La CAF en système mortifère

La CAF en système mortifère

Messagede Pïérô » 13 Aoû 2012, 12:28

Immolation à la CAF

Pas trop suivi les infos hexagonales de Saint Imier mais ce fait qui n'est pas divers ne doit pas rester inaperçu où lié aux "difficultés de la vie", comme l'annonce misérablement Marisol Touraine, mais à un système déconnant et inhumain.

L'homme qui s'est immolé à la CAF de Mantes-la-Jolie est mort

Privé de RSA depuis mai, le quinquagénaire avait tenté de s’immoler par le feu mercredi dans les locaux de la Caisse d’allocations familiales à Mantes-la-Jolie (Yvelines).
Privé de RSA depuis mai, dans l’attente de pièces justificatives complémentaires, cet allocataire de 51 ans s'était aspergé d’un produit inflammable et y avait mis le feu, dans les locaux de l’agence CAF où il avait alors un entretien avec un conseiller pour évoquer sa situation. Des employés avaient immédiatement éteint les flammes, empêchant le feu de se propager.

Dans un communiqué, Marisol Touraine, la ministre des Affaires sociales et de la Santé, avait «fait part de sa profonde émotion face à cet acte désespéré d’une personne que les difficultés de la vie ont manifestement conduit à un geste tragique».

Souffrant de sérieuses brûlures, le quinquagénaire avait été admis à l’hôpital Saint-Louis, à Paris, où il a succombé à ses blessures dimanche matin.

Les accueils de la caisse d’allocations familiales (CAF) dans les Yvelines étaient fermés au public jeudi dernier après la tentative d’immolation par le feu d’un allocataire privé de RSA depuis mai à Mantes-la-Jolie.

«Suite à l'événement dramatique survenu le 8 août 2012 dans notre agence de Mantes-la-Jolie, les accueils de la CAF des Yvelines sont exceptionnellement fermés aujourd’hui 9 août», écrit la Caisse dans un communiqué.

«L’accueil de Mantes-la-Jolie est fermé pendant une semaine. La réouverture est prévue le jeudi 16 août 2012», ajoute-t-on.

Le directeur financier de la CAF des Yvelines, Patrick Guéry, a précisé à l’AFP que la fermeture au public jeudi de l’ensemble des accueils de la CAF dans les Yvelines est un «symbole fort» après un «événement violent». Il s’agit uniquement d’une fermeture au public car l’activité des agents est «normale» et les dossiers sont «traités», a-t-il dit.

«Il y a toujours un état de choc à Mantes et l'émotion est profonde dans les autres centres car les agents se connaissent», a-t-il ajouté.

Le syndicat CFDT a par ailleurs exprimé jeudi dernier son «émotion» et une association de chômeurs a souhaité «plus d’humanité» après la tentative d’immolation de cet homme. «La CFDT tient à exprimer toute son émotion devant cet acte désespéré», indique le syndicat dans un communiqué.

«La CFDT réaffirme que la lutte contre la pauvreté et pour l’emploi doivent être deux priorités du quinquennat», poursuit la centrale qui «souhaite que la question des minima sociaux et l’accompagnement des personnes en grande difficulté soient débattus» lors de la conférence sur la pauvreté fixée par le gouvernement à l’automne.

Pour sa part l’Apeis (Association pour l’emploi, l’information et la solidarité) estime qu'«à être trop pointilleux, les personnels de la Caf sèment la désolation». «Certes il y a un manque de personnel mais pour 474 euros, réclamer à quatre reprises des papiers dont cet homme ne dispose pas, cela fait figure d’acharnement», estime l’organisation de chômeurs et de précaires.

Se défendant de critiquer spécifiquement les personnels, la porte-parole de l’Apeis, Christiane Grave, réclame «plus de compréhension et d’humanité dans les antennes», qu’il s’agisse des caisses d’allocations familiales ou de Pole emploi. «A force de dématérialiser les courriers, on perd tout côté humain et les gens sont complètement désespérés», a-t-elle déclaré.

(AFP)
http://www.liberation.fr/societe/2012/0 ... udi_838707
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Re: Immolation à la CAF

Messagede Pïérô » 16 Aoû 2012, 15:44

Je ne sais pas s'il y a eu d'autres actions ou expression collective, mais celle-ci est à saluer quoiqu'on pense du MNCP

le Mouvement national des chômeurs et des précaires (MNCP) a observé une minute de silence et déposé une gerbe de fleurs devant l’agence en hommage à l’allocataire qui s’est immolé.
http://www.ouest-france.fr/actu/actuDet ... 6_actu.Htm

et même si çà ne va pas pisser loin côté mobilisation, et que çà fait minimum syndical

Le MNCP souhaite exprimer sa profonde tristesse, mais aussi sa colère.

La souffrance des chômeurs et personnes en situation de précarité n’est pas prise en compte sérieusement par les pouvoirs publics. Pour preuve, les réactions officielles à l’immolation de Mantes-la-Jolie ont toutes insisté sur une « situation personnelle difficile ». Or, cet acte dramatique ne peut être interprété comme un cas isolé : service public débordé, règles injustes ou incompréhensibles, difficultés de communication entre agents et usagers sont le quotidien de beaucoup de personnes confrontées au chômage et à la précarité. Des deux côtés du guichet, la pression sociale est devenue insupportable, dans le silence des pouvoirs publics.

Le MNCP a sollicité une rencontre auprès de la Ministre des Affaires Sociales.
http://mncp.fr/Accueil/Nos-communiques/
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Re: Immolation à la CAF

Messagede Pïérô » 19 Aoû 2012, 01:15

Sur actu chomage

Quand un allocataire du RSA s’immole dans une CAF : Enquête

La mort d’un allocataire du RSA, qui s’est immolé à la CAF de Mantes-la-Jolie le 8 août dernier, se sera traduite par à peine plus qu’une brève dans les médias nationaux, sur fond de JO triomphants. Montée de la pauvreté, souffrance sociale, lourdeurs administratives, chute des effectifs des CAF et absence de représentation des bénéficiaires du RSA : Actuchomage a enquêté pour comprendre, au-delà du simple fait divers.

Mercredi dernier, alors que France Télévisions relayait abondamment les images des Jeux Olympiques achetées à prix d’or, un événement sans précédent s’est pourtant produit. Vers 10 heures du matin, un homme s’est présenté spontanément au guichet de la Caisse d’allocations familiales de Mantes-la-Jolie. Son RSA était suspendu depuis le mois de mai car il n’avait pas fourni les justificatifs de ressources demandés : sa date de cessation d’activité et les fiches de paie correspondant à son activité des mois précédents, selon Sébastien Rochat d’Arrêt sur images. Reçu dans un box, il est resté calme face aux explications de la conseillère, a sorti une bouteille d’eau contenant du white spirit dont il s’est aspergé puis un briquet avant de se métamorphoser en torche vive. Le personnel et des «usagers» sont intervenus pour éteindre les flammes. Il a ensuite été transporté au service des grands brûlés de l’Hôpital Saint-Louis.

