offensive israëlienne et massacres à Gaza

Re: offensive israëlienne et massacres à Gaza

Messagede Parpalhon » 10 Jan 2009, 12:18

un texte d'AAP Lengadòc
Anaram Au Patac s’associe au mouvement d’indignation et de protestation contre les bombardements du Peuple Palestinien. Anaram Au Patac en tant que mouvement révolutionnaire de la Gauche occitane par son orientation clairement anti-colonialiste et anti-impérialiste, se doit de condamner les différentes politiques sionistes et l’intolérable collaboration de l’Europe et des Etats-Unis, le quasi-silence des pays arabes face à l’élimination pure et simple du Peuple Palestinien.

Israël tue les femmes, les enfants, les vieillards, toute la population gazaouite, sans subir la moindre sanction internationale. Pas plus que par rapport au blocus imposé au Peuple de Gaza et à la séparation d’avec la Cisjordanie.

La bande de Gaza a été transformée en camp de concentration à ciel ouvert par Israël, avec la complicité de toutes les grandes puissances y compris de la France, Gaza est devenu aujourd’hui un camp d’extermination.

Les États et la plupart des médias, eux-mêmes aux mains des sionistes, voudraient nous faire croire que le conflit serait d’ordre religieux et que le système capitaliste tout comme la banque et le commerce international n’aurait rien à voir avec cette triste histoire. La diabolisation des organisations de la Résistance Palestinienne par ces mêmes états démontre la mauvaise fois avec laquelle l’histoire et l’actualité nous sont rapportées. D’une part, le Hamas a été choisi démocratiquement par le Peuple, d’autre part des organisations résistantes, laïques et progressistes existent en Palestine comme le FPLP (Front Populaire de Libération de la Palestine) de George Habash, dont son secrétaire général et député, Ahmad Sa’adat a été condamné à 30 ans de prison le 25 décembre dernier par un tribunal militaire israélien (siégeant sur une base militaire à Ramallah) pour son rôle de dirigeant de cette organisation.

De même prétendre soutenir le Peuple Palestinien et se taire sur la situation faites à Georges Ibrahim Abdallah, camarade communiste Libanais incarcéré depuis un quart de siècle par la France en raison de son engagement au coté du Peuple Palestinien, semble incohérent. Alors même que ce dernier, libérable depuis fort longtemps, est maintenu en détention du propre aveu de la police française non plus en raison de sa responsabilité dans des actions militaires mais en raison de ce qu’il représente.

Anaram Au Patac tient aussi à rappeler aux organisations françaises qui condamnent le colonialisme d’Israël qu’elles feraient bien de s’interroger sur le passé jacobin de la France qu’elles défendent et sur la justification de l’annexion des différents peuples qui la compose. Même si le colonialisme français n’a pas la même image de violence que la politique sioniste, il n’en reste pas moins que tous les peuples ont le même droit à l’autodétermination, qu’ils soient Corses, Basques, Bretons, Kanaks, Catalans, Occitans, ou Palestiniens. Tous les Peuples, comme les Palestiniens, ont le droit de vivre, travailler, et décider au Pays.

AAP-Lengadòc


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Re: offensive israëlienne et massacres à Gaza

Messagede Pïérô » 12 Jan 2009, 11:02

sur le site de l'OCL, dont il faut souligner le travail accompli et les infos quasi-journalières...
http://oclibertaire.free.fr/

Solidarité Grèce-Palestine

Les medias ont récemment révélé que 3000 tonnes de munitions se trouvaient dans le port privé grec d’Astakos, prêtes à être envoyées en urgence en Israël. Le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) a demandé au peuple grec de mettre fin au transfert d’armes américaines vers Israël par le port grec de Astakos". Un jour plus tard, des groupes et des individus ont déjà répondu et par l’organisation d’une mobilisation nationale et du blocus du port de Astakos : les mouvement anti-autoritaires, anti-guerre et internationalistes se sont rassemblés et ont publié des déclarations appelant à un rassemblement dans le port d’Astakos le jeudi, 15.1, à 1pm.
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Re: offensive israëlienne et massacres à Gaza

Messagede 1871 » 12 Jan 2009, 22:47

kuhing a écrit:
qierrot a écrit:Communiqué international
...financé par Israël ...
Nous continuerons à soutenir les lutes et les actes de solidarité avec le peuple palestinien,....

2 janvier 2009



Quelques remarques sur le texte du communiqué international des CL:

1) faute d'orthographe à "luttes" (à corriger éventuellement.)
2) il faudrait systématiquement parler du gouvernement israélien et non d' Israêl en général. Israël en général inclut sa classe ouvrière et ses exploité-e-s qui existent comme ailleurs et ne sont pas responsables de ce qui se passe. Les seuls responsables sont le système mondial et leurs antennes étatiques de la région.
3) les initiatives de regroupements indépendants de base dans les villages sont évoquées comme alternative aux politiques du Hamas dont le seul objectif est d'accéder au pouvoir. C'est une bonne chose mais je pense qu'il faut aller plus loin en donnant la perspective de la nécessité de la généralisation des groupes de base, de leur fédération faisant le lien entre Gaza et le reste d'Israël, qui permettra à terme de s'émanciper des pouvoirs centraux qui de part et d'autre sont responsables du conflit dont les palestiniens subissent aujourd'hui le plus lourd tribu.


Tu as raison Kuhing, de mentionner que c'est l'Etat d'Israël qui est responsable et non la classe ouvrière israëlienne.
J'ajouterais que ce déchaînement de la barbarie dans cette région, si elle a lieu maintenant, n'est pas le fruit du hasard.
Cette boucherie était planifiée depuis plusieurs mois. La bourgeoisie Israëlienne a, est en quelque sorte, monté sur le devant de la scène impérialiste, en direction de la bourgeoisie américaine qui va changé d'administration.

Quant aux différents groupes palestiniens, alternative au Hamas, ces petits groupes issue de la petite-bourgeoisie ne peuvent que dévoyer la classe ouvrière palestinienne sur le terrain pourri de la bourgeoisie.

La classe ouvrière n'a pas à choisir entre un assassin ou un autre.
Seul le développement de la lutte de classe au niveau International est porteuse d'avenir pour l'humanité.

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Re: offensive israëlienne et massacres à Gaza

Messagede Pïérô » 14 Jan 2009, 00:58

oui, c'est clair, mais une fois qu'on a dit çà...on en reste là, on reste à la maison, on continue notre "militantisme" (qui n'est dans ce cadre plutôt incantatoire qu'un militantisme de seule propagande) comme si de rien était ?
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Re: offensive israëlienne et massacres à Gaza

Messagede Pïérô » 14 Jan 2009, 13:10

Quand la solidarité internationale paie :

Une bonne nouvelle : le projet de transferts d’armes de Grèce vers Israël (voir notre brève des jours précédents) aurait été annulée par le gouvernement grec. Selon Ta Nea cela a été le fruit d’une âpre négociation entre Washington et Athènes. On est en droit de croire que la mobilisation qui s’est faite contre ce projet et qui a regroupé des dizaines d’initiatives qui devaient déboucher sur le blocus du port d’Astakos demain jeudi, a porté ses fruits.


pris sur le site de l'OCL, avec ce jour un article sur un enjeu dont on ne parle pas beaucoup, le gaz naturel qui se trouve dans la mer face et près de Gaza.
http://oclibertaire.free.fr/spip.php?article469
"L’invasion militaire de la Bande de Gaza par les forces israéliennes, est en relation directe avec le contrôle et la possession de réserves stratégiques de gaz offshore."...
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Re: offensive israëlienne et massacres à Gaza

Messagede Nico37 » 15 Jan 2009, 11:22

L'intifada du XXIè siècle

Textes des organisations d'objecteurs de conscience israéliens :

Conscrits du monde entier, résistez ! Vous n'avez rien à perdre, sauf vos généraux


Conscripts of the world, resist - you have nothing to lose but your Generals

Israeli Draft Resisters

Israeli Teenagers who are conscientious objectors and who are repeatedly jailed. Israeli Shministim (Hebrew for "12th graders") are resisting military service. About 100 Israeli high school students have signed an open letter declaring their refusal to serve in the Israeli army and their opposition to "Israeli occupation and oppression policy in the occupied territories and the territories of Israel." In Israel, military service is mandatory for all graduating high school seniors, and resisters face the possibility of years in prison.

http://sabbah.blip.tv/file/1586096/

http://december18th.org/ (

I'd put the international labour movement alongside the draft resisters as the best hope for the future. Also RITA - Resistance Inside The Armies - refusing missions like the Israeli airforce pilots who refused to bomb Lebanon two years ago...)

more: The Not Your Soldier Project organizes to shut down the military invasion of our schools, our communities and our future. We are committed to creating positive alternatives to militarism. We believe that young people can and will stop war abroad and the war at home by ending military recruitment and the poverty draft.

http://www.notyoursoldier.org/

http://www.couragetoresist.org/x/

http://www.informationclearinghouse.inf ... e12999.htm

The long suppressed story of the GI movement to end the war in Vietnam. This is the story of one of the most vibrant and widespread upheavals of the 1960’s- one that had a profound impact on American society yet has been virtually obliterated from the collective memory of that time. http://www.sirnosir.com/ "

"In the 1960's an anti-war movement emerged that altered the course of history. This movement didn't take place on college campuses, but in barracks and..." www.youtube.com/watch?v=rDk6Qal2DCI

When, during one offensive, more bombs were dropped on Vietnam than were used during the whole of World War II (by both sides), the Navy also started to protest. A ballot was cast on the aircraft carrier Constellation, in which the crew decided not to go to Vietnam. http://en.wikipedia.org/wiki/Sir!_No_Sir!

The FTA Tour ("Free The Army", a play on the troop expression "Fuck The Army", which in turn was a play on the army slogan "Fun, Travel and Adventure") was an anti-Vietnam War road show designed as a response to Bob Hope's USO tour.

http://en.wikipedia.org/wiki/Free_The_Army_tour

Conscripts of the world strike - you have nothing to lose but your Generals

WARNING: RANT

Two State solution perpetuates the already bloody divisive nationalism & religion/theocracy, One State solution at best should be more secular or multi-faith like Jerusalem for example is made up of Xtians, Jews & Muslims. Rivalry for power their often still pits through 2 vs 1 alliances these comunities against each other. Access to sites also sets factions within Xtians, Jews & Muslims against internal dissenters and on and on it goes alas. As always the root cause is resources who gets best or highest position religious shrine. Inter-faith dialogue push like BaHai expelled from Iran and hassled across the Middle east by the Abrahamic faiths Judaism/Christianity/Islam as BaHai is the "newest chicken in the yard to pecked on",

The secular/atheist evolution of " socialists" came out of the dissidence in the Xtian and Judaic communities over the power & authority of bosses who exploit their own people erupted into conflict eg in English French German peasant revolts and other regions more recently like Russia, China, India etc. Alas the corruption & violence of authoritarian socialism eg Stalinist Russia and Maoist China imploded & religion has returned as an answer to the woes of the epoch and has become tied in with Nationalism. BJP Hindu Nationalism in India, Iran " Shia revolution" etc. The other option is No State which was the situation of jewish people before the establishment of Israel.

The Romany/gypsy people remain "stateless" despite the Nazi and other regimes perecution of them. Stateless too are many indigeous peoples around the planet. The freedom to associate and travel and if they are on land or water to use it as they work it is a human right which the United nations and all states so far are loathe to acknowledge many people would become if they were free; despite the harassment many do so. The brave few who have tried to get real international passports by not being part of any State usually have to put up with hassles whenever they come to a nation States border.

Some indigenous people have also tried to use their own passports once they are rcognised as part of their indigenous community. One section of the Romany people have elected a politician to the European parliament to put their case in that forum.

This is not always a radical, "anarchist" position for example one fundamentalist Jewish sect does not recognise the State of Israel as the Messiah has not yet returned...

Amidst all the power seeking politicians (secular and religious) the wants of the powerless are at best used as populism to get a blank cheque for their regime for the next 4 years etc. more often ignored or worse persecuted for dissenting from the collective hallucination that is nationalism.

I reckon Nationalism is a recent and nasty separatist development in human her-his-ourstory. Nationalism is pushed by States(powerful or power seeking gangs) as a way to mobilise, divide and rule the masses using language, religion etc to enforce artificial borders and usually to then pnce loyal order followers established these Nations go expanionist; imperial/colonial and invade others turfs for their resources and slaves. This is probably the real basis for why the world environment and economy is such a mess as competing States use nationalism still alas.

