Medef et néolibéraux déclarent la guerre aux salariés

Medef et néolibéraux déclarent la guerre aux salariés

Messagede Béatrice » 23 Jan 2012, 11:31

Dans le cadre du sommet européen qui doit se tenir le 29 janvier prochain dont les thèmes principaux qui y seront abordés concernent l'emploi et la croissance , Nicolas Sarkozy
devant y faire un discours , le Medef et ses "acolytes" néolibéraux montent au créneau en présentant toute une série de mesures , visant à "mettre à bas" définitivement le peu
d'acquis sociaux qu'il reste aux salariés .

Un article de Gérard Filoche dans Marianne2 , dresse la liste de toutes ces "réformes à la grecque !" préconisées par le Medef et les néolibéraux :


http://www.marianne2.fr/gerardfiloche/
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Re: Medef et néolibéraux déclarent la guerre aux salariés

Messagede Béatrice » 31 Jan 2012, 23:12

Et bien voilà , nous y sommes ! La "destruction massive" des acquis sociaux est en marche , sous la houlette du couple franco-allemand " Merkel-Sarkozy " !

" Travailler moins et gagner moins pour conserver son emploi " article de Actu-chômage , suivi d'un commentaire de Gérard Filoche :


http://www.millebabords.org/spip.php?article19672
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Re: Medef et néolibéraux déclarent la guerre aux salariés

Messagede Béatrice » 03 Fév 2012, 10:49

Les ultra-libéraux se " libèrent " !!!

Pour le patron d'Airbus , l'Europe ne mène pas assez de réformes : " il n'y a rien de pire que de gâcher une bonne crise " a-t-il déclaré en substance au
Forum économique mondial de Davos :


Actu-chômage
« Il n’y a rien de pire que de gâcher une bonne crise »

Jeudi, 02 Février

C’est ce qu’a déclaré le patron d’Airbus, Thomas Enders, au Forum économique mondial de Davos.

Selon les envoyés spéciaux des Echos, malgré l’état actuel du monde, ses 200 millions de chômeurs et ses « troubles sociaux », il y régnait une atmosphère de confiance...

Pour Thomas Enders, président exécutif d’Airbus et membre du groupe Bilderberg, l’Europe ne mène pas assez de réformes, notamment en ce qui concerne le marché du travail. Or c’est le moment ou jamais d’agir : « Il n’y a rien de pire que de gâcher une bonne crise », a-t-il lâché à son auditoire.

Milton Friedman l’aurait approuvé, lui qui avait si bien compris l’utilité des crises pour imposer, de gré ou de force, les potions ultralibérales les plus amères aux populations. « Seule une crise, réelle ou supposée, produit un vrai changement. Lorsqu’elle se produit, les mesures prises dépendent des idées alors en vigueur », disait-il. Et face à cette nouvelle crise dont l’ultralibéralisme est l’unique responsable, la doxa en vigueur consiste à réduire sans relâche le coût du travail (en Grèce, il a déjà baissé en moyenne de 14% depuis deux ans) afin de laminer la protection sociale (chômage, retraite…), flexibiliser l’emploi au maximum (la Cour européenne de justice vient d’autoriser le renouvellement illimité du CDD) et détruire au maximum les garanties offertes par le Code du travail (comme nos "accords-compétitivité-emploi" en préparation). Quitte à nous conduire droit dans le mur.

Thomas Enders, patron licencieur et boursicoteur

Rappelons que ce capitaine d’industrie était fortement impliqué dans l’affaire EADS — où 10.000 emplois ont été sacrifiés grâce à l’incompétence de leurs dirigeants — et le scandaleux délit d’initié qui en a jailli (Noël Forgeard, ancien co-président d’EADS, Thomas Enders, ex-coprésident exécutif d’EADS, Gustav Humbert, ex-président d’Airbus, Jean-Paul Gut, ex-directeur commercial d’EADS, Hans-Peter Ring, directeur financier d’EADS, François Auque, PDG d’EADS Space… ont notamment été soupçonnés d’avoir vendu massivement, de fin 2005 à début 2006, des actions du groupe avant que leur cours ne s’écroule en juin 2006). Il s’était alors plaint d’avoir été « traité comme un criminel » et « stigmatisé »… le pauvre !

Mine de rien, selon le rapport de l’Autorité des marchés financiers, Thomas Enders avait bel et bien vendu 50.000 actions en novembre 2005 qui lui ont rapporté environ 711.000 euros. Pourtant, il n’avait pas de problème de salaire : en 2006, sa rémunération brute totale dépassait 1,7 million d’euros. Alors que Noël Forgeard ou le directeur commercial d’Airbus, l’Américain John Leahy, ont été mis en examen, notre « Major Tom », ancien officier parachutiste, s’en est bien tiré, l’AMF l’ayant simplement placé sous statut de témoin assisté.

L’affaire oubliée, on voit que l’homme a repris du poil de la bête. Cet « Allemand à la poigne de fer » va succéder à Louis Gallois au poste de président exécutif du groupe tandis qu’un certain Jean-Claude Trichet, 68 ans et toujours pas à la retraite, fait son entrée au conseil d’EADS en tant qu’administrateur de la maison mère d’Airbus : un job lucratif et pas trop fatiguant. La nomination de l’ex gouverneur de la BCE, paléo-libéral obsédé par l’inflation, est un « élément-clé de la relation franco-allemande », nous dit-on. Entre « maîtres du monde » et champions du cynisme, on se comprend.

SH


http://www.actuchomage.org/20120202...
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Re: Medef et néolibéraux déclarent la guerre aux salariés

Messagede Béatrice » 12 Fév 2012, 19:49

Flexibilité du temps de travail :

Une disposition visant à se passer de l'accord du salarié dans la répartition du temps de travail selon les besoins de l'entreprise , a été votée mardi
31 janvier dernier par l'Assemblée Nationale :


Actuchômage :

Accords "compétitivité-emploi" et loi Warsmann : les syndicats sont furieux
Samedi, 11 Février 2012 09:10
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Malgré la promesse de François Fillon, l'article 40 de la loi Warsmann a été voté en seconde lecture à l'Assemblée nationale.

Poussés par Nicolas Sarkozy à négocier rapidement un accord national sur la variation du temps de travail en fonction de la situation de l'entreprise, les syndicats se rendront, remontés et à reculons, aux négociations "compétitivité-emploi" prévues avec le patronat à partir de vendredi prochain.

Le gouvernement a laissé deux mois aux partenaires sociaux pour aboutir à un accord et François Fillon s'est engagé à ne pas légiférer sur le sujet entre-temps. D'où la colère des syndicats cette semaine après le vote, mardi 31 janvier au soir, en seconde lecture par l'Assemblée nationale, d'une disposition visant à se passer de l'accord du salarié en cas de "modulation" de la durée de travail (répartition du temps de travail sur tout ou partie de l'année).

Cette disposition est introduite par l'article 40 d'une proposition de loi (la n°3706 du député UMP Jean-Luc Warsmann, déposée depuis le 28 juillet 2011) qui n'a pas grand chose à voir avec la réglementation du travail, puisqu'elle est «relative à la simplification du droit et à l'allègement des démarches administratives». Cet article a donc toutes les allures d'un cavalier législatif.

