Ἑλλάς, Grèce

Re: Manifestations/Emeutes en Grèce

Messagede ivo » 16 Fév 2012, 11:04

En Grèce, «un sentiment d'humiliation»
http://www.liberation.fr/monde/01012390 ... picks=true
DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIALDéputé du parti Nouvelle Démocratie (droite), en tête des sondages, Simos Kedikoglou a voté les nouvelles mesures d'austérité dimanche. Il s'étonne du report de la nouvelle aide européenne et redoute une explosion sociale dans le pays.

Vous avez voté, dimanche, les mesures de rigueur demandées par les créanciers de la Grèce. Comment réagissez-vous au report du versement de l'aide financière ?

J'espère qu'il ne s'agit que d'un retard de quelques jours. Je comprends la méfiance européenne, mais nous nous sommes engagés sur ces décisions très difficiles et nous espérons pouvoir compter sur plus de patience de la part de nos amis. Si l'on dit que l'Europe est unie, elle doit l'être dans les bons comme dans les mauvais moments. Sinon, c'est que l'on parle d'une autre Europe.

Il y a-t-il un risque que cette aide ne soit pas versée ?

Nous avons donné toutes les garanties demandées, nous nous sommes engagés par écrit à les respecter. Que faire de plus ? Je lisais sur un blog grec : «Que veut Merkel, une lettre d'amour ?» Il y a en Grèce un sentiment d'humiliation qui peut déboucher sur une éruption sociale.

Quelle forme doit prendre la solidarité que vous demandez ?

D'abord, ne pas humilier un peuple qui est dans une situation très difficile. L'histoire a montré le résultat de telles attitudes. Il faut aussi comprendre que l'austérité seule n'est pas une solution ; au contraire, cela ne fait qu'agraver la crise. Nous ferons notre devoir, mais il faut nous laisser la possibilité de travailler à la croissance. Si on vide nos poches et qu'on ne nous laisse pas la possibilité de les remplir, inutile de revenir six mois plus tard pour les vider de nouveau. En Grèce, le taux d'imposition est désormais de 40%. En Bulgarie, c'est 15%, en Turquie 10%. Comment attirer les investisseurs dans ces conditions ?

Quel est aujourd'hui l'état de la démocratie en Grèce ?

Elle est en difficulté. Beaucoup se demandent si la démocratie existe encore. Il y a un grand problème de légitimité démocratique du Parlement, donc du gouvernement. Les Grecs se sont sentis trompés après les dernières élections, surtout par les socialistes qui promettaient de distribuer de l'argent. Aujourd'hui, il faut voter, sinon le pays va exploser. C'est pourquoi il faut des élections anticipées, au plus vite.


Mais même un nouveau gouvernement ne serait-il pas forcé à suivre la même politique ?

D'autres décisions peuvent être prises pour de meilleurs résultats, par exemple une réorientation de notre politique extérieure. Des accords économiques sont possibles avec la Russie, la Chine, Israël.

Il y a-t-il un risque révolutionnaire en Grèce ?

Je ne le pense pas. Les forces sociales qui, ailleurs, ont amené des révolutions, ne sont pas présentes ici. Nous avons une société paniquée, désespérée. Notre plus grand déficit, ce n'est pas la fiscalité, c'est l'espoir.


Même un parti de droite comme le vôtre ne doit-il pas miser sur une victoire de la gauche française, qui promet d'accorder plus d'importance à la croissance ?

Je suis d'accord. En Grèce, nous avons compris que la scène politique est bouleversée. Le clivage gauche-droite s'efface derrière un clivage entre les forces modernisatrices et les forces conservatrices. Paradoxalement, ici, les conservateurs sont les partis de gauche, qui veulent que la Grèce reste comme elle est.

Voteriez-vous de nouvelles mesures d'austérité si vous étiez au pouvoir ?

Nous avons présenté des mesures alternatives qui auraient le même résultat fiscal. Par exemple, la TVA sur la restauration est passée de 13 à 23%. Résultat : 20% des restaurants et des cafés ont fermé, 120 000 personnes ont perdu leur travail. Donc l'Etat gagne encore moins qu'avant.

La Grèce est-elle prête à tout pour rester dans l'UE ?

C'est une question de coût : combien coûterait d'y rester, combien de la quitter ? Il y a un an, le prix pour quitter l'Europe était très supérieur à celui pour y rester. Aujourd'hui, l'écart se réduit. J'espère qu'on n'arrivera pas au moment où ces coûts seront équivalents.



«Il n'y a plus de vie politique en Grèce»
http://www.liberation.fr/monde/01012390 ... e-en-grece
L'Europe a de nouveau repoussé, mardi, toute décision sur une nouvelle aide financière à la Grèce. Pour , professeur de sciences politiques à l'université Panteion d'Athènes et membre permanent de l'université de Cambridge, la tutelle internationale a détruit la vie politique grecque.

Êtes-vous surpris par le nouveau report du versement de l'aide européenne à la Grèce ?

Ces problèmes étaient prévisibles, et on peut en craindre d'autres dans un futur proche. La raison, c'est que cette politique mène vers une impasse. Plus on donne de «médicaments» au malade, plus la maladie empire. Ces mesures n'ont jamais été mises en œuvre que sous des régimes dictatoriaux ou dans les gouvernements post-communistes d'Europe de l'Est. Si le gouvernement le pouvait, il serait encore plus répressif. Mais il ne sait pas jusqu'où aller sans prendre le risque d'une révolution.

Peut-on dire qu'il y a une vie politique en Grèce, avec un gouvernement technocratique appliquant les décisions de ses créanciers ?

J'en doute. La coalition au pouvoir est le résultat d'un processus dont on peut douter qu'il soit réellement démocratique. En fait, les mesures décidées ne sont même pas le résultat d'une réflexion économique, technocratique. C'est l'application, par des extrémistes néo-libéraux, d'un programme visant à la destruction du rôle social de l'Etat et des relations de travail. Il s'agit d'aider les banques à faire le plus de bénéfices possibles, sans souci des conséquences pour la société et l'économie réelle.


Pour ses créanciers, il est naturel que la Grèce paye ses dettes. Peut-on dire le contraire ?

Il s'agit d'une dette contractée de manière très complexe, on ne peut pas simplifier le problème ainsi. Cette dette a été causée par une partie de la société qui, aujourd'hui, ne paie pas du tout les conséquences de la crise. Au contraire, l'effort repose sur ceux qui n'en sont pas responsables. La véritable approche du problème est sociale. Sa solution est la reprise en main des ressources de la société par la société elle-même.

En quoi consisterait cette solution ?

Avant tout, en un vrai contrôle des banques par la société. Il faut les nationaliser, pas au profit de bureaucrates obscurs, mais de manière transparente. La société grecque produit de la richesse. Elle manque de liquidités parce que les bénéfices des banquiers passent avant tout. Si la société maîtrisait ses ressources, la croissance serait plus importante.

Historiquement, les crises ont débouché sur des régimes nationalistes autoritaires, plutôt que sur des sociétés ouvertes et généreuses...

C'est vrai. Une crise n'est jamais quelque chose de plaisant. A la gauche d'y prendre garde, elle qui pense que les gens se tourneront d'eux-mêmes vers elle face aux conséquences de la crise. Comme si l'histoire se finissait forcément bien. Cela dit, il ne faut pas non plus se convaincre que l'on file droit au fascisme. Une bataille politique fait rage, qui suppose une analyse sérieuse de la situation politique, et surtout la participation de la population. Les citoyens doivent prendre la rue, eux seuls peuvent réellement protéger la démocratie.

L'avenir du pays serait-il plus assuré hors de l'Union européenne ?

