Ἑλλάς, Grèce

Re: Ἑλλάς

Messagede ivo » 17 Juin 2012, 10:21

En Grèce, le système politique aussi est en faillite
http://www.lemonde.fr/economie/article/ ... picks=true
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Manifestants grecs contre les mesures d'austérité, près du ministère des finances, dans le centre d'Athènes, le 14 juin. | AFP/ANDREAS SOLARO

Il y a plus d'un an, le politologue Elias Nikolakopoulos avait posé un diagnostic lapidaire : "Nous n'avons pas un personnel politique à la hauteur de la crise que traverse le pays." De fait, la crise qui frappe la Grèce paraît au moins autant politique qu'économique.

Cette faiblesse est apparue au grand jour en novembre 2011, quand le premier ministre Georges Papandréou a annoncé, à la surprise générale, un référendum sur le plan d'aide européen, avant de faire volte-face et de démissionner. Alors que cette démarche plongeait à nouveau le pays dans l'incertitude, et l'Europe dans l'effroi, les dirigeants des deux partis qui se partagent le pouvoir depuis la chute du régime des colonels en 1974, le Pasok (gauche) et Nouvelle Démocratie (ND, droite), commençaient un jeu de tractations politiques surréalistes, donnant l'impression que la situation du pays comptait moins que la répartition des maroquins. Comme si la ruine du pays et l'inquiétude du monde entier, suspendu aux moindres soubresauts d'Athènes, n'empêchaient pas de continuer de faire de la politique comme avant.

Grecs et Européens ont eu une impression de déjà-vu après le scrutin du 6 mai, qui a mis fin au règne du bipartisme Pasok-ND sur la Grèce et plongé le pays dans une nouvelle crise avec un Parlement sans majorité. Pendant dix jours, alors que la situation s'aggravait d'heure en heure, les partis plaidaient en chœur pour un gouvernement de coalition, sans faire les concessions nécessaires pour y parvenir, rendant inéluctable l'organisation de nouvelles élections le 17 juin. Les derniers sondages annoncent que le parti d'Antonis Samaras, qui a tant voulu ces élections et comptait les remporter aisément, Nouvelle Démocratie, est au coude-à-coude avec la gauche radicale de Syriza.

NOMBREUX SCANDALES FINANCIERS

Comment en est-on arrivé là ? "Après la dictature, une nouvelle nomenklatura s'est mise en place, à l'ombre de deux grandes figures paternalistes, Constantin Karamanlis à droite et Andréas Papandréou au Pasok, explique l'analyste politique Georges Sefertzis. Deux idéologies s'affrontaient. Mais leurs différences se sont peu à peu estompées."

Car ces oppositions politiques n'excluaient pas les ententes. "Il y avait des collaborations entre les cadres du Pasok et de ceux de Nouvelle Démocratie, notamment au niveau local pour gérer les mairies, les fonds européens et les syndicats, poursuit M. Sefertzis. Quand les différences idéologiques ont disparu, il n'est plus resté que la gestion des intérêts. Les années 2000 ont été celles du cynisme politique qui s'est appuyé sur l'enrichissement des classes moyennes, qui se servaient du pouvoir pour assurer leur ascension sociale. Elles sont aujourd'hui touchées par la crise et le système des deux partis s'effondre."

La vie des deux partis a été traversée par de nombreux scandales financiers, qui ont d'autant plus choqué qu'ils sont restés impunis, les hommes politiques s'étant construit un solide régime d'immunité. La chute de l'ancien ministre de la défense socialiste Akis Tsohatzopoulos, en détention provisoire depuis deux mois pour blanchiment d'argent, n'en est que plus spectaculaire.

Le signe le plus visible de la dégénérescence du système politique grec est le népotisme. A gauche, Georges Papandréou est le petit-fils et le fils des anciens premiers ministres Georges et Andréas Papandréou. Son prédécesseur était Costas Karamanlis, le neveu du fondateur de Nouvelle Démocratie, Constantin, premier ministre à la chute du régime des colonels. L'aile modérée du parti de droite est dominée par la famille Mitsotakis. Constantin Mitsotakis, ex-premier ministre, a un fils député et une fille, Dora Bakoyannis, qui a été ministre des affaires étrangères. Elle vient de réintégrer ND, après en avoir été exclue quand elle avait voté en faveur du mémorandum de mai 2010, à l'époque où Antonis Samaras, le président de Nouvelle Démocratie, y était opposé - il s'est ravisé depuis. M. Samaras appartient lui aussi à une vieille famille politique.

STEPHANOS MANOS, ÉLECTRON LIBRE DE LA POLITIQUE GRECQUE

L'absence de renouvellement du personnel politique est manifeste. Aucune figure nouvelle, à l'exception du dirigeant de la gauche radicale, Alexis Tsipras, n'a émergé depuis le début de la crise. Cependant, nuance Georges Sefertzis, "ceux qui sont issus de ces traditions familiales sont souvent plus capables que les nouveaux riches de la politique. C'est la dévaluation complète, morale et idéologique, de la vie politique qui empêche les gens sérieux de participer à ce renouvellement. Ceux qui s'y sont aventurés ont souvent été marginalisés par la nomenklatura."

L'ancien ministre des finances Stephanos Manos est un de ces électrons libres de la politique grecque. Il est l'un des rares hommes politiques à ne pas changer d'avis. C'est un libéral, qui veut supprimer près de la moitié des fonctionnaires et faire payer plus d'impôts à l'Eglise. Il aime dire ses quatre vérités, ce qui ne lui rapporte pas beaucoup de suffrages. Son parti, le Drasi, n'a pu franchir la barre des 3 % le 6 mai. Lors d'une réunion à Kalamata, dans le Péloponnèse, alors qu'il développait ses idées pragmatiques, un homme l'a interrompu : "C'est très intéressant ce que vous dites, mais vous ne pourriez pas nous dire aussi quelques mensonges !"

Prochain article : "Suicides, dépressions : les nouveaux maux de la Grèce"
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Re: Ἑλλάς

Messagede ivo » 17 Juin 2012, 21:20

Les Grecs donnent une nouvelle chance aux partis pro-européens
http://www.challenges.fr/monde/20120617 ... pasok.html

ND 127 sieges - Syriza 72 - PASOK 32 - Gauche démocratique 16 - Parti communiste 13 - ANEL, droite nationaliste 21 - Aube dorée 19
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Re: Ἑλλάς

Messagede ivo » 18 Juin 2012, 09:05

En Grèce, la droite remporte les législatives... et souhaite former un gouvernement d'union nationale
fr info
Avec 129 sièges sur 300, le parti conservateur Nouvelle Démocratie sort vainqueur du scrutin grec. Son leader Antonis Samaras a aussitôt affirmé sa volonté de former une coalition "d'union nationale" avec tous les partis "pro euro".

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Après l'euphorie de la victoire, Antonis Samaras va devoir affronter une autre épreuve : former un gouvernement © Reuters Yannis Behrakis

La seconde tentative pourrait être la bonne. Après un premier scrutin, le 6 mai, qui avait éclaté le spectre politique grec sans dégager de majorité, ces nouvelles élections esquissent une nette victoire du parti conservateur Nouvelle démocratie. Avec 30% des voix, fort d'une majorité relative (129 sièges sur 300, après dépouillement de 99,84% des bulletins), son leader Antonis Samaras a aussitôt appelé à la constitution d'une "coalition d'union nationale" avec tous les partis "pro euro".

Vers une alliance pro euro

Avec les 33 sièges obtenus par les socialistes du Pasok, Nouvelle Démocratie pourrait prétendre à la majorité absolue, permettant ainsi la mise en oeuvre des réformes nécessaires au maintien de l'aide internationale pour le pays en faillite. Mais le Pasok refuse de se trouver seul à seul avec les conservateurs. Autre option : Dimar, autre parti de gauche pro euro, fort de 17 sièges.

