Suicides liés au travail

Re: suicides au travail

Messagede Antigone » 18 Oct 2009, 11:34

Les syndicats sont vraiment lamentables. Il n'ont rien d'autre à proposer que de faire appel à la compassion, réclamer la mise en place de cellules d'écoute et l'alerte psychologique, en somme humaniser la sale guerre commerciale !
Leurs discours ne s'adressent d'ailleurs qu'à la Direction pour tenter de concilier des valeurs Inconciliables, l'être humain et sa négation par le chiffre d'affaires, le profit et l'image de marque de l'entreprise qu'il représente.
Pas besoin d'un questionnaire pour comprendre que le travail salarié, la réussite personnelle présentée en modèle, les plans de carrière, c'est la mort par abrutissement, fatigue, manque de liberté après avoir renoncé à vivre pleinement. Le suicide n'apparaitrait alors que comme un accident de parcours bien "regrettable".
Si l'on remplaçait ce Didier Lombard par un autre grand caïd capable manager "adroitement", faire travailler tout le monde dans la joie et la bonne humeur, tout en conquérant toujours plus de parts de marché et en marchant sur la gueule des concurrents, les syndicats auraient moins à redire. Parce que c'est ça le système qu'ils défendent.
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Re: suicides au travail

Messagede berneri » 18 Oct 2009, 13:17

Pour une fois je suis assez d'accord avec Antigone concernant les syndicats, du moins ce qu'on laisse transparaitre de leurs positions dans les medias.
J'aimerais toutefois nuancer avec par exemple cette brochure de la cgt peugeot-mulhouse:
http://communisme.files.wordpress.com/2 ... uicide.pdf
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Re: suicides au travail

Messagede leo » 24 Oct 2009, 20:13

Faire de ces suicides au travail une question politique


Je cois aussi que la question du « suicide au travail » c’est avant tout celle de la violence sociale du rapport d’exploitation que les salariés retournent contre eux. Et là j’ai envie de dire : au lieu de la retourner contre les patrons et l’encadrement.

C’est un problème de violence du travail. De gens seuls avec cette violence. De l’absence de « collectif », de lieux, moment, opportunité… de mettre des mots là dessus, de socialiser tout ça, de donner un sens global, social, collectif, politique à cette violence : bref de se défendre et de rendre les coups !
Là, on touche du doigt l’incapacité (je suis gentil !) du syndicalisme, même celui qui se dit « de lutte » de prendre en charge cette organisation de la révolte, la mobilisation d’un contre-pouvoir collectif, des travailleurs capable de dite : ça suffit !

Mais ce problème est peut-être l’occasion d’ouvrir un débat dans les milieux dits révolutionnaires, anarchistes ou non, en tout cas parmi ceux / celles qui se disent anti-capitaliste. Avec toutes ces questions. On parle de « souffrance au travail ». On ne peut pas en rester à une vision « pathologisante », compassionnelle, victimaire, quasi médicale du problème qui individualise la problématique et la détache de toute logique sociale liée à la domination capitaliste et à ce mode d’exploitation exacerbé qu’est le management par objectif, objectifs qui sont toujours au-delà du possible et que des gens se crèvent à essayer d’atteindre : et quand ils l’atteignent, l’objectif est déplacé vers plus de résultats, dans une course sans fin… ou jusqu’à la fin du salarié.

If faut surtout parler de ce qui fait souffrir au travail !

Suicides, maladies, mal être, arrêts de travail (et chasse de plus en plus fréquente aux « faux » arrêts de travail, voir les récentes émissions de Mermet/ “Là bas si j’y suis“ sur ce sujet …)

Il y a là matière pour mettre sur la table l’une des questions centrales de la domination, non ?

Rendre visible tout ça. Dire que c’est directement lié à une mode d’exploitation, de domination : accroître la « profitabilité » des salariés, justifier la logique de la concurrence entre salariés, entre entreprises (qui est darwinienne dans son essence), poursuivre dans un productivisme sans frein, dans une logique de la performance sans limite (toujours plus de marchandises inutiles et nuisibles en Just in Time pour les consommer et faire tourner ainsi la machine à profit et à broyer les vies)…

Une campagne contre la violence du travail serait sans doute un moyen de contribuer à une résistance collective à cette violence, même sur un thème large du genre : ni maladie, ni accident, ni mort au travail ! Et que c’est aux travailleurs d’imposer leur rythme ! De même que c’est à eux de dire ce qui est convenable ou non ! En deux mots, remettre un peu de lutte de classes dans le rapport de domination.