Dans un premier temps, la préfecture des Yvelines s’est voulue rassurante, expliquant que l’homme était brûlé au second degré et que son pronostic vital n’était pas engagé. Mais il est en fait décédé dans la soirée de dimanche. Le 8 août, le cabinet de Marisol Touraine, actuellement en congés, s’est fendu d’un communiqué dans lequel la ministre des Affaires sociales exprimait «sa profonde émotion face à cet acte désespéré d'une personne que les difficultés de la vie ont manifestement conduit à un geste tragique». Dans le même temps, la ministre expliquait qu’une cellule d’écoute et d’assistance psychologique avait été mise en place pour le personnel de la CAF de Mantes-la-Jolie tout en soulignant «le rôle exigeant et attentif joué par les employés de la CAF dans l’accueil d’allocataires souvent en grande difficulté». Au lendemain du décès, le 13 août, Marie-Arlette Carlotti, en charge des Personnes handicapées et de la lutte contre l’exclusion, rappelait pour sa part «qu'il est important d'éviter toute rupture dans le suivi des personnes et qu'il est indispensable d'accompagner chacun de manière continue. Les situations personnelles, aussi complexes que diverses, doivent être prises en compte afin d'apporter un soutien aux personnes en difficultés».

«Un allocataire lambda»

Les communiqués officiels auront donc mis l’accent sur le drame personnel d’un homme, que certains journaux avait simplement baptisé «le désespéré», son nom n’ayant à aucun moment été révélé. Un drame personnel, un cas isolé. Et anonyme. En fait, l’homme, d’origine tunisienne et âgé de 51 ans, était, selon Philippe Castanet, directeur de cabinet du sous-préfet de Mantes, un ex-infirmier au chômage, inscrit au RSA depuis juin 2010, qui alternait quelques missions d’intérim en tant qu’infirmier ou brancardier avec des périodes d’inactivité. Séparé de sa femme, père de deux enfants, il était domicilié chez sa sœur à Mantes-la-Ville, mais vivait depuis plusieurs mois dans une caravane sur un camping de Moisson, une commune voisine de Mantes-la-Jolie.

L’homme était peu connu des services sociaux auprès desquels il ne s’était manifesté qu’en mai dernier pour son RSA, et pas davantage de la CAF de Mantes-la-Jolie où il n’avait pas été reçu depuis 18 mois. Un homme discret, isolé, en grande précarité, qui s’efforçait de survivre à coup de missions d’intérim et à qui la CAF venait de suspendre le RSA. «Un allocataire lambda» comme l’avait expliqué Philippe Castanet, que «des difficultés personnelles inconnues» avaient poussé à commettre «ce geste désespéré».

Pour le directeur de cabinet du sous-préfet de Mantes, il est en effet inconcevable que les seules difficultés administratives et financières de cet allocataire soient à l’origine de l’immolation, un «acte de colère grave. Il devait y avoir quelque chose derrière». Après tout, comme l’affirme notre directeur de cabinet, «c’est un cas courant, les gens à qui on suspend leur allocation puis auxquels on reprend le versement, dès lors qu’ils ont fourni les pièces demandées. Il y a des milliers de gens à qui ça arrive».

Une souffrance occultée

Toute la communication officielle aura donc tourné autour d’un seul leitmotiv : l’immolation d’un allocataire dans une CAF n’est qu’un drame personnel. Volonté de minimiser l’impact social potentiel d’un geste aussi grave ? En tout cas, la communication autour ce de cet évènement tragique n’aura pas brillé par sa clarté. Informations imprécises, voire contradictoires, impossibilité de joindre le directeur de cabinet de Marie-Arlette Carlotti, le Vice-Président du Conseil général des Yvelines chargé de l’exclusion ou la Directrice de la CAF des Yvelines ou Martin Hirsh, créateur du RSA…

L’ensemble des organisations de chômeurs ont en tout cas réagi rapidement. Dans un communiqué, le Mouvement national des chômeurs et précaires (MNCP) a tenu à préciser que «cet acte dramatique ne peut être interprété comme un cas isolé : service public débordé, règles injustes ou incompréhensibles, difficultés de communication entre agents et usagers sont le quotidien de beaucoup de personnes confrontées au chômage et à la précarité. Des deux côtés du guichet, la pression sociale est devenue insupportable, dans le silence des pouvoirs publics». Virginie Gorson-Tanguy, chargée de la communication de cette association de chômeurs, se dit révoltée par l’asymétrie en matière de communication : «Il y a d’un côté les pauvres salariés en souffrance de la CAF auprès de qui on intervient et de l’autre un type un peu taré. Les allocataires qui étaient à la CAF ce jour-là, ils n’ont pas été traumatisés, eux ? On parle beaucoup de la souffrance au travail, mais pas de celle des chômeurs. Il existe une médecine du travail pour les salariés, mais rien pour ceux qui sont sans emploi».

Le RSA, usine à gaz ?

Pour Virginie Gorson-Tanguy, le dispositif-même du RSA entraîne avec une gestion administrative lourde et kafkaïenne. «Le RSA a été introduit alors qu’on renforçait cette notion très contestable et culpabilisante des droits et devoirs. Quant au RSA activité, c’est une véritable usine à gaz. Tu déclares un boulot, on te réclame une pièce, tu la renvoies trois fois, ta situation change entretemps et tu n’as plus de travail, ce qui entraîne un décalage dans le temps dans le versement des prestations, puisqu’ils ont pris en compte ta situation du trimestre précédent. A vivre en tant qu’allocataire, c’est l’horreur».

Il est plus simple administrativement, souligne la jeune femme, de percevoir le RSA-socle qui a remplacé l’ancien RMI (475 € pour une personne seule sans allocations logement, 418 € avec). Un paradoxe puisque le RSA activité, qui complète les revenus liés à un travail, est censé faciliter le retour à l’emploi alors que le RMI était critiqué sur ce point. Seuls les associations de chômeurs avaient dénoncé en 2008, lors de la mise en place du RSA, un «dispositif ingérable, mélange des genres entre chômage et activité, entre CAF et Pôle Emploi, qui est tout sauf un progrès», pour reprendre le mot de Robert Crémieux, ex-Président du MNCP. L’une des conséquences de cette complexité administrative, c’est le non-recours au RSA : plus du tiers des bénéficiaires potentiels ne le demanderaient pas, soit une économie de 5,2 milliards d’euros pour les pouvoirs publics.

Des effectifs en chute libre dans les CAF

Pour les syndicats, la complexité à gérer le RSA est renforcée par la réduction des effectifs aggravée par le gouvernement précédent. La situation de la CAF des Yvelines, dont l’ensemble des sites sont fermés tous les après-midi depuis deux ans afin de permettre un «rattrapage» dans le traitement des dossiers, en témoigne. Certaines antennes, comme Limay, ont même fermé. «Nous avons perdu 50% de nos effectifs», explique Christine Malinowsky, Responsable CAF CGT au niveau des Yvelines. «En 1991, lors de la départementalisation, nous étions 1.391 salariés, en 2012 nous ne sommes plus que 653, avec une moyenne d’âge de 47/48 ans». Les techniciens CAF, salariés de droit privé, s’estiment déconsidérés, avec un salaire d’embauche de 1.100 € après deux années d’études. Au bout de 36 ans de métier, cette technicienne-expert qui se déplace sur toutes les Yvelines pour boucher les trous, gagne pour sa part 1.800 €. «Je ne suis pas étonnée par ce qui s’est passé, dit-elle, car nous sommes confrontés depuis plusieurs années à une montée d’une misère sociale insupportable. Aujourd’hui, nous instruisons des dossiers RSA pour toutes les catégories sociales».