When Big States break down then warlord wannabe State politicians fight each other for the resources as in the Congo at present where one of the vital metals use din mobile phones is like bloody diamonds elsewhere the prize they seek.

To the north of Australia in West Papua (called Irian Jaya by the Indonesian State) the gold and other resources are being looted under Military rule. The Indonesian "nation" is a racket run by the Java based gangsters not unlike the way the English gangsters beat down Scotland & Ireland and came to dominate "Britain".

Getting back to the Palestine/Israel situation there are good folks in all those communities who are in definace of their Leaders, their Governments, their Military madness. One network is based on the surviving families of those who have died in the conflicts in mutual aid and respect across the divides of Nationalism and religion. Such wise and experienced people do not get Corporate or Government media exposure as they are denigrated as "traitors" collaborators with the Other, the Enemy but ironically it is probably such folks who will be the real basis for future peace not the Israeli or Palestine Governments (Hamas or Fatah) or the UN or the USA or Arab Union or European Union etc.


Israël interdit aux partis arabes de se présenter aux prochaines élections
The Associated Press, le 13 janvier 2009
article original : "Israel bans Arab parties from running in upcoming elections"

La Commission Centrale Electorale a interdit lundi aux partis arabes de se présenter aux prochaines élections législatives qui auront lieu le mois prochain. Cette mesure a suscité des accusations de racisme de la part d’un député arabe qui a déclaré qu’il contestera cette décision auprès de la Cour Suprême d’Israël.

Cette décision, prise par l’organisme qui supervise les élections, reflétait les tensions accrues entre la majorité juive et la minorité arabe d’Israël, causées par l’offensive d’Israël contre la Bande de Gaza. Les Arabes israéliens ont organisé une série de manifestations contre cette offensive.

Le porte-parole de la Knesset [le parlement israélien], Giora Pordes, a déclaré que la commission électorale avait voté à une écrasante majorité en faveur de cette motion, accusant les partis arabes du pays d’encourager et de soutenir les groupes terroristes et de refuser de reconnaître le droit d’Israël à exister. Les députés arabes ont voyagé dans des pays figurant sur la liste des pires ennemis d’Israël, dont le Liban et la Syrie.

La commission de 37 membres est composée de représentants des principaux partis politiques d’Israël. Cette mesure a été proposée par deux partis ultra-nationalistes, mais elle a reçu un très large soutien.

Cette décision n’affecte pas les députés arabes membres de partis majoritairement juifs ou du parti communiste israélien, dont la liste comprend à la fois des candidats arabes et des candidats juifs. Environ 20% des 7 millions de citoyens israéliens sont des Arabes. Les Arabes israéliens bénéficient de droits civiques intégraux, mais ils sont victimes de discriminations et de pauvreté depuis des décennies.

Les députés arabes Ahmed Tibi et Djamal Zahalka, rivaux politiques qui dirigent les deux blocs arabes de la Knesset, se sont unis pour condamner la décision prise lundi.

« C’est un procès politique mené par un groupe de fascistes et de racistes qui veulent voir la Knesset sans Arabes et qui veulent voir ce pays sans Arabes », a déclaré Tibi.

Ensemble, les listes arabes détiennent sept des 120 sièges de la Knesset.

Tibi a déclaré qu’il ferait appel devant la haute cour, tandis que Zahalka a déclaré que son parti réfléchissait encore à la manière d’agir.

Pordes a fait remarquer que la dernière fois qu’un parti a été interdit était celui du Rabbin Meir Kahane, aujourd’hui décédé, une liste des années 80 qui recommandait l’expulsion des Arabes d’Israël.
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Re: offensive israëlienne et massacres à Gaza

Messagede Pïérô » 17 Jan 2009, 11:25

des nouvelles des anarchistes contre le mur,
sur http://oclibertaire.free.fr/

Anarchistes contre le mur

Au cours des 6 derniers jours, les militants ont pris part à des veillées de protestation du côté de la route principale menant à l’aéroport de Sde Dov de Tel Aviv, qui sert de plaque tournante pour les opérations de l’armée de l’air israélienne, et à partir de laquelle les pilotes qui ont sont actuellement les bombardements de Gaza voler de leurs bases militaires.

Les pompiers ont attaqué les manifestants avec un canon à eau en dehors de Sde Dov Air Force Base

Il s’agit de se réunir dans les premières heures du matin, de façon à pouvoir regarder dans les yeux les yeux les pilotes militaires qui arrivent à la base avec des signes rappelant que armée de l’air israélienne et leurs bombes sont à l’origine de l’effusion de sang dans la bande de Gaza. Au cours de la semaine, ces protestations pacifiques ont été à maintes reprises attaqué par des habitants, ainsi que par des travailleurs municipaux et même par des pompiers stationnés à proximité, qui sont allés jusqu’à pointer le canon à eau sur les manifestants. Néanmoins, les veillées de protestation sont prévues pour continuer.

Mercredi matin, plus de vingt personnes se sont présentées à l’entrée de la base militaire à Tel Hashomer, en soutien à Yechieli Maya-Vent et Raz Bar-David Veron, deux jeunes objecteurs israéliens. Ils ont été accompagnés par des militants qui tapaient sur des tambours et tenaient des banderoles pour soutenir ceux qui refusent de rejoindre l’armée - en particulier en ces temps, où l’armée se livre à des crimes de guerre contre les civils de Gaza .


vidéo : http://www.awalls.org/topics/videos
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Re: offensive israëlienne et massacres à Gaza

Messagede Nico37 » 17 Jan 2009, 23:30

DECLARATION SOLENNELLE DE L’UNION DES JUIFS POUR LA RESISTANCE ET L’ENTRAIDE (U.J.R.E.)

Née pendant la seconde guerre mondiale, de et dans la Résistance clandestine au nazisme et à l’antisémitisme L’armée israélienne fait la guerre à la population de Gaza : 1,4 million d’habitants sont enfermés dans une prison à ciel ouvert, sans frontières, sans port, sans aéroport, sans communications terrestres. 85% d’entre eux vit au-dessous du seuil de pauvreté (moins de 1 $ par jour). Ce sont eux qu’Israël attaque, avec son armée suréquipée et dotée de la plus haute technologie de renseignement.
A ce jour : 763 morts dont 200 enfants, et notamment 40 dans une école sous contrôle de l’ONU. Les morgues débordent et l’on manque de sacs à morts. Ajoutons 3.200 blessés et l’on manque d’ambulances, de médicaments (l’entrepôt a été bombardé).

Interrompant les pourparlers en cours avec le Hamas malgré les tirs de roquettes, les autorités israéliennes ont donc choisi la force, comme elles le font depuis plus de 40 ans, pour venir à bout de la volonté des Palestiniens de faire aboutir leur droit, consacré par les résolutions de l’ONU, à se doter d’un Etat viable.
Pareille agression serait impensable sans le soutien actif des USA et la complicité dégradante du Conseil des Ministres européen qui, contre le vote du Parlement européen, vient de renforcer les relations commerciales avec Israël.
Cette offensive constitue une violation flagrante du droit international, consacré, notamment par les conventions de Genève (protection des personnes civiles) qu’Israël a ratifiées. C’est une atteinte aux valeurs de la civilisation et à la dignité humaine.
Pour toutes ces raisons, l’Union des Juifs pour la Résistance et l’Entraide (UJRE), au nom de ses valeurs progressistes, proclame son soutien total à la population de Gaza et au peuple palestinien dont les droits sont bafoués depuis trop longtemps, ainsi qu’aux pacifistes israéliens qui manifestent
courageusement leur refus de la guerre, y compris à Sdérot.
Elle participera et appelle à participer largement à la manifestation du samedi 10 janvier à 15 heures place de la République, à Paris :
- pour un arrêt immédiat des opérations militaires
- pour des sanctions européennes à l’égard d’Israël, jusqu’à ce que des négociations aboutissent
à l’élaboration et l’application d’un plan de Paix.

UJRE 8 janvier 2009


Sur le conflit actuel au Proche –Orient

Eléments d’Analyse d’Une Autre Voix Juive.
Collectif UAVJ, 08-01-09


Avec la décision du gouvernement israélien de mener une guerre sans merci contre le territoire de Gaza et sa population s’ouvre une période lourde de dangers pour la paix du monde. Compte tenu de développements qui n’existaient pas au moment du lancement de son premier Manifeste, UAVJ tient à faire part de son analyse de la situation actuelle...

Tout ce qui peut être dit sur la politique israélienne, sur ses soutiens complices aux Etats –Unis, de la part de l’UE, de la part du gouvernement français, dont l’activité fébrile semble inefficace, quand il n’accuse pas les forces palestiniennes d’être à l’origine de la violence qui frappe le peuple palestinien, a été dit. La condamnation de notre part est sans équivoque et totale Devant l’horreur désormais quotidienne à Gaza, la question des sanctions contre Israël devient incontournable... On est en doit aujourd’hui de poser la question de savoir si le but effectif des opérations militaires israéliennes ne consiste pas à trouver les collaborateurs qui s’accommoderaient d’un Etat fictif, fantoche acceptant les conditions de l’occupant...

Nous le soulignons: à nos yeux, le droit de tout peuple de résister à l’oppression, et d’assurer la réalisation de ses droits fondamentaux est imprescriptible; c’est au peuple palestinien que revient le droit de décider des moyens à mettre en œuvre pour la réalisation de ses droits; il n’est ni question de vouloir « éradiquer le Hamas », ni de choisir en lieu et place du peuple palestinien ses négociateurs éventuels... Mais le choix des moyens permettant de réaliser des objectifs fondamentaux et légitimes est une question qui, entre autres, suppose la conscience lucide de la situation politique... C’est l’objet de ce qui suit.

Selon nous, la pierre de touche de toute action doit être la recherche des voies et moyens d’un règlement pacifique, juste, durable et négocié. Tout ce qui s’écarte de la recherche des moyens politiques permettant au peuple palestinien de recouvrer ses droits fondamentaux et au peuple israélien de vivre en paix et en sécurité dans les frontières de 1967 doit être banni.
C’est de ce point de vue, à savoir la mise en mouvement de l’opinion progressiste mondiale, que l’on est en droit de se demander si les actes récents du Hamas facilitent cet objectif, ou le contrecarrent. Si l’opinion progressiste mondiale se mettait en mouvement, les conditions d’un règlement pacifique juste et négocié seraient réunies en peu de temps. C’est cette opinion progressiste mondiale qu’il faut viser. Force est de constater que rien dans les actes récents du Hamas ne contribue si peu que ce soit à se rapprocher de cette situation.Ses hésitations initiales relatives à la perspective d’un règlement négocié se voient aujourd’hui remplacées par une orientation qui y tourne le dos. Cela n’empêche nullement la solidarité active des forces politiques et individuelles les plus avancées; mais force est de constater que au-delà de ces forces, l’écho est faible...

Il n’y a pas dans cette situation des raisons cachées, impossibles à être dévoilées; l’opinion progressiste mondiale (y compris israélienne) ne supporte pas les exactions commises par le gouvernement israélien, elle ne conçoit pas que ce dernier piétine le droit international. Mais tout ce qui peut conduire à penser que cette indignation pourrait remettre en cause l’existence de l’Etat d’Israël empêche cette expression de se transformer en force active et déterminée... C’est là, selon nous, le point décisif.
L’unité du peuple palestinien face à l’agression israélienne est un objectif pour lequel UAVJ a le plus profond respect. Mais cette unité ne peut se faire en renforçant les conditions qui permettent au conflit de se perpétuer en aggravant les conditions de vie du peuple palestinien. Dans cette aggravation, dans cette perpétuation, le Hamas porte une lourde responsabilité. Est-il nécessaire de dire que celle-ci n’est ni du même ordre ni en rien comparable à celle que porte la politique israélienne vis-à-vis du peuple palestinien?

UAVJ considère que seule la voie d’un règlement négocié, durable et juste est de nature à abréger les souffrances du peuple palestinien et d’assurer la réalisation de ses droits fondamentaux. Tout ce qui entrave la participation la plus large de l’opinion progressiste française à l’action pour réaliser cet objectif, non seulement doit être proscrit mais constitue un appui direct à la politique israélienne actuelle; les forces qui cherchent à importer en France les données du conflit israélo- palestinien poursuivent des objectifs criminels. Il ne peut y avoir le moindre compromis avec elles dans le mouvement progressiste. UAVJ n’hésitera pas à dénoncer leurs prises de position, comme leurs activités. UAVJ condamne sans réserve toutes les forces politiques françaises, tous les groupes politiques qui sans l’avouer ouvertement, jettent de l’huile sur le feu, notamment celles qui considèrent que « l’hypothèse d’un règlement politique négocié est d’ores et déjà dépassée »...
Sortir du chemin de la haine: l’heure est au rassemblement de tous les hommes et femmes de progrès qui veulent mettre un terme à l’horreur...


