Tunisie

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Messagede bipbip » 08 Juil 2013, 06:04

Docu réalisé en mars-avril sur le mouvement anarchiste en Tunisie

“Le peuple veut la chute du système. An V de la révolution tunisienne”

Le peuple veut la chute du système
An V de la révolution tunisienne
الشعب يريد إسقاط النظام
السنة الخامسة من الثورة التونسية


Tourné et monté en mars-avril 2013, ce documentaire, libre et gratuit, part à la rencontre de diverses composantes du mouvement anti-autoritaire tunisien. Il porte les paroles de groupes organisés et d’individus : le Mouvement Désobéissance, la lutte contre le Forum Social Mondial, des activistes de rue ou des syndicalistes de base, une mutuelle agricole, un projet culturel autogéré… Il pose un regard sur le développement d’idées et de pratiques anarchistes et autogestionnaires au cœur du processus révolutionnaire en Tunisie. Il se veut être un outil, peut-être une arme, pour construire la solidarité internationale et renforcer le mouvement d’émancipation mondial dont l’un des actes fondateurs fut le soulèvement de Gafsa en 2008.


TÉLÉCHARGER LE FILM – 1h11 : http://films.cine2000.org/La%20chute%20 ... eme%20.mp4


Image

http://juralib.noblogs.org/2013/07/04/l ... n-tunisie/
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Messagede bipbip » 12 Juil 2013, 10:44

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Messagede bipbip » 25 Juil 2013, 17:07

Assassinat de l'opposant Mohamed Brahmi
Mohamed Brahmi, député de gauche et opposant, a été assassiné par balle, jeudi 25 juillet, devant son domicile dans le secteur d'Ariana à Tunis. D'après des témoins, M. Brahmi a été tué par deux hommes à moto devant chez lui alors qu'il descendait de sa voiture.

La chaîne de télévision Watanya a précisé qu'il avait reçu onze balles, tirées à bout portant. "Son corps a été criblé de balles devant son épouse et ses enfants", a déclaré, en pleurs, Mohsen Nabti, membre du bureau politique du Mouvement populaire, petit parti de gauche dont Brahmi était le fondateur.

Après l'annonce de sa mort, un cortège d'environ 500 personnes s'est spontanément constitué devant le siège de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT) avant de rejoindre l'avenue Habib-Bourguiba, où se trouve le ministère de l'intérieur. Parmi eux, la veuve de Chokri Belaïd, autre opposant de gauche tué par balle en début d'année. Devant le ministère, la foule a scandé "Ministère de l'intérieur, ministère terroriste", selon le site d'information Nawaat.

Le correspondant de France 24, David Thomson, rapporte que de nombreuses personnes se sont également réunies devant l'hôpital où a été conduit le corps de Brahmi.

... http://www.lemonde.fr/tunisie/article/2 ... 66522.html

Live Blogging des événements de la journée :
http://nawaat.org/portail/2013/07/25/as ... r-achaabi/
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Messagede bipbip » 03 Aoû 2013, 11:24

les habitants de Sidi Bouzid refusent désormais tout lien avec les autorités de Tunis et se sont constitués en Comité de Salut National. C'est dans cette localité, à Sidi Bouzid que la révolution tunisienne a commencé, en décembre 2010. Reportage.
http://www.arte.tv/fr/tunisie-sidi-bouz ... 12168.html
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Messagede Blackwater » 03 Aoû 2013, 21:36

Trouvé sur le site de l'OCL. http://oclibertaire.free.fr/spip.php?breve510

Déclaration du mouvement libertaire A’ssyan (Désobéissance)

28 juillet 2013

“Les défavorisés doivent vivre… Les défavorisés doivent gouverner”

Le peuple tunisien et la jeunesse de la révolution vivent depuis la suspension du sit-in de la Kasbah sur le rythme de la domination d’une classe politique avide de pouvoir vivant sur le sang des pauvres et des marginalisés, qui use des richesses des régions en ignorant leurs ressortissants de sorte que le peuple a continué à souffrir de la détérioration de son niveau de vie et à sombrer dans le chômage et la pauvreté.

Cette situation coïncide avec une tendance fasciste ayant arrivé à l’assassinat des deux militants politiques Chokri Belaid et Mohamed Brahmi et la liste est plus que jamais ouverte.

Le régime capitaliste dictatorial qui a repris son souffle depuis la mise en place de la haute instance de Ben Achour en passant par les élections du 23 octobre, jusqu’à l’investiture de l’assemblée générale constituante avec sa majorité et son opposition et toutes les instances qui en sont issues, est responsable de la détérioration de la situation économique et sociale et de la dégradation de la situation sécuritaire avec la poursuite du terrorisme et des assassinats.

Si les différentes régions du pays ont vécue, les derniers jours, une mobilisation populaire de grande envergure couronnée par la prise de quelques locaux administratifs dans les régions de l’intérieur, ce pas révolutionnaire, quoique symbolique, nécessite que ces régions affirment leur droit à la gestion de leurs affaires courantes et de leurs ressources et se défendent contre toutes les tentatives de détournement et de récupération par les composantes du paysage politique et civil avides de pouvoir.

L’initiative des masses révoltées de mettre en place des conseils locaux et régionaux doit prendre effet et avoir le droit et la priorité dans la gestion des affaires publique et ce par :

La mise en place de conseils de gestion des affaires publiques et l’autogestion des ressources et des richesses au niveau des municipalités, des villages, des régions rurales, des usines, des exploitations agricoles, et des localités, ayant droit aux assemblées et à la prise de décision.
La mise en place de conseils régionaux (au niveau des gouvernorats) qui gère les affaires régionales et assure la coordination pour la prise de décision régionale.
La mise en place d’un conseil national général composé de mandatés des différentes délégations qui conçoit les fondements d’un programme de développement et les principes généraux de la vie courante des tunisiens, et d’instances exécutives veillant au suivi des décisions du conseil.
Nous présentons ici des propositions aux forces militantes sur le principe de la chute du régime et ce pour assurer la souveraineté de la prise de décision, rompre avec la pauvreté, le dépouillement, l’exclusion régionale, la violence et le terrorisme avec le droit de se défendre contre toutes les tentatives de détournement qui se manigancent dans l’enceinte de l’assemblée de la bassesse, dans les quartiers généraux des partis politiques, et les ambassades des pays étrangers sous des prétextes comme le secours, l’union nationale, la transition démocratique et qui ne sont en réalité que des compromis pour la récupération de la révolution et des richesses.

