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Chaque jour la population découvre ahurie de nouveaux cas de corruption, révélés dans les médias. Aucun parti, aucune région ne semblent épargnés. Plus de 300 hommes politiques seraient impliqués dans des affaires de corruption.
Une situation que les espagnols ne supportent plus. Ils réclament des mesures pour lutter réellement contre ce fléau. Pour l'instant, les deux principaux partis, PP et PSOE, qui ont gouverné successivement depuis le retour de la démocratie en 1975, n'ont pas voulu prendre le taureau par les cornes. C'est justement dans leurs rangs qu'il y a le plus grand nombre de cas de corruption.
L'Espagne a connu pendant 50 ans des enlèvements d'enfants. Le trafic a duré jusqu'à la fin des années 80. L'affaire a éclaté au grand jour dans les années 2000 mais aujourd'hui encore, il est impossible de faire le compte de ces bébés volés.
Gonzalo Porset, une victime du trafic d'enfants volés (montage réalisé par Sébastien Lopoukhine) © Radio France - /Marine de La Moissonnière
Espagne
Tout a commencé par la mise en examen d'une bonne sœur, María Gómez Valbuena. Même aujourd'hui, la justice rechigne toujours à mener des enquêtes. Une seule personne est officiellement mise en cause, sœur Maria Valbuena. La religieuse vient de mourir alors qu'elle devait être de nouveau entendue dans les prochains jours.
Marine de la Moissonnière s'est rendue à Barcelone, Huelva et Madrid, à la rencontre de victimes
Enorme business ! Merci à la trés Sainte Église d'avoir sauvé tous ces enfants. Et quelle humilité au point de maintenir un silence absolu sur cette action d'Amour ! Amen ! Force est d'admirer toutes ces religions qui n'ont d'autre but que de répandre la Bonté autour de soi. Elles n'ont rien à envier les unes aux autres !
Ce 20 février, le discours annuel du chef du gouvernement sur l’état de la nation tombe à un moment de profonde crise économique, sociale et institutionnelle, qui semble n’épargner personne. Gangréné par la corruption, le système politique menace d’imploser et d’entraîner avec lui la démocratie.
Carlos Carnicero
Il n’existe pas de lien entre eux, mais les divers chantages qui pèsent sur les politiciens et les institutions menacent de provoquer une paralysie du système politique et une implosion au sein des institutions, ce qui pourrait entraîner la fin du modèle démocratique actuel.
A tous les niveaux de l'Etat, il est difficile de trouver des personnalités qui ne sont pas menacées par une forme ou une autre de chantage. Il n'y a pas un seul parti politique qui ne soit exempt de ce danger.
Diego Torres continue de faire fonctionner la machine du chantage contre son ancien associé Iñaki Urdangarin – le gendre du roi – jusqu'à impliquer l'infante Cristina et attaquer la famille royale de plus en plus durement. La dernière comparution de Diego Torres est allée encore plus loin dans le spectaculaire puisque le roi en personne, une amie proche du monarque et même le prince Felipe, sont intervenus.
La colère des citoyens gronde
Au sein du gouvernement, la situation n'est pas plus reluisante. Mariano Rajoy, qui a la double casquette de président du PP et du gouvernement, ne fournit aucune explication pour justifier le maintien de Luís Bárcenas à son poste de trésorier du PP pendant plus de deux ans après sa démission du Sénat, et suite à son implication dans l'affaire Gürtel [une affaire de corruption impliquant des responsables du Parti populaire et des entrepreneurs qui bénéficiaient de faveurs dans les concessions d'appels d'offres publics]. Personne ne sait ou ne peut expliquer pourquoi un tel traitement de faveur a bénéficié à une personne qui a détourné au moins 22 millions d'euros en Suisse et qui a été responsable des finances du PP pendant plus de 20 ans.