La gauche radicale dans l'opposition

Opposée aux plans de rigueur imposés par l'UE et le FMI, la Coalition de la gauche radicale (Syriza) devient, avec 71 sièges, la principale force d'opposition du pays. Avec 27% des voix, Syriza se hisse à la seconde position du scrutin, mais reste loin en nombre de sièges de Nouvelle Démocratie, dont la position de leader le fait bénéficier d'un gain de 50 sièges.

Le parti néonazi, Aube dorée, obtient 6,92%, soit 18 sièges.
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Re: Ἑλλάς

Messagede ivo » 18 Juin 2012, 13:39

Après la courte victoire de la droite, la Grèce en quête d'un gouvernement de coalition
fr info
Antonis Samaras vainqueur des élections hier soir en Grèce espère bien former un gouvernement "de consensus national". Le chef du parti grec de droite Nouvelle-Démocratie, dispose de trois jours pour former une équipe. Les discussions avec les dirigeants des autres partis ont commencé.

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Antonis Samaras lors de sa rencontre avec le président Karolos Papoulias ce matin © Reuters Yorgos Karahalis

Le chef de la droite Antonis Samaras, 61 ans, a emporté le scrutin d'hier avec 29,66% des suffrages, soit 129 sièges sur les 300 du Parlement face à son rival, Alexis Tsipras, 37 ans, chef de la gauche radicale anti rigueur Syriza, qui a obtenu 26,89% voix et 71 députés.
Ce matin, le vainqueur de cette nouvelle élection a rencontré Carolos Papoulias. Le président de la République grec lui a donné trois jours pour former un gouvernement de coalition.
"Je vais tenter de former un gouvernement de salut national avec les partis qui croient à l'orientation européenne du pays et croient à l'euro", a dit Antonis Samaras lors de son entretien avec le président grec.

Pas de "remise" pour la Grèce

Les choses ne vont pas être simples. On se souvient du chaos provoqué après le premier scrutin du 6 mai dernier.
Le chef de file de Nouvelle démocratie a bien l'intention de modifier l'accord sur le plan de renflouement versé par les créanciers internationaux en échange de mesures d'austérité drastiques. Une hypothèse refusée par l'Allemagne. Selon un porte-parole allemand "Ce n'est pas le moment" d'octroyer à la Grèce une marge de manœuvre ou un délai vis-à-vis de ses engagements réformistes pris dans le cadre d'un accord d'aide international.

Antonis Samaras est désormais confronté à la difficile tâche de convaincre les socialistes du Pasok, arrivés troisièmes avec un peu plus de 12% des voix, de rejoindre cette coalition chargée d'appliquer les remèdes de cheval exigés par les bailleurs de fonds d'Athènes (Union européenne, Fonds monétaire international et Banque centrale européenne).
Le nouveau gouvernement devra licencier jusqu'à 150.000 fonctionnaires, réduire les dépenses de 11 milliards d'euros dès ce mois-ci, vendre des entreprises publiques, améliorer la collecte des impôts et ouvrir à la concurrence les professions réglementées.

A eux deux, conservateurs et socialistes, seuls partis signataires du Mémorandum d'austérité, ne totalisent que 42% des suffrages.
Une coalition ND-Pasok est assurée d'une majorité parlementaire grâce à la prime de 50 élus offerte au vainqueur du scrutin, mais la première réaction des socialistes au soir du vote est restée très prudente.
Le Pasok a laissé entendre qu'il était prêt à soutenir ND au parlement sans toutefois participer au gouvernement. Le dirigeant socialiste, Evangelos Venizelos, avait déclaré auparavant qu'il ne rejoindrait formellement la coalition qu'à condition que Syriza fasse de même, ce qui est catégoriquement exclu par la coalition de gauche.

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Messagede Flo » 09 Juil 2012, 11:40

Grèce : le spectre de la famine

Alors que la Troïka fait son grand retour à Athènes cette semaine, la misère s'amplifie en Grèce. Notre blogueur associé Panagioris Grigoriou explique comment s'organise ce qu'il appelle désormais la «survie» quotidienne. Une situation non dénuée de conséquences politiques.

Notre univers se précise et s'affine dans toutes ses expressions du possible et du possible politique. Ou plutôt en acquiert les scléroses les plus grossières de la crise, en les normalisant. Et de fait, ce possible politique se réduit de plus en plus aux acquis les plus élémentaires et essentiels, à savoir la survie. Faire face à la peur de la famine, du dénuement, et à celle de l'altérité, considérée chaque jour davantage comme menaçante et pour tout dire, à abattre. Ce qui nous reste : quelques droits sociaux en guise de maigres reliques de musée, dans un univers qui ne serait plus tout à fait le corps social.

N'empêche, à gauche on se félicite de la décision d'une Chambre de Justice athénienne, déclarant inconstitutionnelles les diminutions forcées et unilatérales des salaires et des primes dans la fonction publique, en violation de la Convention Européenne des Droits de l'Homme, et des Conventions du Bureau International du Travail. Il s'agit certes d'un pas significatif, et le quotidien de la Gauche radicale Avghi, daté de ce mardi (03/07), n'hésite pas à «saluer cette fissure de la construction salairophage». Mais pour quelle efficacité dans les faits ? Encore mystère.

«La main nourricière»
Du côté obscur de la force, l'Aube dorée souhaite élargir son assiette politique, en organisant la gamelle du citoyen. Selon le reportage daté du 2 juillet sur le site de La Repubblica – «A Athènes, un marché à bas prix pour ceux qui ont du sang grec» – repris par le quotidien grec Protothema, le parti d'extrême-droite est en train de mettre en place des épiceries citoyennes dans les quartiers en souffrance du grand Ouest athénien, à la manière de celles, déjà opérationnelles, créées à l'initiative du monde associatif, de l'église et de certaines municipalités. D'ailleurs, les repas distribués chaque jour, rien qu'à Athènes, se comptent pas milliers. La particularité de cette initiative citoyenne du label d'extrême-droite est pourtant explicite : «offrir gratuitement, ou vendre à très bas prix, des repas et des denrées alimentaires aux seuls citoyens grecs, pouvant prouver leur appartenance à la nation par les liens du sang». Ce n'est pas d'une grande originalité certes, sauf que la portée politique de cette ethnicisation de l'humanitaire est d'emblée assurée. Hier encore, Ilias Kasidiaris, inaugurant une nouvelle antenne locale de son mouvement dans les faubourgs nord d'Athènes, a réussi à rassembler un millier de personnes enthousiastes.

Aux antipodes, Alexis Tsipras a déjà souligné la nécessité d'un plan d'urgence «dans l'entraide et la solidarité citoyenne et de gauche». La crise humanitaire serait toute proche. Plus à gauche, chez les paléocommunistes du KKE, on demeure pourtant dubitatif : «Je préfère mourir plutôt que d'accepter l'aide alimentaire, il n'y a que la lutte qui compte», résumait ainsi une militante rencontrée lors du meeting préélectoral du parti, à Athènes, il y a deux semaines.

En tout cas, nul doute que la politique se fait et se fera désormais aussi dans l'assiette du pauvre. Là résiderait toute la force historique de ce «possible politique se réduisant aux acquis les plus élémentaires». Et la réflexion citoyenne se réduira à son tour – qui peut en douter – à la seule contemplation politiquement correcte restante, que suggère désormais la «main visible nourricière». Et ce n'est pas sans raison que certains éditorialistes à gauche rappellent que du temps du Front National de Libération (EAM) des années 1940, une des priorités essentielles de la politique armée des partisans était la lutte contre la famine, tandis qu'au même moment, les autorités allemandes occupantes ainsi que les organisations de droite de l'époque, n'ont pas non plus négligé le biais politique de l'aide d'urgence. Nous n'en sommes pas à la famine des années 1941-1943 bien évidemment. Mais le refrain de ce vieux temps de toutes les misères réunies se fait de plus en plus entendre...