Mouvement Désobéissance
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Re: Tunisie

Messagede DjurDjura » 18 Aoû 2013, 18:08

Tunisie - opposants et islamistes ont tenu des pourparlers directs



Les islamistes d'Ennahda au pouvoir en Tunisie et le mouvement d'opposition Nidaa Tounes ont tenu des pourparlers secrets en Europe cette semaine. Le pays est plongé dans une profonde crise politique depuis l'assassinat du député d'opposition Mohamed Brahmi le 25 juillet.

Le chef de Nidaa Tounes, l'ex-Premier ministre post-révolutionnaire Beji Caïd Essebsi, ennemi juré des islamistes, et celui d'Ennahda, Rached Ghannouchi, se sont rencontrés "lors d'une tournée européenne" de l'opposant, a indiqué le parti de centre-droit Nidaa Tounès.

M. Ghannouchi a confirmé sur Facebook que cette entrevue, qui a eu lieu jeudi, avait été "positive et franche" sans plus de précisions. Selon des médias tunisiens, la rencontre a eu lieu à Paris. Aucun parti n'a expliqué pourquoi cette réunion a été tenue secrète.

Nidaa Tounès a précisé dans son communiqué que la réunion avec M. Ghannouchi avait été organisée en accord avec ses partenaires du Front de salut national (FSN) - une coalition d'opposition hétéroclite.

Les détracteurs du pouvoir disaient exclure toute négociation, tant que le gouvernement dirigé par Ennahda ne démissionnait pas. Et les islamistes affirmaient refuser toute discussion, tant que l'opposition continuait à réclamer la démission du cabinet.

Les opposants réclament un gouvernement apolitique et la dissolution de l'Assemblée nationale constituante (ANC). Les islamistes veulent de leur côté élargir le gouvernement à d'autres partis, en vue de former un cabinet d'union nationale.


ATS


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Re: Tunisie

Messagede Pïérô » 10 Sep 2013, 01:03

Dimanche, 5 militant-e-s libertaires ont été arrêtés par la police (camionnette et descente) dans un café du centre ville. La raison ? L'un d'entre eux aurait vendu des badges militants (ACAB, A, FuckPolice...), dont un à un policier en civil dans ce même café deux jours avant. Les autres personnes se sont interposées lors de l'interpellation et ont été conduits au commissariat. L'un d'entre eux a été frappé au visage et à l'abdomen. Quelques heures plus tard quatre sur cinq seront relâchés.
De qui s'agit il ? La personne ciblée appartient à l'association Blech'7ess (qui a installé un studio d'enregistrement gratuit en plein coeur de Tunis), asso composée de militant-e-s et sympathisant-e-s anarchistes. Ils ont récemment produit des badges afin de financer leurs projet. Il appartient aussi à Zomra, groupe de graffeurs militant anar.
Les 4 autres ? Ils sont membres de Désobeissance, première organisation anarchiste fondée en Tunisie.
Ce jour là, la cible était Helim ou "Droom".
Droom passe ce mardi en procès.

Mardi 9h rassemblement devant le palais de justice ( l'injustice ) beb bnat pour soutenir Helmi droom .


Infos liste mail et https://www.facebook.com/FeminismAttack
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Re: Tunisie

Messagede bipbip » 24 Sep 2013, 10:34

Répression et appel à solidarité

Tunisie : la prison pour les créateurs

Aux alentours de 4 heures dans la nuit de vendredi a samedi 21 septembre 2013, Nejib Abidi, Yahya Dridi, Abdallah Yahya, Slim Abida, Mahmoud Ayed, Skander Ben Abid, accompagnés de deux amies artistes et étudiantes engagées et activistes ont été arrêtés au domicile de Nejib Abidi situé dans le quartier Lafayette à Tunis. Nous n’avons réussi à obtenir que très peu d’informations. Nous savons qu’ils ont été d’abord conduits au commissariat de Bab Bhar à Tunis dans lequel ils sont restés environ douze heures et où ils ont été vus pour la dernière fois par une amie. A l’heure actuelle, nous ignorons tout du lieu où ils ont été conduits et de leur état de santé. Aucune raison officielle justifiant leur arrestation et leur détention n’a été communiquée.

NEJIB ABIDI, 29 ans, est cinéaste et président d’Asso Chaabi, ancien syndicaliste à l’UGET. Il est connu pour ses positions opposantes radicales au gouvernement de Ben Ali et a ceux qui lui ont succédé depuis le 14 janvier 2011. La veille de son arrestation, un des deux disques durs, contenant les rushs de son documentaire en préparation, a été volé à son domicile, les données d’un autre disque dur ont été effacées définitivement après formatage. Nejib est apparu publiquement pour la dernière fois lors des rassemblements de soutien à Jabeur Mejri et à Nasreddine Shili. Ce dernier est le producteur de son film.

YAHYA DRIDI, 26 ans est ingénieur du son et secrétaire général d’Asso Chaabi. Il travaille depuis longtemps avec Nejib. Ils s’étaient notamment rendus ensemble en Italie pour les besoins du tournage. Attentif aux questions de justice sociale, Yahya s’investit essentiellement sur des films engagés. Il réside entre la Tunisie et la France où il mène ses activités artistiques.

ABDALLAH YAHYA, 34 ans, est réalisateur. Son documentaire « Nous sommes ici » est sorti l’année dernière. Il met en lumière le quotidien des habitants de Jebel Jloud, quartier situé à quelques kilomètres de la capitale où sont concentrés chômage, misère économique et difficultés sociales. Son prochain film « Le Retour », en phase de réalisation finale, est également produit par Nasreddine Shili.

SLIM ABIDA, 33 ans est musicien bassiste, fondateur du groupe Jazz Oil. Il réside entre Tunis et Paris. Présent sur la scène musicale contestataire depuis plus de 10 ans, il travaille avec Nejib, Yahia et Mahmoud sur la bande son de leur prochain film.

MAHMOUD AYAD, 29 ans est pianiste. Il a travaillé avec de nombreuses personnalités de la scène alternative et contestataire en Tunisie.

SKANDER BEN ABID, 20 ans, clarinettiste et étudiant à l’ISEC, ainsi que deux amies étudiantes, artistes et activistes.