La CFDT, pourtant prête à négocier un cadre juridique si le débat ne se limite pas à celui du coût salarial, a demandé mercredi au Premier ministre d'intervenir pour que le vote de cet article 40 soit bloqué au Parlement.

Chantage à l'emploi

La question du consentement individuel des salariés est en effet au cœur des négociations qui démarrent le 17 février. Le gouvernement veut promouvoir des accords collectifs qui s'imposeraient à tous, accédant ainsi à une revendication du Medef. Les accords dits de "compétitivité-emploi" visent à permettre à l'entreprise d'ajuster la durée de travail de ses salariés — et donc les salaires — à la conjoncture, en échange d'une garantie de maintien des emplois.

Opposée à un accord national qui ferait "sauter le verrou de l'accord individuel du salarié", FO dénonce "un tour de passe-passe entre gouvernement et législateur", et la CGT un "coup de force". Ces deux syndicats sont sur le fond les plus virulents.

Pour FO, ces accords ne sont que des "chantages à l'emploi" à l'issue incertaine pour les salariés. Et le syndicat de rappeler le précédent du site de Continental à Clairoix (Oise), fermé en 2010 malgré un accord, signé fin 2007, sur le retour aux 40 heures par semaine qui devait assurer sa survie jusqu'en 2012.

Pour Bernard Thibault (CGT), ces accords ouvriraient la vanne de la "déréglementation du temps de travail". "On ne sera pas là pour négocier de la régression sociale", prévient Maurad Rabhi qui représentera la CGT aux négociations. "A la différence du dispositif de chômage partiel, les accords de compétitivité font totalement supporter le coût de la crise au salarié", s'insurge-t-il.

Des salariés consentants

Parce que ces accords sont déjà possibles avec l'aval individuel de salariés qui préfèrent conserver leur emploi même en étant moins payés, la CFDT et la CFTC souhaitent négocier des garanties et des recours pour les salariés. "On peut concevoir qu'un effort temporaire soit fait" en cas de passe difficile pour l'entreprise et "à la condition de sécuriser" les accords, explique Joseph Thouvenel (CFTC). Mais les utiliser, comme le souhaite également le gouvernement, dans les phases de croissance d'activité, "serait un glissement vers le grand n'importe quoi, c'est-à-dire la déréglementation et l'ultralibéralisme", prévient-il. La CFTC veut "contractualiser" l'engagement de l'entreprise avec des "sanctions financières" s'il n'est pas respecté.

"Quand peut-on dire à un moment que c'est conjoncturel ou bien structurel ?", leur rétorque Stéphane Lardy (FO).

La CFDT a écrit au Premier ministre qu'elle était "prête à s'engager" sur "la question de la compétitivité des entreprises". Elle veut mettre sur la table les questions de "gouvernance d'entreprise, de partage des richesses et d'investissement en recherche et développement".

Les syndicats se rejoignent pour dénoncer le calendrier serré imposé par l'Elysée. Nicolas Sarkozy "veut uniquement faire de ces négociations un outil de campagne électorale", estime Maurad Rabhi (CGT).

(Source : Les Echos)


http://www.actuchomage.org/
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Re: Medef et néolibéraux déclarent la guerre aux salariés

Messagede Béatrice » 27 Fév 2012, 09:30

La litanie du nombre des acquis sociaux se poursuit inexorablement : ce sont les chômeurs qui sont à leur tour , une fois de plus , dans la ligne de mire
du gouvernement , qui bafoue leurs droits fondamentaux ( une tendance qui s'inscrit dans une politique européenne en voie de généralisation ) :



Actu-chômage
Travail forcé : une convention bafouée par ses signataires


Samedi, 25 Février 2012

Au nom de la sacro-sainte « valeur travail » et de la lutte contre le chômage, le respect des constitutions nationales et des conventions internationales a totalement volé en éclat.

Il est certainement inutile de rappeler qu’en France, en vertus des alinéas 5 et 11 du Préambule de notre Constitution, il est dit que :
« Chacun a le devoir de travailler et le droit d’obtenir un emploi » ,
et que :
« Tout être humain qui, en raison de son âge, de son état physique ou mental, de la situation économique, se trouve dans l’incapacité de travailler, a le droit d’obtenir de la collectivité des moyens convenables d’existence. »

Inutile car, depuis plusieurs décennies où le chômage de masse et la précarisation du travail sont devenus la norme économique, le droit d’obtenir un emploi et, à défaut, celui d’obtenir des moyens convenables d’existence, est allègrement piétiné.

En France, où les chiffres officiels restent scotchés sur l’année 2009, plus de 8 millions de personnes soit 13,5% de la population vit dans la pauvreté (il va sans dire que cela s’est aggravé depuis) et la misère noire — personnes en « situation de privation matérielle grave » [1] — touche 6% de notre population, bien que nous soyons la 5e puissance économique du monde...

La France n’est pas une exception. Les impératifs économiques ayant supplanté les droits humains, chaque pays viole ses propres textes fondateurs, à l’image de notre voisin allemand qui fut, il y a deux ans, condamné par sa Cour constitutionnelle à repenser le mode de calcul de ses minima sociaux, jugé indigne et inconstitutionnel (hélas, on ignore quelles suites ont été données à cette condamnation)... Et il suffit d’éplucher les chiffres du chômage et de la pauvreté en Europe pour mesurer à quel point le droit à l’emploi et à une existence digne n’est pas une priorité.

Le recours au travail forcé

De plus en plus, dans la lignée du workfare à l’anglo-saxonne qui applique le principe de la carotte et du bâton, on oblige les victimes du chômage, bénéficiaires d’aides sociales, à effectuer quelques heures de travail pour justifier leurs maigres allocations. Faute de ne pouvoir fournir à chacun un emploi digne de ce nom, on partage la pénurie ; ainsi, comble du cynisme, les « exclus » sont à la fois maintenus dans l’« assistanat » et ouvertement stigmatisés.

En Allemagne, les « jobs à 1 euro » sont désormais célèbres. Au Royaume-Uni, on contraint les chômeurs à effectuer 30 heures de travail hebdomadaire obligatoire sur une durée de quatre semaines, sous peine de suspendre le versement de leur allocation pendant 3 mois. Pareil en Hongrie où, pour mériter l’aide sociale, les pauvres doivent travailler gratuitement alors que s’ils travaillaient normalement en étant payés comme il se doit, ils n’auraient pas besoin d’y recourir : on atteint là des sommets de machiavélisme.

Chez nous, après quelques tentatives plus ou moins extrêmes — des propositions de Jean-François Copé, Laurent Wauquiez ou Pierre Lang —, l’idée de faire travailler gratuitement les chômeurs de longue durée et les allocataires du RSA s’est estompée au profit de l’exécution d’un « travail d’intérêt général » ou TIG, un terme pourtant utilisé dans le cadre d’une sanction pénale de substitution à l’emprisonnement pour les délinquants, mais que le gouvernement a réussi à faire rentrer dans le langage courant. Ainsi est laborieusement expérimenté dans plusieurs départements un contrat de 7 heures par semaine. Ceux qui refusent cette miette d’emploi sont passibles de sanctions.

