Stagaires en vente

Stagaires en vente

Messagede Pïérô » 09 Aoû 2013, 02:39

Stagaires en vente, en promo, etc...
çà gueule pas, çà se syndique pas...
et c'était gratos, mais là le sevice se paye pour ne pas avoir à chercher.

Ouverture à Paris du 1er grossiste en stagiaires

Voilà une inauguration qui devrait ravir des centaines de DRH. Hier, s’ouvrait dans le IXe arrondissement de la capitale le tout premier commerce spécialisé dans la vente et la location en gros de stagiaires. De l’agriculture au secteur tertiaire, tous les domaines d’activités sont couverts, offrant ainsi une large gamme de stagiaires aux acquéreurs potentiels. Une initiative qui pourrait bien intéresser les grosses sociétés du CAC 40 comme les petits entrepreneurs. Innovation.

Qualité et quantité

Buy a Trainee (Achète un Stagiaire), c’est le nom de ce magasin d’un nouveau genre qui a été inauguré en grande pompe hier matin rue La Fayette. Une boutique dont on peut apercevoir le slogan suivant sur la devanture : « Du stagiaire pour tous, tous les stagiaires pour vous », slogan qui apparaît comme une promesse que Léonard Castello-Lopes, le fondateur de Buy a Trainee, tient à tenir auprès de ses futurs clients : « Aujourd’hui, en 2013, tout le monde veut et tout le monde a le droit d’avoir un stagiaire. Ce que je voulais donc faire en lançant ce projet un peu fou, c’était offrir à tous les patrons, petits ou gros, la possibilité d’acheter en masse des stagiaires dont nous contrôlons scrupuleusement la qualité. »

Pour mettre en place un tel service, Léonard Castello-Lopes a adossé son comptoir à un immense hangar souterrain où sont stockés tous les modèles de stagiaires qui sont rangés par compétence : « Pour être honnête, on s’est un peu inspiré du fonctionnement d’Amazon qui est extrêmement réactif sur les commandes et qui est parvenu, grâce à une fabuleuse organisation, à devenir l’un des leaders dans son domaine. Et bien, ce qu’Amazon a réussi à faire avec les livres, les DVD et autres objets culturels, nous voulons le faire aussi avec du stagiaire », explique le jeune patron de 34 ans.

A l’occasion de l’inauguration de Buy a Trainee, plusieurs dizaines de directeurs des ressources humaines et de patrons avaient fait le déplacement, intéressés par ce nouvel acteur sur le marché de l’emploi. « Les produits que propose Buy a Trainee sont vraiment intéressants pour les employeurs comme nous. Les entreprises n’ont parfois pas le temps de choisir correctement les très nombreux stagiaires dont elles ont besoin. Quant aux circuits de recrutement classiques, comme les traditionnels entretiens d’embauche ou le recours aux agences d’intérim’ qui restent tout de même limités, là c’est même pas la peine d’en parler…», nous confie cette DRH d’une célèbre banque qui était présente à l’inauguration.

Déjà plusieurs commandes

Après quelques heures seulement d’existence, l’entreprise de Léonard Castello-Lopes a enregistré quelques dizaines de commandes de sociétés qui ont été séduites par ce nouveau concept : « J’ai deux directeurs d’agences immobilières qui ont acheté une dizaine de stagiaires chacun et quelques recruteurs de PME qui ont voulu faire le test en faisant l’acquisition de plusieurs modèles. Mais la bonne nouvelle, c’est surtout cette prestigieuse agence de communication, dont je ne peux vous révéler le nom, mais qui était là à l’inauguration et qui est repartie les yeux fermés avec un lot de 200 stagiaires. »

La Rédaction

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Re: Stagaires en vente

Messagede bipbip » 13 Aoû 2018, 13:12

Stages en entreprise : à qui le tour

Chaque année, pour se former et appréhender le monde du travail, 1,6 million d’étudiants se retrouvent « stagiaires ». Ce contingent forme souvent une main-d’œuvre bon marché.

Pour beaucoup d’étudiants, les vacances ne riment pas avec serviette de plage ! Tandis que certains optent pour un job d’été ou peaufinent leurs travaux universitaires, d’autres sont en stage. Soit qu’ils terminent celui commencé dans le cadre de leurs études, soit qu’ils se soient lancés dans un stage facultatif d’été, quand ce n’est pas les deux. Plus de 1,6 million d’étudiants chaque année font ainsi leurs premiers pas dans le monde de l’entreprise. Censé être une période de « formation », le stage est devenu un passage obligatoire. Sans cela, difficile de trouver un emploi : « Tout le monde veut absolument que l’on ait de l’expérience quand on sort des études », confie Laura (*), étudiante en master 2 à Paris-VIII Saint-Denis. Les entreprises accueillent ainsi un travailleur à moindres frais. Quant aux jeunes, ils ajoutent, par ce biais, une ligne sur leur CV. Présenté ainsi, le stage aurait presque des airs humanistes. Pourtant, il y a de l’abus ! « Sur les cinq postes occupés par des stagiaires, il pourrait y avoir trois vrais postes », affirme Gabrielle (*), qui termine un stage de six mois au service juridique d’un organisme culturel.

la manne des conventions

Même si le stage fait de plus en plus partie intégrante du cursus scolaire, il n’est pas chose facile de le décrocher. D’autant plus que les annonces sont parfois très exigeantes : on demande aux étudiants une polyvalence totale, des expériences antérieures, voire un test. Durant un stage, chaque étudiant a un tuteur en entreprise et un maître de stage rattaché à son école. Bien souvent, le premier comme le second sont débordés. L’école se contente souvent de signer la convention de stage puis lâche ses étudiants sans assurer aucun suivi. « Mais comment voulez-vous encadrer sérieusement 24 stagiaires en même temps quand vous êtes enseignants ? » interroge Sophie Binet, secrétaire générale adjointe de l’Ugict CGT.