L’arrestation a eu lieu alors qu’ils étaient réunis pour travailler sur la musique du film de Nejib. Cette arrestation prouve encore une fois que le système sécuritaire et répressif mené par le gouvernement et la police est toujours en place. Le gouvernement actuel, qui doit sa mise en place à tous ces jeunes et moins jeunes qui ont surmonté leur peur et ont renversé le dictateur au cours de la Révolution n’a aucune reconnaissance envers le peuple tunisien et sa jeunesse active. Il spolie notre Révolution et bafoue nos droits. Nos amis se battent pour la liberté et la justice au quotidien. A travers un choix de vie qui vise à faire progresser notre société, ils ont un réel souci de l’autre et en particulier de leurs concitoyens, méprisés par le système.

Leur arrestation qui s’inscrit dans la lignée de celles de Jabeur Mejri, Ghazi Beji, Weld El 15, Klay BBJ, Nasreddine Shili vise à poignarder la liberté d’expression et la liberté de conscience au cœur. Ces libertés fondamentales semblaient acquises après le 14 Janvier. Certains députés avaient même garanti leur inscription dans la Constitution et le gouvernement se vantait d’avoir instauré un État de Droits. Nous sommes révoltés de constater toute cette injustice qui s’abat sur les jeunes Tunisiens révolutionnaires quand, en même temps, des membres du RDC sont remis en liberté, des criminels sortent des tribunaux avec des remises de peines, du sursis et que par-dessus tout, on ne sait toujours pas qui a tué Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi.

Nous venons, par ce communiqué, revendiquer haut et fort :

- LA LIBÉRATION IMMÉDIATE ET SANS CONDITIONS DE NEJIB, YAHYIA, ABDELLAH, SLIM, YAHYA, MAHMOUD, SKANDER, AYA, AMAL, NASREDDINE, JABEUR, WELD EL 15, KLAY BBJ ET DE TOUS CEUX QUI SUBISSENT LA RÉPRESSION A L’ÉGARD DE LA LIBERTÉ D’EXPRESSION ET DE CONSCIENCE – L’ARRÊT DES PERSÉCUTIONS ENVERS LA JEUNESSE ET EN PARTICULIER CELLE QUI CONTINUE A LUTTER POUR LA RÉALISATION DES OBJECTIFS DE LA RÉVOLUTION, LE DÉMANTÈLEMENT DE L’APPAREIL RÉPRESSIF ET LIBERTICIDE HÉRITÉ DU RÉGIME DU 7 NOVEMBRE ET QUI REPOSE SUR LA COLLABORATION ENTRE LA POLICE ET LA JUSTICE .

PS: Les “8 de Lafayette” sont présentés au juge lundi et devraient passer en jugement mercredi. 8 autres personnes ont été arrêtées en même temps

http://nawaat.org/portail/2013/09/23/tu ... createurs/


Appel à rassemblement à Paris mercredi 25 septembre

Communiqué

Samedi 21 septembre 2013, Lafayette, Tunis, à 4h du matin, descente au domicile de Nejib Abidi, activiste et fondateur de Radio Chaabi et membre fondateur des mouvements des jeunes révolutionnaires en Tunisie et arrestation des 8 personnes présentes :

. Nejib ABIDI, cinéaste et président d?Asso Chaabi

. Yahya DRIDI, technicien de son

. Abdallah YAHYA, cinéaste engagé

. Slim ABIDA, musicien et compositeur du groupe JazzOil

. Mahmou AYED, musicien du groupe JazzOil

. Skander BEN ABID, musicien

. et deux autres camarades militantes.

Ces arrestations confirment un processus méthodique de répression de l'Etat contre les forces actives de la révolution.

L'acharnement judiciaire et policier qui frappe de nombreux artistes, journalistes et citoyens révèle l'instrumentalisation de la justice à des fins politiques. Tout cela se passe avec le silence scandaleux d'une large frange de l'opposition qui, choisissant d'être dans des calculs électoraux, refuse de s'emparer de certaines causes pour lesquelles la jeunesse s'est battue.

Nous tunisiens et tunisiennes vivant en France, dénonçons et condamnons la répression systémique de toutes les dynamiques révolutionnaires.

Nous condamnons l'inscription du gouvernement dans les man?uvres de la dictature de Ben Ali pour taire les voix des forces révolutionnaires et son appui sur les institutions policières qui continuent à agir en toute impunité.

Nous exigeons la libération immédiate et inconditionnelle de nos camarades et de tous les prisonniers de la révolution et exigeons la fin de cette terreur politique.

Mobilisons nous pour la libération de tous les jeunes révolutionnaires détenus dans les prisons de l'État.

Rassemblement Place de la République mercredi 25 septembre à 18h30
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Re: Tunisie

Messagede bipbip » 03 Nov 2013, 01:21

Communiqué et un tract de l'USTM 31 consacré à ce qui se passe sur Latélec
Répression syndicale à SEA LATelec à Fouchana – Tunisie

La société SEA LATelec est filiale à 100 % du groupe Latécoère, fournisseur majeur d’Airbus. LATelec fournit du câblage aéronautique, dont le principal client est Airbus, mais aussi Eurocopter, une autre société du groupe EADS, et Dassault Aviation.

L’usine de LATelec à Fouchana, dans la banlieue de Tunis, a été fondée en 2006. La raison majeure d’implantation de LATelec en Tunisie était les très bas salaires tunisiens ainsi que le cadre légal particulièrement favorable aux entreprises étrangères en termes de terrain, de dégrèvement d’impôts pendant 10 ans et de rapatriement des bénéfices. De plus, comme les salariés de cette usine sont des femmes à 90 %, LATelec espérait pouvoir profiter d’une main-d’œuvre docile et sous-payée.

Le 18 mars 2011, les salariés de l’usine se sont organisés en fondant un syndicat affilié à l’UGTT (Union Générale Tunisienne du Travail) dans l’usine, jusqu’alors privée de représentation syndicale. Le syndicat obtient des augmentations de salaire et des améliorations des conditions de travail et, au bout d’un an, 420 sur les 450 salariés à LATelec Fouchana y sont syndiqués. Le syndicat monte également un projet de reclassification professionnelle des employés, en prenant en compte et en valorisant leurs qualifications et l’objet de leur travail. Il réclame aussi l’embauche directe par LATelec des 200 « contractuels » (intérimaires). Malgré les tentatives de la direction de LATelec de corrompre les responsables du syndicat (classification comme cadre et… voiture de fonction), l’accord est signé en avril 2012, et a comme résultat l’augmentation du salaire moyen de 103 € à 202 € par mois (le « SMIC » tunisien est de 143 €).

