Suicides liés au travail

Re: Le suicide au travail : une triste réalité contemporaine

Messagede Béatrice » 03 Juin 2012, 16:21

Tentative de suicide d’une postière ce matin au centre courrier de Marseille les docks.


COMMUNIQUE DE PRESSE

Marseille, le 1er Juin 2012.

Image

Tentative de suicide ce matin à la Plate-forme Courrier des Docks.

Ce matin, à 7h, une postière a tenté de mettre fin à ses jours sur son lieu de travail, la Plate-forme de Préparation et de Distribution du Courrier (PPDC) des Docks, situé à Arenc. En arrêt pour dépression depuis 2 mois suite à des difficultés professionnelles notamment liées aux pressions de son encadrement, cet agent reprenait le travail ce matin, à 4h30. Elle s’est ouvert les veines et a tenté de sauter du premier étage. C’est la présence toute proche de quelques collègues qui a permit d’éviter le pire.

SUD PTT ne cesse depuis des mois d’alerter et d’interpeller la direction de La Poste sur les organisations de travail pathogènes, les méthodes de management détestables ainsi que sur les milliers de suppressions d’emplois. Après les suicides récents en Bretagne, notre PDG, J-P Bailly, doit enfin prendre toute la mesure de sa responsabilité dans le malaise des postier- es !!

Cette nouvelle tragédie doit être la dernière !!
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Re: Le suicide au travail : une triste réalité contemporaine

Messagede Denis » 04 Juin 2012, 17:40

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Qu'y'en a pas un sur cent et qu'pourtant ils existent, Et qu'ils se tiennent bien bras dessus bras dessous, Joyeux, et c'est pour ça qu'ils sont toujours debout !

Les Anarchistes !
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Re: Le suicide au travail : une triste réalité contemporaine

Messagede bipbip » 11 Juin 2012, 13:28

Appel à la grève et la mobilisation le 14 juin, par SUD-PTT

Paris :

Des syndicalistes assignés au Tribunal le 14 juin pour avoir demandé une expertise en CHSCT !
TOUTES et TOUS en GRÈVE !


Face aux drames récents, La Poste vient d’annoncer une série de mesurettes qui ne répondent en rien aux demandes du personnel. Un cabinet indépendant, ISAST, vient de publier un rapport d’enquête accablant pour La Poste quant au suicide de Brigitte au centre financier de Paris en septembre dernier. Le CHSCT du centre financier a voté qu’ISAST poursuive son enquête à l’échelle de tout le centre. La Poste demande l’annulation de cette décision en justice et assigne nos camarades au TGI le 14 juin.

Le 14 juin, nous ne laisserons pas nos camarades seuls, nous nous mobiliserons pour que La Poste cesse toute poursuite et respecte la décision du CHSCT de Paris Chèques !

Grève et rassemblement, jeudi 14 juin, à partir de 8h30 au TGI de Paris, métro Cité.

La suite sur http://www.sudposte75.fr/


tract PDF : http://www.sudposte75.fr/IMG/pdf/tract_ ... 4_6_12.pdf

Image


Rennes :

Sud PTT 35

Rassemblement 11h00 à Rennes Place de la République

Le malaise social est profond. Les années 2011 et 2012 ont été émaillés de suicides particulièrement en Ille et Vilaine. Pour faire croire qu’elle y répond, la direction de La Poste a lancé une grande opération de communication qu’elle a baptisée le « grand dialogue social ».

Loin de résoudre les problèmes, le grand dialogue social les accentue. Dans tous les secteurs de La Poste, les dirigeants de La Poste obligent les postiers à participer à des « tables rondes » sous la direction de « managers ». Mais dans le même temps, la direction de La Poste ne renonce pas à accélérer ses restructurations et la modification radicale des conditions de travail des postiers :

Sur la PIC de Rennes Armorique qui doit ouvrir le 18 juin, on en revient aux régimes de travail d’avant la longue grève de 1974 : 42 nuits de plus à faire pour les services de nuit qui passent d’un régime de nuit de 2 nuits sur 4 à un régime de nuit de 3 sur 4. On passe d’un régime de travail de 1 samedi sur 2 à un régime de travail de 2 samedis sur 3 particulièrement le samedi après midi jusqu’à 21h30, etc…

Pour les facteurs : La mise en œuvre de « facteur d’avenir » qui est une organisation de travail « innovante »selon la direction aboutit à alourdir la charge de travail puisque sur certains jours de la semaine, le facteur distribue en plus de sa tournée habituelle un bout d’une autre, celle d’un de ses collègues. C’est ainsi que les dépassements d’horaires sont devenus habituels et nombre de constats des inspecteurs du travail le dénoncent. Évidemment ces dépassements ne sont ni compensés ni payés.

Pour les guichetiers : C’est l’hécatombe en matière d’emplois puisque les guichetiers sont remplacés par des murs d’automates dans des bureaux « réorganisés ». C’est ainsi que près de 200 guichetiers sont aujourd’hui « nomades » sans place fixe roulant sur plusieurs bureaux tout au long de la semaine ..

Pour les manutentionnaires du colis : Considérant que le recours à des matériels coûte trop cher et pour gagner de la place, la direction de la Poste impose aux postiers de charger manuellement les semi-remorques au départ de la Plate Forme Colis du Rheu sous la chaleur ou les intempéries…

Pour les postiers du centre financier : C’est le démantèlement des services (on est passé de 640 emplois en 2006 à 420 en 2011 !) qui s’accompagne d’une pression constante sur les salariés pour atteindre des objectifs de vente à tous prix.

