La novlangue et le mensonge se dévoilent !

La novlangue et le mensonge se dévoilent !

Messagede G. Orwell » 27 Nov 2008, 18:43

bonjour à tous,

J'anime un blog qui se propose de décrypter la novlangue contemporaine avec humour et selon des catégories très Orwelienne. Je prend donc des mots/maux et j'essaye de proposer une définition ou un analyse qui en révèle le sens véritable. Je réalise aussi quelques portraits de personnalités au vitriol.

Je vous invite à venir sur ce site et à me faire part de vos commentaires. N'hésitez pas à le faire connaitre, humour et réflexion peuvent faire bon ménage.

J'ajoute que je propose de nouvelles définitions tous les jours. Donc pas de risque de voir le projet mourir tant il y a à faire !

adresse : http://penseecrime.wordpress.com


cordialement.
G. Orwell
 

Re: La novlangue se dévoile !

Messagede Pïérô » 27 Nov 2008, 19:55

je suis allé voir et trouve çà intéressant, comme la démarche d'ailleurs. Il est vrai qu'aujourd'hui on baigne dans le mensonge, la reproduction de l'idéologie dominante, la perte de sens...et s'attaquer à cette novlangue et au discours est super important. Bonne continuation, et fais nous en profiter... :D
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Re: La novlangue se dévoile !

Messagede joe dalton » 28 Nov 2008, 13:35

Bon site en effet, mais un peu court pour le moment !
Ça me fait penser que j’aurais aimé lancer un dico mediaticopolitique(le nom est mal choisi), qui aurait pu être l’occasion de faire une écriture collective pour le petit noir !
Perso j’aime bien l’idée d’écriture collective, et la forme s’y prête bien !
Est-ce que ça tente des gens sur le forum ?

j'avais mis ça :
Donner la liberté de pouvoir travailler a ceux qui le veulent : abolition de l’âge légale pour la retraite et travaille dimanche et férié !
Libérer les énergies : allongés le temps de travaille (fin des 35 heures)
Briser les tabous : détruire les services publics
Lutter contre l’immobilisme : synonyme de briser les tabou
Les sacrifices nécessaires : stagnation des salaires
La France vit au dessus de ses moyens :plus de protection sociale
Populisme : tout discours s’attaquant au capital (Sarkozy n’a jamais été qualifié de populiste)
Reforme : mise en sac du droit du travaille.

et
Pédagogie : lavage de cerveaux(ou propagande) capitaliste .
Délocalisation : licenciement massif soudain
Archaïsme : protection social
Dommage collatéraux : massacre injustifiable même avec la plus grande mauvaise foi du monde
Événements : fait historique sanglant que les medias ne peuvent taire impliquant, soit un soulèvement populaire(les événements de mai 68, soit un gouvernement allié( les événements en Algérie), soit
Grogne social : désir de révolte chez les travailleurs exploités.

sebiseb avait mis
la france ne peut pas accueillir toute la misère du monde : dehors les sans papier

et koala :
charges = salaire différé
joe dalton
 

Re: La novlangue se dévoile !

Messagede sebiseb » 29 Nov 2008, 11:00

Les réflexions sont intéressantes, mais je situe la novlangue plutôt dans le même registre de joe ;
les salariés étant devenus des collaborateurs,
la secrétaire -> l'assistante,
le directeur commercial -> le responsable de service,
...dans l'entreprise, les qualificatifs des fonctions tentent de déhiérarchiser les relations entre chacun, ce qui est absolument faux dans la réalité et est surtout un prétexte pour faire endosser les responsabilités des échecs et des erreurs sur les salariés de bases !
$apt-get install anarchy-in-the-world
$world restart
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Re: La novlangue se dévoile !

Messagede Pïérô » 10 Déc 2008, 19:46

dans ce cadre de novlangue,
et très fort, autour de la volonté d'implantation d'un secteur "jeunes" UMP dans les lycées...avec un discour "révolutionnaire"...


être révolutionnaire, c'est quoi ?

