Re: sondages qui veulent rien dire
Posté: 04 Nov 2017, 20:08
Enquête
Sarkozy : la petite boutique des sondages de l'Elysée face à la justice
«Libération» a pu consulter le dossier d’instruction désormais bouclé qui vaut à six proches de Sarkozy d’être mis en examen. S’y dessine en creux une pratique très particulière du pouvoir.
Vers un procès de l’ivresse sondagière. Sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, l’Elysée a dépensé dix millions d’euros en sondages plus politiciens les uns que les autres. Patrick Buisson, alors deus ex machina en la matière mais répudié depuis pour avoir enregistré l’alors chef de l’Etat à son insu, a décrit ses relations avec son «client» très particulier : «Il m’a fallu résister à sa pression constante, obsessionnelle, qui concluait pratiquement chacune de nos conversations quotidiennes en me demandant de commander et de publier de nouveaux sondages.» Claude Guéant, ancien secrétaire général de l’Elysée, tente de bémoliser : «Je ne veux pas dire qu’il soumettait ses décisions à l’opinion, mais qu’il avait besoin de savoir ses forces, ses faiblesses, les obstacles à surmonter.» La cour d’appel de Paris a résumé - ironiquement ? - la problématique : «On peut raisonnablement penser qu’il ne s’agissait pas en l’espèce des seuls éléments sur lesquels le chef de l’Etat déterminait et conduisait la politique de la nation.» Le juge d’instruction Serge Tournaire vient de boucler son enquête sur l’affaire dite des «sondages de l’Elysée». Six anciens collaborateurs de l’ex-président (Claude Guéant, Emmanuelle Mignon, Patrick Buisson, Pierre Giacometti, Jean-Michel Goudard, Julien Vaulpré) sont mis en examen, de même qu’une personne morale : l’institut de sondages Ipsos. Ses concurrents (Ifop, Sofres, Opinion Way) sont témoins assistés, pour s’être partagé les miettes du festin (1). En dépit de multiples demandes, le juge Tournaire s’est abstenu de faire témoigner en personne Sarkozy, barricadé derrière son immunité présidentielle (lire ci-dessus).
Renvoi en correctionnelle
Au plan pénal, il est d’abord question de favoritisme, ces sondages ayant été commandés sans le moindre appel d’offres. L’Elysée est-il soumis au code des marchés publics ? Une «coutume», initiée sous De Gaulle (certains la font remonter à Mac Mahon…), l’en exonérerait. Mais les temps changent, au fil des rapports de la Cour des comptes critiquant les finances présidentielles. La chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris, saisie de multiples recours visant à sanctuariser l’Elysée, a signifié en juin 2016 le changement de cap de l’histoire : «Aucun texte ne justifie que la présidence de la République soit une entité à part, exempte de toute responsabilité pénale. Son autonomie financière ne signifie pas qu’elle est exemptée de respecter le code des marchés publics.»
... http://www.liberation.fr/france/2017/11 ... 1509787560
Sarkozy : la petite boutique des sondages de l'Elysée face à la justice
«Libération» a pu consulter le dossier d’instruction désormais bouclé qui vaut à six proches de Sarkozy d’être mis en examen. S’y dessine en creux une pratique très particulière du pouvoir.
Vers un procès de l’ivresse sondagière. Sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, l’Elysée a dépensé dix millions d’euros en sondages plus politiciens les uns que les autres. Patrick Buisson, alors deus ex machina en la matière mais répudié depuis pour avoir enregistré l’alors chef de l’Etat à son insu, a décrit ses relations avec son «client» très particulier : «Il m’a fallu résister à sa pression constante, obsessionnelle, qui concluait pratiquement chacune de nos conversations quotidiennes en me demandant de commander et de publier de nouveaux sondages.» Claude Guéant, ancien secrétaire général de l’Elysée, tente de bémoliser : «Je ne veux pas dire qu’il soumettait ses décisions à l’opinion, mais qu’il avait besoin de savoir ses forces, ses faiblesses, les obstacles à surmonter.» La cour d’appel de Paris a résumé - ironiquement ? - la problématique : «On peut raisonnablement penser qu’il ne s’agissait pas en l’espèce des seuls éléments sur lesquels le chef de l’Etat déterminait et conduisait la politique de la nation.» Le juge d’instruction Serge Tournaire vient de boucler son enquête sur l’affaire dite des «sondages de l’Elysée». Six anciens collaborateurs de l’ex-président (Claude Guéant, Emmanuelle Mignon, Patrick Buisson, Pierre Giacometti, Jean-Michel Goudard, Julien Vaulpré) sont mis en examen, de même qu’une personne morale : l’institut de sondages Ipsos. Ses concurrents (Ifop, Sofres, Opinion Way) sont témoins assistés, pour s’être partagé les miettes du festin (1). En dépit de multiples demandes, le juge Tournaire s’est abstenu de faire témoigner en personne Sarkozy, barricadé derrière son immunité présidentielle (lire ci-dessus).
Renvoi en correctionnelle
Au plan pénal, il est d’abord question de favoritisme, ces sondages ayant été commandés sans le moindre appel d’offres. L’Elysée est-il soumis au code des marchés publics ? Une «coutume», initiée sous De Gaulle (certains la font remonter à Mac Mahon…), l’en exonérerait. Mais les temps changent, au fil des rapports de la Cour des comptes critiquant les finances présidentielles. La chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris, saisie de multiples recours visant à sanctuariser l’Elysée, a signifié en juin 2016 le changement de cap de l’histoire : «Aucun texte ne justifie que la présidence de la République soit une entité à part, exempte de toute responsabilité pénale. Son autonomie financière ne signifie pas qu’elle est exemptée de respecter le code des marchés publics.»
... http://www.liberation.fr/france/2017/11 ... 1509787560