Les plus grands ennemis de l'Europe sont les institutions européennes telles qu'elles existent aujourd'hui, qui ne représentent en aucun cas les idéaux de ses fondateurs. La logique des néo-libéraux dogmatiques conduit logiquement à des Etats répressifs, non-démocratiques, qui exacerbent les nationalismes et conduiront à la fin de l'Union.
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Re: Manifestations/Emeutes en Grèce

Messagede Pïérô » 16 Fév 2012, 12:42

Appel à rassemblement aujourd'hui à Lyon, et dans le cadre d'appel internatonal de soutien, de nombreuses manifs dans plusieurs villes s'annoncent pour samedi 18 février

Paris : rassemblement à 14h sur le Parvis des Droits de l'Homme (métro Trocadéro) Puis manifestation vers l'ambassade de Grèce

Liste sur facebook : http://www.facebook.com/events/227967737297954/, https://n-1.cc/pg/pages/view/1171719
Je ne suis pas inscrit, donc si quelqu'une qui y serait peut aller chercher ces informations pour les mettre à la suite ce serait bien. :)

texte de la CGA de Lyon pour l'appel d'aujourd'hui

D’Athènes à Lyon, le capitalisme n’a pas de frontières, nos luttes pour l’abattre non plus !

Face à un plan de rigueur d’une violence antisociale sans précédent, les grecs ont le week-end dernier et depuis tenu tête tant aux politiciens qu’à la répression policière. Parce que les patrons, actionnaires, banquiers, politicards et capitalistes sont les mêmes à Athènes qu’à Lyon : Solidarité avec les grecs en lutte !

La coordination des Groupes Anarchistes Lyon appelle à participer au rassemblement de soutien, jeudi 16 février à 18h30 place de la comédie

Les mesu­res prises diman­che par le par­le­ment grec sont hal­lu­ci­nan­tes : le salaire mini­mum a baissé de 22 % (de 700 € à 546 € et 491 € pour les moins de 25 ans) à cause des nou­vel­les mesu­res d’aus­té­rité du FMI qui ont déjà comme consé­quence un taux de chô­mage de 22 % (et 47 % pour les jeunes). S’y ajou­tent 150.000 licen­cie­ments dans le sec­teur public d’ici 2015, sec­teur où la sta­bi­lité de l’emploi avait déjà été sup­primé. Dans le sec­teur privé, les condi­tions de tra­vail (si jamais tu en trou­ves un...) sont aussi dif­fi­ci­les : les conven­tions col­lec­ti­ves sont tout sim­ple­ment sup­pri­mées et les entre­pri­ses dimi­nuent sys­té­ma­ti­que­ment et dras­ti­que­ment les salai­res et les effec­tifs. Tout ça pour que l’état ramasse le 300 mil­lions d’euros que récla­ment les ban­ques et la « troïka » (UE, FMI, BCE).

Le peuple, malgré le ter­ro­risme imposé par les patrons et les médias, pro­teste depuis ce week-end dans les rues des cen­tres-ville, s’émancipant pour une grande part des cen­tra­les syn­di­ca­les, sou­vent cor­rom­pues ou aux ordres des partis poli­ti­ques. Comme une masse sans âges, sans cou­leurs de partis poli­ti­ques, uti­li­sant des pra­ti­ques dif­fu­sées pen­dant les émeutes des der­niè­res années, les Grecs ont tenu tête tant aux poli­ti­ques qu’à leurs flics armés et vio­lents.

Les grèves géné­ra­les et les mani­fes­ta­tions poli­ti­ques contre les mesu­res d’aus­té­rité ont été fré­quen­tes en Grèce ces der­niers mois (2 novem­bre, 17 novem­bre, 1er décem­bre, 6 décem­bre, 17 jan­vier, 7 février, 12 février). Mais la lutte ne se limite pas à ces jour­nées d’actions, loin de là. Par exem­ple, l’« Aciérie grec­que » (Elliniki Chalyvourgia), entre­prise située en ban­lieue d’Athènes, cumule déjà plus de 100 jours de grève malgré les mena­ces de leur patron. Ils n’ont, comme ils le pro­cla­ment, « plus rien à perdre ». De nom­breux employés, dont les patrons refu­sent de payer les salai­res, ont lancé des occu­pa­tions de leurs lieux de tra­vail tantôt pour pro­tes­ter, tantôt pour les faire fonc­tion­ner en auto­ges­tion, les tenir ouverts et pou­voir sur­vi­vre. Ainsi les cais­ses de l’« hôpi­tal des enfants » d’Athènes sont fer­mées et le per­son­nel prend ses déci­sions aux réu­nions quo­ti­dien­nes, l’hôpi­tal de la ville de Kilkis est occupé et auto­géré par ses employées, et dans le nord du pays plu­sieurs res­tau­rants et une pâtis­se­rie célè­bre ont été auto­gé­rées par leurs employés. En réac­tion les patrons appel­lent les flics et les employés sont sou­vent emme­nés face aux tri­bu­naux comme dans le cas de l’entre­prise publi­que d’électricité dont les employés, qui occu­paient les locaux et empê­chaient les — nom­breu­ses — cou­pu­res de cou­rant pour défaut de paye­ment de l’impôt sup­plé­men­taire sur l’électricité, se retrou­vent aujourd’hui face à la jus­tice.

La crise a pro­vo­qué un réveil des cons­cien­ces, la mul­ti­pli­ca­tion des ten­ta­ti­ves d’autoor­ga­ni­sa­tion, la créa­tion des syn­di­cats anti­hié­rar­chi­ques et des réu­nions à forme hori­zon­tale dans les quar­tiers. Le sys­tème car­cé­ral est également touché : des textes issus de pres­que toutes les pri­sons, signés par des pri­son­niers, témoi­gnent que paral­lè­le­ment aux luttes dans la rue, ils conti­nuent leur propre lutte dans les oubliet­tes de l’état.


L’État tente de casser les formes les plus radi­ca­les de la lutte en accen­tuant la vio­lence de sa répres­sion, par­ti­cu­liè­re­ment au niveau judi­ciaire. Ce carac­tère vin­di­ca­tif n’est pas seu­le­ment évident dans les procès en cours contre des grou­pes comme « Lutte Revolutionnaire » ou les « Conspirations des Cellules du Feu" mais aussi dans les der­niers évènements concer­nant la sta­tion de radio Flash. En sou­tien avec les inculpés de « Lutte Revolutionnaire » les locaux de flash fm ont été inves­tis et les pro­gram­mes inter­rom­pus pour trans­met­tre un mes­sage de soli­da­rité avec les inculpés, pra­ti­que rela­ti­ve­ment cou­rante du mou­ve­ment anar­chiste grec. Malgré le fait que ni la direc­tion de la sta­tion, ni le per­son­nel n’aient offi­ciel­le­ment demandé l’inter­ven­tion de la police, des dizai­nes de flics - vol­ti­geurs, police antié­meute (MAT), flics en civil, etc - sont rapi­de­ment arri­vés sur les lieux et ont attrapé tous les mili­tants sous le chef d’inculpa­tion d’inci­ta­tion à la vio­lence. Leur procès aura lieu le 30 mars pro­chain. La répres­sion touche aussi les squats anar­chis­tes athé­niens (comme Lelas Karagianni qui date de 1988), les locaux occu­pés par les anar­chis­tes dans les uni­ver­si­tés et par­ti­cu­liè­re­ment la sta­tion de radio 98fm, un des prin­ci­paux médias alter­na­tifs (« contre-infor­ma­tion » pour repren­dre le voca­bu­laire des cama­ra­des grec­ques).

Si cette situa­tion peut paraî­tre loin­taine par rap­port à ce que nous connais­sons aujourd’hui en France, la vio­lente répres­sion et les mesu­res anti­so­cia­les qui frap­pent la popu­la­tion grec­que ont des ori­gi­nes et des causes com­mu­nes avec la France et le reste de l’Europe. Le Portugal connais­sait d’ailleurs, il y a quel­ques jours, des mani­fes­ta­tions mons­tres face à un plan de rigueur assez proche de celui voté diman­che à Athènes. Ici comme là bas ce sont les États et la « Troika », en fidè­les garants des inté­rêts des patrons, des action­nai­res et du capi­ta­lisme, qui exploi­tent chaque jour un peu plus une popu­la­tion déjà exsan­gue et lui font payer les frais d’une crise qui n’est pas celle des tra­vailleurs, mais celle du capi­ta­lisme !

Il est néces­saire d’être aujourd’hui soli­daire de nos cama­ra­des qui lut­tent ailleurs en Europe, pour sou­te­nir leur lutte, mais aussi pour créer les nôtres ! Il ne fau­drait pas croire que la France, obnu­bi­lée par l’attente d’un hypo­thé­ti­que sau­veur comme à chaque élection pré­si­den­tielle, échappera aux logi­ques qui affa­ment aujourd’hui les Grecs : patrons et ban­quiers sont les mêmes à Athènes qu’à Lyon !