Bref l’idée qu’il faut inverser le rapport de force, et pas seulement sur le salaire ou les risques de licenciement mais sur cœur du sujet : le travail lui-même, ce qui serait une sacrée avancée, non ?

Les syndicats ne feront rien ou presque. Ce qui est assez logique.

Qu’est ce qui nous empêche de le faire ? Et donc d’abord d’en discuter…
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Re: suicides au travail

Messagede berneri » 02 Nov 2009, 23:20

[
quote="leo"]Faire de ces suicides au travail une question politique


Je crois aussi que la question du « suicide au travail » c’est avant tout celle de la violence sociale du rapport d’exploitation que les salariés retournent contre eux. Et là j’ai envie de dire : au lieu de la retourner contre les patrons et l’encadrement.


Oui, c vrai la violence est aussi parfois retournée entre les salariés de manière horizontale, trivialement c'est "plus facile" en apparence de s'en prendre au collègue, à l'arabe, à la femme, au précaire, au jeune, au vieux, au fonctionnaire qu'au chef....

"
C’est un problème de violence du travail. De gens seuls avec cette violence. De l’absence de « collectif », de lieux, moment, opportunité… de mettre des mots là dessus, de socialiser tout ça, de donner un sens global, social, collectif, politique à cette violence : bref de se défendre et de rendre les coups !
Là, on touche du doigt l’incapacité (je suis gentil !) du syndicalisme, même celui qui se dit « de lutte » de prendre en charge cette organisation de la révolte, la mobilisation d’un contre-pouvoir collectif, des travailleurs capable de dite : ça suffit !


Si je partage l'intention, je ne partage pas ( et je précise que je suis syndicaliste) l'analyse et les conclusions de ce passage sur l'incapacité du syndicalisme. S'il y a encore du collectif, même parfois tenu, c'est aussi qu'il y a du syndicat ... je ne crois pas que la situation sois meilleure là où il n'y en a pas ( à secteur comparable je constate même le contraire). Effectivement il n'y a qu'a "prendre en charge cette organisation de la révolte, la mobilisation d’un contre-pouvoir collectif, des travailleurs capable de dite : ça suffit " , mais entre cette prescription et la mise en eouvre dans le réel sur le terrain c'est parfois plus compliqué. Parfois on rencontre plus de resignation que de revolte, de soumission que d'indignation: c'est "normal", "de toute façon je fais mes heures et je me tire", "ça sert à rien de bouger" (là c un peu la faute du syndicalisme quand même), "je suis d'accord avec toi mais je ne peux pas me permettre de me mettre en avant",etc... des trivialités peut-être certes pas forcèment nouvelles mais assez majoritaires ...

Arriver avec ses gros sabots c'est prendre le risque de mettre tout le monde face à ses propres reniements quotidiens et du coup devenir gêneur et devoir faire face à la fois à l'encadrement mais aussi à ses collegues : celui ou celle qui soulève les problèmes devient le problème.... Tout un art donc d'éviter cet ecueil et de favoriser la prise de conscience en la force du collectif plus progressivement , que la parole regagne du terrain et pas forcèment sur un mode bourrin offensif ou porte-étendard ....
Et puis il y a la fuite individuelle et le management qui se conjuguent changement d'équipe fréquent, pour le management il convient de "défaire les groupes informels de travail", "éviter la chronicisation", "la mise en place de resistances au changement" donc d'eviter que les salariés restent longtemps à travailler ensemble et sur un même poste, d'autres par il ya pour les travailleurs le soucis de partir quand c'est possible pour une autre équipe, un autre poste lorsque la pression devient insupportable, en espérant mieux ailleurs...


Mais ce problème est peut-être l’occasion d’ouvrir un débat dans les milieux dits révolutionnaires, anarchistes ou non, en tout cas parmi ceux / celles qui se disent anti-capitaliste. Avec toutes ces questions. On parle de « souffrance au travail ». On ne peut pas en rester à une vision « pathologisante », compassionnelle, victimaire, quasi médicale du problème qui individualise la problématique et la détache de toute logique sociale liée à la domination capitaliste et à ce mode d’exploitation exacerbé qu’est le management par objectif, objectifs qui sont toujours au-delà du possible et que des gens se crèvent à essayer d’atteindre : et quand ils l’atteignent, l’objectif est déplacé vers plus de résultats, dans une course sans fin… ou jusqu’à la fin du salarié.

If faut surtout parler de ce qui fait souffrir au travail !

Suicides, maladies, mal être, arrêts de travail (et chasse de plus en plus fréquente aux « faux » arrêts de travail, voir les récentes émissions de Mermet/ “Là bas si j’y suis“ sur ce sujet …)

Il y a là matière pour mettre sur la table l’une des questions centrales de la domination, non ?