Après la tenue d’un CHSCT (Comité d’hygiène et de sécurité) entre les organisations syndicales et la direction de la CAF des Yvelines, la représentante syndicale CGT a cependant préféré ne plus répondre aux demandes d’interviews. Une interview sur France Info de Elodie Clair, Directrice de la CAF des Yvelines, donne cependant quelques indications sur les décisions prises. Plus de personnel ? Plus d’écoute des «usagers», moins de tracasseries administratives, comme le demandait l’APEIS (Association pour l’emploi, l’information et la solidarité entre les chômeurs et les travailleurs précaires) ? Elodie Clair explique simplement qu’un troisième vigile sera recruté et que des personnels de la police municipale et de la police nationale seront présents afin d’intervenir rapidement en cas «d’incivilités».

Un manque de représentation des allocataires

Cette réponse sécuritaire n’est en tout cas pas du goût des associations de chômeurs, ni de «La maison du RSA», seul exemple de collectif organisé d’allocataires du RSA, semble-t-il. Basée en Isère, à Grenoble, ses militants envisagent même de porter plainte contre la CAF pour «mise en danger de la vie d’autrui». Ils ont mené le forcing pour être représentés dans les Equipes pluridisciplinaires (EP) mises en place par les Conseils généraux. Ces équipes, qui doivent d’après la loi de 2008 compter deux représentants des allocataires de la CAF, statuent notamment sur l’ouverture des droits et la suspension des allocations. Dans de nombreux départements, ce sont les CAF qui désignent ces représentants, dans d’autres ils sont carrément tirés au sort. En Isère, ce sont les militants de La maison du RSA qui siègent dans les EP. Ils ont co-écrit avec la CAF l’ensemble des imprimés destinés aux allocataires du RSA. Alain Guézou, qui s’est présenté aux législatives sous l’étiquette RSA («Réussir sans avenir»), explique comment La Maison du RSA a également obtenu le rétablissement des avances sur droits supposés des Conseils généraux, supprimés avec l’entrée en vigueur du RSA.

«Ce type d’aide aurait peut-être été utile pour cet homme qui s’est immolé, mais elles ont été supprimées sous prétexte qu’il y avait trop d’indus. Pourtant, lorsque nous avons demandé les éléments au Conseil général de l’Isère, il est apparu qu’il y avait moins de 1% d’indus et qu’au nom de cela on pénalisait 99% des gens».

Etre représentés dans les CAF, c’est aussi ce que souhaitent les associations de chômeurs. «Nous avons réussi à mettre un pied à Pôle Emploi», explique Virginie Gorson-Tanguy. «Nous sommes représentés dans les comités de liaison avec Pôle Emploi, qui sont des lieux d’échange. Nous aimerions aussi être présents et entendus dans les CAF, tout comme les syndicats ou les associations familiales».

A l’issue d’un hommage à l’homme décédé rendu par le MNCP et AC! (Agir contre le chômage et la précarité) lors de la réouverture de l’agence CAF de Mantes-la-Jolie ce jeudi 16 août, deux militants du MNCP ont été reçus par la Directrice de la CAF des Yvelines en compagnie des délégués syndicaux du CHSCT. Une première importante pour Robert Crémieux, l’ex-président du MNCP, qui espère que les portes finiront par s’ouvrir…

Véronique Valentino
http://www.actuchomage.org/201208182200 ... quete.html
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Re: Immolation à la CAF

Messagede Béatrice » 19 Aoû 2012, 12:29

« Si tous les demandeurs d’emploi faisaient comme vous... »


Le geste de l’allocataire du RSA qui s’est immolé mercredi dans sa CAF nous rappelle celui de Michel, chômeur désespéré qui avait commis le même dans son ANPE. Et que la justice a condamné ensuite pour « mise en danger de la vie d’autrui ».
http://www.actuchomage.org/20120809...

Jeudi, 09 Août 2012

Le geste de l’allocataire du RSA qui s’est immolé mercredi dans sa CAF nous rappelle celui de Michel, chômeur désespéré qui avait commis le même dans son ANPE. Et que la justice a condamné ensuite pour « mise en danger de la vie d’autrui ».

On ne sait pas grand chose de ce chômeur en fin de droits relégué au RSA qui, mercredi matin, s’est aspergé de white spirit dans les locaux de sa CAF à Mantes-la-Jolie. Hier, tout le monde en parlait. Aujourd’hui, plus de nouvelles... Si ses jours ne sont plus en danger, qu’en est-il de son état de santé ? Quel était son parcours ? Que s’est-il passé avec la CAF ?

On sait juste que le RSA de cet « allocataire lambda » — pour reprendre les termes élégants d’une source préfectorale — était suspendu depuis le mois de mai. Le RSA, c’est une pitance de 475 €/mois, généralement amputée d’un « forfait logement » qui concerne 95% de ses maléficiaires.

On sait, d’après une information de l’APEIS, qu’à quatre reprises la CAF lui a réclamé des justificatifs dont il ne disposait pas. Selon l’association de défense des chômeurs, « cela fait figure d’acharnement ». Fustigeant à juste titre des directives qui sèment la désolation (pour ne pas dire criminelles), la politique du chiffre, le sous-effectif patent et la déshumanisation des antennes, elle ajoute : « Tout le monde s’émeut du sort des personnels jusqu’à leur apporter une cellule de soutien psychologique, mais rien sur cet homme de 51 ans et sa famille ! »

En effet Marisol Touraine, la nouvelle ministre des Affaires sociales et de la Santé, a rapidement fait part dans un communiqué « de sa profonde émotion face à cet acte désespéré d’une personne que les difficultés de la vie ont manifestement conduit à un geste tragique ». Les difficultés de la vie ??? Jolie façon de disculper la société toute entière qui broie les plus faibles de multiples manières, toutes aussi hypocrites qu’odieuses. Si l’on vous ôte les 418 € mensuels qui vous permettent à peine de survivre, que vous reste-t-il ? Finir à la rue, ou en finir tout court ?

Marisol Touraine a surtout tenu à « marquer son soutien à l’ensemble du personnel de la CAF de Mantes-la-Jolie. Le rôle exigeant et attentif joué par les employés de la CAF dans l’accueil d’allocataires souvent en grande difficulté est une mission essentielle de service public », a-t-elle souligné. Et chacun de plaindre les agents en état de choc face à cet « événement violent ».

Mais cette violence économique et sociale, infligée à ceux qui travaillent comme à ceux que l’on prive d’emploi, quelle en est la véritable origine ? Pas un mot : c’est trop long et trop compromettant à expliquer.

« Vous vous rendez compte de ce que vous avez fait ? »

Le 26 octobre 2005, Michel, 47 ans, a commis le même geste : il s’est aspergé d’essence et a brandi un briquet dans son ANPE de Bacalan, en Gironde. Il venait d’être radié parce qu’il ne s’était pas présenté à une convocation. Mais ce jour-là, il travaillait. En intérim. Or, on venait de lui affirmer qu’il était radié pour plusieurs mois, qu’il ne pourrait se réinscrire et prétendre à ses Assedics. Qu’il n’avait plus qu’à « aller chercher des tickets restaurant » auprès des organismes sociaux...

L’affaire a été relatée par le quotidien régional Sud Ouest. A l’époque, les rédactions parlaient volontiers des chômeurs. Depuis, elles les méprisent. Quand Nicolas Sarkozy a été élu, bizarrement, le volume de l’actualité sociale a fondu comme neige au soleil... Et quand il faut traiter du chômage, on confisque la parole aux intéressés en invitant plutôt une tripotée d’« experts », des gens (im)pitoyables qui suintent le confort tout en nous prêchant la baisse du coût du travail, la flexibilité et la mobilité. En clair, le sacrifice.