Solidarité avec les cama­ra­des grec­ques !
Appel à rejoin­dre le ras­sem­ble­ment de sou­tien aux Grecs en lutte
jeudi 16 février 2012 à 18h30 place de la comé­die.


Coordination des Groupes Anarchistes

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Re: Manifestations/Emeutes en Grèce

Messagede Béatrice » 16 Fév 2012, 13:17

Le rassemblement de solidarité avec le peuple grec à l'appel de Solidaires ( et autres associations ) aura lieu à Marseille le samedi 18 février
à 14h sur le quai de la Fraternité , métro Vieux-Port , côté mer .


http://www.millebabords.org/spip.php?article19816
« Simple, forte, aimant l'art et l'idéal, brave et libre aussi, la femme de demain ne voudra ni dominer, ni être dominée. »
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Re: Manifestations/Emeutes en Grèce

Messagede Pïérô » 18 Fév 2012, 12:59

rassemblements de soutien aujourd'hui
(avec ce que j'ai pu trouver, sans ce qu'il y a sur facebook où je ne suis pas inscrit, la liste est donc incomplète)

Paris : rassemblement à 14h sur le Parvis des Droits de l'Homme (métro Trocadéro) Puis manifestation vers l'ambassade de Grèce

Marseille : rassemblement à 14h sur le quai de la Fraternité , métro Vieux-Port , côté mer .

Toulouse : rassemblement à 14h, place du Capitole

Nantes : rassemblement à 14h, place du Peuple (feu place Royale)

Grenoble : rassemblement à 14h, Place Notre-Dame


autres dates :

Caen : rassemblement lundi 20/02 à 18h place du théâtre
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Re: Manifestations/Emeutes en Grèce

Messagede Béatrice » 18 Fév 2012, 21:17

Marseille : rassemblement d'environ un millier de personnes sur le Vieux-Port :

http://www.millebabords.org/spip.php?article19837
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Re: Manifestations/Emeutes en Grèce

Messagede ivo » 19 Fév 2012, 14:09

Retour sur les affrontements au centre d'Athènes
http://www.marianne2.fr/Retour-sur-les- ... 15551.html
Panagiotis Grigoriou, historien et ethnologue, revient sur les événements d'Athènes, à la suite du vote du Memorandum II. Manifestations, prise de la place de la Constitution, mais aussi affrontements entre des manifestants et des policiers qui ne parlent pas toujours grec...


Retour sur Athènes. Retrouvailles sous le signe d’une grande fatigue partagée. Les badauds se précipitent devant les débris encore fumants. La catastrophe dans toute sa pédagogie. Certains incendies ne sont pas encore complètement éteints. Impressionnant, choquant et surtout triste. Un homme, la cinquantaine, commente à haute voix devant le cinéma ravagé par les flammes : « Toujours les mêmes, les anarchistes, ceux qui ne respectent rien, ils faut de l'ordre enfin ». Aussitôt, un autre homme du même âge laisse exploser sa colère : « Tout cela c'était bien calculé par tes amis au pouvoir, PASOK [P.S.], la droite et les banques, va voter ton PASOK la prochaine fois, le temps où on nous prenait pour des c... c'est terminé, on a pigé ».

A proximité de ce cinéma, se trouve un bâtiment ayant servi au Front national de libération (EAM) (1941-1944). Deux autres hommes, assez âgés, s'arrêtent devant : « Oui c'était ici, je voulais te le montrer. Tu vois, les époques ne font que tourner, et sans cesse ».

RUPTURE

Je le ressens aussi cet après-midi, rue du Stade. Les époques, oui, elles savent tourner les époques. Ainsi, il y a un avant et un après dimanche 12 février. Comme une rupture. Et il y a aussi un bilan, toujours provisoire aux yeux de l'histoire. D'abord je pense que nous nous souviendrons de l'adoption du Mémorandum II par ces 199 voix (sur 300) au « Parlement ».

Aussitôt, 22 députés du PASOK (P.S.) ont été exclus du parti, même sanction pour les 21 députés rebelles de Nouvelle démocratie (droite) : leur péché, avoir dit non au Mémorandum. Le chef du LAOS, Karatzaferis (extrême droite) a pareillement rayé de ses listes deux députés, mais ici le schéma a été renversé. Karatzaferis ayant fait volte-face se déclarant hostile au Mémorandum II, la dernière minute.

La bancocratie s'installe, le pays est donc livré clés en main aux concessionnaires... de marque, et les historiens du futur évoqueront le « vote des 199 le 12 février 201 2» comme on évoque par exemple le « vote des pleins pouvoirs le 10 juillet 1940 ».

UN BORDEL ORGANISÉ

L'événement majeur, fut la manifestation très massive, place de la Constitution, étouffée par un usage alors sans précédent de produits chimiques. La police dite anti-emeute s'est attaquée aux citoyens qui manifestaient. En simultané, une attaque en règle et organisée d'un nombre assez important d'individus cagoulés - 2000 au moins selon la presse, et l'embrasement d'une partie du centre historique d'Athènes suivi de pillages. Les pilleurs exigeaient parfois de certains propriétaires une rançon pour épargner leurs établissements. Nous reviendrons sur les « casseurs » ou casseurs, c'est selon.

En tous cas, le caractère organisé de leurs « exploits » ne fait aucun doute, à la jonction des différentes facettes de notre crise. Pour ce qui est de cette organisation - partielle en tout cas, tout le monde tombe d'accord : les mouvements et partis qui avaient appelé à manifester, et la police elle même. « La direction de la police a déclaré qu'il y avait 2000 individus organisés, lesquels se sont introduits au sein de la manifestation, pour ensuite se diviser en entités plus petites et ainsi mettre le feu à travers la ville », « le chef de la police vient de confirmer cette thèse, à savoir que les individus cagoulés ont pu agir suivant un plan bien précis et élaboré » (quotidien Kathimerini, 14/02/2012 et bulletins radiophoniques du mardi 14/02/2012).

L'Union Syndicale de la Police (POESY), quant à elle, se déclare outrée et préoccupée par les catastrophes du dimanche : « Pitié, nous en avons assez des larmes de crocodile. Notre mouvement syndical condamne la violence d'hier au centre d'Athènes et ailleurs en Grèce. Le but était d'empêcher les centaines de milliers de citoyens, dans leur volonté d'exprimer pacifiquement leur opposition radicale contre les mesures ignobles, légiférées alors par les « troïkans » (sic), ces maîtres-chanteurs et « fossoyeurs » des rêves de notre peuple. Encore une fois, nous avons constaté que la colère citoyenne se focalisait sur les forces de la police, sans que les responsabilités chroniques de l'État, des gouvernements, des partis, des syndicats et de la société soient évoquées. Ainsi durant toutes ces dernières années ces porteurs de la violence ont été tolérés, au lieu de les isoler comme il le fallait (…) le tout, dans l'indifférence devant les dizaines de blessés et parfois morts, policiers et citoyens (…) Encore hier malheureusement, nous avons été les témoins de la facilité par laquelle les « cagoulés » ont pu agir sans en être empêchés, en plus, se mêlant aux milliers de citoyens qui protestait pacifiquement. Les lieux de rassemblement de ces individus ainsi que leurs « points d'attaque », sont alors connus depuis plusieurs jours, n'ont pas été contrôlés. (...) Les responsabilités de toutes les parties impliquées ne sont pas prises, et ainsi la police grecque et ses agents deviennent continuellement les victimes expiatoires de ceux qui inventent et exécutent ces plans qui minent nos institutions démocratiques. Nous appelons enfin le gouvernement, à cesser d'utiliser la force répressive contre les luttes populaires (...) ».

Pour les partis de gauche (SYRIZA et KKE – P.C. grec), c'est clair, « ils s'agit d'un plan de l'État en cours d'exécution, ayant comme but de terroriser et de réprimer le peuple (...) il s'agit de ces mécanismes qui incendient des bâtiments pour faire admettre toute la scénographie de la catastrophe, alors infligée au peuple par le Mémorandum II. Nous avons donc vu que les MAT (CRS) et les « porteurs de cagoules » ont alors œuvré de concert, afin de briser les manifestations du peuple, alors très massives (…) » (déclaration officielle du P.C. - 13/02/2012).

