personnes – noires pour presque la moitié d’entre elles – derrière les barreaux sans l’exercice contant d’une violence potentiellement mortelle. Vous ne pouvez pas faire respecter les lois qui protègent les riches et bons libéraux comme le gouverneur Nixon sans policiers comme Darren Wilson qui tuent des noirs par centaines.

La militarisation de la police n’est pas une aberration — c’est la condition nécessaire d’une société basée sur la hiérarchie et la domination. Ce n’est pas seulement la police qui a été militarisée mais notre façon de vivre entière. Tous ceux qui ne voient pas cela ne vivent pas du côté du canon affairiste des fusils. Telles sont les forces de paix et de justice, les mécanismes qui "maintiennent la paix” au sein d’un ordre social incroyablement déséquilibré.

Parfois, ils apparaissent sous forme de caméras de surveillance, de vigiles, de barrages policiers qui nous arrêtent, nous fouillent ou nous tirent dessus. D’autres fois, lorsqu’ils deviennent trop controversés, les forces de paix et de justice réapparaissent sous la forme des bons flics qui ont vraiment l’air de prendre soin de vous, du politicien le plus honnête qui veut tout améliorer —tout ce qu’il faut pour ramener l’opinion publique derrière ceux qui tirent les lacrymogènes. D’autres fois encore, les forces de paix et de justice sont des dirigeants de communautés qui nous demandent de quitter les rues, nous accusant d’être des "agitateurs extérieurs", ou nous promettant de répondre plus efficacement à notre rage à la condition que nous coopérions — n’importe quoi pour contrarier, discréditer ou faire cesser les luttes concrètes et immédiates contre l’injustice. Dans tous ces cas, c’est la même arnaque : la paix maintenant, la justice plus tard.

Mais la vraie paix est impossible tant que nous n’avons pas mis fin à l’imposition violente des inégalités. Tous les conflits qui sont actuellement réprimés par les forces de l’ordre — entre promoteurs immobiliers et résidents, entre riches et pauvres, entre les privilégiés par la race et tous les autres — doivent pouvoir venir à la surface. Rendre impossible pour quiconque d’obliger quelqu’un à accepter une relation qui n’est pas dans son intérêt: alors, et seulement alors, il existera une motivation pour chacun de traiter les conflits et de trouver un accord.

C’est la seule manière de progresser, mais il s’agit d’une perspective rébarbative. Il n’est pas surprenant que des personnes en blâment d’autres pour rester dans leur coin plutôt que de constater combien sont profondes les divisions dans notre société. Cela explique pourquoi de si nombreux commentateurs apparemment bien-pensants ont prétendu ne pas comprendre pourquoi certains se sont engagés dans les pillages, comme formes de protestations contre le meurtre de Michael Brown. La même imposition constante de la force qui a coûté la vie à Michael Brown empêche des millions d’autres comme lui d’accéder aux biens dont ils ont besoin quotidiennement. Sous cet aspect, le pillage prend tout sons sens — comme manière de résoudre les problèmes immédiats de pauvreté, de rébellion contre la violence des autorités, et pour mettre l’accent sur le fait que le changement doit être plus en profondeur que la seule réforme de la police .

N’en voulons pas à ceux qui deviennent incontrôlables en nous souvenant des conflits qui restent non résolus dans notre société. Au contraire, nous devrions leur en être reconnaissants. Ils ne perturbent pas la paix, ils mettent seulement en évidence qu’il n’y a jamais eu de paix, qu’il n’y a jamais eu de justice en premier lieu. En prenant d’énormes risques, ils nous font un cadeau : une occasion de prendre conscience des souffrances autour de nous a chance et de redécouvrir notre capacité à identifier et à sympathiser avec ceux qui les subissent.

Parce que nous ne pouvons ressentir comme tragédies des événements comme la mort de Michael Brown que parce que nous voyons d’autres personnes y réagir comme tragédies. Sinon, à moins que les événements ne nous touchent personnellement, nous restons insensibles. Si vous voulez que des gens remarquent une injustice, vous devez y réagir immédiatement, ce que firent les habitants de Ferguson. Vous ne devez pas attendre un meilleur moment, ni traiter avec les autorités, ni rédigé un communiqué-langue-de-bois pour une audience illusoire qui représenterait l’opinion publique. Vous devez agir immédiatement, en démontrant que la situation est assez sérieuse pour le justifier.

Ferguson n’est pas un unique — il existe d’innombrables villes semblables aux États-Unis, où se jouent les mêmes dynamiques entre la police et les habitants. La rébellion à Ferguson ne sera certainement pas la dernière de ce genre.Ceux d’entre nous qui n’adhèrent pas au programme du gouverneur Nixon de paix maintenant, justice plus tard, doivent se préparer pour les luttes dès qu’elles commencent. Puissions-nous nous rencontrer un jour dans un monde sans lacrymogènes, dans lequel la couleur de la peau n’est pas une arme.