S’il y a une vérité que personne ne peut contester, c’est que depuis que Nicolas Sarkozy est Président de la République, la France change. Que l’on parle de rupture, de renaissance ou de révolution, la vérité c’est que notre pays bouge, que la société française évolue et se met en phase avec l’avenir.

Le Chef de l’Etat innove, remet en cause l’ordre établi, réinvente la manière dont on fait de la politique sur le plan national et replace la France au rang des puissances qui comptent sur le plan international. Il a porté, dans la tourmente de la crise financière, la voix de toutes les nations du monde déterminées à repenser un système capitaliste qui, en l’état, est à bout de souffle.

Comment peut-on dès lors se priver de ce beau mot de « Révolution »,
dont l’Histoire a montré qu’il pouvait avoir mille visages ?

Le changement radical n’appartient ni à la gauche, ni à la droite,
il appartient à celles et ceux qui le font !

(...)

C’est dans cette logique que les Jeunes Populaires se veulent en campagne permanente, et se sont fixés comme objectif de conquérir 5000 nouveaux adhérents d’ici le début de l’année 2009.

Plus que jamais, nous montrons que nous sommes une génération de bâtisseurs pour qui la Révolution est un mot d’ordre sonnant le rassemblement de toutes celles et ceux qui aiment passionnément la France !



Image . Image . Image

Cà me parrait quand même inquiétant cette utilisation d'une phraséologie révolutionnaire, cette manière de brouiller ainsi les frontières politiques et de récupèrer des références comme celles-ci. Dans l'histoire c'est plutôt l'extrème droite qui joue à çà.

Bon, en tout cas dans les bahuts il faudrait préparer le goudron et les plumes... :mrgreen:
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Re: La novlangue se dévoile !

Messagede Pïérô » 04 Fév 2015, 08:11

Alain Bihr
LA NOVLANGUE NÉOLIBÉRALE, La rhétorique du fétichisme capitaliste
PDF : https://cerclelabreche.files.wordpress. ... uction.pdf
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Re: La novlangue se dévoile !

Messagede Pïérô » 19 Avr 2015, 12:32

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Re: La novlangue se dévoile !

Messagede bipbip » 03 Fév 2016, 08:26

Ecole et novlangue

Tri­bune

La ministre de l’Education natio­nale Vallaud-Belkacem enten­dait pla­cer sa réforme sous le signe de la lutte contre les inéga­li­tés et contre un sys­tème de plus en plus élitiste. Bref, une énième réforme pour « l’égalité des chances ». Voyons un peu.

Inéga­lité de genre et de sexe, d’abord. Est-il besoin d’y reve­nir ? La ministre, qui s’est fait une place au sein du PS grâce à son enga­ge­ment fémi­niste, a reculé lamen­ta­ble­ment sur ses fameux « ABC de l’égalité », diluant leurs conte­nus de la mater­nelle à la ter­mi­nale sans aucun pro­gramme contrai­gnant. Les enseignant-e-s peuvent abor­der les ques­tions de genre s’ils/si elles le sou­haitent mais cela n’a rien d’obligatoire. Notons au pas­sage que les for­ma­tions à ce sujet sont facul­ta­tives et que, à ce titre, les enseignant-e-s sta­giaires ne béné­fi­cient pas dans les ESPE (IUFM nou­velle for­mule) de cours là-dessus. En un mot, on ne prêche que les convaincu-e-s.