Rendre visible tout ça. Dire que c’est directement lié à une mode d’exploitation, de domination : accroître la « profitabilité » des salariés, justifier la logique de la concurrence entre salariés, entre entreprises (qui est darwinienne dans son essence), poursuivre dans un productivisme sans frein, dans une logique de la performance sans limite (toujours plus de marchandises inutiles et nuisibles en Just in Time pour les consommer et faire tourner ainsi la machine à profit et à broyer les vies)…


Je suis d'accord, mais je pense que cela est complémentaire à l'action syndicale dans et en dehors des lieux de production.

Une campagne contre la violence du travail serait sans doute un moyen de contribuer à une résistance collective à cette violence, même sur un thème large du genre : ni maladie, ni accident, ni mort au travail ! Et que c’est aux travailleurs d’imposer leur rythme ! De même que c’est à eux de dire ce qui est convenable ou non ! En deux mots, remettre un peu de lutte de classes dans le rapport de domination.

Bref l’idée qu’il faut inverser le rapport de force, et pas seulement sur le salaire ou les risques de licenciement mais sur cœur du sujet : le travail lui-même, ce qui serait une sacrée avancée, non ?


Je suis tout à fait d'accord sur le faite de remplacer la "violence au travail " par la "violence du travail" cela resitue l'enjeu dans le mode de production, la façon de travailler et les finalités. La CGT espagnole avait même fait me semblet-t-il une campagne sur ce thème: Accidente laboral=terrorismo patronal en retournant les termes accolés par les patrons et les politiques dans les medias à l'action syndicale et ouvrière lorsque celle-ci se mue en véritable rapport de force sur le terrain. il faut dire que l'action patronale si elle est plus sournoise et surtout protégée le plus souvent par la loi (éh oui c bien fait quand m^me hein!), se solde elle par une véritable hécatombe au final...

Les syndicats ne feront rien ou presque. Ce qui est assez logique.
Qu’est ce qui nous empêche de le faire ? Et donc d’abord d’en discuter…

[/quote]

Oui pour en discuter et agir ... Non je ne partage pas l'avis voire la sentence (futur employé) sur les syndicats... à mon avis il ne faut pas non plus fantasmer sur "la revolte qui gronde" comme je l'expliquait plus haut... Je pense que l'action des syndicats est importante sur ce terrain, il ne faut pas se limiter au discours médiatique qui fait tous projecteurs sur ce problème aujourd'hui pour mieux l'oublier demain en passant à autre chose. ça fait un moment qu'on constate cette violence retournée dans les boites... Il y a des syndicats qui passent sous silence, des connards pour dire que cela fait partie du travail , de la vie , etc ... Mais là je trouve que tout le monde est mis dans le même sac bien vite ...
Moi je vois les choses d'une manière plus complémentaire... et je crois que c'est aux syndicalistes, aux travailleurs à la base de s'emparer de cette question... si les libertaires ont une expressions spécifique sur ce sujet tant mieux, c mieux même puisque ça pousse dans la même direction avec en plus peut-être les perspectives plus franches sur la nécessité d'une révolution sociale...

Je trouve que la disqualification des syndicats est négative à la cause defendue, en revanche j'approuve l'idée que les libertaires apportent une reflexion à partager pour irriguer de manière plus efficace l'action collective des travailleurs , l'action syndicale, les luttes sur ce thème ....
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Re: suicides au travail

Messagede Tuxanar » 04 Nov 2009, 09:18

Oui, c vrai la violence est aussi parfois retournée entre les salariés de manière horizontale, trivialement c'est "plus facile" en apparence de s'en prendre au collègue, à l'arabe, à la femme, au précaire, au jeune, au vieux, au fonctionnaire qu'au chef....


Je suis pas sûr que ce soit une violence horizontale. C'est pas l'encadrement qui est méchant, ils ne font qu'appliquer des ordres et des directives. Ces suicides sont dûs à l'organisation du travail et au capitalisme.

Les salariés sont vus, non comme des humains, mais comme des machines servant à faire du profit. Ça fait parti de la lutte des classes : les patrons veulent que les "machines" puissent être polyvalentes, puissent être déplacer d'un site à un autre. Ça diminue les coûts et permet d'adapter l'entreprise plus vite. On veut un salarié travaillant, non pour faire vivre sa famille, mais travaillant pour que l'entreprise fasse du profit, travaillant donc au service de l'actionnaire, du capitaliste.