Il est certainement inutile de rappeler que la France, pays des Droits de l’Homme, est signataire de la Convention n°105 sur l’abolition du travail forcé adoptée par les membres de l’OIT, qui dit :

« Tout Membre de l’Organisation internationale du Travail qui ratifie la présente Convention s’engage à supprimer le travail forcé ou obligatoire et à n’y recourir sous aucune forme :
a / en tant que mesure de coercition ou d’éducation politique ou en tant que sanction à l’égard de personnes qui ont ou expriment certaines opinions politiques ou manifestent leur opposition idéologique à l’ordre politique, social ou économique établi ;
b/ en tant que méthode de mobilisation et d’utilisation de la main-d’oeuvre à des fins de développement économique ;
c/ en tant que mesure de discipline du travail ;
d / en tant que punition pour avoir participé à des grèves ;
e/ en tant que mesure de discrimination sociale, raciale, nationale ou religieuse. »

L’OIT considère que la « participation obligatoire à des travaux publics » s’apparente à du travail forcé et juge qu’« une relation de travail devrait être librement consentie et exempte de menaces ».

Faut-il encore rappeler que la France ne respecte pas les articles 4, 23 et 25 de la Déclaration universelle des Droits de l’homme dont elle est le pays, et qui dit :

« Nul ne sera tenu en esclavage ni en servitude. »

« Toute personne a droit au travail, au libre choix de son travail, à des conditions équitables et satisfaisantes de travail et à la protection contre le chômage. Tous ont droit, sans aucune discrimination, à un salaire égal pour un travail égal. Quiconque travaille a droit à une rémunération équitable et satisfaisante lui assurant ainsi qu’à sa famille une existence conforme à la dignité humaine et complétée, s’il y a lieu, par tous autres moyens de protection sociale. »

« Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l’alimentation, l’habillement, le logement, les soins médicaux ainsi que pour les services sociaux nécessaires ; elle a droit à la sécurité en cas de chômage, de maladie, d’invalidité, de veuvage, de vieillesse ou dans les autres cas de perte de ses moyens de subsistance par suite de circonstances indépendantes de sa volonté. »

Simples quidams ou grands dirigeants, tous ceux qui, bêtement ou sciemment, sont convaincus du contraire sont anti-républicains.

SH

[1] Privation matérielle grave = privation d’au moins 4 de ces 9 éléments : paiement de loyer ou de factures courantes, chauffage, dépenses imprévues, alimentation en protéines tous les deux jours, une semaine de vacances, voiture, lave-linge, téléviseur couleur, téléphone.


http://www.actuchomage.org/201202251956 ... aires.html
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Re: Medef et néolibéraux déclarent la guerre aux salariés

Messagede Béatrice » 02 Mar 2012, 17:23

Selon le patron de la BCE , Mario Draghi ( successeur de J-C Trichet et ex vice-président de Goldman Sachs Europe entre 2002 et 2005 ! ) :
" le modèle social européen est mort !"


http://www.actuchomage.org/201202271960 ... ort-r.html
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Re: Medef et néolibéraux déclarent la guerre aux salariés

Messagede Béatrice » 17 Avr 2012, 15:13

L'offensive néolibérale est désormais "consommée" !
A quelques jours de l'élection présidentielle , les intentions affichées par la toute-puissante Europe néolibérale s'affichent et demain , la Commission européenne présentera
toute une batterie de réformes qui vont dans le sens des directives dictées par la BCE ( Banque Centrale Européenne ) viewtopic.php?f=72&t=5566&p=69760#p68230


Emploi, Smic : les propositions ultralibérales de Bruxelles
Mardi, 17 Avril 2012 04:21
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Pour lutter contre le chômage et relancer l'activité, la Commission européenne propose, sans surprise, un cocktail de mesures imbuvables.

Mercredi, Bruxelles rendra public un document non contraignant qui recense ses propositions pour relancer l'emploi. Baisse des “charges” salariales, libre circulation de la main-d'œuvre à travers toute l'UE, transformation d'une partie des allocations chômage en aides actives à la création d'emploi et généralisation d'un salaire minimum fixé branche par branche sont au menu. De quoi mettre le feu aux poudres à gauche comme à droite.

Sur fond d'échéances électorales en France et en Grèce, José Manuel Barroso en laissera la présentation au Hongrois Laszlo Andor, commissaire à l'Emploi et aux Affaires sociales. Or, celui-ci marche sur des œufs. Car l'exécutif européen n'a que peu de compétences dans ce domaine sensible réservé largement aux gouvernements nationaux. Mais Bruxelles entend initier un débat au moment où l'Europe est à la recherche de pistes pour soutenir la croissance en berne du continent. «L'idée est de proposer une coordination des politiques de l'emploi un peu sur le modèle de ce qui se passe pour les politiques budgétaires», afin d'encourager les gouvernements nationaux à prendre en compte le marché de l'emploi de l'Union dans son ensemble, et plus seulement dans le cadre de leurs frontières respectives.

A l'instar de Nicolas Sarkozy, Bruxelles s'affiche en faveur d'une baisse des “charges” salariales pesant sur les entreprises. C'est un «instrument privilégié pour renforcer l'offre de travail», précise la dernière version du texte obtenue par Le Figaro. La Commission suggère comme ressources de remplacement la TVA, les impôts «verts» et la taxation foncière.

Une autre proposition phare risque en revanche de susciter de hauts cris, en écho à des controverses anciennes sur le «plombier polonais» et la directive Bolkenstein. Il s'agit de lever les derniers obstacles à un marché unique du travail en Europe, sur le modèle américain : «La mobilité du travail n'est pas suffisante dans l'UE. […] Afin d'exploiter toutes les possibilités, il est crucial d'assurer l'adéquation entre la demande et l'offre» à l'échelon européen, notent les auteurs qui estiment qu'en dépit de la montée du chômage, de nombreux emplois ne sont pas pourvus. Sur ce front, la Commission s'avance sur deux pistes dangereusement minées. La première est la levée des restrictions à l'emploi des Roumains et des Bulgares, programmée par traité au plus tard fin 2013 mais encore refusée par neuf pays rétifs dont la France. La seconde est l'ouverture des emplois publics nationaux à tous les ressortissants de l'UE, sauf exception de souveraineté validée par la justice européenne.

Chiffons rouges

Autre suggestion sensible : la Commission propose de transformer une partie des allocations versées aujourd'hui aux chômeurs en aides actives à la création d'emploi, système à ses yeux plus efficace que «l'assistance». Et d'assouplir des règles archaïques d'indemnisation qui empêchent les chômeurs de chercher du travail dans un autre pays que le leur.

Pour finir, Bruxelles agite un chiffon rouge sous les yeux de la gauche européenne tout entière : celui d'un salaire minimum national «décent» qui pourrait être différencié selon la branche professionnelle. Un moyen, assure-t-elle, de «soutenir l'offre d'emploi». Les auteurs ne précisent pas le modèle. Mais ils assurent que les salaires planchers devraient être discutés «en concertation avec les syndicats et en fonction de l'évolution économique». En France, l'idée a déjà commencé à susciter des protestations. Marine Le Pen a accusé la Commission de vouloir «l'explosion du Smic». «Sous le séduisant prétexte de suggérer des Smic "qui ne soient pas trop bas", elle imagine de créer des Smic à géométrie variable suivant les branches d'activité. Autant dire "plus de Smic du tout", et une législation sociale éclatée organisant la concurrence entre eux de tous les travailleurs», dénonce Jean-Luc Mélenchon qui plaide pour un véritable Smic européen.

