La police (bourrée de grands spécialistes de l'enseignement, de sociolinguistique et de sociologie, sans exceptions) va évaluer la qualité de l'enseignement du français, entre autres.
Immigration : l'Intérieur crée un label du bon apprentissage du français
Marie Kostrz
Rue89
Pour la première fois, le ministère de l'Intérieur a décidé de s'immiscer dans le contenu d'un cursus universitaire, ce qui déplaît fortement à une partie des professeurs.
Désormais, pour obtenir l'aide de l'Etat, tout organisme de formation qui enseigne le français aux migrants devra impérativement obtenir le label « Français langue d'intégration (FLI).
Concocté par la Place Beauvau, il attestera du bon niveau de langue, mais aussi de l'apprentissage des “usages et valeurs de la République” par les étrangers. Ce qui conditionnera l'obtention de la nationalité.
“Confusion des genres”
Adopté en décret les 11 et 12 octobre, FLI n'est pas vu d'un bon œil par une partie du monde universitaire. Le label sera aussi décerné aux facultés dont le cursus en français langue étrangère (FLE) répondra aux exigences de l'appellation. Pour pouvoir enseigner à un public étranger, les futurs professeurs devront avoir étudié dans une faculté labellisée FLI.
Dans un texte publié après la parution des décrets, 82 professeurs fustigent cette “confusion des genres” :
“Pas plus que nous ne souhaitons faire le travail du ministère de l'Intérieur,
nous ne souhaitons voir le ministère de l'Intérieur se charger du nôtre.”
Une plus grande exigence à l'oral
Deuxième raison de leur exaspération : le lien de cause à effet, entre niveau de langage et obtention ou renouvellement des papiers, est renforcé. C'est déjà le cas depuis 2005 avec le contrat d'accueil et d'intégration, mais pour décrocher la nationalité, le niveau de français exigé par FLI sera désormais plus élevé.
Véronique Claudel, doctorante à l'université Paris-III Sorbonne Nouvelle, regrette :
“Il y a une époque où le titre de séjour était un outil à l'intégration. Depuis dix ans, il y a un renversement de la situation : c'est devenu une récompense à l'intégration.”
Sophie Etienne est membre de l'Association pour l'enseignement et la formation des travailleurs immigrés et de leur famille (Aefti). Formatrice pendant dix ans, elle a contribué à l'élaboration du label. Elle relativise l'exigence accrue des compétences :
“On augmente l'exigence d'un cran seulement et uniquement à l'oral. Il faut savoir que jusqu'à présent on réclamait un niveau de survie, pas suffisant pour se débrouiller au quotidien.”
Le vouvoiement, valeur de la République ?
Michel Aubouin, qui est à la tête de la Direction de l'accueil, de l'intégration et de la citoyenneté, la section du ministère de l'Intérieur à l'origine du label, ne nie pas la dimension politique de FLI :
“Il faut que les migrants puissent s'intégrer à l'environnement, pour cela nous devons les aider à connaître les usages courants en France, qui entourent le langage : comment se comporter pour aller faire ses courses, apprendre à vivre en France.
Les valeurs de la République font aussi partie de cet apprentissage. Par exemple, apprendre le vouvoiement. Parce que si vous allez voir un employeur et que vous le tutoyez vous risquez d'avoir du mal à être embauché.”
la suite (pas lue) là : http://www.rue89.com/2011/11/15/immigra ... ais-226541