Texte paru dans le journal l'Humanité le 09/01/2009
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Re: offensive israëlienne et massacres à Gaza

Messagede Pïérô » 20 Jan 2009, 11:44

sur site http://oclibertaire.free.fr/
Des milliers de manifestants à Jaffa contre la guerre dont un cortège anarchiste

Des milliers de manifestants à Jaffa contre la guerre
Samedi soir, le 17, après 21 jours de guerre et seulement quelques heures avant que le Cabinet de sécurité nationale ne vote un "cessez-le-feu unilatéral" dans la bande de Gaza - tout en y maintenant une présence militaire israélienne - environ trois mille personnes ont marché de Tel-Aviv à Jaffa, contre l’opération "Cast Lead".

Les manifestants se sont réunis, après le coucher du soleil, au Charles Clore Park de Tel-Aviv, et ont constitué un cortège vivant et animé, jusqu’à Jaffa, où, dans la partie palestiniennes de Yefet Street ) s’est déroulée minute de silence en mémoire des victimes de cette guerre.

La marche, organisée par une coalition de divers groupes de coordination et avec le soutien soutien de représentants des citoyens palestiniens d’Israël, a été composée de plusieurs blocs de manifestants, dont l’un, anarchiste, était accompagné d’un groupe puissant et radical de percussions. Une centaine d’anarchistes ont marché derrière une grande bannière avec le mot "Liberty", et ont été rapidement rejoints par de nombreux manifestants palestiniens, qui, à tour de rôle, criaient des slogans en hébreu et en arabe.

Image

En plus du message unificateur de la marche, qui était un appel pour mettre fin à l’offensive militaire et au siège sur Gaza et le meurtre des deux côtés, des bannières et des slogans de du bloc anarchiste désignaient l’idéologie sioniste comme la cause de l’agression militaire israélienne.

Cette manifestation a montré une fois de plus qu’il y a des Israéliens qui ne gardent pas le silence face à l’état d’Israël, à l’oppression du peuple palestinien, que ce soit par l’état de siège, des raids aériens, l’apartheid et les murs, par l’occupation militaire ou les massacres dans la bande de Gaza ou n’importe où ailleurs.

Par ailleurs, on signale que 763 manifestants israélo-palestiniens (Juifs et palestiniens) ont été arrêtés depuis le début de la guerre.
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Re: offensive israëlienne et massacres à Gaza

Messagede kuhing » 22 Jan 2009, 08:42

Ci joint un mail reçu par notre camarade du CAam de son contact du Liban :

Chers camarades,
Voici ce que j'ai reçu de mon correspondant libanais. Je vous en fais part et je l'ai mis sur le blog.

De: "al**** alt*****"
À: "olympe*****"

Prière de diffuser ce petit texte

Non aux crimes israéliens commis à Gaza
Rien ne justifie le meurtre collectif d’enfants et d’innocents
Rien ne justifie l’emploi de ces énormes machines de guerre et de mort à Gaza
Mais tout cela ne doit pas nous faire oublier que Hamas ne porte pas un projet
révolutionnaire
Bien au contraire, en plus de ses pratiques provocatrices (balancer quelques katioucha et
des qassam sur des civils israéliens) Hamas porte un projet politique dangereux pour nous en
tant que communistes libertaires parce que nous sommes résolument contre l’intervention
d’Allah en politique.
Malgré tout cela nous sommes aux côtés du peuple palestinien qui doit avoir enfin le droit
de retrouver sa terre spoliée et de vivre en paix..

Alternative communiste libertaire
19/01/2009
kuhing
 

Re: offensive israëlienne et massacres à Gaza

Messagede Nico37 » 22 Jan 2009, 10:54

http://www.elysee.fr/documents/index.ph ... 45&lang=fr

Paris dépêche une frégate contre la contrebande d'armes à Gaza (Reuters)

La France va dépêcher une frégate porte-hélicoptères au large de Gaza pour contribuer à la lutte contre la contrebande d'armes et souhaite une concertation rapide sur le sujet avec les Etats-Unis et ses partenaires européens pour mettre en oeuvre des actions complémentaires, annonce L'Elysée

Dans un communiqué publié vendredi soir, la présidence de la République souligne que l'arrêt total du trafic d'armes vers le territoire palestinien est une nécessité pour consolider le cessez-le-feu en vigueur depuis dimanche, au même titre que l'action humanitaire et la réouverture durable des points de passage.
"Déterminé à ce que la France prenne toute sa part à ces efforts", Nicolas Sarkozy a demandé le "déploiement immédiat d'une frégate porte-hélicoptères qui procédera à des actions de surveillance dans les eaux internationales au large de Gaza, en pleine coopération avec l'Egypte et Israël".
Le chef de l'Etat souhaite en outre l'"engagement sans délai d'une coordination étroite avec les Etats-Unis et les partenaires européens pour proposer des actions complémentaires dans la lutte contre la contrebande des armes par voie maritime et terrestre", ajoute le communiqué.
"Ces actions doivent s'accompagner d'une réouverture totale et permanente des points de passage vers Gaza. C'est pourquoi, le président de la République a rappelé son souhait d'une réactivation rapide sous supervision européenne du point de contrôle de Rafah, à laquelle la France prendra toute sa part", indique encore l'Elysée.
Il souligne que La France est également favorable à l'extension de la mission européenne dite PESD EUBAM, qui avait pour objet d'aider l'Autorité palestinienne à gérer le terminal de Rafah, à la frontière égyptienne, aux points de contrôle entre Gaza et Israël.
La présidence fait valoir que cette cette démarche est "équilibrée", proposant des mesures concrètes tant pour lutter contre la contrebande d'armes que pour faciliter la réouverture complète des points de passage vers Gaza, et "s'inscrit aussi dans le cadre d'une nécessaire et urgente relance du processus de paix par une conférence politique".
Yann Le Guernigou


7 Arrested and 5 injured in Ni'ilin Demonstration
21/01/2009

Wednesday noon, Israeli and international activists joined a small protest march in the village of Ni'ilin against the Apartheid Wall, latest instrument in the land expropriations carried out by Israel which have reduced the size of the village from 5,700 hectares of land in 1948 to 3,300 hectares in 1967, to the present approximate 1,000 hectares.

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Protesters running away from teargas

Around 70 people, some carrying Palestinian flags, marched from the center of the village onto the village's own lands, through the dirt roads lined with opuntia plants and olive trees, chanting slogans of resistance against the occupation. Close to where the wall and planned settlement expansion are being built, the march was stopped by a handful of surprised and unprepared soldiers guarding the site, whose first instinct in seeing the peaceful protest was to reach for their teargas canisters and raise their weapons.

After a short standoff, village residents decided to avoid a conflict and retreat back into the village, however the soldiers - despite being informed and seeing for themselves demonstrators turning back - began hurling concussion grenades and teargas at the small crowd, leading to some stones being thrown in retaliation.

Once demonstrators were back in the village and the short confrontation seemed to have died, Border Police soldiers could suddenly be seen advancing towards the village, firing teargas and rubber coated steel bullets at anyone within sight.

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Border policemen arresting demonstrators

Border Police soldiers proceeded to walk down Ni'ilin's main street, disrupt and occupy it, firing canisters randomly (including into cars and houses) and suffocating most of the village in large clouds of teargas. The incursion lasted about half an hour, during which soldiers violently arrested seven young Palestinians - three of them at the village's clubhouse, where they had been playing billiard until soldiers stormed in. On top of the many residents who were hurt by teargas inhalation, five people were injured from rubber coated steel bullets, some fired directly at them from a very close range, with three being transferred to hospital for further treatment.

[Israël, à Gaza, n'a rien montré d¹autre que sa force. Cette force qui lui sert de langage. "Et, parce que nous leur parlons depuis si longtemps ce langage, et celui-là seul, nous avons oublié qu'il en existe d'autres pour parler à des êtres humains, même ennemis, même à des ennemis cruels comme le Hamas, des langages qui sont notre langue maternelle au même titre que les
avions et les chars."]


Ha¹aretz, 20 janvier 2009

http://www.haaretz.com/hasen/spages/1056955.html

David Grossman Trad. : Gérard pour La Paix Maintenant


Comme pour les renards liés deux par deux par Samson dans la Bible, une torche enflammée entre les deux, ainsi Israël et les Palestiniens, en dépit du déséquilibre des forces, se traînent les uns les autres. Même lorsque nous tentons désespérément de nous libérer, nous brûlons ceux qui nous sont attachés, notre double et notre malheur, en même temps que nous nous brûlons nous-mêmes.

Et ainsi, en pleine vague nationaliste qui submerge en ce moment le pays, cela ne nous ferait pas de mal de nous rappeler qu'en dernière analyse, cette dernière opération à Gaza n¹est qu¹une étape supplémentaire, brûlante de feu, de violence et de haine.

Aussi satisfaits les Israéliens soient-ils du fait que les faiblesses techniques révélées lors de la deuxième guerre du Liban ont été corrigées,
il nous faut faire attention à une autre voix, qui nous dit que le succès de l'armée israélienne dans sa confrontation avec le Hamas ne dit pas qu'elle a eu raison de s¹embarquer dans une campagne aussi massive, et qu'il ne constitue certainement pas une justification de ce qu'a fait Israël pendant cette guerre. Ces succès militaires ne font que confirmer qu'Israël est plus fort que le Hamas, et que dans certaines circonstances, il peut se montrer dur et cruel à sa manière.

Alors les canons se sont complètement tus, et qu¹on a découvert l'étendue des tueries et des destructions, au point que même les mécanismes de défense les plus sophistiqués et les plus apologétiques de la psyché israélienne ont été submergés, peut-être, alors, notre cerveau va-t-il enfin enregistrer quelque chose qui ressemble à une leçon. Peut-être, enfin, allons-nous comprendre combien nos actes dans la région sont fondamentalement et profondément erronés, et ce depuis la nuit des temps. Combien ils sont irrationnels, immoraux, peu sages, et par-dessus tout, responsables, à chaque fois, d'attiser les flammes qui nous consument.

Bien sûr, les Palestiniens doivent être comptables de leurs crimes et de leurs fautes. Le contraire reviendrait à de la condescendance, comme s'ils n'étaient pas des adultes responsables de leurs propres décisions et échecs.
Les habitants de Gaza, tout "étranglés" qu'ils aient été par Israël de diverses manières, avaient à leur disposition d'autres façons de protester et d'attirer l'attention sur leur malheur que le tir de milliers de roquettes contre des civils israéliens innocents.

Nous ne devons pas oublier cela. Nous ne devons pas pardonner aux Palestiniens ni les traiter avec indulgence, comme s'il était évident qu'à chaque fois qu'ils se sentent abusés, la violence serait leur seul recours qu'ils utiliseraient presque systématiquement.

Mais, même quand les Palestiniens usent de la violence sans discrimination, qu¹ils utilisent les attentats suicides et les roquettes Qassam, Israël est plus fort qu'eux, et cela a un impact énorme sur le niveau de violence dans ce conflit, et donc sur la manière de le calmer et d'y mettre un terme. La confrontation actuelle n'a en rien montré que quiconque chez les dirigeants israéliens ait saisi l¹importance capitale de cet aspect du conflit de manière pleinement consciente ou responsable.

Après tout, un jour ou l'autre, il faudra bien panser les plaies que nous infligeons aujourd'hui. Comment ce jour arrivera-t-il si nous ne comprenons pas que notre force militaire ne peut pas être l'instrument premier qui nous permettra de nous tracer une voie dans la région ? Comment ce jour arrivera-t-il si nous n'arrivons pas à saisir la responsabilité que nous portons sur les épaules à force de ressasser nos relations complexes et tragiques, passées et futures, avec les Palestiniens de Cisjordanie, de Gaza et de Galilée ?