Bruxelles s'adresse en particulier à l'Allemagne où les salaires minimum sont jugés trop faibles. La chancelière Angela Merkel, sous pression de l'OIT et de la France en particulier pour encourager des hausses de salaires dans son pays et soutenir ainsi la demande intérieure, n'appréciera pas forcément. «Nous posons la question : lorsqu'un salaire minimum est trop bas, qu'il est gelé depuis trop longtemps, cela ne constitue-t-il pas un frein à l'embauche des travailleurs non qualifiés» qui sont, du coup, faiblement incités à aller occuper un emploi car la différence entre leurs allocations chômage et le salaire proposé est trop faible ?, interroge-t-elle. Selon un diplomate européen proche du dossier, cela marque une évolution du discours de la Commission. Alors qu'il était surtout libéral jusqu'ici sur ce point en jugeant que les salaires minimums constituaient un frein à l'embauche, «la Commission considère qu'à un niveau approprié ils peuvent être un moyen d'éviter les trappes à pauvreté», dit-il.

L'apport de la Commission n'est qu'un travail prospectif. Il y a peu de chances que cette communication «Vers une croissance riche en emplois» aboutisse en l'état. Mais elle s'annonce assez controversée pour que les vingt-sept commissaires souhaitent la réexaminer une dernière fois, avec le collège au grand complet, mercredi à Strasbourg.

Pour Bruxelles, il est clair que relever le défi du chômage nécessite des solutions hardies. À la traîne des puissances émergentes mais aussi des États-Unis, l'UE a perdu 4,5 millions d'emplois nets depuis 2008. Depuis janvier, une seconde récession en trois ans a fait passer le taux de chômage moyen au-dessus de 10%. Et relancé du même coup un débat sur la croissance auquel personne n'offre encore de réponse vraiment convaincante.

(Source : Le Figaro)

http://www.actuchomage.org/201204172035 ... elles.html

A lire :

Un article de Serge Halimi dans le Monde diplomatique de ce mois d'avril , intitulé " L'audace ou l'enlisement " ou il déclare en substance :

[ Une stratégie de gauche qui ne remettrait pas en cause ce garrot financier est par conséquent condamnée d'emblée . Or l'environnement politique européen interdit d'imaginer
que ce résultat financier puisse être obtenu sans combat. A l'heure actuelle , l'embolie générale est contenue par un torrent d'argent que la Banque centrale européenne ( BCE )
déverse à bas prix sur les banques privées , à charge pour celles-ci de le reprêter plus cher aux Etats...]
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Re: Medef et néolibéraux déclarent la guerre aux salariés

Messagede Béatrice » 20 Avr 2012, 18:05

Le manifeste ultralibéral de nos grands patrons
Vendredi, 20 Avril 2012 12:04

Après les élections, entre les priorités du Medef et celles de la finance, les salariés devront lutter âprement pour défendre leurs acquis.

Image

A deux jours du premier tour de la présidentielle, sous l'égide de l'Institut de l'Entreprise, 25 grands patrons publient vendredi un "manifeste", plaidoyer à tonalité libérale pour la réduction des dépenses publiques, la compétitivité et la refonte du "pacte social".

Prônant une "concentration de l'Etat sur son cœur de missions", les signataires appellent à une série de "mesures immédiates", comme l'indexation des retraites et des prestations sociales "sur l'inflation diminuée d'un point" (une mesure qui permettrait d'économiser 11 milliards d'euros), ou le gel des mesures générales d'augmentation des salaires dans la fonction publique (pour une économie de 9 milliards).

Afin de "restaurer la confiance des entrepreneurs" et la compétitivité, ils réclament une TVA sociale élargie à la CSG et à la fiscalité écologique — «Compte tenu du poids démesuré du financement de la protection sociale sur le coût du travail, il est essentiel de transférer une partie des cotisations sociales vers la fiscalité des ménages», estiment-ils —, ainsi qu'un "moratoire de 5 ans sur les règles sociales et fiscales des entreprises" ou un investissement "massif" dans la qualification des salariés.

Faire du dialogue social un "levier de compétitivité"

La refondation du pacte social, troisième volet de ce "manifeste" publié sur le site internet de l'Institut de l'Entreprise, think tank proche du patronat et de la finance, viserait à faire du dialogue social un "levier de compétitivité". Cette refondation passerait selon eux par l'inscription de l'autonomie des partenaires sociaux dans la Constitution, une négociation annuelle sur la flexibilité, ou l'assouplissement des conditions d'exécution du contrat de travail en période de crise. «Nous devons inventer, avec les partenaires sociaux, les modalités d’une flex-sécurité à la française (…), car renforcer la souplesse de notre marché du travail doit aller de pair avec de nouvelles protections et de nouveaux droits.»

Pour Xavier Huillard, président de l'Institut de l'Entreprise et PDG de Vinci, «bien-être, bien vivre, emplois, protection et cohésion sociales sont plus que jamais indissociables de la performance» des entreprises. C'est «l'enjeu du prochain mandat présidentiel», assure-t-il.

Parmi les signataires figurent d'autres grands noms du patronat et du CAC40 parmi lesquels François Pérol (BPCE), Denis Kessler (Scor), Philippe Houze (Galeries Lafayette) et Gérard Mestrallet (GDF Suez).

(Source : L'Expansion)


http://www.actuchomage.org/201204202040 ... trons.html
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Re: Medef et néolibéraux déclarent la guerre aux salariés

Messagede Béatrice » 06 Mai 2012, 18:24

Plans sociaux : la vie d'après

Une rafale de licenciements s'annonce après les élections. Mais que deviennent ceux qui ont vu les portes de leur entreprise se fermer à jamais ? Cellatex, Moulinex et autres... Retour sur ces sacrifiés qui n'en finissent pas de payer la facture.


Image


Cet été-là, Givet, 8.000 habitants, cul-de-sac des Ardennes, a vu débarquer le Washington Post et les caméras de CNN. Echoué sur la chaise de son salon-cuisine, dans sa petite maison ouvrière de l'allée des Bouvreuils, Patrick Harlaux s'en souvient encore : "La tête des Américains, en arrivant ici..."

C'est l'histoire d'une révolte qui a fait le tour du monde. En ce début juillet 2000, les 153 ouvriers de la filature Cellatex menacent de faire sauter leur usine. Les "terroristes" se sont barricadés dans les murs avec 56.000 litres d'acide sulfurique et 46 tonnes de sulfure de carbone. De quoi raser tout le quartier. Le patron autrichien s'est envolé avec la caisse et les brevets. Chevènement envoie le GIGN rue du Bon-Secours. Sans le savoir, les "Cellatex" viennent d'inaugurer une nouvelle forme de "dialogue social" qui allumera, par la suite, bien d'autres foyers. La violence comme un ultime baroud d'honneur. Car, partout, les plans sociaux ont continué de pleuvoir, jetant des chiourmes de salariés, cadres comme ouvriers, sur le bas-côté. Et la présidentielle n'aura été qu'une trêve. Le pire est à venir.