Conditions de travail, réorganisations incessantes, suppression massive d’emplois, non respect de la législation du travail, les postiers n’en peuvent plus.

D’autant qu’il n’y a aucune reconnaissance en matière de salaires, ceux-ci étant bloqués depuis plusieurs années alors que les rémunérations des dirigeants de La Poste (plus de 635 000 euro annuels) ou de la Banque postale ( 1 650 000 euro annuels) ont explosé.

Compte tenu de ces conditions, la réponse de SUD-PTT à cette grande mascarade qu’est le grand dialogue social est l’appel à la grève du 14 juin 2012.

Le syndicat SUD-PTT appelle les postiers à la grève pour que le climat social change enfin à La Poste

Rennes le 11 juin 2012

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Re: Le suicide au travail : une triste réalité contemporaine

Messagede bipbip » 05 Juil 2012, 16:23

L'ex-PDG de France Télécom, Didier Lombard, a été mis en examen pour harcèlement moral dans l'enquête sur la vague de suicides de salariés de France Télécom en 2008 et 2009 :
http://www.lemonde.fr/economie/article/ ... _3234.html
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Re: Le suicide au travail : une triste réalité contemporaine

Messagede Flo » 19 Juil 2012, 17:26

Nouveau suicide au travail, cette fois-ci à la SNCF.

Suicide d'un agent SNCF sur son lieu de travail
le Jeudi 19 Juillet 2012 à 12:33

Un agent de la SNCF s'est suicidé à Sotteville-lès-Rouen, en Seine-Maritime. Son corps a été découvert dans son service dont les activités venaient d'être confiées à des entreprises privées, selon le syndicat Sud-Rail, qui a révélé ce décès.

Cet agent âgé de 53 ans a été découvert mardi matin par ses collègues, pendu dans les locaux de son service, qui s'occupait de la maintenance et de la réparation des chaudières des bâtiments de la SNCF. Il se serait donné la mort lundi soir.

Selon le syndicat Sud-Rail, qui a révélé ce suicide, l'agent a laissé une lettre, qui se trouve entre les mains de la police, chargée de l'enquête. "A priori, il ferait référence dans ce courrier aux problèmes rencontrés au
travail avec la fermeture de son service", a affirmé Cyrille Baglan, l'un des responsables de Sud-rail en Normandie. Les activités de son service venaient d'être confiées à une entreprise privée.

Selon Sud-Rail, 22 salariés de la SNCF se sont donné la mort sur leur lieu de travail entre janvier 2007 et avril 2012 : "ce n'est jamais par hasard", pointe Cyril Baglan, tout en précisant qu'il y a toujours "un faisceau de causes"
"La société à venir n'a pas d'autre choix que de reprendre et de développer les projets d'autogestion qui ont fondé sur l'autonomie des individus une quête d'harmonie où le bonheur de tous serait solidaire du bonheur de chacun". R. Vaneigem
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Re: Le suicide au travail : une triste réalité contemporaine

Messagede Béatrice » 20 Juil 2012, 09:17

Communiqué du syndicat SUD-Rail relatif au suicide le 16 juillet dernier d'un agent :


Suicide d’un agent SNCF : la série noire continue !

Le 16 juillet, un agent SNCF de l’infralog Normandie a mis fin à ses jours sur son lieu de travail. Le syndicat SUD-Rail de Normandie et la fédération SUD-Rail apportent tous leurs soutiens aux cheminots et présentent leurs sincères condoléances à la famille du défunt.

Cet agent faisait partie de l’équipe chauffage de l’ABE (Agence Bâtiment Energie) depuis plus de 30 ans. Equipe qui, comme bien d’autres, venait de subir une nouvelle restructuration depuis le 01 juillet 2012 : la direction de l’Infra ayant supprimé le travail de l’équipe chauffage ABE en le « bradant » à des entreprises privées.

Pour SUD-Rail et Solidaires, cet évènement tragique vient s’ajouter à une liste bien trop longue qui illustre de façon dramatique la situation de souffrance des salarié-e-s à la SNCF. Contrairement aux allégations des dirigeants, qui ne manquent jamais de supposer des « problèmes personnels » chez les victimes pour évacuer leurs responsabilités, il est établi de façon certaine que ce n’est jamais par hasard que l’on se suicide dans son entreprise et que le travail est alors la cause principale du passage à l’acte, même si, on le sait, c’est toujours un faisceau de causes entremêlées qui y conduit. A la SNCF, les restructurations en cascades imposées aux cheminot-e-s amènent des situations de sous effectifs engendrent la perte de repère des salarié-e-s, fragilisent la sécurité ferroviaire, détruisent les collectifs de travail et augmentent la souffrance au travail dans toutes les filières, notamment dans la filière « équipement » qui a vu fondre ses effectifs au nom de la productivité et de la rentabilité financière.