Comme dans un roman-feuilleton du XIXe siècle, les Espagnols vont tous les jours au kiosque ou sur Internet pour s'informer des progrès accomplis par les malfaiteurs qui ont fait de l'Espagne un immense bourbier corrompu. Le sujet est omniprésent dans les bureaux, les usines et les bars, à tel point que l'indignation des citoyens prend des proportions incontrôlables.
En Catalogne, la stabilité politique est menacée, car il a été révélé que des agences de détectives menaient des enquêtes sur les activités professionnelles et la vie personnelle de politiciens de premier plan. Il semble évident que le chantage était la motivation de ces missions devant trouver des responsables. Certains des politiciens les plus engagés dans le processus indépendantiste catalan pourraient être accusés de corruption au cours des prochaines semaines.
Envisager l’euthanasie
Difficile de trouver une constellation capable de relier autant d'astres que le dépotoir qu'est l'Etat espagnol. L'indignation augmente de jour en jour et bouillonne sur les réseaux sociaux, et les mouvements de citoyens indignés commencent à remporter leurs premières victoires contre le Parlement et les décisions des partis majoritaires.
Si cette constellation n'est pas dissoute, si l'infante Cristina est appelée à témoigner dans le cadre des accusations de corruption portées contre son mari, le duc de Palma de Majorque, et si les hauts dirigeants du PP – dont Mariano Rajoy – sont assignés en justice, la stabilité du gouvernement pourrait être ébranlée.
Pendant ce temps, les chantages successifs ne déclenchent aucune réaction. Luis Bárcenas gère son calendrier et ses documents avec efficacité. Jusqu'à présent, il a réussi ni plus ni moins à obtenir que Mariano Rajoy – loin d'entamer des procédures judiciaires contre lui – n'ose même pas prononcer son nom.
Se soumettre à un chantage ne fait que maintenir ou aggraver une faiblesse, selon la nature de l'escroquerie. Si les exigences du maître-chanteur sont trop lourdes, il vaut mieux envisager l'euthanasie pour éviter de prolonger les souffrances du malade.
Il faut révéler la vérité
A ce panorama catastrophique, il faut ajouter la crise systémique qui touche la confédération espagnole des entreprises (CEOE) [une organisation patronale espagnole]. Son ancien président, Gerardo Díaz Ferrán, est en prison pour délit grave de corruption. Son successeur, Joan Rossell, est l'équivalent d'un pyromane qui met en doute les chiffres officiels fournis par le gouvernement sur le chômage ; par ailleurs, il insulte et offense des centaines de milliers de fonctionnaires publics. Quant au vice-président de l'organisation, Arturo Fernández, il sera contraint de démissionner dès que progressera le procès sur les fraudes commises vis-à-vis de la sécurité sociale et des impôts, pour avoir effectué des paiements au noir à ses employés.
Et pour continuer sur le thème de la maladie, les soucis de santé dont souffre en permanence le roi, son âge et les obligations essentielles liées à sa fonction viennent s'ajouter au fait que la royauté n'est pas suffisamment solide pour éviter que la succession soit complexe et délicate.
Tout repose sur la structure de l'Etat. Si elle implose, il sera difficile de sauver les piliers qui la soutiennent. Pourtant, le risque de déstabilisation ne peut ni ne doit empêcher de révéler la vérité. Cette fois-ci, les citoyens ne sont pas disposés à pardonner ou à oublier.
Traduction : Leslie Talaga
SUR LE WEB
Article original – El Periódico de Catalunya es
L'article d'El País es
L'article de La Vanguardia es
ANALYSES
Les électeurs sont otages du système
Le philosophe du droit espagnol Jorge Urdánoz Ganuza n’a pas de doutes quant à l’origine de la corruption qui frappe la classe politique espagnole : c’est le système bipartite, où le Parti populaire (PP, droite) et le Parti socialiste (PSOE) dominent, sans qu'il n'y ait de réelle concurrence avec les autres partis, écrit-il dans El País. Ainsi,
pour les millions d’Espagnols qui vivent dans les petites circonscriptions, il n’y a que deux options : soit tu votes PP même s’il y a des corrompus dans ses listes, soit tu laisses le PSOE l’emporter. Et vice-versa, soit tu vote PSOE, que cela te convienne ou pas, soit tu laisses le PP l’emporter. […] Au PP, on peut aller de l’avant aujourd’hui, car on sait que, lors des prochaines élections, ses millions d’électeurs n’auront pas d’autre choix que de choisir entre eux et le PSOE.