Un « col­lège moins élitiste » ensuite. Que le col­lège soit un grand moment de sélec­tion sociale, et que le choix de l’option latin ou de la classe bi-langue y joue un grand rôle, est incon­tes­table. Est-ce une rai­son pour tirer un trait sur ces deux ensei­gne­ments ? Ne devrait-on pas, au contraire, étendre ces dis­ci­plines au plus grand nombre ? Vous n’avez rien com­pris ! Pour rendre le col­lège moins élitiste, on rem­place des heures de fran­çais, de maths… par des ensei­gne­ments « inter­dis­ci­pli­naires », les fameux EPI. Cas­ser les fron­tières arti­fi­ciel­le­ment étanches que l’Ecole a tra­di­tion­nel­le­ment construites entre les dif­fé­rentes matières est, péda­go­gi­que­ment et intel­lec­tuel­le­ment, une bonne idée. Mais, là où le bât blesse, c’est que cela prive les collégien-ne-s d’enseignements néces­saires à leurs appren­tis­sages. Sur­tout, la répar­ti­tion de ces heures un peu par­ti­cu­lières a lieu à la dis­cré­tion des chefs d’établissement : c’est la fameuse « auto­no­mie » des col­lèges. Ainsi, d’un établis­se­ment à l’autre, on pourra béné­fi­cier d’un nombre d’heures de maths pas­sant du simple au double. Gageons que, comme d’habitude, les col­lèges les plus déshé­ri­tés uti­li­se­ront ces heures pour des « pro­jets inno­vants » ou pour dédou­bler les classes trop char­gées alors que ceux du quar­tier latin trou­ve­ront le moyen de les inves­tir pour main­te­nir leurs élèves sur des rails de trains menant tout droit aux grandes écoles.

En outre, on reprend à la réforme Cha­tel du lycée le fameux « accom­pa­gne­ment per­son­na­lisé », censé cer­ti­fier un regard per­son­nel et bien­veillant sur chaque élève. Or, l’expérience des lycées, jus­te­ment, montre qu’il s’agit là d’un leurre puisque ce cours a lieu… en classe entière !

Pour mener à bien cette réforme, les réunions vont se mul­ti­plier et la par­ti­ci­pa­tion aux for­ma­tions ad hoc est ren­due obli­ga­toire, sous peine de retrait de salaire. Car l’autonomie, vous l’avez com­pris, n’est pas celle des enseignant-e-s mais bien celle de leurs chef-e-s. Ainsi, non seule­ment cette réforme main­tient le rôle de sélec­tion sociale du col­lège, mais elle risque égale­ment de dépar­ta­ger bru­ta­le­ment les enseignant-e-s doté-e-s de super­pou­voirs leur per­met­tant de tenir le rythme du com­mun des mortel-le-s. Et, sur­tout, d’accroître encore la main­mise de l’administration sur les fonc­tion­naires, au détri­ment de tout exer­cice de l’esprit critique.

Vous avez dit « esprit cri­tique » ? Autre tarte à la crème de nos gouvernant-e-s depuis les atten­tats de jan­vier 2015 : déve­lop­per « l’esprit cri­tique » des élèves, qui doit leur per­mettre de deve­nir des « citoyens auto­nomes ». Un cours est prévu à cet effet : l’enseignement moral et civique (EMC). De quoi s’agit-il exac­te­ment ? D’une heure heb­do­ma­daire qui rem­place point par point l’éducation civique qui lui pré­exis­tait. Rien de bien neuf, donc. Si : il est vrai que cer­taines filières, au lycée, ne béné­fi­ciaient pas d’un tel ensei­gne­ment. C’est désor­mais chose faite. Cepen­dant, cela ne fait pas l’objet de dota­tions horaires spé­ci­fiques, ce qui contraint le conseil d’administration des lycées à sur­char­ger les classes ou à réduire le nombre de dédou­ble­ments. En un mot, on aiguise l’esprit cri­tique des élèves en orga­ni­sant des débats à 35.

Mais, d’ailleurs, qu’entend-on par « esprit cri­tique » ? Jetons un œil aux pro­grammes d’EMC : res­pect de l’autorité, amour de la répu­blique… Il est d’ailleurs prévu une « réserve citoyenne » pour aider les ensei­gnants à dif­fu­ser ces idées. Il s’agit d’enseignant-e-s ou d’intervenant-e-s passé-e-s maîtres dans la maî­trise de la rhé­to­rique de ces « empê­cheurs de pen­ser en rond » que sont Caro­line Fou­rest ou Alain Fin­kiel­kraut (!). Ah bon, vous ne les trou­vez pas aptes à inter­ro­ger les élèves ? C’est que vous n’avez vrai­ment rien com­pris à cette mer­veilleuse Répu­blique mena­cée de toutes parts pour son indé­pen­dance d’esprit ! Et, tant il est vrai qu’est par nature doté d’esprit cri­tique celui ou celle qui pense comme moi, les élèves qui per­tur­be­raient d’une façon ou d’une autre la minute de silence du 16 novembre devront être dénoncé-e-s au chef d’établissement.