Ironie de la chose : l’immolation est une forme de sacrifice. Elle peut avoir lieu par l’eau, le feu, la terre, le bois, le fer… ou tout autre moyen, peut-on lire. Consentir au sacrifice économique et social imposé par une élite malfaisante, ou consentir au sacrifice de soi-même ? Inconsciemment, Michel avait choisi. Cinq années de précarité dans les pattes, l’impossibilité de décrocher un emploi stable puis cette radiation abusive ont sapé sa capacité de résistance. Comme notre RSAste de Mantes-la-Ville, c’est « sans colère » qu’il a agi. Et c’est avec un sens aigu de la justice que, trois mois plus tard, le TGI de Bordeaux l’a condamné à 4 mois de prison avec sursis et 2 ans de mise à l’épreuve avec obligation de soins pour « mise en danger de la vie d’autrui ». Car le ministère public a estimé qu’il faut avant tout « protéger la société » de ceux qu’elle a activement dépouillés...

Pas de « cellule de soutien psychologique » pour Michel, considéré comme fou, mais l’hôpital psychiatrique (espérons qu’il soit tombé sur un médecin compétent qui l’aura aidé à retrouver confiance). D’ailleurs, bien que le licenciement et le chômage soient un choc d’une grande violence et que la précarité détruise la santé psychique de ceux qui la subissent, rien n’est prévu pour eux : nous évoquons largement cette indignité dans ce reportage.

Nous ne savons pas ce qu’est devenu Michel. Nous ne savons pas non plus ce que va devenir ce RSAste anonyme qui, sept ans après, vient d’exprimer son désespoir dans les Yvelines, ni les raisons de son passage à l’acte. Comme le souligne Christiane de l’APEIS pour TF1News, « l’évènement de mercredi, c’est la partie émergée de l’iceberg. Combien de chômeurs se suicident chez eux sans que les médias le relatent ? » Pour tous ces laissés-pour-compte du capitalisme financiarisé, tous ces invisibles et ces sans voix, « la dernière manière de se faire entendre, c’est ce qui s’est passé à Mantes-la-Jolie ». Ou à Bacalan. La présidente du tribunal avait réprimandé Michel : « Si tous les demandeurs d’emploi faisaient comme vous... » Mais oui, ma bonne dame, si tous les privés d’emploi s’immolaient par le feu, ça ressemblerait… à la Tunisie ?
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Re: Immolation à la CAF

Messagede yoh » 19 Aoû 2012, 15:11

Brûle

samedi 18 août 2012

Le 13 août 2012, un homme de 51 ans est mort des suites de ses blessures, après s'être immolé par le feu à la Caisse d'Allocations Familiales de Mantes-la-Jolie cinq jours plus tôt. Les journaux disaient que ses jours n'étaient pas en danger, ça ne fait qu'une erreur d'appréciation de plus.
Il ne touchait plus son RSA depuis quatre mois. On insiste beaucoup sur le fait que c'était une suspension et pas une fin de droit, comme si le résultat était différent, comme si ça ne voulait pas dire que tu devais te démerder sans les 400€ et quelques qui te permettaient de ne pas couler totalement. Suspendu parce qu'il manquait des papiers. À l'heure où les caisses sont vides, faut savoir que t'as intérêt à tous les avoir, les papiers, les photocopies, le dossier standardisé complété tant bien que mal, les attestations sur l'honneur que, les justificatifs de, pour gratter les gravillons de solidarité qu'on consent encore à te jeter à la gueule, à toi l'assisté qu'est bien moins à plaindre que ceux qui vont au turbin...
Il suffit de voir comme tu es profondément suspect, toi, le monsieur de 51 ans, du fond de ton lit d'hôpital, quand tu n'es pas encore mort, et que des abrutis anonymes planqués derrière leur clavier débitent des phrases-étrons à la chaîne, pour dire que si tu t'es vidé une bouteille de White Spirit sur la gueule avant d'y foutre le feu, c'était sûrement pour gagner un arrêt-maladie.
Il faut se farcir les connards cyniques à second degré et leurs tentatives d'humour à deux balles, qui se targuent de savoir rire de tout, la politesse du désespoir, hein, je sais pas, mon second degré s'est dissout, comme ma syntaxe, je perds facilement le fil et mes mots face à la connerie.
Il suffit d'écouter les plus modérés, les relativistes qui bredouillent que tu avais sans doute des problèmes psychologiques, des problèmes personnels. C'est une affaire personnelle d'être foutu à la poubelle parce que trop vieux pour bosser, trop pauvre pour consommer, trop invisible pour exister autrement qu'en tant que numéro de dossier, un ticket à la main dans une file d'attente.
Il n'y a qu'à entendre et lire, à quel point tu ne vaux rien quand tu ne travailles pas et si peu quand tu bosses.

Avec Dahlia Trémulant, on a cherché, via internet, combien ils étaient, ces cramés volontaires aux motifs si personnels, il ne faut pas remonter très loin pour les trouver, rarement en Une, plutôt dans les coins, enterrés dans les éditions locales de la presse quotidienne, évoqués dans un tract syndical. L'information passe vite, même avec cette revue de presse qu'on se compose de jours en jours à coups d'onglets ouverts sur le côtés, on rate des trucs...
Je suis sûre qu'on n'a pas tout trouvé, et pourtant je ne peux pas tous les citer, parce que pour nombre de cas il y a trop peu de détails, déjà, comme pour cette femme de 33 ans qui s'embrase dans la rue d'un quartier résidentiel à Argenteuil, le 23 juillet 2012, en hurlant qu'elle ne mérite pas de vivre. On sait que des riverains lui portent secours, qu'elle est brûlée au 3e degré, hospitalisée dans un état grave, rien de plus, j'ai pas trouvé, je ne sais même pas si elle est vivante.
J'ai également exclu de cette liste les suicides isolés sans plus d'information, ces messieurs et ces dames âgés et parfois solitaires qui décident de brûler avec leur pavillon ou au détour d'un chemin forestier, j'ai exclu les ex-internés psychiatriques, même si là-dessus il y aurait beaucoup à dire, j'ai exclu les adolescents dépressifs et mal intégrés qui passent à l'acte dans la cour de leur lycée, j'ai exclu les victimes de déception sentimentale, il y en avait quelques uns, j'ai fait dans l'arbitraire, j'ai dû être arbitraire, il y en avait trop.
Je n'ai pas exclu les tentatives « ratées », où grâce à l'intervention d'un tiers, la personne n'a pas eu le temps d'aller jusqu'au bout, parce que je considère que se déverser un bidon d'essence sur le corps, c'est déjà un passage à l'acte suffisamment parlant.
J'ai listé des cas où ce gigantesque paravent de « motifs personnels » me paraissait abusif, cette formule bien pratique pour ne pas mettre en cause le travail qui flingue les uns pendant que les restrictions de la protection sociale achèvent les autres.
J'ai inclus un cas qui date de 2007 au vu de son contexte, sinon je ne suis pas allée au-delà de 2011. C'est un inventaire subjectif, en somme.

Le 19 juillet 2012, un agent de maîtrise du Grand Lyon s'immole par le feu devant son lieu de travail à Vénissieux. Là, on a quelques détails. L'homme de 47 ans, syndiqué, faisait l'objet d'une procédure disciplinaire pour avoir critiqué la réorganisation du service, ce qui avait profondément déplu à sa hiérarchie. Je m'en tiens à la version syndicale, justement, parce que je n'ai pas trouvé le point de vue de la direction. J'ai peut-être mal cherché, remarquez, mais la vanité mortifère des petits chefs incapables de se remettre en question, c'est pas suffisamment exceptionnel pour me surprendre.
Brûlé à 80 %.