Près de douze ans ont passé et un relent d'acide plane sur Givet, comme le fantôme de cet été évanoui. Au bout de la rue du Bon-Secours, coincée entre une voie ferrée qui ne mène à rien et un port en cale sèche, la filature est toujours là. Enfin, ce qu'il en reste. Un mur d'enceinte qui protège un tas de gravats et des bâtiments aux vitres crevées. Les ex-"terroristes" sont toujours là, eux aussi, pour la plupart blottis dans ces pavillons ouvriers ourlés de jardinets.

"Quand tout ça meurt, c'est votre vie qui s'en va"

Près de douze ans ont passé et il en rigole, Serge Baroni, au bord de l'amer. "La dynamite, le cordon qu'on avait suspendu à la cuve, c'était du savon." Ils ont défié le GIGN avec de la glycérine. Serge Baroni, 53 ans, carrure de pilier de mêlée, est l'un de ceux qui, dès le soir de la fermeture, ont commencé à empiler des bonbonnes de gaz devant l'entrée et séquestré trois jours le liquidateur judiciaire, un diabétique, qui en a fait une syncope.

Aujourd'hui, assis dans son salon, l'ancien meneur a les épaules lourdes. "On voulait sauver notre emploi et notre industrie qui part en sucette : le textile, les fonderies... En France, on ne sait plus faire que des TGV et des Airbus." A la télé, sur la route de l'Elysée, il a vu les candidats défiler à Gandrange, Sarkozy faire claquer son carnet d'adresses Vuitton pour les culottes Lejaby. "Rien n'a changé, quoi. Enfin si : grâce à notre combat, les patrons ne peuvent plus licencier les gens comme ils veulent. Aujourd'hui, on va aux Prud'hommes et ils casquent."

Avec la prime de 80.000 francs qu'ils ont fini par arracher avant l'arrivée de l'euro, comme si on leur avait filé le jackpot, Serge a ouvert un bar. "Le Petit Bonheur", il l'a appelé. Ça a duré quatre ans. Ensuite il a tout tenté : le camion poubelles, le bâtiment... En intérim, comme pour la plupart des Cellatex qui ont pu retrouver un travail, une moitié environ. Aujourd'hui, il pointe à la centrale nucléaire de Chooz pour 1.500 euros par mois. Son contrat se termine en mai.

C'était leur bijou de famille, la "Soie". Comme Serge, Corinne Solignat, 52 ans, un sacré bout de femme, y a vu ses grands-parents, ses parents s'échiner sur la pâte de bois, le lavage des bobines. "On n'était pas diplômé de naissance, on s'enrôlait à la fin de l'adolescence, on se disait : on y va, c'est comme ça, c'est ça le bonheur. Quand tout ça meurt, c'est votre vie qui s'en va, dit-elle en tapotant la toile cirée de sa cuisine. Des années après, j'en croisais qui croyaient que l'usine allait rouvrir. Mais réveille-toi, mon vieux !" Elle a mis quatre ans à retrouver un emploi… dans une cantine en Belgique.

Patrick Harlaux, lui, n'a pas pu. Avant, il avait un travail, une copine, une voiture, un permis de conduire. "Il me reste mon trois-pièces et mon vélo", lâche-t-il d'une voix brève. Sur son CV, il y a marqué : "52 ans, CAP de menuisier, vingt ans à Cellatex, invalidité." Une fois, Patrick a essayé de s'enfoncer dans l'étang, alourdi par l'ivresse. On l'a repêché. Une autre fois, c'était des cachets. "Je n'étais plus rien", murmure-t-il, les mots coincés dans la gorge. Mais il est en vie. D'autres ont été vaincus par l'alcool et la solitude dans les deux ans qui ont suivi la fermeture, et leur mort n'a ébranlé personne au-delà de Givet. "On ne parle pas des dégâts psychologiques et physiques des plans sociaux, ni des suicides, à bas bruit, des années après", martèle Christian Larose, ex-patron de la fédération CGT du textile, qui a vu bien des durs s'écrouler.

"Il faut reprendre confiance en vous, madame"

A Cormelles-le-Royal (Calvados), en jean et santiags, Maguy Lalizel fait le tour du propriétaire, pointe du menton le trou au plafond, la peinture qui part en puzzle : "Voyez, c'est vétuste, mais hors de question qu'on foute le camp." Depuis qu'elle s'est fait virer par Moulinex avec les 1.350 ouvriers du site, en 2001, Maguy n'a pas bougé des locaux. Elle y a cofondé une association pour s'occuper des anciens, tisser des projets avec l'agglo et prolonger la bataille.

Leur dernière victoire : en début d'année, la Cour de cassation a donné raison à la Cour d'appel de Caen sur l'indemnisation de 800 salariés pour un licenciement "sans cause réelle ni sérieuse". Il paraît que les journalistes américains - encore eux - sont venus à Cormelles. Le Wall Street Journal, cette fois : "Ils ne comprennent pas qu'on soit encore là dix ans après un plan social ! On est devenus une référence pour d'autres salariés", se réjouit Maguy tout en claquant la bise à Mireille, Josette et Maurice, abonnés aux petits boulots et aux minima sociaux, qui viennent tous les jeudis aux AG. "Quand j'ai vu des gens de Levi's, Dunlop, seuls, paumés, des années après leur licenciement, je me suis dit : Il faut rester groupés", sourit-elle.

Maguy aussi s'est retrouvée comme un "numéro d'identifiant", pendant cinq ans. A l'ANPE, elle déballait son sac à dos gonflé de CV. "Pour leur montrer qu'on ne voulait pas de moi, nulle part." Quand Maguy a franchi les portes de l'atelier de presse à 18 ans, elle ne pensait pas tenir une minute dans la boîte. Un bruit de forge, blang, blang, la chaîne, 700 coups de pédale à l'heure, les mains ligotées par des courroies pour les protéger des machines comme des pinces coupantes. Elle y est restée trente ans. Et rien à répondre au type de la cellule de reclassement, cette compresse censée aider la réinsertion après un licenciement : "Alors c'est quoi, vos diplômes ? Il faut reprendre confiance en vous, madame Lalizel". Bilan de la cellule, selon Maguy : "Zéro reclassement et beaucoup d'argent foutu en l'air".

On ne les entend pas, on en parle moins. Ces gens-là ne causent pas, ou si peu. Mais le monde du travail frappe sans distinction les petites mains comme eux, les cadres, qu'ils soient moyens ou supérieurs. Evidemment, pour eux, le chèque compte plus de zéros. Mais qu'est-ce qu'un chèque face à l'échec ?

"Quand tu dis que tu es chômeur, c'est comme si tu annonçais un cancer"

Sur le papier, Michèle était du bon côté du manche : directrice de "business unit" dans la filiale informatique d'un grand groupe européen, CV alignant les diplômes, vingt-sept ans de boîte, une carrière comme un tapis de roses. Naguère, cette excellence aurait mené à la médaille du travail et à un pot d'honneur. Plus maintenant. Pour sa reconversion, cette jolie brune de 51 ans au carré ondulé veut intégrer un cabinet de conseil dans la reconversion.