Les suicides de salarié-e-s augmentent à la SNCF : de janvier 2007 à avril 2012, 22 salarié-e-s de la SNCF ont mis fin à leurs jours sur leurs lieux de travail. A ces cas se sont ajoutés, de janvier 2008 à avril 2011, 26 suicides de salarié-e-s de la SNCF (chiffres de la direction) survenus en dehors des emprises, pour lesquels il est permis de présumer que le travail a aussi pu jouer un rôle, même si seules des enquêtes précises et délicates peuvent l’établir. Depuis mai 2011 la direction nationale refuse de communiquer le nombre de suicides d’agents « hors entreprise » dont elle a connaissance au prétexte que SUD-Rail et d’autres organisations syndicales instrumentaliseraient ces actes dramatiques. Nous voyons dans cet argument inacceptable une tentative de la direction de se dédouaner de ses responsabilités vis à vis de la santé des salarié-e-s. La fédération SUD•Rail considère que les décisions de la direction conduisant au démantèlement de l’entreprise publique pèsent lourdement sur l’augmentation de la souffrance au travail des salarié-e-s.
SUD-Rail revendique l’éradication et l’interdiction pure et simple des méthodes managériales génératrices de drames humains inacceptables et s’adresse pour cela au nouveau ministre chargé du Travail. Nous disons aux décisionnaires de la SNCF qu’ils auront à répondre des drames et de l’ensemble des conséquences des méthodes inhumaines qu’ils ont mises en place et continuent d’imposer.
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Comment France Télécom avait programmé la mort

Messagede Flo » 21 Nov 2012, 23:13

On a toutes et tous entendu parler des suicides à France Télécom en 2009 bien qu'ils aient continués après. L'article que je vous transmet ici vaut vraiment le coup d'être lu car il montre parfaitement que tout ceci avait été méthodiquement prévu - non la mort des gens bien sûr - mais l'organisation d'une violence psychologique qui ferait en sorte de licencier à moindre coup 22 000 travailleurs en poussant les gens à partir sur démission plutôt que de le faire par un ô combien coûteux "plan social". Le plan tellement inhumain qu'un scénariste n'auraient pas imaginé mais que les grandes instances du pouvoir dans l'entreprise avait prévu est dévoilé ici par un ancien directeur qu'on a mis dans la confidence à l'époque. Regarder juste le graphique en bas...

]Stage France Telecom : « courbe du deuil » et casse du salarié

Un ancien directeur régional raconte le plan machiavélique de l’entreprise pour faire partir 22 000 personnes du groupe sans avoir à les licencier.

C’était en 2006. La femme, cadre supérieure chez France Télécom, entre comme une fusée dans le bureau de son supérieur hiérarchique :

« Je te préviens, ici, il n’y a ni micros ni caméras. Je suis mandatée au plus haut niveau pour te dire que tu n’as plus rien à attendre de l’entreprise. On fera tout pour que tu partes, sinon, on te détruira ! »

Puis elle sort du bureau, laissant son chef, Christian, halluciné. Ce directeur régional de France Télécom, qui dirigeait 13 000 personnes, a longtemps hésité avant de nous raconter ce qui va suivre.

Il a 57 ans. Il sait qu’il est le premier responsable à révéler ce qu’il a vu dans son entreprise. Ce qu’il décrit ? La mise en pratique, au sein du groupe France Télécom Orange, d’un management qui fait souffrir les salariés.

Ce mois de septembre, cinq d’entre eux se sont encore donné la mort, portant à 58 le total des suicides depuis trois ans.

« Selon nos patrons, on est trop nombreux ici »

Christian se souvient du jour, en 2004, où 200 cadres et directeurs se sont retrouvés à Paris dans un amphithéâtre. Didier Lombard, le pdg de l’époque, leur présente le nouveau visage de l’entreprise :

« Je vous préviens : les choses vont changer ! Je viens vous présenter ma nouvelle équipe. Elle va jouer dans un registre que vous ne connaissez pas : ça va être “Le Bon, la brute et le truand”.

"Le bon, il n’est plus là. La brute, continue-t-il en désignant le numéro 2 du groupe, Louis-Pierre Wenes, c’est lui. Et le truand, pointant du doigt le DRH Olivier Barberot, le voici ! »

Derrière la blague, Didier Lombard annonce le scénario pour les trois ans à venir : faire partir 22 000 personnes du groupe sans avoir à les licencier.

Voici la recette :

on incitera des salariés à démissionner,
on en mutera dans d’autres secteurs de la fonction publique,
on signera des congés de fin de carrière.

Dans la salle, Christian est bon public. Le rachat d’Orange en 2000 a plombé les comptes. La concurrence est féroce. Pour survivre, il faudra bien réduire les effectifs. Christian sait qu’il va recevoir des directives pour réaliser le projet du PDG : le plan Next.

Quelques jours plus tard, cinq ingénieurs qu’il dirige sont appelés à Paris pour suivre un stage de management. Le jour de leur départ, Christian voit l’un d’eux, Philippe, embrasser son collègue et proche ami Serge. Dix jours plus tard, Philippe revient de son stage.

« Au premier regard, je vois qu’il n’est plus le même. Il me regarde différemment. Il nous regarde tous différemment. »

Philippe retrouve son ami Serge au déjeuner, qui lui demande comment s’est déroulé son stage.

- « Je t’expliquerai les nouvelles règles, répond Philippe. Je passe manager. Tout doit changer ».

- « Comment ça, tout doit changer ? »

- « Tu le verras rapidement. Selon nos patrons, on est trop nombreux ici. »


« On va leur faire comprendre que l’entreprise est en guerre »

Informé de cet échange, Christian convoque Philippe pour une explication. Elle se déroule dans le bureau de Christian, avec sa table en verre, son canapé, sa table basse ; mobilier corporate lisse et froid comme un bar à sushis. Christian harponne Philippe :

- « Tu as dit à Serge qu’on était trop nombreux, ici. Ça veut dire quoi ? »

- « Toi qui es dans la hiérarchie, tu dois connaître : c’est le plan Next. Je fais partie des quatre mille qu’on a sélectionnés pour l’appliquer sur le terrain.