Le 11 juillet 2012, un homme de 40 ans s'asperge d'essence à la Trésorerie de Valence, mais est heureusement maîtrisé avant de passer à l'acte. Criblé de dettes dues à des amendes impayées et à un trop perçu du RSA, il venait de retrouver du travail et se faisait prélever 400€ par mois par le Trésor Public, un montant trop élevé au vu de sa situation précaire.
Le mec sortait de dépression. La police a eu la délicatesse de le coller en GAV pour lui apprendre à protester contre la rigueur administrative. Je vous passe les commentaires des articles sur ce mauvais pauvre qu'avait qu'à pas avoir d'amendes impayées, et qui simulait sûrement puisqu'il n'est pas allé jusqu'au bout.

Le 6 avril 2012, un homme de 62 ans s'immole sur le parking du foyer social de Saint Priest où il résidait. Brûlé à 60 %. Je pense que l'état de ce foyer social peut être mis en cause car on retrouve un cas similaire le 2 février 2012. Un SDF qui dormait dans sa voiture depuis quelques jours pour ne plus aller au foyer, justement. Il avait fait une demande de logement 2 mois plus tôt. Il s'est aspergé de liquide inflammable et en a ingurgité une partie devant la mairie. Il est revenu s'excuser le lendemain auprès du personnel, après être sorti de l'hôpital, il était saoul...

Le 26 mars 2012, un homme de 40 ans demande à rencontrer un responsable de l'agence Pôle Emploi de Dieppe. Refus. Il s'asperge de liquide inflammable mais n'a pas le temps d'utiliser son briquet. Il avait était radié de la liste des demandeurs d'emploi pour ne pas avoir répondu à une convocation téléphonique, un motif abusif et hors de tout cadre légal.
L'efficacité de Pôle Emploi pour dégonfler à coups de radiations abusives les chiffres réels du chômage n'est plus à démontrer, ça fait des années que les associations de chômeurs dénoncent en vain les méthodes employées.

Le 15 février 2012, une femme de 38 ans s'immole dans le hall de la Mairie de Saint Denis. Elle vivait seule avec ses 6 enfants depuis la mort de son compagnon, et était hébergée par le 115. Elle craignait de se retrouver à la rue à la fin de la trêve hivernale. Elle meurt le lendemain des suites de ses blessures.
Et encore une fois les dégueulis de commentaires que je ne peux pas m'empêcher de lire, six enfants alors qu'elle était pauvre, cette irresponsable, et qui va les prendre en charge maintenant, c'est nous avec nos impôts, la logique absurde et répugnante des connards anonymes.
À la mairie de Saint Denis, il y avait deux précédents. Le 11 mars 2011, un homme de 45 ans qui venait de se retrouver à la rue s'était immolé en apprenant que sa demande de placement en foyer avait été rejetée, malgré l'appui de la mairie. Il avait annoncé son passage à l'acte à plusieurs reprises. Il s'en était tiré avec des brûlures légères grâce à la réactivité du personnel qui avait pu intervenir à temps. L'autre avait eu lieu en 2007, un homme à qui on avait refusé un logement s'était arrosé d'essence dans le secrétariat de Mairie, mais avait été plaqué au sol avant d'aller jusqu'au bout.
J'apprends au passage qu'il y a 45 % de logements sociaux à Saint Denis. À bien mettre en parallèle des 4 % de Neuilly-sur-Seine qui se paye le luxe d'être hors la loi.

Le 10 février 2012, un travailleur handicapé de 56 ans s'immole dans la salle du personnel du Carrefour-Market de Chambourcy. Syndiqué, il était victime de harcèlement de la part de la direction pour avoir réclamé qu'on répare la porte de la réserve non-chauffée où il travaillait. Brûlé au 2e degré.

Le 26 octobre 2011, une femme de 68 ans victime de problèmes de logement veut se rendre à l'Elysée pour être entendue par le Conseil des Ministres. Interceptée par les agents en faction, elle s'asperge d'alcool à brûler avant d'y mettre le feu. Une policière intervient, la vieille dame s'en sort avec des brûlures légères.

Le 16 octobre 2011, une femme de 77 ans s'immole dans un bosquet à proximité de son domicile à Talence. Elle est retrouvée morte. Mère de trois enfants, dont deux garçons handicapés (l'un encore à sa charge), elle laisse une lettre exprimant son ras-le-bol, sa fatigue, sa lassitude de la vie. Elle avait récemment sollicité un emploi pour l'un de ses fils à la mairie, elle était suivie par les services sociaux du Conseil Général, elle avait déjà été hospitalisée suite à une tentative de suicide.
Face au désespoir de cette vieille dame, il y a encore des commentaires dégueulasses pour la traiter d'égoïste, rien que ça.

Le 13 octobre 2011, une enseignante de 44 ans s'immole dans la cour du lycée Jean Moulin de Béziers, et meurt le lendemain. Dépressive et suivie médicalement selon le Ministère de l'Education Nationale, son geste est à mettre sur le compte du décès récent de son neveu, et des rapports houleux avec ses élèves. Les syndicats démentent fermement, affirmant qu'elle ne prenait pas de traitement, citant d'autres suicides d'enseignants survenus durant la même période, dans un contexte de réformes hasardeuses. Ses derniers mots : « Je le fais pour vous ! ».

Le 9 août 2011, un homme d'une cinquantaine d'années demande en vain un rendez-vous avec le directeur de la CAF de Marseille. Endetté et craignant d'être expulsé de son appartement, ce père de famille au chômage avait reçu un gros virement de la Caisse d'allocations familiales par erreur, qui lui avait signalé qu'elle récupérerait l'argent le mois suivant. À force de dialogue, un membre de la BAC l'a empêché d'aller jusqu'au bout.

Le 26 avril 2011, un homme de 56 ans s'immole sur le parking du site Orange-France Telecom de Mérignac. Salarié depuis trente ans de l'entreprise qu'on ne présente plus, il avait subi la mobilité imposée et avait été contraint de vendre sa maison. Syndiqué, chargé des conditions de travail, de l'hygiène et de la sécurité depuis plusieurs années, il était victime de harcèlement moral et très affecté par les suppressions d'emploi. Il avait alerté à plusieurs reprises la direction qui n'a pas répondu à ses courriers.
Son décès a été très médiatisé car il est survenu après la vague de suicides due à l'ancien management d'Orange (la courbe du Deuil, ne pas oublier), et après le changement de directeur.

Le 16 mars 2011, un SDF de 65 ans s'immole dans la cave de la personne qui réceptionnait son courrier à Calais, il est retrouvé mort, c'est presque un suicide discret, aussi discret que la personne qui se pend dans son appartement, qui se flingue dans son sous-sol, qui finit sa boîte de médocs comme par inadvertance, qui jette sa bagnole dans un arbre, qui se jette lui-même sur les rails, ou du 5ème étage, parce que c'est plus possible d'aller bosser comme ça, d'aller nulle part comme ça... Là je m'écarte trop du sujet, je voulais juste parler des gens qui brûlent publiquement pour signifier qu'ils n'en peuvent plus, mais comment s'empêcher de penser à tous ceux cachés derrière, qui n'auront pas trois lignes dans le journal tant ils sont quotidiens. Et derrière les encore-vivants, boostés aux antidépresseurs ou à l'alcool pour pouvoir supporter le boulot ou une nuit de plus dehors.
J'ai même pas envie d'accuser le conseiller en état agentique qui n'en peut plus derrière son guichet, d'appliquer les lubies merdiques venues d'en haut, de gérer trop de dossiers pour faire autre chose que du chiffre, de lutter contre la fraude au lieu de faire du social pour de vrai. Je sais que la plupart d'entre eux se protègent comme ils peuvent, je sais bien que certains protestent quand même, malgré la peur de se retrouver aussi dans la file d'attente, s'ils l'ouvrent trop grand.