Au final, c'est plus contre le fait d'être traiter en machine que le salarié se révolte en se suicidant.
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Re: suicides au travail

Messagede leo » 04 Nov 2009, 13:11

Si je partage l'intention, je ne partage pas ( et je précise que je suis syndicaliste) l'analyse et les conclusions de ce passage sur l'incapacité du syndicalisme. S'il y a encore du collectif, même parfois tenu, c'est aussi qu'il y a du syndicat ... je ne crois pas que la situation sois meilleure là où il n'y en a pas ( à secteur comparable je constate même le contraire). Effectivement il n'y a qu'a "prendre en charge cette organisation de la révolte, la mobilisation d’un contre-pouvoir collectif, des travailleurs capable de dite : ça suffit " , mais entre cette prescription et la mise en eouvre dans le réel sur le terrain c'est parfois plus compliqué.



Je ne dis pas que ce n'est pas compliqué.

Moi je raisonne en fonction de ce que je vois et non de ce que devrait être le monde ou les syndicats. C’est comme pour les restructurations, le développement du travail précaire, la robotisation, les délocalisations, la smicarisation des salaires, etc…. sur tout ce qui est fondamental en terme de rapport de force entre les classes, les syndicats ont été incapables d’organiser la résistance des travailleurs, d’empêcher l’initiative capitaliste en matière de gestion de la force de travail.

On a eu les 30 glorieuses, en gros jusqu’en 1978.
Depuis, on a eu les 30 piteuses !
Et ce n’est pas fini.

Ce que je veux dire, c’est justement que cette vague de suicides, il faut la prendre comme un reflet ou un symptôme de l’absence de collectif, de désorganisation des travailleurs, de cette absence de réactions collectives à l’implantation et la généralisation de la gestion individuelle de carrières, le management par objectifs, la mise en concurrence des travailleurs les uns avec les autres (moi j’ai vu arrivé cela dans les services informatiques dans les années 80). Si cela s’est implanté, c’est bien par l’absence de réponse collective, l’absence de lutte là-dessus : et qui est sensé préparer et organiser les luttes dans les entreprises ?

Les vagues des suicides actuels, comme les centaines de boîtes qui ferment sans grande réaction des travailleurs témoignent ou sont un signe supplémentaire de la dégradation continuelle des rapports forces entre classes.

Les syndicats sont sensé défendre les intérêts des travailleurs ; ils ne le font pas, sinon on n’en serait pas là ! Et moins ils jouent ce “rôle”, moins ils pourront le jouer dans le futur car on est bien dans une dynamique d'accumulation des défaites et des faiblesses.

Mais cela renvoie à des questions plus générales sur la perte d’influence, de force, de présence du
syndicalisme dans l’ensemble de la société et de la fin de la centralité ouvrière où une certaine place prépondérante de la « classe ouvrière » organisée structurait l’imaginaire social et politique de tout le monde, des réformistes comme des révolutionnaires d’ailleurs.
On n’est plus dans les années 50 ou 60 où le syndicalisme savait encore se défendre, dans ses bastions du moins (métallurgie, mines, presse…), à l’intérieur du rapport capitaliste : ça s’est appelé le fordisme. Il n’y a plus de bastions à part un peu le secteur d’Etat qui reste un peu syndicalisé mais en voie de réduction constante.

La question est pour moi moins de savoir ce que le syndicalisme devrait être (ou, sur un autre sujet, ce que devraient être les écologistes pour se battre contre le nucléaire) que de bien saisir l’enjeu de cette violence et d’avancer des axes contre la logique capitaliste qui broie des vies tous les jours et que le syndicalisme ne prend pas en charge tout simplement parce qu’il n’est pas anti-capitaliste mais qu’il se situe à l’intérieur d’un rapport salarial jugé indépassable, sans en mener la critique, sans chercher à rompre avec lui, se contentant simplement de rechercher des contreparties institutionnelles (commissions mixtes, extension des compétences des CHSCT…) dans le cadre de la domination capitaliste, dans une sorte de co-gestion et d’accompagnement des initiatives patronales (en s’attaquant aux conséquences mais pas aux causes : que les primes au mérite soient plus équitablement distribuées par exemple alors que la base c'est quand même de refuser tout système de "prime", sans même parler des différenciations salariales)

Je ne dis pas qu’il ne faut absolument pas être syndiqué ou qu’il n’y a rien à faire avec des syndiqués. Mais qu’il me semble problématique de se dire syndicaliste dans une sorte de positionnement intemporel et indépendant (donc idéologique) de ce qu’est le syndicalisme réellement existant.