J’ai un objectif clair : dans trois mois, on doit être dix ingénieurs de moins sur les trente que nous sommes. »

Pour virer les dix ingénieurs, Philippe annonce :

- « On va leur faire comprendre que l’entreprise est en guerre et que dans toute guerre, il y a des morts. Et que bouger, accepter le changement, c’est la vie. »

- « C’est ça qu’on t’a appris dans le stage ? »

- « Entre autres. »


Dans l’open space, on commence à se regarder de travers

Devenu manager, Philippe applique dans son équipe le plan Next.

L’open space qu’il anime est tourneboulé comme un cube.
Stéphane, invisible ingénieur d’une équipe commerciale, dirige soudain Rodolphe, qui était son supérieur la veille.
Thierry, un cadre qui refuse la promotion qu’on lui impose, se voit rétrogradé et placé sous l’autorité d’un de ses subalternes.
Philippe ordonne, place et déplace les employés.

Dans l’open space, on commence à se regarder de travers. Des camps se forment. On se parle moins à la cantine. Dans son bureau, Christian reçoit des appels de sa direction parisienne.

« On me conseille de fixer des objectifs inatteignables, pour pouvoir dire au collaborateur : “Je suis désolé, mais là, on ne peut plus continuer avec toi...” »

Peu à peu, des infos lui parviennent des boutiques, des centres d’appels, des open spaces chamboulés par le plan Next : ça va mal.

Les salariés commencent à faire des dépressions. Des formules comme « au bout du rouleau », « envie de suicide » remontent jusqu’à lui. Il décide d’alerter Paris et envoie des courriers électroniques à la DRH du groupe.

La bataille d’Angleterre étudiée pendant un stage de management

Christian ne reçoit aucune réponse. Jusqu’à ce matin de 2006 où Simone, membre de son équipe d’encadrement, débarque en trombe dans son bureau pour lui déclarer que sa hiérarchie ne veut plus de lui.

A dater de ce jour, des cadres sous les ordres de Christian passent devant lui sans le regarder. Il se demande comment Philippe, bon et solidaire, a pu devenir en dix jours un manager capable de muter, tel un pion, un collègue avec qui il déjeune à midi.

Il imagine de redoutables techniques de lavage de cerveau. Il en parle à Oscar, un cadre de la direction parisienne du groupe, qui lui a gardé son amitié. Christian ne peut pas mieux tomber : Oscar a participé au fameux stage où l’on a formé Philippe aux techniques pour mobiliser les employés et leur « faire accepter le changement ».

Un soir, loin des bureaux, Oscar lui donne les fiches pédagogiques qu’il a reçues comme Philippe lors de leur stage parisien dans les locaux d’Obifive, une société internationale de coaching en management. Il découvre un curieux schéma.

Un plan de la bataille d’Angleterre de 1940, qui vante la « précision » et la force de « l’exécution conforme » des avions de chasse allemands. Intrigués, nous demandons un rendez-vous à Céline Lerenard, la directrice associée d’Obifive :

- « Ce n’est pas un peu bizarre, de comparer les concurrents de France Télécom à des avions allemands ? »

- « Vous avez mal compris. On voulait faire ressortir la solidarité qui existait entre les pilotes et les mécaniciens de la Royal Air-Force. »

- « Pardon, mais ça, ça n’est écrit nulle part. Ce qu’on voit, ce sont des avions de la Luftwaffe bombardant des villes en Angleterre. »

- « Alors vous avez mal compris. »


Des témoins, des employés de France Télécom qui ont participé au stage, racontent une autre histoire :

« Les formateurs expliquaient que nous étions en guerre. D’abord, on nous montrait l’Angleterre prise en tenailles par les nazis. Ensuite, on nous montrait Orange prise en tenailles par Free, par Bouygues et par Nokia... »

« Les phases du deuil » des dépressifs programmés

Nous rencontrons Bruno Diehl à Paris. Conseiller en management de l’équipe du PDG de France Télécom jusqu’en 2007, il a écrit en mai 2010 un livre montrant comment, à partir de l’an 2000, un management déshumanisé a plombé l’entreprise. Diehl était en relation avec des formateurs qui animaient les stages de management. Il nous décrit des stages efficaces et vivants, concrets, pleins d’exercices pratiques inspirés de la réalité.

Par exemple, on proposait aux stagiaires de réduire de moitié les effectifs de leur plate-forme : 25 personnes à faire partir.

Sur ces 25 personnes, un homme avait une mère atteinte d’une maladie grave. Il va la voir chaque jour et sa mutation doit l’envoyer à plus de 100 kilomètres.
Exercice : « Comment vous y prenez-vous pour le faire partir ? » Après quoi, le formateur donnait la réponse.
Il faut, disait-il, faire comprendre avec humanité l’importance de ce choix : soit le collaborateur emmène sa mère avec lui, soit il démissionne pour rester auprès d’elle.
« Culpabilisé, le collaborateur prendra lui-même la bonne décision : démissionner. »

Christian découvre un second document. Celui-là prouve que France Télécom savait que ses employés allaient inévitablement perdre leurs repères, puis leur moral.

C’est une belle courbe, signée Orange et Orga Consultants, une autre société de coaching en management. Elle s’intitule « Les phases du deuil ». Cet outil devait permettre au manager de comprendre l’état psychique du salarié qui subit une mutation forcée dans une ville éloignée ou dans un autre service.

Image
Document distribué pendant les stages de management pour suivre l’état psychique du salarié après l’annonce de sa mutation.

La « courbe du deuil » définit six étapes :

l’annonce de la mutation,
le refus de comprendre,
la résistance,
la décompression,
la résignation,
l’intégration du salarié.