Des institutions pas-responsables-pas-coupables, des entreprises-on-aurait-jamais-cru-que.
Ne t'en fais pas, celui pour qui tu votes, ou pour qui tu travailles, il saura t'expliquer que tu dois être souple, pour ton bien.
Qu'il ne faut pas en faire une affaire personnelle.

Clirstrim


http://le-salaire-de-la-peur.blogspot.f ... brule.html
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Re: La CAF en système mortifère

Messagede bipbip » 14 Juil 2016, 15:01

Le suicide d’une oubliée du système

Émilie, 31 ans, s’est tuée après avoir été privée de ses allocations.Un drame qui pointe les dysfonctionnements aveugles de la CAF.

Les funérailles d’Émilie Loridan ont eu lieu samedi dernier à Armentières (Nord). Et la question subsiste : comment cette mère de deux enfants a pu être abandonnée à une telle indigence, un tel désespoir ? Cette jeune femme de 31 ans s’est pendue après s’être vue privée par la CAF de ses prestations sociales, se retrouvant avec pour seule ressource l’allocation handicap de sa petite fille, versée par la Belgique. Avant de se donner la mort, Émilie avait attiré l’attention de la Voix du Nord sur sa détresse. Impossible de joindre les deux bouts, sans RSA (revenu de solidarité active), sans APL (aide personnalisée au logement), avec juste 398 euros par mois. Aujourd’hui, la tragédie d’Émilie pointe de la plus cruelle des façons la froideur aveugle et les manques de notre système social.

... http://www.humanite.fr/le-suicide-dune- ... eme-611849
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Re: La CAF en système mortifère

Messagede bipbip » 12 Sep 2016, 11:03

À la CAF le service n’est pas pour les allocataires

Racket à tous les étages

La Caisse d’allocation familiale a une très vague idée des difficultés que peuvent rencontrer les pauvres bougres impécunieux qui sont dans l’indécente nécessité d’user de ses indispensables services . Cette noble institution, à l’imitation de tous les grippe-sous qui fleurissent désormais dans cette société si libérale, se permet, en cas de réclamation justifiée ou bien d’appel pour quelque motif que ce soit, de taxer l’allocataire pour lui signifier sans doute qu’il y a mieux à faire que de lui rendre service.

Bien sûr, ladite taxation est modique : c’est sans doute ce que rétorqueront les cadres qui ont le privilège de ne pas connaître les mêmes soucis financiers que leurs ayant droits. Ces six centimes la minute, peut-être dérisoires en plus du coût de l’appel, sont bien là pour enfoncer encore un peu plus ces parasites qui vivent de la générosité publique. Voilà sans doute ce que pensent les odieux personnages qui ont installé cette affreuse taxe.

La CAF n’en reste pas à cette ignominie. Prompte à prétendre que la déclaration trimestrielle n’a pas été faite dans les temps, la brave machine administrative n’avertit jamais de la date butoir. C’est une belle astuce pour priver un temps de pauvres gens de cette déjà maigre ressource. Avant l’heure, ce n’est pas l’heure, mais après l’heure, il faudra reprendre la procédure à zéro. Sachant que le dossier mettra actuellement en moyenne huit semaines à être traité, les reboutés de la mauvaise disponibilité kafkaïenne, n’auront que leurs yeux pour pleurer.

... http://www.revolutionpermanente.fr/A-la ... locataires
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Re: La CAF en système mortifère

Messagede bipbip » 04 Juil 2017, 07:56

Chasse aux pauvres

Pas de « droit à l’erreur » pour les allocataires de la Caf, soumis à des contrôles toujours plus invasifs

Déclaration de revenus tous les trois mois, croisements de données avec les impôts, contrôle des relevés bancaires, visites à domicile… Il ne s’agit pas des nouvelles mesures concernant la transparence de la vie publique mais celles auxquelles se soumettent les bénéficiaires de minimas sociaux, en contrepartie d’un revenu de quelque 530 euros par mois. La Caf prévoit même, bientôt, de récupérer « à la source » les données personnelles des allocataires, auprès du Pôle emploi ou des services du fisc. En cas de contrôle, sans même une fraude avérée, les versements peuvent être suspendus. Et pas de « droit à l’erreur ». Parfois prompts à s’offusquer des nouvelles règles de transparence qui encadrent leur activité, nos élus se montrent pourtant moins choqués lorsqu’elles virent à l’abus de pouvoir contre les citoyens les plus précaires.

... https://www.bastamag.net/Pas-de-droit-a ... -controles
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Re: La CAF en système mortifère

Messagede bipbip » 27 Oct 2017, 19:32

Chasse aux pauvres en Ariège : flicage et délations

Un article de la détresse du midi nous fait la retape des outils de répressions de la CAF ariégeoise... C’est à vomir, et c’est mensonger. Le vrai problème est que les pauvres ne touchent pas assez de l’argent auquel ilelles ont droit... en attendant le communisme.

Chasser les mouches avec un tank

Pas de limites aux mépris pour les pauvres. Alors que l’Etat doit rembourser 10 milliards à des grosses boîtes il met les bouchées doubles pour faire cracher les pauvres.
C’est la détresse du midi qui se gargarise du bon fonctionnement des outils de flicages mis en place, avec photos des crapules à l’appui. La CAF est enfin armée (le joli mot) pour traquer et presser l’allocataire jugé indélicat. Ainsi on apprend que le "Comité opérationnel départemental anti-fraude (Codaf) [...] qui permet notamment à Pôle emploi, à l’Urssaf, aux caisses d’allocations familiales, d’assurance maladie et de retraite, et au régime social des indépendants (RSI) de se partager les informations, porte enfin ses fruits. Il est de plus en plus compliqué de passer à travers les mailles du filet. « On a procédé à 97721 contrôles sur des bénéficiaires. La majorité de ces procédures fait suite aux incohérences relevées à travers les informations divulguées aux différents partenaires du Codaf », appuie Frédérique Anton, la responsable de la CAF."

Wahou 97721 contrôles pour au final 114 dossiers frauduleux... Ça s’appelle chasser la mouche avec un tank... Tant mieux qu’il n’y ait pas plus de victimes, on apprend que 5% des démarches sont lancées par délation, une tradition française...

Des milliards non versés

Bien sûr rien sur les milliers de personnes qui, du fait de la difficultés à monter les dossiers ou de méconaissances, s’abstiennent de toucher les aides sociales. Les appels des député-e-s pour les départements luttent contre le non recours n’ont visibement pas été entendue. Juste pour le RSA ce serait 5 milliards qui ne seraient pas réclamés par ceux et celles qui y auraient droit. L’Observatoire des non-recours aux droits et services observe que la difficulté des démarches, la méconaissance, mais aussi les refus arbitraires compliquent beaucoup trop l’accès aux ressources.
Rappelons que l’on parle ici d’accès à des droits basiques en terme de soins, d’habitat, ou de ressource pour les populations les plus précaires. Et que, le quotidien local en alimentant la figure du "fraudeur", phantasmée et mensongères, contribue à tenir éloignées de leurs droits des personnes en état d’extrême nécessité.