«Depuis le 17 juin, nous sommes morts»
Dans un registre appremment différent, Stelios Vaskos, enfant du pays, s'est rendu à Munich depuis Trikala, en vélo, et aux dernières nouvelles il serait sur la route du retour, tandis que la Croix Rouge locale organise un concerto pour violon. Par une affichette collée sur les murs de la Préfecture, la Société de la protection des animaux de la ville voisine, Karditsa, lance un SOS: «Après le vol des aliments destinés à nos bêtes, la boue et la neige de l'hiver dernier ont donné pratiquement le coup de grâce à notre chenil, tant d'années d'efforts...». Certaines télévisions à audience nationale, ont montré des reportages sur la dure vie des bêtes sous le mémorandum : abandons, mises à mort, violences.

C'est sans doute pour cette raison que lundi soir, le 2 juillet, Antonis Samaras et les autres chefs politiques de la coalition, se sont réunis pour enfin trouver une parade face à la Troïka, attendue dans la semaine en Grèce. En réalité ils n'ont aucune marge de négociation et tout le monde le comprend : «Ils appliqueront le Mémorandum, rien que le Mémorandum, on le sait. Samaras est un nul, d'ailleurs au Sommet de Bruxelles, il n'y a pas eu un seul mot pour la Grèce. Il s'avère que depuis le 17 juin, nous sommes morts», entend-on dire au café de la forteresse de la ville de Trikala. Mais la discussion ne va pas plus loin. Car chez certains en tout cas, sans doute à cause du vote en faveur du tripartisme de la «Troïka de l'intérieur», vouloir tirer davantage le raisonnement devient un exercice délicat.

En pareilles circonstances mieux vaut se taire. On préfère alors changer de sujet de conversation pour ainsi évoquer «l'histoire infaillible de notre glorieux peuple», et autres stéréotypes de ce genre en guise de pommade, recyclables à souhait dans tout café du commerce qui se respecte. On regrette néanmoins la fuite des jeunes, leur nouvelle émigration d'urgence, et pour clore la discussion, certains se remémorent même leurs vieux souvenirs du temps de la «RFA positive» de Willy Brandt ou de Helmut Schmidt : «J'étais à mes débuts ouvrier-carrossier à Karlsruhe, ensuite je suis devenu restaurateur, et au bout de quinze ans, je suis revenu en Grèce disposant de 800.000 DM pour enfin réaliser mon rêve : monter un restaurant au pays et quitter l'Allemagne. Je suis sur le point de faire faillite actuellement, il n'y a plus de rêve, mais dans moins d'un an je serai à la retraite».

Déjà des provisions pour l'hiver

La lutte épicière a déjà commencé et aura certainement de beaux jours devant elle dans ce pays. En attendant, des voleurs qui avaient dévalisé les églises de Milos viennent d'être arrêtés par la police des Cyclades, tandis qu'au même moment à Athènes, des affichettes s'adressant à nos amis germanophones, vantent les mérites des chambres à louer à Sikinos (une très belle île, c'est vrai). Mon voisin Aris au village n'ira pas de toute façon, il a dépensé tout son argent pour acheter 9 tonnes de bois pour l'hiver prochain. Il a aussi augmenté sa production de tomates sous serre et n'attend plus de jours meilleurs.

On se prépare en effet déjà pour l'hiver. Chacun selon ses capacités, chacun selon ses besoins. C'est ainsi que deux popes au département voisin de Karditsa ont escroqué le Trésor Public, en falsifiant les formulaires d'usage servant au versement des pensions des prélats par l'État. Résultat (divin) : 700.000 euros entre janvier et juin 2012. Les deux hommes ont été mis en examen. Et pour ce qui est du clergé, aux dires de certains ici à Trikala, des commissaires politiques de l'Eglise locale auraient suggéré une ligne politique officieuse sans équivoque : «Votons et faisons voter Aube dorée, c'est notre seule manière d'être sauvés». D'autres habitants réfutent ces propos : «Il s'agit sans doute de certains cas isolés. Car tout le monde sait qu'ici, l'Eglise et les monastères se sont prononcés en faveur d'un député Nouvelle Démocratie et pas n'importe lequel, il s'agit de l'ancien Préfet (élu). Combien de routes ou autres travaux d'aménagement du territoire sacré sous commande des moines, ont été engagés durant son passage par l'administration préfectorale ?»

Lors de son passage dans un colloque organisé par The Economist, le 2 juillet, Alexis Tsipras a encore une fois souligné que l'idée de la croissance n'était envisageable qu'après «abandon du mémorandum, instauration d'une taxe Tobin, édition d'eurobonds, et mise en place d'une législation réglementant le secteur des banques et neutralisant les paradis fiscaux». C'est peut-être encore une nouvelle forme de lutte épicière à un autre niveau...

En attendant, les épiciers mondiaux nous quittent. Carrefour par exemple, qui a vendu sa part à son associé indigène Marinopoulos. Le Crédit Agricole également, qui met en vente sa filiale grecque Emporiki Bank. Le capitalisme français serait sur le point de nous quitter, car cette Baronnie serait alors plutôt allemande, davantage parait-il, depuis le 17 juin. New Deal, ou simple partage du nouveau Levant, qui sait...

Selon la presse locale, on attend dans quelques jours la visite probable du porte-avion USS Dwight D. Eisenhower, qui devrait rencontrer sous peu en Méditerranée Orientale, le Charles de Gaulle... De tout temps, l'Orient est un mirage de l'Occident...

http://www.marianne2.fr/Grece-le-spectr ... 20398.html
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Re: Ἑλλάς

Messagede Flo » 13 Juil 2012, 14:12

Une interview d'une activiste grecque réalisée par Bastamag qui fait le point sur les derniers et nouvelles actions en cours en Grèce. Très intéressant.

Grèce : « Ce que nous ne devons pas, nous ne le paierons pas »

Où en est la contestation sociale en Grèce ? Un an après l’occupation de la place Syntagma, devant le parlement athénien, de nouvelles formes de résistance populaire ont émergé : services sociaux auto-organisés dans les quartiers, ventes de produits agricoles contournant la grande distribution, ou audit citoyen sur les dépenses publics... La journaliste grecque Ira Sinigalia dresse pour Basta ! le bilan d’un mouvement en devenir, malgré la répression policière et le retour de l’extrême droite.

Basta ! : Un an après, quel bilan tirez-vous du mouvement d’occupation de la place Syntagma, devant le Parlement grec, à Athènes ?

Ira Sinigalia : C’était complètement spontané, une nouvelle manière de faire face à la crise. À l’image des Indignés espagnols, les citoyens se sont réappropriés l’espace public comme espace politique. Le mouvement à Athènes a démarré le 25 mai 2011, à l’appel du collectif des Indignés. Des milliers de personnes ont envahi la place Syntagma pour protester contre les mesures d’austérité. Des réunions rythmaient chaque journée, des groupes travaillaient sur les questions économiques ou politiques. Nous voulions faire revivre la démocratie athénienne.

Les 28 et 29 juin 2011 ont constitué un pic dans cette révolte pacifique. Nous voulions bloquer l’accès au Parlement, où les députés devaient se prononcer sur le nouveau mémorandum. La majorité des Grecs y étaient opposés. L’information a circulé très vite sur les réseaux sociaux. Nous avons vraiment pris la mesure de ce que peut être la « démocratie immédiate ». Pendant deux jours, partout sur la place, des gens discutaient, proposaient, dansaient, chantaient. Quand j’en parle, j’ai la chair de poule !