DES CONTESTATIONS SANS COULEUR

Certains éditorialistes à la radio disent la même chose. Parmi eux, Georges Trangas sur Real-Fm. Il est de droite mais en rupture vis-à-vis du parti de Nea Dimokratia (la droite de Antonis Samaras) et se montre très virulent (zone matinale du 14/02/2012) : « C'est évidement un coup monté de la part du para-État. Les Papadémiens ont voulu imposer la loi de la cagoule, la police a voulu d'abord protéger le Parlement, selon le raisonnement suivant : laissons Athènes brûler tant que rien n'arrive aux députés, entravant éventuellement la marche du Mémorandum II. Certains à la police prétendent ne pas avoir des informations sur les plans des cagoulés, eh bien c'est faux. Par mes amis dans la police je sais que des appels ont été interceptés entre certains individus se trouvant dans la manifestation et les « bataillons de cagoulés - incendiaires » en vue de coordonner l'opération, donc on sait que ces gens sont des pions du système bipartite ayant comme but de rependre la peur à monsieur tout le monde. Ces individus, n'ont rien à voir avec la gauche, ni avec tous les autres citoyens de gauche, de droite ou de rien du tout, qui tout simplement participent au front anti- Mémorandum (…)».

ARMES CHIMIQUES

J'ai rencontré certains de mes amis ayant vécu la manifestation du dimanche. Tel Dimitri, portant une petite blessure à sa tête :
« - T'as été frappé par les policiers ?
- Ah,non, mais je suis tombé par terre au moment où une grenade policière a explosé très près de moi. C'est de la nouvelle chimie, je t'assure, rien à voir avec ce que nous avions vécu ensemble durant toutes le manifestations de l'été dernier. Je ne me suis jamais senti dans un tel état. Je n'arrivais pas à déterminer dans quel type de choc je me trouvais. [Dimitri est médecin]. Je ne sais pas combien d'instants je me trouvais ainsi gisant par terre, c'est en tombant que je me suis blessé. J'ai commencé à retrouver mes esprits pendant que deux autres manifestants, un homme et une femme, un couple de médecins comme j'ai compris par la suite, m'ont mis à l'abri, abrité ainsi devant le porche d'une boutique rue Hermès. Hier c'était l'enfer ».

Hier, lundi, l'ordre des médecins à Athènes, par la voix de son président Georges Patoulis, a demandé l'intervention de la justice « car la santé d'un grand nombre de citoyens a été directement et délibérément mise en péril par l'usage de produits chimiques étant à l'origine des brulures dangereuses et de problèmes respiratoires, susceptibles d’entrainer des pathologies chroniques. Le centre d'Athènes a ainsi été transformé en chambre à gaz (sic). Nous saisissons alors la justice, afin de déterminer si la composante CS, classée arme chimique, a été incluse dans l'arsenal de la police ».

Dimitri n'a plus de doute sur le déroulement des faits. « Je suis arrivé sur la place relativement tard. Venant par la rue de la Métropole [reliant la place de la Constitution et le quartier de Monastiraki], la police ne nous laissait pas avancer, les casseurs étaient déjà là, nous avons l'habitude ils sont reconnaissables, certains manifestants se joignaient à eux, mais j'insiste, le but principal de la police était de nous éloigner de la place avant et durant le vote des députés. C'est la première fois que je voyais ceci, nous avons tenté et repris la place au moins dix fois sous un déluge chimique. Tu te souviens, durant l'été, au bout de deux à trois fois on abandonnait. Puis, nous avons compris que les cagoules, certes mélangées à des manifestants en colère, font partie d'un plan. En tout cas, la police s'acharnait sur nous... L'autre nouveauté tient du langage utilisé. Au lieu des insultes habituelles à l'encontre des flics, on leur criait « traîtres », je pense qu'ils ne sont pas insensibles, s’ils sont Grecs en tous cas. Car selon la dernière rumeur, certains policiers n'utilisaient pas le grec entre eux, mais je ne suis pas en mesure de le confirmer. En partant du... champ de bataille, traversant Athènes en flammes, nous avons alors crié que nous reviendrions. Tu vois, de toute façon pour moi c'est clair, il y a un avant et un après. J'ai toujours été un centriste, mais je sens qu'actuellement être centriste c'est comme on disait avant communiste on va vers la gauche, inimaginable avant ».

DISSUASION

Dans la soirée, une autre facette des événements m'a été conté, par un ami chômeur, militant au sein d'un parti de gauche, Th., qui n'est pas à sa première manifestation.

« Nous étions sur la place parmi les premiers et assez proche du cordon des policiers. Très tôt, mais vraiment très tôt, pendant que les gens arrivaient encore par milliers, précisément au moment où Mikis Theodorakis et Manolis Glezos étaient là. Il y a eu un jet d'oranges et d'une bouteille sur les policiers, et rien de plus grave, et ceci a été alors le prétexte de l'attaque que nous avons reçu. Une attaque sans commune mesure avec le passé. Je suis un habitué des manifestations, à chaque tentative, la police nous empêchait prendre la place. Nous avons été poursuivis et tabassés par les policiers des brigades [CRS] durant deux heures, nous, puis les autres membres des partis et organisations de gauche, y compris ceux du P.C. Lesquels finalement n'ont pas eu le temps d'atteindre la place de la Constitution et ainsi rejoindre les autres manifestants. Nous avons eu peur que Mikis Theodorakis et Manolis Glezos succombent. Au même moment, les cagoulés ont commencé. Il y a eu aussi des manifestants qui attaquèrent alors les policiers, c'est normal dans ces cas précis. Ce que je retiens, ce n'est pas la provocation, issue des casseurs avec la complicité apparente de la police, car elle « s'occupait » davantage de nous que d'eux, mais finalement le timing. Car bien beaucoup plus tôt que par le passé, les donneurs d'ordre ont voulu briser la manifestation à son début, faire peur aux gens, nous dissuader de toute action ».

DES POLICIERS VENUS D’AILLEURS ?

Petites histoires emboitées dans une plus grande histoire en gestation. Et beaucoup de rumeurs. J'ai reçu des messages, y compris depuis la France sur le fait que des gens ayant manifesté dimanche à Syntagma ont déclaré avoir remarqué avec étonnement que certains policiers ne parlaient pas le grec. Alors des préparatifs ou des prémices de l'intervention de l'EUROGENDFOR ? La force européenne spéciale, en Grèce. Car la crise économique accompagnée d'une agitation sociale donnera à Bruxelles l'occasion de tester la capacité de réponse d’un groupe secret créé pour lutter contre les troubles et les soulèvements populaires en Europe.

Eh bien, cette rumeur circule depuis des mois déjà en Grèce, et on sait que du temps du gouvernement Papandréou, un campement lui était destiné à proximité de la vile de Larissa (centre du pays), informations alors issues de la presse écrite. Les journaux avaient mentionné des informations selon lesquelles cette unité avait en partie débarqué par voie maritime en octobre 2011, en provenance d'Italie. Le gouvernement avait alors démenti. Mais sur la présence effective de cette... « unité-cadeau » de l'U.E., je n'ai pas d'information précise. Seulement, l'avenir court parfois plus vite que les rumeurs.

STRATÉGIE DU CHAOS ?

La stratégie du choc devient-elle également celle du chaos ? Instaurer de nouveau la peur par des déclarations du genre « sans le Mémorandum II la Grèce restera sans médicaments et sans hôpitaux, les retraités sans pensions, les enfants vont faire la queue à la soupe populaire » (Papadémos, Papandreou, Samaras), sauf que nous y sommes. Ensuite il fallait briser la manifestation et les manifestants sur la place, (laisser) faire brûler une partie du centre ville et ainsi annuler médiatiquement la portée du vote, ralentir le processus de sortie du choc, entamé par la société grecque depuis quelques semaines, après deux années pratiquement de... Mémorandisme.