Le manager est averti :

en phase 3, la « résistance », l’employé peut se livrer à des actes de sabotage.
Puis en phase 4, la « décompression », il va chuter dans le désespoir et la dépression. La légende, sous la courbe, conseille au manager de faire entendre à son employé dépressif que « l’évolution des besoins est à la source du changement ». En français, que sa mutation est inévitable.

Ces dépressifs programmés, Christian en a repéré plusieurs au sein de la boîte. Ce que les dirigeants n’avaient pas prévu, c’est que 58 d’entre eux, au lieu de se laisser accompagner par leur manager jusqu’en phase 6, celle de « l’acceptation du changement », iraient jusqu’au suicide ou à la tentative de suicide. Dans son bureau, à Arcueil, Val-de-Marne, nous interrogeons la directrice exécutive adjointe du groupe France Télécom Orange, Delphine Ernotte.

- « Qu’est-ce qu’un outil comme la “courbe de deuil” vient faire entre les mains d’un manager ? »

- « Ce qu’on voulait, c’était accompagner au maximum les employés. Mais peut-être était-ce maladroit. »

- « Vous aviez prévu des dépressions : c’est écrit dans les documents. Vous auriez pu prévoir que certains allaient craquer, non ? »

- « Non. On ne l’a pas du tout imaginé. »


Un matin de 2007, Christian est convoqué place d’Alleray, à Paris, le siège du groupe. Sur le courrier recommandé, aucun détail sur le motif de la convocation. Une fois sur place, il cogne à la porte du DRH du groupe, Olivier Barberot, qu’il connaît et qu’il tutoie. Mais Barberot ne le reçoit pas comme d’habitude. Il le vouvoie :

« Monsieur, vous deviez vous présenter hier, vous ne l’avez pas fait. Cela nous contraint à engager une procédure disciplinaire. A moins que vous n’acceptiez de signer votre départ de l’entreprise. »

Christian écoute le DRH, accompagné d’un assistant, lui vanter l’intérêt d’un départ à l’amiable. Au bout de quelques phrases, Christian explose :

« Je n’imaginais pas que vous étiez capables d’une saloperie pareille ! Vous êtes des salauds mais vous avez gagné : je ne veux plus vous voir. Je ne veux plus travailler avec des gens comme vous. »

Puis, sur ces mots, Christian signe son départ, quitte l’immeuble en pleurant et prend le chemin d’une autre vie.

Fin des stages de management chez Obifive et Orga Consultants

Après la révélation, l’an dernier, du scandale des suicides en série, Olivier Barberot, qui gérait la carrière de 200 000 employés du groupe, a été déplacé au poste de PDG d’une filiale de 750 personnes. Nous n’avons pas réussi à le joindre pour entendre sa réponse au récit de Christian. Mais nous avons pu parler au téléphone à un communicant du groupe France Télécom Orange.

Nous l’informons que Les Inrocks ont recueilli le témoignage d’un de leurs anciens directeurs régionaux, et que celui-ci, pour ne pas exposer sa nouvelle carrière, préfère taire son nom dans l’immédiat.

« Ne connaissant pas ce monsieur, il nous est difficile de répondre à ce qu’il dit avec précision. Des dérives dans la politique d’objectifs ? Oui, il y en a eu. Qu’à un endroit, ça ait pu exister, c’est possible. Mais il ne faut pas généraliser. Cela ne relève d’aucune politique malsaine. »

Ce mois de septembre, les suicides continuent chez France Télécom. Pour corriger ses erreurs, la direction réforme. Le nouveau PDG, Stéphane Richard, a confirmé la fin des mutations forcées du personnel, le retour à un management plus humain.

On nous assure qu’il n’y a plus de contrats avec Obifive et Orga Consultants. Ces sociétés de coaching ne formateront plus les managers du groupe avec la bataille d’Angleterre et la « courbe du deuil ».

http://www.rue89.com/2010/10/01/stage-f ... rie-169002
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Re: Le suicide au travail : une triste réalité contemporaine

Messagede Nyark nyark » 08 Mar 2013, 20:33

Comme un suicide à La Poste
Daniel Schneidermann | Fondateur d'@rrêt sur images

On sait qu’elle s’appelait Pauline. Elle avait 21 ans. Elle était factrice en CDD en Haute-Loire, à Monistrol-sur-Loire. Et le 15 février, on l’a retrouvée pendue chez ses parents. Voilà ce que l’on sait. Est-elle « une suicidée de La Poste », inaugurant un feuilleton qui pourrait prendre le relais des suicides à France Télécom ?

Libé n’en dit pas beaucoup plus :

« La veille de sa mort, la Poste venait de lui signer un nouveau CDD. Sa première journée avait été difficile. Le matin du drame, elle prend son poste à 6 h 30. Un cadre, voyant son état de fatigue, la renvoie chez elle. A 8 h 30, ses parents la découvrent à son domicile, pendue. »

Étrange. Pourquoi se suicider, alors qu’on vient de décrocher un nouveau CDD ?

On en apprend davantage à la lecture de L’Huma. On venait de confier à Pauline une tournée difficile, dans une région montagneuse et enneigée. La veille de son suicide, elle n’a pas pu achever sa tournée, en dépit de onze heures de travail. Elle arrive tôt le matin. Elle a du courrier en retard. Elle n’a pas dormi de la nuit. Son chef, la voyant épuisée, lui « propose » de rentrer chez elle. Elle se pend quelques heures plus tard.
Aucune enquête

Quelques détails supplémentaires encore dans le quotidien régional, Le Progrès (édition locale). On y apprend qu’elle a dû écouler le retard de courrier laissé par son prédécesseur, un autre CDD, parti en arrêt maladie. La direction assure que « la salariée avait accepté les heures supplémentaires pour écouler un surcroît de volume. Des heures qui ont été prises en compte financièrement. »

Voilà ce que disent les articles, pas davantage. Évidemment, il y a tout le cadre, qu’on reconstitue mentalement. La tournée maudite, sur des départementales enneigées, que la direction refile à de jeunes CDD, sur fond de suppressions de postes.