Pour en finir avec un syndicat qui défend efficacement les droits des salariés, la direction de LATelec procède à la création d’un « syndicat maison », composé du personnel encadrant. Puis elle prive les responsables syndicales d’accès à leur lieu de travail, ce qui déclenche une grève de soutien spontanée de la part de la majorité des salariés. Fin octobre la grève est terminée avec la signature d’un accord, mais les salariés, de retour à l’usine, constatent qu’elle a été vidée des outils de travail, des composants des câbles et de la production stockée. La direction de LATelec a lock-outé et transféré la production aux sites français, le temps de se débarrasser du syndicat UGTT.

Depuis lors, tous les 200 salariés contractuels ont vu leur contrat non renouvelé, et des salariés en CDI ont été licenciés, notamment les élues du syndicat : Sonia Jebali, secrétaire, Monia Dridi, secrétaire adjointe, Rim Sboui, déléguée, et 7 autres personnes. Les salariées licenciées ont lancé une procédure en justice, en commençant par l’Inspection du Travail, qui a rendu un avis défavorable à leur licenciement. Contrairement à la France, l’avis de l’Inspection du Travail tunisienne est juste consultatif. Elles sont actuellement en lutte pour l’annulation de leur licenciement et leur réintégration à l’usine.

Les syndicats CGT Latécoère et Airbus, en tant que syndicat du principal client de LATelec, tout en étant opposée aux délocalisations effectuées dans un objectif de dumping social, dénonce ce cas flagrant de répression syndicale, et l’empêchement des salariés de LATelec Fouchana à s’organiser en syndicat pour défendre leurs droits. Nous déclarons notre solidarité avec les salariés de LATelec Tunisie en lutte pour faire respecter leurs droits syndicaux, comme nous sommes solidaires avec les luttes pour le progrès social et le respect des droits des travailleurs partout dans le monde.

Syndicat UFICT-CGT Airbus SAS
Syndicat CGT Airbus Operations Toulouse
Syndicat CGT Latécoère
Union des Syndicats de la Métallurgie CGT 31

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Re: Tunisie

Messagede DjurDjura » 28 Nov 2013, 17:56

La rue gronde contre les islamistes d’ennahdha

violentes manifestations à Gafsa, Gabès et Siliana




le 28.11.13 | 10h00




Gafsa, Gabès et Siliana ont vécu, hier, au rythme des grèves générales et manifestations contre le gouvernement. La colère monte dans ces régions suite à des décisions gouvernementales qui les privent de facultés dans les spécialités médicales. A Gafsa, les manifestants ont incendié le siège du mouvement islamiste Ennahdha et essayé de prendre d’assaut le gouvernorat. La colère citoyenne gronde contre le pouvoir islamiste.

Image

Tunis. De notre correspondant

La tension est montée, hier, de plusieurs crans dans les villes de Gafsa et Gabès. A l’origine de cette colère, les décisions d’affectation de cinq facultés (trois de médecine, une de pharmacie et une de chirurgie dentaire) dans les régions intérieures (Médenine, Sidi Bouzid, Kasserine, Le Kef et Jendouba).

Les citoyens de Gafsa et Gabès ont vu dans cette décision une continuité de la politique de marginalisation à l’égard de leurs villes. Les unions régionales du travail ont appelé à une grève générale régionale pour protester contre ces décisions. A Gafsa, la manifestation organisée, hier, a dérapé et s’est transformée en une marche contre le gouvernement et le parti au pouvoir. Plusieurs centaines de manifestants se sont ainsi attaqués au siège du parti islamiste au pouvoir, Ennahdha. Ils l’ont vidé de son contenu (dossiers et meubles) qu’ils ont incendié dans la rue. Les manifestants se sont également pris au siège du gouvernorat et ont essayé de l’occuper, avant d’en être chassés par les forces de l’ordre qui ont usé de gaz lacrymogènes.

A Gabès, il y avait également grève générale, hier. Après une marche qui a fait le tour de la ville, les citoyens se sont rassemblés près d’un lopin de terre de quatre hectares, octroyé par la municipalité afin d’y construire une faculté de médecine. Il y avait des représentants de l’Union régionale du travail, des partis politiques (opposition et troïka au pouvoir) ainsi que de la société civile. Des milliers de citoyens ont scandé l’hymne national et il a été procédé à la pose de la première pierre de cette faculté de médecine que les Gabésiens ont décidé de s’octroyer. Un geste symbolique soutenu par tout Gabès pour dire l’attachement à cet objectif.

Siliana aussi

Pour sa part, Siliana était hier en grève générale. La raison était autre. La ville a fêté hier le passage d’une année sur les «événements de la chevrotine» en référence à l’utilisation par les forces de l’ordre de chevrotines contre les manifestants. Une vingtaine de citoyens ont perdu un œil suite à ces incidents et continuent à suivre des soins. Les commissions d’enquête, formées suite à ces incidents par les autorités et l’Assemblée nationale constituante, n’ont pas encore rendu leurs rapports et les responsables de ces bourdes courent toujours. Hier, l’UGTT et l’opposition, présentes aux manifestations organisées à Siliana à cette occasion, ont réitéré leur exigence de traduire les responsables de ces incidents, désignés par les enquêtes, devant la justice. Elles ont également déploré le fait que la région continue à vivre une marginalisation socioéconomique.

La Tunisie a vécu hier une journée de tension à travers les grèves générales régionales de Gafsa, Gabès et Siliana, ainsi qu’en raison de la grève générale du secteur de la santé. Il y a un malaise profond parmi la population de certaines régions qui se sentent lésées par un gouvernement qui n’a rien fait pour réaliser les objectifs pour lesquelles la Tunisie s’est soulevée en janvier 2011. Les manifestations d’hier constituent un carton jaune à l’adresse du gouvernement.

Mourad Sellami


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Re: Tunisie

Messagede DjurDjura » 08 Jan 2014, 14:31

Constitution : la Tunisie adopte la liberté de conscience et rejette la charia

By ghalem bouha On 5 jan, 2014 At 05:23 |







L’assemblée constituante tunisienne a approuvé samedi 4 janvier les premiers articles de la future Constitution, garantissant la liberté de conscience, faisant de l’Etat le « protecteur du sacré », mais rejetant l’islam comme source de droit – des points qui ont suscité de vives controverses pendant des mois
.