La question sociale mérite mieux et la référence au syndicalisme fait écran et empêche de penser. Si je vois peut-être une priorité sur cette “question sociale” telle qu'elle se présente aujourd'hui ce serait d’essayer de comprendre ce qui se joue dans la période en terme de rapport de forces et par quels mécanismes la domination patronale s’exerce et donc sur quoi, comment, avec qui il serait possible de mettre en place des formes de résistance, d’action et d’organisation. En oubliant les syndicats. C’est-à-dire en ne leur accordant pas plus d’importance que ça : ni en leur confiant des capacités des résistance qu’ils n’ont pas, ni en les accusant d’être les grands responsables de tout.

Les suicides, l’absence de collectif des travailleurs capable de refuser ces normes de production sont la conséquence d’une domination par la peur s’appuyant sur un individualisme généralisé et accepté car présenté comme une forme de liberté. C’est là-dessus qu’il me semble nécessaire de réfléchir : comment se met en place le « Marche ou crève !» qui devient une sorte de norme sociale plus ou moins acceptée. Il y a là un levier important sur... l'acceptabilité de la logique sociale dominante, de ses codes, de ses contenus. Cela ne me semble pas rien politiquement.

Dans les années 70 je me souviens que l’on collait des affiches ou que l’on bombait sur les murs qu’il n’était pas question de « perdre sa vie à la gagner ». Cela voulait dire refuser de se consumer, de perdre le temps de sa vie, de cette “petite mort quotidienne”, qu’il y avait mieux à faire (travailler beaucoup moins, ou pas du tout, ou imaginer un travail radicalement différent…)

Jamais on n’aurait pensé qu’un jour des salariés allaient se foutre en l’air comme prix à payer de la domination du rapport salarial.
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Re: suicides au travail

Messagede berneri » 04 Nov 2009, 15:50

rapidement
je constate souvent qu'il est assez communément admis que participer à une association, un syndicat une organisation est vécu comme "une perte de son indépendance, de son autonomie, etc...", cette defiance au collectif est assez souvent renvoyée sur le mode "oui c pas toi qui dit ça, c'est ton orga/asso/syndicat, moi je suis capable de penser par moi-même" .
ce "par moi-même" fait peut-être référence au prétendu "libre - arbitre", à l'individualisme au libre-arbitre succédanné de l'âme chez les chrétiens ... ce libre arbitre a une fonction auto-culpabilisatrice tout comme la notion de "péché" ... tout s'édifie comme si la pensée, les choix humains se faisaient strictement à partir du monde des idées, idées générées d'elles même... depuis une âme ?

peut-être que je me fourvoie mais bon.

sinon leo je ne vois pas en quoi l'existence du syndicalisme empêche de penser(evidemment rien n'empêche de tenter d'élaborer des analyses à travers ou en dehors de ce prisme), effectivement on peut penser que le syndicalisme est "sensé" faire-ci ou ça... on constate ses tares... mais quelles en sont les causes...
Je lance un truc un peu sans recul : le syndicalisme est impacté par une victoire idéologique du capitalisme (celle de se présenter comme seule alternative crédible), un renoncement à l'alternative sociale (adaptation, lutte pour un capitalisme "régulé") et dans les secteurs combatifs du syndicalisme un gros décalage entre un discours militant , de lutte, de revolte et une absence de conscience politique et de relais en dehors du lieu de travail.

Cela n'invalide pas que si le syndicalisme n'est pas la recette à tout, il est tout du moins l'architecture de ce qui permet la base d'une lutte efficace, soutenue et surtout d'envisager l'après en dehors d'un chaos propice à l'extrême droite et aux homes providentiels...

La question est aussi comment créé des structures d'appuis mutuels des différents types d'engagement, sachant que chacun est un peu chauvin et vois souvent tout au travers du prisme de son propre engagement.

La situation d'impasse apparente rend les choses compliquées : les luttes interpro sont deprimantes, au mieux defensives pour finir par negocier ce qu'on perd ... les collectifs syndicaux sont souvent sur les dents et en conflits internes ou entre eux parce que presque personne n'arrive à aboutir vraiment dans son combat.
Les travailleurs subissent la violence du travail et l'absence d'horizon (ce qui peut faciliter le retour des vendeurs d'arrières-mondes religieux ou autre)

Pour les gouvernants et le patronat, tant que l'ennemi est dans la défaite et la déprime tout va bien.

Ne vaut-il pas mieux alors se demander comment redonner une image positive, valorisante de la classe ouvrière , sortir de l'imagerie d'épinal, du culte du pasé glorieux, remettre au gout du jour un équivalent "père peinard" du 21ème siècle en se debarassant des clichés... tenir un discours d'espoir et positif mais encré dans le réel là où même les ecolos nous font du dsicours millénariste sur la fin du monde?