Mais pour en savoir davantage, il faudrait aller sur place, enquêter. Il faudrait la parcourir, cette tournée du secteur de Saint-Just-Malmont, que la direction, si l’on comprend bien, suppose qu’un facteur sachant facter peut effectuer en cinq heures. Près d’un mois après le suicide, aucun journaliste n’a encore vraiment enquêté sur ses circonstances précises. L’article du Progrès, daté du 7 mars, semble être le premier consacré à l’affaire, trois semaines après le suicide.
« Drames personnels et familiaux »

On a beaucoup moins enquêté sur le suicide de Pauline, par exemple, que sur les circonstances dans lesquelles Nicolas Sarkozy a dit à Valeurs Actuelles qu’il était prêt à se dévouer pour le bien de la patrie. L’a-t-il dit en demandant qu’on le répète ? En demandant qu’on ne le répète pas, mais en espérant qu’on le répète ? Ou l’inverse ? Voilà un vrai sujet d’enquête, garanti sans routes enneigées de Haute-Loire.

« Il n’y a pas d’éléments permettant d’établir la responsabilité de l’entreprise. Ce sont des drames personnels et familiaux, où la dimension du travail est inexistante ou marginale », a déclaré au cours d’un conseil d’administration le président de La Poste, Jean-Paul Bailly, le 28 février, à propos du suicide de Pauline et de trois autres suicides récents.

Disons plutôt : « aurait » déclaré. Ces phrases, si elles ont été entendues par des syndicalistes, ont ensuite été adoucies, à coups de « souvent », dans le compte-rendu écrit du CA, comme le précise Libé, qui conclut : « la direction contestait hier ce récit » (des syndicalistes). On la comprend.
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Re: suicides au travail

Messagede Nyark nyark » 25 Avr 2013, 13:24

ACCORD EMPLOI : SUICIDE D'UN SALARIÉ DE RENAULT
Par Laure Daussy le 24/04/2013
Sous pression parce qu'il s'était impliqué dans des grèves contre le projet d'accord compétitivité-emploi, un salarié de Renault s'est suicidé dans la nuit de dimanche à lundi sur son lieu de travail à l'usine de Cléon (Seine-Maritime), rapporte l'AFP. Agé de 35 ans et père de deux enfants, ce mécanicien qui travaillait de nuit a été retrouvé pendu lundi vers 5h30 sur le site, dans un endroit de l'établissement où il n'y avait plus d'activité. Il avait été embauché en 2000.
Le salarié a laissé deux lettres, dont l'une adressée à sa direction, dans laquelle il dénonce "pression" et "chantage" de la part du groupe. C'est le Monde.fr qui a révélé cette information ce mardi, ayant en sa possession la lettre adressée à la direction. L'ouvrier y écrit : "Merci Renault. Merci ces années de pression, chantage au nuit. Où le droit de grève n'existe pas. Ne pas protester sinon gare. La peur, l'incertitude de l'avenir sont de bonne guerre, paraît-il ? Tu expliqueras ça à mes filles, Carlos", allusion à Carlos Ghosn, le PDG du groupe.


"C'est un secteur qui s'est beaucoup impliqué dans les grèves entre janvier et mars de cette années, contre la mise en place de l'accord compétitivité-emploi", explique Pascal Le Manach, délégué syndical CGT de l'usine, contacté par @si. "Les salariés ont subi alors beaucoup de pression". Pendant des réunions d'atelier, la direction menaçait par exemple les salariés qui travaillent de nuit, donc payés plus cher, de "descendre" en équipe de jour, ce qui aurait entrainé pour eux une perte financière très importante. "On ne peut pas affirmer que le salarié subissait des pressions à titre individuel", précise toutefois Le Manach, contrairement à ce que sous-entendait la dépêche AFP.
Le parquet de Rouen, qui a confirmé la découverte de deux lettres, a précisé à l'AFP avoir ouvert une enquête en "recherche des causes de la mort" à la suite de ce suicide survenu "sur le lieu de travail et pendant les heures de travail".
La direction du site a exprimé mercredi à l'AFP "son incompréhension et sa tristesse" à la suite de ce suicide, soulignant qu'"il n'y a aucun mot pour qualifier ce drame". Le technicien était " très bien évalué par sa hiérarchie", selon l'entreprise, et n'avait "jamais fait l'objet d'aucune sanction pour fait de grève". Il lui avait même été "confirmé par son chef d'équipe" qu'il pourrait continuer à travailler de nuit, selon une porte-parole de l'entreprise.
Le site de Renault-Cléon, spécialisé dans la fabrication de moteurs et de boîtes de vitesse, emploie environ 4 000 salariés dans une ambiance qualifiée par la CGT de "plus en plus difficile", notamment depuis la mise en place de l'accord compétitivité-emploi par M. Ghosn. Parmi ces mesures, le blocage des salaires, ou encore la suppression de 21 jours de congés collectifs, c'est-à-dire appartenant à la direction, et qu'elle posait lorsqu'il y avait une baisse de la production.
Ce n'est pas le premier suicide que connait l'entreprise Renault. Fin 2006, début 2007, trois salariés du Technocentre de Renault à Guyancourt (Yvelines) avaient mis fin à leurs jours – dont deux sur leur lieu de travail. Deux de ces suicides avaient valu à l'industriel d'être condamné pour "faute inexcusable", la justice estimant que la direction n'avait pas pris les mesures nécessaires pour protéger ces salariés.