Il y a un an Michèle a œuvré, en secret, à ficeler un plan social, ciblant les postes qui allaient sauter, avant de se faire virer trois mois plus tard dans le cadre de ce même plan. Dans son équipe, 80 personnes sur 350 avaient la tête sur le billot. "Pas assez rentables". Dans ce café de la Défense, l'ex-directrice promène un long regard sur la foule pressée qui émerge du métro : "J'étais très mal. Je devais mentir à des gens pour leur faire avaler la pilule..." Elle s'entend débiter son discours, concierge de la direction, qui lui dit : "It's just a job". Jusqu'au jour où, lisant les documents sortis du CE, elle apprend que son propre poste est supprimé. "J'ai passé six mois affreux, avant de renaître..." Avec son sac à dos, entre son stage en entreprise et sa formation, ce matin de printemps, elle ressemble à une étudiante de 50 ans.

Ils ont escaladé le monde, tout sacrifié au travail et, soudain, le sol se dérobe sous leurs pieds. Quand Bénédicte Haubold, fondatrice du cabinet Artélie Conseil, spécialisé dans la prévention des risques humains liés aux restructurations, a vu entrer pour la première fois Jean, 46 ans, c'était un bel homme, directeur financier d'un groupe agroalimentaire, bien mis, sous contrôle. Lui aussi travaillait à un plan social qui allait se retourner contre lui, il le sentait. A J-30, il est revenu, pour demander une psychologue. Et il a tout raconté, derrière la buée de ses lunettes. Les nuits sans sommeil. La paralysie qui s'empare de son bras, d'une partie du visage, comme du bois dur, n'importe quand, sur le parapheur, en réunion. Ce besoin de claquer la porte du bureau, plusieurs fois par jour, pour faire le tour du building et prendre l'air. Il n'a rien dit à sa famille. Et surtout pas qu'à 46 ans, il est trop vieux, il n'a plus sa place dans la pyramide des âges qu'il a lui-même contribué à ériger à grands coups de graphiques.

"Quand tu dis que tu es chômeur, c'est comme si tu annonçais un cancer", lâche Pierre, ex-commercial dans l'aéronautique. Depuis dix mois sans emploi, il esquive les SMS du paternel à 8 heures du matin : "Tu as envoyé ton CV à machin ?" Il sacrifie à un "process com", à mi-chemin du bilan de compétences et de la psy ("Je passe la révision des 100.000", dit-il drôlement), casse les murs de son appartement, s'épuise au squash, refait le tour de sa vie. "J'apprends beaucoup sur moi", positive-t-il.

D'autres, avec leurs indemnités, ont ouvert un gîte dans la pinède, créé une boîte, tourné la page. Ancien de la téléphonie, Edouard Thierrée a monté, à Chambourcy, Punch'n Goal, pour aider les cadres sous pression, les managers à gérer leur stress par le golf. Jean-Marie Bernard, lui, a laissé parler sa fibre écolo. Il pose des panneaux solaires à Bordeaux, il a une maison, gagne deux fois moins que chez SFR mais il s'en fout. C'est son quatrième métier. Le bon. "Pour rebondir après un plan social, l'important, c'est d'être souple et bien entouré." Ce n'était pas le cas de ce directeur financier d'une entreprise d'aluminium qui s'est tiré une balle dans la tête, en plein milieu de son bureau. Trente ans d'une vie au cordeau, dans la même boîte. Et bon à jeter. Il s'est raté. Aujourd'hui, il vit dans un fauteuil.


http://www.actuchomage.org/201205052065 ... apres.html
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Re: Medef et néolibéraux déclarent la guerre aux salariés

Messagede Béatrice » 22 Mai 2012, 19:02

Plans sociaux : la vie d'après (suite après élection )

Air France : licenciements en vue jusqu’à 2015

Dimanche 20 mai 2012, par Victor Morrisset // Air France

Chez Air France, les négociations sociales entrent dans le vif du sujet. Jeudi, lors d’un comité central d’entreprise, le PDG de la compagnie, Alexandre de Juniac, lèvera le voile sur son plan industriel pour les trois prochaines années. Air France, en mal de compétitivité, n’abandonnera aucune activité, mais toutes seront concernées par l’effort. La low-cost du groupe, Transavia, devrait être étoffée et reprendre certaines destinations loisirs d’Air France. Le long-courrier devra chercher à abaisser ses coûts - surtout sur la classe économique - et à améliorer ses prestations « business ». L’activité cargo devrait réduire le nombre d’appareils qui lui sont entièrement dédiés. La maintenance réduira ses coûts et ses tarifs pour rester compétitive…

Objectif global sur lequel direction et syndicats se sont entendus en mars dernier : abaisser les coûts de 20 %, hors carburants. « Il y a dans l’entreprise une prise de conscience sur la situation de la compagnie, confiait mi-avril le président du groupe Air France KLM, Jean-Cyril Spinetta. Cela ne fait plus débat. Tout le monde a compris la nécessité d’agir. » Pour les salariés d’Air France, cela signifiera deux choses : un accroissement du temps de travail - point clef de la renégociation de l’ensemble des accords d’entreprise -, mais aussi des suppressions de postes.

Sur ce dernier point hautement sensible, l’heure des calculs n’a officiellement pas encore sonné. Les dirigeants de la compagnie s’en tiennent au calendrier déjà annoncé : c’est fin juin qu’ils détailleront les mesures prises pour affiner durablement la silhouette de l’entreprise. Selon nos informations, le total des suppressions de postes devrait atteindre 5000 emplois d’ici à 2015, sans licenciement sec.

Des mesures ouvertes pour la première fois aux pilotes Air France compte d’abord, comme par le passé, sur les départs naturels de salariés non remplacés pour réduire la voilure. Chaque année, 800 personnes quittent la compagnie. Leur non-remplacement trois années de suite se traduira par 2400 postes en moins.

Par ailleurs, un plan de départs volontaires devrait doubler le nombre de suppressions pour parvenir à terme à 5000 emplois. Le rythme va donc être très sensiblement accéléré. Ces trois dernières années, Air France a dégraissé discrètement ses effectifs de plus de 4000 postes, dont 1800 départs volontaires dans le cadre, déjà, d’un plan lancé en 2009.

Mais cette fois, Air France ira plus loin : le plan de départs sera ouvert à toutes les catégories de personnels : hôtesses et stewards, personnels au sol et… pilotes. Une première.

Chez les 4000 pilotes d’Air France, on devrait en effet trouver des candidats au départ. Depuis que l’âge de leur retraite a été repoussé à 65 ans au plus tard, la tranche des plus de 55 ans, soit 590 personnes, pourrait trouver un intérêt à percevoir une prime d’incitation qui leur permettrait de quitter la compagnie plus tôt.

« Les pilotes qui travaillent depuis vingt-cinq à trente ans dans l’entreprise pourraient profiter de la prime maximale », souligne un pilote de la compagnie. Selon les chiffres d’Air France, au moins 500 pilotes ont plus de vingt-cinq ans d’ancienneté au compteur. Les pilotes français qui voient leurs collègues de KLM partir en retraite à 57 ans et ceux de British Airways à 54 ans se disent qu’une telle mesure réparerait une injustice.

Du côté des autres personnels, plusieurs organisations syndicales, comme l’Unac, majoritaire chez les hôtesses et les stewards (PNC), ont posé leurs conditions la semaine dernière.

« Si malgré les solutions alternatives de préservation de l’emploi, les négociations sur la restructuration d’Air France “transform15”, conduisaient la compagnie à faire un plan de licenciement collectif touchant les PNC, nous négocierions alors une alternative aux critères d’ordre des licenciements prévus par le Code du travail avec en priorité un appel aux volontaires et des primes d’incitation au départ », estime Frank Mikula de l’Unac.