Faisant un tour au centre ville, j'ai vu de près effectivement les bâtiments ravagés par le feu, et cet... arôme chimique encore dans l'atmosphère et sur les lieux, très gênant, dont les effets se faisaient encore sentir. J'ai vécu une variante moins élaborée de ce même plan lors des manifestations de l'été 2011. Évidement la violence est dans l'air. Les bandes de pillards existent, le mélange des genres fait partie de la pire cuisine du bistrot de la crise. Beaucoup de gens passent aussi à l'acte, surtout lorsqu'il s'agit de saccager les locaux politiques des élus Mémorendiens. Un appel du genre parait-il circule sur Facebook encore ce mardi.

SÉISME

Je sais que notre dignité est blessée, ainsi nombreux sont ceux qui désirent incendier le Parlement, voir les députés et ministres en prison, pour ne pas dire leur infliger la peine capitale pour trahison. Car la « trahison » devient aussi un terme d'époque. Il y en a aussi d'autres certainement, qui, réagissant à la mécanique de la violence policière-étatique, vont répliquer, si possible de la même façon.

Sauf que nous savons maintenant, que le mélange des genres entre toutes les colères, organisées, récupérées, spontanées ou pas, peut, sous certaines conditions, arranger les metteurs en scène de la stratégie du choc. Aussi finalement et pour détourner le regard de la catastrophe qui constitue le Mémorandum II et ses conséquences, pour annuler si possible les effets et les images d'un grand rassemblement populaire, les télévisions par exemple, ont consacre plus de 40 minutes aux incidents et autres incendies et seulement cinq minutes sur les conséquences et suites du vote des 199.

En tous cas, le vrai séisme s'opère. Rupture à cause de l'adoption du Mémorandum II, rupture aussi parce que d'autres formes d'actions restent à déterminer. Entre hier et aujourd'hui les occupations des mairies et des administrations se sont multipliées. A l’initiative surtout des comités locaux dans les quartiers.

Nous savons que le processus en cours sera long, nous nous y préparons. Nos amis espagnols nous rappellent aujourd'hui que nous ne sommes pas les seuls à être dévorés par les « marchés ». Pendant qu'à Athènes on nettoie les graffitis sur les murs des banques au Kärcher, nos amis au reste de l'Europe et bien au-delà, s'organisent pour nous dire ce 18 février qu'ils sont alors tous Grecs. Merci.
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Re: Manifestations/Emeutes en Grèce

Messagede ivo » 19 Fév 2012, 14:13

Grèce: nouvelles manifestations anti-austérité à la veille de l'Eurogroupe
http://www.humanite.fr/monde/grece-nouv ... upe-490432
Des centaines de personnes commençaient à se rassembler dimanche dans le centre d'Athènes à l'appel des syndicats contre les mesures d'austérité prises par la Grèce pour sécuriser un deuxième plan d'aide de la zone euro destiné à lui empêcher de faire faillite dans un mois.

Une semaine après les violentes manifestations qui ont accompagné l'adoption par le parlement du memorandum d'accord négocié avec la troika des créanciers du pays imposant une nouvelle sévère cure d'austérité et de perte d'autonomie pour le pays, le syndicat du privé GSEE et celui de la fonction publique Adedy entendent "lutter contre l'austérité" et protester contre "les exigences inacceptables" des bailleurs de fonds qui "violent les droits du travail et des conventions collectives".

Mesure phare du programme adopté, un abaissement de 22% du salaire minimum.

Devant le parlement, les banderoles critiquaient ces mesures adoptées par le gouvernement de coalition. "Le consensus national est une combine, la pauvreté et la faim n'ont pas de nationalité" indiquait une banderole sous-titrée en anglais: "all of us we are Greeks, Merkel and Sarkozy are freaks".

En bas de la place, une banderole de la gauche radicale, qui organise une deuxième manifestation plus tard dans l'après-midi, appelle à la "grève sine dié et au soulèvement" tandis qu'une autre invite les députés à "quitter le pays".

>>> signez la pétition en solidarité avec la résistance grecque
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Re: Manifestations/Emeutes en Grèce

Messagede digger » 19 Fév 2012, 17:06

Le projet de loi autorisant la ratification du traité, entre l’Espagne, la France, l’Italie, les Pays-Bas et le Portugal, portant création de la Force de gendarmerie européenne (FGE) a été adopté le 12 juillet 2010 par l’Assemblée nationale
http://www.defense.gouv.fr/actualites/articles/la-force-de-gendarmerie-europeenne-officiellement-ins
S’y est ajoutée depuis la Roumanie
http://www.eurogendfor.eu/
Il est tout à fait probable que la FGE soit présente en Grèce pour faire face aux éventuelles fraternisations entre certains policiers et manifestants grecs et pour mettre un peu plus de coeur à l’ouvrage dans la répression des manifestations
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Re: Manifestations/Emeutes en Grèce

Messagede ivo » 19 Fév 2012, 18:20

'tain !!! merci pour le lien !!!! ;)
par contre il est out
>>>>
http://www.defense.gouv.fr/content/view ... /(language)/fre-FR#SearchText=FGE#xtcr=1
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Re: Manifestations/Emeutes en Grèce

Messagede ivo » 20 Fév 2012, 12:39

«Nous avons sauvé les gens plutôt que les banques»
http://www.liberation.fr/economie/01012 ... picks=true
L'ancien ministre de l'Economie argentin, Roberto Lavagna, a sorti son pays de la crise en 2002, en se passant des services du FMI. Il préconise la même solution pour la Grèce.

L'ancien ministre de l'Economie argentin Roberto Lavagna, 69 ans, est le principal artisan du redressement de l'Argentine engluée dans une terrible crise économique il y a dix ans. Lorsqu'il prend ses fonctions, en avril 2002, le peso vient d'être dévalué de 70%, le pays est en cessation de paiement, la dette privée s'élève à plus de 72 milliards d'euros, l'inflation annuelle flirte avec les 125% par an, le chômage explose, les petits épargnants sont ruinés et les troubles sociaux ont déjà fait plus de 30 morts dans le pays. Cet ancien ambassadeur auprès de l'Union européenne décide immédiatement de se passer de « l'aide » du Fonds monétaire international (FMI) et des marchés financiers. Quelques pistes à suivre pour la Grèce.



Quelles sont les grandes similitudes entre la crise argentine de 2001-2002 et la crise grecque ?

Au plan économique, tout est semblable. L'Argentine avait établi une parité fixe entre le peso et le dollar, la Grèce est ficelée à l'euro, perdant ainsi le contrôle de sa monnaie. Un taux de change fixe associant des pays à forte productivité et d'autres dont la compétitivité est beaucoup plus faible ne peut qu'engendrer une crise. La Grèce est déjà dans sa quatrième année de récession, l'Argentine l'était également. Le déficit fiscal, le déficit des comptes courants, la chute vertigineuse du PIB, l'endettement, l'explosion du chômage... toutes les grandes données macro-économiques sont similaires. En revanche, la situation sociale de la Grèce est bien meilleure que celle de l'Argentine à l'époque. Au plan institutionnel, l'Argentine était par ailleurs un pays isolé alors que la Grèce fait partie de l'ensemble économique le plus puissant du monde.

Comment avez-vous tiré l'Argentine du chaos ?

Dès mon entrée en fonction, en avril 2002, j'ai décidé de changer radicalement notre manière de penser la sortie de crise.. Le mois suivant, j'étais à Washington pour rencontrer les dirigeants du Fonds monétaire international et leur expliquer que nos rapports allaient s'en ressentir. Depuis le début du marasme économique, en 1998, nous avions déjà eu deux programmes du Fonds pour un total de 51 milliards d'euros. Les deux ont été des échecs retentissants et certaines voix s'élevaient pour demander une troisième tournée de quelque 17 milliards supplémentaires.

Je n'ai pas voulu suivre cette voie et j'ai expliqué au Fonds que nous ne voulions plus de prêt et que nous sortirions seuls de la crise. La seule chose que j'ai demandé était un roll over partiel de toutes les échéances. Je me suis également engagé à payer les intérêts de la dette et une partie du capital. Mais pas tout et pas tout de suite. Cette position était tout simplement impensable pour le FMI car nous affichions notre volonté de fixer nous même notre propre politique économique. J'ai du leur expliquer trois fois de suite ma position avant qu'ils finissent par comprendre. A partir de là nous avons arrêté de soutenir financièrement les banques alors que le FMI nous l'imposait, exigeant même que nous privatisions la Banque de la Nation. Mais comme nous étions sorti du jeu, le Fonds n'avait plus de moyen de pression sur l'Argentine!