Lutte contre les inéga­li­tés, auto­no­mie, esprit cri­tique… Autant de mots passe-partout que les gou­ver­ne­ments de droite comme de gauche uti­lisent pour leur pou­voir de séduc­tion et leur vide séman­tique. Il s’agit là d’une véri­table mani­pu­la­tion du lan­gage à des fins pro­pa­gan­distes qui méri­te­rait une ana­lyse en pro­fon­deur. Il nous faut de toute urgence refu­ser ce brouillage et pro­po­ser une contre-offensive idéo­lo­gique à la hau­teur des enjeux.

Clé­lie.

http://www.critique-sociale.info/1123/e ... novlangue/
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Re: La novlangue se dévoile !

Messagede bipbip » 11 Mar 2016, 14:06

«On ne répondra pas aux mensonges de la gauche par des mensonges de la droite, ou même par des approximations.»

Encore du mensonge...

Désintox
Sarkozy réchauffe ses intox sur les fonctionnaires
Lors d'un discours, mercredi, le patron du parti Les Républicains a ressorti ses bobards fétiches sur la fonction publique.
... http://www.liberation.fr/desintox/2016/ ... es_1438648
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Re: La novlangue se dévoile !

Messagede Pïérô » 11 Juin 2016, 11:32

Rescapé du Bataclan, ce cheminot en grève en a assez d’être qualifié de "preneur d’otages"

LOI TRAVAIL - A chaque mouvement social, l'expression fait florès. Patronat, gouvernement et parfois aussi opposition dénoncent les grèves en les qualifiant de "prises d'otages" de la population, ce qui évidemment ne plaît pas aux syndicats. Cela s'est encore vérifié ces dernières semaines, en témoignent les déclarations de Manuel Valls, Myriam El Khomri, Alain Juppé ou encore Pierre Gattaz.

Le patron du Medef s'est particulièrement illustré en qualifiant les militants CGT de "voyous" et même de "terroristes", ce qui lui vaut d'être poursuivi en justice par le syndicat de Philippe Martinez. Une chose est sûre, ces comparaisons n'ont pas lieu d'être pour Bruno Poncet, qui s'en est expliqué sur RMC ce jeudi 9 juin.

Ce cheminot, membre du bureau fédéral du syndicat SUD-Rail, a tenu à dénoncer l'emploi de l'expression "prise d'otages", comme vous pouvez le voir dans la vidéo ci-dessus. Pour cela, il a fait part de son expérience au Bataclan, où il se trouvait le 13 novembre lors de l'attaque jihadiste contre la salle de concert, qui a fait 90 morts.

... http://www.huffingtonpost.fr/2016/06/09 ... 77670.html
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Re: La novlangue se dévoile !

Messagede Pïérô » 29 Juin 2016, 20:25

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Re: La novlangue se dévoile !

Messagede bipbip » 20 Juil 2016, 02:36

[LÀ-BAS SI J'Y SUIS] Apprenez la langue de l'adversaire avec Olivier BESANCENOT (EXTRAIT)

Ne dites pas "cotisations sociales" dites "charges sociales", ne dites pas "vagues de licenciement" dites "plan de sauvegarde de l’emploi", ne dites pas "guichetier" dites "chargé de clientèle". On connait quelques-unes de ces entourloupes langagières, mais on ne mesure pas assez comment cette perversion du langage contamine les esprits et nous fait avaler l’idéologie dominante à notre insu. Contre cette violence verbale, Olivier Besancenot publie un "Petit dictionnaire de la fausse monnaie politique".

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Re: La novlangue se dévoile !