Les deux premiers articles, non amendables, définissent la Tunisie comme une République guidée par la « primauté du droit », un Etat « libre, indépendant, souverain » et « civil » dont la religion est l’islam. Deux amendements, proposant comme « source principale de la législation » l’islam, et le Coran et la sunna (ensemble des paroles du prophète, de ses actions et de ses jugements), ont été rejetés.

En revanche, conformément à un compromis entre le parti islamiste Ennahda (majoritaire) et l’opposition, la Constitution fera de l’islam la religion du pays.

COMPTE À REBOURS AVANT LE 14 JANVIER

Si la constituante, élue en octobre 2011, a consacré l’Etat comme « garant de la liberté de conscience », malgré la vive opposition de certains élus, le même article 6 lui confère le rôle de « protecteur du sacré » et de « gardien de la religion ». Cette formulation vague a été critiquée par des ONG craignant l’interprétation qui pourrait être faite d’une notion qui n’a pas été définie. Pour la Ligue tunisienne des droits de l’homme, il pourrait « aboutir à des interprétations menaçant la citoyenneté, les libertés ».

L’assemblée constituante avait approuvé samedi en début de journée douze articles, sur un total de 146. Les députés vont continuer de travailler dans le but d’adopter la loi fondamentale, ainsi qu’une loi électorale avant le 14 janvier, troisième anniversaire de la révolution qui marqua le début du printemps arabe. Ce calendrier est la clé de voûte d’un accord entre opposants et Ennahda pour résoudre une profonde crise déclenchée par l’assassinat le 25 juillet du député de gauche Mohamed Brahmi – le deuxième meurtre en 2013 attribué à la mouvance djihadiste.

Lire l’article à la source :

http://www.lemonde.fr/tunisie/article/2 ... 66522.html





Agriculteurs, juges et médecins contre le gouvernement

manifestations généralisées en Tunisie



le 08.01.14 | 10h00

Des agriculteurs tunisiens ont mis leur menace à exécution en bloquant plusieurs routes dans le pays.



La tension sociale est à son paroxysme en Tunisie avec plusieurs corporations en colère contre le gouvernement et des manifestations de colère généralisées sur fond de contexte politique délicat.


Les agriculteurs tunisiens refusent les augmentations démesurées des vignettes de leurs camions. Ils bloquent désormais les routes. «Nous n’allons pas voler pour payer», se lamente Salah, l’un des manifestants qui ont fermé la recette des finances de Kasserine. «Avant, je payais 64 dinars, ils me demandent aujourd’hui 530 dinars», ajoute-t-il en colère.
Son voisin Ali précise que «cette taxe sur les camions à usage agricole était de 320 dinars, payables en deux tranches semestrielles. Il ne suffit pas qu’elle soit passée à 560 dinars, l’Etat exige son paiement en une seule tranche. Ce n’est pas normal», déplore-t-il.

Cette décision a provoqué une vague de colère qui s’est rapidement propagée à travers la République. Des routes ont été coupées à l’entrée de plusieurs villes par des camionneurs en sit-in : Tunis-Bizerte ; Sfax-Gabès ; Sidi Bouzid-Sfax ; Kairouan-Gafsa ; Gafsa-Tozeur ; Le Kef-Tajerouine ; Nabeul-Beni Khalled et la liste est encore longue.
Les manifestants refusent de payer ces impôts et menacent de bloquer la circulation à travers le pays. L’Union nationale de l’agriculture et de la pêche (UNAP), présidée pourtant par un Nahdhaoui, Abdelmagid Zar, demande l’annulation de l’article 66 de la loi de finances 2014, qui a institué cette augmentation. L’UNAP a demandé aux agriculteurs de manifester devant les sièges des gouvernorats. La corporation a bénéficié de l’air de liberté ayant soufflé sur le pays depuis le 14 janvier 2011 pour oser crier sa colère contre cette augmentation «injuste».

Routes bloquées

Le gouvernement est désormais dans de beaux draps, surtout que ces protestations surviennent alors que le pays traverse une grave crise sur le double plan économique et politique avec une Constitution en phase d’adoption et un gouvernement sur le départ. L’incidence de l’échec de la politique gouvernementale est double si l’on sait que les médecins de la santé publique et les juges sont également en colère. Le futur chef du gouvernement, Mehdi Jomaâ, sait donc déjà à quoi s’en tenir.

Médecins en sit-in

Les médecins de la santé publique poursuivent depuis plus d’un mois un bras de fer avec le ministre de la Santé à propos d’une loi qui les oblige à travailler trois années à l’intérieur de la République à la fin de leur résidanat. Laquelle loi a été refusée par tous les syndicats de la corporation et tous les conseils scientifiques des facultés de médecine, de pharmacie et de médecine dentaire. «Nous ne sommes pas contre le travail à l’intérieur de la République, mais nous sommes pour une solution concertée de la problématique de mise à niveau de la santé publique», répliquent-ils au ministre.

«Cela ne sert à rien d’affecter des médecins spécialistes dans des centres de soins de base pour orienter les malades vers des centres hospitalo-universitaires. Il faudrait plutôt mettre à niveau toute la prise en charge des patients», expliquent les intervenants dans le secteur de la santé publique qui accusent le ministre de la Santé, Abdelatif Mekki, d’être derrière la complication de la situation dans le secteur, notamment sur le plan des relations entre l’administration et les corporations professionnelles.

Les médecins sont descendus hier dans les rues de Tunis, Sousse, Monastir et Sfax. Ils étaient des milliers à faire partie du sit-in, organisé hier, devant l’Assemblée nationale constituante pour réclamer la non-adoption du projet de loi proposé par le ministre. Un bras de fer qui est venu au mauvais moment pour la Tunisie. Pour leur part, les juges ont entamé hier une grève de trois jours pour contester l’intervention du pouvoir exécutif dans les prérogatives de l’instance supérieure de la magistrature et réclamer un texte clair prônant l’indépendance de la justice dans la nouvelle Constitution. Les juges menacent de lancer une grève ouverte si leurs revendications ne sont pas satisfaites.