Vous avez donc oeuvré contre le FMI et vos principaux créanciers ?

Les sorties de crise se font en dehors des chemins tracés par le FMI. Cette institution propose toujours le même type de contrat d'ajustement fiscal qui consiste à diminuer l'argent qu'on donne aux gens - les salaires, les pensions, les aides publiques, mais également les grands travaux publics qui génèrent de l'emploi - pour consacrer l'argent économisé à payer les créanciers. C'est absurde. Après 4 ans de crise on ne peut pas continuer à prélever l'argent aux mêmes. Or c'est exactement ce qu'on veut imposer à la Grèce! Tout diminuer pour donner aux banques. Le FMI s'est transformé en une institution chargée de protéger les seuls intérêts financiers. Quand on est dans une situation désespérée, comme l'était l'Argentine en 2001, il faut savoir changer la donne.

Selon vous les plans d'austérité et de rigueur ne sont pas nécessaires mais c'est pourtant ce qu'on impose à la Grèce...

A tort car l'argent prêté risque de ne jamais être remboursé et le déficit fiscal grec est plus élevé aujourd'hui qu'avant la première injection d'argent frais. Ce sont les mêmes éternelles erreurs. C'est le secteur financier qui impose sa manière de voir les choses au monde entier. On préfère sauver les banques plutôt que les gens qui ont des crédits immobiliers à rembourser. La première chose qu'on a faite nous, c'est de rallonger les échéances pour les propriétaires endettés. Les fonctionnaires du FMI nous ont alors dit que nous violions les règles essentielles du capitalisme! Ils oubliaient simplement que des gens ruinés ne consomment plus, ce qui obère une relance par la croissance.
Au lieu de payer les banques, la Grèce devrait investir dans l'éducation, les sciences et la technologie, financer des infrastructures et récupérer ainsi une certaine productivité, ne serait-ce que dans les secteurs des services ou du tourisme.

Vous devez avoir beaucoup d'ennemis chez les banquiers...

Ils me détestent! Ce qui ne les a pas empêché de frapper à notre porte pour nous prêter de l'argent 48 heures exactement après que nous avons terminé la restructuration de notre dette en 2005! Or j'ai refusé ces offres intéressées en leur répondant que nous ne reviendrons pas sur le marché financier avant 2014 car nous n'en avons plus besoin. Pourquoi 2014, simplement parce qu'a cette époque la dette sera seulement de 30% du PIB, la moitié des critères européens de Maastricht! Je pense qu'un pays comme l'Argentine ne doit pas être tout le temps présent sur le marché financier. C'est un risque beaucoup trop grand d'augmenter à nouveau la dette. Le problème c'est que ce sont les banquiers eux-mêmes qui estiment qu'il est positif pour l'image d'un pays d'emprunter à l'international. Il est clair que si je vendais des tomates, je trouverai très bien qu'on en mange! Eux ils vendent de l'argent.
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Re: Manifestations/Emeutes en Grèce

Messagede ivo » 20 Fév 2012, 12:49

Les limites du traitement keynésien d'une crise structurelle
http://www.lemonde.fr/idees/article/201 ... _3232.html
Quatre ans déjà depuis que les symptômes du premier épisode de la crise du néolibéralisme furent observés au mois d'août 2007. La crise s'exporta des États-Unis vers le monde à l'automne 2008, et la plupart des économies entrèrent alors en récession. Lorsque la croissance dans les vieux centres, États-Unis et Europe, fit un bref retour après que la production eut atteint son point le plus bas au second semestre de 2009, les commentateurs de tous les médias et cercles académiques, à de rares exceptions près, célébrèrent le retour de la prospérité au terme d'un regrettable épisode. Il fallut, pourtant, constater que la sortie de crise tardait à se consolider. Le discours devint celui de la "rigueur", la tentative de faire peser le poids de la crise sur les épaules de ceux ou celles qui en sont les moins responsables, les classes populaires et moyennes.
Mais, à la fin de l'année 2011, le ton changea brusquement. L'inquiétude tournait à la panique. La Chancelière Angela Merkel ne craignit pas de déclarer que la crise se prolongerait, en Europe, sur de nombreuses années (sortir de la crise de la dette est "un processus qui ne durera pas des semaines, pas des mois, mais des années"). La Réserve fédérale n'est pas plus optimiste. Le 25 janvier dernier, elle déclarait qu'il faudrait soutenir l'économie pendant plusieurs années (au moins jusqu'à la fin de l'année 2014) et décidait d'étendre la période de maintien des taux d'intérêt à des niveaux proches de zéro afin de stimuler la croissance2. Qu'est-il advenu de la planète heureuse de la mondialisation néolibérale ?



Beaucoup semblait pourtant avoir été fait pour assurer la sortie de crise. Les leçons des années 1930 avaient été bien apprises ; mieux aux États-Unis qu'en Europe, il est vrai. Refinancement du secteur financier, déficits budgétaires massifs, tous les remèdes tant décriés de l'économie keynésienne furent appliqués. Eurent-ils des effets positifs ? La réponse est, à n'en pas douter, positive. Sans ces politiques, les records du grand plongeon des années 1930 auraient pu être battus. De telles politiques sont-elles susceptibles de conduire à une sortie de crise ? La réponse est, cette fois, clairement négative. Ou, autre manière de poser la même question, qu'avaient apporté de telles politiques dans les années du New Deal ? La réponse est simple : un sursis. Ces politiques keynésiennes ne peuvent que soutenir temporairement l'activité économique. Elles ne sauraient se substituer aux réformes susceptibles d'assurer la sortie de crise. Elles n'y contribuent que d'une manière et une seule, en donnant le répit nécessaire à la mise en œuvre des réformes et politiques conditionnant une véritable sortie de crise. Encore faut-il que la volonté de remédier aux causes sous-jacentes se fasse jour. Et c'est là où le bât blesse.

Cette crise est celle d'un ordre social, le néolibéralisme. La dite "création de valeur pour l'actionnaire" a fait de l'investissement productif un objectif subalterne ; dans de nombreux pays, les investissements se sont délocalisés vers les périphéries ou les processus de production sont sous-traités à des firmes étrangères ; les innovations financières les plus folles se sont multipliées, et des déséquilibres de la plus grande économie du monde, celle des États-Unis, ont atteint des niveaux insoutenables. Le néolibéralisme a été conçu et imposé avec pour objectif de renforcer les pouvoirs et revenus des classes les plus favorisées, une entreprise couronnée de succès, du moins jusqu'à sa crise, comme en témoigne ce qu'on appelle pudiquement la "hausse des inégalités". Toucher à cet ordre social, c'est mettre en question ces intérêts, ceux-là mêmes que défendent les gouvernements et institutions en charge des affaires publiques.

Le premier Barak Obama, celui d'avant les élections de mi-mandat dans lesquelles les Démocrates perdirent la majorité, avait suscité quelques espoirs de réforme, mais le second marche à reculons dans la direction opposée. Une grande loi fut votée en juillet 2010, le Dodd-Frank Act, visant à une réforme profonde du système financier (transparence, surveillance, création de nouvelles agences de contrôle, protection des emprunteurs, interdiction de certaines opérations spéculatives, etc.). Mais les Républicains bloquent la nomination des nouveaux responsables et l'octroi des crédits nécessaires. Les opérations financières ne représentent, cependant, qu'un volet des transformations requises. Sur d'autres terrains, comme les paradis fiscaux, le commerce international et l'investissement à l'étranger, rien ne fut entrepris.