1 http://fox40.com/2014/08/16/missouri-governor-declares-emergency-in-wake-of-growing-tensions-demonstrations/
2 US Todayhttp://www.usatoday.com/story/news/nation/2014/08/14/police-killings-data/14060357/
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Re: Etats-unis d'Amerique

Messagede digger » 06 Sep 2014, 07:41

http://antistatestl.noblogs.org/

The following is a statement of support from the ZAD (Zone À Défendre, the zone to be defended) to those fighting back in Ferguson. The ZAD is “an ongoing occupation in countryside close to Nantes in France which according to the decision-makers should make way for an international aiport.” Texts and annoucements from the ZAD can be found here, in english.

From Zone A Défendre

Support from the ZAD in Notre-Dame-Des-Landes to Ferguson

We are inhabitants/occupiers of a territory where an airport was supposed to be built. We have been holding this zone for a few years by occupying it and keeping it clear from police threat, which gives us a starting point to practically experiment the overthrowing of the established world.

Echos are reaching us from Ferguson, Missouri: an uprising against the power of the police and the everyday freezing fear they spread. And now, how impressed we were to witness the gathering of so many, willing to confront it.

We are made of the memories of similar moments, in our history, or the history of comrades before us : in France in 2005, in the US in the 60’s, in L.A. In 1992-for the widest of these revolts. A man is murdered by the police, riots kick off , and all necessary means become legitimate to reestablish order, come back to the same shit.

This cycle can seem forever lasting. However, as we experienced, it can occur that the cycle is broken. This is what Anonymous runs for when wishing that « every square inch of Ferguson would be occupied. » Breaking this cycle is also what’s happening here : each time we resist to police operations on the zone, when we grow and harvest fields together, when houses and a territory are inhabited in common/

To all rioters and resisters of Ferguson, even if we can’t be with you, we send you our solidarity, may it feed your courage and strength. May there never be a return to normality, here or in Ferguson.

****************************

Déclaration de soutien depuis la ZAD à Ferguson

Nous sommes des habitants et occupants d’un territoire sur lequel devait se construire un aéroport. Depuis plusieurs années, nous tenons cette zone en l’occupant, et en éloignant toute menace policière, ce qui nous offre un point de départ pour expérimenter pratiquement le bouleversement de l’ordre du monde..

Des échos nous parviennent de Ferguson, Missouri : un soulèvement contre le pouvoir de la police, la peur quotidienne qu’il fait peser, et maintenant, la convergence en un point de nombreuses personnes déterminées à s’y confronter.

Nous nous souvenons de moments similaires dans notre histoire, ou celle de camarades aant nous : en France en 2005, aux USA dans les années 60 et à Los Angeles en 1992 – pour les plus étendues de ces révoltes. Un homme est tué par la police, des émeutes éclatent, tous les moyens sont bons pour rétablir l’ordre, revenir à la même merde.

Ce cycle peut sembler éternel. Pourtant, il arrive qu’il soit brisé. C’est ce à quoi pousse Anonymous, en souhaitant que « chaque mètre carré de Ferguson soit occupé ». c’est ce qui se passe ici, autant lorsque nous résistons à toute intervention policière sur la zone, que lorsque des champs sont cultivés en commun, que des maisons et un territoire sont habités ensemble.

A tous les émeutiers et résistants de Ferguson, à défaut d’être avec vous, nous vous envoyons notre sentiment de solidarité, puisse-t-il nourrir votre courage et votre force. Pour qu’ici comme chez vous, il n’y ait jamais de retour à la normale.
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Re: Etats-unis d'Amerique

Messagede bipbip » 13 Sep 2014, 12:18

Dossiers de Terrains de luttes

n°7 Labor Notes ou la longue marche d’un syndicalisme par en bas !

Au pays du capitalisme triomphant, la classe ouvrière fait face à des ennemis particulièrement puissants. A la fin des années 1970, pour lutter contre la chute des taux de profit qu’enregistraient les entreprises américaines, le patronat, et avec lui tout l’appareil d’État, lança une violente offensive contre les travailleuses et les travailleurs. Après une décennie de grèves et de révoltes dans les usines, le mouvement syndical américain connut une défaite historique.

C’est dans ce contexte qu’est né le projet Labor Notes, qui depuis 35 ans maintenant continue de faire vivre les luttes syndicales et le mouvement ouvrier aux Etats-Unis. Cette expérience, surtout connue dans le monde anglo-saxon, Terrains de Luttes a décidé de s’attacher à la faire connaître et à la populariser le plus largement possible.
Pour commencer, nous traduisons ici une intervention que fit Jane Slaughter, une de ses membres fondatrices, devant près de 2000 syndicalistes venus assister à la conférence que Labor Notes organisa début avril à Chicago. Nous proposons ensuite un second texte de la même auteure qui détaille l’utilité de Labor Notes au quotidien, du point de vue des militant-e-s de terrain. Pour compléter cet ensemble, nous avons enfin traduit l’article rédigé par Dan La Botz, un vétéran du syndicalisme américain, dans lequel il donne un aperçu de cette conférence de Chicago de 2014.