Laârayedh sur le départ

Alors que la Tunisie vit sa plus grave crise sociale depuis le 14 janvier 2011, l’actuel chef du gouvernement, Ali Laârayedh, s’apprête à plier bagage pour laisser place à Mehdi Jomaâ, selon les termes des accords du Dialogue national. Selon des sources proches du parti islamiste d’Ennahdha, Laârayedh n’attend plus que l’élection de l’Instance supérieure indépendante des élections (ISIE) et la fixation de la date des prochaines échéances électorales pour annoncer la démission de son gouvernement.

Le président Marzouki pourrait alors demander à Rached Ghannouchi, président du principal parti de l’assemblée, à savoir Ennahdha, de désigner un nouveau chef du gouvernement, selon les termes de l’Organisation provisoire des pouvoirs L’élection de l’ISIE devrait avoir lieu, hier soir ou aujourd’hui, à l’ANC. Laârayedh démissionnerait au cours des prochaines 48 heures. Le départ des islamistes du pouvoir sera sur fond de crise, même s’ils veulent l’assumer à une fin joyeuse d’une phase de la transition, à savoir l’adoption de la Constitution et la désignation des prochaines échéances électorales. La Tunisie continue à retenir son souffle.

Mourad Sellami


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Re: Tunisie

Messagede Kzimir » 06 Fév 2014, 10:33

Je sais pas si ça avait déjà été mis, dans le doute :
Le lien vers une pétition en soutien aux ouvrières de Latelec, qui continuent leur mouvement : http://petition-latelec.cslpt.org/
Et un rassemblement pour les soutenir est organisé par l'USTM CGT à Toulouse le 11 février, devant Latécoère (rue Périole) à 13h30.
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Re: Tunisie

Messagede Pïérô » 20 Juin 2014, 01:06

En Tunisie, la justice s’acharne sur les jeunes révolutionnaires

Safouane Bouaziz avait 27 ans quand, le 24 décembre 2010, ce mince jeune homme a lancé le célèbre slogan du soulèvement tunisien « Achaab yourid iskat annidham » (le peuple veut la chute du gouvernement). Il sera confronté aux juges mardi 17 juin, à Sidi Bouzid, berçeau de la révolution. Le même jour, à Kasserine, autre chef-lieu emblématique du « printemps arabe », un verdict devrait être prononcé contre Issam Amri, frère de Mohamed, 18 ans, tué par balle à Thala le 8 janvier 2011. Trois ans et demi après la chute du régime de Zine El-Abidine Ben Ali, plus de 130 procès, impliquant des dizaines de jeunes qui ont participé à la révolution tunisienne, sont en cours.

Alors que la Tunisie vient de mettre en place le 9 juin, l’Instance Vérité et Dignité chargée de recenser et d’indemniser les victimes des régimes Bourguiba et Ben Ali depuis le 1er juillet 1955, les poursuites judiciaires se multiplient contre ces jeunes, accusés de violences et d’incendie contre des postes de police. Sous la pression des familles qui ont mené une grève de la faim, l’Assemblée nationale constituante a voté, le 2 juin, une loi d’amnistie pour la période du 17 décembre 2010, date du début du soulèvement, au 28 février 2011. Or, les affrontements se sont poursuivis bien après. Mises en lumière par l’arrestation le 13 mai du blogueur Azyz Amami – relaxé depuis – et l’un des principaux animateurs de l’appel « Moi aussi j’ai brûlé un poste de police », ces poursuites ne retiennent l’attention d’aucun parti. « Leur cause n’est plus une cause nationale, dénonce Charfeddine El Kellil, l’avocat des jeunes qui sillonne le pays pour les défendre. Il y aura encore d’autres procès pour que ces gens-là se taisent parce que le système veut tourner la page. » « L’amnistie est rédigée en termes flous qui laissent toutes les interprétations au juge, ajoute-t-il. Pour moi, l’Instance Vérité et Dignité est une machine à clore le débat. »

« SIX FOIS EN PRISON »

Dans les villes de la révolution, au centre de la Tunisie, rien n’a changé. Le chômage et la misère prolifèrent, les routes sont toujours défoncées. Et les relations entre les jeunes et la police, loin d’emprunter le chemin de la réconciliation, se sont encore dégradées. « Avant la révolution, je n’avais jamais connu la prison, depuis, j’y suis allé six fois », soupire Issam Amri, 32 ans.

Au chômage quand il n’effectue pas quelques travaux agricoles, il a suivi mois après mois les vingt-six audiences des tribunaux militaires chargés d’enquêter sur les 319 morts et 3 069 blessés de la révolution. Il a assisté la rage au cœur à la libération de la quasi-totalité des anciens dignitaires du régime Ben Ali. Le dernier, Ali Seriati, ex-directeur de la garde présidentielle est sorti le 17 mai. Condamné à vingt ans de prison à Tunis, l’ex-responsable sécuritaire, qui a bénéficié d’un non-lieu dans l’affaire des martyrs de Kasserine, a vu sa peine réduite à trois ans et le chef d’accusation requalifié en « non-assistance à personne en danger ».

La même décision a été appliquée au responsable de la sécurité de Thala, petite commune proche de Kasserine, où six jeunes ont été tués en janvier 2011. Alors quand un autre de ses frères, Khaled, a de nouveau été interpellé en mai par la police, Issam est allé le chercher et une bagarre a éclaté. Poursuivi pour « outrage à fonctionnaire, diffamation, ébriété manifeste et atteinte aux bonnes mœurs », il est aussi concerné avec 23 autres jeunes, dans un dossier en cours d’instruction, pour l’attaque d’un poste de police le 25 novembre 2011. « Après la révolution, on a cru que quelque chose allait changer, qu’il y aurait une rupture, mais c’est tout le contraire, constate avec amertume Helmi Cheniti, frère de l’un des « martyrs » de Thala. Quand je serai mort, je laisserai une boîte aux lettres sur ma tombe pour que l’on me tienne au courant de la justice. »

« ATTEINTE AU DRAPEAU »