« On ne peut pas se permettre de garder les gens en sureffectif, résume un dirigeant du groupe Air France-KLM. Mieux vaut les payer pour ne pas les conserver. Nous allons calibrer le plan pour obtenir un retour sur investissement au bout de deux ans. »


http://www.collectifcontrelespatronsvoy ... article594
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Re: Medef et néolibéraux déclarent la guerre aux salariés

Messagede Béatrice » 22 Mai 2012, 19:10

Après la flexibilité du temps de travail comme modèle préconisé sur l'ensemble de l'UE , c'est la mobilité qui est à l'ordre du jour :


Mobilité, la rustine de Bruxelles

La Commission européenne, lancée dans des grandes manœuvres pour l'emploi, souhaite faciliter la délocalisation de jeunes chômeurs au sein de l'UE. Ainsi compte-t-elle organiser la fuite des cerveaux des pays décimés par ses politiques d'austérité.

Ce lundi, Bruxelles a présenté un projet pilote de portail d'emplois afin d'aider la mobilité de 5.000 jeunes chômeurs dans l'Union européenne [1]. "Il s'agit d'un projet pilote mené avec les agences nationales pour l'emploi de quatre pays, l'Allemagne, l'Espagne, l'Italie et le Danemark, qui permet aux jeunes sans emplois âgés de 18 à 30 ans de bénéficier d'un soutien pour aller travailler dans un autre Etat que le leur", a expliqué Jonathan Todd, porte-parole du commissaire européen à l'emploi Laszlo Andor. "Il est doté d'un budget de 4 millions d'euros et permet d'accorder des soutiens entre 200 et 300 euros afin de couvrir les frais de déplacement engagés pour un entretien d'embauche ou une partie des frais pour une formation linguistique", a-t-il précisé.

Le projet va transformer Eures, le portail européen sur la mobilité de l'emploi, en un service paneuropéen pour l'emploi ouvert à tous les ressortissants de l'Union européenne. "Certains jeunes ne trouvent pas d'emploi chez eux parce que leur pays n'a pas besoin de leurs compétences [2], mais ces mêmes compétences peuvent être recherchées dans un autre pays de l'UE", a expliqué Jonathan Todd. Eures va permettre de recenser les compétences recherchées sur les marchés des quatre pays participant au projet pilote et les demandes d'emplois.

"Près de 2.000 offres ont déjà été identifiées pour le lancement du projet pilote, qui espère aider 5.000 jeunes à trouver un emploi dans sa phase de lancement", a-t-on expliqué à la Commission. "Les politiques pour l'emploi sont une compétence nationale et la Commission n'entend pas se substituer aux responsabilités des Etats", a insisté Jonathan Todd. "Nous n'avons pas de solution miracle au chômage des jeunes. Nous pouvons seulement faire des recommandations et donner des conseils", a-t-il rappelé.

"Le projet pilote n'a pas vocation d'aider les 54% de Grecs qui sont sans emplois et nous ne prétendons pas le faire, mais il peut aider à signaler les offres qui demandent leur profil de formation dans un autre Etat", a-t-il conclu.

(Source : L'Expansion)

[1] Autrement dit, une poignée ! Gageons que la préférence ira aux plus qualifiés...
A noter que l'encouragement à la mobilité du travail dans l'UE fait partie de ses propositions ultralibérales pour relancer l'emploi rendues publiques le 18 avril dernier.

[2] Par exemple les "pays du Sud", décimés par la crise et les politiques d'austérité, dont les jeunes diplômés sont invités en Allemagne, leur vieillissant tortionnaire...


http://www.actuchomage.org/201205222088 ... omage.html
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Re: Medef et néolibéraux déclarent la guerre aux salariés

Messagede Béatrice » 27 Mai 2012, 11:51

Rattrapage du Smic : la doxa ultralibérale à l'œuvre

" Alors que le sujet revient sur le tapis, on peut admirer les manœuvres de certains éconocrates, freinant des quatre fers pour en limiter la revalorisation et martelant à qui veut bien les croire qu'une hausse du Smic jouerait contre l'emploi."

http://www.actuchomage.org/201205252094 ... luvre.html
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Re: Medef et néolibéraux déclarent la guerre aux salariés

Messagede ivo » 27 Mai 2012, 12:30

sur la meme page

François Hollande a été élu. Pensez-vous...
Qu'il se contentera de limiter la casse
294 33.4%
Qu'il ne changera rien du tout
291 33%
Qu'il impulsera un vrai changement
261 29.6%
Sans opinion
35 4%

Nombre de votants : 881
Premier vote : Lundi, 07 Mai 2012 13:13
Dernier vote : Dimanche, 27 Mai 2012 12:26

http://www.actuchomage.org/index.php?op ... oll&id=112
.^o GRAVOS MC ° SC1 ° SC2
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Re: Medef et néolibéraux déclarent la guerre aux salariés

Messagede Béatrice » 31 Mai 2012, 20:02

Notre CDI attaqué par Bruxelles


La Commission européenne voit d'un très mauvais œil la sécurité de l'emploi que permet le contrat à la française et plaide pour des ajustements.

La France devra-t-elle revoir à la baisse la sécurité de son CDI ? C'est ce que lui conseille la Commission européenne. Dans ses recommandations publiées mercredi, l'institution rappelle qu'en France, les chances d'évoluer d'un CDD à un CDI sont passées de 45% en 1995 à 12,8% en 2010 alors que ce taux est à 25,8% en Europe. Et explique que cela «nuit au marché du travail et à la qualité du capital humain». Pour la Commission, revoir «le haut niveau de protection» du CDI serait donc la solution pour favoriser l'emploi durable. De même, elle demande à la France de revoir la durée d'un an prévue pour contester un licenciement, délai qui est le plus long d'Europe.

La précarité pour tous

Ces recommandations pourraient remettre sur le tapis l'idée du «contrat unique». Le concept ? Un seul et même contrat de travail pour tous, sans limitation de durée, dans lequel le salarié accumule des droits en fonction de son ancienneté. Une idée que défend l'Association nationale des directeurs des ressources humaines (ANDRH). Son président, Jean-Christophe Sciberras, explique : «Lorsqu'il y a des tensions, les entreprises commencent leurs ajustements sur les intérimaires et les CDD. Il nous semble plus juste d'offrir à tous les salariés le même contrat indéterminé, tout en garantissant à l'employeur la possibilité de s'en séparer plus simplement»...