Ce moment de révolte pacifique a été fortement réprimé par la police…

La police a réagi très violemment. Il y a eu beaucoup de blessés parmi les manifestants. Le nuage de gaz lacrymogène nous empêchait de respirer. Toutes les issues de la place étaient bouclées. Heureusement, le personnel du métro a ouvert les rames, ce qui a permis de se mettre à l’abri. Nous nous attendions à cette violence, mais cela a été un choc pour la population. Un signal clair que le gouvernement voulait faire cesser le mouvement. Après les 28 et 29 juin, la place a continué de se remplir. Mais les vacances d’été n’ont pas permis au mouvement de repartir. Après août, la police intervenait dès qu’il se passait quelque chose. Un jour, un professeur grec est venu faire une déclaration, et la police est arrivée en masse. Le mouvement de Syntagma s’est terminé comme ça. Nous ne pouvions pas en rester là.

Quelles sont vos nouvelles formes de résistance ?

Le mouvement de Syntagma s’est transféré dans les quartiers voisins. Les habitants se réunissent régulièrement face à la crise économique et financière : ils organisent des repas communs, mettent en place des services médicaux pour les personnes ne pouvant pas payer les soins. Des sortes de comités de quartier, où on peut avoir un soutien sanitaire mais aussi des conseils juridiques gratuits. La plupart des personnes actives dans ces mouvements sont chômeurs. Il y a en permanence des appels à de nouvelles mobilisations et actions. Ce volcan va se réveiller un jour, c’est certain, mais sous une nouvelle forme.

Avez-vous lancé un audit de la dette grecque ?

Des économistes de gauche ont lancé il y a deux ans une initiative populaire sur l’analyse des dépenses publiques, en partant du constat que la dette publique est trop importante et ne peut pas être remboursée. Il s’agit de savoir pourquoi et comment nous en sommes arrivés à cette situation, grâce à un « comité de vérification ». Nous nous mobilisons pour l’élimination d’une dette que le peuple grec n’a pas contractée : ce que nous ne devons pas, nous ne le paierons pas.

Nous sommes aussi préoccupés par la dette écologique. Un énorme plan de privatisations se prépare. La Grèce ambitionne de capter jusqu’à 20 milliards d’euros d’investissement dans les prochaines décennies, pour mettre en place une très grande production d’électricité photovoltaïque. Comme le projet Helios, une immense centrale solaire sur 20 000 hectares, pour exporter de l’électricité vers l’Allemagne. Des terres agricoles vont être cédées quasi gratuitement.

Le « mouvement des pommes de terre » et ses ventes directes aux populations ont-ils perduré ?


Des producteurs du nord de la Grèce sont venus à Syntagma pour vendre leurs pommes de terre à des prix très bas. Cette initiative s’est produite à plusieurs reprises et pas seulement avec les pommes de terre. C’était une façon de court-circuiter et de dénoncer les intermédiaires qui empochent de fortes marges. Cela a eu des impacts énormes. Les supermarchés ont commencé à avoir très peur. Mais la vente directe se poursuit. L’entrée dans l’Union européenne a complètement désorganisé notre agriculture. Nous sommes devenus, par exemple, importateurs d’ail de Chine. Tout cela nous interroge sur la manière dont nous pouvons restructurer notre agriculture, car c’est notre force en Europe.

Comment les mouvements étudiants participent-ils à la mobilisation ?

Le taux de chômage chez les jeunes dépasse les 30 %. Ils étudient mais savent qu’il n’y aura pas de travail. Les universités essaient de suivre la dynamique du mouvement mais elles n’impulsent pas. Un des dangers les plus importants aujourd’hui, c’est Aube dorée, ce mouvement d’extrême droite qui puise dans les idées de Syntagma mais leur donne un contenu xénophobe, réactionnaire et souverainiste. Notre mouvement a encore un avenir, il est en devenir. Lorsqu’un vieil homme s’est suicidé début avril sur la place Syntagma (voir sa lettre), un grand rassemblement a immédiatement suivi. Chaque fois qu’un vote en lien avec le mémorandum a lieu, nous savons que nous avons rendez-vous à Syntagma.

Propos recueillis par Sophie Chapelle

http://www.bastamag.net/article2542.html

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Re: Ἑλλάς

Messagede Flo » 22 Juil 2012, 12:23

Grèce : les dernières infos mordorandiennes

Privatisations, arrestations de grévistes, violences policière, violences envers les migrants, suicides en cascade, suppression d’organismes publics et démissions en cascade : bienvenue dans le fabuleux monde de l’austérité mordorandienne en Grèce.

La troïka reviendra à Athènes le 26 juillet pour discuter des derniers efforts qu’Athènes doit fournir dans le cadre des économies de 11 milliards d’euro prévues pour 2013/2014. Le gouvernement a laissé entendre qu’il attendrait les négociations avec la troïka, en précisant qu’il serait difficile de trouver de nouvelles sources de coupes budgétaires.

Hier, nous apprenions que la suppression des conventions collectives en Grèce ont entraîné une réduction de 23,7% des salaires pour 10% de la population active au 1er semestre 2012.

Hier encore, nous apprenions que 44 122 contrats à temps plein ont été convertis en contrats flexibles les 6 premiers mois de 2012. Soit une augmentation de 45,3% par rapport à 2011. La précarité semble en passe de devenir une règle en or massif.

Hier toujours, l’annonce de l’arrivée du nouveau directeur des services des renseignements grecs est tombée. Il s’agit de Dravilas, le suppléant à la direction de la nouvelle démocratie. Pour la première fois depuis 12 ans, c’est un politicien et non un magistrat ou un diplomate qui aura la charge des services de renseignements.

Ce matin, à 5h30, la police anti-émeute est entrée dans l’aciérie Halyvourgia en grève depuis 8 mois. 6 bus de la police anti-émeute gardaient encore l’entrée de l’aciérie vers 11h. Les policiers ont chargé des députés du KKE et du SYRIZA qui ont condamné l’invasion et la violence de la police anti-émeute ainsi que les arrestations de grévistes. Jusqu’ici 6 travailleurs de l’aciérie ont été détenus. Le syndicat du secteur appelle à manifester ce soir.

Aujourd’hui, ekhatimerini nous apprend que le gouvernement souhaite supprimer ou fusionner 200 organismes publics à la fin août. Plusieurs sources indiquent également qu’un projet de loi serait prévu afin de ne plus limiter la participation des entreprises privée dans les entreprises publiques « stratégiques » (énergie). Jusqu’à aujourd’hui, l’Etat conservait un minimum de 51% des parts et assurait donc un contrôle public. Cela ne sera plus le cas si la loi est votée – pendant l’été- puisque le parlement ne prendra ses habituelles vacances du mois d’août.

Le Premier ministre Antonis Samaras a eu des entretiens avec le ministre responsable de la restructuration de l’administration publique. Les sources ont indiqué qu’il a été convenu que le gouvernement annonce la fermeture ou la fusion de 60 organismes publics dans les prochains jours, le reste venant d’ici la fin du mois d’août.

Le retour de la troïka coïncide également avec la volonté d’accélérer les privatisations. A. Samaras a d’ailleurs indiqué récemment qu’il souhaitait aller plus loin que les recommandation de la troïka. Il a annoncé également vouloir supprimer ou fusionner les hôpitaux publics d’Athènes et de sa périphérie. Aujourd’hui, Le Monde (via l’AFP) rapporte la démission (encore une !) de Costas Mitropoulos, le directeur général du fond chargé de piloter le programme de privatisations.

Hier encore, le nouvel observateur indiquait qu’en Grèce, la lutte contre les incendies [était] affectée par l’austérité. Effectivement, hier, des villages étaient évacués, le feu arrivant dans les jardins des maisons. Des résidents tentaient de repousser les flammes avec les moyens du bord.