Lorsque les politiciens auront fini de clamer leur victoire décisive ; lorsque nous saurons les véritables résultats de cette opération ; lorsque rendrons compte quel point ils ne sont d'aucune aide pour nous permettre de mener une vie normale ; lorsque nous reconnaîtrons enfin qu'un pays tout entier s'est hypnotisé lui-même, car il avait tant besoin de croire que Gaza allait le guérir de sa maladie contractée au Liban, alors peut-être réglerons-nous nos comptes avec ceux qui, à chaque fois, excitent l'opinion israélienne, la plongeant dans une ivresse d'arrogance et de puissance. Ceux qui, depuis tant d'années, nous apprennent à mépriser toute croyance en la paix et tout espoir de changement dans nos relations avec les Arabes. Ceux qui nous persuadent que les Arabes ne comprennent que la force, et que c'est
donc le seul langage qu'il faut leur parler.

Et, parce que nous leur parlons depuis si longtemps ce langage, et celui-là seul, nous avons oublié qu¹il en existe d'autres pour parler à des êtres humains, même ennemis, même à des ennemis cruels comme le Hamas, des langages qui sont notre langue maternelle au même titre que les avions et les chars.

Nous devons parler aux Palestiniens. C'est la conclusion la plus importante de cette dernière tuerie. Nous devons aussi parler à ceux qui ne reconnaissent pas notre droit à exister sur cette terre. Au lieu, en ce moment, d'ignorer le Hamas, nous ferions mieux de profiter de la situation nouvelle en entamant immédiatement un dialogue avec lui, un dialogue qui nous permettrait de parvenir à un accord avec l'ensemble du peuple palestinien. Nous devons leur parler et commencer de reconnaître que la réalité n'est pas constituée d'une unique histoire hermétique que nous, comme les Palestiniens, nous racontons à nous-mêmes depuis des générations.
La réalité n'est pas faite seulement de la narration dans laquelle nous sommes enfermés, une narration faite en grande partie de fantasmes, de souhaits irréalisables et de cauchemars.

Nous devons peur parler, et laisser la place, dans cet enfermement sourd, à une possibilité de parole. Nous devons créer cette alternative, tant moquée et attaquée aujourd¹hui, qui, dans la tempête guerrière, n'a pratiquement plus de place, plus d'espoir, plus personne pour y croire.

Nous devons leur parler dans le cadre d'une stratégie délibérée. Nous devons prendre l'initiative de la parole, insister sur la parole, ne jamais laisser personne la repousser à plus tard. Nous devons parler, même si le dialogue paraît au début sans espoir. Sur le long terme, cet entêtement contribuera bien davantage à notre sécurité que des centaines de bombes larguées sur une ville et ses habitants.

Nous devons parler en ayant conscience, en contemplant la dévastation, que le mal que chaque peuple peut infliger à l'autre, chacun à sa manière, est si énorme, si destructeur et si absurde que si nous renonçons et acceptons sa logique, il finira par nous détruire tous.

Nous devons parler, parce que ce qui s¹est passé dans la bande de Gaza ces dernières semaines tend un miroir dans lequel, nous Israéliens, voyons le reflet de notre visage, un visage qui, si nous le voyions de l'extérieur ou chez un autre peuple, nous terrifierait. Nous verrions que notre victoire n'en est pas une, et que la guerre à Gaza n'a en rien soigné le mal qui a tant besoin d'être guéri, mais n'a fait que révéler encore davantage les erreurs tragiques et sans fin que nous avons commises en cherchant notre chemin.


David Grossman est écrivain et membre fondateur de Shalom Arshav (La Paix Maintenant)


[L'histoire du médecin palestinien Ezzeldin Abou al-Aish donne à Avirama Golan, spécialiste des sujets de société, l'occasion d'exprimer sa révolte face aux hypocrisies de la société israélienne, où les "autres", et pas seulement les Palestiniens, demeurent indéfiniment "autres", suspects par définition]

Ha¹aretz, 22 janvier 2009

http://www.haaretz.com/hasen/spages/1057370.html

Entendre le Dr Abou al-Aish et tous les autres "autres" Avirama Golan

Trad. : Gérard pour La Paix Maintenant


Il ne fait aucun doute que la tragédie du Dr Ezzeldin Abou al-Aish, qui a raconté aux téléspectateurs israéliens en en hébreu parfait qu'il avait perdu trois filles et une nièce tuées par un obus de char israélien pendant les combats à Gaza, a réussi à percer la couche de plomb durci qui bouchait les oreilles du public israélien depuis le début des opérations militaires.
Soudain, la tuerie était devenue tangible, proche, choquante et menaçante.

La malchance d'Abou al-Aish est d¹être "l¹un des nôtres" pas moins que "l'un des leur ". Bon médecin, cultivé, on lui a offert un poste dans un hôpital canadien après qu'il eut travaillé et conduit une recherche dans les hôpitaux israéliens de Soroka et de Sheba. De plus, et peut-être plus important encore, il parle hébreu et sait manier les codes qui gouvernent la forme de pensée et le comportement des Israéliens. Lors d'une conférence de presse où il a plaidé pour la fin de la guerre de Gaza (et de la guerre en général), il a, de manière inconsciente, fait appel à un mélange de dévouement familial et d'aspiration à une vie pacifique, moule occidental des Lumières qui constitue l'image qu'Israël a de lui-même.

Malheureusement pour Abou al-Aish, ses efforts n'ont servi à rien. Alors que versaient une larme de nombreux téléspectateurs qui avaient suivi précédemment ce qui leur était présenté comme de glorieux succès militaires, une femme nommée Levana Stern, apparemment autorisée à parler abusivement grâce à son statut de mère de trois soldats, a interrompu la conférence de presse en hurlant : "Je ressens ta peine, je suis complètement avec toi, mais qui sait ce qui se passait chez toi ?"

Des gens qui se trouvaient à côté d'elle, enhardis par cet emportement, ont alors protesté contre l'audace de l'hôpital, où se tenait la conférence de presse, pour avoir offert une tribune à un Palestinien alors que des soldats israéliens combattaient encore à Gaza. Une femme l'a même traité de « espèce d¹ordure ». Désespéré, Abou al-Aish grommelait : "Ils ne veulent pas entendre l'autre côté."

Beaucoup d'encre a été versée pour des recherches universitaires sur la voix de l'autre dans une société post-coloniale, beaucoup de colloques et d'articles sont parvenus à la conclusion que la société israélienne avait depuis longtemps dépassé le stade du melting pot et était aujourd'hui une société multiculturelle où la voix de l'autre avait toute sa place.
Aujourd'hui, Abou al-Aish a, par inadvertance, révélé combien cela était faux. Les habitants de Gaza n'ont aucune existence dans la conscience israélienne. Ils ne méritent pas même le statut « d'autre ». Mais, du fait que ce médecin de Gaza travaille en Israël et connaît tant d'Israéliens, il a eu une chance que n'ont pas eue des milliers d'autres : celle de parler en prime time (sauf que, pour cela, il a fallu attendre que le sang de ses filles Bisan, Mayer et Aya ait coulé dans sa maison).

Abou al-Aish n'est pas le seul. Ces dernières années, il a été répété régulièrement que les habitants de Sderot étaient des irresponsables pour être restés sur place avec leurs enfants ("Pourquoi ne les évacuent-ils pas ?", demandaient les gens). De nombreux journalistes, eux aussi, partageaient le sentiment infondé que quiconque aurait pu quitter Sderot l'avait fait depuis longtemps, et que n'y demeuraient que les malheureux qui n'avaient nulle part ailleurs où aller.

C¹est vrai, les habitants de la périphérie d¹Israël ne sont pas un autre "haï" comme le sont les Palestiniens, mais eux non plus n¹ont ni visage ni voix. Aujourd¹hui, les habitants de Sderot sont devenus les enfants chéris au nom de qui la guerre a été menée, mais pour cela, ils paieront cher.
Certains opposants à la guerre les considèrent comme des gens d'extrême droite dont les plaintes ont été exagérées, disant qu'aucun enfant israélien n'a été tué par une roquette pendant cette guerre, alors que des centaines ont été tués à Gaza. Et certains des partisans de la guerre refusent de comprendre que la souffrance continuelle des habitants du Sud les a mis en colère, frustrés, remplis de haine, mais que les liens d'amitié historiques qu'ils entretenaient avec les Gazaouis et le désir mutuel de normalisation sont tout aussi authentiques. Lesdits partisans de la guerre n'ont eu que dédain pour la demande venue de milliers d'habitants du Sud emmenés par le
groupe de Sderot "Une autre voix", qui exhortait le gouvernement à tout tenter pour parvenir à un accord plutôt que de faire la guerre (1).

La logique perverse qui prévaut aujourd'hui, à droite comme à gauche, dit que quiconque n'a pas fui Sderot pour le Canada est, au mieux, un imbécile paupérisé, et au pire, un partisan du Hamas. Quiconque n'a pas déménagé de Sderot vers les quartiers chics de Tel Aviv est un électeur du Likoud irresponsable et ignorant, qui l'a bien cherché. Voilà comment les soi-disant "autres" sont utilisés pour définir un consensus israélien, un consensus opaque et empli de haine qui refuse une réalité complexe au profit d¹un retranchement effrayé et plus intense encore qu'auparavant.


(1) voir http://www.lapaixmaintenant.org/article1320
Nico37
 
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Re: offensive israëlienne et massacres à Gaza

Messagede Nico37 » 25 Jan 2009, 17:37

Exécutions sommaires, tirs contre des civils, humiliations. L’armée israélienne est en accusation. Reportage.

Bande de Gaza, Envoyé spécial.

C’est à l’est de Jabaliya. Un grand hameau qui s’appelle Ezbet Abed Rabbo. Peut-être faut-il plutôt écrire « s’appelait ». On est à quelques kilomètres de la frontière avec Israël. On peut d’ailleurs distinguer la ville de Nahal Oz, en contre-bas. Au début de l’offensive terrestre, les chars israéliens ont déboulé. Il ne reste plus que des amas de béton de part et d’autre de la petite route. Et de la souffrance dans les cœurs des habitants. C’est à peine imaginable. C’est un tsunami humain a dit quelqu’un. Le mot est juste. Mais parce qu’il est humain, il est volontaire. Le pouvoir israélien, via son bras armé, a sciemment - c’est à dire politiquement - décidé de détruire et de tuer les Palestiniens. Il ne s’agit plus ni de bavures ni d’effets collatéraux ni de situation de guerre. Lorsque le jour commence à tomber, le décor est encore plus impressionnant. A la lueur des braseros que les Palestiniens allument pour s’éclairer et se chauffer on distingue des formes brutes, agressives. Des cubes renversés et aplatis. De la terre remuée, rendue meuble pour éviter toute nouvelle construction. La carcasse d’une ambulance, visiblement écrasée, raconte toute seule le mépris de la vie et des conventions internationales. Le vent qui souffle fait grelotter. Le froid n’explique pas tout. On se sent soudain seul, écrasé par ce qui vient d’arriver, désarmé devant ces familles décimées, anéanties. La barbarie est de retour. A moins qu’il ne faille avoir une lecture biblique : « Il (dieu, ndlr) détruisit ces villes, toute la plaine et tous les habitants des villes, et les plantes de la terre » (Genèse, chapitre XIX, verset 25).

En mars dernier lors d’une énième incursion dans la bande de Gaza, l’armée israélienne avait fouillé les maisons puis avait continuer son chemin, vers Jabaliya. La famille Abed Rabbo (d’où le nom du lieu), occupait l’ensemble des petits immeubles qui se trouvaient là. Quand l’offensive a commencé, les Abed Rabbo étaient sur leurs gardes, mais pas plus inquiets que ça. Ce qui peut sembler étrange pour qui ne vit pas le quotidien de ces Palestiniens, soumis au bon vouloir des Israéliens. En mars dernier, par exemple, ils avaient fait une incursion dans la bande de Gaza en passant par le hameau. Ils s’étaient contentés d’une fouille des habitations et avaient passé leur chemin. « C’est pourquoi tout le monde pensait que ça allait être la même chose cette fois-ci », explique Khaled, 30 ans. Lui se trouvait avec sa famille au rez-de-chaussée d’un immeuble dans lequel vivaient 27 personnes. Le 7 janvier, en milieu de matinée, les Israéliens sont arrivés. Ils ont installés un poste militaire. Les chars se sont mis en position derrière des buttes de sable alors que par hauts-parleurs ils intimaient l’ordre aux gens de sortir.