Retrouvez l'enquête d'Anne-Sophie Jacques sur l'accord national interprofessionnel (ANI), passé sous le radar des médias. L'occasion de revoir aussi cette émission sur les suicides au travail, et notre dossier sur la souffrance au travail.

http://www.arretsurimages.net/vite-dit.php#15470
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Re: suicides au travail

Messagede Pïérô » 09 Mai 2013, 13:43

La terreur patronale épinglée

Suicides à France Télécom : un document accablant pour la direction

Un document interne de France Télécom datant de 2006 et relayé mardi 7 mai par Le Parisien, http://www.leparisien.fr/economie/suici ... 785935.php, témoigne de la violence sociale à l'époque au sein de l'entreprise, actuellement visée par une enquête judiciaire concernant une vague de suicides en 2008 et 2009.

Le quotidien rend public un fac-similé d'un compte-rendu d'une réunion d'octobre 2006 de l'Acsed, l'association des cadres de France Télécom, deux ans avant le premier des 35 suicides aujourd'hui examinés par la justice.

DES DÉPARTS "PAR LA FENÊTRE OU PAR LA PORTE"

Selon ce document, l'ancien PDG Didier Lombard aurait déclaré : "Il faut qu'on sorte de la position mère poule. [...] Ce sera un peu plus dirigiste que par le passé. C'est notre seule chance de faire les 22 000" suppressions de postes programmées dans le cadre du plan Next, qui visait à réduire les effectifs entre 2006 et 2008.

Le Parisien explique qu'il existe deux versions de ce document. Dans la version originale, M. Lombard indique : "En 2007, je ferai les départs d'une façon ou d'une autre, par la fenêtre ou par la porte." Cette version a ensuite été édulcorée pour devenir : "En 2007, je ferai les départs d'une façon ou d'une autre."

D'après le quotidien, la secrétaire de l'Acsed aurait indiqué aux policiers ne plus posséder la version originale car ses responsables lui auraient demandé de la détruire. Le Parisien rapporte que les anciens dirigeants de France Télécom assurent n'avoir donné aucune directive et estiment que les documents ne sont pas crédibles.

"UNE TRANSCRIPTION DE LA VIOLENCE SOCIALE"

"Ces documents sont la transcription de la violence sociale que nous avons vécue et c'est ça qui est nouveau", a réagi de son côté Sébastien Crozier (CFE-CGC), précisant en avoir pris connaissance par la presse. Il a jugé "interpellant le fait qu'il y ait une atténuation des propos" car cela montre "qu'il y a des gens qui ont pris conscience de l'étendue des dégâts" à l'époque.

Selon Frédéric Benoist, avocat du syndicat, partie civile dans l'enquête, les juges d'instruction ont aujourd'hui "suffisamment d'éléments pour démontrer que les infractions" qui font l'objet des poursuites, c'est-à-dire le harcèlement moral, sont "caractérisées". Mais l'avocat dit surtout espérer que le tribunal correctionnel sera prochainement saisi sur des motifs qui "reflètent plus la réalité du dossier", c'est-à-dire la mise en danger de la vie d'autrui.

Dans le cadre de l'enquête judiciaire sur les suicides, Didier Lombard, deux autres responsables et France Télécom, en tant que personne morale, ont été mis en examen pour harcèlement moral en juillet dernier.
http://www.lemonde.fr/societe/article/2 ... L-32280308
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Re: suicides au travail

Messagede bipbip » 06 Juin 2013, 13:56

Nouveau suicide d'un salarié d'Orange :
Un employé d'Orange (anciennement France Télécom) a été découvert mercredi matin pendu dans les locaux de l’agence où il travaillait à Roubaix (Nord).

Nouveau drame du mal-être au travail chez la multinationale Orange (ex-France Télécom). Après le suicide d'un responsable logistique du bureau France Télécom de Pau au mois de mars, suite à sa mise à pied pour présomption d'acte frauduleux par sa direction, le corps d'un employé, âgé d’une quarantaine d’années, a été retrouvé peu après 7 heures à l’ouverture des locaux de l'agence Orange où il travaillait à Roubaix. Son décès remonterait à mardi, selon les premiers éléments. Les pompiers ont constaté le suicide. Selon La voix du Nord, une lettre aurait été retrouvée dans son véhicule sur le parking du site.

L'image de France Télécom a souffert d'une vague de suicides en 2008 et 2009, pour laquelle l'opérateur a été mis en examen pour "harcèlement moral" en juillet 2012. Un document interne de France Télécom datant de 2006, révélé par le Parisien témoignait de la violence sociale à l'époque au sein de l'entreprise, la direction révélait son intention de se séparer de 22 000 de ses employés, si possible sans plan social. Didier Lombard y affirmait : "En 2007, les départs, je les ferai d’une façon ou d’une autre, par la porte ou par la fenêtre."
http://www.humanite.fr/social-eco/nouve ... nge-543075
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Re: suicides au travail

Messagede bipbip » 31 Aoû 2013, 00:31

Communiqué de la fédération SUD PTT
200 suicides en lien avec le travail à La Poste

Après un nouveau drame dans le centre de la France la semaine dernière, la Fédération SUD PTT a interpellé le ministère du redressement productif qui assure la tutelle du groupe La Poste. Nous l’avons informé de l’existence d’une cellule de veille attachée à la direction de La Poste qui comptabilise les suicides et tentatives en relation avec l’activité professionnelle. Selon nos informations nous serions en présence d’une moyenne de 40 drames par an depuis 2008.