Ne faut-il pas plus subvertir les structures syndicales pour y méler l'esprit de solidarité qui existe dans les assos, certaines assos sociales ecolos et culturelles, pour que la lutte dans la boite soit reliée aux luttes dans le reste du champ social... décloisonner les rôles institutionnels, refuser de s'accrocher et de dependre aux calendriers parlementaires pour les luttes mais construire des revendications positives en pour, en partant de celles du quotidien... Il n'y a pas de petites revendications pour pouvoir gagner bcp, il faut déjà etre capable de gagner un peu afin que le collectif se sente exister, que la demonstration de la puissance de l'unité et de la solidarité se fasse sur une revendication accessble plutôt que d'être systématiquement dans la défaite en surrestimant ses capacité ou en repondant là ou le gouvernement et le patronat estiment que le combat doit se mener....

Je ne sais pas je vous livre ces pensées ...
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Re: suicides au travail

Messagede leo » 05 Nov 2009, 16:58

Je pense que le syndicalisme empêche de penser car son champ d’action (et d’inaction) est extrêmement limité : l’emploi, et ce qui va avec : le salaire, le temps et les conditions de travail. Et encore, sur ces quelques questions, il est assez peu critique car déterminé par sa position fonctionnelle (subordonnée) dans le rapport capitaliste.

Depuis des décennies, tous les éléments nouveaux de la contestation sociale et politique sont nés en dehors du syndicalisme : les luttes de la décolonisation, les luttes des immigrés (1ère et seconde génération), le féminisme et les luttes de femmes, la contestation du nucléaire et toute la critique du productivisme, les luttes anticarcérales, les bagarres et critique de la psychiatrie, les luttes dans l’école, contre la hiérarchie des fonctions et des savoirs et donc un certain ordre social, les regards nouveaux sur la santé, la critiques des (nano)technologies et plus largement du scientisme… et j’en passe et j’en oublie. Bref, tout ce qui fait la richesse de la critique sociale depuis un bon demi-siècle au moins, avec sans doute plein de contradictions mais au moins avec au départ plein de contenus, tout cela est né et s’est développé en dehors du syndicalisme et souvent contre lui. Dois-je rappeler que le syndicalisme à EDF a soutenu historiquement le nucléaire, que celui de l'automobile rêverait que l'on ait chacun trois voitures et qu'il y ait encore plus de camions sur les routes, etc.
C’est (entre autre) pour ça que je dis que le syndicalisme n’est pas ce à partir de quoi il est possible de réfléchir, y compris sur les questions du travail et de la production car son domaine s’arrête à l’emploi, au contrat de travail et non à l’ensemble des conditions dans laquelle s’organise la production et la logique productiviste elle-même.

Je ne suis pas contre réinterroger la thématique de la résistance sociale, de comment et sur quoi lutter aujourd’hui. Mais je crois qu’il faut en effet “oublier” un peu le syndicalisme et ses problématiques propres (qui sont pour moi des entraves à la réflexion) pour mieux se pencher, avec un peu d’imagination si possible, sur des problématiques qui allient des contenus critiques, un travail d'enquête sur comment cela fonctionne l'acceptabilité de ces méthodes violentes de gestion, comment y résister collectivement, de mettre en place un contre-pouvoir qui impose ses rythmes et ses conditions aux patrons : comment être offensif sur ces questions et donc s'interroger sur ce qu'il serait possible de mettre en avant comme éléments de rupture avec l’ordre social et ensuite seulement réfléchir aux formes d’organisations, de mobilisations adaptées aux combats qu’il faudrait engager.

Quand je disais qu’il serait souhaitable de faire du suicide au travail une question politique, c’est justement pour mettre le doigt sur un élément fondamental de la domination : le “marche ou crève” sur lequel est organisé toute la société, le marché du travail, la pression sociale organisée par la peur, la violence du chantage à l’emploi et au salaire à l’oeuvre dans les entreprises y compris les plus syndicalisées, tout cela sur fond d’individualisme triomphant qui est le plus beau piège qui soit mais qui est aussi le résultat de l’absence de lutte collective, du recul des solidarités de classe dont lequel le syndicalisme porte une bonne part de responsabilité.

Et encore une fois je ne dis pas que les syndicats sont responsables de tout, mais qu’ils accompagnent une tendance de fond plutôt que lui résister et tracer d’autres perspectives : ce qui est logique, car il n’ont pas d'autres perspective du fait même qu'ils se situent à l'intérieur du rapport social capitaliste !

