Le mali sur une poudrière

Re: LE MALI SUR UNE POUDRIERE

Messagede Nyark nyark » 29 Jan 2013, 20:26

09h15 le neuf-quinze
On a gagné, rien n'est gagné

Tombouctou après Gao, et déjà monte de l'éditocratie inspirée une clameur diffuse: c'est trop facile ! Cette campagne éclair du désert, sans tirer un coup de feu, ces populations en liesse, ces voiles que les femmes retirent devant les caméras, ces cigarettes que l'on brandit en trophées de victoire: vraiment, c'est trop facile. Porté en triomphe (1) la semaine dernière par les éditorialistes, Hollande est aujourd'hui à deux doigts de l'accusation infâmante d'avoir remporté une victoire trop rapide. Ah, parlez-nous de combats sanglants, d'embuscades à l'afghane, de cercueils qui reviennent: voilà de la guerre, de la vraie, comme on l'espérait sourdement au lever de rideau. Ce que résument les Guignols, en ricanant que Hollande a inventé "la guerre molle".

Aussi se développent toutes sortes de spéculations, sur les islamistes, qui n'attendraient que l'heure de leur revanche. Sous deux formes. Soit, ils se sont "fondus" dans la population. Rien de plus facile pour un islamiste que de se "fondre": on se rase la barbe, on adopte un boubou civil, et voilà. On est tout prêt à l'attentat suicide, au carnage inattendu. L'ennemi "fondu" dans la population, sollicite une très ancienne mythologie, celle de la "cinquième colonne". Seconde hypothèse: ils se sont retirés dans leurs "sanctuaires" montagneux du désert, et ne guettent que l'occasion de frapper la France, en traître, à l'instant où elle s'y attendra le moins. Mais il va alors falloir aller "les déloger".

La situation paradoxale, c'est que les deux messages contradictoires qui forment cette musique d'ambiance, et se neutralisent l'un l'autre (on a gagné, rien n'est gagné) proviennent de la même source: l'Armée française. C'est l'Armée, à Gao et Tombouctou, qui embedde France 2 pour envoyer en France les images de triomphe (2). Et c'est l'Etat-major qui, contredisant semble-t-il le message triomphaliste du chef des Armées, sussure avec obstination que rien n'est gagné.

Évidemment, les choses sont complexes. De tous côtés, d'ailleurs. Du côté de la France, comme de celui de "l'ennemi". Il est excellent que certains journalistes accueillent avec un certain recul les images de triomphe que diffusent les embeddés de la télévision publique. Mais sans doute serait-il tout aussi nécessaire de postuler, aussi, que l'Etat-major lui-même n'est pas omniscient. Outre que ceux que l'on appelle "les islamistes" sont divisés en groupements politiques distincts, aux stratégies divergentes (voir notre émission) (3), il est fort probable que AQMI lui-même, comme sa maison mère Al Qaida, ne soit pas une entité, dotée d'un cerveau unique, de stratégies précises, de cartes d'adhérents, et de cotisations annuelles. Et plus vraisemblable qu'il s'agisse d'une nébuleuse, une franchise, un label, aux contours mouvants, aux motivations et aux modes d'action variés en fonction des cellules locales, et dont les combattants et les collaborateurs forment une une galaxie passant par toutes les nuances du gris. Mais il est vrai qu'il est plus simple de raisonner sur des entités, bien plus faciles à "détruire", pour reprendre le mot du chef des Armées.

(1) http://www.arretsurimages.net/contenu.php?id=5547

(2) http://www.arretsurimages.net/contenu.php?id=5565

(3) http://www.arretsurimages.net/contenu.php?id=5533

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La religion est la forme la plus achevée du mépris (Raoul Vaneigem)
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Re: LE MALI SUR UNE POUDRIERE

Messagede ivo » 30 Jan 2013, 09:06

résumé

Des militaires français ont pris position dans la nuit de mardi à mercredi sur l'aéroport de Kidal. Troisième centre régional du Nord du Mali, Kidal avait été la première ville conquise par les rebelles touareg et les groupes islamistes en mars 2012.
...
Selon une source de sécurité malienne, les principaux responsables des groupes islamistes, se sont réfugiés dans les montagnes près de la frontière algérienne.




En pleine guerre au Mali, l'armée de Terre recrute
fr info
L'armée de Terre vient de lancer une nouvelle campagne de recrutement. Dans des spots télévisés, sur des affiches, elle annonce embaucher 10.000 jeunes cette année. Cette campagne a débuté il y a un peu plus d'une semaine. Hasard du calendrier, elle a commencé juste avant l'intervention française au Mali. Une coïncidence favorable à l'armée qui affirme que les demandes sont deux fois plus nombreuses que lors des précédentes campagnes.

Image
'affiche de la campagne de recrutement de l'armée de Terre

Reportage dans un centre de recrutement de l'armée de Terre : Anne Lamotte

Depuis le début de la campagne il y a dix jours, ce sont 1.500 candidatures qui auraient été reçues. Beaucoup plus que d'habitude. "On a entre 30.000 et 50.000 visiteurs sur les sites et derrière plusieurs centaines de candidatures", confirme le général de brigade Benoît Royal, le sous-directeur de l'armée de Terre.

Selon lui, la guerre au Mali est une "heureuse coïncidence, un accélérateur". Mais ce n'est pas un déclencheur. Selon les conseillers en recrutement du centre de Versailles, la guerre au Mali n'est pas pour l'instant à l'origine de vocations soudaines mais elle peut favoriser la candidature de certains jeunes.

L'été dernier, l'annonce du retrait des troupes françaises d'Afghanistan avait eu l'effet inverse. Les centres de recrutement de l'armée de Terre avaient vu leur fréquentation baisser.


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Re: LE MALI SUR UNE POUDRIERE

Messagede ivo » 30 Jan 2013, 12:33

résumé

Kidal, la troisième grande ville au nord du Mali, est tombée mercredi aux mains des troupes françaises, a annoncé un officier français.
...
Cette nouvelle conquête des militaires français peut surprendre dans la mesure où elle intervient alors que François Hollande parlait mardi de passer le relais aux Africains pour la suite de la conquête du nord du Mali.
...
C'est peut-être grâce à l'aide des Touaregs que l'armée française est parvenue jusqu'à Kidal.
Mieux valait pour les dissidents touaregs, en lutte de longue date avec l'armée malienne, que les Français soient présents pour libérer Kidal. Les hommes bleus du désert craignant des représailles de la part des soldats maliens s'ils étaient entrés seuls dans la ville.

Image
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Re: LE MALI SUR UNE POUDRIERE

Messagede DjurDjura » 30 Jan 2013, 14:46

samedi 26 janvier 2013
par Masin





Du Sahel convoité : de l’offensive galopante de l'impérialisme et du desaroi des berberes
La France "socialiste" vient de s’engager militairement pour reconquérir territorialement un Mali qui n’a pas de sens. Bamako et Tombouctou n’ayant pas de dénominateur commun, la métropole (et c’est ainsi qu’il faut appeler la France), opte pour une nouvelle guerre de conquête.

Cela faisait belle lurette que la région du Sahel ne faisait plus l’objet d’aucun intérêt tant économique que sur le plan civilisation. En apparence seulement car en réalité cette région regorge de matières indispensables dont sont friandes les économies occidentales. Voila pourquoi la France, après avoir pris la précaution d’être soutenue diplomatiquement, cherche à y maintenir sa mainmise. Quitte à y provoquer un chao social, comme le firent les USA-UK en Irak.