Messagede Pïérô » 13 Déc 2016, 21:05

Novlangue

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NOVLANGUE : tyrannie de l’euphémisme et domination "douce"

La novlangue, entendue comme système de coercition, n’a en réalité de neuve que le nom.
A travers l’Histoire, la volonté de dominer les populations par le biais d’un lexique, d’une syntaxe, d’une grammaire nouvelle ne s’est jamais démentie. A l’époque contemporaine, la nouveauté est qu’elle s’impose de façon moins brutale, plus insidieuse.
Distillant ses néologismes, distribuant de nouvelles affectations aux mots anciens, la novlangue se veut "soft", lisse, basée sur le consentement collectif... à l’image du capitalisme dont elle est la langue officielle.

À l’origine, la novlangue ("newspeak") est le langage parlé dans le roman de Georges Orwell, 1984. Dans ce récit, son principe est de diminuer le nombre de mots, d’en fusionner certains, de procéder à une simplification lexicale et syntaxique de grande ampleur, de sorte que les concepts permettant de réfléchir soient réduits à néant et que les foules, rendues stupides, soient aisément manipulables. Pure fiction ? Rien n’est moins certain. Dans un ouvrage de référence, Eric Hazan démontre que nous ne subissons rien moins qu’une tyrannie sémantique, imprégnant les esprits tout autant que les cœurs. Des "réformes", terme bateau désignant l’ensemble des reculs en matière de droits sociaux, aux "couches modestes" appelées en d’autres temps les pauvres, un vaste champ lexical visant à renforcer les pouvoirs politiques, médiatiques et économiques se trouve désormais partagé, comme autant d’évidences, par l’immense majorité de la population.

Ses armes de prédilection : l’euphémisme ou, à contrario, l’exagération à outrance. Selon les cas de figure seront utilisés l’un ou l’autre : on parlera de "mouvements sociaux" pour éviter de parler de révoltes, mais un simple feu de poubelle suffira à désigner son auteur comme un "casseur", livré à la vindicte populaire, voire militante. Dans le même ordre d’idée, le terme de vidéosurveillance est en voie de disparition au profit de celui de "vidéoprotection". L’objectif, dans tous les cas, demeure le même : gommer les litiges, les frictions, les oppositions radicales, au profit d’un consensus mou entendu comme seul horizon d’une société fantasmée, soi-disant apaisée, débarrassée des oripeaux de "l’autre siècle". Lutte des classes, rapport dominés/dominants, prolétariat, révolution… autant de dénominations prétendument disqualifiées, entendues comme dépassées. Celles et ceux qui se risqueraient à en user encore seront vus comme autant de ringards, has-been définitifs, quand bien même leur discours découlerait d’une observation de ce qui se produit, quotidiennement, sous leurs yeux. Seront pareillement disqualifiés ceux refusant de faire allégeance à la démocratie dite de représentation et à son discours "civique" (« abstention, piège à cons », titrait il y a quelques années le journal Libération, en un retournement sémantique qui, au regard de l’histoire propre à ce quotidien, a valeur d’allégeance mollassonne et facile au consensus mou qui règne lors des élections.) Enfin, seront voués aux gémonies les rebelles au travail, à la litanie médiatique et publicitaire liée aux "valeurs actuelles", réussite professionnelle, revenus confortables, famille formidable… Les exemples ne manquent pas de formules simplifiées à outrance, évidences préfabriquées. Ainsi la grève n’est plus que "grogne", impliquant la "prise en otage" de braves usagers, tandis que les salariés ont glissé vers le statut de "collaborateurs". Dans le même temps, le patronat accède au titre glorieux de "forces vives de la nation" (les travailleurs, les producteurs, en seraient donc les forces amorphes ?), et les syndicats à celui de "partenaires sociaux". Et très logiquement, ces glissement sémantiques mènent rapidement à des glissements comportementaux : depuis qu’ils sont partenaires sociaux, les syndicats sont effectivement littéralement devenus partenaires (voire complices) du patronat dans la gestion sociale de l’entreprise, et non plus défenseurs des travailleurs. La sémantique, induisant une nouvelle compréhension de la fonction, en modifie le contenu.