La troïka avance sur plusieurs fronts. Le gouvernement grec a assuré son soutien au gouvernement chypriote pour la négociation de leur plan de sauvetage. Pas certain que cela soit le bon conseil de l’année à suivre pour Chypre.

Le mordorandum va faire ses petits pendant l’été. En Grèce, en Espagne et ailleurs. Les vacances ont ceci de précieux qu’elles permettent souvent de prendre des décisions politiques en minimisant le risque de mouvement populaire de masse. Encore qu’il semble que les espagnols ont bien décidé de ne pas se laisser faire hier soir avec 800 000 manifestants rien qu’à Madrid et 2 millions à travers le pays pour crier contre les mesures d’austérité (photo reuters) :

La gronde arrive. Tout va bien dans le fabuleux monde de l’austérité mordorandienne…

okeanews.fr (photos: reuters,MakisSinodinos,leftgr)

http://globalpresse.wordpress.com/2012/ ... andiennes/
"La société à venir n'a pas d'autre choix que de reprendre et de développer les projets d'autogestion qui ont fondé sur l'autonomie des individus une quête d'harmonie où le bonheur de tous serait solidaire du bonheur de chacun". R. Vaneigem
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Messagede Ulfo25 » 28 Juil 2012, 08:57

Tragédie sanitaire en Grèce dûe, en grande partie, à la crise.
Article avec quelques schémas intéressant sur Owni : http://owni.fr/2012/07/26/tragedie-sanitaire-en-grece/
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Re: Ἑλλάς

Messagede niouze » 09 Aoû 2012, 21:00

un blog extremement interressant sur ce qu'il ce passe en grece presque au jours le jours , comment le néolibéralisme se met en place a marche forcé (comme par exemple le fait que le gouvernement vient de revendre son credit agricole détenu a 97% par l'etat a des banque privée etrangere ) comment le fascisme lui aussi arrive a petit pas et pas que par le biais de l'aube dorée (loi contre les étrangers , fete (national)de la démocratie annulé cette année ...) mais aussi les luttes, les combats, les victoires et aussi les défaites; et simplement pour mieux savoir comment vivent (ou plutot survivent) les grecs au jour le jour
c'est par ici:
greek crisis
Carnet de notes d'un anthropologue en Grèce
http://greekcrisisnow.blogspot.fr/
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Re: Ἑλλάς

Messagede ivo » 21 Sep 2012, 10:34

La Grèce tente une contre-offensive contre ses néonazis, devenus omniprésents
http://www.lemonde.fr/europe/article/20 ... _3214.html
Image
Des membres d'Aube dorée manifestent devant l'ambassade de Turquie à Thessalonique. | AFP/SAKIS MITROLIDIS

Le gouvernement grec s'est résolu à hausser le ton face au parti néonazi Aube dorée, omniprésent dans la rue et en pleine forme dans les sondages, après son entrée au Parlement à la faveur de la crise. Après des années d'incurie face à l'extrémisme de droite, qui bénéficie de collusions policières et de l'inertie judiciaire, les autorités grecques semblent avoir pris conscience de la menace qui se profile pour une société démocratique.

Après avoir lui-même tonné contre une "invasion" immigrée qui menacerait "la survie" nationale, le ministre de l'ordre public, Nikos Dendias, a fini par lancer la contre-offensive réclamée depuis des mois par les défenseurs des droits de l'homme. Il a décrété la tolérance zéro contre les groupes auteurs de violences, qu'il a désignés comme des "sections d'assaut", dans une référence directe aux SA hitlériennes. Il a également menacé les députés néonazis d'arrestations en cas de flagrants délits, les a privés de gardes du corps, et a fait tomber quelques têtes policières trop évidemment complaisantes.

La justice a elle aussi haussé le ton, en demandant la levée de l'immunité parlementaire de trois élus néonazis accusés notamment d'usurpation d'autorité, tandis que son ministre, Antonis Roupakiotis dénonçait des "comportements nazis, fascisants et inhumains de cadres d'Aube dorée". Un test crucial de cette nouvelle détermination sera la reprise prévue mardi, après sept ajournements, d'un procès de trois activistes accusés d'avoir poignardé des Afghans.

CONTRÔLES D'IDENTITÉ

C'est en se substituant ouvertement à la police, en menant des contrôles de papiers d'identité début septembre dans un marché de plein air, suivis de saccages d'étals, le tout diffusé sur Internet, qu'Aube dorée a déclenché ce sursaut. Mais pour le journaliste Dimitris Psaras, spécialiste de l'extrême droite, cette escalade s'inscrit dans une "stratégie de tension très organisée et coordonnée" d'Aube dorée.

Le syndicat professionnel des vendeurs ambulants a d'ailleurs salué les raids néonazis, tandis que responsables politiques et médias convenaient de l'impératif d'une lutte contre les vendeurs immigrés à la sauvette, accusés de ruiner les Grecs. Au vu de l'exaspération sociale, "Aube dorée veut faire réagir l'Etat dans le but d'apparaître comme la seule force antisystème", estime M. Psaras.

DÉMONSTRATION DE FORCE

Depuis cet été, Aube dorée (Chryssi Avghi) est dans la démonstration de force permanente. Ce parti est soupçponné d'orchestrer des violences visant, dans la rue, au travail ou à domicile, des étrangers ou présumés tels. Une situation qui a été dénoncée par le Haut Commissariat aux réfugiés des Nations unies (UNCHR) fin août, ou encore par Human Rights Watch en juillet. Dans un rapport intitulé La haine dans les rues : la violence xénophobe en Grèce, l'ONG relatait : "Les migrants et les demandeurs d'asile ont parlé à Human Rights Watch de quartiers d'Athènes où ils ne vont plus à la nuit tombée car ils ont peur d'être attaqués par des groupes de Grecs souvent vêtus de noir et en quête de violence." Et assurait que des membres d'Aube dorée ont été impliqués dans certaines de ces attaques.

Lire le reportage : En Grèce, la grande détresse des migrants pris au piège de Patras

Cet ancien groupuscule semi-clandestin, qui a raflé en juin 18 sièges au Parlement grec, est "là pour rester", estime l'analyste politique Yannis Mavris. Après avoir obtenu 7 % aux élections de juin, Aube dorée est désormais créditée de plus de 10 % d'intentions de vote par plusieurs instituts de sondages. L'un d'eux lui octroie même le double de son score des dernières élections.

Au vu de son succès auprès des jeunes, de la "vague de désaffection des partis" traditionnels déferlant sur un pays en voie de paupérisation sous le poids de l'austérité, "il s'agit d'un nouveau phénomène, très dangereux pour le système parlementaire", ajoute M. Mavris. La gauche, dont la formation radicale Syriza représente près d'un tiers de l'électorat, juge désormais nécessaire la formation d'un "front antifasciste" susceptible d'allier toutes les forces démocratiques.

DU SANG "GREC POUR LES GRECS"

Injures et menaces lancées au Parlement, collecte de sang "grec pour les Grecs", distribution de colis alimentaires dont des gros bras chassent les non-Grecs, raids homophobes : pour la criminologue Sophia Vidali, Aube dorée "mène une politique activiste renvoyant au néofascime italien des années 1970".

L'objectif de la formation, dont les membres paradent en tee-shirt noir frappés du méandre grec, leur emblème, est "d'apparaître en justicier, en vengeur" d'une population mise sous pression par la crise et par les redoutables politiques de rigueur qu'elle a entraînées, relève Mme Vidali. Et aussi d'intimider, comme l'affectionne son chef. Le quinquagénaire Nikos Mihaloliakos, détenu deux fois pour violences dans les années 1970, est coutumier des menaces publiques.