Le partage du monde n’est pas tant en soi un renouveau. Nous constatons une simple mise à jour d’une partition de la planète, s’opérant bon gré mal gré suite aux décolonisations.
Les grands ensembles se requinquent et se remoulent, se croisent et s’entrecroisent.
Tout comme le coup de l’éventail, le prétexte de nettoyer le pays touareg de l’intégrisme est bien commode. On n’est là plus très loin de "l’action civilisatrice" de la France. La présente innovation parisienne est cependant aussi invariable et hideuse que les précédentes.
Les Berbères sont une nouvelle fois laissés pour compte. Cela se passe chez eux.
Chez nous je devrais dire.



Image

Une femme touarègue avec ses enfants dans l’Azawad.
Photo : Ferhat Bouda


Que veut la France au Sahel ?

Parmi les questions que l’on se pose, celle-ci, paraitrait saugrenue au seuil du 3ème millénaire : "Mais que fait donc la France au Sahel ?" La réponse est limpide et unique : les richesses de son sous-sol bien sûr.

Les tréfonds Sahéliens font partie des plus riches du continent africain : pierres précieuses, matières fossiles, marbre, granit, lithium, fer, étain, zinc, uranium.

La région de Gao (Tilemsi notamment) et l’Adrar des Iforas ne sont pas encore exploités (bois silicifiés, quartz, carbonates, phosphates, pétrole, or...).

L’Aïr (Niger) voisin est une véritable poule aux œufs d’or pour le nucléaire français : 33% de l’uranium alimentant les centrales nucléaires de la métropole provient du Niger.
La mine d’Arlit qui se trouve toute proche de la frontière de l’Azawad est au centre des convoitises. C’est l’une des plus importantes de la planète. En attendant, l’entreprise française Areva pollue allégrement les populations des environs (voir notamment les alertes de Greenpeace).
En 2015, une usine toute proche (imoqabin) devrait être mise en service : elle sera, selon les experts, la deuxième mine d’uranium à ciel ouvert au monde !


Image
La ceinture sahélienne utile s’étend de l’Atlantique à la mer rouge (du Sénégal à Djibouti.). On comprend mieux l’intervention des troupes françaises pour les dividendes d’Areva (et de bien d’autres).



Ces éclairages permettent de comprendre le haut intérêt qu’ont les groupes compradores français sur cette région. Il a fallu faire appel à l’Etat français et à son armée en vue de se réapproprier cet espace.
Le côté diplomatique ne fut pas en reste : vaine mobilisation de la Cédéao et de l’Algérie par exemple. Le conseil de sécurité de l’ONU a apporté sa caution, mais du bout des lèvres seulement : il s’agit de laisser à la France sa chasse gardée. Temporairement en attendant la poursuite de son déclin.

Pour la première fois depuis 50 ans, la république réinvente la guerre coloniale puisque ses soldats sont aux premières lignes face aux hostilités du terrain. Tous les moyens sont mis en branle : aviation, chars…

Comme alliés, on retrouve les sempiternelles "armées" africaines, faibles, non aguerries ni motivées telles que la nigériane ou l’ivoirienne ou encore… la malienne.
Connues pour leurs habitudes sulfureuses, leurs expéditions punitives et autres viols et saccages, les médias aux ordres chanteront les dérapages induits. Le gouvernement devra couvrir à terme toutes les outrances.
La république n’appartient qu’au peuple en théorie, mais ses appareils répressifs et notamment militaires servent de plus en plus des intérêts non avoués. L’hypothèse est particulièrement valide en ce qui concerne l’invasion française du Sahel.

"Notre" ministre des affaires étrangères devra assurément ravaler à maintes fois sa salive avant de trouver les mots face aux exactions punitives et gratuites menées envers les autochtones Touaregs. Alpaguée par les droits fondamentaux, la Françafrique fait fi des réprobations légitimes. Rappelons que les soldats français combattent aux côtés de l’armée malienne qui est dirigée par un putschiste qui a déposé son président démocratiquement élu.

La république de la France (qu’elle soit issue de la droite ou de la gauche) est à ce point aux ordres des entreprises anthropophages qu’elle est devenue une serpillère de service prête à l’emploi instantané. Aux intérêts non avoués bien entendu. Mitterrand ne disait-il pas qu’il serait le dernier président avant les ordres des comptables ? Il inaugurera en fait cette nouvelle ère des présidents toutous : le présent Hollande ne déroge pas à cette règle. Au contraire il la renforce.

Qu’est ce qui a changé depuis un an ?

Authentique et historiquement inattendu, le mouvement indépendantiste touareg s’est affirmé il y a tout juste un an. Le MNLA (Mouvement National de Libération de l’Azawad) chasse sans coup férir l’armée malienne de son territoire ancestral : l’Azawad berbère.
L’immensité territoriale regroupe les trois régions du Nord symbolisées par les villes de Gao, Kidal et Tombouctou.Intrinsèquement démocrate, laïc et national, ce mouvement a reçu le soutien appuyé des Berbères de Kabylie, du Maroc, des Iles Canaries, de diaspora notamment en France…
Tout comme l’appui affirmé des Catalans (on remarquera l’ouverture des chaines barcelonaises à la cause touarègue). Les Bretons avec des moyens moindres ne furent pas du reste.

Mais les métropoles coloniales ont fait grise mine.

La revendication d’un État sahélien par les Touaregs est ancienne. Plusieurs révoltes eurent effectivement eu lieu : 1963, 1991, 2006 puis 2012 avec la reconquête de l’Azawad par le MNLA.

Cet agencement touareg démocratique, de surplus laïc gène assurément la Françafrique : à méditer.

Faute de pouvoir affronter ouvertement la mouvance révolutionnaire du MNLA, on a eu recours aux méthodes algériennes : pourrir la soif de liberté par le salafisme. Les mouvances Djihadistes furent en conséquence dopées en quelques mois.

Misérable il y a un an, Ansar-Dine (Aqmi local) ou l’inexistant MUJAO (Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest) font aujourd’hui la loi en l’Azawad.

D’où viennent leurs ascensions ? Ou plus prosaïquement… Où est l’erreur ?

La France obéit aux lois des financiers et se soumet aux petits richissimes comme les maitres du Qatar. Paris a aiguisé l’appétit de ce petit ogre : acquisition importante de fonds du CAC 40 (France télécom, Lagardère, LVMH, Total,…).
Soit déjà plus de 6 milliards d’euros. Un chiffre à donner le tournis.

En parallèle, le Qatar travaille les banlieues et … en Afrique du Nord. Mais centrons-nous plutôt sur l’Azawad :

Le Qatar a procédé à une aide très importante aux islamistes (armes de guerre, matériel médical, etc.). Ouvertement et sans opposition à vrai dire.
Tandis que le MNLA se démène à réparer ses vieux pickup et à chercher du ravitaillement (carburant,…), les djihadistes du MUJAO disposent de tout ce dont ils ont besoin. C’est que le donateur qatari est très généreux à leur égard.

Les chameaux ont ainsi été remplacés par les 4X4 et autres pickup. L’envers du décor vint rapidement : l’hégémonie des islamistes s’installe dans les villes de Gao, Kidal et Tombouctou.
Comment expliquer qu’une organisation fantomatique telle que le MUJAO passe en quelques mois du caractère confidentiel en un monstre semant la terreur dans l’Azawad ?