Les médias, fidèles relais des fournisseurs d’idées toutes faites, pour leur part nous bombardent à la moindre occasion de "valeurs universelles" jamais clairement définies (et pour cause), de "lutte antiterroriste", même quand celle-ci consiste à réveiller à l’aube les épiciers de Tarnac. En l’espace de trois années, les campements Roms se sont vus par ces mêmes médias rétrogradés au rang de "bidonvilles", et les bénéficiaires des minima sociaux à celui "d’assistés". Quant à l’armée française, loin de mener une guerre au Mali, elle s’y trouve engagée dans une "intervention militaire"… Pas de guerre, pas de morts : air connu.

Dans ce vaste chantier de rénovation/appauvrissement du langage, chacun trouvera ses propres exemples, en se contentant de tendre un peu finement l’oreille. Ne nous y trompons pas : aucun domaine n’échappe à ce travail de sape. Dans la sphère militante, gangrenée comme les autres par la pratique néologique, d’aucuns se déclarent désormais "rupturistes" plutôt que révolutionnaires, émergent, ici ou là, de ces "micro-résistances" qui n’ont de résistance que le nom mais qui, effectivement, paraissent tout à fait "micro". On se définira comme "libertaire" plutôt que comme anarchiste, de manière à embrasser les aspects culturels de cette mouvance, et d’en laisser de côté le projet politique, économique. Dès lors, on ne s’étonnera pas de voir les rejetons de la bourgeoisie investir ces espaces permettant de s’encanailler (pour un temps) sans risque d’être confrontés à une critique, trop radicale, des mécanismes régissant une société basée sur la domination exercée par leurs pairs.

Comment cette novlangue fonctionne-t-elle, selon quelles modalités ? D’après Eric Hazan, « la relation incestueuse avec la publicité contribue à faire de la LQR [ndlr : la langue de la domination] un instrument d’émotion programmée, une langue d’impulsion comme on dit "achat d’impulsion"». L’évidence d’une mainmise du langage publicitaire sur le monde politique, médiatique et économique n’est plus à démontrer. Cette industrie de l’euphémisme, de "l’insensé", de la déréalisation, est parvenue à épuiser, à vider de l’intérieur discours et postures jugées trop dangereuses pour le pouvoir. Certains ressorts inconscients sont ici activés : la novlangue se nourrit de nos peurs, nous renvoyant sans cesse à d’archaïques croyances, de sorte que l’esprit critique se dispose à rendre les armes. Toujours selon Eric Hazan, elle serait, entre autre, en charge de nous convaincre « que l’oligarchie médiatico-politico-financière qui régit ce pays n’est pas seulement "rigoureuse", "déterminée", "inflexible", mais qu’elle est aussi "à l’écoute", "soucieuse de solidarité", "proche du terrain"… Bref, que le bon papa collectif qui règne sur la grande cité pacifiée est non seulement sévère mais aussi proche de nous et même affectueux. ». Aussi la langue parlée par le "bon papa collectif", sa Bonne Parole, pensée pour être compréhensible et reprise par le plus grand nombre, jouera à plein sur l’affect, sur la dimension pratiquement psychanalytique de la dépendance au père (ne sommes-nous pas tous les enfants de ce "brave papa" ?)

Dans l’ordre des croyances archaïques desquelles la novlangue tire sa force, l’une des plus opérationnelles est celle du complot. Du superpouvoir occulte chargé d’organiser, lors de réunions secrètes, cette mainmise sur nos lexiques. Non seulement cette explication a le mérite de la simplicité, mais surtout elle nous dédouane de toute responsabilité. Niant la dimension du consentement collectif, elle fait de nous des victimes, et non plus les acteurs de son expansion. Évidemment, rien n’est plus faux. Le complot n’est qu’un mythe, doublé d’un leurre. On a vu que la novlangue repose non sur l’imposition, l’injonction, mais sur le consentement global de celles et ceux qu’elle manipule. Elle infuse, lentement mais sûrement dans notre quotidien, bénéficiant de relais nombreux mais dont l’action seraient voués à l’échec s’ils ne savaient compter sur notre complicité plus ou moins consciente. Bien entendu la novlangue a ses chauds partisans, celles et ceux pour qui sa large propagation est une des conditions du maintien du statu-quo et donc, une garantie de leur position dominante : ils sont quelques milliers, personnel politique, journalistes, publicitaires, économistes, grands patrons, professeurs d’universités… Leur audience est à la hauteur de leur docilité : sans limite. Ils ne sauraient cependant assurer à eux-seuls le succès de la langue de la domination, succès plus sûrement assuré par ses possibilités de dissémination et contamination (largement renforcées par les nouveaux médias, au premier rang desquels le net), et nos dispositions à la facilité, au simple, au prémâché. Les usurpateurs, voleurs de sens, ont besoin de notre concours. Et c’est peu dire qu’on le leur accorde.