Le capitalisme, c'est pas seulement une affaire de salaires et d'emplois, mais de domination dans le temps du travail, par le pouvoir de formes de commandement, par des rythmes et conditions imposés, etc. et aussi en dehors. Les suicidés du travail "parlent" de cela (si je puis dire !). Il serait dommage d'en rester à la réduction syndicaliste de la question qui n'y voit que les conséquences d'un "mauvais" dialogue social ou du manque d'écoute des polytechniciens et centraliens spécialement embauchés ces dernières années chez France Télécom pour instaurer ce management par objectif.

Politiser les questions sociales, c'est une façon de les généraliser à l'ensemble de la société, aider à faire en sorte que tout un chacun puisse s'en emparer pour remettre en cause les règles générales (mais souvent invisibles) qui structurent la société.
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Re: suicides au travail

Messagede berneri » 06 Nov 2009, 19:17

leo a écrit:Je pense que le syndicalisme empêche de penser car son champ d’action (et d’inaction) est extrêmement limité : l’emploi, et ce qui va avec : le salaire, le temps et les conditions de travail. Et encore, sur ces quelques questions, il est assez peu critique car déterminé par sa position fonctionnelle (subordonnée) dans le rapport capitaliste.


Le champ d'action dy syndicalisme part de là où tu le situe mais pour partie ... c'est une bas essentielle mais il ne se limite pas à celà. Historiquement et encore aujourd'hui, le traverse au sein de différents courants syndicaux et organisations la mission qu'il s'est donné synthétisé dans la charte d'Amiens : articulation entre la revendication immédiate et l'émancipation des travailleurs, "double besogne" qui si elle n'apparait pas tjs officiellement, anime les activités syndicales de nombreux syndicalistes... on voit ainsi les syndicats s'impliquer dans de multiples sujets sociaux au delà de ce à quoi tu le confines ( c aussi ce à quoi souhaite le confiner l'Etat et le patronat). La question du sens du travail est aussi posée, aussi mais comme tu le soulignes par partout et pas unanimement et pas de manière permanente... emploi dans l'industrie d'armement etc... industries polluantes etc...

Partant du constat que le syndicalisme n'est pas figé, que ce qu s'y passe est mouvant qu'il est institutionnalisé là et ici source d'autonomie, qu'il estbureuacratique là et ailleurs vivant et dynamique... je pense qu'on ne peut l'exclure du débat... effectivement sans le mythifié mais sans le disqualifier non plus. Ce qui se passe en dehors des syndicats a souvent été porté aussi par des syndicalistes ( coordinations infirmières, etc... ) soucieux de subvertir et depasser le cadre strictement syndical pour faire plier les bureaucraties par exemple ou encore donner un cadre unitaire plus vaste pour ne pas se faire spolier la lutte par des bureaucrates de salons.

Je ne suis pas contre réinterroger la thématique de la résistance sociale, de comment et sur quoi lutter aujourd’hui. Mais je crois qu’il faut en effet “oublier” un peu le syndicalisme et ses problématiques propres (qui sont pour moi des entraves à la réflexion) pour mieux se pencher, avec un peu d’imagination si possible, sur des problématiques qui allient des contenus critiques, un travail d'enquête sur comment cela fonctionne l'acceptabilité de ces méthodes violentes de gestion, comment y résister collectivement, de mettre en place un contre-pouvoir qui impose ses rythmes et ses conditions aux patrons : comment être offensif sur ces questions et donc s'interroger sur ce qu'il serait possible de mettre en avant comme éléments de rupture avec l’ordre social et ensuite seulement réfléchir aux formes d’organisations, de mobilisations adaptées aux combats qu’il faudrait engager.


Là je comprends mieux et partage plus effectivement le fait qu'il faut regarder toutes les formes de resistances sociales au delà du stricte cadre syndical.

et aussi
Lorsqu'il y a un mouvement qu'est ce qui fait que je peux me reconnaître dedans pour pouvoir y participer? est-ce que je suis considéré comme un fantassin ou bien ai-je la maitrise de ma lutte ? etcc..

Quand je disais qu’il serait souhaitable de faire du suicide au travail une question politique, c’est justement pour mettre le doigt sur un élément fondamental de la domination : le “marche ou crève” sur lequel est organisé toute la société, le marché du travail, la pression sociale organisée par la peur, la violence du chantage à l’emploi et au salaire à l’oeuvre dans les entreprises y compris les plus syndicalisées, tout cela sur fond d’individualisme triomphant qui est le plus beau piège qui soit mais qui est aussi le résultat de l’absence de lutte collective, du recul des solidarités de classe dont lequel le syndicalisme porte une bonne part de responsabilité.


