Article dans "Demain Le Grand Soir", mensuel libertaire tourangeau gratos
LA GAUCHE EST MORTE, VIVE LA GAUCHE
Disons le franchement, nous n'attendions pas grand chose de l'arrivée de la gauche au pouvoir.
Certes, le départ du pitre Sarkozy nous a fait du bien, mais l'arrivée au pouvoir d'un parti qui
ne porte de « socialiste » que le nom, n'avait rien de réjouissant. Ce qui nous surprend, finalement,
c'est la capacité étonnante, en trois mois, de nos « socialistes » de ne poser aucune réforme sociale
digne de ce nom et de, parallèlement, revenir à la vitesse grand V sur ses engagements.
Du côté du « progrès social », on rit jaune : quelques miettes d'euros pour les smicards, la retraite à
60 ans pour un nombre extrêmement minoritaire de salariés ; le décor est posé. Ne parlons même
pas des projets autour de la refonte du contrat de travail où le gouvernement va piocher dans les
poubelles de la CFDT afin de nous appliquer une flexibilité liée directement à la compétitivité des
entreprises.
Du côté des reniements, cela commence fort : une ministre de l’écologie (Nicole Bricq) à peine
nommée, virée comme une malpropre pour faire plaisir aux pétroliers, un plébiscite pour le nucléaire
(Arnaud Montebourg et son plaidoyer pour cette énergie), la réouverture du «débat» sur les
gaz de schiste, l’expulsion des camps de ROM (ce faisant, on les met dans une situation d’extrême
précarité sous prétexte qu'ils étaient déjà dans une situation précaire !), le recul négocié avec les
grands patrons sur la taxation à 75 % des plus hauts revenus (on passerait de 3600 foyers concernés
à 1000 et la mesure serait transitoire sur 2 ans!)... Même les sénateurs s'y mettent (Jean germain et
Patrick Filleul en tête) en demandant que la loi sur le cumul des mandats soit revue à la baisse !
De plus, aucune mesure « progressiste » n'a été avancée par le gouvernement, par exemple une loi
d'amnistie pour les militant(e)s poursuivis dans le cadre de leurs engagements syndicaux ou politiques
(militants anti-OMG, les «4 de Tours», etc).
Localement, le PS et Jean-Patrick Gille, qui soutenaient le comité de soutien aux travailleurs sans
papiers (et dont la plate forme indiquait la régularisation de tous les sans papiers) sont singulièrement
absents de ces initiatives depuis le mois de juin...
« La petite gauche vivotait, frileuse comme une alouette » clamait Lavilliers dans sa chanson
«Utopia» en 1978. En 2012, la gauche est morte, a ne pas en douter. Ou alors, à nous de la réinventer,
dans la rues, dans les luttes que nous allons mener, dans notre refus total de l’inacceptable : celui
de la société capitaliste, de ses manières de brutes, et de son culte des puissants.
ES
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