A soixante kilomètres de Sidi Bouzid, à Menzel Bouzaiane, Safouane Bouaziz, chômeur, est poursuivi dans quatre affaires, pour « atteinte au drapeau, menaces contre fonctionnaire, atteinte aux bonnes mœurs, association de malfaiteurs », ainsi que pour l’incendie d’un poste de police après l’assassinat, le 25 juillet 2013, du député Mohamed Brahmi. « J’aurais pu y participer, j’aurais aimé même, je l’ai dit au juge, mais je n’y étais pas », assure le jeune homme. Comme Issam et bien d’autre, Safouane a participé à toutes les manifestations d’avant et après la révolution, notamment celles de février 2011, qui ont fait tomber le premier gouvernement de la transition. Aujourd’hui, ces jeunes se sentent « harcelés » par des policiers qui, selon eux, « ne pensent qu’à se venger » et « produisent des PV falsifiés et de faux témoignages ». En réaction, sur le mur en face du poste de la garde nationale de Menzel Bouzaiane, une main a écrit : « Vous revenez, on revient. »

A Ksibet, près de Monastir, ce sont 24 jeunes qui sont confrontés à la justice après l’incendie d’un poste de police dans la nuit qui a suivi l’assassinat, le 6 février 2013, de l’opposant Chokri Belaïd. Aussitôt interpellés, sept d’entre eux ont été placés en détention provisoire pendant sept à treize mois. Dix-neuf autres ont été laissés en liberté, dont cinq considérés en fuite. Leur procès est prévu le 10 juillet.

« LES FLICS VEULENT LEUR REVANCHE »

Tous reconnaissent des jets de pierre contre des gaz lacrymogènes mais accusent la police d’avoir délibérément mis le feu à leur local pour les mettre en cause. « Les flics nous détestent parce qu’en 2011, nous avons participé à la révolution. Ils veulent leur revanche, assure Mohamed Ben Ouannès Lagha, 29 ans, l’un des recherchés. Quand ils ont disparu, c’est pourtant nous qui avons gardé la ville et la municipalité pour la protéger. » Mohamed Ali Mezhoud, 25 ans, qui s’était présenté spontanément à la police, a passé treize mois en détention provisoire. « Je veux faire la paix mais pour la police, être amis, cela veut dire devenir leur indicateur, comme avant », témoigne-t-il.

« Sous pression » comme ils disent, ces jeunes de la révolution ne sont pas les seuls à avoir des démêlés avec la justice. Tous les mouvements sociaux sont désormais dans le viseur des autorités. Il y a peu, Nidhal Ouerfelli, porte-parole du gouvernement, a insisté sur le besoin de stabilité du pays. « Aucun sit-in ne sera toléré et la loi à ce sujet sera appliquée sévèrement », a-t-il déclaré le 4 mai à propos du bassin minier. Dans le hameau d’El Berka, au bout de cette région déshéritée proche de la frontière algérienne, quinze familles en conflit avec la Compagnie générale des phosphates, désespèrent. Après un sit-in mouvementé avec la police, dont les habitants contestent la version selon leur porte-parole Badreddine Ben Ali Souidi, un agriculteur, treize hommes ont été condamnés le 21 mai en leur absence par le tribunal de Gafsa à dix ans de prison.

Isabelle Mandraud (Thala, Menzel Bouzaiane et Ksibet, Tunisie, envoyée spéciale )

http://www.lemonde.fr/tunisie/article/2 ... 66522.html
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Re: Tunisie

Messagede bipbip » 04 Juil 2014, 00:04

Tunisie : La révolution face à la récupération

Le processus révolutionnaire en Tunisie dépend de l’action du mouvement social. Au sein de celui-ci, le syndicat Union générale tunisienne du travail est un élément clé. Analyse d’une force qui oscille entre la compromission avec le pouvoir et la volonté de changement radical d’une partie de la base.

Trois ans et demi sont écoulés depuis le début du processus révolutionnaire tunisien. Ce processus qui a vu la jeunesse révoltée affronter toutes sortes de contre-révolutions. D’abord, l’Otan qui saute sur la région par ses moyens gigantesques allant de la force militaire jusqu’aux milices islamistes injectées pour foutre le chaos et légitimer la dictature et l’asservissement en échange de la sécurité et de la paix.

Les États capitalistes, quant à eux, malgré les coups d’affaiblissement, ont gardé l’essentiel de leur potentiel, renforcé par une galaxie de partis, d’ONG et de personnalités réformiste. Ceux-ci ont répondu avec réactivité à l’appel des pionniers des régimes en place afin de barrer la route au processus révolutionnaire et de le remplacer par un processus opposé dit «  processus de transition démocratique  ». Celui-ci se limite à une restauration du régime policier et au renforcement du capitalisme libéral cher aux pilleurs mondiaux, régionaux et locaux.

L’essoufflement et l’état de stagnation du processus révolutionnaire ne sont sûrement pas dûs aux seuls facteurs extérieurs, objectifs, imposés malgré leur importance. En effet, les facteurs internes, subjectifs, propres aux forces sociales potentiellement révolutionnaires, sont bien plus importants.

L’UGTT, domination des franges conservatrices

Dès sa naissance en 1946, l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) ne se limite pas à une action strictement revendicative, mais adopte une orientation nationaliste anticolonialiste. De son rôle majeur dans la lutte pour l’indépendance, elle conserve ensuite une capacité à mobiliser bien plus de salarié-e-s, d’étudiants, de militants associatifs, de citoyens que toute autre force. L’UGTT reste pour ces raisons un élément décisif dans les échéances politiques.

Alors que la base pousse vers l’autonomie face à l’État, la bureaucratie syndicale entend garder sa relation de partenariat avec le parti au pouvoir afin de préserver son appareil et ses privilèges. D’où une attitude équilibriste oscillant entre soumission et résistance au régime en place. D’où également certains traits proches de ceux de son allié/rival, le parti du Néo Destour  [1] : hostilité à tout pluralisme syndical, structuration hypercentralisée, etc.

Depuis la fin des années 1960 et avec le développement rapide et massif de l’enseignement, une main d’œuvre diplômée arrive massivement sur le marché du travail. La syndicalisation rapide des fonctionnaires des services publics engendre une nouvelle génération syndicale plus politisée et plus ouverte aux idées de gauche et d’extrême gauche. La tendance vers l’indépendance vis-à-vis de l’État et du parti au pouvoir, la démocratie et la lutte de classe se développent surtout dans quelques fédérations du secteur public (enseignement, poste et télécommunications, transports, santé...), tremplin d’une opposition radicale connue sous le nom de «  gauche syndicale  ». La grève générale de janvier 1978, réprimée dans le sang, a été la première confrontation ouverte et de masse entre l’UGTT et la police et l’armée.