La crise politique “s’est superposée à la crise économique, […] retardant un traitement adapté de cette dernière et contribuant à l’aggraver”, note pour sa part La Vanguardia, selon laquelle
cette crise politique est une crise de l’Etat de droit, avec deux conséquences fatales : premièrement, les lois et les décisions de justice ne sont pas appliquées ; deuxièmement, les institutions deviennent inefficaces du fait de leur décrédibilisation croissante.
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Discrédit des politiques et crise
Aux yeux des Espagnols, l’affaire des caisses noires ne fait que rajouter au discrédit des hommes politiques. Une pétition demandant la démission immédiate de Mariano Rajoy a déjà été signée par 1,2 millions d’Espagnols. Cette crise risque de rendre encore plus difficile la mission que le Parti populaire s’est donnée en arrivant au pouvoir : assainir les finances publiques et redonner de la confiance aux marchés financiers. Daniela Ordonez, analyste au cabinet parisien COE Rexecode, met en garde contre toute instabilité politique qui pourrait faire fuir les investisseurs : « Bien sûr, ces aléas ne sont pas les bienvenus sur les marchés financiers. On observe une volatilité des taux d’intérêt depuis le début du mois de février. Le gouvernement a donc tout intérêt à calmer le débat autour de la corruption et à redonner confiance aux marchés ».
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Une famille sur quatre vit dans la pauvreté
A l’occasion du débat parlementaire, Amnesty International a tiré la sonnette d'alarme, dans une lettre ouverte publiée avec deux autres organisations non gouvernementales, Oxfam et Greenpeace. Les trois organisations demandent au gouvernement de placer la lutte contre la pauvreté parmi ses priorités. « Avec les politiques actuelles menées par le gouvernement, nous sommes en passe de devenir un pays plus pauvre, plus injuste et plus instable, écrivent-elles dans cette lettre déposée à l’Assemblée. Les mesures adoptées par le gouvernement ont eu pour effet que presque deux millions de familles espagnoles n'ont plus aucun revenu et qu’une famille sur quatre vit dans la pauvreté ou dans des conditions d’exclusion sociale ». Amnesty, Oxfam et Greenpeace réclament « un changement dans la politique budgétaire et économique ».
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« Nous avons évité le désastre », a répété Mariano Rajoy.
Mauvaise nouvelle pour l’Espagne et pour le gouvernement de Mariano Rajoy : les prévisions économiques de ce dernier sont jugées très optimistes par Bruxelles. L’Union européenne estime, à la différence de Madrid que la reprise économique n’est pas pour tout de suite, et que le déficit public devrait augmenter d’ici 2014
Douche froide pour l’exécutif conservateur de Mariano Rajoy. Il avait promis aux Espagnols que la lumière était au bout du tunnel d’ici la fin de l’année, au pire au cours de l’année prochaine. Or, les autorités de Bruxelles défendent exactement le contraire. Non seulement le chomage ne va pas baisser, mais il devrait croître de 25 à 27% , un record historique.
La dette publique devrait approcher 100% du PIB, Produit itérieur brut, autre triste record. Et le déficit public devrait s’alourdir d’ici fin 2014, sans compter que Madrid doit rembourser 40 milliards d’euros prêtés par l’Europe pour venir à la rescousse de ses banques malades.