Trois phénomènes se sont conjugués :

- Il y a d’abord l’aide faramineuse du Qatar octroyée à ce groupe. Au vu et au su des parties prenantes telles que la France ou l’Algérie. Aucun de ces deux pays n’a trouvé à redire à cette aide criminelle.

- Vient ensuite la complicité algérienne. L’Algérie a permis et encouragé la transhumance des djihadistes de son territoire vers l’Azawad. Des techniciens militaires vont régulièrement instruire Ansar-Dine. L’Algérie est pour ce groupe ce qu’est la Qatar pour le MUJAO. Elle ouvre facilement ses frontières aux blessés intégristes mais refuse d’accueillir ceux du MNLA. Et ce au mépris des conventions internationales.

- Il y a enfin le délaissement du MNLA. Contrairement au MUJAO, ce mouvement laïc est local ! Gênant car il remet en cause le statut quo établi.
Indépendantiste, le MNLA est depuis le début torpillé par l’Algérie. C’est que l’indépendance de l’Azawad peut donner des idées souverainistes aux Kabyles. Par ailleurs, la France ne veut reconnaître ce mouvement. Pour ne pas déplaire à l’Algérie apparemment.

Pour palier à l’absence de soutien des structures internationales, les Touaregs démocrates et laïcs du MNLA font appel aux cousins berbères (Kabyles, Chleuhs, Rifains,…) mais aussi aux Catalans, Bretons...
La diaspora n’est pas délaissée. Le poids de ces soutiens reste cependant très déséquilibré face à l’armada dont disposent les intégristes.

Parce que cela fait cinquante ans que l’armée malienne commet des exactions dans l’Azawad, parce que Bamako a tenu ce pays dans l’absolu non-développement total (pas d’écoles, pas de routes), parce que les Touaregs sont un peuple à part entière, la lutte pour l’indépendance de l’Azawad est légitime. L’immense majorité des Azawadiens adhère au projet souverainiste.

Le retour dans l’Azawad des militaires maliens fait craindre le pire : exactions, voire l’opération d’un "nettoyage ethnique", et ce sous le regard indifférent de la Françafrique. Idéologiquement, la force régionale la plus proche des valeurs républicaines est bien celle du MNLA. Mais Hollande préfère faire marche avec les satrapes de la région. Les visions à courte vue font qu’un jour ou l’autre on se mord les doigts.

Il reste heureusement que les causes justes finissent toujours par triompher.


Gérard Lamari


TAMAZGHAT
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Re: LE MALI SUR UNE POUDRIERE

Messagede digger » 30 Jan 2013, 15:23

Quand je vois la carte mise en ligne par Ivo, concernant la "zone d'influence des groupes armés islamistes" une réflexion qui me vient, c'est qu'il n'y a pas besoin d'être anarchiste pour se rendre compte de la relativité du concept d'état-nation :)
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Re: LE MALI SUR UNE POUDRIERE

Messagede ivo » 30 Jan 2013, 15:31

concept qui ne sert plus qu'au bourrage de cranes et branlettes nationalo-electives.
ce qui laisse d'ailleurs encore de la marge ....
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Re: LE MALI SUR UNE POUDRIERE

Messagede DjurDjura » 30 Jan 2013, 20:42

MALI. L’enjeu de Kidal

LE NOUVEL OBSERVATEUR

mercredi 30 janvier 2013




C’est de cette région, où sont désormais les soldats français, que sont parties toutes les rébellions touarègues depuis près d’un demi-siècle.


Contrairement à ce qui était annoncé, les Français sont à Kidal. Un avion s’est posé cette nuit avec des éléments militaires. Aucun élément de l’armée malienne ne les accompagnait. Cette surprise n’en est pas vraiment une. Kidal est un enjeu essentiel de cette guerre. Et pour plusieurs raisons.

C’est de cette région que sont parties toutes les rébellions touarègues depuis près d’un demi-siècle, au nom de revendications économiques et politiques. Sans rentrer dans l’historique complexe de ces insurrections et de leurs causes, disons que les hommes du désert estiment être à la fois désappropriés de leur royaume de sable - qui recèle tout de même des ressources minières et pétrolières - , et abandonnés par le pouvoir central à Bamako. Pas d’infrastructures, pas d’hôpitaux, pas de routes, pas de lycées.

Et un désert de dizaines de milliers de kilomètres carrés laissés aux mains des narcotrafiquants puis des Salafistes arabes étrangers d’Aqmi et du Mujao qui contrôlent eux aussi le passage de la drogue, la contrebande cigarettes, la traite des hommes et les prises d’otages...tout ce qui pourrit la vie et la sécurité dans cette région.

La clé du conflit

C’est de Kidal qu’est partie la dernière révolte en janvier 2012. Ici que vit Iyad Ag-Ghali, leader traditionnel des Ifoghfas et chef militaire touareg. Ansar Dine est né ici. Puis Iyad Ag-Ghali s’est lancé avec Aqmi dans une "aventure meurtrière", comme disent ses anciens compagnons qui l’ont abandonné pour former un nouveau mouvement, le MIA. Aujourd’hui, Tombouctou et Gao sont tombés, Aqmi est en fuite, Iyad aussi. Reste que Kidal est toujours la clé du conflit.

La ville est sous le contrôle du MNLA et du MIA. Le MNLA est un mouvement indépendantiste touareg qui a lancé la guerre contre l’armée malienne, puis s’est désintégré avant de quasiment disparaître, chassé par les troupes d’Ansar Dine. Kidal est surtout occupé par les hommes du MIA, en clair, les Touaregs de Kidal qui regroupent des chefs traditionnels, des commandants en armes avec leurs troupes et l’autorité spirituelle des Touaregs.

Qui sont-ils ? Exactement les mêmes... qui négociaient en novembre dernier au nom d’Ansar Dine à Ouagadougou pour essayer de trouver une solution politique et pacifique. Parmi eux, Alghabass Ag-Intallah, la noblesse de robe, fils du chef spirituel des touaregs ; Ag-Bibi, ex- numéro trois d’Ansar Dine, Ag-Aharib ex-porte-parole d’Ansar Dine et même Ag-Aoussa, le cerveau militaire de toutes les opérations. Tous ont quitté Ansar Dine, tous en veulent à Iyad pour sa dérive. Et Ag-Aoussa le militaire, surnommé "le tueur" a même promis à Iyad de "l’étrangler de ses propres mains" pour lui faire payer la "trahison de son peuple".

"Les Touaregs sont nos amis"

Que se passe-t-il aujourd’hui à Kidal ? Le MIA et le MNLA sont sur place et ils redoutaient et refusaient l’arrivée des troupes maliennes : "Vu leur haine des Touaregs et leur désir de vengeance après leurs défaites pendant près d’un an, si l’armée malienne entrait dans la ville, ce serait un carnage", dit un Touareg de Kidal.

Les Français ont vite compris la situation. Une ratonnade, voire des massacres à Kidal, aurait pourri toute solution d’avenir. "Les Touaregs sont nos amis", a rappelé avec force le ministre de la Défense français.

Résultat : l’avion qui s’est posé cette nuit sur cet aéroport ne comprenait aucun militaire malien. Mieux, un appareil venu du Burkina-Faso est attendu à Kidal pour emporter une délégation MIA-MNLA vers Ouagadougou pour reprendre les négociations avec l’État malien.

