Quelques notes sur l’insurrection professorale en cours au Mexique
Depuis un peu plus de deux mois, se développe au Mexique un mouvement de lutte chaque fois plus ample et plus déterminé au sein du professorat mexicain, en rejet de la « réforme éducative » que compte mettre en œuvre le gouvernement priiste néo-libéral d’Enrique Peña Nieto.
La « réforme éducative », annoncée par Peña Nieto dans son discours d’investiture le 1er décembre 2012 dernier, et mise en branle à peine une dizaine de jours plus tard, compte procéder à la modification de 2 articles de la constitution mexicaine, l‘article 3 et l’article 73, afin de transformer l’organisation de l’éducation au Mexique d’un modèle corporatiste, issu des années post-révolutionnaires mexicaines, où les syndicats jouaient un rôle central dans la définition de l’organisation des métiers (avec tout ce que cela peut également impliquer en terme de corruption et de clientélisme), à un modèle néo-libéral, fondé sur des préceptes d’administration et de gestion du personnel issu du monde privé connus sous le nom générique de « gestion de la qualité totale » (Total Quality Management, TQM en anglais).
Cette nouvelle procédure de supervision, devant remplacer la traditionnelle négociation syndicale de mise dans les systèmes corporatistes par l’évaluation informatisée des « compétences », vise à terme à fomenter la redistribution des ressources économiques allouées au secteur éducatif en fonction des « performances » obtenues par les établissements et les maîtres d’école (indépendamment, évidemment, du contexte social d’origine, totalement nié par le modèle social néolibéral). Il vise également à ouvrir le système éducatif aux acteurs privés, censés être plus « compétitifs », ainsi qu’à normaliser au sein du système éducatif les « compétences » nécessaires à l’intégration au sein du marché du travail mondial.
En Amérique latine, c’est tout d’abord au Chili que ce modèle a été appliqué dans les années 80 par les maîtres à penser néo-libéraux, avant d’être peu à peu imposés aux différents pays du continent au travers de différents think-tank et des pressions exercées par les institutions internationales : FMI, BID, ou Banque Mondiale… (lire l’article Las reformas educativas neoliberales en Latinoamérica, López Guerra, S. y Flores, M. , 2006 : http://redie.uabc.mx/vol8no1/contenido-lopez.html ).
Au Mexique, c’est l’OCDE (dont le secrétaire général est actuellement José Ángel Gurría, un priiste néo-libéral mexicain) qui s’est tout particulièrement chargé durant les dernières années, de concocter les réformes jugées nécessaires à une relance de la compétitivité et de « l’attractivité économique » du pays. « Le Mexique nécessite des réformes éducatives pour être compétitif », préconisait déjà en 2011 l’organisme basé dans le 16e arrondissement parisien (http://mexico.cnn.com/nacional/2011/02/ ... ce-la-ocde). … /…
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