... http://iaata.info/Chasse-aux-pauves-en- ... -2262.html
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Re: La CAF en système mortifère

Messagede bipbip » 12 Nov 2017, 22:42

Travailleurs, chômeurs, RSAstes, solidarité face aux refus d’allocations du département et de la CAF

Un européen en France : travail, études et galères à gogo

Javier vient s’installer en France en 2005, il travaille parallèlement à ses études. De 2008 à 2012, il bosse à Paris. Il enchaîne ainsi un stage professionnel, un CDD de 2 ans, puis obtient le statut d’intermittence du spectacle jusqu’en octobre 2012. A ce moment, il s’installe à Toulouse et réoriente son activité vers l’agriculture. À partir de là et jusqu’en 2015, il participe à de nombreuses activités associatives et commence à acquérir des compétences agricoles. Il bénéficie alors du RSA.

La galère comme quotidien

Tout change quand il décide de déménager dans le Gard où le Conseil Départemental (CD) lui refuse ce revenu. Il suit plusieurs formations et développe un projet d’installation agricole. Mais sa situation financière est compliquée et handicape fortement ses projets : hors quelques rémunérations pour certaines formations et des petits boulots, il ne touche rien. Le CD du Gard lui répond refus sur refus à son transfert de RSA, à ses recours et à sa nouvelle demande sans même prendre la peine de les justifier. Après de nombreuses démarches le département finit par lui opposer la légalité de son séjour en France. Pourtant les trois départements où il avait habité précédemment lui avaient déjà reconnu un droit au séjour permanent (condition de 5 ans de résidence légale et régulière en France).

Les ressortissants européens dans le viseur

Le cas de Javier n’est pas unique. Les Conseils départementaux mettent en application l’austérité et resserrent les budgets comme à tous les niveaux de l’État. Dans un contexte de crise, les cadeaux pour les riches se multiplient et les travailleurs, les chômeurs, les jeunes en formation, les retraités… doivent se serrer la ceinture. Dans sa course aux économies, le CD du Gard a, entre autres, dans sa ligne de mire les ressortissants européens. Leurs demandes de RSA sont fréquemment refusées même quand ils pouvaient le toucher dans d’autres départements. Le CD se permet de réinterpréter la loi à sa guise avec un règlement départemental plus restrictif que la loi nationale. De plus, de manière systématique, il néglige l’obligation de motivation des décisions administratives.Cette politique discriminatoire participe à la dégradation de nos conditions de vie Les allocations et les différentes formes de redistributions sociales sont réduites jour après jour. L’État, pour permettre aux patrons de faire toujours plus de bénéfices, baisse les cotisations patronales et facilite les licenciements. Ces politiques ne cessent d’augmenter la masse de personnes pouvant être embauchées dans les pires conditions car elles n’ont rien d’autre pour vivre. Cela favorise la concurrence entre travailleurs et chômeurs et met la pression à la baisse sur les salaires et les conditions de travail. Encore une fois, une attaque contre l’un d’entre nous est une attaque contre nous tous.

Solidarités de classe

Le capital et l’État nous divisent en catégories, ils nous assignent à des statuts et des identités que nous avons rarement choisis. Petit à petit, nous sommes de plus en plus isolés dans nos galères et discriminations spécifiques. Il est nécessaire de se regrouper pour lutter contre l’exploitation et les oppressions que nous subissons. S’organiser avec ceux et celles qui partagent, au quotidien, ces conditions d’existence toujours plus difficiles : au boulot, sur les lieux de vie, d’étude… Notre intérêt commun d’exploités est celui de s’attaquer à cette société de classe qui ne profite qu’aux riches et jette les autres toujours plus profondément dans la misère. Que l’on soit ressortissant européen, privé de ses droits ou non, français ou non, homme ou femme, RSAstes, chômeurs, ouvriers, employés, retraités ou lycéens, regroupons-nous, organisons-nous, passons à l’offensive.

Quel que soit le pays où nous sommes nés, l’État et ses administrations cherchent toujours à s’attaquer aux pauvres !

Quel que soit le pays où nous sommes nés, solidarité de tous les exploités !

Remise immédiate du RSA à Javier Contre le harcèlement de la CAF et du CD sur les ressortissants européens et les autres

Exploités Enervés
(collectif de travailleurs, chômeurs, précaires Alès et environs)

Permanences d’exploités énervés :
tous les 2 e et 4 e vendredis de chaque mois de 18 à 19h
(local la Rétive, 42 faubourg d’Auvergne, 30100 Alès)

Mail : exploitesenerves@riseup.net,
Site : https://exploitesenerves.noblogs.org/


https://exploitesenerves.noblogs.org/tr ... de-la-caf/
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Re: La CAF en système mortifère

Messagede bipbip » 21 Nov 2017, 09:06

La CAF intensifie la chasse aux pauvres

Depuis le début de l’année 2017, nous avons constaté une recrudescence des contrôles opérés par les services de la CAF. Ces contrôles souvent par courrier et parfois domiciliaires visent particulièrement les personnes soupçonnées d’être en couple, les parents isolés, les personnes en colocation…

... http://lepressoir-info.org/spip.php?article1063
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Re: La CAF en système mortifère

Messagede bipbip » 17 Fév 2018, 23:46

Difficultés faites aux ressortissants européens, qui ne parviennent pas à obtenir le RSA

Communiqué des occupants du Service allocation du Conseil Départemental du Gard

Nous occupons aujourd’hui (12 février 2018) les locaux des services Allocations du Conseil départemental du Gard (10 rue Villeperdrix, 30900 Nîmes) pour dénoncer les difficultés faites aux ressortissants européens, qui ne parviennent pas à obtenir le RSA. Plus largement, nous dénonçons les contrôles qui touchent les personnes au RSA, les radiations, etc.

Le Conseil départemental du Gard a une vision particulièrement restrictive du droit au séjour des Européens et bloque systématiquement leurs dossiers. Certaines personnes vivent en France depuis dix ou vingt ans, ont travaillé, fait des formations, se sont retrouvées au chômage, percevaient le RSA dans d’autres départements… et se le voient refuser dans le Gard ! Ce département applique avec un zèle particulier les restrictions budgétaires réclamées par l’État sur le dos des plus pauvres ! Le traitement des demandes est ainsi doublement inégalitaire : d’une part entre les personnes européennes et les personnes françaises, et d’autre part en fonction des départements.

Dans une société capitaliste où le chômage ne cesse d’augmenter au seul profit des plus riches, nous n’avons pas d’autre choix que de devoir nous défendre pour pouvoir survivre avec les miettes qu’on nous laisse.
Seules des luttes d’ampleur pourraient remettre en question le capitalisme.
Nous voulons l’abolition de la société de classes, de l’État, de l’argent, du salariat… Tant que ce ne sera pas le cas, nous exigeons :

• La remise immédiate du RSA aux personnes européennes ;
• Un traitement identique pour les ressortissants européens et
l’ensemble des personnes demandant le RSA ;
• La fin des contrôles systématiques des allocataires et des dispositifs
de ciblage (étrangers, personnes seules avec enfants, colocataires…) ;
• La fin des coupes budgétaires sur les aides sociales.


https://lepressoir-info.org/spip.php?article1151
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Re: La CAF en système mortifère

Messagede bipbip » 25 Mar 2018, 13:56

La CAF persiste à taxer illégalement les allocataires du RSA

Alors que le Conseil d’État a confirmé dans un jugement de juin 2017 l’illégalité du procédé, les caisses d’allocations familiales continuent de surtaxer l’épargne des allocataires du revenu de solidarité active, et ne répondent pas à leur devoir d’information des usagers.