Surprise. Dans le même temps, alors que Bamako avait trainé des pieds en novembre dernier pour discuter avec les Touaregs et que le ressentiment est très vif envers les hommes du Nord, l’Assemblée nationale malienne vient de voter "à l’unanimité" une feuille de route qui prévoit des discussions avec "certains groupes armés", entendez, le MNLA et le MIA débarrassé d’Iyad Ag-Ghali. Nul doute que la France, en position de force, n’a pas hésité à tordre le bras de son allié malien pour lui expliquer que son intervention miracle n’avait pas pour but de donner à Bamako un blanc-seing pour casser du touareg.

Terre de désolation

Compliqué ? Non. En un mot, les mêmes hommes, des responsables Touaregs, des Maliens du Nord, qui cherchent toujours une "solution pacifique" à la crise, vont se retrouver au même endroit à la table des négociations pour reprendre une discussion qui n’aurait jamais du s’interrompre si Iyad Ag-Ghali, ex-rebelle devenu islamiste fou de charia et allié opportuniste d’Aqmi, n’avait pas fait l’erreur de sa vie et lancé tout son peuple dans une guerre suicidaire.

Tout est à refaire. Il est encore temps. C’est seulement avec les Touaregs, maîtres de leur désert, qu’on pourra retrouver la sécurité, la réconciliation nationale et un espoir d’avenir pacifique. Sans Iyad Ag-Ghali, sans le Mujao et sans Aqmi. Sans tous ceux qui profité d’un désert trop vide pour transformer la région en terre de Djihad, en terre de désolation, en royaume de la mort.


http://tempsreel.nouvelobs.com/guerre-au-mali/20130130.OBS7120/mali-l-enjeu-de-kidal.html
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Re: LE MALI SUR UNE POUDRIERE

Messagede Pïérô » 01 Fév 2013, 02:14

Manif le 5 fevrier à Toulouse
Stop à l'intervention française au Mali !
topic ouvert en rubrique " Les fronts de lutte sociale " : viewtopic.php?f=79&t=6950
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Re: LE MALI SUR UNE POUDRIERE

Messagede ivo » 01 Fév 2013, 12:26

résumé ..........

...
Les reporters nous font vivre la guerre pas à pas sur le terrain
...
On parle souvent de guerre, mais parfois cela est différent. "C'est une guerre mais dans ce que nous avons vu dans le flanc ouest du pays, cela s'apparente plus à une chasse. Il y a eu très peu de coups de feu et c'est surtout l'aviation qui a bombardé les secteurs dans lesquels se situaient les djihadistes. Quand les troupes au sol avancent, elles ne trouvent personne et c'est une stratégie pour éviter les combats en ville et pour repousser les djihadistes", explique Etienne Monin.
...
C'est une guerre sans bilan, sans chiffre, sans mort. On ne sait pas combien il y a de morts d'un côté et de l'autre"
....
François Hollande attendu au Mali samedi
Le président de la République sera accompagné de Jean-Yves Le Drian, Laurent Fabius et Pascal Canfin, respectivement ministres de la Défense, des Affaires étrangères et chargé du Développement. Pas d'autre précision, selon le communiqué officiel de l'Elysée.


d'apres envoyé special hier soir:
- il y aurait au moins des dizaines de morts, rien que pour l'armée malienne qui rentre en premier dans les villes. aucun autre chiffre dispo ...
- les exactions se multiplient, rétention d'infos idem.
- la remontée dans le nord était prévue des le debut malgres tout ce qu'on a pu entendre.
- au niveau info: silence total des politiques, des militaires et bloquage complet des journalistes affirmé et assumé.

fermez vos gueules et amen.
la volonté de "mouiller" toute l'europe et plus est une reconnaissance de plus en plus difficilement cachée d'une guerre de religion entre chretienté et islam, sans toutefois jamais prononcer de mots explicites.

enjoy.

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Re: LE MALI SUR UNE POUDRIERE

Messagede ivo » 02 Fév 2013, 09:03

résumé:


...
Dans l'opération menée au Mali, il n'y a pas sur le terrain de soldats européens aux côtés des militaires français. Mais l'intervention a été approuvée par les 27 pays de l'UE et une dizaine d'entre eux apportent un soutien logistique. Le 12 février, commencera la mission EUTM, l'envoi de 450 européens pour la formation de l'armée malienne.
Cette opération est prévue pour durer 15 mois. Des instructeurs proposés par les pays de l'UE feront un travail de formation militaire de l'armée malienne, mais aussi de formation au droit humanitaire.
La mission EUTM sera coordonnée par le SEAE (Service européen d'Action extérieure) dirigé par Catherine Ashton et le Comité militaire de l'Union européenne, ainsi que par l'Etat-major de l'UE.
Des engagement d'aide au Développement et d'aide humanitaire ont également été pris par l'UE.
Pour plus d'informations
http://www.consilium.europa.eu/eeas/sec ... ce?lang=fr
...
Quelque 4.600 soldats français - dont 3.500 sur le sol malien - sont actuellement engagés dans l'opération Serval.
(largement plus qu'en afghanistan ...)
Image
...
"Ce qu'il a fait, il n'y a que Dieu qui aurait pu le faire", déclare un vendeur de thé à Tombouctou. Le ton est donné : cette visite de François Hollande samedi au Mali s'annonce triomphale, trois semaines après le début de l'intervention française dans le pays.
...
Sur le tarmac de l'aéroport, une chorale d'enfants chantera et François Hollande recevra un dromadaire en cadeau de bienvenue, comme le veut la tradition.
...
les habitants sont impatients de voir arriver celui qu'ils considèrent comme leur "sauveur".
Image

commentaires:
Si c'est pas un president neo-colonial ca, alors je ne sais pas ce que c'est.... Et dire que la gauche a reussit a se faire passer comme anti-coloniale alors que la colonisation a ete initiee puis defendue essentiellement par la gauche... et ce de tout temps, hier comme aujourd'hui. Il faut vraiment que nous ayons la droite la plus bete du monde pour que l'on ait laisse l'histoire etre falsifiee de la sorte!

Les anciens colonisés en redemande, trop comique ! comme quoi les uns sont les uns et les autres sont les autres, comme disait Nicolas, un jour ils vont rentrer dans l'histoire ! l'uranium d'Areva au Niger et au Mali ne craint rien, chaque chef d'état putschiste recevra un loyer de la France pour compléter sa manne dans les coffres suisses, le ridicule ne tue pas, il se porte même comme un charme ! bravo François, au prochain prix de l'eurovision tu as toutes tes chances, tu nous chanteras sous le soleil africain, accompagné des voix des petites noires qui n'ont pas encore été violées par leur grand oncle et celles des petits garçons qui n'ont pas encore muées, à bientôt bwana. Comme le dit si bien, ganymede40, aux municipales, nous allons mettre un peu d'ordre dans tous ces délires, à très bientôt dans l'urne !

Critiquant Sarkozy pour ses achats d'avions (7X, Airbus) il est heureux de se pavanner à longueur de KM. Combien cela nous coute-t-il à nous les pauvres crétins que nous sommes? Attention aux municipales, cela va saigner!