Pour Julie (*), étudiante en master 2 à Paris-XIII, le stage n’a pas la même saveur que pour Laura. Son stage de trois mois dans une maison d’édition touche à sa fin sans qu’elle ait pu accéder aux missions qui correspondent à l’intitulé de son poste. « Je me retrouve à faire un travail qui est purement monotâche, je ne fais que lire des manuscrits à longueur de journée. Je n’ai pas appris grand-chose. » Le suivi de la part de son tuteur est quasi inexistant. Mais Julie relativise : « Mon tuteur est une des personnes les plus importantes de la boîte, je me dis qu’il est très occupé. » À l’inverse, Marie (*), en stage durant six mois dans une agence de publicité, évoque un poste à forte responsabilité qui fut gratifiant malgré un début difficile : « J’ai adoré, j’ai eu l’opportunité de suivre les projets en permanence ! »

Le stage a donc des airs de pochette-surprise. Horaires à rallonge et stress. Pressions, mise au placard, mais aussi rencontres et réels acquis professionnels. Julie, Marie et Gabrielle ont toutes perçu environ 500 euros par mois (seuls les stages de plus de deux mois sont obligatoirement rémunérés, à 3,75 euros de l’heure minimum). Une somme bien insuffisante pour vivre lorsque l’on travaille 35 heures par semaine : « Cela m’aide à payer un peu mon loyer, c’est tout. Je vis grâce à l’argent de mes parents », confie Julie. Cette situation crée des inégalités évidentes. Selon une étude de la Relève – cabinet spécialisé dans le recrutement des stagiaires et jeunes diplômés –, « en 2017, ce sont les étudiants en droit qui ont été les mieux rémunérés lors de leurs stages », en moyenne 1 078 euros mensuels. « Les étudiants d’écoles d’ingénieurs et de commerce figurent également dans le top 3 des étudiants les mieux payés. En queue de peloton : les étudiants en communication, graphisme et journalisme. » Dans ces derniers secteurs, comme dans la sphère culturelle, beaucoup d’entreprises ne concèdent aucune gratification. Pour contourner l’obligation de rémunération, les conventions de stages inférieurs à neuf semaines fleurissent. Sabine (*) en est à son deuxième stage. Cette année, elle est rémunérée, mais l’année dernière elle a fait un stage d’un mois dans un institut culturel sans aucune gratification.

banalisation du travail gratuit

Certains étudiants pourtant sont prêts à faire une croix sur toute rémunération même pour un stage de plus de deux mois, pourvu qu’il leur ouvre les portes du métier rêvé. Fabien (*) est étudiant en master 2 médias. Il n’a pas perçu un centime durant les trois mois qu’a duré son stage au sein d’une agence de presse étrangère. Pourtant, il ne regrette rien : « Mon objectif est avant tout d’entamer une carrière de journaliste et ce stage me permettait de vivre ma première expérience. »

En 2013, dans un texte intitulé « Sois stage et tais-toi ? Le sous-salariat démasqué », le collectif Génération précaire (actif jusqu’en 2015) dénonçait déjà la « banalisation du travail gratuit ou sous-payé alors qu’un certain discours politique souhaite réaffirmer la valeur travail ». À l’époque, la secrétaire d’État à l’Enseignement supérieur, Geneviève Fioraso, avait déclaré : « Les stages ne sont pas un emploi. » Vraiment ? Pourtant, on y travaille : « Du matin au soir, je n’avais pas un seul instant pour m’ennuyer », reconnaît Laura, rémunérée 590 euros par mois. « J’avais une grande charge de travail, mais ça ne me dérangeait pas, j’étais là pour apprendre le métier. » Marie résume bien la situation du stagiaire : « Tu es jeune et tu as envie de découvrir le métier, alors tu es ultra-impliqué. Plus tu es impliqué, plus tu as envie de travailler ; et plus tu as envie de travailler, plus on te donne des choses à faire... mais on ne te paye pas plus. Donc, très vite, tu te retrouves à faire le travail d’un employé, sans compter les heures supplémentaires ! »
par l’« odeur » du contrat alléchés

Censé faciliter l’insertion professionnelle, le stage est devenu un emploi (non rémunéré) à part entière et un mode de gestion. Certaines entreprises annoncent la couleur dès le début, d’autres font miroiter un contrat. Marie n’a pas été embauchée après son stage, même s’« il y a eu deux ou trois promesses officieuses ». Elle sait qu’il y aura encore d’autres stagiaires après son départ car cette entreprise fonctionne ainsi. D’autres se sont vu proposer au mieux un CDD d’un ou deux mois. Pourquoi embaucher un jeune diplômé, même au Smic, alors qu’on peut le faire travailler pour deux fois moins cher, et sans payer aucune cotisation sociale ? Autre intérêt – pour les gouvernements cette fois –, les stages contribuent à dégonfler les statistiques de Pôle emploi.

Quant aux jeunes, beaucoup semblent en avoir pris leur parti. En 2015, la plateforme de recrutement RegionJob avait sondé ses utilisateurs. Sur les 1 028 répondants ayant effectué au moins un stage au cours des cinq dernières années, 84,8 % jugeaient leurs stages « formateurs ». Pourtant, selon le même sondage, ils étaient seulement 22 % à avoir trouvé un emploi suite à un stage.

(*) Les prénoms ont été changés.

Deyana Baeva


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