Apparaissent cependant, ici ou là, de belles résistances. Dans la presse alternative, dans l’édition, sur le net même, d’aucun.es s’attachent à analyser, dénoncer cette tentative d’emprise lexicale dont on a vu pourtant qu’elle a largement prospéré. A côté du livre d’Eric Hazan, on trouvera celui de Normand Baillargeon5, lequel fournit les clefs (en vérité, tout un trousseau !) autorisant le décryptage et permettant de repérer les multiples pièges tendus par la novlangue. On connait par ailleurs le travail de Noam Chomsky, linguiste, philosophe, anarchiste, qui mène depuis plus de cinquante ans une critique radicale des mass medias. On s’y référera avec bonheur, si nous souhaitons au moins saisir la nature de notre asservissement. Mais le plus important reste bien entendu notre propre disposition à la critique, à l’analyse, notre capacité à déceler, au quotidien, l’expression de cette novlangue. L’une des qualités de l’exercice, et non des moindres, est son indéniable propension à déclencher le rire : une fois décodées, certaines expressions ou tournures se révèlent en effet à ce point absurdes et grossières qu’elles en deviennent fatalement comiques. Le rire est de notre côté : c’est une arme de premier choix !

Fred - Groupe Saint-Ouen 93 Fédération Anarchiste

http://www.socialisme-libertaire.fr/201 ... douce.html
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Re: La novlangue se dévoile !

Messagede Pïérô » 23 Juil 2017, 00:50

Droit du travail Non, il n’est pas difficile de licencier en France

Les patrons sont frileux. Ils ont « peur d’embaucher ». Emmanuel Macron comme Pierre Gattaz ne ratent pas une occasion de le rappeler : les contraintes qui pèsent sur les entreprises sont trop « rigides », notamment en matière de licenciements. Il y a trop de règles à respecter, trop de procédures à suivre, trop d’indemnités à payer. Et c’est parce qu’ils ne peuvent pas licencier comme bon leur semble que les employeurs y regarderaient à deux fois avant de recruter un nouveau salarié.

Les patrons sont frileux. Ils ont « peur d’embaucher ». Emmanuel Macron comme Pierre Gattaz ne ratent pas une occasion de le rappeler : les contraintes qui pèsent sur les entreprises sont trop « rigides », notamment en matière de licenciements. Il y a trop de règles à respecter, trop de procédures à suivre, trop d’indemnités à payer. Et c’est parce qu’ils ne peuvent pas licencier comme bon leur semble que les employeurs y regarderaient à deux fois avant de recruter un nouveau salarié.

« Licencier plus pour embaucher plus... » : le slogan peut paraître caricatural, il n’est pourtant pas si éloigné des arguments que serinent les économistes libéraux et les responsables patronaux dès qu’il s’agit de « libérer » le travail. Sauf que le marché du travail français est beaucoup moins rigide qu’on ne le dit. Pour s’en convaincre, il suffit de se pencher sur les indicateurs de la « rigueur de la protection de l’emploi » publiés par l’OCDE, le club des pays riches, une institution que l’on ne peut pas soupçonner de complaisance à l’égard du modèle social hexagonal. Bien au contraire, depuis les années 1990, l’OCDE brandit à grand renfort de rapports l’étendard de la nécessaire « flexibilisation » du marché du travail.

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Re: La novlangue se dévoile !

Messagede bipbip » 31 Aoû 2017, 12:45

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