MONSIEUR LE PRESIDENT FRANCOIS HOLLANDE VOUS LA BIENVENUE AU MALI , VOUS ETES CHEZ VOUS AU MALI AVEC TOUTE VOTRE DELEGATION VOUS AVEZ SAUVE LE MALI ET TOUS LES MALIENS DU CHAOS INDEFINISSABLE VIVE L'AMITIE ENTRE LES PEUPLES VIVE LA FRANCE VIVE FRANCOIS HOLLANDE

François devrait se mettre en uniforme ? il doit être colonel de réserve, ça lui permettra de briller au milieu des africains habillé de neuf pour la circonstance ? un déguisement en vaut un autre ? pendant la guerre, avant de devenir général, De Gaulle aussi a été colonel, il n'y a pas de honte a commencé en bas de la hiérarchie militaire ? avec un peu de chance les africains le feront peut être maréchal ?
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Re: LE MALI SUR UNE POUDRIERE

Messagede Massinissa » 02 Fév 2013, 18:28

Analyse et questionnement sur l'engagement de la France dans la guerre au Mali

L’arnaque Malienne.



Par Said Radjef

Les objectifs de la guerre déclenchée par la France au Mali le 11 janvier 2013 restent flous.

« Détruire les terroristes », comme l’a suggéré le président François Hollande ? Stabiliser la situation ? Reconquérir le nord du pays ?

L a France en faillite ne peut pas se permettre le luxe de dépenser quotidiennement des centaines de millions d’euros rien que pour les beaux yeux des pauvres maliens, pour sauver le Mali de la menace terroriste.

Dans les faits, c’est qui le nord du Mali ? C’est le sud de l’Algérie, c’est l’Azawad qui s’est allié avec l’AQMI pour revendiquer un Etat Taouereg libre et indépendant. Cette revendication remonte à si loin dans le temps. Elle a surgi ces derniers temps avec violence.
Sans contre partie consistante, la France ne peut pas engager ses troupes au Mali en dépensant des milliards d’euros. Quelle est cette contre partie et qui doit la payer ? Le Mali ? Le Tchad ? Le Niger ?…Tous ces pays sont en faillite.

Bien sur pour ne pas parler du sud Algérien, on parle du nord du Mali. C’est une formule magique. Quel est le gain de l’AQMI en envahissant le Mali, en imposant le rigorisme de l’Islam à des populations analphabètes ravagées par la famine et les épidémies ? Le borgne et ses desperados ne sont pas bêtes pour investir dans une cause perdue d’avance.

Pourquoi les Taoueregs qui n’ont aucune sympathie pour les islamistes, se sont alliés avec l’AQMI ?

Pourquoi Alger a cédé aux caprices de la France ? Pourquoi les autorités algériennes n’ont pas poursuivi l’option de la solution politique qu’elles ont proposée aux instances internationales pour régler la crise au Sahel ? Elles ne peuvent pas dire non aux revendications de l’Azawad et prôner l’autodétermination au Sahara Occidental.

Jusqu’à quand la France va-t-elle opposer une réponse militaire aux revendications politiques de l’Azawad ? Jusqu’à quand la France va-t-elle défendre le principe des frontières décidé par la colonisation ?

Et quel est l’intérêt de la France de Hollande dans toute cette histoire que les uns et les autres tentent de maquiller et de réduire à une petite histoire d’agression perpétrée par des islamistes fanatiques contre un Etat souverain, le Mali ? Pardi !

Les richesses du Hoggar et le pétrole algérien pour sauver la France de la faillite et de la récession !

Après tout l’armée algérienne, c’est-à-dire le pouvoir réel en Algérie, qui a été blanchie, nourrie et logée à Ghardamaou ; cette armée qui a été portée au pouvoir par la grâce de la colonisation contre la volonté du peuple algérien en 1959, doit bien ce service à la France.

Et nous dans tout cela ? Nous allons exploiter le gaz de schiste et détruire la plus grande nappe phréatique au monde.


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Re: LE MALI SUR UNE POUDRIERE

Messagede ivo » 03 Fév 2013, 09:11

résumé:

Image
...
le président malien a également promis qu'il n'y aurait "aucune exaction, aucun réglement de compte, aucune représailles" après la reconquête du Nord du Mali, occupé par les groupes islamistes armés.
...
François Hollande a expliqué qu'il était "important de combattre le terrorisme, ici, au Mali et en Afrique de l'Ouest ". En agissant ainsi, le président a estimé que la France était "à la hauteur de son histoire".
...
Selon le président français, les groupes islamistes ont essuyé de nombreuses pertes, mais ils "n'ont pas disparu", le combat n'est donc "pas terminé". Mais attention, prévient-il, "la France n'a pas vocation à rester, ce sont les Maliens eux-mêmes qui assureront la sécurité" de leur pays.
......
François Hollande a utilisé des mots forts lors de son discours. Il a estimé que la France avait "payer sa dette" envers le Mali et l'Afrique qui ont combattu à ses côtés lors de la seconde guerre mondiale. "Parce que moi je n'oublie pas que lorsque la France a été elle-même attaquée, lorsqu'elle cherchait des soutiens, des alliés, lorsqu'elle était menacée pour son unité territoriale, qui est venu alors? C'est l'Afrique, c'est le Mali, merci au Mali".
....
Le président Français a même parlé de "nouvelle indépendance". Après avoir vaincu le colonialisme, le Mali a vaincu le "terrorisme" et le "fanatisme", selon François Hollande.
....
Il a également mis en garde les Maliens contre d'éventuels actes de vengeance. "La justice n'est pas une vengeance, vous devez être exemplaires" a prévenu François Hollande, "ceux qui se sont associés aux groupes terroristes devront répondre de leurs crimes devant la justice". Il demande aux Maliens de faire de "belles élections" en juillet prochain.
...
François Hollande a parlé des sept otages français retenus dans ce pays. Le président de la République a dit aux ravisseurs "qu'il est encore temps de les libérer", car la France est toute proche d'eux.
...
Il a prévenu les ravisseurs : "ils peuvent faire maintenant l'acte qui est attendu d'eux, sans négociation. (...) Nous sommes tout près. A partir de là, les ravisseurs doivent comprendre". Il n'a pas souhaité en dire plus pour ne pas "mettre en péril" la vie des otages.
...
Le 12 février, commencera la mission EUTM, l'envoi de 450 européens pour la formation de l'armée malienne.
Cette opération est prévue pour durer 15 mois. Des instructeurs proposés par les pays de l'UE feront un travail de formation militaire de l'armée malienne, mais aussi de formation au droit humanitaire.
Pour plus d'informations sur cette opération:
http://www.consilium.europa.eu/eeas/sec ... ce?lang=fr

commentaires:
Ce voyage du président au Mali ma rapelle celui du Général De Gaulle le 4 Juin 58. Le fameux "je vous ai compris..." pononcé sur le Forum dAlger n'a certe pas été avavcé mais c'est tout comme, mêmes intonations, même liesse après les différents disours. J'étais militaire et j'ai vécu la même euphorie collective. Espérons pour les Maliens que cette viste à Bamako ne ressembe pas à celle d'Alger.

Plus facile d'organiser une marche commando avec partage complet au Mali, de donner aux homosexuels le droit de se marier et le droit de vote aux étrangers que de s'occuper du chômage, de l'insécurité et des retraites en France...

François Hollande remercie le Mali. Notre Président a un vrai sens de l'histoire, et nous pouvons en être fiers.

Difficile de faire plus provocateur et contre productif pour la libération de nos otages, ces gens, les islamistes radicaux ne craignent pas la mort, les menacer est une folie ! pour eux mourir et buter avant nos otages, ne leur pose pas le moindre problème, redescend sur terre François, ces gens sont différents, nos repères de bisounours bien nourris, n'existent pas pour ces combattants trafiquants en tous genres, d'un autre age, danger ! on est tout prêt d'un danger imminent !