La posture est d'autant plus porteuse que le centre politique est uni au sein d'un gouvernement de coalition droite-socialistes-gauche modérée, qui s'apprête à en rajouter dans l'austérité. Athènes est en effet sous la pression de ses principaux créanciers – la BCE, le FMI et l'UE – pour réaliser plus de 11,5 milliards d'euros d'économies. De ces efforts dépend le rapport de la troïka rassemblant ses créanciers, puis le versement d'une tranche d'aide de 31,5 milliards d'euros, vitale pour le pays, qui a des échéances de remboursement en novembre.

commentaires ........
Quelques chiffres : pour une population de 11 millions d'habitants, on compte 400 000 illégaux et un million d'immigrés légaux, et ceci dans un pays en pleine crise économique. S'attaquer à ces groupes qualifiés de "néo nazis" revient à combattre les conséquences et non les causes qui sont principalement cette immigration insupportable dans un pays connaissant une telle situation sociale. Facile pour nous de donner des leçons.

Opinion qui montre votre propre biais sur la question. La cause principale est la crise économique profonde, et sans issue claire ni rapide, dans laquelle se trouve la Grèce. Vous pouvez penser que la montée des extrémistes n'est pas à contrecarrer mais je ne souhaiterais pas vivre dans le même pays que vous :( Les autorités politiques de la zone euro sont les premières responsables de cette situation pour laquelle il y a des remèdes plus efficaces que l’austérité à tout crin.

"Les migrants et les demandeurs d'asile ont parlé à Human Rights Watch de quartiers où ils ne vont plus à la nuit tombée car ils ont peur d'être attaqués par des groupes souvent vêtus de noir et en quête de violence" Et les français, il peuvent se plaindre de la même chose à Human Rights Watch?

@Hadrien. Excellente observation ! Il y a effectivement des zones entières en France où il ne vaut mieux pas s'aventurer quand on est une "face de craie".

Quelle tristesse pour le berceau de la démocratie :( La profondeur de cette crise économique est une aubaine pour les extrémistes de tout poil. Et nous serons tous responsables si la Grèce tombe aux mains de ceux-ci.

Toute la logique de 1929- 1933 en Allemagne est en train de renaître. La Grèce n'est pas seulement économiquement aux abois, elle est humiliée. Le premier populiste venu sait comment exploiter la situation. Et faire peser sur l'Autre les responsabilités de la cata. A propos d'Autre, la Turquie a une bonne tête de bouc émissaire, ça va réarmer de ce coté-ci du monde, et c'est pas très loin de chez nous, au propre comme au figuré.
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Messagede ivo » 26 Sep 2012, 10:16

Grève générale en Grèce contre de nouvelles mesures d'austérité
http://www.lemonde.fr/europe/article/20 ... _3214.html
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A Athènes, mardi soir 25 septembre 2012, des enseignants battent le pavé devant le Parlement. | AP/Thanassis Stavrakis

La Grèce sera de nouveau au cœur des préoccupations de la zone euro, mercredi 26 septembre, jour de grève générale contre des mesures d'austérité supplémentaires en préparation, sur fond de rencontres entre la chancelière allemande, la directrice générale du FMI et le président de la BCE.
La GSEE (General Confederation of Greek Workers) et Adedy (Anotati Diikisis Enoseon Dimosion Ypallilon), les deux principaux syndicats, appellent à une grève générale de vingt-quatre heures mercredi, la troisième de l'année, avec manifestations pour protester contre le nouveau train d'économies difficilement négocié entre la troïka des créanciers du pays (UE-BCE-FMI) et le gouvernement de coalition dirigé par le conservateur Antonis Samaras.

A Athènes, près de 5 000 policiers ont commencé à se déployer dans la matinée pour sécuriser les manifestations, souvent violentes en Grèce, comme lors des deux précédentes grèves générales de l'année, en février. Aucune desserte des îles ne devrait être assurée. Les contrôleurs aériens observeront un arrêt de travail de 9 heures à 3 heures jeudi. Les deux compagnies grecques, Olympic air et Aegean Airlines ont annulé 12 vols et en ont reprogrammé 28. Dans un pays en pleine dépression, les syndicats des commerçants, artisans et ingénieurs civils participent à la grève, tandis qu'à la mi-journée, les médias ne couvriront que les manifestations. Soutenue par le principal parti d'opposition, le Syriza de la gauche radicale, la grève vise à dénoncer les nouvelles mesures d'économies de plus de 11,5 milliards d'euros que le gouvernement finalise actuellement avec l'UE et le FMI.

DIVISIONS

Les prêteurs internationaux semblent divisés sur la stratégie à tenir vis-à-vis du pays, dont l'économie continue de s'enfoncer dans la récession, en dépit des milliards d'euros reçus dans le cadre de deux plans de sauvetage financier, dont le premier a été lancé en mai 2010. La nécessité d'une troisième intervention de soutien paraît gagner du terrain parmi partenaires et prêteurs du pays, qui se repassent le problème grec comme une patate chaude depuis des semaines.

Le ministère des finances grec a confirmé mardi qu'un possible rééchelonnement du remboursement de créances grecques détenues par la Banque centrale européenne (BCE) était actuellement "examiné" pour essayer de combler le déficit de financement du pays, dont l'ampleur fait l'objet de multiples rumeurs. Selon le ministre adjoint Christos Staikouras, cette opération assimilable à un début de restructuration de dette pourrait porter sur des obligations "d'une valeur d'environ 28 milliards d'euros" arrivant à maturité entre 2013 et 2016.

"RÉÉVALUER LA SITUATION"

La BCE a immédiatement rétorqué qu'une restructuration "aux dépens de la BCE" n'était "pas envisageable", car cela équivaudrait à "un financement monétaire d'un Etat, ce qui est interdit" par les statuts de la Banque centrale. Jörg Asmussen, membre du directoire de la Banque centrale européenne, qui s'exprimait ainsi dans le quotidien Die Welt mercredi a renvoyé aux "membres de la zone euro" tout éventuel "besoin de financement supplémentaire" de la Grèce, réitérant une position également exprimée à mi-voix récemment par le représentant grec du Fonds monétaire international.

Officiellement, l'Allemagne, première contributrice au sein de la zone euro aux deux plans de soutien à la Grèce, ne veut pas non plus entendre parler d'un financement supplémentaire. A Bruxelles, une source européenne a confirmé néanmoins mardi qu'il faudrait "réévaluer la situation" compte tenu du trou de financement auquel est confronté Athènes. "On peut appeler cela un troisième programme d'aide ou un deuxième programme réajusté" a affirmé cette source. Alors que l'Espagne est également sur la sellette, la chancelière allemande, Angela Merkel, reçoit Mme Lagarde mercredi, après un entretien, mardi, avec le président de la BCE, Mario Draghi.

Lire : Athènes doit encore trouver 2 à 3 milliards d'euros d'économies
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Messagede ivo » 26 Sep 2012, 20:01

Heurts entre manifestants et policiers à Athènes
fr info
Quelques centaines de jeunes grecs cagoulés se sont violemment opposés aux forces de l'ordre ce mercredi lors d'une nouvelle manifestation contre la rigueur. Les défilés ont rassemblé plus de 50.000 personnes.

En Grèce, tout le pays vit au ralenti ce mercredi, pour cette troisième journée de grève générale depuis le début de l'année. Lors d'une des deux manifestations à Athènes mercredi matin, des heurts ont éclaté sur la place centrale de Syntagma. Des manifestants cagoulés, se sont opposés par petits groupes à la police. Ils ont jeté des cocktails-Molotov en direction des forces de l'ordre qui ont répondu par des tirs de grenades et du gaz lacrymogènes.

Les manifestants violents ont également mis le feu à un kiosque, à des poubelles et ont brisé des vitrines.