« Comme nous habitions au rez-de-chaussée, nous sommes sortis les premiers », raconte Khaled, la voix tremblante. « J’étais avec ma femme, nos trois filles et ma mère. J’avais un drapeau blanc. Sur le char, il y avait deux soldats. L’un mangeait des chips, l’autre du chocolat. On est resté comme ça pendant plus de 5 minutes, alignés. Personne ne nous disait rien. On ne savait pas quoi faire. Soudain un soldat est sorti du char. Il était roux et portait les papillotes des religieux. Il a tiré sur ma petite fille de 2 ans, Amal. Ses intestins sont sortis de son ventre. Puis il a visé en rafale celle de 7 ans, Sohad. Ma femme s’est évanouie. Il a tiré sur ma mère ». Summum du vice chez ce soldat, il n’a pas tué Khaled. Une ambulance se trouvait à proximité. « Ils ont fait descendre le chauffeur puis ont écrasé le véhicule avec un char », soutient Khaled Abed Rabbo. Les deux petites filles, Amal et Sohad, sont mortes. La troisième est grièvement blessée. Avec son frère et sa femme, Khaled les emmène, ainsi que la mère. Ils prennent la route non sans essuyer les tirs de snipers embusqués dans les maisons qui jouaient à leur faire peur en visant à côté. « Au rond-point, un homme a voulu nous aider avec sa carriole. Il s’appelait Hadnan Mekbel. Les Israéliens l’ont tué ainsi que son cheval. » Khaled sort son portable et montre ses filles dans un linceul. La troisième est dans un hôpital en Belgique. Elle est tétraplégique. Sa femme est dans un état de choc psychologique permanent Khaled ne peut pas oublier. Il revient tous les jours devant sa maison détruite. « C’est toute ma vie, mes souvenirs. Je vois mes enfants jouer autour de moi », dit-il. « C’était la maison du bonheur ».

Une maison disparue, brisée par la dynamite israélienne comme le raconte un voisin, Mohamed Abed Rabbo, membre de la famille, qui, lui aussi, a perdu son habitation, en face de celle de Khaled, de l’autre côté de la route. « Les Israéliens ont voulu nous faire évacuer », raconte-t-il. « J’ai tenté de parlementer pour rester mais ils n’ont pas voulu. Ils ont dit qu’ils avaient ordre de faire sauter la maison. » Les soldats ne les ont même pas laissés prendre des affaires. « Ils nous a dit : « Vous partez vers Jabaliya. Si quelque chose tombe, vous ne le ramassez même pas. Vous ne vous retournez même pas. » Encore une réminiscence de la Genèse et de la femme de Loth, transformée en statue de sel, parce qu’elle s’était retournée. Quand ils sont arrivés à l’intersection de la route, ils ont entendu une explosion : leur maison n’était plus qu’un souvenir.

Khaled ne comprend plus rien. « Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter un tel sort ? », demande-t-il. « Les Israéliens ont détruit toute ma vie. Pourtant, il ne réclame pas vengeance. Il n’en appelle pas à la loi du Talion. « Je veux que le monde entier juge cet acte, pas moi », assure-t-il. « Je demande la paix pour tout le monde. J’espère que mes enfants seront les derniers morts. Nous sommes un peuple qui aime la vie ».

Salah Abou Alima, 45 ans, aimait aussi la vie. Jusqu’à ce jour terrible où des obus de chars se sont abattus sur sa maison, à Bet Lahiya. Allongée sur son lit à l’hôpital Shifa de Gaza city, elle se souvient de l’apocalypse, de son mari et de son fils de 14 ans décapités, du phosphore blanc qui tombait en billes de feu et qui l’a touché elle aussi, comme nous avons pu le constater. « J’ai vu le corps de mon mari et ceux de mes trois enfants s’enflammer », dit-elle. « Il y avait de la fumée partout. L’odeur était terrible. On suffoquait ». Elle se souvient aussi de son fils Ali, 5 ans, le visage brûlé, qui tentait de s’échapper. « J’ai essayé de m’enfuir avec ma fille de un an qui criait « maman, maman ». Mes vêtements ont commencé à brûler ». Un autre de ses fils, Mahmoud, 21 ans, a tenté de leur venir en aide. Il a sorti les corps morts, les a placés dans une carriole. Il sont partis pour tenter de fuir l’enfer. « Les Israéliens nous ont arrêtés. Ils ont pris les corps, ont creusé un grand trou et les ont jetés dedans. Puis, avec un bulldozer ils les ont recouverts ». Un autre fils, Omar, 18 ans, portait sa petite sœur dans ses bras. « Elle était morte mais il ne le voyait pas. Les Israéliens ont voulu qu’il la laisse alors ils lui ont tiré dans le bras ». C’est ensuite le conducteur du tracteur qui les emmenait qui a été abattu par une autre patrouille israélienne. « Je veux les voir brûler car ils ont brûlé mon cœur », lance Salah Abou Alima à l’encontre des Israéliens. « Mes enfants n’étaient pas des combattants, mon mari non plus. Ma maison n’existe plus. Ils ont tout détruit ».

Il était 6H du matin dans le quartier de Tal al Hawa, de Gaza city. L’offensive militaire était lancée. Les habitants entendent les chars israéliens s’approcher. Comme tout le monde, Tamer Al Khalede, 27 ans, ne dort pas. Il tente de se faire une idée de la situation en écoutant attentivement ce qui se passe dans la rue. « On a entendu crier « ne me tuez » pas. Il y a eu des tirs et puis plus rien ». le jeune homme n’en saura pas plus. Quelque minutes après les soldats entrent dans l’immeuble. « Ils sont venus avec un voisin qui parlait hébreu pour nous dire de descendre dans la rue », précise Tamer. « Les hommes ont du donner leur carte d’identité. Ils nous ensuite mis totalement nus devant les femmes et les enfants ? Ils avaient des chiens qui sont venus nous renifler ». Ils ont ensuite été enfermé dans une pièce pendant 24 heures. « Les Israéliens étaient cachés dans les immeubles et ils tiraient dans la rue. Les ambulances ne pouvaient même pas approcher ». C’est Abou Amir qui accompagnait les soldats, puisqu’il parlait hébreu, dans chaque appartement. « Ils cherchaient s’il y avait encore du monde et en profitaient pour détruire les appareils ménagers, voler les téléphones portables, les ordinateurs, l’argent qu’ils trouvaient, et même les bijoux des femmes ».

Israël peut-il, va-t-il échapper à la justice internationale ? Plus les témoignages se multiplient plus les crimes de guerre apparaissent, monstrueux. Bernard-Henri Lévy, bien calé dans le char israélien qui le transportait - comme il l’a raconté si fièrement - n’a sans doute rien vu. La fenêtre de tir derrière laquelle il se trouvait était trop petite. Un des porte-paroles franco-israélien de l’armée israélienne, le colonel Olivier Rafowitz, qui se répandait complaisamment sur les plateaux de télévision français, va-t-il poursuivre ses activités en toute impunité ? Pour la première fois, les autorités israéliennes semblent s’inquiéter des suites possibles. Des directives ont été données à des officiers de haut-rang pour qu’ils évitent de voyager en Europe où ils pourraient être inculpés. Quant au premier ministre, Ehud Olmert, qui a osé prétendre qu’il pleurait lorsqu’il voyait des enfants morts, il a donné le signal : « Les commandants et les soldats envoyés à Gaza doivent savoir qu’ils seront totalement protégés face à tous les tribunaux et qu’Israël les aidera ». Khaled Abed Rabbo, Salah Abou Alima et Tamer al Khalede, eux, ne veulent que la justice mais toute la justice.

Pierre Barbancey


Véolia sanctionné en Suède

jeudi 22 janvier 2009, par Marc Laimé

L’ONG suédoise Diakonia a annoncé sur son site, le 20 janvier dernier, que la filiale transport de la multinationale française Veolia venait de perdre un contrat d’une valeur de 1,9 milliards d’euros à Stockholm. Ce contrat représentait le plus important appel d’offres public en cours en Europe, relatif à la gestion du métro de la capitale suédoise, pour une durée de 8 ans (« Veolia looses 3,5 billion EUR contract in Sweden » . Une importante campagne de protestation internationale semble avoir pesé sur la décision de l’autorité des transports publics municipaux de Stockholm.

Les entreprises françaises Veolia et Alstom étaient mises en cause depuis plusieurs années en raison de leur participation à un projet de construction d’un tramway à Jérusalem, comme le relatait Robert Kissous dans Le Monde Diplomatique en août 2008 (« Veolia, Alstom et le tramway de Jérusalem »).

Ce projet de tramway, destiné à relier la Jérusalem-ouest israélienne avec des colonies israéliennes illégales dans les territoires palestiniens occupés, a suscité de vives polémiques sur la politique d’éthique de Veolia. Les protestations publiques stigmatisant la multinationale viennent donc de lui valoir un revers cinglant, au moment même où l’entreprise connaît des difficultés en bourse.

L’autorité des transports publics municipaux de Stockholm (SL) a indiqué que sa décision était basée sur des facteurs commerciaux, mais le questionnement sur l’implication de Veolia dans le projet controversé de tramway à Jérusalem (le « Jerusalem light railway ») a suscité un débat intense dans les médias suédois. Le marché, d’un montant de 21 milliards de couronnes suédoises (1,9 milliard d’euros), a donc été attribué au conglomérat MTR, de Hong-Kong.

Jusqu’à la veille de sa décision le conseil municipal a en effet reçu des pétitions signées par des milliers de citoyens, exigeant qu’il choisisse un opérateur qui ne soit pas associé à des violations du droit international humanitaire.

« Ceci est un autre signe clair de l’importance pour les acteurs commerciaux de ne pas associer leur marque à des comportements anti-éthique, et en ce qui concerne les colonies illégales en territoire palestinien occupé, on peut déjà voir un mouvement des compagnies internationales qui cessent toute activité dans les colonies », a déclaré M. Joakim Wohlfeil, représentant de l’ONG suédoise Diakonia.
Nico37
 
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Re: offensive israëlienne et massacres à Gaza

Messagede rubion » 26 Jan 2009, 23:16

Prise de position internationaliste lu sur le site du CCI

http://fr.internationalism.org/ri398/pr ... _gaza.html
http://fr.internationalism.org/ri398/un ... srael.html

Rubion. lecteur de Révolution international
rubion
 

Re: offensive israëlienne et massacres à Gaza

Messagede Nico37 » 28 Jan 2009, 21:37

Extrait de la dernière séance du séminaire d'Alain Badiou

21 Janvier 2009
Palestine-Israël

Je reviens de Palestine. J’ai été en Israël. J’ai en fait été des deux côtés. Je voudrais vous dire certaines choses ce soir à propos de ce voyage.

Je vous parle au moment où la guerre à Gaza semble se terminer. Ce n’était d’ailleurs pas vraiment une guerre, mais une opération punitive. On ne peut pas parler de guerre quand il s'agit de l’assaut de l'armée d’un État contre une ville où vit une population désarmée et démunie, affaiblie par un blocus de plusieurs mois. Cela rappelle plutôt ce qui s’est passé au moment de la Commune de Paris ou du ghetto de Varsovie.



1. Je rappelle la définition de l'État tirée des Principes de la philosophie du droit de Hegel qui fait de l'État l’instance obligée au moyen de laquelle se découpe le lieu politique (dans mon lexique actuel : l'État est le transcendantal du lieu politique). Corollaire : toute novation politique consiste à lever ce transcendantal, consiste à établir des conditions différentes de celles que l'État prescrit. La situation en Israël-Palestine est telle que la politique obéit là-bas de façon extrême à cette figure : il y a là-bas une visibilité maximale, et consciemment assumée, des relations entre l'État et les espaces politiques qu’il régente (une visibilité maximale de l'État comme transcendantal de la topologie politique). Cela se donne en particulier dans une réglementation tatillonne et changeante concernant les points d’entrée et de sortie d’un lieu : à aucun moment il n’est possible d’oublier la nature territoriale du contrôle exercé par le transcendantal étatique. On en a une expérience physique immédiate en Cisjordanie lorsque, pour aller d’un village à un autre distant du premier de 5 km, la distance réellement parcourue doit être multipliée par 5 ou 6 par le jeu des barrages et des check-points : les trajets concrètement effectués offrent une vue sur quelque chose d’essentiel concernant la nature de l'État. Il s’y ajoute des éléments de surveillance panoptique à la Bentham ; j’ai pu m’en rendre compte à l’université Al-Quods de Jérusalem où l’on m’a expliqué que l’antenne que j’avais remarquée sur une colline proche était en réalité un « œil » braqué en permanence sur le campus (et destiné à signaler tout rassemblement suspect). L’espace n’est donc pas seulement découpé par l'État, il est aussi exposé.