L' UE au Mali ? scoop ? les pays de l' UE sont incapables de s'entendre sauf pour protéger les paradis fiscaux et leurs magouilles financières, qu’iraient ils faire dans le désert ? l'Allemagne fait de la rente, les anglais veulent partir, les belges comptent les points, les autres font la manche et la France ? ....dépense le pognon qu'elle n'a pas en enfumant les français sur une prétendue mission démocratique chez un peuple en souffrance ! François est dans le col de Roncevaux à souffler dans l’olifant, qui aurait intérêt à soutenir cette aventure, personne ? peut être le cavalière ? si on lui dit propose des parties fines chez les morts de faim ?
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Re: LE MALI SUR UNE POUDRIERE

Messagede ivo » 03 Fév 2013, 13:51

résumé:

frappes massives au nord de Kidal
...
D'"importantes frappes aériennes" ont été effectuées dans la nuit de samedi à dimanche au nord de Kidal et dans la région de Tessalit, au Mali, a annoncé le porte-parole de l'état-major des armées françaises. les Français continuent donc leur offensive vers le Nord. Selon Paris, cette région est le lieu de détention "probable" des sept otages français.
...
Il s'agit d'aller "plus au Nord, finir cette opération"
...
"La position que nous avons maintenant au Mali, la complicité objective de la population et le fait d'avoir toute cette zone comme une base arrière, permet d'être dans une position beaucoup plus facile pour négocier les conditions de la libération", analyse Christian Prouteau sur France Info, ancien préfet et fondateur du GIGN.
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Re: LE MALI SUR UNE POUDRIERE

Messagede ivo » 06 Fév 2013, 09:07

résumé

Laurent Fabius a annoncé que le nombre de soldats français au Mali devrait commencer à diminuer "à partir de mars". Près de 4.000 soldats français sont engagés sur le terrain.
...
Se refusant à donner un chiffre exact soulignant qu'il n'était "pas question de se livrer à un décompte macabre" Jean-Yves Le Drian a dressé un premier bilan de l'opération. Selon le ministre français de la Défense, plusieurs centaines d'islamistes ont été tués lors de frappes aériennes et de combats au sol.
...
la France a également confirmé la capture par les rebelles touaregs de plusieurs personnalités du groupe islamistes Ansar Dine. Le MNLA (Mouvement national de libération de l'Azawad) affirme par ailleurs qu'il se coordonnait dans le nord du Mali avec les forces françaises contre les "terroristes" islamistes.


.......
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Re: LE MALI SUR UNE POUDRIERE

Messagede niouze » 06 Fév 2013, 12:09

sa reprend une parti de ce que j'ai deja lu ici par different texte ...
pour mieux cerner ce qu'il se passe au mali
Mali : les véritables causes de la guerre

Par Eros Sana (4 février 2013)

Tout était en place pour que le Mali s’effondre et que le Sahel explose. Affaibli par les politiques d’austérité du FMI, longtemps paralysé par la Françafrique, victime du réchauffement climatique et de multiples sécheresses, le Mali est devenu l’une des pièces centrales du nouveau grand jeu sahélien. Revendication touarègue, djihadistes enrichis par le narcotrafic, déstabilisation libyenne et ambiguïtés algériennes, financements occultes saoudiens, stratégie à court terme des États-Unis et de l’Union européenne... Voici toutes les raisons de la guerre.



Nous sommes en 1960, le Mali accède à l’indépendance. Le premier président malien, Modibo Keïta, instituteur et panafricaniste, élu démocratiquement, a à peine le temps d’entamer une profonde réforme agraire avant d’être renversé en 1968 lors d’un coup d’état mené par Moussa Traoré, soutenu par la France.Durant les vingt-trois ans d’un règne sanglant, ce dernier bénéficiera constamment du soutien de tous les gouvernements français. La Françafrique dans toute sa laideur. Moussa Traoré recevra également le soutien du FMI et de la Banque Mondiale dont il appliquera les directives de « plans d’ajustement structurel ». Aggravant ainsi la situation économique et sociale de son pays.

Sécheresses, sous-développement et rébellion dans le nord

Moussa Traoré ne se contente pas d’appauvrir et d’affamer son peuple, il mène aussi une forte répression contre la minorité Touareg du Mali. Les Touaregs représentent environ 2 % de la population malienne [1]. Ils sont également présents au Niger, au Burkina-Faso, en Mauritanie, en Libye et en Algérie. Ils connaissent parfaitement toute la bande sahélienne et gardent, pour un grand nombre d’entre eux, un mode de vie nomade. Ils refusent d’être incorporés dans des structures étatiques et restreints par des frontières nationales qu’ils contestent. Et revendiquent le Nord Mali – l’Azawad – comme territoire indépendant. Une spécificité niée par le découpage des frontières coloniales. Les principales organisations armées touarègues sont le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), Ansar Dine et un tout récent groupe issu de la scission de ce dernier, le Mouvement islamique de l’Azawad (MIA), dont le leader se revendique « malien et contre toute forme de terrorisme » [2]

Le réchauffement climatique

La longue lutte du « peuple du désert » s’analyse aussi par les enjeux climatiques : un siècle de détérioration des terres arables, grignotées par le désert malgré les « ceintures vertes », et de longues sécheresses, qui ont bouleversé le modèle pastoral des Touaregs. Les sécheresses de 1968, 1974 et 1985 affamèrent des milliers de Touaregs et les poussèrent dans les villes du sud du Mali. L’année 2012 n’a pas manqué à la règle et a été marquée par une grande sécheresse, amplifiée par le dérèglement climatique.

Peu de temps après le déclenchement de la deuxième rébellion touarègue de 1990, le dictateur Moussa Traoré est renversé par un autre militaire, Amadou Toumani Touré, dit ATT. Il met fin à la dictature ainsi qu’à la guerre contre la rébellion touarègue en signant les accords de Tamanrasset de 1992, qui prévoient la démilitarisation du nord, une décentralisation de l’État et des investissements pour aider au développement de la région, délaissée depuis deux décennies.

La dette et le FMI

C’était oublier la dette. La jeune démocratie malienne, menée par Alpha Oumar Konaré, est empêtrée dans le remboursement d’une dette de près de 3 milliards d’euros, équivalente au PIB annuel du pays. Une dette largement héritée de la dictature militaire : de 1968 à 2001, elle a été multipliée par 30 ! Près de 60 % des recettes fiscales du Mali servent à payer le service de la dette (l’emprunt et les taux d’intérêt) au FMI, empêchant le paiement des salaires, aggravant les inégalités territoriales et la pauvreté. Il faut attendre 2005, pour que le G8 décide d’annuler la moitié de la dette du Mali. Trop tard…

Les fourches caudines du FMI et de la Banque mondiale déstabilisent profondément la société malienne et ses paysans. Le pays perd sa souveraineté alimentaire : il importe les trois quarts des céréales qu’il consomme. Les maliens sont systématiquement poussés à l’exode : des villages vers les villes, du Mali vers la France. La diaspora malienne à l’étranger représente la première source de devises étrangères au Mali.

