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Ouverture d’une enquête après une intervention policière dans le Gard
Le directeur de la gendarmerie nationale a demandé que "toute la lumière" soit faite sur une intervention musclée le 21 janvier dernier.
Le directeur de la gendarmerie nationale a demandé, jeudi 3 février, l’ouverture d’une enquête auprès des services de l’IGGN (Inspection générale de la gendarmerie nationale) après la diffusion d’une vidéo montrant une intervention musclée de la gendarmerie durant une manifestation dans la gare d’Anduze. Une première plainte aurait déjà été déposée par une victime .
L’incident s’est déroulé le 21 janvier, lors d’une mobilisation des habitants de la région. Réunis pour manifester leur mécontentement quant au projet de rattachement de la Communauté de Communes autour d’Anduze (2C2A), les habitants avaient entrepris de bloquer le train dans lequel se trouvait le président de la communauté d’agglomération du Grand Alès.
Les gendarmes ont évacué le groupe de militants, composé pour partie de personnes âgées et d’enfants, avec une certaine brutalité. On peut ainsi voir sur la vidéo un des gendarmes, identifié par le Canard Enchaîné comme le chef d’escadron Frédéric Warion, utiliser une bombe de gaz lacrymogène à quelques centimètres du visage d’un manifestant. Les forces de l’ordre ont également fait usage de leurs matraques, comme en témoigne une victime montrant ses plaies à la caméra. Mise en ligne sur internet par le blogueur Edmond Zimmermann, la vidéo a déjà été visionnée plus de 90.000 fois.
Versions divergentes
Un élu d’une commune de la 2C2A affirme que la manifestation s’est déroulée pacifiquement et qu’il n’y aurait pas eu de sommation avant le début de l’évacuation. Contactée par LeMonde.fr, une source proche de la gendarmerie assure au contraire que les manifestants n’ont pas respecté l’accord qui avait été conclus de quitter les lieux rapidement, et que la locomotive, classée monument historique "a été dégradée par des jets de pierres".
La vidéo du blogueur, retraité et vidéaste amateur, pourra peut-être aider la justice à y voir plus clair dans cette affaire puisque ce dernier a l’intention de remettre les bandes vidéo originales à un huissier. Selon Alain Beaud, président socialiste de la communauté de communes d’Anduze, cité par LeMonde.fr, un groupe d’élus présents à la manifestation envisagerait de déposer une plainte collective visant le commandant Warion. Une première plainte aurait déjà été déposée auprès de la gendarmerie d’Anduze par une victime de projections de gaz lacrymogène.
Collectif des victimes de la manifestation du 21 janvier 2011 en gare d’Anduze
COMMUNIQUE DE PRESSE
Souvenez-vous !
21 janvier 2011 : Gazage et matraquage de citoyens et d’élus par des forces de gendarmerie en gare d’Anduze
Devant le train, une manifestation pacifique, menée par des élus symboliquement munis d’écharpes tricolores. Citoyens et élus de la communauté de communes autour d’Anduze sont venus montrer leur volonté de préserver leur communauté menacée de fusion avec l’agglomération du Grand Alès par la réforme des collectivités territoriales.
Dans le train à vapeur des Cévennes spécialement affrété par eux, le Président et les élus (du Grand Alès) et leurs invités -dont le sous Préfet, doivent se rendre d’Anduze à Saint Jean du Gard, où devait se dérouler les vœux de l’agglomération.
Entre les deux, des gendarmes, avec à leur tête le commandant Warrion.
Sans aucune sommation et moins de 3 minutes après avoir discuté courtoisement avec les élus en tête du cortège, le commandant de gendarmerie gaze délibérément les manifestants en utilisant une bombe lacrymogène. La manifestation pacifique est dispersée par la force, plusieurs personnes sont blessées. Suite à la violence initiée par les forces de l’ordre, les manifestants reculent et laissent partir le train sous les huées.
Les images vidéo filmées sur place et les photographies des blessés ne laissent aucun doute ; elles tourneront en boucle sur internet et seront montrées par de nombreuses télévisions françaises et étrangères.
Dans les jours qui suivent l’évènement :
16 plaintes sont déposées par des citoyens dont 10 émanent d’élus victimes des violences.
La Commission Nationale de la Déontologie de la Sécurité est saisie par un parlementaire (saisine 2011/18), elle procède à l’audition de nombreux témoins.
Une enquête interne est confiée à l’Inspection Générale de la Gendarmerie Nationale. Les victimes et les gendarmes sont entendus.
Une instruction est ouverte par le procureur d’Alès. La gendarmerie… est chargée de l’enquête.
Un an après, où en est-on ?
L’instruction est, nous dit-on, toujours « en cours » et le parquet n’a procédé à aucune mise en cause.
Le Défenseur des Droits a succédé à la CNDS. Les pièces de procédure qu’il a demandées au parquet ne lui ont toujours pas été communiquées ce qui, selon ses propres termes, « l’empêche implicitement de faire usage de ses pouvoirs d’investigation. »
La gendarmerie n’a fait aucune excuse aux victimes des violences.
Le Commandant Warrion a été muté au cours du printemps 2011.
Le procureur d’Alès a soulevé l’incompétence du TGI d’Alès. L’instruction, transférée sous la responsabilité du procureur de Nîmes, n’est toujours pas close et les avocats des plaignants n’ont, de ce fait, aucune communication des pièces de procédure.
Le collectif des victimes de la manifestation du 21 janvier 2011 en gare d’Anduze dénonce l’enlisement de la procédure et l’absence de collaboration du parquet qui empêche le Défenseur des Droits, autorité constitutionnelle indépendante, de faire usage de ses pouvoirs d’investigation.
Le 21 janvier 2012, un an après les faits, les plaignants seront présents à 17h devant la gare d’Anduze afin de rappeler toute leur détermination à obtenir justice.
Ils invitent la population et tous les citoyens opposés à la violence et attachés à la liberté de manifestation à venir les rejoindre pour soutenir leur démarche.
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