Le contraste est fort avec les années 1930 et 1940. Sous la contrainte du mouvement ouvrier national et mondial, et avec l'aide de l'économie de guerre, les États-Unis sortirent métamorphosés du New Deal et de la Seconde Guerre mondiale ; il en alla de même en Europe, notamment en France où le Front populaire avait initié une transition. De vigoureuses politiques économiques étaient mises en œuvre (politiques macroéconomiques et industrielles), la gestion des entreprises privilégiait les investissements et le changement technique, des efforts considérables étaient réalisés en matière d'enseignement et de recherche, et d'importants segments du système productif étaient nationalisés. Ces dispositifs trouvaient un complément nécessaire, au plan international, dans le dispositif mis en place par les accords de Bretton Woods. La crise actuelle n'a ouvert aucune perspective similaire. Le chômage s'est installé dans la durée, alors que, au fil des jours, l'addition monte : un déficit plus un déficit plus un autre… égale une dette de l'Etat dont on n'entrevoit pas le point culminant ! Le vent de panique qui souffle maintenant ne tient qu'à cette évidence redoutable : le sursis touche à sa fin.

Sur quoi cette fin s'ouvre-t-elle ? Aux Etats-Unis, la Réserve fédérale prit, à l'automne 2010, le relais des "marchés" (les institutions financières) dans le financement de la dette publique, s'engageant dans son financement direct (la dite "planche à billets" plaisamment rebaptisée "facilité quantitative") ; en Europe, la Banque Centrale dut, sous la contrainte des événements, faire fi de ses réticences et s'aventurer sur la même voie, quoiqu'avec beaucoup plus de réserve. Le sursis s'en trouve prolongé, mais pour combien de temps ? La nouvelle récession suscitée par l'austérité est en marche, et les agences de notation font leur travail. On croît rêver quand on entend l'agence Standard and Poors stigmatiser le recours exclusif aux politiques d'austérités : "Nous croyons qu'un processus de réforme reposant sur le seul pilier de l'austérité budgétaire risque de s'avérer autodestructeur, du fait de la chute de la demande résultant de l'inquiétude croissante des ménages concernant la sécurité de l'emploi et les revenus disponibles, causant la diminution des recettes fiscales." Le prochain épisode de la crise sera un moment difficile à passer et les interventions des banques centrales pour sauver les institutions financières ont encore de beaux jours devant elles.

En Europe, ce second épisode de la crise revêt des traits particuliers du fait de l'inégalité des atteintes selon les pays. L'Allemagne n'est pas épargnée par les déficits budgétaires et la montée de la dette publique, mais moins que d'autres. L'attention se focalise sur certains pays de la périphérie européenne comme la Grèce, le Portugal ou l'Espagne, et plus récemment sur l'Italie. Ce seraient ces pays qui auraient mis en danger la survie de la zone euro par leurs politiques laxistes. Mais personne n'est, désormais, à l'abri…

Il faut donc le clamer haut et fort : la crise de la dette des États est l'expression de la continuation pendant plusieurs années de politiques de soutien alors que peu ou rien n'est fait pour remédier aux causes d'une crise structurelle. Tout le monde sait qu'il faut arrêter le processus de désindustrialisation, la seule voie qui permettrait de redonner aux économies une capacité de croissance autonome (c'est-à-dire indépendante des déficits), au-delà de la lamentable tendance à la réduction des salaires les plus bas comme aux Etats-Unis et en Allemagne. Et pourtant, rien de conséquent n'est entrepris. Et les raisons de cet immobilisme sont politiques, des politiques dont les objectifs sont la défense des privilèges.



par Gérard Duménil et Dominique Lévy, économistes et auteurs de "The Crisis of Neoliberalism", Harvard University Press, Cambridge M.A., 2011
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Re: Manifestations/Emeutes en Grèce

Messagede barcelone 36 » 20 Fév 2012, 20:23

http://www.france24.com/fr/20120218-gre ... ibertaires
À Exarhia, les anarchistes perpétuent la tradition contestataire de leur quartier

Pointés du doigt au lendemain des violences qui ont éclaté le 12 février à Athènes, les anarchistes grecs se défendent de n'être "que des casseurs". Rencontre avec un jeune militant au cœur d'Exarhia, quartier d'Athènes réputé frondeur.
Par Gaëlle LE ROUX , envoyée spéciale à Athènes (texte)

"Que cela soit clair, je ne représente aucun mouvement. Ce que je vais vous dire n'est que mon opinion personnelle, je ne suis leader ou porte-parole de personne", prévient d'emblée Nikólaos, ses yeux noirs plantés dans ceux de son interlocuteur. Une introduction dans la droite lignée des idées qu'il défend, "Ni dieu, ni maître". Ce militant anarchiste de 36 ans accepte difficilement de parler à un journaliste. S'il le fait, c'est pour, dit-il, que les gens à l'étranger comprennent que les anarchistes grecs "ne sont pas que des casseurs". Le rendez-vous a été fixé à Radio-Bubble dans le quartier d'Exarhia, à Athènes. Un lieu hors du commun : mi-café mi-studio d'une radio citoyenne. "Nous ne sommes plus uniquement dans une guerre sociale, soutient l'homme. Nous sommes aussi dans une guerre médiatique."


Radio-Bubble, mi-café, mi-studio de radio.
Au lendemain du 12 février, où de violentes émeutes ont éclaté dans le centre de la capitale grecque, les médias et le monde politique s'étaient empressés de pointer du doigt les militants anarchistes et d'extrême gauche. Le même scénario s'était produit en 2008, lorsque jeunes et forces de l'ordre s'étaient affrontés plusieurs jours de suite après la mort d'un adolescent, tué par la police dans une rue d'Athènes. "La différence majeure avec 2008, c'est que dimanche [12 février], sur la place Syntagma, les gens nous ont applaudis, affirme Nikólaos. Les travailleurs, les gens de la classe moyenne, jeunes, vieux, étudiants... Nous étions tous au même endroit pour lutter contre les mêmes choses." Si, selon lui, la protestation a dégénéré, c'est parce qu'en face les forces de l'ordre ont dégainé matraques et gaz lacrymogènes sans raison contre des manifestants pacifiques.

"Face à la violence de l'État, il faut savoir se défendre"

Nombreux sont les témoignages d'Athéniens, de tous les bords politiques, qui corroborent les dires du militant. "Beaucoup de Grecs prennent en ce moment conscience des manipulations policières et médiatiques : le but de la manœuvre était de vider la place Syntagma. Ce soir du 12 février, des images très calmes du Parlement ont été diffusées au journal télévisé, alors que des dizaines de milliers de personnes manifestaient juste à côté et suffoquaient sous les gaz lacrymogènes", poursuit Nikólaos en touillant rageusement son café.

"Face à la violence de l'État, il faut savoir se défendre", lâche-t-il. Si les théories anarchistes rejettent toute idée de violence, dans les faits, les choses se passent autrement. "Quand on n'a plus le choix face à un État violent, il faut réagir, insiste le jeune homme. La violence, pour moi, commence quand on a les poches vides et qu'on n'a plus rien à manger. Le capitalisme est une violence quotidienne." Lors des affrontements du 12 février, les militants ont essentiellement pris pour cible des banques, des multinationales et des magasins de luxe. "Mais on ne souhaite pas le chaos, la violence n'est pas une fin en soi, précise le militant. C'est un outil. La seule réponse à tout cela, c'est l'auto-gestion et la démocratie directe." En résumé, pas d'État, pas de gouvernement, toutes les décisions concernant la communauté devraient être prises collectivement, en assemblée.

Exarhia, vitrine de l'anarchisme grec


De l'idéologie à la pratique, il n'y a qu'un pas, que le quartier d'Exarhia a allègrement franchi il y a près de 40 ans. On n'y compte plus le nombre de soupes populaires organisées, d'immeubles et de lieux publics occupés, de squats, de lieux de débats... Impossible de dissocier l'anarchisme grec de ce quartier, et inversement. C'est là, dans les années 1970, que se sont concentrées les révoltes étudiantes contre la dictature des colonels. Depuis, la tradition contestataire d'Exarhia ne s'est jamais démentie. C'est toujours dans ces petites rues aux murs couverts de graffitis et d'affiches anarchistes que prennent aujourd'hui racine les contestations contre le gouvernement grec.