Malgré un Programme de soutien au développement du nord, doté de 300 millions d’euros, le gouvernement malien ne peut tenir ses engagements. Et en dépit de nouveaux accords de paix signés à Alger, les troubles s’intensifient à nouveau en 2006, puis en 2009. La rébellion touarègue, désormais alliée de circonstance de groupes armés islamistes venus d’Algérie, s’emparent de Kidal (Nord-est) et Menaka (région de Gao), entraînant le redéploiement des forces maliennes au Nord. L’escalade commence.

L’arrivée des djihadistes

De nouveaux acteurs contribuent à fragiliser encore davantage une région déjà explosive. Aux indépendantistes touaregs « laïcs », s’ajoutent des groupes « salafistes » et « djihadistes ». Le plus connu se fait appeler Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI). Essentiellement composé d’Algériens et de Mauritaniens, AQMI est né sur ce qui reste du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC). Un mouvement initialement algérien, né pendant la guerre civile, encore plus radical que le Front islamique du salut, et dont les liens avec les services secrets de ce pays ont toujours été troubles. AQMI et ses satellites se déplacent avec de l’essence qui ne peut venir que d’Algérie. Les mêmes routes voient transiter armes et matériel. Dont des missiles issus des arsenaux libyens après la chute du régime de Kadhafi en 2011.

Le Sahel : arrière-cour de Kadhafi et des généraux algériens

Le régime des généraux algériens considère le Sahel comme l’un de ses prés carrés stratégiques. Il n’a jamais stoppé son influence, directe ou indirecte, sur les 1 400 kilomètres de frontière que l’Algérie partage avec le Mali. Certains analystes comparent le double jeu des services secrets algériens dans le Sahel à l’attitude des services secrets pakistanais, vis-à-vis des talibans afghans.

L’Algérie n’est pas seule au Sahel. Elle s’est confrontée à l’influence de la Libye de Kadhafi. Pendant des années, le défunt colonel a poussé ses pions dans la région. Recevant par vagues successives une partie des combattants touaregs qu’il a soit intégrés à des unités spéciales libyennes, soit structurés autour de groupes touaregs spécifiques. En 1981, Kadhafi est à l’origine du mouvement fantoche « Front populaire pour la libération du Sahara ». « Pour manipuler les Touaregs, dont le MNLA, il suffisait à Kadhafi d’héberger dans ses hôtels quelques leaders touaregs pendant quelques jours, de boire un thé et du lait et puis de leur remettre des enveloppes pleines de dollars », raconte un ancien du mouvement.

Quand l’Europe finance indirectement les groupes armés

La Libye de Kadhafi a signé des accords avec l’Union européenne en vue de contenir les dizaines de milliers de migrants africains qui transitaient par la Libye pour tenter d’accéder aux côtes européennes. Avec l’aide de Frontex, l’agence quasi-militaire européenne de gestion des migrants, Kadhafi a non seulement créé des camps de rétention, mais il a généralisé les expulsions des migrants africains vers le désert. Du pain béni pour les filières de trafic humain, majoritairement contrôlées par les groupes armés et djihadistes sévissant dans le Sahel. Ce trafic demeure une source majeure de leur financement. Ces groupes ont ainsi pu continuer de s’armer au su et au vu des services de sécurité français, allemand ou italien présents légalement sur le territoire libyen.

Accaparement de terres : un facteur de guerre ?

Kadhafi et son régime, ne se sont pas contentés de distribuer des dollars à quelques chefs touaregs. Ils ont également investi dans de nombreux projets au Mali. Investissements qui ont créé de profonds déséquilibres au sein de l’économie malienne : du fait de la dépendance qu’ils instituent, et des dégâts sociaux et environnementaux qu’ils causent. En 2008, Kadhafi utilise un fonds d’investissement libyen « dédié » à l’Afrique pour créer la société Malibya Agriculture. Celle-ci achète secrètement plus de 40 000 hectares le long du fleuve Niger, dans la région de Ségou, entre Bamako et Mopti. Objectif : y cultiver du riz et des agrocarburants. Avec l’aide de contractants chinois, des canaux d’irrigation de dizaines de kilomètres sont construits, mettant en danger la biodiversité et la survie des paysans locaux, à la fois privés de leurs terres et de leur eau.

Les conséquences non maîtrisées de la chute de Kadhafi

En plus de ces investissements lourds, Kadhafi multiplie les financements à petite échelle : écoles, dispensaires ou routes dans l’ensemble du Mali. Lorsque Kadhafi et son régime disparaissent, ce sont d’un côté de très nombreuses armes et des centaines d’hommes aguerris qui s’exilent dans le Sahel ; et de l’autre, des flux de plusieurs centaines de milliers d’euros qui se tarissent. Pour un pays dont plus de la moitié de la population vit avec moins d’un dollar par jour, c’est une importante manne qui s’envole. Après avoir appuyé militairement le renversement du régime libyen, les puissances de l’Otan auraient dû prévoir ce vide causé par la chute du colonel et le combler. Cela n’a pas été fait.

Le business des prises d’otages

Une partie des mouvements opérant au Sahel compensent cette perte de ressources en accroissant leur implication dans les trafics. Aux filières clandestines de migration, se substitue le kidnapping. Toujours en 2008, près de cinq millions d’euros sont versés à AQMI en échange de la libération de deux touristes autrichiens (une rançon démentie officiellement par le gouvernement autrichien). La même année, deux diplomates canadiens sont kidnappés et libérés dans les mêmes conditions. Un chantage que n’accepteront plus la France, après avoir négocié la libération de Pierre Camatte en 2010, encore moins l’Algérie comme on l’a vu lors de la prise d’otage du site gazier d’In Amenas. « Les procédures algériennes et françaises s’unifient de plus en plus dans le refus de sauver les otages et d’accepter de les sacrifier en refusant le chantage des djihadistes », note Alain Joxe, chercheur en géopolitique et directeur du Centre interdisciplinaire de recherches sur la paix et d’études stratégiques (Cirpes).

Les narcotrafiquants latino-américains

Au kidnapping s’ajoute un important trafic de drogue, d’une envergure phénoménale. En 2008, les forces maliennes ont réussi à saisir 750 kilos de cocaïne, dont la revente équivaut à plus d’un tiers du budget de l’armée malienne ! En novembre 2009 c’est carrément un Boeing 727 plein de cocaïne qui se crashe en tentant de re-décoller du désert malien. Avec un équipage composé de nigérians, l’avion, enregistré en Guinée-Bissau, a effectué de fréquents vols entre l’Afrique de l’Ouest, le Mexique, la Colombie et le Venezuela [3]. Les narcotrafiquants latino-américains ont fait de l’Afrique de l’Ouest la plaque tournante du trafic de stupéfiants vers l’Europe. Selon certains experts, près de 60 % de la cocaïne consommée en Europe occidentale - d’une valeur marchande de près de 18 milliards de dollars - transiterait par l’Afrique de l’Ouest. Avant que ne soit fantasmée et utilisée la crainte d’attentats terroristes perpétrés sur le sol français par AQMI, le gouvernement français, l’Union européenne et les États-Unis auraient du tout mettre en œuvre pour endiguer ce phénomène.

