Protections féminines : pas de réglementation, et on s’en tamponne ?
La présence de substances toxiques dans les produits de protection intime met en lumière l’absence de réglementation pour les tampons et les serviettes hygiéniques. Alors qu’ils sont en contact répété avec les muqueuses des femmes chaque mois durant plus de trente ans.
L’anatomie du sexe des femmes est restée longtemps méconnue, réduite à sa fonction reproductive, essentiellement les ovaires, les trompes et l’utérus… Tout comme les règles (ou flux menstruel) sont encore un sujet tabou. Depuis les trois religions monothéistes, qui considéraient les femmes « impures » lorsqu’elles étaient réglées, jusqu’au liquide bleu des pubs des fabricants de tampons et de serviettes hygiéniques, l’obscurantisme persiste. La médecine elle-même n’a pas trouvé d’intérêt à examiner les douleurs des règles avant 2016, date de la première étude sur le sujet. Rien d’étonnant dès lors que les protections intimes, serviettes, tampons et coupes mensuelles ne fassent l’objet d’aucune réglementation spécifique, en France tout au moins. Ces protections sont pourtant utilisées au rythme de cinq jours en moyenne par mois durant trente ans, par la moitié de l’humanité, soit un marché immense et pour le moins « captif ». Et sont surtout en contact prolongé (voir encadré) et répété avec la muqueuse vaginale pour les tampons et génitale pour les serviettes. Ces produits, à propos desquels les experts de l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire) soulignent le manque de données tant sur les compositions que sur les matériaux utilisés que « les auditions des représentants de fabricants de ces produits n’ont pas permis de caractériser de façon précise », ne relèvent d’aucune réglementation spécifique. Un simple savon ou une crème pour le corps sont encadrés par la réglementation européenne sur les produits d’hygiène excluant, au nom de la sécurité des consommateurs, de nombreuses substances dont les cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques (CMR cat. 1). Pour la muqueuse féminine, c’est la directive de sécurité générale des produits qui s’applique, sans autre forme de procès.
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