Lors de notre première rencontre avec le ministre du redressement productif en juillet 2012, en pleine crise sociale à La Poste, ce dernier nous avait dit « l’humain d’abord ».. Plus d’un an après, le stress, les pressions et le mal être au travail sont toujours d’actualité dans l’entreprise publique. Plus préoccupante est l’attitude de ses dirigeants qui restent dans le déni alors que les données en leur possession sont accablantes.

SUD PTT demande aux présidents de La Poste (le sortant et l’entrant) l’ouverture d’une enquête nationale indépendante sur cette situation, indispensable pour lever l’omerta qui règne dans les directions, pour qu’on cesse la comptabilité macabre et pour que la souffrance au travail à La Poste soit enfin prise en compte.

Cette question ne doit souffrir d’aucun délai. Le gouvernement actionnaire principal doit agir auprès de la direction de La Poste. En ne faisant rien, il est aussi responsable de la situation.

http://iphonespip.sudptt.org/spip.php?article47
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Re: suicides au travail

Messagede bipbip » 10 Jan 2014, 12:59

Salviac. L'employée de La Poste se suicide en allant au travail

Une factrice âgée de 57 ans, Jocelyne Curoux, s’est suicidée samedi matin à Prats du Périgord. Elle se rendait au travail. À bout de souffle, selon ses proches, elle ne supportait plus les conditions de travail engendrées par des surcharges de tâches.

Jocelyne Curoux travaillait depuis plus de 20 ans pour le centre de tri de Salviac. Samedi, elle s’est, semble-t-il, donnée la mort à Prats du Périgord. Elle se rendait au travail à bord de son véhicule, vêtue de sa tenue de factrice. À 11 heures, inquiets de ne pas la voir, ses collègues l’ont appelée. En vain. C’est un promeneur qui a contacté la gendarmerie. Son corps a été retrouvé flottant dans un lac à Prats du Périgord. La communauté de brigade de Belvès en Dordogne a ouvert une enquête pour accréditer ou pas la thèse du suicide. La piste criminelle est écartée. Un drame terrible pour sa famille, ses collègues. «Elle souffrait au travail. Elle ne voulait pas y revenir. Elle ne rentrait pas de bonne heure. Je n‘accuse personne. Mais tout cela l’a travaillé, elle est décédée» confie son mari Francis Curoux, pétri de douleur. «Elle dépassait les horaires. Elle était en état de stress depuis un moment. Elle ne voulait pas s’arrêter car elle culpabilisait» indique une de ses collègues, très affectée par sa disparition. «À Salviac, le constat est simple. Il y a eu des réorganisations successives, celle de novembre 2013 a été de trop. Avant, il y avait déjà des personnes en souffrance. Les tournées vacantes n’étaient pas remplacées. La Poste avait mis en place un système, quand il manquait quelqu’un, un collègue prenait sa tournée. Cette surcharge de travail peu ou prou, les facteurs l’éprouvent» indique Serge Dondrille, secrétaire du comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHCT), secrétaire général départemental CGT la Poste. Il avait tiré la sonnette d’alarme, alerté l’inspection et la médecine du travail. Le centre de tri de Salviac, compte 12 personnes, pas toutes à temps plein. Les facteurs font 8 tournées sur Salviac et Cazals. «À Salviac, une autre factrice est en arrêt maladie pour épuisement. D’autres centres sont en souffrance à Gourdon, Bretenoux où trois tournées ont été supprimées. Elles se font au pas de course. Il y a un mauvais climat dans les services. Les facteurs par ailleurs subissent une non-reconnaissance de la Poste» poursuit Serge Dondrille. «Les tournées, c’est six jours sur sept. On fait notre travail avec le sourire, même si le cœur n’y est pas» conclut Serge Dondrille. Les obsèques de Jocelyne Curoux se dérouleront jeudi à 15 heures à Montcléra, où elle résidait.


Un dispositif d'écoute mis en place

«Toute la communauté de Salviac et de la Poste du Lot est particulièrement affectée par ce drame. La Poste pense à cette collègue, à ses proches.

A cet effet, elle a mis en place un dispositif d’écoute et de soutien à Salviac. Tous ceux qui souhaitent s’exprimer peuvent le faire. Une enquête est en cours pour déterminer les circonstances exactes du décès. Aujourd’hui, Il est en tout état de cause particulièrement indécent de tirer une quelconque conclusion sur les origines de ce drame» indique la direction du courrier Midi-Pyrénées Nord.

Marielle Merly

http://www.ladepeche.fr/article/2014/01 ... avail.html
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Re: suicides au travail

Messagede bipbip » 01 Fév 2014, 01:47

Nouveau suicide d’un travailleur chez Renault Cléon
C’est le deuxième suicide en neuf mois sur ce site.
http://www.humanite.fr/social-eco/nouve ... leo-558199
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Re: suicides au travail

Messagede Pïérô » 23 Mar 2014, 11:36

Dix suicides chez Orange depuis janvier, selon l'Observatoire du stress de l'opérateur
C'est presque autant que sur toute l'année 2013, selon cet organisme interne à l'entreprise.
... http://www.francetvinfo.fr/economie/ent ... 55603.html
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