Les pétrodollars saoudiens et qataris

Une dernière source de financement des acteurs de la région – et un autre facteur de déstabilisation – est l’argent qui vient du Golfe persique. Des intérêts saoudiens et qataris soutiennent financièrement des djihadistes salafistes du Sahel. Comparée au kidnapping, à l’arsenal libyen et au trafic de drogue, cette ressource n’est pas la plus importante. Elle pose cependant la question fondamentale de la politique différenciée des États occidentaux. L’Arabie Saoudite et le Qatar sont présentés par les États-Unis et la France comme des alliés stratégiques, notamment dans la lutte contre le régime tyrannique syrien, ainsi que dans le maintien du système financier international, sensiblement alimenté par les milliards des fonds souverains des puissances pétrolières. De l’autre, des membres de ces deux pays financent sans scrupules des groupes « salafistes djihadistes surarmés » comme les qualifie Alain Joxe. Des groupes qui déstabilisent, notamment, le Mali, le Niger, le Nigeria, voire la Tunisie.

Leur objectif : soutenir partout – de l’Indonésie au Nigeria – une vision wahhabite de l’Islam. Elle s’oppose ainsi à la vision de l’Islam majoritairement syncrétique des Maliens. Les fortunes saoudiennes et qataries qui financent ces groupes salafistes ont aussi été profondément perturbées par les révolutions arabes. Elles ont eu des effets jusque dans le golfe persique. Où, comme à Bahreïn, les soulèvements ont été réprimés dans le sang et une quasi-indifférence médiatique [4]. Ils sont résolus à tout mettre en œuvre pour empêcher qu’émerge un modèle démocratique et musulman qui marquerait la fin des régimes dictatoriaux et monarchiques. Avec, de fait, l’aval implicite des États-Unis et de la France.

Une corruption généralisée

Au Mali, ni le président Konaré, ni le président Touré n’ont lutté contre la corruption généralisée du pays. Pire, il semble qu’ils aient entretenu la corruption au sein de l’armée comme de l’Etat. En 2011, dans le rapport de l’ONG Transparency International sur l’état de la corruption dans le monde, le Mali se retrouve à la 118ème place, sur 184 pays analysés, pour l’indice de perception de la corruption, reculant de 22 places. C’est d’abord face à cette corruption généralisée que le capitaine Bakary Sanogo a justifié le putsch du 22 mars 2012 qui a renversé le président malien, sous l’œil plutôt compatissant de la société civile et des partis politiques maliens, et alors que les soldats maliens étaient mis en déroute au nord du pays.

L’échec du modèle français et américain de sécurité

Pourtant, France et États-Unis ont sensiblement investi dans l’armée malienne. Elle bénéficie de programmes spécifiques pour se moderniser. Depuis 1998, la France, suivi par l’Union européenne, a mis en œuvre l’initiative Recamp (« Renforcement des capacités africaines de maintien de la paix ») en Afrique en général et au Mali en particulier. Recamp était censé « soutenir des actions de formation de cadres et d’unités en vue d’opérations de maintien de la paix, organiser des exercices au profit de ces unités africaines formées et entraînées, et enfin fournir équipements et matériels aux forces africaines qui seraient réellement engagées pour une opération de maintien de la paix sur le continent africain », explique le général de division Michel Klein, de la Fondation pour la recherche stratégique. En dépit des millions d’euros, et alors que Recamp a longtemps été vanté comme un modèle de stabilisation, les capacités de l’armée malienne ne se sont pas renforcées. Loin de là.

Les États-Unis ne sont pas en reste. Le 11 septembre 2001 et l’émergence de la Chine accélèrent l’implication états-unienne en Afrique de l’Ouest. L’administration Bush lance l’initiative pan-sahélienne (Pan Sahel Initiative), qui devient en 2005 la « Trans-Sahel Counterterrorism Initiative » [5]. Elle intègre les Etats sahéliens plus le Nigeria et le Ghana, pour une dépense globale de plus de 500 millions de dollars. La majeure partie de cette aide est constituée d’ouverture de crédits en vue d’acheter du matériel militaire américain. Les opérations états-uniennes en Afrique, des drones décollant de Djibouti aux avions cargos atterrissant en Mauritanie, sont coordonnées depuis l’African Command, créé en 2007 et situé en Allemagne.

A l’instar de l’exemple français, le modèle américain de sécurité pour le Mali est un échec. Pire, il est peut-être à l’origine de l’accélération du conflit.
Car, dans la poursuite de la « War On Terror » (Guerre au terrorisme) de Bush, Washington concentre son attention sur les aspects militaires, ignorant la réalité politique et même sociale des pays concernés, dont les questions de la corruption et de la pauvreté. Anecdote révélatrice : les forces spéciales US ont formé des combattants qui se sont retrouvés dans les deux camps. A Bamako, le putschiste Sanogo est un pur produit de l’armée états-unienne : il a été formé au Defense Language Institute entre 2005 et 2007, avant de suivre une formation en renseignement militaire (US Army Intelligence Program) en 2008, et une formation plus conventionnelle d’officier courant 2010. Plusieurs combattants ayant bénéficié de l’entraînement des forces spéciales ont quitté l’armée malienne pour rejoindre les groupes armés du nord et leur offrir leur savoir-faire…

Le Mali, au cœur d’un nouveau « grand jeu » ?

Le Mali semble être l’un des terrains de prédilection d’un nouveau « grand jeu » en matière de lutte d’influences, en vue de conquérir et de maintenir des points stratégiques. A l’instar des alliances et des retournements d’alliances au sein des forces qui avaient conquis le nord du pays, les puissances s’allient et se concurrencent conjoncturellement. La France depuis l’époque coloniale, l’Algérie, la Libye du temps de Kadhafi, les États-Unis et la Chine s’intéressent aux richesses maliennes ou à celles auxquelles le contrôle de son territoire donne accès : en particulier les gisements présumés d’uranium et de diamants situés dans les sous-sols de Kidal au Nord, les terres arables du Sud, les importantes ressources en fer mauritaniennes, ou l’uranium nigérien, exploité par Areva et désormais protégé par les forces spéciales françaises. Et plus loin le pétrole nigérian et tchadien ou le gaz algérien.

Si la France n’était pas intervenue, que ce serait-il passé ? Nombre de Maliens reconnaissent que les rebelles djihadistes auraient marché sur Bamako et se seraient emparés du pouvoir. Mais la France intervient pour éteindre un feu qu’elle a en partie contribué à allumer et alimenter. Maintenant qu’une partie du Nord est sous contrôle malien et français, que va-t-il se passer ? « Cette opération devrait être accompagnée d’une proposition de mutation dans l’aide proposée au Mali. Le discours purement militaire ne saurait suffire, souligne Alain Joxe. Si Hollande veut réellement rompre avec la Françafrique, il va devoir démontrer qu’il va, au-delà du discours de lutte contre le terrorisme, se donner les moyens pour lutter contre les narcotrafics et le financement international des djihadistes. » Seul un scénario qui permettra au peuple malien de renouer le dialogue, notamment en vue de régler la question touarègue, et de reprendre un contrôle sur ses institutions – politiques, judiciaires et militaires – permettra de sortir durablement de cet effondrement.

Eros Sana

Photo : ministère de la Défense
Notes

[1] Et 10 % au Nord, où vivent également Belas, Songhaïs, Peuls, Maures et Arabes.

[2] Dans un rapport, Amnesty international décrit l’ensemble des exactions et graves violations des droits humains dont sont responsables le MLNA et Ansar Dine : http://www.amnestyusa.org/news/news...

[3] The Globe and Mail, 13 avril 2012

[4] Bernard Dréano, La perle et le colonel, éditions Non lieu.

[5] Qui devient ensuite Trans-Sahel Counterterrorism Partnership.

http://www.bastamag.net/article2921.html
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