2. Les formes de la coercition exercée sur les sujets oscillent entre deux bords. Il y a d’une part un contrôle capricieux dont les règles, changeantes, s’insinuent dans l’existence quotidienne : pour aller de Ramallah à Naplouse, les conditions pour avoir le permis de circuler peuvent être remplies un jour et ne plus l’être le lendemain, selon des règles apparemment totalement arbitraires. Il y a un caprice inhérent à l’existence même de la règle, qui, sans prévenir, peut passer de l’anodin au subitement rigide. Mais d’un autre côté, il y a une politique de force dont je pense que le principe est de montrer qu’elle est en capacité d’être illimitée. Le « rationnel » de la chose, si on peut dire, a été exprimé par un militaire israélien dans cette déclaration : « Nous [sous-entendu : mais pas vous], nous sommes un État ». La violence de l’attaque israélienne dont nous avons été les témoins rappelle la théorie qui avait été développée à l’époque de la guerre américaine au Vietnam (et sur laquelle Chomsky avait dit des choses intéressantes), théorie connue sous le nom de « politique du fou ». Les actions que vous entreprenez doivent pouvoir convaincre votre adversaire que vous êtes capable de faire n’importe quoi : vous devez accomplir quelque chose dont on puisse dire : « S’ils ont été capables de faire cela, alors il n’y a plus qu’à jeter l’éponge ». C’est la raison pour laquelle je pense que les réactions qui se sont fait entendre et qui mettaient l’accent sur l’usage disproportionné de la force, sur la violence gratuite (« pourquoi tant de morts ? »), pour compréhensibles qu’elles soient, manquaient l‘essentiel, à savoir que l’usage déchaîné de la force a été en l’occurrence délibéré et préparé de longue date[4]. La « politique du fou » s’enseigne dans les écoles militaires israéliennes et est considérée comme une méthode rationnelle et efficace. Il s’agit d’établir comme point subjectif que, dans un conflit donné, une des puissances en présence ne se plie pas à la norme. Il n’est donc pas accidentel (de l’ordre de la « bavure ») que les destructions aient outrepassé toute rationalité militaire, cela est au contraire central. C’est cela que j’appelle le principe d’illimitation. Une des formes les plus « pures » en est le bombardement par les Américains de Hiroshima et de Nagasaki, ainsi que celui de Dresde à la fin de la Deuxième Guerre Mondiale par les Anglais (dont Churchill avait bien dit que le message qu’il impliquait était moins destiné aux militaires qu’à la population allemande elle-même). C’est là, à mon avis, que sont enracinés les fondements de la « politique du fou ». Il s’agit d’une « montée aux extrêmes » (pour reprendre les catégories de Clausewitz) dans des conditions telles que l’adversaire doit être convaincu que lui-même ne pourra pas monter aux extrêmes à l’intensité, ou à la hauteur, où vous, vous le pouvez.



3. Il y a une prolifération de lois, mais celles-ci peuvent être soustraites d’un seul coup. Ce n’est pas seulement une loi qui disparaît alors, mais c’est le principe même qui régissait la loi précédente qui est dénié. Le meilleur exemple en a été les élections à Gaza. Comme vous le savez, en votant pour le Hamas, les Gazaouis ont « mal » voté. De sorte qu’à l’annonce des résultats la règle qui présidait à la tenue des élections ne valait plus (le gouvernement algérien n’a pas agi différemment après la victoire électorale des islamistes). Il est quand même frappant de constater que la règle essentielle de notre « démocratie » est en réalité une règle à façon. L'État est un transcendantal qui se représente comme une prescription, mas lui-même se soustrait à cette prescription.



4. Il n’est nulle part aussi évident qu’en Israël-Palestine que, ainsi que Hegel en avait formulé le principe, la vérité de l'État c’est la guerre. La guerre n’est pas accidentelle, elle est bien intrinsèque à la situation. Par voie de conséquence, il est impossible d’entrer dans la situation à partir des dispositifs étatiques, il faut partir de la situation elle-même. Il est en particulier insensé d’y entrer par la dichotomie Juifs/Arabes, les critères ethniques ou racialistes ne font que perpétuer la situation de guerre, ne font qu’entériner le transcendantal étatique. Les critères religieux ne sont pas meilleurs : un prétendu conflit entre judaïsme et islam est d’autant moins pertinent que 30% des Palestiniens ne sont pas musulmans mais chrétiens. Enfin, la thèse de deux États est, d’ores et déjà, une thèse sans avenir : les populations qui vivent sur ce bout de territoire sont tellement intriquées, ramifiées, que toute thèse séparatrice ne peut que majorer la violence existante. Pour l'État d’Israël, il n’existe qu’un seul État légitime et, dans l’hypothèse de deux États, l’autre État n’aurait qu’une légitimité concédée par le premier. Le plus grave est que la thèse des deux États divise les Palestiniens eux-mêmes ; j’ai pu constater que les dissensions entre Fatah et Hamas sur la question de l'État faisaient de Naplouse, en particulier, une ville au bord de la guerre civile. Il y a un risque réel à ce que les Palestiniens ne se voient offrir d’autre choix politique que soit se ranger sous la bannière d’un État fantoche autoritaire « ami de l’Occident », soit s'identifier à une opposition islamiste violente et terroriste aux choix fermés (cette alternative calamiteuse est déjà celle qui structure l'Égypte de Moubarak). L’organisation de noyaux actifs de gens situés en dehors de l’opposition Fatah / Hamas me paraît essentielle pour l’avenir.

Il faut donc partir de la singularité de la situation. Il y a en Israël un mouvement populaire d’une force extraordinaire qui se manifeste dans l’opposition à la guerre, mouvement certes minoritaire mais où je vous prie de croire que chacun paye de sa personne, notamment dans la liaison avec les Arabes Palestiniens. Ce mouvement illustre une thèse que j’ai défendue devant vous, selon laquelle l’existence politique dépend de la capacité à se soustraire au mirage de l'État : c’est la capacité à exister en ce sens, en suspendant délibérément la question de l’accession au pouvoir, qui va déterminer la situation.



5. La question véritablement à l’ordre du jour est donc : comment dés-étatiser la politique ? Il faut assumer que la population d’Israël-Palestine vit sans État légitime : elle doit se tourner vers elle-même, dans une liaison forte entre les Israéliens progressistes et les Palestiniens, puis, face à l'État – dans sa double modalité d'État fort : l'État d’Israël et d'État faible : l’Autorité palestinienne – il est nécessaire que cette existence populaire manifeste une inertie maximale. C’est déjà ce que font les refuznik israéliens qui disent non aux injonctions de l’armée et c’est ce que font les Palestiniens qui refusent de participer au climat de guerre civile entre Fatah et Hamas. Il ne faut pas avoir peur pour cela d’une certaine monstration de la faiblesse qui, si elle tient bon quant à la primauté de la politique, doit pouvoir éviter les pièges du couple plainte (dénonciations de nature humanitaire) / sacrifice (idéologie du martyre). Au cours de ce voyage, j’ai entrevu l’importance de ce que pourrait être une laïcité vraie – vous savez pourtant que le thème de la laïcité n’était pas vraiment jusqu’à présent ma tasse de thé. J’appellerai donc volontiers laïque toute personne qui

a) fait prévaloir l’existence du peuple sur l'État et qui, contrairement à une longue tradition, pense que l'État n’est pas le réel de la politique

et, en même temps, soutient que l’existence populaire ne peut se présenter dans la vêture d’une religion. L’existence populaire doit être affirmée sans tenir compte des identités : elle n’est pas l’addition des identités qui la constituent et qui seraient comme les atomes de cette existence ; au contraire : les identités doivent être surmontées.


En définitive, je suis persuadé qu’Israël-Palestine est le lieu métonymique de toutes les grandes contradictions de notre monde, que là-bas, aujourd’hui, elles sont exposées avec la visibilité la plus complète.
Nico37
 
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Re: offensive israëlienne et massacres à Gaza

Messagede Nico37 » 02 Fév 2009, 10:06

Une base de données israélienne secrète révèle l’ampleur de la colonisation illégale Uri Blau Ha’aretz, 30 janvier 2009

Traduction : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant
Pour une fois, des informations « explosives » n’émanent pas d’un rapport de Shalom Arshav, mais du ministère israélien de la défense lui-même. L’étendue des infractions à la loi et du caractère far-westien de l’Etat de droit en Cisjordanie y est pour la première fois révélée de source officielle. Ces informations confirment celles recueillies par l’Observatoire de la colonisation de Shalom Arshav depuis des années

Il y a tout juste quatre ans, le ministère de la défense décidait d’entreprendre ce qui paraissait une tâche élémentaire : établir une base de données exhaustive sur les colonies. Le général (réserve) Baroukh Spiegel, collaborateur de Shaul Mofaz, alors ministre de la défense, fut chargé du projet. Pendant plus de deux ans, Spiegel et son équipe, qui avaient tous signé un accord de confidentialité, récoltèrent systématiquement les chiffres, essentiellement auprès de l’Administration civile.

L’un des principaux moteurs qui expliquaient cet effort était la nécessité de disposer d’informations crédibles et accessibles pour contrer les procédures juridiques entamées par des habitants palestiniens, des organisations pour les droits de l’homme et des mouvements de gauche qui contestaient la légalité de la construction dans les colonies et l’utilisation de terres privées sur lesquelles elles étaient bâties ou s’étendaient. Ces chiffres, réunis à grand peine, furent considérés comme de la dynamite politique.

L’establishment de la défense, avec à sa tête Ehoud Barak, ministre de la défense, refusa obstinément de publier les chiffres, arguant en premier lieu que leur publication pouvait nuire à la sécurité de l’Etat ou à sa politique étrangère. Celui qui sera probablement intéressé par ces chiffres est George Mitchell, émissaire spécial du président Barack Obama au Moyen-Orient, qui est venu cette semaine en Israël pour une première visite depuis sa nomination. C’est Mitchell qui est l’auteur du rapport de 2001 qui avait conduit à la formulation de la Feuille de route, laquelle établissait un parallèle entre l’arrêt du terrorisme et l’arrêt de la construction dans les colonies.

Récemment, Ha’aretz s’est procuré cette base de données officielle, la première du genre compilée en Israël sur les territoires occupés. Ici, pour la première fois, des informations que l’Etat cachait depuis des années sont révélées. Une première analyse des données montre que, pour l’immense majorité des colonies (environ 75%), la construction a été effectuée, parfois sur une grande échelle, sans les permis requis ou en contravention avec les permis obtenus. La base de données révèle également que, dans plus de 30 colonies, d’importantes constructions d’immeubles publics et infrastructures (routes, écoles, synagogues, écoles rabbiniques et même commissariats de police) ont été effectuées en Cisjordanie sur des terres qui appartenaient à des propriétaires palestiniens privés.

Il faut souligner que ces chiffres ne concernent pas seulement les « colonies sauvages », car ces informations apparaissaient déjà dans le rapport bien connu de la procureure Talia Sasson, publié en mars 2005 [1], mais le cœur même de l’entreprise de colonisation. Parmi les colonies concernées apparaissent d’anciennes colonies idéologiques comme Alon Shvout (1970, actuellement 3 291 habitants, dont le rabbin Yoel Bin Nun), Ofra (1975, 2 708 habitants dont Yehoshua Mor Yosef, ancien porte-parole de « Yesha », le conseil représentatif des colons, et des personnalités médiatiques comme Uri Elitzur et Hagaï Segal), ainsi que Beit El (1977, population 5 308 dont Hagai Ben-Artzi, frère de Sara Netanyahou). Sont également concernées d’importantes colonies fondées principalement pour des raisons économiques, comme la ville de Modi’in Illit (1990, 36 282 hab.) ou Givat Ze’ev, proche de Jérusalem (1983, 11 139 hab.) et des colonies plus petites comme Nokdim, près de Herodion (1982, 861 habitants dont le député Avigdor Lieberman).

Les informations que contient la base de données ne sont pas conformes à la position officielle de l’Etat telle qu’elle est présentée, par exemple, sur le site web du ministère des affaires étrangères, selon lequel "les actions d’Israël relatives à l’usage ou à l’attribution de terres qu’il administre sont toutes prises en respectant totalement les règles et les normes du droit international - Israël ne réquisitionne pas de terres privées pour construire des colonies". Du fait que, dans de nombreuses colonies, c’est le gouvernement lui-même, et en premier lieu le ministère de la construction et du logement, qui a été responsable de la construction, et que les nombreuses infractions concernent des infrastructures, des routes, des bâtiments publics, etc., les données officielles démontrent également la responsabilité du gouvernement dans la planification sans aucune retenue et le non-respect de l’Etat de droit dans les territoires occupés. Par ailleurs, l’ampleur de ces infractions atteste le dysfonctionnement de l’Administration civile, organisme chargé de délivrer les permis de construire et de leur supervision dans les territoires occupés.