Oui nous parlons du "syndicalisme" et ce terme recouvre différente réalités ... il est paradoxal car il est à la fois porteur de solidarités et aussi responsable de leur abandon et de leur mise en echec parfois.


Politiser les questions sociales, c'est une façon de les généraliser à l'ensemble de la société, aider à faire en sorte que tout un chacun puisse s'en emparer pour remettre en cause les règles générales (mais souvent invisibles) qui structurent la société.


on est d'accord, cette mise au point sur l esyndicalisme est necessaire, continuons à avancer et reprenons l'idée lancée d'une analyse voire d'une campagne des libertaires sur le thème de la violence du travail.

Peut-être qu'on pourra sortir une petite synthèse qui sait ... ;)
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Re: suicides au travail

Messagede berneri » 19 Déc 2009, 16:23

COMMUNIQUE
19 décembre 2009


Suicides au travail : Renault condamné

Le Tribunal des affaires sociales de Nanterre a condamné hier Renault pour « faute inexcusable » dans le cadre du suicide d’un ingénieur du Technocentre de Guyancourt (78) survenu en octobre 2006. C’est une première qui doit faire jurisprudence. Le site du technocentre a déjà payé un trop lourd tribut sur la souffrance au travail.
Les salarié-e-s de France Télécom, très récemment, ont manifesté la même désespérance devant la difficulté d’un management pathogène. Les directions continuent à se retrancher vers des solutions qui n’en sont pas en créant des « alertes », des « indicateurs » des « enquêtes » à la souffrance au travail pour « connaître les causes de cette souffrance ».
Aujourd’hui, les transformations de l’organisation du travail n’ont souvent pas d’autre objectif que celui d’assujettir des millions de salariés à cet impératif de rentabilité financière avec toutes les conséquences sociales sur la santé des travailleurs.
La décision de justice parle d’une « organisation pathogène qui broie les gens ».
Les patrons n’ont plus de souci à se faire pour analyser les causes, il faut qu’ils changent leur méthode d’encadrement ! Quant aux salarié-e-s nous ne pouvons mieux dire que la compagne de l’ingénieur qui s’est suicidé à Guyancourt et qui lance un appel ; « ...n’acceptez pas, battez vous ! ».
SUD Renault était présent au Tribunal le 17/12 et nous pensons, à Solidaires Industrie, que c’est une première victoire judicaire, qu’il faut qu’elle fasse jurisprudence. Il faut arrêter les suicides et la désespérance au travail. Nous reprenons les propos de notre camarade de SUD Renault qui reflète le point de vue de tous les salarié-e-s : « Je ne viens pas au boulot pour voir les gens se suicider »

Solidaires Industrie.

Pour tout contact : A. Gueguen Sud Renault 06 73 76 97 49
R. Kosmann Solidaires Industrie 06 87 67 78 61
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Le suicide au travail : une triste réalité contemporaine !

Messagede Béatrice » 23 Fév 2012, 20:24

Aucun secteur d'activités professionnelles n'est épargné par ce phénomène social , les salariés de la Poste le sont à leur tour :


http://www.petitionenligne.fr/petition/ ... tabou/2143
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Re: Le suicide au travail : une triste réalité contemporaine

Messagede Béatrice » 25 Fév 2012, 01:39

En septembre dernier , une salariée de la Poste mettait fin à ses jours sur son lieu de travail . Les conclusions de l'enquête de de l'Inspection du Travail
se sont avérées accablantes . Le syndicat SUD-PTT se porte partie civile pour la reconnaissance de ce suicide en accident du travail :


http://orailec.free.fr/LEO/LPTractPartieCivile.pdf
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Re: Le suicide au travail : une triste réalité contemporaine

Messagede Béatrice » 01 Mar 2012, 21:05

Un employé de la C P A M de l'Hérault se suicide dans les locaux de Béziers :


http://www.liberation.fr/societe/010123 ... de-beziers
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Re: Le suicide au travail : une triste réalité contemporaine

Messagede spleenlancien » 01 Mar 2012, 21:39

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Re: Le suicide au travail : une triste réalité contemporaine

Messagede Béatrice » 03 Mar 2012, 17:29

Un autre suicide sur le lieu de travail à La Poste de Rennes :

Image


( Il est à comprendre qu'il s'agit du 29 février 2012 et non de 2011 comme l'indique le communiqué : erreur de frappe , "et 2011 n'étant pas une année bissextile" ) .
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