(Source : 20 Minutes)


Dans la même veine => Bruxelles demande plus d'efforts à la France

Dans son dernier rapport, la Commission européenne pointe les lacunes dans la manière dont les Etats — dont la France — s'efforcent de rétablir l'équilibre de leurs finances. […] La France est pointée du doigt surtout en raison de son déséquilibre commercial et de sa perte de compétitivité, avec une chute de 19% des parts de marché à l'exportation entre 2005 et 2010. Pour y remédier, la Commission appelle à des "réformes structurelles", "sous peine de sanctions". Bruxelles estime également que la réduction du déficit public reste un des principaux défis du pays. Un avis partagé par la Cour des comptes. Le déficit devrait atteindre 4,4% cette année et la France doit "réagir rapidement" si elle veut revenir à 3% en 2013, mais c'est "tout à fait faisable", a assuré M. Rehn. A condition de fournir des "efforts additionnels"... LIRE ICI.


http://www.actuchomage.org/201205312102 ... elles.html
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Re: Medef et néolibéraux déclarent la guerre aux salariés

Messagede Béatrice » 01 Juin 2012, 20:55

Résister ou capituler : toujours le même dilemme


On sait que les périodes de crise provoquent chez ceux qui les subissent apathie et sidération. C'est pourquoi ceux qui les ont déclenchées en profitent, redoublant d'énergie pour faire admettre l'inadmissible. Et le pire, c'est que ça marche.

Les ultralibéraux austéritaires repassent à l'attaque. Puissants et organisés, ils prônent sans relâche l'impérative nécessité du sacrifice aux populations accablées, quand bien même ne sont-elles en rien responsables du chaos qu'ils ont provoqué.

A Bruxelles, on ne mollit pas. Les technocrates de la Commission européenne distribuent les mauvais points, serinant leurs préconisations à chacun. Pour la France, ils conseillent de revoir notre CDI, jugé trop protecteur, donc nuisible «au marché du travail et à la qualité du capital humain»; ils s'affichent en faveur d'une baisse des «charges» salariales pesant sur les entreprises, nouvelle étape indispensable au dépeçage de notre protection sociale; ils proposent de créer des Smic à géométrie variable suivant les branches d'activité, étape indispensable pour éclater le salaire minimum et accentuer la concurrence de tous les travailleurs entre eux… on en passe et des meilleures. Enfin, pour «résorber la dette» (dont une bonne part est illégitime), la Commission appelle à des réformes «structurelles», «sous peine de sanctions»...

A Paris, on ne mollit pas non plus. Médiacrates et éditocrates s'empressent de dénigrer la revalorisation du Smic : l'idée, c'est que les intéressés (et les salariés en général) intégrent le mensonge du caractère, jugé néfaste, d'une telle mesure pour l'économie. On est toujours dans la même logique où les victimes les plus innocentes doivent se sacrifier pour redresser le pays — bien que ces sacrifices soient contreproductifs — tandis qu'une poignée de coupables continue de s'enrichir. Tant pis pour l'injustice : bravement, le Figaro titre «La hausse du Smic, une mesure dangereuse mais populaire», et cette propagande plus ou moins appuyée pullule dans la presse comme à la télévision (par exemple, l'émission “C dans l'air” de mercredi, intitulée «Exigences syndicales et réalité économique», nous balançait la même soupe).

Autre trouvaille remise sur le tapis : le contrat de travail unique, exhumé à l'occasion des injonctions de Bruxelles sur le CDI. Alors que la mise en place d'un CTU n'est pas une exigence de la Commission européenne, le journal 20 Minutes a pris les devants ! Ainsi, l'idée fait-elle son petit bonhomme de chemin parmi les victimes de la précarité, exclues du CDI et de conditions de travail décentes, qui finissent par croire que le CTU est peut-être une solution plus «égalitaire» tant le nivelage par le bas, la chanson de Tina (“There is no alternative”, chère à Mme Thatcher) et le moins-disant social nous sont martelés.

La mayonnaise finit par prendre. Ainsi le salarié tend-il à croire qu'il doit s'adapter aux régressions qu'on lui impose et aux violations du droit du travail, de plus en plus courantes. Ainsi le chômeur se replie-t-il sur lui-même, supportant dans son coin les coups de bâton qu'on lui assène. C'est pourquoi, au contraire de ce qu'on pourrait imaginer, les périodes de crise ne sont pas nécessairement propices aux révoltes : les gens sont surtout déboussolés, laminés; au lieu de se battre, ils se laissent faire en se disant qu'il vaut mieux ne pas se plaindre parce que ça pourrait être pire. Sauf que la résignation et la logique du moins pire mènent toujours au pire, inexorablement.

Voyons comment les choses fonctionnement et s'articulent entre elles. D'un côté, on assiste à l'offensive de ceux qui veulent faire croire à l'opinion, outre le fait que le CDI et le Smic sont des privilèges à abolir, que les chômeurs sont des fainéants responsables de leur situation : politiques et médias, amis du patronat… sachant que, pour ce dernier, le chômage et la précarisation de l'emploi ne sont pas un fléau mais une véritable aubaine. De l'autre, une majorité écrasante de salariés qui ont peur du chômage et de privés d'emploi & précaires qui veulent travailler : coincés entre la nécessité financière et le désir de prouver leur bonne volonté (désir transformé en question de «fierté» ou de «dignité»), tous acceptent un chantage permanent. Et plus on cherche à les culpabiliser, plus on leur prêche le «C'est mieux que rien» — parce que «le rien», quoiqu'il arrive, est le seul avenir qu'on nous propose ! —, plus ils vont succomber à l'indigne.

Tout ça, c'est fait exprès ! Or en y succombant, il est clair que les victimes de ce chantage, de façon plus ou moins conscientes, déroulent un tapis rouge à tous les abus : salaires, conditions de travail, lois, éthique, acquis sociaux… D'acceptations en renoncements, tout s'effrite et part en lambeaux; c'est logique, et c'est voulu.

Cas d'école : la direction d'une entreprise propose une régression inadmissible au nom du chantage à l'emploi et du «C'est mieux que rien». Les salariés ont deux options : refuser et résister (au risque de tout perdre… mais aussi de gagner), ou accepter (mais en acceptant, ils ont ouvert la porte aux régressions suivantes). Que faire ? Autre exemple : dans le cadre du contrat… de mariage, une épouse est battue par son mari. Si elle le quitte, elle va échapper aux coups et à la torture morale, mais devoir affronter des difficultés financières. Si elle reste avec lui, elle continuera à vivre l'enfer mais conservera une sécurité matérielle. Que faire ? Nombre de femmes capitulent, optant au final pour la violence conjugale; certaines prennent le risque de partir sans demander leur reste; d'autres vont jusqu'à saisir la justice, voire militer pour les droits des femmes.

Qu'est-ce qui est le plus important : l'impératif économique, ou l'intégrité personnelle (et donc universelle) ?

Certes, on n'a jamais vu les moutons se rebeller contre les loups. Mais nous ne sommes pas des moutons juste bons à finir en kébab : nous sommes des êtres humains capables de réfléchir sur notre condition et de l'améliorer. Il devient urgent de se ressaisir !

Pour conclure cette réflexion, voici trois citations. La première est de Rosa Luxembourg : «Ceux qui ne bougent pas ne sentent pas leurs chaînes». Ainsi définissait-elle la servitude dans laquelle demeurent ceux qui ne s'insurgent pas contre leurs exploiteurs. La seconde est de Bertold Brecht : «Ceux qui se battent peuvent perdre; ceux qui ne se battent pas ont déjà perdu». La troisième, provocatrice mais justifiée, est de la Coordination des Intermittents et Précaires (CIP-IdF) : «Crachons dans la soupe, elle est dégueulasse»...

Hauts les cœurs !

SH


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« Simple, forte, aimant l'art et l'idéal, brave et libre aussi, la femme de demain ne voudra ni dominer, ni être dominée. »
Louise Michel
Béatrice
 
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