Selon les chiffres du Bureau central de statistiques de 2008, environ 290 000 Juifs habitent les 120 colonies « officielles » et les plusieurs dizaines de « colonies sauvages » érigées en Cisjordanie depuis 41 ans.

"Rien n’a été fait en cachette", dit Pinhas Wallerstein, directeur général du Conseil des colons (Yesha) et personnalité qui compte dans l’entreprise de colonisation. "Je ne connais pas un plan [de construction] qui n’ait été initié par le gouvernement." Selon lui, si les propriétaires des terres sur lesquelles ont été érigées les colonies se plaignent et que le tribunal reçoit leur plainte, les bâtiments de la colonie seront déplacés ailleurs : "Cela a toujours été la position de Yesha depuis des années."

On ne le dirait pas à faire un tour dans plusieurs des colonies où des constructions massives ont été effectuées sur des terres privées palestiniennes. Des quartiers entiers bâtis sans permis ou sur des terres privées font partie intégrante des colonies. Cette impression de dissonance ne fait que grandir quand on découvre que des bureaux municipaux, des commissariats de police et des casernes de pompiers sont également bâtis, et fonctionnent actuellement, sur des terres qui appartiennent à des Palestiniens.

Dans une rue de la colonie de Kokhav Ya’akov, une jeune mère conduit ses deux jeunes enfants à la maison. "J’habite ici depuis six ans", dit-elle, l’air surpris quand elle entend que le quartier tout entier est construit sur des terres privées palestinienne. "Je savais qu’il existait une petite zone controversée dans le village, mais je n’avais jamais entendu dire qu’il s’agissait de terre privée." Aurait-elle bâti sa maison ailleurs si elle l’avait sue dès le début ? "Je n’aurais jamais jeté personne hors de chez lui."

Non loin de là, dans la même colonie, sur un site pour caravanes à la fois étendu et à l’abandon, situé lui aussi sur des terres privées, un couple de jeunes mariés se dirige vers l’arrêt de bus : Aharon, 21 ans, et sa femme Elisheva, 19 ans. Bien qu’ayant grandi aux Etats-Unis et établis depuis quelques mois seulement en Israël, après qu’Aharon eut accompli son service militaire dans une unité ultra-orthodoxe du Nahal, ils parlent un hébreu presque parfait. Il étudie l’informatique à Jérusalem. A la question de savoir pourquoi ils ont choisi d’habiter cet endroit plutôt qu’un autre, ils donnent trois raisons : c’est proche de Jérusalem, bon marché et dans les territoires. Dans cet ordre.

Le couple paie son loyer, 550 shekels mensuels, au secrétariat de la colonie. En tant que nouveaux immigrants, ils sont encore exemptés de la taxe municipale (« arnona »). Aharon ne paraît pas bouleversé à l’idée que sa caravane est située sur une terre privée, et ne semble pas particulièrement intéressé : "Je me fiche de ce que dit l’Etat, la Torah dit que toute la Terre d’Israël nous appartient." Et qu’arrivera-t-il si on leur demande de déménager sur une terre non privée ? "Nous déménagerons", dit-il sans hésiter.

Un « problème compliqué »

Aujourd’hui encore, plus de deux ans après en avoir terminé avec son rôle officiel, Baroukh Spiegel demeure loyal à l’establishment militaire. Au cours d’un entretien, il rappelle plusieurs fois qu’il a signé un accord de confidentialité, de sorte qu’il ne souhaite pas entrer dans les détails de son travail. Il a été chargé par Shaul Mofaz de traiter des questions sur lesquelles Israël s’était engagé auprès des Etats-Unis, dont l’amélioration des conditions de vie des Palestiniens affectées par le mur de séparation, et de la supervision des soldats israéliens aux check points.

Il y a deux ans, le journaliste d’Ha’aretz Amos Harel avait révélé que la tâche essentielle confiée à Spiegel était d’établir et de maintenir à jour une base de données sur l’entreprise de colonisation [2] Cela s’était produit devant l’évidence que les Etats-Unis, ainsi que l’Observatoire de la colonisation de Shalom Arshav [3] , étaient en possession d’informations beaucoup plus précises sur la construction dans les colonies que celles dont disposait l’establishment de la défense, qui jusqu’alors s’en était remis essentiellement aux informations transmises par les inspecteurs de l’Administration civile. L’ancienne base de données avait de nombreuses failles qui découlaient en grande partie du fait que l’establishment préférait ne pas savoir précisément ce qui se passait dans cette zone.

La base de donnée de Spiegel contient des informations écrites étayées par des photos aériennes et des données obtenues par GIS (Geographic Information Systems), qui concernent le statut des terres et les limites officielles de chacune des colonies. Spiegel : "Le travail a pris deux ans et demi. Il a été effectué afin de vérifier le statut des colonies et des avant-postes [4], et de parvenir à la plus grande exactitude possible : statut de la terre, statut juridique, limites, plan de construction, décisions gouvernementales, terres dont la propriété est douteuse. Il s’agit d’un travail professionnel à plein temps, qui a requis des juristes et des experts en planification et en GIS. J’espère que ce travail se poursuivra, parce que c’est absolument vital. Il faut savoir ce qui se passe là-bas pour prendre des décisions en conséquence."]

Q. Qui garde la trace de tout cela aujourd’hui ?

« Je suppose que c’est l’Administration civile. »

Q. Pourquoi n’existait-il pas de base de données comparable avant votre nomination ?

« J’ignore s’il y a eu un grand intérêt autour de cela. »

Q. Pourquoi, à votre avis, l’Etat ne publie-t-il pas ces informations ?

« C’est un sujet sensible et complexe, et il y a toutes sortes de considérations politiques et liées à la sécurité. Il y a eu des questions sur le droit du public à savoir, la loi de la liberté de l’information. Il faudrait s’adresser aux officiels chargés du dossier. »

Q. Quels sont ces sujets sensibles ?

« Ce n’est pas un secret qu’il y a eu des infractions, qu’il y a eu de problèmes liés à la terre, c’est un problème compliqué. »

Q. Y a-t-il aussi un problème pour l’image du pays ?

"Je ne m’occupe pas d’image. J’ai entrepris un travail de Sisyphe pour, avant toute chose, garantir qu’on sache ce qui existe, ce qui est légal et illégal, et le degré d’illégalité, que cela concerne la confiscation de terres palestiniennes ou le processus d’obtention des permis de construire. Notre travail a consisté en un recensement méticuleux de ce qui se passait dans les colonies et les avant-postes qui existaient alors. Nous avons trouvé ce que nous avons trouvé, et nous l’avons transmis."

Q. Pensez-vous que ces informations doivent être publiées ?

« Je pense qu’ils ont déjà décidé d’en publier la partie la plus simple, qui concerne les zones de juridiction. Il y a des choses plus sensibles. Ce n’est pas un secret qu’il y a des problèmes. On ne peut pas faire quelque chose d’illégal et dire que c’est légal. Je ne peux pas m’étendre, car je suis toujours tenu à la confidentialité. »

Dror Etkes, ancien coordinateur de l’Observatoire de la colonisation de Shalom Arshav, et qui dirige actuellement le projet pour la défense des terres au sein de l’organisation Yesh Din : "Le refus persistant du gouvernement de révéler ces données sous prétexte de raisons de sécurité constitue un exemple supplémentaire de la manière dont l’Etat abuse de son autorité pour réduire l’information dont disposent ses citoyens. Ils veulent formuler des positions intelligentes fondées sur des faits et non sur des mensonges et des semi-vérités."

A la suite de ces premières révélations, le Mouvement pour la liberté de l’information et Shalom Arshav ont exigé du ministère de la défense qu’il publie cette base de données, en conformité avec la loi pour la liberté de l’information. Le ministère a refusé. "Il s’agit d’une base de données informatisée qui contient des informations détaillées et croisées sur les colonies juives en Judée et Samarie (Cisjordanie)", a répondu le ministère. "Les données ont été réunies par le ministère pour ses besoins propres et contiennent des informations sensibles. Il a été demandé au ministère de permettre d’accéder à ces données, en conformité avec la loi pour la liberté de l’information. Après avoir étudié cette demande, il a décidé de ne pas remettre ces informations. L’affaire est en cours et fait l’objet d’une procédure auprès du tribunal civil de Tel Aviv."

Ofra, Elon Moreh, Beit El

La base de données passe en revue chaque colonie par ordre alphabétique. Chaque entrée précise l’origine du nom de la colonie, sa forme (urbaine, village, conseil local, mochav, kibboutz), son affiliation à une organisation (Herout, Amana, Takam, etc.), le nombre d’habitants, les décisions gouvernementales qui l’ont concernée, l’organisme officiel auqueli la terre a été remise, le statut juridique de la terre sur laquelle la colonie a été construite (terre d’Etat, terre privée palestinienne ou juive, etc. [5], une revue des avant-postes illégaux situés à proximité, et dans quelle mesure les plans de construction validés ont été exécutés. Sous chaque entrée, soulignée en rouge, on trouve une information sur l’étendue de la construction effectuée sans autorisation et sa localisation exacte dans la colonie.

Parmi les révélations que contient cette base de données officielle, il est particulièrement fascinant de voir ce qui est écrit sur Ofra, une colonie de la première heure de Goush Emounim. D’après un récent rapport de B’Tselem, la plupart des zones développées des colonies sont situées sur des terres palestiniennes privées, et font ainsi partie de la catégorie des avant-postes illégaux destinés à être évacués. Le Conseil Yesha a réagi au rapport de B’Tselem en affirmant que les « faits » contenus dans le rapport étaient "totalement infondés et destinés à présenter une image biaisée. Les habitants d’Ofra font attention aux droits des propriétaires arabes, avec lesquels ils sont parvenus à un accord concernant la construction des quartiers ainsi qu’à un accord qui permet aux propriétaires privés de continuer à cultiver leurs terres."

Mais les informations sur Ofra contenues dans la base de données ne laissent planer aucun doute : "La colonie n’est pas conforme aux plans de construction validés. La plupart des bâtiments de la communauté se trouvent sur des terres privées enregistrées comme telles, sans aucune base juridique, et sans possibilité de les convertir en terres à usage non-privé." La base de données donne également une description détaillée des endroits où des constructions ont été effectuées sans permis : "La partie d’origine de la colonie comprend plus de 200 bâtiments résidentiels en dur, des bâtiments agricoles, publics, des lots, des routes et des serres, tous soumis à un plan maître mais non avancés pour cause de propriété douteuse." Après avoir mentionné la présence de 75 caravanes et d’abris provisoires situés dans cette colonie, la base de données mentionne le quartier de Ramat Tzvi, au sud de la colonie d’origine : "Il y a environ 200 bâtiments en dur ainsi que des lots en train d’être viabilisés en vue d’une future construction, le tout sur des terres privées." Danny Dayan, président de Yesha, réagit en disant : "Je ne suis pas au courant de ces informations."

Autre endroit où la base de données révèle des constructions illégales ; Elon Moreh, l’une des colonies les célèbres de Cisjordanie. En juin 1979, plusieurs habitants du village de Rujib, au sud-est de Naplouse, avaient saisi la Haute cour, lui demandant d’annuler le décret d’affectation de
5 000 dounam de terres qui leur appartenaient, destinés à bâtir dans la colonie. Devant la cour, le gouvernement argua du fait, comme il le faisait régulièrement à cette époque, que la construction de la colonie était nécessaire pour des raisons de sécurité. Mais dans une déclaration en faveur des requérants palestiniens, l’ancien chef d’état-major Haïm Bar-Lev affirma : "En tant que professionnel, mon analyse est qu’Elon Moreh ne contribue pas à la sécurité de l’Etat d’Israël." [6]

La Haute cour, se fondant sur ce témoignage ainsi que sur ceux des premiers colons, qui affirmaient eux aussi qu’il ne s’agissait pas d’une colonie provisoire établie pour raisons de sécurité mais bien d’une colonie permanente, ordonna à l’armée d’évacuer la colonie et de rendre les terres à leurs propriétaires. La conséquence immédiate de cette décision fut de trouver un autre site pour la construction de la colonie, sur des terres préalablement définies comme « terres d’Etat ». A la suite de cette décision, Israël arrêta officiellement d’invoquer des raisons de sécurité pour établir de nouvelles colonies dans les territoires occupés.