C’est un coup de massue pour Mariano Rajoy, qui tente de convaincre tant bien que mal l’opinion que les sacrifices permettront de voir très bientôt des améliorations. Il semble bien que le leader conservateur va au contraire devoir augmenter les impôts, dont la TVA, et aussi tailler dans deux domaines qu’ils avaient annoncés intouchables : les retraites et les allocations chômage.
Journée de forte protestation en Espagne contre la politique d'austérité et contre la corruption du pouvoir en place. Dans plusieurs villes, notamment Madrid, Valence, Bilbao ou Barcelone, des milliers de gens ont défilé, en colère contre les « coupes budgétaires » du gouvernement de Mariano Rajoy, de plus en plus impopulaire. Après la fin du rassemblement, quelques incidents ont éclaté. Douze personnes ont été interpellées.
Avec notre correspondant à Madrid, François Musseau
« Démission, démission du gouvernement ! » Tel est le mot qu'on a pu entendre le plus au cours de ces marches, notamment dans la capitale où cinq cortèges ont convergé vers le centre, autour de la fontaine de Cibeles.
Au-delà d'une marche massive en plein froid, Le plus impressionnant, c'est la diversité des secteurs de la population qui se disent écœurés par la violente politique d'austérité. Indignés, médecins, pompiers, professeurs, infirmières, associations qui défendent les gens expulsés... Au total, 300 collectifs étaient représentés.
Tous fustigent une « démocratie en danger », la « corruption omniprésente ». Poings levés, des milliers de manifestants ont scandé des mot d'ordre contre « le coup d'Etat financier », c'est-à-dire, selon eux, la mainmise des banques et de la Banque centrale européenne.
Coup d'Etat financier, c'est une référence au 23 février 1981, date de la tentative de coup d'Etat - finalement avortée - du lieutenant-colonel Tejero. Ce fut un moment critique de la jeune démocratie espagnole. Les motifs d'inquiétude ont changé, mais les manifestants pensent qu'aujourd'hui encore, l'heure est grave.
A Barcelone, les Espagnols étaient rassembSur la pancarte d'un manifestant à Barcelone, on aperçoit le Premier ministre Mariano Rajoy, avec l’intitulé «Inutile et voleur». 23 février 2013.
Dans le sud-est espagnol, à Valence, on peut lire sur cette pancarte: «Honte à vous!» 23 février 2013.
A Valence, un homme porte une enveloppe avec des euros, en référence au scandale de corruption qui entoure le gouvernement. 23 février 2013.
A Valence, un homme brandit une guillotine sur laquelle on peut lire: «Oui aux coupures». 23 février 2013.
Un seuil symbolique a été franchi en Espagne. Selon les statistiques de l'agence nationale pour l'emploi, l'INEM, le cap des 5 millions de chômeurs a été dépassé en février. Plus exactement, 5 040 222, soit approximativement 2,5 millions de nouveaux chômeurs depuis le début de la crise, en 2007.
Avec notre correspondant à Madrid, François Musseau
De plus en plus d'hommes sont concernés. Tout spécialement à Madrid, en Andalousie et dans absolument tous les secteurs. Ce sont les trois principaux enseignements concernant les nouveaux chômeurs, enregistrés par l'agence nationale pour l'Emploi.
C'est un chiffre officiel qu'il faut mettre en relation avec l'enquête de la population active, plus proche de la réalité de la recherche d'emploi. Cette enquête, elle, fait apparaître plus de 6 millions de chômeurs.
Dans ce drame, il y a des situations spécialement difficiles. On sait que 2 millions d'Espagnols sont aujourd'hui en fin de droit avec, au mieux, un revenu minimum d'insertion de 400 euros environ.
Le plus grave, c'est que même les prévisions du gouvernement sont pessimistes pour cette année. L'exécutif de Mariano Rajoy parle d'au moins 600 000 nouveaux sans emploi d'ici fin 2013, comme s'il s'agissait d'une fatalité. Les syndicats disent, eux, que c'est la conséquence de la réforme du marché du travail de 2011, qui « facilite le licenciement ».
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