"Je pense que ce qu'on voit dans ce quartier est un phénomène unique sur la planète, estime Nikólaos. À un kilomètre du Parlement et des institutions financières du pays, on y cible toutes les défaillances du système et on y expérimente des alternatives." Avec un succès populaire grandissant. L'année dernière, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont afflué au festival anti-autoritaire organisé dans le Nosotros, un immense squat à la fois café, centre culturel et assemblée populaire. Des anarchistes arrivent régulièrement de toute l'Europe pour s'imprégner de l'expérience grecque et tenter d'exporter dans leur pays le modèle d'Exarhia. Ypopto Mousi, animateur d'un journal-citoyen à OmniaTV, télévision en ligne, alter ego de Radio-Bubble, et observateur averti du milieu libertaire estime à plus de 10 000 le nombre de militants anarchistes à Athènes. Ces dernières années, il a vu affluer vers ces mouvements des gens d'horizons bien plus divers qu'auparavant. "Dans la société, assure-t-il, beaucoup de gens sont des anarchistes qui s'ignorent."
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Re: Manifestations/Emeutes en Grèce

Messagede ivo » 20 Fév 2012, 21:11

Incroyable: la police grecque arrête des manifestants allemands !
http://www.marianne2.fr/Incroyable-la-p ... 15763.html

On n'en parle pas trop dans nos médias européens, mais des manifestants allemands vivant on Grèce ont protesté devant l'Ambassade d'Allemagne à Athènes contre la potion amère infligée par Angela Merkel au peuple grec. Récit de Greek Crisis.

Les temps changent. En Grèce les premières prémices du printemps modifient notre univers. Sous un soleil radieux ce matin sur Athènes, nous nous préparons pour les manifestations du jour place de la Constitution.

Mais c'est surtout depuis plusieurs semaines que le soleil des autres peuples d'Europe et du monde arrive déjà à nous chauffer. Hier notamment, c'est avec émotion que nous avons suivi les manifestations de solidarité envers nous. Un grand merci.

Les dirigeants bancoctares prononcent déjà certains mots de compassion « car c'est vrai que le peuple grec souffre », ils n'y croient pas un seul mot, mais comme ils sont sous la pression de leurs peuples, et pour certains en période électorale, il faut alors « réagir ».

Chez nous, la communauté française d'Athènes s'est également mobilisée devant le monument du soldat inconnu et devant l'Ambassade de la République Française. En regardant les images et les vidéos, j'ai reconnu certains visages. Durant notre long « été grec » et depuis les années de Jacques Lacarrière, chemin faisant, nous avons parfois partagé, à part un verre d'ouzo, les mêmes craintes sur l'avenir du continent.

Devant l'ambassade de la Bundesrepublik Deutschland, des Allemands installés en Grèce ont manifesté également pour faire comprendre qu'au pays de Goethe, la poétique de l'avenir ne se réduit pas aux apostrophes de Madame Merkel ou de Monsieur Schäuble.

Seulement, cette image devient insupportable pour les sinistres bancocrates. Car tout simplement elle fera voler en éclats tous les stéréotypes sur la crise, si savamment orchestrés par le pouvoir en Allemagne et ailleurs au sein de l'Union européenne. Car l'Europe Bancocrate Allemande (E.B.A. !) qui tend à remplacer l'U.E., ne fera pas tant d'heureux même au sein du peuple allemand, processus finalement entamé depuis des années, lorsque l'écran de fumée sera dissipé cela sera alors très clair.

Mais toute image forte, à « contre-sens » traversant l'univers de notre cosmopolis des médias et de la praxis politique, nuit gravement la santé, déjà bien précaire... des CDS et des stocks options. Ainsi les policiers grecs ont reçu l'ordre de disperser cette manifestation de nos amis allemands, il y a eu bien même des interpellations. L'acte fut justement très symbolique pour nous, les photos ont fait le tour de l'internet grec, et notre colère monte. Ne touchez pas à nos amis Allemands !

C'est aussi un signe que la répression devient de plus en plus dure. Comme avant-hier, lors de la dispersion de la manifestation des lycéens, place de la Constitution. Seulement, nous avons tous remarqué ce garçon très souriant lors de son interpellation par les policiers. Donc Papadémiens, regardez bien ce garçon : nous n'avons plus peur. Ce processus de désamorçage de la peur est complexe à expliquer. Déjà il n'est pas linéaire et ne concerne pas toutes les couches de la population simultanément et de la même façon.

PEUPLES FAUTIFS

Certes, parmi ceux qui boivent leur café face à la mer dans les quartiers sud, certains pensent encore appartenir au monde de l'avant-guerre. D'autres ferment leurs yeux, baissent la tête et se coupent du monde. Un ami écrivain prétendait récemment que « les gens ont eu ce qu'ils méritaient car leur cervelle c'est de la bouillie depuis longtemps, consumérisme, clientélisme et maintien d'un système politico – économique indigne, alors maintenant ils se révoltent car on leur enlève leur bout d'os ». Mais cet ami se trompe. À travers la blogosphère grecque, à travers la télévision et dans une certaine nouvelle littérature, la dernière trouvaille des bancocrates est précisément celle-ci : « Nous sommes fautifs, donc nous payons le pot de miel vide et en plus cassé ». J'observe qu'en France, la même propagande sert toujours la même cause. Ayant l'occasion de suivre par satellite une édition du journal sur la deuxième chaine de la télévision française il y a peu, j'ai vite compris l'articulation de cette propagande.

D'abord on montre un reportage sous forme d'enquête d'investigation journalistique sur le thème de la fraude fiscale. On voit un petit patron en train de se faire prendre par les services du fisc français et de la douane, épaulés par la police. « Donc tremblez Français, vous êtes fautifs », et ainsi par la culpabilisation vous accepterez toutes les mesures actuelles, et surtout celles qui vont suivre après les élections. Le reportage suivant au même journal télévisé, montrait d'autres fraudeurs en Grèce cette fois, pour bien achever le raisonnement. « Les Grecs payent cette corruption et c'est normal », ceci sera ainsi valable pour tout le monde en Europe.

Soyons enfin lucides, la corruption réelle ou inventée chez les peuples n'a RIEN à voir avec le régime bancocrate, instauré alors, pour et par une corruption totalitaire, cette dernière est bien plus déterminante pour notre avenir culturel, économique, voire même biologique, que la fraude du petit patron français ou du promoteur immobilier athénien.

J'ai rappelé encore une fois à cet ami réticent et pessimiste que l'immense majorité de nos concitoyens est sur la corde raide, et que finalement, les plus vaillants parmi les fraudeurs, si on veut suivre ce raisonnement, restent relativement encore à l'abri.

Nous sommes heureux que le mensonge bancocrate se fissure en Europe et ailleurs, aussi grâce à vous lecteurs de ce blog. Notre printemps athénien sera long et difficile, débouchant éventuellement sur un été très chaud. Merci à vous tous, continuons ensemble, nous sommes tous prêts, mais sachons-le, le printemps des peuples n'a jamais été automatique.



et pour ceux qui l'ignorent, rappelons les discours de culpabilité de petain et l'etat français .......
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Re: Manifestations/Emeutes en Grèce

Messagede ivo » 20 Fév 2012, 21:17

GRÈCE : Vers le chaos
Menacée de faillite, pointée du doigt par certains pays membres de l'Union européenne et secouée par de violentes manifestations contre les cures d'austérité successives, la Grèce n'en finit pas de sombrer. Jusqu'où ?, s'interroge la presse internationale, dont quelques plumes craignent une guerre civile pure et simple. D'autres médias blâment ou au contraire prennent la défense du peuple grec en colère contre des conditions de vie chaque jour plus dégradées.

DANS CE DOSSIER

GRÈCE : Le spectre de la guerre civile
20.02.2012 | The Guardian
Les émeutes du 12 février attestent la révolte de beaucoup de Grecs contre une Union européenne impérialiste et répressive.

GRÈCE : Irrécupérable depuis 150 ans
17.02.2012 | Frankfurter Allgemeine Zeitung
Percluse de dettes, ne tenant que grâce au soutien des puissances européennes, handicapée par une administration inefficace : ce diagnostic sans concession du mal grec a été établi par le Français Edmond About... en 1858. Un texte qui circule aujourd’hui en Europe, écrit la Frankfurter Allgemeine Zeitung.

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http://www.courrierinternational.com/do ... s-le-chaos
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