Décidément, les caisses d’allocations familiales (CAF) ont bien du mal à appliquer la loi. En janvier 2017, Mediapart, alerté par des usagers soutenus par l’association Apnée-Actuchomage, révélait que contrairement au code de l’action sociale et des familles, les CAF taxaient à tort les livrets A des allocataires des minimas sociaux. Six mois plus tard, le Conseil d’État a confirmé que cette taxation de l’épargne était illégale, à l’occasion d’un jugement délivré par le tribunal administratif de Montpellier.

Le 17 novembre dernier, la CAF s’est donc, contrainte et forcée, enfin conformée à la jurisprudence et a même édité une circulaire, rappelant à ses agents les règles à appliquer lorsqu’un allocataire possède une épargne. La consigne semble avoir du mal à passer puisque des usagers continuent d’être illégalement «trop taxés», assure l’association Apnée-Actuchomage, qui ferraille sur ce sujet depuis des années.

Les allocataires du RSA n’ont par ailleurs jamais reçu une quelconque information, leur permettant éventuellement de se voir verser rétroactivement des sommes pourtant ponctionnées à tort. Ce faisant, la CAF faillit une deuxième fois à son devoir. Elle est en effet dans l’obligation d’informer les allocataires de leurs droits.

Sur le fond, l’affaire est relativement simple : peu de gens le savent, mais le RSA (revenu de solidarité active) est loin d’être inconditionnel. Les caisses d’allocations familiales prennent en compte pour le calcul d’un RSA l’ensemble des revenus disponibles, y compris les économies épargnées et placées. Un certain nombre de bénéficiaires des minimas sociaux, pas tous, conservent en effet des bas de laine, ce qui n’a rien d’illégal mais doit être déclaré. La plupart des CAF appliquaient jusqu’ici à cette épargne une taxe forfaitaire de 3 %, qu’elles déduisaient ensuite de l’allocation versée chaque mois.

... http://www.actuchomage.org/201802202714 ... u-rsa.html
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Re: La CAF en système mortifère

Messagede bipbip » 12 Mai 2018, 13:11

CAF, un sévice social ?

Avez-vous déjà essayé de contacter votre CAF par téléphone ? Armez-vous de patience, il faut 5 à 15 minutes avant d’avoir une personne au bout du fil, jamais la même (surtout personne d’attitré pour suivre un dossier) et le comble, c’est que pour un service public qui devrait être social, le numéro de téléphone est payant : 6 centimes d’euros la minute.

Comment font les plus pauvres, les plus démunis ? Il est probable qu’ils abandonnent et qu’ils ne touchent plus les allocations auxquelles ils pourraient prétendre.

L’histoire arrivée à un étudiant messin est édifiante. En juillet 2017, il reçoit un mail de la CAF lui demandant un justificatif de domicile, donc il scanne et envoie par l’application Internet « Mon compte CAF » (pas vraiment très pratique) les factures de gaz et d’électricité prouvant qu’il occupe toujours son appartement. En octobre, aucune allocation logement n’est versée. Il envoie donc un mail à la CAF qui, bien qu’ayant reçu les factures de gaz et d’électricité, demande à présent un justificatif de domicile pour juillet et août. Il renvoie donc les mêmes factures scannées, pour l’été cette fois-ci.

Arrive le mois de novembre : toujours aucun versement. La CAF, contactée par mail, demande à présent la quittance de loyer du mois de juillet pour réévaluer « les droits à allocation, notamment si le loyer a augmenté ». Comme il est peu probable qu’il ait diminué, il semblerait logique de maintenir l’allocation logement de l’année précédente (diminuée de 5 euros grâce à Micron).

L’étudiant contacte l’agence immobilière et renvoie la quittance de loyer de juillet, par courrier, et aussi par mail, scannée en espérant toucher enfin ses cinq mois de retard d’allocation logement…

Nous voici maintenant en 2018, au mois de janvier. Toujours rien. La CAF, relancée, répond par mail : « Nous avons contacté votre bailleur pour avoir des informations complémentaires pour la régularisation de votre dossier. » Et, bien entendu, ce n’est jamais la même personne qui répond au téléphone ou par mail, il y a seulement un prénom.

Même par téléphone, il est impossible de savoir quelles sont les informations qui manquent.

L’étudiant téléphone donc à l’agence immobilière, qui a effectivement reçu un courrier de la CAF, demandant les quittances de juillet et août 2017 (pour juillet, ils l’ont déjà, pour le mois d’août, c’est nouveau, elle n’a jamais été demandée) et, cerise sur le gâteau, une attestation que l’étudiant occupe toujours son logement depuis l’été 2017 et que le loyer est bien payé.

Il n’avait pas, lui, été avisé qu’il fallait des papiers supplémentaires, si la CAF le décide unilatéralement sans avertir le locataire par mail ou courrier : il ne pouvait pas le deviner ! Heureusement que ses parents pouvaient lui verser tous les mois l’équivalent de l’allocation logement pour payer son loyer.
Comment font les plus pauvres ? On leur demande de fournir une attestation prouvant qu’ils ont payé leur loyer sans quoi on ne peut pas leur verser leur allocation ? De qui se moque-t-on ? Les plus pauvres, si personne n’est là pour payer leur loyer, sont expulsés à la fin de la trêve hivernale, après plusieurs mois d’impayés, voilà tout.

Nous arrivons fin février. Notre étudiant, exaspéré, essaie donc de faire une réclamation par le biais de la rubrique dédiée de « Mon compte CAF », espérant avoir une réponse rapide. Effectivement, au lieu de mettre 4 à 7 jours pour avoir une réponse, il a eu une réponse en 24 heures, qui vaut son pesant de cacahuètes :
« Bonjour Monsieur, Nous avons bien reçu votre courriel du 22/02/2018. Votre demande nécessite un examen approfondi. Une réponse vous sera apportée par un gestionnaire conseil dans les meilleurs délais. Cordialement. Algui, votre technicien conseil. »

Eh bien, trois semaines plus tard, voici la seule nouvelle reçue : « Nous avons reçu les informations concernant votre logement. Votre dossier sera étudié prochainement. »

La CAF a bien reçu les quittances de loyer et les attestations envoyées par l’agence immobilière, mais le dossier n’est toujours pas traité. Nous sommes en avril 2018 et pas de versement depuis août 2017 !

Il y a 25 ans, il y avait à la CAF un accueil digne de ce nom, avec un guichet où l’on pouvait ramener son dossier, où quelqu’un expliquait s’il manquait un document, ce qu’il fallait faire et comment le renvoyer. Maintenant, avec le tout numérique, tout est déshumanisé, malheur à celui ou celle qui ne sait pas bien utiliser Internet et les technologies numériques – même en sachant faire, on ne s’en sort pas forcément beaucoup mieux.

L’organisation du travail est débilitante, visiblement les « techniciens conseil » travaillent comme dans un centre d’appels, avec un temps limité pour chaque coup de téléphone, probablement avec la même pression. C’est un euphémisme de dire que le service rendu à l’usager est insatisfaisant.

In Furore


https://manif-est.info/CAF-un-sevice-social-595.html
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