Entre répression et ralliement

L’UGTT a ensuite été périodiquement réprimée et partiellement démantelée. Mais à chaque fois la continuité a été assurée par une résistance clandestine encore plus radicale, et le pouvoir a du reconnaître à nouveau la centrale syndicale et négocier avec elle. Suite au putsch de Ben Ali, en 1987, de nouvelles relations s’instaurent avec le pouvoir. Des moyens financiers considérables sont mobilisés pour corrompre des cadres syndicaux issus de la gauche syndicale. Au nom de la priorité de la lutte contre le danger intégriste, certains se rallient à Ben Ali, facilitant l’instauration d’un régime policier qui finit par étouffer toute vie politique et sociale.

La nouvelle orientation officielle de l’UGTT est de passer de la culture revendicative décrétée «  archaïque  », à des relations entre «  partenaires sociaux  », menant des négociations «  constructives  ». Une partie importante de la base syndicale s’est néanmoins impliquée avec détermination dans le processus révolutionnaire initié en décembre 2010. Alors que le secrétaire général Abdessalem Jrad négocie un plan de sauvetage avec Ben Ali puis avec ses successeurs, des unions régionales et des fédérations entières se détachent de la position officielle d’équilibriste et de médiateur pour organiser et encadrer les mobilisations. De nombreux syndicalistes sont membres des structures populaires révolutionnaires, initiant les occupations, ainsi que les confrontations avec la police et les milices du régime. Après la chute du dictateur le 14 janvier, l’UGTT devient l’interlocuteur le plus crédible et le plus représentatif que doivent prendre en compte toutes les manœuvres de récupération menées par les restes du régime, l’armée, les États-Unis et l’Union européenne.

C’est en grande partie sur l’attitude de l’UGTT que repose aujourd’hui la continuation ou pas de la révolution.

Ligne équilibriste

Dominant le Conseil national de la protection de la révolution formé en opposition aux mobilisations des jeunes au Kasbah 1 et 2 et pour entamer un partenariat avec une aile du régime de Ben Ali d’une part et les islamistes de l’autre, la direction de l’UGTT a pu, au moment de l’instauration du «  processus transitoire démocratique  », permettre au gouvernement provisoire de se maintenir en place, au détriment d’une rupture révolutionnaire démocratique et sociale.

Après le 23 octobre 2012, l’UGTT continue à défendre une ligne équilibriste, de consensus et de collaboration de classe. ACes syndicalistes de base se battent à côté des jeunes chômeurs, étudiants, et à coté des citoyens des secteurs et des régions déshérités, contre la répression sanglante à Siliana, Gafssa, Sidi Bouzid, Kairouan, le Kef etc. Cependant, la direction centrale négocie des «  solutions à la crise  » et appelle au calme et à la raison au nom du nationalisme et de la lutte contre un terrorisme sur demande manipulé, voire même stimulé, financé et/ou protégé par l’État.

Durant le pouvoir des islamistes, l’UGTT était le parrain principal du «  débat national  » et du «  congrès de salut national  ». Les autres superviseurs de cette démarche, à savoir l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (Utica), la Ligue des Droits de l’homme, et l’Ordre national des avocats, n’ont pas autant de force pour jouer le même rôle de briseur de mobilisations sociales en relance. Un grand nombre de partis opposants adhère à un consensus de sauvetage du régime contre la révolution, vue comme porteuse de chaos, de violence et forcément productrice de terrorisme.

Mohamed Amami (Al Gard)


[1] Le Néo Destour a été renommé en 1964 Parti socialiste destourien, puis RCD avec Ben Ali.

http://alternativelibertaire.org/?Tunis ... -face-a-la
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Re: Tunisie

Messagede bipbip » 06 Juil 2014, 00:08

Communiqué du Comité de soutien aux syndicalistes de Latelec-Fouchana

Soutien aux grévistes de la faim pour l’obtention de leur droits

Dans la région de Tunis, depuis le 19 juin 2014 soit plus de dix jours, deux salariées de Latelec- Fouchana sont en grève de la faim. Elles luttent depuis de longs mois contre le licenciement abusif de quatre ouvrières, dont les deux principales animatrices du syndicat UGTT.

La dégradation de l’état de santé des grévistes de la faim a nécessité plusieurs séjours à l’hôpital. Ejectées par la police de l’Inspection du travail où elles avaient entamé leur grève de la faim, elles sont aujourd’hui dans les locaux de l’Union générale des étudiants de Tunisie (UGET) où elles poursuivent leur action en compagnie d’un salarié licencié de l’entreprise voisine Leman Industrie, également en grève de la faim.

Des délégations d’organisations de la société civile leur ont rendu visite et ont ainsi permis de les soutenir moralement.

Lundi 23, un rassemblement de soutien devant l’ambassade de France à Tunis a été dispersé par la police.

Dans l’usine, des ouvrières ont porté des brassards rouges en signe de solidarité, puis ont débrayé massivement.

Vendredi 27, la direction avait enfin accepté de recevoir une délégation de quatre personnes mandatées par les grévistes de la faim (la direction refuse en effet de discuter avec les deux déléguées UGTT Sonia et Monia).

Mais à l’heure du rendez-vous, la direction a annoncé par téléphone qu’elle refusera de signer un procès-verbal à l’issue de cette réunion.

Elle a de plus essayé de diviser les salariées en lutte en ne voulant discuter que du cas des deux déléguées syndicales, et pas celui des deux autres licenciées.

Conformément au mandat qui lui avait confié, la délégation a alors refusé de rencontrer la direction dans de telles conditions. Elle a obtenu le report de la rencontre au lundi 30 après-midi, de façon à pouvoir négocier dans des conditions plus correctes.

Encore une fois, c’est bien la direction de la multinationale française Latécoère et sa filiale tunisienne Latelec, avec un aveuglement digne d’une autre époque, qui bloque l’avancée de la négociation. Elle se permet, avec cette attitude arrogante, de traiter ces salarié-e-s comme le faisaient les entreprises françaises au temps de la colonisation.

Contact : Julien Ente, 06 51 18 46 80
comite.syndicatlatelecfouchana@gmail.com

Les messages de solidarité seront retransmis en Tunisie et publiés sur la page Facebook du comité.
https://www.facebook.com/ComiteSoutienS ... hana?ref=h

http://www.solidaires.org/article48459.html
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