Mobilisation

Le gros de la manifestation s'est retiré de la zone d'affrontements dans le calme. Ce genre de débordement avait été prévu car il est assez fréquent en Grèce. Environ 5.000 policiers étaient déployés.

Les manifestations à Athènes et Salonique ont rassemblé 52.000 personnes selon la police. Les pharmaciens, les douaniers, en passant par les instituteurs et les mécaniciens, ont participé au mouvement. "Peuple, bats-toi, ils boivent ton sang", scandaient certains participants accompagnés par des tambours.



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Messagede ivo » 30 Sep 2012, 10:05

La Grèce attend la troïka pour boucler son nouveau plan de rigueur
http://www.lexpress.fr/actualites/1/eco ... 68070.html
ATHENES - Le gouvernement grec, parvenu jeudi à un accord politique sur les mesures de rigueur, attend désormais l'aval de la troïka des créanciers du pays dont les responsables arrivent dimanche à Athènes, pour boucler un nouveau plan d'économies budgétaires sur 2013 et 2014.

Les représentants de la troïka, les Allemands Matthias Mors et Klaus Masuch pour respectivement la Commission européenne et la Banque centrale européenne (BCE) et le Danois Poul Thomsen du Fonds monétaire international (FMI), qui doivent produire un rapport très attendu sur l'état de la Grèce, vont examiner les mesures d'un montant de 13,5 milliards d'euros sur lequel les trois partis représentés au gouvernement se sont finalement mis d'accord jeudi.

Selon une source du ministère des Finances vendredi, les mesures comprennent environ 7 milliards d'euros de coupes dans les retraites, les salaires de certaines catégories de fonctionnaires (juges, universitaires, policiers ou pompiers) et les aides sociales.

Près de 3,5 milliards d'euros d'économies proviendront "de réformes structurelles" dans la fonction publique via la fusion ou la suppression d'organismes, ou du départ en retraite anticipée de près de 15.000 fonctionnaires.

Enfin les recettes fiscales devraient augmenter de 3 milliards sur les deux années, selon la même source.

Le paquet a été présenté une première fois jeudi soir par la Grèce à ses partenaires de la zone euro lors d'une réunion technique d'un groupe de travail de hauts fonctionnaires des ministères des Finances de la zone euro (Euroworking group) à Bruxelles, chargée de préparer la réunion des ministres du 8 octobre.

Le choix des mesures est le résultat de plus de deux mois de tractations. Près de la moitié d'entre elles doivent être incluses dans le pré-projet de budget 2013, que le gouvernement compte introduire au parlement lundi.

L'heure de la rencontre entre les représentants de la troïka et le gouvernement grec n'a pas été rendue publique.

Le nouveau tour de vis, qui reste à voter au parlement, vient s'ajouter à trois plans d'austérité draconiens déjà adoptés par le parlement grec depuis le début de la crise de la dette en 2010. Il est une condition préalable pour poursuivre les versements des prêts UE-BCE-FMI à Athènes.

Athènes attend le versement d'une tranche vitale de 31,5 milliards d'euros destinée surtout à recapitaliser ses banques, et tirée sur une deuxième ligne de crédit de 130 milliards d'euros accordée au printemps à la Grèce par la zone euro et le FMI pour lui éviter la faillite.

Simultanément à ce geste de bonne volonté pour assainir ses finances publiques, la Grèce espère obtenir une "prolongation" de deux ans de sa période d'ajustement budgétaire, c'est à dire d'ici 2016 au lieu de 2014.

Le Premier ministre Antonis Samaras devrait officiellement procéder à cette demande auprès de ses partenaires lors du sommet européen du 18 octobre.

L'objectif du gouvernement serait de répartir les nouvelles mesures douloureuses sur quatre ans au lieu de deux afin d'apaiser la grogne sociale.

La perspective de nouveaux sacrifices sur les salaires et pensions a d'ailleurs déjà provoqué une réaction des syndicats, qui ont observé mercredi une grève générale de 24 heures d'avertissement, dans le privé et le public, avec des manifestations émaillées de violences à Athènes et Salonique.

La Grèce traverse sa cinquième année consécutive de récession, le recul du PIB devant atteindre près de 7% fin 2012. Le taux de chômage a plus que doublé en deux ans à 24%, frappant surtout les jeunes.

Un récent rapport sur l'économie grecque de l'Institut de l'Emploi du syndicat du privé GSEE souligne que les plans d'assainissement dictés par l'UE et le FMI "ont prolongé la récession et augmenté le chômage", annulant les efforts du pays.

"Le pouvoir d'achat en Grèce entre 2010 et 2012 a baissé dramatiquement d'environ 25% en revenant au niveau de 2000. Si cette politique continue, les conséquences seront catastrophiques, et on reviendra au niveau de 1990", prévient ce rapport
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Messagede ivo » 04 Oct 2012, 20:27

Grèce: défense, hôpitaux, agriculteurs... manifestations tous azimuts
http://www.liberation.fr/depeches/2012/ ... uts_850892
Image
Heurts entre la police grecque et les employés d'un chantier naval demandant à être payés, à Athènes, le 4 octobre 2012 (AFP)

Quelque centaines d'employés d'un chantier naval dénonçant des impayés de salaire ont envahi la cour du ministère de la Défense grec à Athènes jeudi, tandis que des personnels hospitaliers et des agriculteurs en Crète protestaient aussi contre les mesures d'austérité prévues dans le pays.

Au ministère de la Défense, les forces anti-émeutes ont interpellé de nombreux ouvriers du chantier naval Hellenic Shipyards à Skaramangas dans la banlieue industrielle du Pirée, qui avaient fracturé les barrières d'entrée aux cris de "voleurs, voleurs" pour protester contre des impayés de plusieurs mois.

La police a matraqué des manifestants et tiré des gaz irritants pour les repousser, a indiqué un source policière. Devant le refus des protestataires de quitter les lieux, la police a procédé à leur interpellation en groupe.

Le chef d'Etat-major était auparavant descendu de son bureau pour tenter d'entamer le dialogue, mais avait été accueilli par des huées, montrées par les télévisions.

Le ministre, Panos Panayotopoulos, retenu par une cérémonie officielle, avait pour sa part fait savoir qu'il était prêt à rencontrer une délégation, à condition que les manifestants quittent les lieux.

Les manifestants, dont l'action a aussi brièvement interrompu le trafic routier sur un axe très fréquenté, protestent contre des impayés de plusieurs mois, alors que le chantier Hellenic Shipyards est menacé de faillite.

L'unité, employant plus d'un millier de personnes, avait été vendue en 2010 par son précédent propriétaire, le conglomérat industriel allemand ThyssenKrupp, au groupe Abu Dhabi mar, mais tourne au ralenti depuis des mois, dépendant de contrats de modernisation de l'armée grecque suspendus ou retardés par l'actuelle crise financière frappant le pays.

Les médecins et infirmiers des hôpitaux ont également manifesté jeudi devant le ministère de la Santé à Athènes contre de nouvelles coupes salariales et réductions des dépenses de la santé publique, comprises dans le nouveau train d'économies que la Grèce négocie actuellement avec la troïka de ses créanciers, UE, BCE et FMI. Le système de santé publique, comme le reste du pays, est lourdement endetté en Grèce.

L'adoption prévue du nouveau tour de vis destiné à assainir les finances publiques a fait remonter la tension sociale, tandis que l'UE et le FMI en font dépendre le maintien du pays sous perfusion financière.

Outre Athènes, Héraklion, chef-lieu de l'île de Crète (sud), a aussi été le théâtre d'affrontements jeudi après-midi entre forces anti-émeutes et des centaines d'agriculteurs en colère, qui ont tenté d'entrer sur la piste de l'aéroport de la ville.