Les terres qui avaient été confisquées pour y construire Elon Moreh furent rendues à leurs propriétaires palestiniens, mais selon la base de données, sur le nouveau site aussi, où la colonie fut construite, site nommé Har Kabir, "la plus grande partie de la construction a été effectuée sans permis ni plan détaillé, et certaines des constructions mordaient sur des terres privées. Quant aux terres d’Etat dans la colonie, un plan détaillé fut préparé et publié le 16 juillet 1999. Il n’est jamais entré en application."

Le conseil régional de Samarie, où se trouve Elon Moreh, a réagi en disant : "Tous les quartiers de la colonie ont été planifiés, et quelques-uns construits, par l’Etat d’Israël par l’intermédiaire du ministère du logement. Les habitants d’Elon Moreh n’ont commis aucune infraction, et toute allégation de ce type est totalement fausse. L’Etat d’Israël est responsable de la promotion et de l’approbation des plans de construction, dans la colonie comme partout ailleurs dans le pays. Quant aux plans qui n’auraient pas encore été validés, ce qui est le cas dans de nombreux villages partout en Israël où le processus peut durer des dizaines d’années, cela ne retarde pas l’exécution des plans, même s’ils ne sont pas finalisés."

Selon la base de données, Beit El, autre colonie ancienne, a été elle aussi établie sur des "terres privées saisies pour raisons militaires" (...) D’après des données officielles, la construction effectuée à Beit El en l’absence de plans comprend les bâtiments qui abritent les bureaux du conseil municipal et le "quartier nord (Beit El 2) qui a été bâti pour sa plus grande part sur des terres privées. Ce quartier comprend de très nombreux bâtiments publics et de nouvelles routes circulaires. Le quartier nord (entre Jabal Artis et l’ancienne partie de la colonie), comprend environ 20 immeubles résidentiels, des bâtiments publics (dont une école), 40 caravanes et une zone industrielle. La totalité de l’ensemble se situe sur des terres privées, et ne dispose d’aucun plan qui lui soit affecté."

Moshe Rosenbaum, qui préside le conseil local, réagit : "Malheureusement, vous coopérez avec les pires ennemis d’Israël et causez d’immenses dommages au pays tout entier."

« Un énorme bluff »

Ron Nahman, maire d’Ariel, a été réélu pour un sixième mandat aux dernières élections. Nahman habite depuis longtemps les territoires occupés et dirige une ville d’une hétérogénéité étonnante. Entre une visite à un site de caravanes qui abrite des évacués de Netzarim et un arrêt à un magasin qui vend du porc et d’autres produits non kasher, essentiellement à l’importante population russophone de la ville, Nahman se plaint de l’arrêt de la construction dans sa ville et des combats avec l’Administration civile pour chaque permis de construire.

Le Collège d’Ariel, orgueil de Nahman, figure lui aussi dans la base de données : "La zone sur laquelle le Collège d’Ariel a été construit ne suit aucune règle en termes de planification." Il y est expliqué plus bas que l’institution est située sur deux plots distincts, et que le nouveau plan n’a pas encore été débattu. Nahman confirme, mais affirme que le problème du plan vient d’être résolu.

Quand on lui dit que plusieurs dizaines de colonies comprennent des constructions sur des terres privées, il n’est pas surpris : "C’est possible", dit-il. Le fait que dans les trois quarts des colonies, il y a eu des constructions qui ont dévié des plans autorisés ne le surprend pas davantage : "Toutes les plaintes doivent être adressées au gouvernement, pas à nous. Les petites colonies ont été planifiées par l’administration de la construction rurale du ministère du logement. Les plus grandes sont planifiées par des bureaux du ministère. C’est le gouvernement tout entier. Parfois, c’est le ministère du logement qui prend en charge le budget, quand la construction est hors budget. Dans d’autres cas, l’Etat paie une partie des coûts de développement et le reste est à la charge des individus. Tout ça, c’est un énorme bluff. C’est moi qui ai planifié les colonies ? Non, c’est Sharon, Rabin, Golda, Dayan."

La base de données fournit des informations qui attestent une planification chaotique. Par exemple, une tentative de déterminer le statut de la terre de la colonie Argaman, dans la Vallée du Jourdain, a révélé que "la communauté était apparemment établie sur la base d’un décret de confiscation dont la localisation n’était pas précisée." Sur Mavo Horon, la base de données dit : "La colonie a été construite sans décision gouvernementale sur des terres pour la plupart privées, à l’intérieur d’une zone fermée dans l’enclave de Latroun. La zone a été affectée à la WZO (Organisation sioniste mondiale) à partir de 1995, cette affectation constituant un abus d’autorité, apparemment sur directive politique." Dans la colonie de Tekoa, des caravanes ont été louées à l’armée et installées en contradiction avec la désignation d’origine de la zone, et parfois en-dehors des limites géographiques du plan.

La plus grande partie de la Cisjordanie n’a pas été annexée à Israël. En conséquence, les règlements qui gouvernent l’établissement et la construction de villages diffèrent de ceux qui s’appliquent en Israël per se. Le rapport Sasson, qui traitait des avant-postes illégaux, se fondait en partie sur les données réunies par Spiegel, et listait les critères nécessaires à la création d’une nouvelle colonie en territoire occupé : 1. Le gouvernement israélien publie une décision de créer la colonie. 2. La colonie a une zone juridictionnelle définie. 3. La colonie a un plan détaillé et approuvé. 4. La colonie se situe sur une terre d’Etat ou sur une terre achetée par des Israéliens et enregistrée sous leur nom au cadastre.

Selon la base de données, l’Etat a donné à la WZO et/ou au ministère de la construction et du logement l’autorisation de planifier et de bâtir sur la plupart des territoires sur lesquels les colonies sont construites. Ces organismes ont alloué la terre à ceux qui ont fini par effectuer la construction dans la colonie. Parfois, il s’est agi du département colonisation de la WZO, d’autres fois du ministère de la construction et du logement. Dans plusieurs cas, des colonies ont été construites par Amana, le bras armé de la colonisation de Goush Emounim. Un autre organisme est cité pour avoir bénéficié de lots et de la responsabilité de la construction de colonies : le Fonds national des colons de Goush Emounim.

Talmud Torah

Des écoles, laïques ou religieuses (Talmudei Torah) ont été elles aussi construites sur des terres palestiniennes. D’après la base de données, dans la partie sud de la colonie d’Ateret, "15 bâtiments ont été construits en dehors des terres d’Etat, utilisés par la yeshiva Kinor David (« violon de David »). Il y a également de nouvelles routes de contournement et une zone spéciale de sécurité, illégale." Kinor David est le nom d’une yeshiva à filière musicale. Le signe à l’entrée indique que la yeshiva a été construite par Amana, le conseil régional et le département colonisation de la WZO.

Dans le cas de Michmash, il est également très clair qu’une partie de la colonie a été construite sur "des terres privées par le moyen de la fraude". Par exemple, "au centre de la colonie (près du portail d’entrée principal) se trouvent un quartier de caravanes qui sert de Talmud Torah et d’autres bâtiments (dont 30 caravanes) sur des terres privées."

Un après-midi d’hiver, une bande de gosses jouaient là, l’un d’entre eux portant un T-shirt où était écrit : « Nous ne pardonnerons pas et nous nous n’oublierons pas ». Pas d’enseignant alentour. Une jeune femme en pantalons conduisait son bébé chez le médecin et prit un moment pour bavarder. Elle avait déménagé là d’Ashkelon parce que les parents de son mari sont parmi les fondateurs de la colonie. Quand son fils aura suffisamment grandi pour entrer à la maternelle, elle ne l’enverra pas au Talmud Torah. Non pas parce que l’institution se trouve sur une terre privée, mais seulement parce que ce n’est pas le type d’éducation qu’elle souhaite pour lui : ["Je ne pense pas qu’il y ait eu des constructions sur des terres privées par ici, mais je ne pense pas non plus qu’il devrait y en avoir."

Dans la colonie de Psagot, où il y a eu bon nombre de constructions sur des terres privées, il est facile de reconnaître le style en terrasses typique de l’agriculture palestinienne dans la région. Selon la base de données, il y a à Psagot "des bâtiments agricoles (un établissement vinicole et des entrepôts) à l’est de la colonie, proches des vignobles cultivés par les colons en fraude. ". Lors d’une visite, l’établissement vinicole était à l’abandon. Son propriétaire, Yaakov Berg a acquis la terre auprès de l’Administration israélienne des terres près de l’avant-poste de Migron, où un nouvel établissement vinicole et un centre touristique sont actuellement en construction.

"Les vignes sont situées à Psagot"°, dit Berg, occupé aux préparatifs du nouveau site. Depuis le point d’observation, on aperçoit une énorme carrière à flanc de montagne. "Si je construisais ici une salle de bain sans permis, j’aurais dans le quart d’heure un hélicoptère de l’Administration civile me disant que c’est interdit", se plaint-il. "Et ici même, il y a une carrière palestinienne légale qui continue à fonctionner."

Ce sont les politiques qui l’on fait

Kobi Bleich, porte-parole du ministère de la construction et du logement : "Le ministère participe au financement des coûts de développement des colonies dans la zone A, en conformité avec les décisions du gouvernement israélien. Les travaux de développement sont effectués par les conseils régionaux, et seulement après que le ministère s’est assuré que le nouveau quartier est bien inclus dans un plan d’urbanisation autorisé. Cela s’applique partout en Israël aussi bien qu’au-delà de la ligne Verte. Je souligne que les fonctionnaires du ministère sont chargés de faire appliquer la politique du gouvernement. Toutes les actions passées ont été faites en conformité avec les décisions du pouvoir politique."

Danny Poleg, porte-parole du district Judée-Samarie (Cisjordanie) de la police : "La question de la construction des bâtiments de police est de la responsabilité du ministère de la sécurité intérieure, toutes vos questions doivent lui être adressées."

Réaction du porte-parole du ministère de la sécurité intérieure : "La construction de commissariats de police est décidée par l’Administration des terres en coordination avec le ministère de la sécurité intérieure. Il n’y a pas de commissariat à Modi’n Illit, mais seulement un poste de réaction rapide pour les habitants, sur une terre allouée par l’autorité locale. La terre à Giv’at Ze’ev a été allouée par le conseil local et le commissariat se situe à l’intérieur de la municipalité. La route qui mène au QG de la police a été construite par le ministère de la construction et du logement. Sa maintenance est effectuée par le conseil local."

Avi Roeh, président du conseil régional de Mateh Binyamin (qui a sous sa juridiction les colonies d’Ofra, Kokhav Yaakov, Ateret, Ma’aleh Michmash et Psagot) : "Le conseil régional de Mateh Binyamin, comme les conseils voisins en Judée et Samarie (Cisjordanie), traite de décisions politiques concernant l’expansion des colonies. Néanmoins, cela n’exclut pas la nécessité de procédures de planification adéquates, de manière à développer les colonies de façon organisée et en accord avec la loi."

Pour toute réponse, la WZO a envoyé un épais livret, dont une copie avait déjà été envoyée à la procureure Talia Sasson à la suite de son rapport. (...)

L’Administration civile, la première dont la réaction a été demandée concernant la base de données, il y a plus d’un mois, n’a pas encore répondu.

[1] Nous avons publié de nombreux articles sur le rapport Sasson. Voir par exemple "Comment les colons se moquent de la loi dans l’avant-poste de la démocratie au Moyen-Orient", par Dror Etkes
[2] Voir "Croissance des colonies sur des terres arabes malgré les promesses aux Etats-Unis" . Cela s’était produit devant l’évidence que les Etats-Unis, ainsi que l’Observatoire de la colonisation de Shalom Arshav (Voir "Les terres volées aux Palestiniens : Rapport de Shalom Arshav sur la construction des colonies sur des terres privées palestiniennes"
[3] Sur la distinction entre « avant-postes » (ou colonies sauvages) et les autres colonies, voir Dror Etkes : "Avant-postes ou nouvelles colonies ? "
[4] Ces différents statuts juridiques sont étudiés dans l’article de Dror Etkes cité précédemment : http://www.lapaixmaintenant.org/article1451
[5] Le cas d’Elon Moreh est analysé également dans l’article cité plus haut http://www.lapaixmaintenant.org/article1451
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