Les bétons sont flingueursHollande, c’est l’écologie du Flashball : on tire d’abord, puis on fait semblant de réfléchir, puis on passe une couche de peinture (verte ?) pour camoufler les dégâts. Les oppositions à sa politique ne sont d’ailleurs relayées dans les grands médias que lorsqu’elles se font tirer dessus. Pourtant à Notre-Dame-des-Landes la contestation ne faiblit pas : 15000 personnes se sont réunies contre le projet début juillet au moment même où le gouvernement avait vendu la peau du mouvement. Et en Alsace, qui a dit qu’il ne se passait jamais rien ?
Les bétons t’ont flingué Rien que dans la région de Strasbourg, les mobilisations contre les grands projets inutiles sont nombreuses : · Les bétonneurs professionnels veulent à tout prix leur GCO (Grand contournement ouest) alors que de meilleures solutions existent (rapprocher le travail du domicile, développer les transports en commun accessibles à tous et toutes, etc.). Et on leur fait plaisir… en leur offrant en dot des hectares de terres cultivables ! Le GCO semble bloqué pour l’instant faute de financement, mais on sait prendre aux pauvres pour donner aux riches et il pourrait bien se faire, contre toute logique et contre l’avis des habitants et habitantes des communes (con)cernées.
· Autre recul des terres cultivables avec le déplacement d’activités du Port du Rhin vers Fegersheim. Et on prétend vouloir désengorger la circulation ? Rapprocher le béton et le pétrole des zones agricoles, ça permettra surtout de remplacer les bestiaux par les voitures.
· Les vaches, elles, seront bien parquées…. dans les zones industrielles ! Le projet de ferme des 1200 taureaux à Wintershouse aura tout de l’usine. Son modèle, la ferme des milles vaches dans la Somme vient d’être prise en flagrant délit d’infraction au nombre d’animaux autorisés. Mais à Wintershouse le combat n’est pas encore gagné pour les traders de l’agriculture, puisqu’une opposition massive au projet s’est vite développée.
· Le projet démentiel de centre de géothermie profonde à Reichstett (voir
http://alsace.alternativelibertaire.org/spip.php ?article683) a pour l’instant été stoppé par la lutte des riverains, inquiets à l’idée des micro-séismes et pollutions qui pourraient en découler, mais il serait étonnant qu’il ne revienne pas par la petite porte car les intérêts de quelques grandes entreprises sont en jeu… Et dans les départements voisins ça n’est pas mieux, entre le CIGEO de Bure pour enfouir des déchets dangereux près des nappes phréatiques, et la centrale de Fessenheim qui tarde à fermer….
L’enfumage généraliséToutes ces petites ou grandes luttes locales contre le béton, les bétonneurs et la bêtise de ceux qui leur font confiance montrent que le problème est global. L’État et les collectivités bradent tout aux capitalistes : la terre, l’eau, l’air, tout est marchandise ! Les « transitions » que l’on nous propose sont généralement bien trop limitées pour répondre aux nombreuses attaques et a leur périmètre : il est naïf de croire que l’on peut se préserver, seul dans son coins de pollutions qui ne s’arrêtent pas aux frontières ! La transition, les villes en transitions, sont de petits pas, mais on pouvait penser les voir déboucher sur une réelle alternative. Malheureusement ce qui semblait être incarné dans des mouvements comme Alternatiba a été récupéré par des mairies en mal de greenwashing.
De la radicalité initiale il ne reste plus grand-chose. Alternatiba est devenu, à Strasbourg comme ailleurs, qu’un « festival » pour « mobiliser le grand public et les élus d’ici la COP 21 » (d’après son site). L’auto-organisation et l’indépendance sont passées à la trappe, puisqu’on a beau ériger des actions en modèle, la délégation de pouvoir à nos chers élus reste l’horizon (bien pollué). Que dire de la place des élus et d’Europe Écologie Les Verts dans cette situation d’enfumage généralisé ? EELV, qu’ils soient ou pas au gouvernement, pratique aujourd’hui et depuis des années une « écologie » de marché, visant uniquement à limiter l’impact sur l’économie et pour les capitalistes des « coûts » de la lutte contre la pollution, sans se soucier du bien-être des gens ! Pas étonnant qu’avec une telle pratique de l’écologie les capitalistes se retrouvent avec tous les droits et qu’ils sévissent sans limites ! Face à cela la perspective écologiste d’un État « bienveillant » ou d’un capitalisme « raisonnable » est plus utopique que de changer la société.
Semer l’utopie pour récolter du réelCar il n’y a pas d’autre solution pour arrêter les dégâts que de se relever les manches et passer à l’offensive. Une agriculture sensée, des transports raisonnés, une production adaptée aux besoins, ça ne dépend ni de la PAC, ni d’un Grenelle, ni du bon vouloir des capitalistes : ça s’impose par un rapport de force ! Cessons donc de reporter l’urgence au lendemain ! A Lima, au Pérou, 400.000 personnes avaient défilé contre la COP20 (Conférence des Nations unies sur le climat). En décembre aura lieu la COP21 à Paris. Les négociations internationales et le capitalisme ont montré depuis longtemps qu’ils ne permettaient pas d’éviter la crise écologique dans laquelle nous sommes entrés. A nous d’être suffisamment nombreux pour changer la donne. Un changement radical doit intervenir pour notre survie à toutes et à tous, ce qui signifie :
- consommer autrement, avec une décroissance qui n’est pas un rationnement individuel mais un changement collectif de valeurs, vers plus de solidarité et de pérennité.
- arrêter de gaspiller l’énergie pour des futilités, recycler, faire durer…
- en finir avec la mondialisation capitaliste, qui repose sur le pétrole pas cher, pour préférer un développement autonome ici et ailleurs, à partir des besoins des populations et non des plus-values des actionnaires.
Cette radicalité, nous ne pouvons pas en faire l’économie, car l’économie capitaliste nous condamne à moyen terme. Il faut reprendre les choses en main, directement, sans passer par des élus qui se soumettent à la raison du plus riche ou cherchent à tempérer. Ce qui implique d’exproprier les capitalistes et d’instaurer la propriété sociale des moyens de production, à commencer par celle de la terre et de ses ressources, moyen sans lequel les hommes ne pourront pas retrouver la maîtrise de leurs rapports à la nature.