Téléchager le dossier : http://terrainsdeluttes.ouvaton.org/wp- ... -TdL-7.pdf

http://terrainsdeluttes.ouvaton.org/?p=3831
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Re: Etats-unis d'Amerique

Messagede bipbip » 22 Oct 2014, 10:25

La mobilisation d’octobre à Ferguson. Un mouvement qui établit une jonction avec d’autres luttes
Confrontés à la brutalité policière, à l’hostilité des Blancs et au racisme institutionnel, de jeunes militant·e·s sont en train de présenter au monde un nouveau type de résistance
... http://alencontre.org/ameriques/americn ... uttes.html
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Re: Etats-unis d'Amerique

Messagede bipbip » 01 Nov 2014, 13:26

Etats-Unis. La résistance de Ferguson continue de résonner

Plus de 350 personnes ont défilé à Boston le 25 octobre en solidarité avec Mike Brown, l’adolescent non armé tué par la police dans Ferguson, Missouri, en août [voir article à ce sujet sur notre site, sous l’onglet : Amériques, Etats-Unis]. Cela fait partie d’une semaine nationale d’action appelée par les militant·e·s de la ville d’origine de Mike Brown. La manifestation a révélé comment les événements de Ferguson continuent d’allumer un feu chez les jeunes sur les campus et dans les quartiers populaires à travers tout le pays.

... http://alencontre.org/ameriques/americn ... onner.html
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Re: Etats-unis d'Amerique

Messagede bipbip » 05 Nov 2014, 00:39

USA: un SDF abattu en rue de 46 projectiles par 8 policiers (vidéo)

Un sans-abri est entouré de 8 policiers qui se tiennent à 10 mètres de lui en le menaçant de leurs armes et d’un chien tenu en laisse qui se dresse devant lui. En plein jour, au milieu du trafic, l’homme est courbé, il tient un canif en main. Après 30 secondes, comme à l’exercice, les 8 policiers tirent simultanément 46 projectiles en moins de 3 secondes et le touchent mortellement à 14 reprises.

Ces images prise à Saginaw dans le Michigan, datent de juillet 2012, mais viennent d’être rendues publiques sur Youtube et ont été reprises par la presse américaine.


Milton Hall était un malade mental, victime de ce que de nombreux Américains présentent comme une véritable exécution en règle.

L’homme de 49 ans, plutôt frêle à en juger par les images vidéo, venait de se quereller avec la police après une altercation présumée avec l’employé d’un magasin proche.

Le son est pratiquement inaudible, mais la vidéo le montre refusant l’ordre d’un agent de lui remettre son couteau. C’est après un face-à-face tendu que la police ouvre le feu, le touchant à 14 reprises.

Dans une mare de sang, les agents tentent de menotter l’homme sans vie.

Le syndrome de Ferguson

Une nouvelle fois, la mort d’un noir, abattu sans raison apparente par des policiers blancs, a entraîné des protestations. Le Procureur du comté et le ministère de la Justice n’ont pourtant pas entamé de poursuite, estimant l’intervention justifiée face à ce que les huit policiers en armes considéraient comme une menace.
Connu pour avoir commis plusieurs délits mineurs sans violence, Milton Hall n’était pas "un saint" a déclaré un porte-parole de la police. La mère du SDF décrit en revanche la mort de son fils comme "un assassinat" réalisé par un "peloton d'exécution en uniforme".

J-Cl V.




http://www.rtbf.be/info/societe/detail_ ... id=8390359
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Re: Etats-unis d'Amerique

Messagede Pïérô » 16 Nov 2014, 01:41

Manifestation à New York à la mémoire de Rémi Fraisse

Une manifestation en soutien aux occupations et aux luttes contre les grands projets inutiles, les armes de la police et la violence d’Etat a eu lieu le lundi 10 novembre à midi devant le consulat français de New York. Une quinzaine de personnes a répondu à l’appel diffusé dans la précipitation le week-end dernier. Elles ont cependant diffé des centaines de tracts et assuré aux ’officiels’ leur détermination à poursuivre la mobilisation.

... http://paris-luttes.info/manifestation- ... -a-la-2052
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Re: Etats-unis d'Amerique

Messagede digger » 24 Nov 2014, 08:27

Aujourd'hui,un grand jury doit donner sa décision concernant Darren Wilson, le policier qui a tué Michael Brown à Ferguson. L'état d'urgence a été décrétée en attendant la sentence. En cas de relaxe, comme c'est souvent le cas, l'onde de choc sera probablement nationale comme le montre ce site qui a recensé les manifestations appelées dans plus d'une centaine de villes américaines.
http://fergusonresponse.tumblr.com/
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Re: Etats-unis d'Amerique

Messagede spleenlancien » 25 Nov 2014, 07:12

Le grand jury a décidé que le flic ne sera pas poursuivi. Ferguson s'est embrasée. D'autres manifs ont eu lieu un peu partout dans le pays.

http://www.lemonde.fr/ameriques/article ... _3222.html
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