Les forces de l'ordre ont fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants qui protestaient contre la baisse de remboursements de TVA et la hausse des cotisations sociales, prévues dans les nouvelles mesures d'austérité.
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Re: Ἑλλάς

Messagede niouze » 11 Oct 2012, 14:56

Grèce : Des militants anti-fascistes « torturés par la police »
admin 9 octobre 2012 Un commentaire
Traduction de l’article paru sur le Guardian, traduction par Mehdi ZAAF
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Quinze personnes arrêtées à Athènes ont dit avoir été sujet à ce que leur avocat décrit comme une humiliation du type « Abu Ghraib ».

Quinze manifestants antifascistes arrêtés à Athènes lors d’un affrontement avec des partisans du parti néo-nazi Aube Dorée ont rapporté qu’ils avaient été torturés à la Direction générale de la police de l’Attique (GADA) – l’équivalent Athénien de Scotland Yard.

Plusieurs des manifestants arrêtés après la première manifestation le dimanche 30 Septembre ont déclaré au Guardian avoir été giflés et frappés par un officier de police pendant que cinq ou six autres regardaient. Ceux-ci leur crachaient dessus et les utilisaient comme cendrier parce qu’ils puaient. Ils disent par ailleurs avoir été maintenus éveillés toute la nuit à l’aide de torches et de lasers pointés vers leurs yeux.

Certains ont rapporté avoir été brûlés sur les bras à l’aide d’un briquet. Les officiers de police les filmaient sur leurs téléphones, menaçant de publier ces images sur internet et de donner leur adresse de résidence à l’Aube Dorée.


La popularité de l’Aube Dorée explose depuis les élections du mois de juin au cours desquelles ce parti avait remporté 18 sièges au parlement. Il est récemment arrivé troisième dans plusieurs sondages derrière Nouvelle Démocratie et Syriza.

Le mois dernier, le Guardian rapportait que la police conseillait à des victimes de faire appel à l’Aube Dorée, des victimes qui se sentaient alors obligées de faire des donations au groupe néo-nazi.

Une des deux femmes détenues a rapporté avoir été l’objet d’insultes très dures de la part des policiers, qui lui tiraient la tête en arrière quand elle essayait de ne pas être filmée. Les manifestants ont déclaré qu’ils avaient été privés d’eau potable et d’accès à un avocat pendant 19 heures. Nous avions tellement soif que nous buvions l’eau des toilettes a-t-elle confié.

Un homme blessé à la tête et au bras durant son arrestation assure que la police continuait à le taper et lui refusait tout traitement médical jusqu’au lendemain matin. Un autre manifestant affirme que la police lui maintenait les jambes écartées et le frappait dans les testicules pendant l’arrestation.

Ils m’ont craché dessus et dit que nous mourrions comme nos grands-parents durant la guerre civile a-t-il déclaré.

Un troisième détenu raconte avoir été « tazé » dans la colonne vertébrale alors qu’il tentait de s’enfuir ; la brulure est toujours visible. C’est comme une décharge électrique confie t-il. Mes jambes étaient paralysées quelques minutes puis je suis tombé. Ils m’ont menotté derrière le dos et commencé à me frapper dans les côtes, dans la tête. Ils m’ont ensuite ordonné de me lever, mais je ne pouvais pas. Ils m’ont donc tiré par les menottes alors que je me tenais sur les genoux. Ils ont continué à me frapper pendant cinq patés de maisons jusqu’à ce qu’on atteigne la voiture de patrouille .

Les militants ont demandé à ce que leurs noms ne soient pas publiés, par peur de représailles de la police ou de l’Aube Dorée.

Un second groupe de manifestants a également dit avoir été torturé à la GADA.

Nous avons tous dû passer devant un officier qui nous a fait nous déshabiller dans le couloir, nous pencher et écarter notre derrière devant tout ceux qui étaient là a confié l’un d’eux au Guardian. Il faisait ce qu’il voulait avec nous – nous giffler, nous frapper, nous dire de ne pas le regarder, de ne pas s’asseoir les jambes croisées. Les autres officiers qui passaient par là ne faisaient strictement rien.

Tout ce qu’on pouvait faire c’était se regarder du coin des yeux pour se donner du courage les uns aux autres. Il nous a laissé là pendant plus de deux heures. Il répondait à son telephone et disait « Je suis au travail et je les baise, je les baise comme il faut ». En fin de compte seulement quatre d’entre nous ont été inculpés pour avoir resisté à notre arrestation. C’était un jour hors du temps, en plein dans la dictature des colonels

En réponse à ces allégations, Christos Manouras, porte-parole de la police hellénique, a déclaré:

Il n’y a pas eu recours à la force dans GADA. La police grecque enquête en profondeur sur chacun des rapports qui porte sur une utilisation présumée de la violence par la police ; et si l’accusation est fondée, la police prend des mesures disciplinaires correspondantes contre les officiers responsables. Il ne fait aucun doute que la police grecque a toujours respecté les droits de l’homme (…)

La manifestation de dimanche avait eu lieu suite à la vandalisation d’un Centre Communautaire Tanzanien par un groupe de 80 à 100 personnes dans un quartier du centre d’Athènes près d’Aghios Panteleimon, bastion de l’Aube Dorée où de nombreuses attaques contre des migrants ont été recensées.

Selon les manifestants, environ 150 personnes rodaient dans tout le quartier sur des motos en distribuant des tracts. La bagarre a éclaté lorsqu’ont été aperçus deux ou trois hommes munis du T-shirt de l’Aube Dorée à la tête de la parade. C’est alors qu’un nombre important de policiers a immédiatement fondu sur eux, venant des rues environnantes. Manouras:

Au cours de la manifestation, il ya eu des affrontements entre les manifestants et les riverains. La police est intervenue pour empêcher que ça ne dégénére et pour rétablir l’ordre public. Il peut y avoir eu quelques blessures mineures lors des affrontements entre les riverains, les militants, et la police.

Selon Marina Daliani, l’avocate de l’un des 15 détenus, ceux-ci se font fait inculper pour trouble à l’ordre public le visage couvert (ils portaient des casques de moto) et pour infliction de lésions corporelles graves contre deux personnes. Mais, dit-elle, aucune preuve d’un tel préjudice n’a encore été soumise. Les militants ont été relachés sous caution (3.000 € chacun).

Charis Ladis, l’avocat d’un autre manifestant, assure que les mauvais traitements infligés aux Grecs en garde à vue était quelque chose de rare jusqu’à cette année:

Cette affaire montre qu’une page a été tournée. Jusqu’à présent, il existait une idée commune selon laquelle quelqu’un qui était arrêté, même violemment, serait en sécurité en garde à vue. Mais ces jeunes hommes ont tous dit qu’ils ont vécu un cauchemar.

Pour Dimitris Katsaris, l’avocat de quatre des manifestants, ses clients ont été humiliés d’une manière qui ressemble à celle utilisée à Abou Ghraïb, ce centre de détention où les Irakiens étaient torturés par des soldats américains pendant la guerre en Irak.

Ce n’est pas juste une affaire de brutalité policière du genre de celles dont on entend parler de temps en temps en Europe. C’est ce qui arrive tous les jours. Nous avons des images, nous avons la preuve que c’est cela qui arrive aux gens qui se font arrêter en militant contre la montée du parti néo-nazi en Grèce. C’est le nouveau visage de la police, qui va de pair avec le système judiciaire.

L’un des manifestants arrêtés, un homme calme d’une trentaine d’année:

Les journalistes ici ne parlent pas de ce genre de choses. Vous devez leur dire ce qui arrive, dans ce pays qui a déjà trop souffert du nazisme. Personne n’y prêtera attention sauf si vous en parlez à l’étranger

http://actualutte.com/des-militants-ant ... ube-doree/
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niouze
 
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